Les ‘conseils de sécurité’ à Omsk

Một phần của tài liệu Acteurs locaux et régionaux face aux transformations du pouvoir en russie, 1989 1999 (Trang 396 - 405)

CHAPITRE IV Crise de la représentation, tentatives de réinvestissement du politique-

III. Entre participation politique et contrôle social : des comités de quartier aux

III.2. Les initiatives de quartier entre police auxiliaire et centre social

III.2.2. Animation, prévention, et contrôle social à Omsk à Dzerjinski

III.2.2.1. Les ‘conseils de sécurité’ à Omsk

A Omsk, l’activité des KTOS dans tous les arrondissements de la ville a été complétée en 1999-2000 par la mise en place de conseils de quartier, dont le nom varie à la fois selon les périodes et selon les interlocuteurs : soviet obchtchestvennosti ou soviet profilaktiki662: organisộ dans chaque quartier auprốs du bureau des ợlotiers, il rốgle des litiges de voisinage, des conflits de niveau inférieur à l’infraction administrative, et sert

656 MOB ou miliciâ obŝestvennoj bezopasnosti.

657 Entretien avec le colonel A. P. Stepanov, le 11 mars 1998.

658 L’opornyj punkt, avec un local dédié, existait dans chaque groupe d’immeubles dans les villes soviétiques.

659 Entretien avec les responsables du KTOS du quartier vodnikov, 10 mars 1998.

660 Na učởt.

661 Entretien avec le responsable du KTOS du quartier Vodnikov Omsk, 22 mai 2000.

662 On choisit ici de traduire ce terme par conseil de sécurité de quartier, la traduction plus littérale de

ô conseil de prộvention ằ nous semblant trop connotộ en franỗais pour exprimer une institution spộcifique.

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d’assistance et de relais aux forces de l’ordre, plus particuliốrement aux ợlotiers dont on peut dire qu’il est aujourd’hui le plus fidèle auxiliaire dans leurs missions de proximité.

Le portrait des responsables de deux quartiers voisins et de l’activité de leur conseil donne un aperỗu du rụle et des fonctions de ces structures, et notamment de la maniốre dont le caractốre plus ou moins ô prộventif ằ ou ô rộpressif ằ dộpend dans une certaine mesure de la personnalité des animateurs.

Dans le quartier tsentralnyù-1, c’est un officier de police en retraite, ancien instructeur d’établissement pénitentiaire, qui est responsable du soviet profilaktiki. Il revient sur les alộas administratifs du rattachement de ces conseils : ô au dộpart, c’ộtait un soviet profilaktiki rattaché à la police, puis il a pris le nom de soviet obchtchestvennosti pour redevenir aujourd’hui soviet profilaktiki, rattaché à l’administration de l’arrondissement, via le KTOS. On peut mờme dire qu’on en est une branche ằ663. Comme beaucoup de retraités, V. Dorokhov a une activité salariée et fait ses permanences ensuite, tous les jours de 17h à 20h : ô Il faudrait que ce travail soit à temps plein et rộmunộrộ, comme les présidents de KTOS. Il faut être convaincu pour faire ce travail, la rémunération est une misốre, juste de quoi couvrir les menues dộpenses, le papier, les stylos… ằ

Au quotidien, le conseil de sécurité de quartier travaille en étroite relation avec les ợlotiers, pour surveiller les immeubles, prộvenir ou rộparer les incivilitộs : ô On fait de la prộvention, de la surveillance, l’ợlotier ne peut pas ờtre partout. Ce sont beaucoup de problèmes de petite délinquance qui affectent la vie quotidienne, comme par exemple, les ampoules arrachées dans les escaliers : cela relève du service de gestion des logements, mais c’est nous qui nous en occupons… ằ. C’est aussi aux membres de ces conseils que revient la tõche, dont se retrouvent dộbarrassộs les ợlotiers, de contrụle des magasins et de rédaction de rapports (hygiène, tarifs, qualité) pour le KTOS.

