1. Trang chủ
  2. » Luận Văn - Báo Cáo

Quantification en français et les expressions ðquivalentes en vietnamien

134 758 0

Đang tải... (xem toàn văn)

Tài liệu hạn chế xem trước, để xem đầy đủ mời bạn chọn Tải xuống

THÔNG TIN TÀI LIỆU

Thông tin cơ bản

Định dạng
Số trang 134
Dung lượng 731,77 KB

Nội dung

Les définitions de “quelques” et “plusieurs” dans les dictionnaires et les grammaires tendent à présenter ces deux mots comme des déterminants plus ou moins synonymes, de la quantité peu

Trang 1

Remerciements

J’adresse mes sincères remerciements à Monsieur Le Professeur Tr n Th Hùng, mon directeur de recherche, avec qui j’ai eu grand plaisir à partager, au cours de ces années, mes réflexions scientifiques et qui est toujours un interlocuteur motivant et enthousiaste Je le remercie pour ses lectures attentives et exigeantes, ses remarques, ses suggestions, ses conseils, sa disponibilité précieuse

Je tiens également à remercier les professeurs du Département de langue et

de civilisation françaises à qui nous devons les connaissances et le courage pour le travail de recherche

Je suis aussi très connaissante à la Direction du Département des études post-universitaires, à la Direction du Départemnt de langue et de civilisation françaises, Ecole supérieure de langues étrangères, Université nationnale de Hanoi qui ont créé des conditions favorables à mon travail Enfin, j’adresse ma gratitude profonde à ma famille qui m’a toujours encouragée et soutenue, à mes collèges et amis qui, de près ou loin, m’ont aidée à réaliser ce travail de recherche

Trang 2

ASSURANCES

Nous donnons l’assurance que ce mémoire est le résultat de notre travail de recherche et que le contenu du mémoire n’est pas encore publié

Trang 3

RÉSUMÉ

La quantification est un problème vaste et complexe Elle concerne plusieurs disciplines en linguistique comme le lexique, la syntaxe, la morphologie et le pragmatique Pourtant, dans les méthodes de français même dans les livres de grammaire, on ne peut pas trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des quantificateurs Ils sont traités dans des chapitres différents et de façon très brève

Dans le cadre de ce mémoire, nous avons donc l’intention d’éclaircir la notion de la quantification et celle des quantificateurs, d’analyser les caractéristiques principales de la quantification, d’expliciter les moyens exprimant la quantité en français Nous voudrions également donner un classement des quantificateurs selon leur degré de quantité et analyser l’emploi des quantificateurs du point de vue syntaxique et pragmatique Enfin, notre travail vise aussi à donner les équivalents des quantificateurs en vietnamien

Trang 4

TABLE DES MATIÈRES

3.1.1 Forme simple des quantificateurs

3.1.2 Formes composés des quantificateurs

3.2 Les degrés de la quantification

3.2.1 Quantificateurs logiques et quantificateurs linguistiques

3.2.2 Signification logique et linguistiques des quantificateurs

3.3 Les modes de détermination de la quantification

3.4 Propriétés syntactico-sémantiques des quantificateurs

3.5 Les types de quantificateurs

3.6 Quantificateurs purs et quantificateurs caractérisants

1 La mise au pluriel

1.1 Définition et formation graphique

1.1.1 La nature des mots ou la terminaison des mots

1.1.2 La nature des mots composés : forme simple ou forme composée

1.1.3 Le sens des mots

1.3 Nombre grammatical et quantification

2.1.2 Adjectifs numéraux ordinaux

2.1.3 Termes dérivés des adjectifs numéraux

26

26

27

28

Trang 5

2.1.3.1 Nombres collectifs

2.1.3.2 Adjectifs numéraux multiplicateurs et fractionnaires

2.1.3.2 Préfixe exprimant la quantification

28

29

29 2.2 Les articles

2.2.1 Définitions et types d’articles

2.2.2 Articles et quantification

31

31

32 2.3 Les adjectifs et les pronoms indéfinis

2.3.1 Morphologie et syntaxe des indéfinis

2.3.1.1 Les adjectifs indéfinis

2.3.1.2 Les pronoms indéfinis

2.3.2 Valeur quantitative des indéfinis

2.4.1 Les adverbes de quantité

Chapitre 3 : CLASSIFICATION ET EMPLOIS DES QUANTIFICATEURS 49

2 La quantité et l’intensité indéterminées

2.1 Marques et formes des quantificateurs exprimant la qualité ou l’intensité indéterminée

2.2 Particularités sémantiques des quantificateurs

2.2.1 Quantité et intensité neutres

Trang 6

2.2.2.3 Procédés communs à la quantité et à l’intensité fortes

2.2.3 La quantité et intensité faibles

Trang 7

2 Numéraux de quantité

2.1 Quantité déterminée

2.1.1 Noms de nombres employés comme complément cardinal

2.1.2 Noms de nombres employés comme complément ordinal

82

82

82

83 2.2 Quantité indéterminée

2.2.1 Quantité approximative

2.2.1.1 Accouplement de deux noms de nombre

2.2.1.2 Utilisation des numéraux approximatifs

2.2.1.3 Utilisation des auxiliaires approximatifs

2.2.2 Quantité forte et quantité faible

2.2.2.1 Grandes quantités et petites quantités

2.2.2.2 Emplois de quelques numéraux exprimant la quantité imprécise

2.3.1 Emploi des numéraux totalisants

2.3.2 Emploi des noms de nombre : “m i” “tr m” “nghìn” “v n”

2.3.3 Place des numéraux de totalité

Trang 8

INTRODUCTION

De nos jours, de multiples échanges sur les plans culturel, économique, commercial offrent de plus en plus de possibilités de contacts aux peuples dans le monde entier La relation entre le Vietnam et les pays francophones en général, entre le Vietnam et la France

en particulier ne fait pas exception Donc, la maitrise des langues étrangères dont le français est un besoin inévitable Pourtant, les obstacles de communication créés lors d’une rencontre interculturelle semblent inévitables En observant les comportements langagiers des apprenants de français, nous constatons que ces obstacles viennent d’abord de leurs connaissances linguistiques Ainsi, pour bien communiquer, la maîtrise des connaissances syntaxiques qui régissent le fonctionnement de la langue est une condition primordiale

En grammaire française, la quantification est une des questions qui ne fait jamais l’objet d’une description en tant que telle Traditionnellement, la logique restreignait l’étude de la quantification aux quantificateurs universel et existentiel, du fait de leur importance particulière pour l’analyse des raisonnements par déduction qui constitue le centre d’intérêt de la logique classique, mais à date récente la sémantique formelle a repris

la question de la quantification d’une façon beaucoup plus directement utile pour le linguiste intéressé à l’analyse des phénomènes syntaxiques liés à la quantification

Pour exprimer la quantification, dans beaucoup de langues, les constituants nominaux portent des marques morphologiques de nombre Toutefois, l’expression morphologique

du nombre n’a rien d’universel Par contre, toutes les langues ont des quantificateurs, à-dire des mots signifiant une opération de quantification La catégorie des quantificateurs regroupe des items qui permettent notamment de préciser un certain type de rapport entre les constituants fondamentaux de la phrase, le rapport précisé étant explicitement de nature quantitative

c’est-La question des quantificateurs relève de deux difficultés majeures auxquelles est confronté le traitement automatique des langues naturelles : les faits de syntaxe et de sémantique sont rarement analysables indépendamment les uns des autres, une analyse linguistique plausible prend nécessairement appui sur le lexique Ainsi, des formalistes trop contraignants quant aux interactions entre syntaxe et sémantique se heurtent au fait que l’expression de la quantité recourt à des unités linguistiques qui ne sont pas de même nature (des déterminants, des adverbes, des pronoms, des noms…) De plus, des

Trang 9

phénomènes de surface identiques (la détermination) peuvent différer quant à leur interprétation Un déterminant quantificateur n’est pas strictement comparable selon qu’il s’applique à un substantif prédicatif ou bien à un nom argument Par ailleurs, l’expression

de la quantité est gouvernée par le lexique, un nombre limité de substantifs admettent la séquence “un litre de” comme déterminant C’est pourquoi, on peut difficilement réduire

la question de la quantification à un nombre restreint de règles à portée générale Pour en rendre compte, une analyse du lexique fondée sur ses particularités syntactico-sémantique est nécessaire

Pourtant, dans les méthodes de français même dans les livres de grammaire, on ne peut pas trouver un chapitre proprement réservé aux études de la quantification et des quantificateurs Ils sont traités dans des chapitres différents et de façon très brève Pour l’emploi des quantificateurs, l’explication est très ambiguë et on ne voit pas clairement leurs différences On peut citer comme exemple le cas de “quelques” et de “plusieurs” Les définitions de “quelques” et “plusieurs” dans les dictionnaires et les grammaires tendent à présenter ces deux mots comme des déterminants plus ou moins synonymes, de

la quantité peu levée, les rapprochant de “peu” et “un peu” Une étude plus approfondie des emplois de ces adjectifs indéfinis révèle cependant des différences assez considérables

