Journal Sciences au sud (IRD) N16

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14:57 Page Le journal de l'IRD n° 16 - septembre/octobre 2002 3,81 € - 25 F bimestriel E d i t o r i a l Le Sida Trait d’union L a conférence mondiale sur le sida de Barcelone (7-11 juillet) rappelle que l’épidémie continue déferler dans le monde Bilan scientifique des deux derniốres annộes : Le sộquenỗage des virus autorise des hypothèses sur les origines de la maladie Plus concrètement, il instruit les différences entre espèces sauvages et « souches de cirque du labo », cruciales pour le choix des prototypes vaccinaux, il fournit des indications pour la modélisation et le pronostic de l’épidémie Les bases génétiques de la résistance de certains individus la maladie sont explorées La compréhension du système immunitaire et de sa signalisation a fait des progrès considérables (rôle des récepteurs pour la fixation du VIH, du trajet du virus des cellules dendritiques des muqueuses aux cellules-cible des organes) Les approches vaccinales ont été relancées : vaccins ADN, virus vecteurs avec protéine virale recombinante, lipopeptides… Le vaccin pourrait prévenir la contamination, stopper la diffusion du virus, mais aussi retarder l’apparition et même l’issue de la maladie Le Sida est devenu potentiellement une maladie chronique traitée au long cours Mais si plusieurs pays du Sud ont mis en place des programmes d’interruption de la transmission mèreenfant, il reste passer de petits effectifs de malades traités aux populations concernées d’Afrique et d’Asie La recherche joue un rôle majeur pour accompagner ce bond en avant, améliorer et alléger le suivi, prévoir et encadrer l’arrivée de nouvelles molécules Le Sida représente un trait d'union entre Nord et Sud, où se situent une grande partie des essais cliniques L’Europe joue actuellement sa crédibilité en matière de santé dans les pays pauvres dans l'édification d’une plateforme cohérente de recherche-action sur le sida L’ANRS coordonne différents programmes, dont l’IRD est le principal partenaire Les essais cliniques prévus ont vocation former les cliniciens et copiloter une prise en charge généralisée dans les pays, dynamiser les - En revenant de Joburg Entretien avec Jean-Franỗois Girard, prộsident de lIRD Le prộsident Jean-Franỗois Girard faisait partie de la dộlộgation officielle franỗaise au Sommet sur le développement durable de Johannesburg du 26 août au septembre 2002 Il nous livre ses impressions sur la présence de la France et de la recherche cet événement, ainsi que son sentiment sur la manifestation elle-même L a présence de la France au sommet de Johannesburg doit-elle être considérée comme un succès ? Globalement oui D’une part, par l’implication des autorités de l’État et le discours du président de la République qui a été particulièrement remarqué D’autre part, par la richesse et la diversité des participants : ministères, entreprises, collectifs d’associations, organismes de recherche, Conseils régionaux Cet ensemble témoigne bien de la prise de conscience de lensemble de la sociộtộ franỗaise des problốmes posộs par lenvironnement et le développement Johannesburg fut aussi un succès pour la recherche franỗaise grõce la prộsence constante et remarquộe sur le stand de la France de trois organismes publics de recherche, l’INRA, le Cirad et E n t r e t i e n © IRD/E Deliry-Antheaume 1/10/02 l’IRD Pour ce qui concerne l’IRD, nous avons en particulier bénéficié de la grande expérience de notre représentant Bent Antheaume, présent en Afrique du Sud depuis 1995 Sur le fond des débats, peut-on aussi parler d’un succès ? Il est sûrement prématuré de chercher faire un bilan de ce sommet dès maintenant Ce bilan dépend de ce qu’a été le sommet mais aussi de ce que nous ferons de ses conclusions Pour ce qui concerne les résolutions adoptées au cours du sommet, il y a des raisons d’insatisfaction mais aussi des résultats positifs, comme dans le domaine de l’eau pour lequel a été fixé un objectif a v e c A m a d o u Jacques Chirac, président de la Rộpublique, Bertrand Hervieux, prộsident de lINRA et Jean-Franỗois Girard, prộsident de lIRD gauche, Jean-Franỗois Girard prộsente le rapport des organismes franỗais de recherche sur le dộveloppement durable Roselyne Bachelot, ministre de l’Écologie et du développement durable clair de