Le responsable de ce conseil se distingue par une perception assez répressive de son travail, en tout cas proche de l’activitộ policiốre de contrụle : ô Je ne suis pas d’accord avec la faỗon dont ont ộtộ choisis les prộsidents de ces conseils. Il faut trouver un gars intelligent, pas une grand-mère ou une institutrice à la retraite… Pour le maintien de l’ordre, il faut des hommes664. Une grand-mère à la permanence, c’est dangereux,

663 Entretien avec Vladimir Vassilievitch Dorokhov, 20 novembre 2001.

664 ô Miliciõ trebuet moužikov

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n’importe qui peut venir… Je veux bien que ce soit une femme, mais il faut qu’elle ait au moins des connaissances juridiques, qu’elle ait travaillé dans l’appareil judiciaire, il ne s’agit pas juste de faire la leỗon aux gens… le prộsident de ce conseil doit avoir servi dans les services de renseignements généraux ou la police, il faut avoir l’habitude du travail opérationnel, être en forme physiquement. (…) Ceci dit, une de mes adjointes est une ancienne institutrice, c’est vrai que c’est bien pour travailler avec les enfants… ằ.

La prévention est cependant présente, surtout sur les problèmes d’alcoolisme et de toxicomanie :

ô C’est une erreur d’avoir supprimộ les centres de dộsintoxication en 1996665. Si on n’était pas sûr que les gens soient soignés, au moins, on pouvait débarrasser le reste de la famille d’un tyran ou d’un être dangereux. (…). On travaille avec deux médecins narcologues du quartier et avec un psychologue spécialisé sur les questions de drogue, en organisant des rencontres et des réunions. On fait des interventions dans les écoles, je donne des cours de jurisprudence, par exemple sur la responsabilité pénale à partir de 14 ans : c’est important que les gens, surtout les jeunes, connaissent la loi. ằ

S’il pense qu’il est artificiel de vouloir restaurer les droujiny aujourd’hui, on sent poindre chez V. Dorokhov une forte nostalgie pour l’ordre et le respect de l’autorité de cette pộriode: ô Avant, les gens ộtaient bien sỷr prờts à patrouiller deux fois par mois pour des jours de congé, 3 jours c’était énorme pour un ouvrier par exemple. En plus, les droujiny étaient respectées, il y avait un commandant, qui avait de l’autorité, tout un appareil. Il y avait les brigades opérationnelles avec des gars costauds qui étaient maợtres dans leur quartierằ. Il tente, avec la fonction qu’il occupe aujourd’hui, de restaurer un peu de cette atmosphère en organisant une surveillance étroite du quartier :

ô Dans mon quartier, j’ai fait une liste et une carte de tous les lieux à risque, là ú il y a vente de drogue, prostitution, notamment à proximité des magasins ouverts la nuit, qui concentrent les problèmes. C’est un travail de collecte et de mise en forme de l’information qui arrive par les responsables d’immeuble. Ils me racontent tout ce qui se passe dans chaque immeuble. C’est ỗa le travail opộrationnel, ensuite, je fais des schémas, des listes, je donne tout à la police et je redonne des tâches aux membres du soviet et aux responsables d’immeubles ằ. Le profil et l’histoire de ce responsable local

665 Il évoque ici la disparition des LPT (Lečebnye Prinuditel’nye Centry), centres de désintoxication ó la police envoyait souvent en traitement forcé les alcooliques. Avant 1996, date à laquelle ils ont été supprimés.

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expliquent largement qu’il attribue au conseil ainsi qu’à lui-même un rôle déterminant, mờme s’il reconnaợt lui-mờme que les dộcisions n’ont aucun caractốre contraignant :

ô Il faut bien voir que le soviet profilaktiki peut dộcider du sort d’une personne.

Si l’ợlotier n’arrive plus à s’en sortir avec quelqu’un qui mốne un mode de vie antisocial, il nous l’amène et au sein du soviet, on prend une décision le concernant qui a un caractère de recommandation666, et tous ces gens sont sous notre contrụle permanent ằ.

A quelques kilomốtres de là, dans le quartier Tsentralnyù-2, L. M. Kalnitskạa667 semble justement représenter le type de personne discréditée par V. Dorokhov. Institutrice à la retraite, elle a travaillé 35 ans dans une école d’un faubourg de la ville qu’elle décrit comme très criminogène. Élue présidente de ce conseil après avoir été responsable d’un comité d’immeuble pendant plusieurs années, elle se sent parfaitement à l’aise dans ses fonctions actuelles et considốre ce travail dont elle ne pourrait se passer (ô je vais au bureau de permanence comme on va au bureau ằ) comme proche de son ancien mộtier de pédagogue.