“Quelques”, en général, non prédicatif ne désigne la quantité qu’accessoirement et joue un rôle parallèle à celui de “un peu”, alors que “plusieurs” signale plutôt la supériorité d’une quantité par rapport à une quantité minimale que la quantité faible elle-même Il apparaît dès lors comme assez éloigné tant de “quelques” que de “peu” et “un peu”

De plus, à travers les cours, nous trouvons que les apprenants de français ont beaucoup de difficultés en utilisant des quantificateurs parce que les membres de différentes sociétés disposent de moyens de communication qui leur sont spécifiques Les moyens exprimant la quantification en français et en vietnamien sont très différents On constate qu’il n’y a pas de classes grammaticales équivalentes en français et en vietnamien qui servent à exprimer la quantité Si la quantification en français est marquée par diverses classes grammaticales, la langue vietnamienne exprime cette notion par une propre classe grammaticale appelée les numéraux Ces différences causent beaucoup de difficultés pour les Vietnamiens apprenant le français car ils sont souvent influencés par des habitudes dans

la langue maternelle

Trang 10

De telles remarques nous font poser une suite de questions : Comment définit-on la quantification et les quantificateurs ? Quelles sont leurs caractéristiques ? Quels sont les moyens exprimant la quantité ? Comment emploie-t-on les quantificateurs ? Comment classe-t-on les quantificateurs ? Quels sont les équivalents des quantificateurs en vietnamien ?

C’est à partir de ces problèmes que nous avons choisi “Quantification en français et équivalent en vietnamien” comme sujet de notre mémoire de fin d’études post-universitaires

Dans le cadre d’une recherche de fin d’études post-universitaires, nous avons donc l’intention d’éclaircir la notion de la quantification et celle des quantificateurs, d’analyser les caractéristiques principales de la quantification, d’expliciter les moyens exprimant la quantité en français Nous voudrions également donner un classement des quantificateurs selon leur degré de quantité et analyser l’emploi des quantificateurs du point de vue syntaxique et pragmatique Enfin, notre travail vise aussi à donner les équivalents des quantificateurs en vietnamien

À propos d’un tel travail, sur le plan théorique, notre étude relève du grammaire qui postule que la phrase est le cadre minimal d’analyse des unités linguistiques considérées Les constituants fondamentaux d’une phrase simple correspondent à un prédicat et son domaine d’arguments, un opérateur étant défini notamment par la nature de ses arguments et leur configuration par rapport à celui-ci Du point de vue méthodologique, nous adoptons une méthodologie descriptive, analytique pour étudier les caractéristiques et les moyens exprimant la quantification L’emploi des quantificateurs en français est analysé à partir d’un corpus qui est composé des exemples contenant des quantificateurs relevés de deux romans : Un secret de PhillipeGrimbert et Les misérables de Victor Hugo

lexique-La méthodologie comparative est utilisée pour des études constrastives des quantificateurs

A partir d’un corpus tiré des histoires drôles du peuple vietnamien traduites en français, nous essayerons de donner les équivalents des quantificateurs en vietnamien Enfin, dans certains cas, nous devons emprunter des exemples cités par les auteurs que nos avons consultés

Notre travail de recherche comprend quatre chapitres Dans le premier chapitre, nous commencerons par le problème de terminologie Nous donnerons ensuite des définitions de

“quantification” et de “quantificateur” Nous analyserons aussi les caractéristiques

Trang 11

principales de la quantification Le deuxième chapitre sera consacré à étudier les moyens exprimant la quantification en français Nous allons aborder deux façons essentielles exprimant la quantification : la mise au pluriel et l’utilisation des quantificateurs qui sont des adjectifs numéraux, des articles, des adjectifs et pronoms indéfinis Ils peuvent être aussi des quantificateurs adverbiaux, nominaux même adjectivaux Pour le troisième chapitre, nous accorderons une grande importance au classement des quantificateurs selon divers critères : type d’opération de la quantification, degré quantitatif, nature sémantique

du terme auquel ils s’appliquent… A l’intérieur de chaque sous-classe des quantificateurs, les emplois de chaque quantificateur seront analysés du point de vue syntaxique et pragmatique Pour conclure ce travail, le dernier chapitre servira à citer et classer les équivalents des quantificateurs en vietnamien

Trang 12

Pourtant, on remarque que ces différentes catégories de mots expriment toute une notion de quantité, même si chacune d’elles le fait d’une manière particulière et avec des nuances qui lui sont propres

En observant l’énoncé : “Hier, elle a acheté un disque au supermarché.”

On trouve que, pour quantifier le mot “disque”, on peut utiliser des expressions linguistiques différentes, sans préjuger des effets de sens que chacune de ces expressions pourrait apporter À la place de “un”, on peut avoir “des”, des adjectifs numéraux “deux, trois, quatre…” des adjectifs indéfinis comme “quelques, plusieurs” On peut aussi le remplacer par des adverbes de quantités “beaucoup de, peu de…” ou des expressions diverses exprimant la quantité comme “plein de, un grand nombre de, une grande quantité

de, une quantité incroyable de…”

Dans le deuxième énoncé : Aujourd’hui, à midi, j’ai mangé de la viande saignante Pour quantifier le terme viande, on peut avoir des adverbes de quantité comme beaucoup de, trop de, peu de… ou des numéraux combinés avec des termes de mesure du poids : cent grammes de ; deux cents grammes de…

Pour intensifier le terme saignant, on peut utiliser les adverbes de quantités très, assez, trop, peu, bien… ; des préfixes ultra-, archi-… des adverbes de manière énormément, étonnamment, parfaitement, extrêmement… ou des expressions diverses qui peuvent être postposées : on ne peut plus, à souhait…

Prenons comme exemple le troisième énoncé : Mon fils aime bien le sport

Trang 13

Pour intensifier le verbe aimer, à la place de “bien”, on peut utiliser les adverbes de quantités très, assez, trop, peu… ; des adverbes de manière postposés énormément, passionnément… ou des expressions diverses comme à la folie, comme un fou

À travers ces exemples, avec des remarques données, on trouve que le procédé de quantification dépend de trois éléments suivants :

- La nature sémantique du mot auquel il s’applique

Dans la langue française, on ne peut pas dire “*J’ai acheté très disques” ni “*J’ai mangé de la viande beaucoup saignante.” De même, on ne peut pas utiliser les numéraux deux, trois, quatre… pour quantifier le terme “viande” si le contexte implicite ou explicite

ne précise pas le sens qu’il faut apporter à ce terme On peut dire “J’ai mis trois viandes dans le pot-au-feu.” si on précise ces trois sortes de viandes : “J’ai mis trois viandes dans

le pot-au-feu : du gîte, du plat de côtes et de la macreuse.”

Il s’agit là d’une différence de la nature sémantique du mot quantifié selon laquelle

on distingue quantité et intensité Dans les deux cas précédents, la classe générique n’est pas la même Cependant, la cohérence sémantique entre les traits spécifiques du quantificateur et du mot quantifié doit aussi être respectée Ainsi, on pourra dire “C’est une fillette follement gaie.” mais on ne dira pas “J’ai mangé de la viande follement saignante.”

- Le mode de détermination de la quantité Le mode de détermination de la quantité peut être:

- La variation du degré de quantité selon que celle-ci est forte ou faible

On peut dire que “beaucoup” correspond à un degré fort et “peu” à un degré faible; mais dans tous les cas, la force ou la faiblesse de la quantité dépend du contexte et de la situation de discours, des normes sociales qui déterminent le degré moyen à partir duquel doit être jugé l’importance de la quantité

Trang 14

2 DÉFINITIONS

2.1 Quantité et intensité

Selon l’Académie française, 8ème édition, la quantité “se dit de tout ce qui peut être mesuré ou nombré, de tout ce qui est susceptible d'accroissement ou de diminution.” Dans le langage courant, la quantité désigne un nombre plus ou moins grand, une proportion plus ou moins grande de personnes ou de choses

Donc, la quantité est quelque chose dont on peut obtenir une mesure Mais en linguistique, il faut encore distinguer quantité et intensité selon la nature et la classe d’appartenance sémantique des mots auxquels s’applique l’opération de quantification

La quantité s’utilise dans les deux cas suivants :

- Le mot représente un être dénombrable, qu’on peut compter (classe du discontinu), l'opération consiste à multiplier l'unité de référence

Dans la phrase “Il y a quatre chaises autour de la table”, on a multiplié l'unité de référence “une chaise’’ par le numéro quatre Donc, il s'agit de la quantité

- Le mot représente un être non dénombrable, qu’on ne peut pas compter (classe du continu), l'opération consiste à amplifier la notion de référence

Pour l'énoncé “Il y a beaucoup de vin.”, la notion de référence “du vin” est amplifiée par le terme “beaucoup”

L’intensité s’utilisera si le mot représente une propriété ou un processus, il apparaît dans les deux cas à la classe du continu, nom dénombrable, l'opération consiste à intensifier la notion de référence