réduire de 50 %, avant 2015, le nombre de personnes dans le monde n’ayant pas accès aux réseaux d’eau potable Une des personnalitộ de la dộlộgation franỗaise a assez bien résumé la teneur générale des débats en considérant que « ceux qui se souciaient de développement avaient plus de raison d’être satisfaits que ceux qui se souciaient d’envi- T i d i a n e ronnement » Globalement et c’est peut-être le plus positif, un grand nombre de participants ont compris que la protection de l’environnement ne pouvait se concevoir sans de fortes initiatives en faveur du développement mais aussi que la qualité du développement devait intégrer la protection de l’environnement (suite page 16) Sommaire B a Silence, hôpital malade Quelle biodiversité en Afrique ? Malgré plusieurs tentatives pour améliorer les services de santé, la situation sanitaire des pays d’Afrique de l’Ouest reste catastrophique Alors que le comportement des populations a souvent été stigmatisé, des chercheurs de l’ IRD pointent les dysfonctionnements des systèmes de soins modernes p Deux chercheurs de l’IRD ont participé au deuxième congrès de l’Association des botanistes de l’Afrique de l’Ouest (ABAO) qui s’est tenu Dakar du 20 au 23 mai 2002 Leur participation avait pour but de faire conntre le projet Réseau informatique des herbiers africains de futurs partenaires et d’inclure ce projet dans l’inventaire de la flore et de la végétation de l’Afrique de l’Ouest Q uelles ont été les principales conclusions du séminaire international de l’ABAO sur les méthodes d’inventaire et de suivi de la flore et de la végétation en Afrique de l’Ouest? Nous savions que nous ne pouvions pas épuiser toute la question La quarantaine de communications présentées a montré qu’il s’agissait plutôt de lever un certain nombre de contraintes et de rechercher des convergences sur les méthodes d’inventaire, la nomenclature, la classification et la cartographie de la végétation Les contraintes identifiées devront être levées et le tra- vail d’harmonisation amorcé par l’atelier, poursuivi et renforcé dans un cadre de concertation mettre en place avec tous les partenaires concernés et intéressés Quelles sont ces contraintes ? Concernant la nomenclature et la classification des types de végétation, nous avons identifié des difficultés liées : – l’hétérogénéité de la végétation en zone tropicale ; – au choix et la hiérarchisation des critères de distinction des types de végétation (taux de recouvrement, structure, densité des arbres et © IRD/M Fromaget 182873_SAS_16 Président de l’Association des botanistes de l’Afrique de l’Ouest (ABAO), le professeur Amadou Tidiane Ba est membre de l’Académie des sciences et techniques du Sénégal, directeur de l’Institut des sciences de l’environnement et chef du département de biologie végétale de la Faculté des sciences de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar arbustes, paramètres climatiques ou écologiques…) ; – au manque de précision et de consensus dans les définitions des notions d’arbre et d’arbuste ; (suite page Partenaires Cancer de la thyroùde Quels risques en Polynộsie franỗaise ? p Lancement d’une étude épidémiologique Recherches Des espèce envahissantes p Invasions ou pullulations d’espèces menacent la biodiversité, l’agriculture et parfois même la santé de l’homme Pacifique Microbialithes foison ! p 10 Dans les récifs coralliens de Tahiti et de Vanuatu, une grande partie de la matière organique déposée pendant la déglaciation se caractérise par la présence de microbialithes fossiles, témoins d’importants changements environnementaux Tr i b u n e Pêche en Afrique de l’Ouest L’écosystème décapité p 16 1/10/02 14:58 Page S i d a E d i t o r i a l © IRD/A Debray Trait d’union entre les institutions, le « Sida réformateur »1 est aussi un trait d'union par l’interdisciplinarité qu’il sollicite Les enquêtes sur la compliance illustrent l’importance, en sus de la thérapie, de la qualité du lien soignant/soigné, des réponses offertes par les cultures aux interrogations existentielles sur la vie et la mort « Le Sida des Autres »2 est le Sida de tous Anne-Marie Moulin Présidente du conseil d’administration de l’ANRS chargée de mission l’IRD De même qu’il a été révélateur, le sida a introduit de profonde réformes (accès aux soins, rôle des associations…) – expression empruntée Marc-Éric