Sa principale activité est la réception et le traitement des plaintes : L. M. Kalnitskạa fait une permanence journaliốre dans le bureau des ợlotiers de 18h30 à 21h et reỗoit des appels : ô il n’y a pratiquement pas d’appels anonymes. C’est un grand avantage d’ờtre dans le bureau des ợlotiers, mais que ce soit nous qui rộpondions. Beaucoup de gens ne communiqueraient pas leurs noms s’ils avaient affaire directement aux policiers. ằ Pour sécuriser encore l’anonymat, ce ne sont pas ceux qui ont appelé le conseil, qui font ensuite office de tiers-témoins officiels668 avec la police, mais la présidente du conseil elle-même ou un autre membre du bureau. En dehors de ces permanences journalières, le conseil se rộunit rộguliốrement669 pour examiner les trốs nombreuses plaintes reỗues.

S’il n’a pas le pouvoir d’infliger des amendes ou de prendre une sanction administrative, ce qui reste du domaine de la décision policière, le conseil tente, lors des séances ó il convoque les parties, de parvenir à un règlement à l’amiable des litiges et conflits de voisinage, considérant y parvenir avec succès dans la plupart des cas, y compris en cas de plainte… à l’encontre de la police : ô il n’y a pas longtemps, le conseil a examinộ en sộance une plainte d’une vieille dame qu’un ợlotier ivre avait

666 Elle n’a donc pas de caractère obligatoire.

667 Entretiens avec L. M. Kalnitskạa, présidente du conseil de l'arrondissement Tsentralnyj-2, 01 novembre et 20 novembre 2001.

668 ponâtoj

669 Au minimum une fois par mois, parfois plusieurs fois, en fonction de l'urgence des demandes.

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injuriée. Celui-ci s’est longuement excusé, et la dame a déclaré que l’incident était clos.

Ceci est consignộ dans le rapport ộcrit de la sộance ằ. La procộdure n’est pas sans rappeler le fonctionnement des ô tribunaux des camarades ằ (voir supra) de la pộriode soviétique. Le jour de notre visite, un homme est présent dans le local pour le suivi de sa plainte contre une vieille dame : ô elle pose des problốmes dans tout l’immeuble ; ỗa ne peut plus durer ằ. Le traitement des incivilitộs peut aussi se transformer en gestion des problốmes d’habitat qui renforcent le sentiment d’insộcuritộ -ô Sinon, les gens s’adressent souvent à nous pour des problèmes liés au logement, aux équipements collectifs ằ-, mais, au-delà, traite aussi de questions plus privộes : ainsi, la plainte d’une femme dont le mari boit va être examinée par le conseil. En matière de sécurité alimentaire et de contrôle des prix, le conseil procède à des achats aléatoires dans les commerces du quartier, en tant que simple citoyen et en tant que tiers-témoin pour la police en cas de nécessité.

L’interpellation de personnes portant atteinte à l’ordre public rentre également dans les missions du conseil de sécurité : jeunes toxicomanes, personnes pratiquant la distillation illicite, appel des services de police en cas d’ivresse sur la voie publique670. ô On convoque les alcooliques, avec un médecin spécialiste, on essaie de les convaincre de se soigner. C’est plus difficile avec les toxicomanes, il n’y a pas ce même respect vis-à-vis des aợnộs ằ. Un exemple concernant la distillation clandestine montre que le conseil apparaợt comme un intermộdiaire efficace, qui permet la dộnonciation tout en prộservant l’anonymat des dénonciateurs, un anonymat que la police ne préserverait pas aussi bien.

ô Hier, ils ont trouvộ dans un appartement quatre bidons de samogon671 : la responsable d’immeuble nous a téléphoné, on a prévenu la police qui y est allée ; mais nous ne la dộnoncerons jamais, c’est pourquoi elle nous communique toutes les informations ằ672. Le Conseil de sécurité distribue également aux habitants du quartier des cartes de visite avec les coordonnées du commissariat de garde, des recommandations sur la conduite à tenir en cas d’incident ainsi que des conseils sur les différents équipements possibles.

670 La police conduit dans ce cas la personne dans une cellule de dégrisement..

671 Alcool de fabrication maison.

672 Dans un tout autre contexte historique et appliqué à d’autres types d’infractions ou de comportements jugés illicites, l’anonymat des dénonciateurs était une des clés de vỏte des pratiques de dénonciations ou

ô signalements ằ, en vigueur pendant la pộriode soviộtique, qui ont connu leur apogộe pendant la pộriode stalinienne (Nérard, 2001, 267).