Elle a des cheveux très foncés

Il dort profondément

Dans ces deux phrases, les deux notions de références “foncé” et “dormir” sont intensifiées par “très” et “profondément”

2.2 Définitions des quantificateurs

En linguistique, il y a plusieurs définitions des quantificateurs

Trang 15

Selon l’encyclopédie libre Wikipédia, en grammaire, “un quantificateur est une catégorie de déterminant indéfini, ajoutant une idée de quantité à l'actualisation du nom noyau.”

sous-Pour certains grammairiens, le quantificateur est analysé comme un adjectif indéfini

au sens large On peut remarquer que le quantificateur s'apparente également à l'adjectif numéral cardinal Revêtant la forme d'une locution déterminative, un quantificateur est le plus souvent construit à partir de deux éléments : le premier pouvant être soit un syntagme nominal soit un adverbe de quantité, et le deuxième étant presque toujours la préposition

“de”

Selon BUVET Pierre-André, “la catégorie des quantificateurs regroupe des items qui permettent notamment de préciser un certain type de rapport entre les constituants fondamentaux de la phrase, le rapport précisé étant explicitement de nature quantitative.” Il donne la définition : “Nous appelons quantificateurs des actualisateurs permettant d’exprimer la quantité comme trois, plusieurs, beaucoup de…”

Pour pouvoir comprendre cette définition, il faut préciser le terme “les actualisateurs.” D’après lui, les actualisateurs sont des unités linguistiques dont le rôle syntaxique est de relier entre eux les constituants fondamentaux de la phrase simple (un prédicat et son domaine d’arguments) Leur rôle sémantique est loin d’être négligeable puisque les relations entre les constituants premiers sont modulées par certains actualisateurs Observons la série de phrases suivante :

Luc a mangé trois bonbons

Luc a mangé plusieurs bonbons

Luc a mangé énormément de bonbons

Luc a mangé les bonbons

Luc a mangé ces bonbons

Dans cette série, il est clair que les trois premières phrases diffèrent des deux dernières Ce qui les distingue, ce sont les déterminants Ceux des deux dernières sont des définis dont le rôle premier est, selon des modalités qui sont propres, d’une part à l’article défini et, d’autre part, à l’article démonstratif, de préciser le référent des noms auxquels ils

se rapportent Ceux des trois premières phrases ont en commun le rôle d’exprimer une quantité relative aux noms qu’ils précèdent La question “combien ?” permet d’en rendre compte

Trang 16

Dans tous les cas, on constate que les déterminants ont une fonction syncatégorématique, d’une part, et qu’ils spécifient un certain type de rapport entre

“bonbon” et les deux autres constituants fondamentaux de la phrase (Luc et manger), d’autre part

D’après BUVET Pierre-André, la liste des unités linguistiques qui correspondent à une telle définition comporte plus de 3000 items Ce sont tous des déterminants, la plupart étant des déterminants composés du type dét + nom + de et des déterminants nominaux comme “un tas de” dans “Luc a mangé un tas de bonbons.”

Pourtant, on constate que les critères définitionnels qui ont conduit à l’élaboration d’une telle liste ne sont pas totalement satisfaisants Ils ne permettent pas de rendre compte

de phénomènes sémantiquement proches mais ne relevant pas de la détermination C’est pourquoi, il faut considérer parmi les quantificateurs des unités linguistiques qui ne sont pas des déterminants

Dans l’énoncé “Luc a fait beaucoup de voyage”, le déterminant “beaucoup de” est clairement un quantificateur La question “combien” permet de l’établir facilement

Combien de voyage Luc a-t-il fait ? Beaucoup

Mais le nom voyage est un prédicat qui peut apparaître également sous une forme verbale Cela entraîne un synonyme : Luc a beaucoup voyagé

Dans ces deux phrases, la relation entre le prédicat “voyage” et son argument est quantitativement marquée d’une façon identique par le déterminant composé “beaucoup de” ou l’adverbe simple “beaucoup” L’équivalence de ces deux phrases justifie la présence de l’adverbe “beaucoup” parmi les quantificateurs bien qu’il ne soit pas déterminant

Donc, en résumé, un quantificateur dans la langue naturelle comme le français est un mot (chaque, le, un…) ou une locution (la plupart de, un tas de, une flopée de…) relevant

de catégories syntaxiques variables (déterminant pour tous, chaque, quelques, aucun… ; adverbes pour beaucoup, peu, trop… ; adjectifs…) exprimant la quantité attribuée aux noms qu’ils déterminent

Ce sont des formes qui ont pour fonction linguistique de signifier la quantité ou l´intensité de façon particulière, à l’intérieur de chacun des modes de détermination : déterminé, indéterminé, relatif, totalisant et nul

Trang 17

Certains de ses formes sont des mots simples: “plusieurs, certaines, quelques ”, d´autres résultent d´une combinaison de mots: on ne peut plus , d´autres encore sont des marques grammaticales liées: préfixes, suffixes

Certains termes de quantité ont pour fonction de préciser la nature de la référence qui sera prise comme la base de l´opération de quantification Par exemple le mot “troupeau” précise que l´objet quantifié est considéré comme un ensemble de plusieurs individus

Il possède plusieurs troupeaux de bêtes à cornes

Ces termes se spécifient sémantiquement selon la nature de l´objet considéré On dira “une grappe de raisins, une volée d´oiseaux, une couche de peinture” et non “une volée de raisins, une grappe de peinture…’’ Parfois cependant, ces termes peuvent être appliqués à d’autres objets, pourvu qu’existe une motivation sémantique comme “un torrent d’injures…”

3 Caractéristiques des quantificateurs

Après avoir précisé ce que recouvre la notion de quantificateur, nous examinons à présent les principales caractéristiques des unités linguistiques qui relèvent de cette catégorie

3.1 Caractéristiques formelles

Dans la partie précédente, nous avons circonscrit la catégorie des quantificateurs à quelques verbes supports, différents adverbes qui accompagnent le verbe et des déterminants Les faits de détermination étant relativement complexes à analyser, nous indiquons ici les différents types de déterminant résultant de cette catégorisation

Le tableau ci-dessous rend compte des principales particularités formelles de la détermination du français

Trang 18

Chacune des différentes sous-classes du tableau comporte des quantificateurs Avant d’examiner la répartition des quantificateurs dans ces sous-classes, nous précisons quelques-unes des notions exposées ci-dessus

- La notion de déterminants composés s’applique à des configurations stables de formes simples qui relèvent de la détermination C’est le cas, entre autres, des adverbiaux constitués d’un adverbe suivi de la préposition de (énormément de, peu de…) ou de l’indéfini un + modificateur qui se rapporte, dans certaines constructions, à des substantifs n’acceptant pas uniquement l’article indéfini comme déterminant

Ex : Il a une malchance incroyable

- Les déterminants figés constituent un sous-ensemble des déterminants composés Leur interprétation est difficilement déductible de leur relation avec le substantif auquel ils

Les déterminants

Déterminants simples

Luc a acheté une voiture Déterminants complexes

Combinatoires libres d’éléments déterminatifs

Luc a acheté toutes ces voitures

Luc a acheté une voiture rouge

Déterminants composés

Déterminants composés non figés

Luc a acheté beaucoup de voitures

Luc a acheté une demi-douzaine de

voitures

Luc a une malchance incroyable

Déterminants composés figés Luc a acheté un paquet de voitures Luc a acheté une tonne de voitures Luc a une chance de cocu

Trang 19

se rapportent Cette particularité de figés apparaỵt clairement en ce qui concerne des déterminants nominaux

Luc a répondu à une foule de protestataires

Luc a lu une foule de livres sur le sujet

Dans ces deux phrases, “une foule de” fonctionne comme un déterminant dans la mesure ó ce sont les noms “protestataire” et “livre”, qui, respectivement, établissent des relations distributionnelles avec les verbes “répondre” et “lire” Pourtant, il s’agit de deux emplois différents parce qu’il n’est pas possible de rendre compte de la structure interne des suites nom + de + nom de ces deux phrases dans les mêmes termes La première phrase peut être paraphrasée par les phrases suivantes :

Les protestataires constituent une foule

Les protestataires forment une foule

Les protestataires sont en foule

Une telle analyse est impossible pour “une foule de livres” dans la deuxième phrase

Il en résulte que nous interprétons la séquence “une foule de livres” comme un déterminant figé

Certains déterminants nominaux figés ont également comme particularité de s’appliquer à un nombre restreint de substantifs voire un seul comme “un nuage de” dans

“Luc s’est levé un nuage de lait dans son café.”