Gruénais, IRD Numéro spécial d’Autrepart, IRD-Aube, 1999 © Pat Kittayapong Actualités systèmes de santé en motivant les soignants et sécurisant les malades Laboratoire du CVVD, université de Mahidol, Thaïlande Le journal de l'IRD Sciences.au.sud@paris.ird.fr IRD - 213, rue La Fayette F - 75480 Paris cedex 10 Tel : 33 (0)1 48 03 77 77 Fax : 33 (0)1 48 03 08 29 http://www.ird.fr Directeur de la publication Jean-Pierre Muller Directrice de la rédaction Marie-Noëlle Favier Rộdacteur en chef Olivier Dargouge (dargouge@paris.ird.fr) Comitộ ộditorial Franỗoise Bellanger, Marianne Berthod, Jacques Boulègue, Patrice Cayré, Jean-Michel Chassériaux, Yves Hardy, Jean-Claude Prot, Yves Quéré, Anne Strauss, Hervé de Tricornot, Gérard Winter Rédacteurs Marie-Lise Sabrié (rubrique Recherches, sabrie@paris.ird.fr) Samuel Cordier (cordier@paris.ird.fr) Ariel Crozon (crozon@paris.ird.fr) Olivier Blot (blot@rio.net) Correspondants René Lechon (Montpellier), Bertrand Gobert (Brest), Jacqueline Thomas (Nouméa), Michel Fromaget et Abdoulaye Ann (Dakar) Ont collaboré ce numéro Marie-Agnès Bray Gladys Samson Photos IRD – Indigo Base Claire Lissalde Danièle Cavanna Photogravure, Impression Jouve, 18, rue Saint-Denis, 75001 Paris - Tél : 01 44 76 54 40 ISSN : 1297-2258 Commission paritaire : 0904805335 Dépôt légal : octobre 2002 Journal réalisé sur papier recyclé Biologie grande échelle entre Nord et Sud Les récents travaux des chercheurs de l’IRD ont mis en relief de nouveaux aspects de la protéine GP 120 présente la surface du virus du sida (VIH) dans certains processus de la pathologie cellulaire Une protéine « rabatteuse » : elle va chercher des cellules saines partir d’un site d’infection Un « passe-muraille » : elle permet le passage de cellules infectées travers différentes membranes Des nouvelles stratégies de recherches faisant appel la biologie grande échelle sont poursuivies en partenariat avec des pays en développement Explications de Francisco Veas du laboratoire d’immunologie rétrovirale et moléculaire (UR 34) de l’IRD Montpellier L es recherches sur la pénétration du virus VIH dans les cellules nous ont conduit étudier les actions de l’enveloppe virale au contact des cellules non infectées La glycoprotéine G P , sous-unité de l’enveloppe du VIH, est sécrétée dans l’organisme des individus infectés Au contact avec les cellules saines qu’elle a « ciblées » elle envoie des signaux (potentiellement blocables) qui aboutissent des effets pathogènes Parmi ces effets, nous avons mis en évidence la sécrétion de facteurs toxiques pour la cellule, la mort des cellules activées, mais aussi le déclenchement de fonctions favorisant l’infection des cellules E n t r e t i e n saines ou la prolifération du VIH au sein de cellules infectées Cette expérience sur la signalisation cellulaire induite par la GP 120 nous amène proposer des approches stratégiques et méthodologiques nouvelles1 Son objectif : obtenir des informations plus globales et plus complètes, nécessaires pour analyser les mécanismes permettant de sélectionner des produits de gènes (mRNA ou protéines) comme cibles thérapeutiques potentielles Ainsi, nous utilisons la biologie grande échelle, comme l’étude du transcriptome2 et du protéome3, pour étudier la réponse cellulaire engendrée par l’enveloppe du VIH-1 Nous nous intéressons aussi aux produits de gènes (ou transcrits) présents dans des cellules du système immunitaire, stimulées ou non par l’enveloppe de VIH-1 L’approche initiale a été choisie par la puissance de la méthode appelée serial analysis gene expression (SAGE), qui a été utilisée afin d’explorer les gènes mis en jeu dans des situations pathologiques différentes Nous avons généré trois banques de gènes transcrits partir de cellules humaines activées ou non par la a v e c A m a d o u gp 120 ou par un médiateur cellulaire, la chimiokine SDF1 La connaissance du génome humain (~ 30 000 gènes), permet désormais partir de la méthode utilisée d’accéder l’identification des gènes mis en jeu Dans notre étude comparative, le niveau d’expression (sur-régulé, sous-régulé ou non modifié) de chaque gène a été identifié et analysé en fonction de l’expression de l’effet physiopathologique de la GP 120 de VIH-1, avec l’espoir de pouvoir, terme, bloquer ces processus Le nombre des gènes analysés est tellement important que les