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La coopộration avec les ợlotiers de la police de sộcuritộ publique se traduit par des rộunions mensuelles avec les responsables d’immeubles, des ô raids ằ de vộrification des ợlotiers en compagnie des responsables d’immeubles et d’escaliers. La vộrification du bouclage des greniers et des caves est quotidienne : initialement décidée après les attentats de l’automne 1999 à titre de prévention contre d’autres explosions673, elle vise aujourd’hui à éviter l’installation des SDF et des toxicomanes. Les patrouilles de contrôle sont effectuées par les responsables d’immeubles, membres du comité, qui appellent le bureau des ợlotiers en cas d’incident ou d’ộlộment ô anormal ằ. La fonction de surveillance et de contrụle apparaợt encore plus clairement lorsque sont ộnumộrộes les caractộristiques des ô appartements suspects ằ, objet d’une inscription obligatoire dans les registres des comités d’immeubles et du conseil, et qui font par exemple explicitement mention des ô personnes de nationalitộ caucasienne ằ674 parmi les dangers de voisinage potentiels.

Seule mention d’une fonction qui ne se limite pas au contrôle ou au rôle d’auxiliaire du travail rộpressif, l’action menộe auprốs des adolescents : ô On travaille avec les adolescents difficiles qui sont repérés à l’école par les éducateurs ou les travailleurs sociaux. Ce sont par exemple des ados qui fument, qui se battent, des groupes à risque. ằ675. Un policier de secteur en charge des mineurs, une femme psychologue de formation ô qui sait comment leur parler ằ, participent aussi à ce travail. La prộvention est comprise comme la protection contre des agissements criminels ou vis-à-vis des personnes ô à risque ằ, et non pas comme une action en amont sur les causes sociales, économiques ou autres de ces comportements : il est ainsi recommandé par écrit de ne pas chercher à entrer en contact avec les SDF ni avec les toxicomanes, mais d’appeler immédiatement la police ; de manière générale en matière de prévention, L.M.

Kalnitskạa renvoie finalement sur la commission des mineurs de l’administration.

Si les profils des deux responsables semblent différer par bien des points, voire s’opposer, il n’en reste pas moins que leurs représentations de la sécurité et de la

673 Une campagne de vigilance virkh antiterror (tempête antiterroriste) a été mise en place sur tout le territoire.

674 Il s’agit des appartements, ó vivent ou se réunissent des toxicomanes ; ó vivent des personnes de nationalité caucasienne ; laissés vides pendant longtemps ; de familles précaires ; à louer ; ó on distille du samogon.

675 L. M. Kalnitskạa montre un papier écrit par un enfant, devant ses parents, par lequel il s'engage à ne plus casser les serrures de l'école.

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prộvention ne sont pas trốs diffộrentes. Si L. M. Kalnitskạa affirme : ô l’ordre public, c’est d’abord la prộvention ằ, elle en a une conception ramenộe à une meilleure communication sur le travail de la police, à des conseils de prudence et à une présence accrue sur le terrain, à visée dissuasive.

L. Kalnitskạa considère que le travail du conseil ne doit pas être distingué de celui de la police de proximitộ : ô le conseil remplit la fonction de maillon intermộdiaire entre les forces de l’ordre et la population ằ. Elle ne voit pas d’autre participation possible de la part de la population : ô Personne n’ira plus patrouiller comme droujiny aujourd’hui, avec une telle situation criminelle. En plus, les gens recevaient en échange des congés supplộmentaires, tout cela n’existe plus ằ. Le travail des ợlotiers, en coopộration avec le réseau d’informateurs que forment les membres du conseil, est crucial dans la politique de sộcuritộ à l’ộchelle du quartier : ô les patrouilles de police676 sont importantes aussi, mais comme il manque de personnel, les postes de patrouille677 sont régulièrement supprimộs ằ. Mais chacun doit garder son identitộ, et notamment la police doit ờtre identifiộe comme telle : ô L’ợlotier doit ờtre en uniforme. Ici l’un des ợlotiers est kazakh.

S’il n’est pas en uniforme, qui va lui ouvrir, une personne ‘de nationalitộ non russe’ ? ằ La prộsence du conseil dans les locaux des ợlotiers garantit la coopộration de fait avec la police. Comme le remarque le responsable des ợlotiers pour le quartier678 : ô Le problème c’est qu’on n’est pas compétent pour tout et que les gens ont tendance à s’adresser à nous sur tous les sujets…Les droujiny avant, c’était bien, mais c’était surtout un renfort physique. Maintenant avec le soviet, c’est une aide globale, psychologique, matộrielle… ằ. L’aide attendue est au niveau trốs concret des problốmes de voisinage679, du règlement des litiges mineurs mais omniprésents pour nos interlocuteurs : ô Prenez l’exemple des alcooliques. Depuis 1996, il est impossible d’envoyer les gens se faire soigner de force, en même temps, le voisinage se plaint et nous, on ne peut rien faire légalement. La présidente du soviet connaissait la personne, l’a convaincu de se soigner, il est à présent guéri, a retrouvé du travail. Il y a plein de gens un peu bizarres, qui constituent des troubles potentiels à l’ordre public, qu’on ne