À partir de ces notions, on va examiner les formes des déterminants quantificateurs 3.1.1 Forme simple des quantificateurs

Les déterminants simples comme “aucun, maint, nul, plusieurs, quelques…” sont des quantificateurs de forme simple

Ex : En allant faire quelques provisions pour le dỵner, elle a entendu dire des choses

Nous nous étions toujours appelés ainsi, martelait-il, cette évidence ne souffrait aucune contradiction (Un secret, Phillipe Grimbert)

3.1.2 Formes composés des quantificateurs

Pour les déterminants complexes, les quantificateurs peuvent avoir des types suivants :

Trang 20

- “multiple, nombreux, rare” (la possibilité d’associer des modificateurs adjectivaux comme avec l’article indéfini pluriel Une telle association permet de caractériser quantitativement le substantif)

Luc a posé de multiples / nombreuses / rares questions à Pierre

- Quelques modificateurs figés entrent également dans cette catégorie de quantificateurs

Luc a bu du cognac à gogo

- Les déterminants composés qu’on interprète comme quantificateurs sont des

adverbiaux (beaucoup de, assez de…) ou des nominaux (un kilo de, un tas de…)

Luc a acheté beaucoup de / un kilo de tomates

- Des déterminants nominaux figés sont également possibles

Luc a fait une montagne de fautes

3.2 Les degrés de la quantification

La quantité et l’intensité varient en degrés On distingue toujours la force et la faiblesse On peut dire que “beaucoup” correspond à un degré fort tandis que “peu” à un degré faible Pourtant, dans tous les cas, la force ou la faiblesse de la quantité dépend du contexte, c’est-à-dire, en fin de compte des normes sociales qui déterminent le degré moyen à partir duquel doit être jugé l’importance de la quantité “Un million” pourra correspondre à une quantité forte s’il s’agit du nombre de participants à une manifestation (encore faut-il savoir de quelle manifestation il s’agit, dans quelle ville, de quel pays) et à une quantité faible s’il s’agit du nombre d’habitants d’une ville À partir de combien de personnes un groupe est-il important ? En la matière, tout est question de point de vue

De plus, entre la force et la faiblesse, il existe encore d’autres degrés C’est-à-dire, les expressions quantitatives ont la propriété de définir des échelles quantitatives Par exemple, l’échelle quantitative positive comprendra “un, un peu, quelques, beaucoup, tous” L’existence d’échelles quantitatives associées aux quantificateurs a pour conséquence deux faits pragmatiques en contradiction avec deux prédictions logiques 3.2.1 Quantificateurs logiques et quantificateurs linguistiques

La première conséquence est une divergence entre les propriétés sémantiques des quantificateurs en langue naturelle et les quantificateurs de la logique des prédicats comme

Trang 21

le quantificateur universel ∀x (pour tout x) et le quantificateur existentiel ∃x, c’est-à-dire

il existe au moins un x En réalité, “tous les x” ne signifie pas toujours ∀ x, de même que

un x n’a pas toujours la signification logique ∃ x

Tous les garçons, sauf Paul, peuvent aller se baigner

Un homme est un homme

Dans la première phrase, l’interprétation à donner à “tous les garçons” n’est pas l’interprétation logique Celle-ci implique en effet que l’ensemble des garçons dont le cardinal est n satisfait sans exception la propriété “pouvoir aller se baigner” En français, tous les x sont P ne signifie pas nécessairement que l’ensemble des x dont le cardinal est n ont sans exception la propriété P La co-occurrence de “tous” avec “sauf” montre que le cardinal de l’ensemble des x possédant la propriété P peut s’interpréter comme signifiant

“plus petit que n’’ Donc, tous les x ne signifie pas toujours ∀ x

Dans la deuxième phrase, “un homme”ne signifie pas “il existe au moins un x tel que

x est un homme” En français, “un homme” dans “un homme est un homme.” implicite

“tous les hommes”

3.2.2 Signification logique et linguistiques des quantificateurs

La deuxième conséquence de la divergence entre signification linguistique et signification logique des quantificateurs est liée aux enchaînements auxquels ils donnent lieu et à leurs propriétés argumentatives

Pour les deux énoncés :

a Max n’a pas lu tous les romans de Balzac

b Max a lu plusieurs romans de Balzac

Ducrot a observé qu’elles ont des propriétés argumentatives apparemment contradictoires avec leurs propriétés logiques

Quand on se demande si Max est un bon connaisseur de Balzac et s’il peut donner des renseignements sur un ouvrage de Balzac, selon l’intuition associée à des repères quantitatifs, c’est la réponse b plutôt que la réponse a qui sera la plus favorable pour Max

En effet, quand on dit de quelqu’un qu’il n’a pas lu tous les romans de Balzac, on pensera qu’il en a lu beaucoup, voire presque tous En revanche, si on dit de lui qu’il a lu quelques romans de Balzac, on comprendra “quelques romans” comme signifiant “quelques romans

Trang 22

seulement” En d’autres termes, “quelques” serait, dans l’échelle quantitative des livres de Balzac lus par Max, inférieur à “pas tous”

Cette intuition sémantique est contestée par Ducrot Pour lui, l’énoncé a est orienté vers une conclusion négative du type “Max connaỵt mal Balzac” et seul l’énoncé b a une orientation argumentative positive du type “Max connaỵt Balzac” L’orientation argumentative respective de ces deux énoncés peut se vérifier grâce aux enchaỵnements sur les conclusions positives et aux enchaỵnements grâce à “même” qui introduit un argument plus fort de même orientation argumentative

a Max n’a pas lu tous les romans de Balzac Il ne pourra pas te donner des renseignements sur cet ouvrage que tu cherches

a Max n’a pas lu tous les romans de Balzac Il n’en a même lu aucun

b Max a lu plusieurs romans de Balzac Il pourra te donner des renseignements sur cet ouvrage que tu cherches

b Max a lu plusieurs romans de Balzac et même tous

À travers ces analyses, on trouve qu’il n’y a pas toujours la cohérence entre la signification logique et linguistique des quantificateurs

3.3 Les modes de détermination de la quantification

Les différents quantificateurs ne sont pas tous sémantiquement équivalents Il convient tout d’abord de considérer à part les cardinaux et bon nombre des déterminants nominaux qui ont une valeur quantitative propre et qui expriment une quantité déterminée

ou précise

Ex : Jean Valjean, libre, né à … reste dix-neuf ans prisonnier Cinq ans pour vol, quatorze ans pour avoir essayé de se sauver quatre fois (Les misérables, Victor Hugo) Luc a acheté un kilo de tomates

Pour les autres quantificateurs, la quantité ou l’intensité exprimée peut être un des quatre modes suivants :

- Quantité et intensité indéterminées ou imprécises

Ex : Luc a bu une certaine quantité de cognac

Quelques minutes après, il est dans une grande salle ó il y a beaucoup de

Trang 23

- Quantité et intensité relatives par rapport à une limite

Ex : Le reste avait si peu d’intérêt

Elle s’évanouissait les jours de marché quand la foule la serrait de trop près

- Quantité et intensité totalisantes

Ex : Tous mes proches savaient, tous avaient connu Simon, l’avaient aimé Tous avaient en mémoire sa vigueur, son autorité Et tous me l’avaient tu

(Un secret, Phillipe Grimbert)

- Quantité et intensité nulles

Ex : Luc n’a bu aucun cognac

3.4 Propriétés syntactico-sémantiques des quantificateurs

Nous proposons d’analyser séparément les quantificateurs selon que les noms auxquels ils s’appliquent s’interprètent comme des arguments ou des prédicats

Selon la théorie lexique-grammaire qui postule que la phrase est le cadre minimal d’analyse des unités linguistiques considérées, les constituants d’une phrase simple correspondent à un prédicat et son domaine d’arguments Normalement, la plupart des déterminants quantificateurs peuvent se combiner avec toutes sortes de noms indépendamment de leur statut au sein de la phrase Par contre, la nécessité d’un traitement séparé des quantificateurs apparaỵt clairement si on prend en compte leurs propriétés sémantiques Considérons les situations suivantes :

Luc a donné plusieurs livres à Tom

Luc a donné plusieurs gifles à Tom

Ces deux phrases ont la même structure de surface : N1 + V + Dét + N2 + Pré + N3 mais elles ne sont pas comparables Dans la première phrase, le verbe est un prédicat mais

un verbe support dans la deuxième De même, le N1 est un argument dans la première mais

un prédicat dans la deuxième Il s’ensuit que le déterminant quantificateur “plusieurs” n’est pas strictement comparable dans ces deux phrases dans la mesure ó l’application de

ce déterminant à un nom prédicatif permet de le caractériser aspectuellement En effet, la deuxième phrase est équivalente à “Luc a donné plusieurs fois une gifle à Tom.”