méthodes d’analyse les plus sophistiquées nécessitent la participation de plusieurs laboratoires pour vérifier les informations, traiter les données, identifier le rôle des gènes, effectuer des expérimentations in vitro ou in vivo Cela constitue une formidable opportunité pour partager les données et leur analyse, par des recherches conjointes et par transfert de technologies avec des laboratoires de pays en développement Ainsi, nos partenaires des pays du Sud dotés de structures de recherche peuvent être impliqués dans des travaux de pointe avec une production scientifique accrue et multiplier leurs chances de participer la découverte de nouvelles cibles thérapeutiques Les pays du Sud devraient enfin participer la médecine de demain tout en protégeant la connaissance acquise en partenariat L’objectif de développement poursuivi par notre laboratoire et l'unité de recherche Maladies virales émergentes et systèmes d’information (UR 34, dirigée par Jean-Paul Gonzalez) est d’utiliser les avancées fulgurantes de la biologie grande échelle pour, in fine, T i d i a n e B a © Pat Kittayapong 182873_SAS_16 Laboratoire du CVVD, université de Mahidol, Thaïlande mettre disposition des pays du Sud les outils de la médecine moderne Nombre de pays du Sud, présents sur chaque continent, possédant un minimum de structures et de personnels formés sont aujourd’hui des candidats idéaux, qui seraient, de surcrt, susceptibles de favoriser la diffusion de la connaissance vers d’autres pays du Sud La Thaïlande est un des partenaires dans lequel nous avons identifié des Centres de recherche comme le CVVD4 dirigé par le professeur Pat Kittayapong ou le CVD5 Si le développement accéléré de la biologie peut faire craindre l'augmentation de l’écart Nord-Sud, qui existe déjà en particulier dans le domaine de la santé, la biologie grande échelle pourrait jouer un rôle inverse et favoriser un accès direct de pays du Sud aux données de la biologie moderne et leur production et par conséquent au partage de la connaissance Notre travail sur le VIH illustre une manière de contribuer par la recherche au développement durable dans le respect et la considération de partenaires ● Contact Francisco Veas, veas@mpl.ird.fr Financements : Sidaction, Génopôle Montpellier, Projet ô Sộquenỗage grande ộchelle ằ du CNRS Transcriptome : ensemble de gènes exprimés au sein d’une population cellulaire Protéome : ensemble de protéines exprimées par une population cellulaire Center for vectors and vector diseases, Faculty of Sciences, Mahidol University, Thailand Center for vaccine development, Faculty of Sciences, Mahidol University, Thailand (suite de la page 1) Quelle biodiversité en Afrique ? – la proximité de certains types de végétation (savane boisée et forêt claire) ; – l’utilisation de dénominations différentes pour les mêmes types de végétation par différents spécialistes (botanistes, écologues, géographes…) De l’analyse des différentes méthodes d’inventaire, les contraintes majeures soulevées sont relatives : – l’hétérogénéité de la végétation ; – au choix de la procédure d’installation des dispositifs d’inventaire (méthode systématique, aléatoire…) ; – au choix de la taille et de la forme des dispositifs d’inventaire (placette circulaire, carré, rectangle…) ; – la difficulté dans le choix des tiges mesurer et des hauteurs de mesure de diamètre ; – l’identification des herbacées en zone de savane et des ligneux en zone forestière Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 S’agissant de la cartographie de la végétation, les difficultés notées sont relatives l’harmonisation au niveau : – des méthodes de cartographie ; – des types de données ; – des échelles et des légendes choisir ; – des projections des cartes Cet ensemble de difficultés pose la question d’intégration et de comparaison des informations l’échelle sous régionale Au regard de la diversité des données, nous avons opéré une typologie des cartes en rapport avec la végétation Au total, notre atelier a réuni tous les pays francophones l’exception du Tchad et nous sommes conscients qu’il nous faut discuter avec les pays anglophones Comment votre association appréhende la question de la biodiversité du point de vue de sa conservation ? Lors de notre congrès constitutif en septembre 1997, nous avions confectionné un programme de travail qui