676 PPS Patrul’no Postovaâ Služba. Service des patrouilles de la police de sécurité publique.

677 Référence est faite ici aux "stakany" (du mot "verre"), guérites installées dans différents points de la ville en plus des commissariats pour tenter de renforcer le caractère de proximité des PPS. (voir supra)

678 Entretien avec S. V. Davydov, Omsk, 20 novembre 2001.

679 Parfois, la police demande elle-même l’aide du conseil comme dans le cas de cette lettre écrite par un officier de police qui demande au soviet de faire quelque chose au sujet d'un homme qui frappe sa femme : ô la police est impuissante face à ce genre de problốme.

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peut plus faire interner ằ. Autre tõche pour laquelle le conseil supplộe efficacement aux ợlotiers : les ô certificats de moralitộ ằ, de plus en plus (re)demandộs pour les embauches, que la responsable rộdige et fait ensuite signer par l’ợlotier.

Le responsable local de l’Institut de recherche de la Procurature souligne que ces conseils de prévention ont puisé au départ dans le réservoir que constituaient les

ô collaborateurs extộrieurs de la police ằ (vnechtatnye sotroudniki militsii), un statut qui a officiellement disparu, mais qui continue à rassembler des gens680. De ce point de vue, la constitution des conseils est une étape importante dans l’institutionnalisation de cette coopération de la population avec la police et dans son ancrage territorial. V.

Gontcharov considère à ce titre que les conseils sont une réussite, qu’ils apportent une aide trốs importante au travail des ợlotiers. ô Mờme s’il ne s’agit que de grands-mốres qui restent au tộlộphone dans le bureau de permanence, c’est dộjà beaucoup. L’ợlotier n’est pas là, quelqu’un va répondre au téléphone, la plainte sera enregistrée…Et au moins, la victime aura ộtộ ộcoutộe ằ681. En dehors de cette fonction d’ộcoute, d’autant plus efficace que les gens semblent avoir moins de réticence à parler à ces bénévoles qu’aux policiers eux-mêmes, à leur ouvrir leur porte aussi parfois, V. Gontcharov reconnaợt que les ô grands-mốres ằ sont le meilleur rộseau d’informateurs qui soit pour les policiers, et que par exemple, ô l’ợlotier peut sans bouger de son bureau savoir qui fait de la distillation clandestine ằ682. Il pense que ces auxiliaires devraient ờtre encore plus nombreux pour venir en renfort des ợlotiers, qui ont peu de moyens et sur qui repose la charge la plus lourde. La présidente du conseil du quartier central n°2 rapporte avec une certaine fiertộ que les ợlotiers du quartier l’appellent ô Mama Liouba ằ et affirment ne pas pouvoir se passer d’elle pour travailler de faỗon efficace.

Un responsable local de la police de sécurité publique confirme cet intérêt croissant de la population pour aider la police et regrette que la procédure soit si longue pour les

680 Entretien avec V. B. Gontcharov, responsable du VNII pour la région d'Omsk, Ier novembre 2001. Il y aurait selon lui de plus en plus de candidats Les deux groupes d'âges sont les 25-30 ans et les plus de 50 ans ; V. Gontcharov considère qu'il s'agit souvent de personnes peu socialisées et frustrées dans le cas des plus jeunes (ô ce sont des gens qui ont dộjà 30 ans, n'ont pas fait d'ộtude, n'ont pas de famille, pas d'amis, mais aussi avec un sens aigu de la justice) ou de retraitộs actifs ô qui ne veulent pas se laisser aller

dans le cas des plus de 50 ans.

681 Il est frappant de constater que V. B. Gontcharov ne recourt pas pour étayer son discours sur l'écoute des victimes, à un programme ou à des directives locales ou nationales, mais au feuilleton télévisé "les flics (Menty)", ó un épisode récent met en lumière cet aspect des choses. Il avait déjà recours à cette référence "feuilletonesque" pour évoquer la proportion de crimes commis dans les cages d'escalier.

682 Entretien avec V. Gontcharov.

Một phần của tài liệu Acteurs locaux et régionaux face aux transformations du pouvoir en russie, 1989 1999 (Trang 396 - 405)

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