Trang 24

La combinaison d’un déterminant quantificateur et d’un nom prédicatif est l’une des façons d’exprimer l’aspect fréquentation en français Une telle possibilité n’est pas directement déductible de “Luc a donné plusieurs livres à Tom.”, d’autres marqueurs sont nécessaires pour caractériser aspectuellement le prédicat “donner”

3.5 Les types de quantificateurs

Les termes quantitatifs peuvent être regroupés selon qu’ils décrivent:

• Une fraction

- appliquée à des êtres matériels dénombrables: Une demi-portion, la moitié d’une portion, les deux cinquième d’un jambon…

- appliquée à des êtres matériels non dénombrables: La moitié de la viande, un tiers

du lait, le quart de la crème fraîche

- appliquée à des mesures: un demi-centimètre, un quart de tonne, deux tiers de litre

• Une multiplication

- double, triple, quadruple, quintuple, etc ou deux fois, trois fois

Ex : Sensible à son charme, elle le lui témoigne par de multiples attentions

Il avait tiré les doubles rideaux, la pièce n’était éclairée que par sa lampe de

- certains termes signalent qu’un ensemble est formé de deux individus (une paire de,

un couple de, un duo de), de trois (trio), de quatre (quatuor, quartette)

Ex : On a loué les services d’un trio de musiciens, violons et accordéon réveillent l’assemblée (Un secret, Phillipe Grimbert)

• Une unité particulière

- comme partie d’un objet: une tête d’ail, un morceau de chocolat

- comme résultat d’une action: une bouchée de pain, une tranche de jambon, une couche de peinture

• Un ensemble d’unités

- Une grappe de raisins, un régime de bananes, une rame de papier, un banc de poisson, une volée de corbeaux

Trang 25

3.6 Quantificateurs purs et quantificateurs caractérisants

La catégorie des quantificateurs est assez floue du point de vue du fonctionnement sémantique En se basant sur les valeurs que les quantificateurs apportent aux noms qu’ils complètent, on distingue les quantificateurs purs et les quantificateurs caractérisants Les quantificateurs purs sont ceux qui indiquent seulement le nombre des êtres qui s’applique au nom déterminé

Ex : Il n’a vu aucun étudiant

Je ne mangerai pas tout ce pain

Dans ces deux exemples, les déterminants “aucun” et “tout” expriment seulement une quantité attribuée aux noms “étudiant” et “pain” Ils sont donc quantificateurs purs

Les quantificateurs caractérisants sont ceux qui ajoutent aussi à l’indication du nombre celle de caractères propres à l’être auquel s’applique le nom

Ex : Ces divers livres me fascinent

Dans cette phrase, le déterminant “divers” exprime d’abord une quantité du nom

“livre” mais il apporte aussi le caractère d’indétermination sur l’identité du nom Donc, il exprime une pluralité d’être distincts dont l’identité reste indéterminée Il s’agit, dans ce cas, du quantificateur caractérisant

Cependant, cette distinction dépend non seulement de la valeur sémantique des quantificateurs mais aussi du contexte Dans quelques cas, c’est le contexte qui indique un quantificateur pur ou quantificateur caractérisant

Prenons comme l’exemple le cas du quantificateur “quelques” S’il est employé seul

au pluriel devant le substantif, “quelques” fonctionne comme quantificateur pur

Ex : Quelques livres me feraient plaisir

Mais dans l’énoncé “Ces quelques livres me feraient plaisir”, la nuance d’indétermination porte aussi bien sur le nombre que sur l’identité Il n’est donc pas ici quantificateur pur mais quantificateur caractérisant

Trang 26

Chapitre II

MOYENS EXPRIMANT LA QUANTIFICATION

1 LA MISE AU PLURIEL

1.1 Définition et formation graphique

Dans beaucoup de langues, les constituants nominaux portent des marques morphologiques de nombre Selon les cas, ces marques de nombre peuvent se manifester

au niveau du nom qui est la tête d’un constituant nominal, ou bien au niveau du nom et de certains de ses modificateurs, ou bien prendre la forme de morphèmes liés qui s’attachent

au premier ou au dernier mot du constituant nominal

En français, le “pluriel” est un terme de grammaire qui sert à marquer qu'il s'agit de plusieurs personnes ou de plusieurschoses. Les marques du pluriel prennent la forme de morphèmes On peut dire que la mise au pluriel est un phénomène morphologique qui consiste à marquer les mots du point de vue de la pluralité Un morphème du pluriel signifie que la forme nominale dont il fait partie a pour référents potentiels des entités plurielles, c’est-à-dire des entités analysables comme une somme d’individus qui pris un par un satisfont au prédicat signifié par le nom Donc, c’est un moyen pour exprimer la notion de quantité

On tiendra compte du fait que les règles de formation du pluriel, à l’oral, ne sont pas rigoureuses Mais à l’écrit, la mise au pluriel doit suivre certaines règles de formation graphiques plus ou moins complexes Elle dépend des facteurs suivants

1.1.1 La nature des mots ou la terminaison des mots

On forme le pluriel des noms en ajoutant un "s" au singulier Cette règle, bien entendu, souffre quelques exceptions Ces exceptions viennent de la terminaison des mots

- Les mots en "au" et "eau" forment le pluriel en "x" (un bureau, des bureaux ; un flûtiau, des flûtiaux) sauf : "landaus, sarraus"

- Les noms en "eu" forment le pluriel en "x" (un feu, des feux ; un jeu, des jeux) sauf: "bleus, pneus"

- Les noms en "ou" forment le pluriel en "s" (un trou, des trous) sauf : "poux, hiboux, choux, joujoux, genoux, cailloux, bijoux"

Trang 27

- Les noms en "al" forment le pluriel en "aux" (un cheval, des chevaux ; un bocal, des bocaux) sauf : "cal, bal, carnaval, pal, récital, régal, festival, chacal" qui le font en "s"

- Les noms en "ail" forment le pluriel en "s" sauf : "bail, corail, émail, gemmail, soupirail, travail, vantail et vitrail" qui le font en "aux"

Il y a également des pluriels irréguliers “Bétail’’ forme au pluriel "bestiaux" mais ce terme a aussi un pluriel bétails peu utilisé Ainsi, on trouve nettement que la terminaison des mots décide la façon de former leur forme plurielle

1.1.2 La nature des mots composés : forme simple ou forme composée

Les mots composés sont formés au moins de deux éléments qui peuvent fonctionner

de façon indépendante dans le lexique La graphie des mots composés se présente sous différentes formes La première forme, c’est la forme simple (ils s’écrivent comme le mot simple, c’est-à-dire avec la soudure) tels que le portemanteau, mesdames, le pourboire…

La deuxième regroupe les composés dont les éléments sont liés par un trait d’union, la marque par excellence de la composition (les en-têtes, des pince-sans-rire…) La dernière,

la forme complexe (les composés non marqués par la graphie), c’est-à-dire, les éléments constituants s’écrivent séparément comme deux mots (poste clé, chaise longue ) ou sont liés par des éléments grammaticaux: des prépositions (la machine à laver, la boîte aux lettres…)

Pour les mots composés dont la forme graphique est simple

Généralement, on fait des accords seulement au dernier élément constituant Ex: les portemanteaux, les portefeuilles Pourtant, pour les noms de type adjectif + nom tels que bonhomme, gentilhomme, madame, mademoiselle, monsieur, on fait des accords aux deux éléments: les bonshommes, les gentilshommes, mesdames, mesdemoiselles, messieurs Pour les mots composés dont la forme graphique est complexe

Les mots composés de ce type n’obéissent à aucune règle précise Pour savoir comment les écrire au pluriel, il est toujours recommandé de vérifier dans un ou plusieurs dictionnaires On peut quand même dégager quelques principes de base, auxquelles on trouve de nombreuses exceptions Traditionnellement, le pluriel des mots composés suit la règle générale suivante : les éléments constituant qui sont des verbes, des adverbes ou des prépositions restent invariables, tandis que ceux qui sont des noms ou des adjectifs prennent la marque du pluriel si le sens le permet

Trang 28

Dans les mots composés formés de deux noms, s’ils sont liés par un rapport de

qualification, tous les deux (ou les deux noms) prennent la marque du pluriel

Ex : - des déjeuners-causeries (des déjeuners qui sont aussi des causeries)

- des soupers-conférences (des soupers qui sont aussi des conférences)

- des cafés-théâtres (des cafés (lieux) qui sont aussi des théâtres)

Cette catégorie comporte également des mots composés formés de deux noms reliés

par des rapports de nature différente Il est donc recommandé de consulter un dictionnaire

pour s’assurer la formation du pluriel

Ex : - des pauses-café (des pauses pour le ou du café) peut aussi s’écrire pause café

ou pauses café

- des timbres-poste (des timbres pour la poste)

- des soirées-bénéfice (des soirées à bénéfice, au bénéfice de…)

Lorsqu’il y a une préposition entre deux noms constituant, seul le premier varie Ex :

des chefs-d’œuvre, des eaux-de-vie… Le sens est dans certains cas pris en compte pour

décider l’accord des noms Par exemple: le “tête-à-tête”, le “face-à-face” désignent

toujours une seule personne en face d’une autre Ces mots-là restent donc invariables

Dans le modèle verbe + nom, l’élément verbal reste invariable Ex : des pèse-lettres,

des lave-glaces, des tire-bouchons, des taille-crayons… Mais le nom qui accompagne

l’élément verbal ne prendra pas la marque du pluriel si le sens le prescrit

Ex : - un chauffe-eau, des chauffe-eau, le nom demeure au singulier parce qu’on

chauffe de l’eau et non pas des eaux Dans les mots composés formés d’un nom et d’un adjectif, les deux éléments varient