demandait chaque pays d’établir la liste exhaustive des espèces recensées (végétaux supérieurs et autres), tout ceci pour faire l’état de la biodiversité Certains pays ne l’ont certes pas fait, mais des efforts sont faits Au Sénégal, par exemple, 650 espèces d'algues d’eau douce n’ont été recensées pour la première fois qu’en 1991 Globalement, les végétaux supérieurs sont bien connus, en revanche les champignons, algues marines, lichens et mousses le sont beaucoup moins au Sénégal Dans le souci de conserver les composantes les plus immédiatement menacées de la biodiversité, il nous a paru urgent d’identifier les espèces endémiques, menacées et rares, mais aussi de faire le point sur les jardins botaniques et herbiers Y a t-il une articulation entre les actions de l’ABAO et le projet RIHA ? Certains chercheurs du RIHA sont membres de l’ABAO ; le Sénégal et la Côte d’Ivoire participent au réseau Mais il n’existe pas de relation formelle entre notre association et le projet de l’IRD Nous ne demandons que ỗa, dautant quil y a une rộelle articulation entre nos activités Le projet RIHA est directement en rapport avec une des recommandations majeures de notre premier congrès et en cela l’extension de ce projet tous les pays membres de notre association est pour nous un objectif prioritaire La volonté manifestée par les représentants de l’IRD notre congrès nous conforte dans cette conviction ● Contact Christian Moretti, US84 Biodival Christian.Moretti@orleans.ird.fr 14:59 Page R é s e r v e n a t u r e l l e d u m a r a i s d e K a w Paradis des oiseaux rares Le nichoir depuis la plateforme installée sur le marais C’ est l’agitation ailée au-dessus du marais qui a attiré l’attention des chercheurs de l’IRD venus par hélicoptère étudier un écosystème jusqu’alors inaccessible et qui, a priori, devait constituer un milieu refuge pour les caïmans noirs1 À une centaine de mètres de la plate forme mise en place pour les études climatologiques, sédimentologiques, physicochimiques des eaux et biologiques (végétation sauriens et poissons), une barre de végétation inondée, surmontée de palmiers bâche, semblait receler une colonie remarquable de hérons Le phénomène de regroupement des oiseaux en colonies au moment de la reproduction est déjà bien connu, mais les grandes colonies sont rares en Guyane Or là, il s’agit effectivement d’une importante colonie d’oiseaux des marais comptant un millier de couples de espèces piscivores et de l’unique oiseau folivore connu, l’hoatzin (Opistochomus hoatzin, voir encadré) « Avec la présence de l’hoatzin, la forte densité des caïmans noirs et la méconnaissance de l’ichtyofaune de la zone, cette aire de reproduction utilisée successivement par diverses espèces d’oiseaux représente un modèle unique l’échelle de la Guyane, mais aussi de l’Amérique du Sud » constate Pierre Reynaud2, l’ornithologue de l’IRD qui a participé cette étude Une concentration jamais vue Plus surprenant encore, les chercheurs découvrent 700 couples de héron agami (Agamia agami), un petit héron très long bec, couleur chocolat, aigrette blanche « La plus grande colonie de hérons agami connue ce jour, au Costa Rica, ne comptent que 12 couples ! », précise Pierre Reynaud Compte tenu de cette rareté, il n’existe, ce jour, aucune information sur la biologie et l’écologie de cet oiseau Et l’enthousiasme des spécialistes est la mesure de la découverte et du travail qu’elle va engendrer Tout, ou presque, reste établir sur le héron agami que la Cites3 classe dans la catégorie « statut imprộcis ằ ô On ne connaợt que peu de chose des parades et du cycle de reproduction de cette espèce, je n’avais moi-même rencontré de héron agami que deux fois en six ans de Guyane » note Pierre Reynaud Commence alors un long et minutieux travail d’observation auquel sont asso- © IRD/P Reynaud Héron cocoï © Roger Le Guen Vols d’aigrettes sur le marais de Kaw ciées des ornithologues guyanais ; des heures interminables de planque, où les chercheurs, couchés sur le fond d’une barque, tentent de découvrir les mystérieuses habitudes du héron agami En mai la colonie regroupe des nids comprenant des jeunes tous les stades du développement : des œufs peine pondus aux juvéniles en plumage brun, capables de voler Les premières observations ont permis d’établir que le héron agami ne pratique pas le nourrissage de