Ex : - un cordon-bleu des cordons-bleus

- un pic-vert des pics-verts

Pour les mots composés formés d’un nom et d’un adverbe ou d’un adjectif employés

comme adverbe, seul le nom varie

Ex : - un haut-parleur des haut-parleurs

- un tout-puissant des tout-puissants

Dans les mots composés formés d’un nom et d’une préposition, d’un pronom, d’un

préfixe, seul le nom varie au pluriel

Trang 29

Ex : - un à-côté des à-côtés

- un anti-inflammatoire des anti-inflammatoires

Ces règles ont eu cours pendant longtemps et sont encore largement en usage

aujourd’hui Toutefois, à la suite des rectifications orthographiques préconisées par le

Conseil supérieur de la langue française de France en 1990, de ceux qui comprennent un

élément verbal ou certains préfixes, les dictionnaires ont commencé à consigner ces

nouvelles graphies, et les grammaires à en faire état Il est fortement recommandé de

consulter ces ouvrages La nouvelle règle générale proposée est de considérer le mot

composés non pas comme un mot formé de deux éléments juxtaposés mais bien comme un

mot simple, et de marquer le pluriel de ces mots par un l’ajout d’un “s” final au deuxième élément seulement

La tendance de plus en plus répandue à souder les éléments des mots composés qui

comprennent un élément verbal ou certains préfixes (tirebouchon, parechoc,

millefeuille…) accompagne et facilite le marquage du pluriel des mots composés par

l’ajout d’un simple “s” final Par exemple, si le trait d’union disparaît dans le mot

pare-brise, ce dernier pourra se mette au pluriel de la façon usuelle (des parebrises) De même,

si pare-chocs perd son trait d’union, du coup on verra disparaître la forme un pare-chocs,

et le mot lui-même s’écrira, au pluriel des parechocs en alternance avec un parechoc

1.1.3 Le sens des mots

Les noms d’une langue manifestent généralement des différences dans leurs

possibilités de se combiner avec des marques de pluralité ainsi que des quantificateurs

L’explication est que le fonctionnement de la quantification est conditionné par une

distinction sémantique des noms : noms discontinus, comptables ou noms continus,

massifs Les noms comptables renvoient à des réalités conçues comme ensembles

d’individus qu’on peut compter Parmi les noms massifs, il peut être utile de distinguer

entre ceux qui renvoient à des réalités qui ne peuvent pas se compter mais peuvent se

mesurer (eau, tissu, riz…) et ceux dont le signifié est difficilement compatible avec une

quelconque opération de quantification comme les noms d’abstraits (patience, expérience,

courage…)

La langue française n’exprime pas des notions comme “beaucoup”, “peu” ou

“combien” au moyen de mots distincts selon qu’il s’agit de compter des individus ou de

mesurer une substance continue Pourtant, la catégorisation des noms selon le trait continu

Trang 30

ou discontinu conditionne toujours le fonctionnement grammatical de la quantification Généralement, seuls les noms comptables peuvent prendre les marques de la pluralité On dit souvent les livres, les élèves, les enfants, les magasins… mais on dit le tissu, le courage,

la patience… Le problème est toutefois qu’il s’agit d’une catégorisation peu rigide Souvent, les noms généralement traités comme massifs peuvent aussi prendre le comportement typique des noms comptables et vice versa, sans que la recatégorisation que cela implique soit marquée dans la morphologie Un cas assez répandu est celui des noms comme “café” ou “bière”, qui peuvent se mettre au pluriel s’ils se réfèrent à des variétés de café, de bière ou à la quantité de liquide contenue dans un récipient

Pour l’énoncé “Dans ce café, ils ont beaucoup de bières étrangères.”, il s’agit des types différents de bières Et dans l’exemple “J’ai déjà pris deux bières.”, on comprendra que celui-ci a pris deux verres de bière

1.2 Les fonctions de la mise au pluriel

La mise au pluriel a deux fonctions linguistiques bien distinctes: fonction d’accord et fonction de quantification

La fonction d’accord est destinée à marquer morphologiquement tout au long de l’énoncé écrit la cohérence sémantique de la pluralité:

Mes amis les plus intimes sont partis à l´étranger

La fonction de quantification est exprimée à travers la forme plurielle de certains mots qui servent à actualiser (des), à désigner (ces), à exprimer la dépendance (mes) Dans la phrase “Mes amis les plus intimes sont partis à l´ étranger”, seul le terme “mes” a

la valeur de quantité et le terme “plus” exprime l’intensité, les autres marques du pluriel relèvent de l’accord

La mise au pluriel, dans sa fonction de quantification, a des caractéristiques propres: signifiant la pluralité, elle ne peut s’appliquer qu’à des mots représentant des êtres dénombrables Il se crée ainsi des oppositions significatives (dénombrable/non dénombrable) autour d’une même forme selon qu’elle est marquée au pluriel ou au singulier:

des cuivres (instruments de musique) / le cuivre (matière)

des peintures (tableaux de peinture) / la peinture (art)

Trang 31

1.3 Nombre grammatical et quantification

Nous venons de dire que la mise au pluriel a la fonction de quantification Cela pourrait laisser penser que les marques de nombres sont logiquement des quantificateurs, dont la seule particularité serait d’avoir un comportement de morphèmes liés Mais en réalité, les marques de nombre ont une signification fondamentalement différente de celle des quantificateurs, en dépit des relations évidentes que ces deux notions peuvent entretenir

Les quantificateurs peuvent s’analyser logiquement comme signifiant une relation entre la dénotation que peut recevoir le prédicat signifié par un nom relativement à une situation de référence donnée et la dénotation d’un autre prédicat En disant “Tous les professeurs sont présents à la réunion.”, on asserte l’inclusion de la dénotation du prédicat

“professeur”, dans une situation donnée, dans la dénotation que reçoit, dans la même situation de référence, le prédicat “être présent à la réunion” Par contre, en morphème de pluriel signifie que la forme nominale dont il fait partie a pour référents potentiels des entités plurielles, c’est-à-dire des entités analysables comme une somme d’individus qui pris un par un satisfont au prédicat signifié par le nom

Cette distinction peut sembler subtile et dans beaucoup de contextes, il est difficile voire même impossible de la mettre en évidence, mais elle est indispensable pour rendre compte de certaines observations

Par exemple, de même que “le chien” a pour référent l’unique entité dans une situation donnée qui satisfait la propriété “être un chien”, on pourrait être tenté de dire que

“les chiens” se réfère à l’ensemble des chiens présents dans une situation donnée En prenant “ensemble” au sens précis qu’a ce terme en logique, une telle formulation ne veut rien dire, mais si on cherche à la préciser, la première idée qui vient à l’esprit consiste à faire l’hypothèse que l’article défini pluriel “les” a la même valeur logique que le quantificateur “tous” et s’en distinguerait seulement par une emphase moindre sur la quantification Or, ceci est faux On ne peut pas identifier les conditions de vérités d’une phrase comme “Les chiens aboient.” aux conditions de vérité de “Tous les chiens aboient.” Cette dernière phrase exprime la relation ensembliste d’inclusion Par contre, une phrase comme “Les chiens aboient.” peut être produite et acceptée comme vraie par référence à une situation dans laquelle est identifié un groupe unique de chiens (par exemple, les chiens d’une maison dont les propriétaires possèdent plusieurs chiens), la personne qui énonce cette phrase étant par exemple un voisin qui perçoit des aboiements

Trang 32

en provenance de la maison en question sans être forcément en mesure d’identifier individuellement les chiens qui sont les auteurs des aboiements en question Cette phrase

ne signifie pas que chaque chien de la maison voisine pris individuellement aboie, car elle reste vraie si seulement certains de ces chiens aboient Elle signifie simplement qu’on perçoit des aboiements émanant d’un groupe de chiens qui en même temps est vu globalement comme une entité et constitue le seul groupe de chiens présent dans une situation de référence

De manière semblable, les conditions de vérité de “Les enfants ont chanté une chanson.” qui suggère que les enfants ont chanté en chœur la même chanson mais qui reste vraie si une partie des enfants seulement a effectivement participé au chant ne sont clairement pas les mêmes que les conditions de vérité de “Les enfants ont tous chanté une chanson.” Cette phrase signifie que chaque enfant sans exception a chanté une chanson et ils l’ont fait à tour de rôle, chacun chantant une chanson différente

Un exemple comme “Les Romains étaient des grands bâtisseurs.” montre de manière particulièrement nette la différence qu’il y a entre attribuer une propriété à une entité plurielle et attribuer une propriété à chacun des individus dont cette entité plurielle est la somme Pour pouvoir appliquer le prédicat “être de grands bâtisseurs” à un groupe d’individus, il suffit de constater que ce groupe pris collectivement a produit une quantité importante de bâtiments, même si seule une minorité des membres du groupe a effectivement participé à la construction Il n’en irait bien sûr pas de même avec “Tous les Romains étaient de grands bâtisseurs.”

2 LES QUANTIFICATEURS

Comme nous avons dit, l’expression morphologique du nombre n’a rien d’universel Par contre, toutes les langues ont des quantificateurs, c’est-à-dire des mots signifiant une opération de quantification

En français, le terme “quantificateur” désignent toutes les formes qui ont pour fonction linguistique de signifier la quantité ou l´intensité de façon particulière, à l´intérieur de chacun des modes de détermination: déterminé, indéterminé, relatif, totalisant

et nul

Trang 33

2.1 Les adjectifs numéraux

Les adjectifs numéraux sont des articles spécifiques qui, par le trait sémantique, visent à une détermination quantitative du nom Alors, leur fonction est d'associer un élément comptable à l'actualisation du nom noyau Dans le langage de l’algèbre et de manière courante, ils sont appelés aussi nombres Les adjectifs numéraux ou nombres se divisent en deux: adjectifs ordinaux et adjectifs cardinaux Ces derniers ont deux sous-catégories: nombres d’ensemble et nombres d’éléments

2.1.1 Adjectifs cardinaux

L’adjectif numéral cardinal est un déterminant du nom Il appartient au groupe nominal et indique le nombre, la quantité précise d’être ou de choses désignés par le nom qu’il accompagne Donc, les adjectifs numéraux cardinaux ou les nombres cardinaux indiquent de façon précise la quantité numérique du nombre dont on parle Ils sont employés principalement pour mesurer et compter

Ils peuvent être de forme simple (trois, quatre, cinq) ou de forme complexe cinq, quarante-deux) Dans les formes complexes on place un trait d'union entre les éléments qui sont l'un et l'autre plus petit que “cent”, sauf s'ils sont joints par "et" : vingt-trois, cent quarante, dix-sept, cinquante et un…

(trente-Généralement, les nombres cardinaux ne s’accordent ni en genre ni en nombre parce qu’ils s’appliquent toujours à la même quantité sauf trois exceptions : "un" qui varie en genre (sept bouteilles et une pomme), "cent" et "vingt" qui varient en nombre Les numéraux cardinaux “vingt” et “cent” prennent un “s” uniquement lorsqu'ils représentent des vingtaines et des centaines entières, donc, non suivis de dizaines ou d'unités

Ex : Vingt euros, vingt et un euros, quatre-vingts euros, quatre-vingt-deux euros… Cent euros, trois cents euros, quatre cent un euros, cinq cent douze euros…

Suivis de “mille”, ils sont invariables, mais suivis de “milliers, millions, milliards…”, ils prennent à nouveau un “s” parce que de tels numéraux sont en fait des noms

Ex : Quatre-vingt mille, deux cent mille, quatre-vingts millions, deux cents milliards…

Comme nous venons de dire, les numéraux “millier, million, milliard” sont en fait des noms, et suivent en conséquence les règles d'accord de cette catégorie, au même titre que “dizaine, centaine, millier ” D'autre part, ces prétendus numéraux sont nécessairement actualisés par un déterminant :

Trang 34

Ex : Il y a des milliards d'étoiles dans le ciel

Je pense aux millions d'euros qu'il a gaspillés

Le numéral cardinal “mille” est toujours invariable Il ne faut pas le confondre avec

“le mille marin” (unité de distance, équivalant à 1852 m), ni avec “le mile anglo-saxon” (unité de distance également, équivalant à 1 609 m), qui tous deux, en tant que noms, sont par conséquent variables :

Ex : Le navire a parcouru mille milles (1 000 milles)

En réalité, ces adjectifs, quoique étroitement apparentés par l’étymologie et la forme, ont un comportement grammatical bien différent Ils sont utilisés tantôt comme déterminants tantôt comme pronoms Dans l’énoncé “Trois hommes sont venus.” trois est déterminant mais dans les phrases “Sur les dix hommes, trois seulement sont venus.” et

“Deux et deux font quatre.”, trois, deux, quatre sont des pronoms

2.1.2 Adjectifs numéraux ordinaux

L'adjectif numéral ordinal exprime un ordre, un classement Les numéraux ordinaux saisissent un ou plusieurs éléments parmi un ensemble et déterminent leur place dans la série Ils ont la forme suivante : premier (pour un), second ou deuxième (pour deux) ; après deux, l'ordinal se construit à partir du cardinal auquel on ajoute le suffixe “-ième”: troisième (pour trois), quatrième (pour quatre)… ainsi que dernier

Il faut remarquer qu’il n'existe pas de numéral ordinal pour le cardinal “zéro”

“Dernier”, qui vient tout naturellement compléter la série des numéraux ordinaux, est un qualificatif ou un nom À propos de la concurrence entre “second” et “deuxième”, la seule différence qui existe est le fait que “second” appartient à un registre de vocabulaire plus élevé Certains ont tenté de créer une distinction entre les deux : pour faire simple, le

“deuxième” impliquerait le “troisième” Ainsi, on ne pourrait employer “deuxième” que s'il

y avait un troisième élément dans la suite, s'il n'y en a pas, on dit “second” Par exemple,

“la Seconde Guerre mondiale” n'a pas encore laissé place à une troisième guerre mondiale, contrairement à “la Deuxième République”, puisque aujourd’hui les Français sont à la cinquième Dans certains cas, seul l'un des termes peut être accepté : seul “deuxième” est utilisé dans les ordinaux composés (vingt-deuxième et non vingt-second), au contraire, “second” est le seul possible dans certains énoncés figés comme “don de seconde vue”

Trang 35

L'adjectif numéral ordinal se combine obligatoirement avec un autre déterminant De plus, il varie en genre et en nombre :

Ex : Le premier oiseau La première hirondelle Les premiers oiseaux Les premières hirondelles

Les premiers ordinaux, les plus employés, connaissaient jadis d'autres formes :

“prime” (pour premier / première) ; “tiers / tierce” (pour troisième) ; “quart” (pour quatrième)… Ces formes ne survivent aujourd'hui que dans certaines locutions : de prime abord, le tiers-monde, la fièvre quarte… On notera aussi que “tiers” et “quart” sont toutefois utilisés comme fractionnaires

Dans la langue française, on trouve que le cardinal est souvent employé en lieu et place de l’ordinal surtout quand il s’agit d’un grand nombre Dans ce cas, ce cardinal à valeur d’ordinal reste invariable On dit souvent “chapitre un, page vingt-et-un (ou vingt-et-une), Louis quatorze, acte cinq…” au lieu de “chapitre premier, Louis le quatorzième, acte cinquième”… Pourtant, on dit “titre premier” au lieu de “titre un”

Dans le cas d’un cardinal ayant valeur d’un ordinal notamment dans le cas des dates,

“cent” et “vingt” sont toujours invariables Par ailleurs, et exclusivement dans les dates, on peut remplacer “mille” par “mil” : page deux cent, page quatre-vingt, l'an mille neuf cent, l'an mil neuf cent

2.1.3 Termes dérivés des adjectifs numéraux

2.1.3.1 Nombres collectifs

Les nombres collectifs sont formés en ajoutant le suffixe “-aine” aux nombres cardinaux : huitaine, douzaine, cinquantaine, centaine… Pourtant, tous les nombres ne peuvent pas servir à former des nombres collectifs On ne peut pas dire “*un enfant d’une treizaine d’années” ou “*Il a une soixante-dizaine d’années.”

Ces nombres collectifs servent à exprimer une quantité approximative L'accord du verbe, lié à ces nombres de quantité approximative, se fait le plus souvent au pluriel

Ex : Une douzaine de moutons marchaient le long de la route

Louise avait dépassé la soixantaine, elle portait sur son visage les stigmates de l’alcool et du tabac (Un secret, Phillipe Grimbert)

Pourtant, l'accord avec le nom numéral est toutefois possible

Trang 36

Ex : La douzaine d'œufs est vendue prix cỏtant

Une centaine d'ouvriers sera embauchée pour réaliser cet ouvrage

2.1.3.2 Adjectifs numéraux multiplicateurs et fractionnaires

On distingue en outre, les adjectifs numéraux multiplicateurs (simple, double, triple…) et fractionnaires (demi, tiers, quart…) En ce qui concerne ces derniers, après

“quart”, c'est le numéral ordinal qui est utilisé (cinquième, sixième…)

Ex : un triple saut, un demi-litre de lait, une demi-heure, coup double…

En fait, chacun de ces numéraux peut être analysé, soit comme un adjectif qualificatif (simple, double, triple…), soit comme le constituant d'un mot composé avec trait d'union (demi-heure, demi-portion…), soit comme un quantificateur (un quart de, un tiers de…) 2.1.3.2 Préfixe exprimant la quantification

On constate que certains éléments grecs et latins renvoient à un nombre, un rang ou à une quantité Donc, ces préfixes sont aussi un des moyens exprimant la quantité Dans le tableau suivant, on trouve tous les préfixes qui viennent du grec ou du latin et qui, par leur signification, introduisent une idée de quantité

Éléments Signification Étymologie Exemples

mon(o)- seul, unique gr monos monoculture, monopole, monarchie

uni- un lat unus uniforme, unilatéral, univoque, unisson prim(o)- premier lat primus primaire, primordial,

prém- tout premier lat primus primitif, primeur, prémices

pri(n)- premier lat primus,

prior

prince, principe, prior principal, printemps, prieur, priorité

prot(o)-

proté- premier gr prơtos

protozoaire, protéine, prototype, protohistoire,

ambi- tous les deux lat ambo ambidextre, ambivalent

amph(i)-

deux, double;

des deux cơtés

gr amphơ amphibie, amphibologie (double sens,

ambigụté) be(s)- deux lat bis besace (sac à deux poches)

bi- deux, deux

fois lat bis bicolore, bipède Bin- par deux lat bini binaire, binocle

Trang 37

bis- deux, deux

fois lat bis bisannuel(le), bisạeul(le) di-, dis- deux, double gr dis diptère (insecte à deux ailes),

dissyllabique du(o)-, do-,

duo, duodécimal, dualité, duel, duplicité, dodécagone, double

tri-, tr-, tré- trois lat tria triple, triangle, tricycle,

trin-, tris- par trois gr treis trente, trinité, trisạeul

tern- troisième lat terni ternaire

terti- quatre lat tertius tertiaire, tertio

quadr- quatre lat quattuor quadrangulaire,

quadra- quatre lat quattuor quadragénaire

quadri- quatre lat quattuor quadrilatère, quadriller

quadru- quatre lat quattuor quadrupède, quadruple

quar(r)-

carr- quatre lat quattuor quarante, carrefour

quart- quatre lat quartus quart, quartette, quartier

quat- quatre lat quartus quatuor

cart- quatre lat quartus écarteler

quatern- par quatre lat quaterni quaternaire

tétra- quatre gr tetra tétralogie, tétraplégie

quinqu(a)- cinq lat quinque quinquagénaire, quinquennal

ennéa- neuf gr enneas ennéade, ennéagone

non(a)- neuf lat nonus nonagénaire, nonante

déc(a)- dix gr deka décimal, décennie, décupler

déci- dixième partie lat decimus, décigramme, décimètre, décilitre

hect(o)- cent gr hekaton hectare, hectogramme, hectomètre centi- centième lat centum centimètre, centigramme

kilo- mille gr khilioi kilogramme, kilomètre, kilowatt

hémi- demi gr hêmi hémisphère, hémiplégie

semi- demi lat semi semi-circulaire, semi-conducteur

Trang 38

olig(o)- petit, peu

nombreux gr ofigos oligarchie, oligo-élément plur(i)- plus d'un lat plures pluriel, pluralisme, pluridisciplinaire plusi- plus d'un lat plures plusieurs

poly- multiplicité gr polus polycopie, polyculture, polygone

multi-

nombreux, beaucoup (de), plusieurs

lat multus multicolore, multiforme, multiple,

2.2.1 Définitions et types d’articles

En grammaire, il existe plusieurs définitions de l’article Selon Harald WEINRICH (Grammaire textuelle du français, page 201, Didier / Hatier, 1989), “les articles sont des morphèmes dont la fonction dans le texte est de mettre des noms en relation avec d’autres signes linguistiques et d’établir ainsi entre eux une relation de détermination.”

D’après Sylvie Poisson-Quinton (Grammaire expliquée du français, page 36, CLE International, 2004), “article est un déterminant du nom Il s’accorde en genre et en nombre avec ce nom.” Et c’est “l’article qui fait qu’un mot de n’importe quelle catégorie grammaticale (infinitif, participe présent, participe passé, adjectif, pronom, préposition, expression…) passe dans la catégorie du nom.”

On distingue toujours trois types d’articles :

L’article défini s’emploie auprès d’un nom représentant une chose ou un être déjà connu, pour lequel on a une référence, soit dans la phrase, soit dans la pensée Ainsi, un groupe nominal X est défini si le contexte permet au locuteur de repérer l’objet du monde que X dénote et de penser que le destinataire l’a également repéré Le contexte ici inclut le monde extérieur directement perceptible par les interlocuteurs, les connaissances partagées par les interlocuteurs et le discours antérieur L’article défini a trois formes différentes : le (le stylo, le chat…), la (la maison, la manifestation…) et les (les stylos, les maisons…)

“Le” et “la” qui se trouvent devant un nom commencé par une voyelle ou un “h” muet deviennent “l’’

Trang 39

L’article indéfini introduit un nom qui n’est pas supposé connu, dont on n’a pas encore parlé C’est-à-dire, le contexte ne permet pas au locuteur de repérer l’objet du monde que le nom dénote ou ne lui permet pas de penser que le destinataire l’ait repéré L’article indéfini extrait un élément d’un ensemble qu’on peut compter Il introduit à l’existence un être ou une chose “Un” (un chat, un animal…), “une” (une auto, une chemise…) et “des’’ (des livres, des disques…) sont des formes des articles indéfinis Comme l’article indéfini, l’article partitif extrait une partie d’un ensemble mais cet ensemble est indénombrable, on ne peut pas le compter, il est pris dans une masse Il s’emploie lorsqu’on veut indiquer un découpage pour une chose qui n’a pas de forme définie Il a trois formes : du (du thé, du lait…), de la (de la viande, de la farine…), des (des épinards…) “Du” et “de la” deviennent “de l” quand ils introduisent un nom commencé par une voyelle ou un “h” muet

Pour l’article défini, s’il est utilisé au singulier, il vise un substantif notoirement connu et connu pour être unique en son genre (le soleil, le feu, la terre…) Donc, il indique une quantité déterminée : une valeur d’unicité Au pluriel, il introduit un nom désignant l’ensemble des éléments de cette catégorie Dans ce cas, la quantité indiquée est totalisante

On peut remplacer “les” dans “Les Français aiment la bonne cuisine.” par le quantificateur

“tous” “Les Français aiment la bonne cuisine.” veut dire que “Tous les Français aiment la bonne cuisine.”

Pourtant, l’article défini, au singulier, a aussi la valeur générique Le “le” générique, qui fait abstraction du contexte et renvoie à l’ensemble des objets qui peuvent être dénotés par le nom qu’il détermine, possède une distribution particulière, puisqu’il est nécessairement pluriel avec des noms comptables et qu’il s’accorde avec les massifs Pour avoir une interprétation générique, il faut dire “Pierre aime le vin / les livres.” et non “Pierre aime le livre.” De même, on dira “Les araignées font peur à Pierre” et on ne

Trang 40

dira pas “L’araignée fait peur à Pierre.” Pourtant, cette distinction n’est pas satisfaisante pour tous les cas On pourra dire “Le Français est fier de sa culture.” ou “Les Français sont fiers de leur culture.” Les deux énoncés sont équivalents de “Tous les Français sont fiers de leur culture.”

Pour l’article indéfini, “un” est issu de la famille des numéraux C’est l’indéfini singulier des noms comptables Alors, il peut évidemment indiquer un jugement quantitatif

Il vient de passer un examen

Un client a téléphoné

“Un” dans les deux exemples précédents exprime, d’une part, le caractère inconnu par les interlocuteurs des noms “client” et “examen” Il désigne “un client parmi d’autres”

et “un examen parmi d’autres examens” Ainsi, il exprime, d’autre part, une quantité faible

à ces deux noms Cependant, on trouve que “un” n’exprime pas toujours une quantité faible

Le spectacle était intéressant mais il y a un monde Il y a beaucoup de monde

Un instituteur doit être très patient Tous les instituteurs doivent être patients

“Un monde” ici ne désigne pas une quantité faible mais une quantité forte “Il y a un monde” correspond à “il y a beaucoup de mondes.” “Un instituteur” n’indique pas un instituteur parmi d’autres mais “tous les instituteurs” À ce tour, “un” a une valeur générale comme “le” défini

“Des” est indéfini pluriel, il indique une certaine quantité parmi l’ensemble du référent dénoté par le nom qu’il détermine “Il vient de passer des examens.” veut dire qu’il vient de passer quelques examens parmi tous les examens qu’il doit passer Mais le pluriel en français ne marque pas de manière forte la pluralité On a en particulier un contraste fort entre “des” et “plusieurs”

Avez-vous puni des élèves hier ? Oui, Pierre / + Non seulement Pierre

Avez-vous puni plusieurs élèves hier ? Non seulement Pierre / + Oui, Pierre Cet exemple montre que, sur l’échelle quantitative, “des” est inférieur à “plusieurs” Pour l’article partitif, il exprime une quantité indéterminée, une partie du nom massif qu’il détermine

Ngày đăng: 05/02/2014, 22:31

TỪ KHÓA LIÊN QUAN

TRÍCH ĐOẠN

TÀI LIỆU CÙNG NGƯỜI DÙNG

TÀI LIỆU LIÊN QUAN

w