ses petits durant la journée Il ne semble pas non plus s’éloigner de la colonie en quête de subsistance pendant le jour Une observation nocturne des mouvements a donc été faite « Allongé sur deux planches, de 19 h 30 minuit, dans la barque alu face la colonie, par une nuit sans lune, la visibilité était limitée une bande de 15 m de large Je pouvais distinguer, en silhouettes, les hérons agami rejoignant un un leur nid, porteurs de nourriture, explique Pierre Reynaud Chaque arrivée était ponctuée d’un bref appel de l’arrivant, auquel répondait aussitôt un autre Héron agami S é n é g a l Au début des années1960, un enfant sur deux décédait avant ans dans les campagnes Sénégalaises Aujourd’hui, un sur cinq n’atteint pas cet âge Selon les chercheurs de l’IRD, les campagnes de vaccination expliquent en grande partie cette baisse de la mortalité infantile en Afrique de l’Ouest La situation reste cependant préoccupante L a mortalité infantile en Afrique de l’Ouest est l’une des plus élevées au monde, particulièrement en milieu rural L’IRD a suivi depuis 1962 l’évolution démographique d’un ensemble de villages dans la région de Niakhar, 135 kilomètres l’ouest de Dakar Les habitants de cette zone ont de faibles revenus, et seulement 60 % d’entre eux ont accès l’eau courante Pour des 30 villages de la zone, les informations sur la population, avec notamment le relevé des causes de décès, ont été collectées de manière continue pendant plus de 30 ans Ces données, enregistrées avec une précision rarement égalée en Afrique, ont servi de base une analyse des facteurs associés la baisse du nombre de décès sur le long terme Entre 1963 et 1999, la mortalité infantile a diminué de manière constante, en dehors de quelques sursauts liés des épidémies de choléra et de méningite cérébro-spinale Les taux de mortalité des nourrissons (moins de an) et des enfants de moins de ans ont baissé respectivement de 64 et 56 % La chute la plus importante de la proportion de décès (72 %) a été observée dans les © IRD/J.-J Lemasson Mortalité infantile une baisse fragile Pesée d’un enfant au cours d’une enquête démographique conduite par l’IRD au Sénégal années 70 pour les enfants âgés de 24 mois Enfin, le pic de décès pendant la saison des pluies (entre juillet et octobre) s’est atténué jusqu’aux années 80 avant de réappartre au cours de la décennie suivante Selon les chercheurs de l’IRD, les grandes campagnes de vaccination conduites en 1978 et 1982, puis le développement du programme élargi de vaccination (PEV) partir des années 80 jouent un rôle majeur dans la baisse de mortalité infantile En effet, des maladies particulièrement meurtrières, comme la rougeole, la coqueluche et le tétanos ont nettement régressé Les efforts de lutte contre le appel provenant du nid, sans doute pour se situer dans l’obscurité sous la végétation » La fréquence des retours vers la colonie, une moyenne de 14 arrivées par demi-heure, semble indiquer que ces zones de chasse doivent être éloignées et des distances diverses, toujours au nord de la colonie Comme il n’existe pas encore d’informations sur la pêche de nuit chez le héron agami, on peut penser que les retours commencent la nuit tombée La vitesse du vol étant rarement inférieure 35 km /heure, les hérons qui arrivent après 23 heures pourraient aller chercher leur nourriture plus de 100 km Le fait qu’il y ait en Guyane une colonie aussi importante doit permettre de répondre aux questions fondamentales sur l’éthologie de cette espèce Il reste aux chercheurs approfondir les maigres connaissances actuelles de la morphologie, du comportement, de la population de ce quasi inconnu qu’est le héron agami Du pain sur la planche, surtout quand on sait que trois autres oiseaux peu étudiés, car très rares, le héron cocoï (Ardea cocoi), le héron savacou (Cochlearius cochlearius) et l’anhinga (Anhinga anhinga) ont, après la nidification des hérons agami, récupéré le bois des nids abandonnés pour la construction de leur propre nid ● paludisme et les vaccinations auraient aussi contribué faire diminuer le nombre de décès au cours de la saison des pluies, période où les 6-24 mois sont particulièrement exposés aux maladies infectieuses et la malnutrition Même si leur rôle est difficilement quantifiable, le développement socio-économique et l’amélioration relative des conditions sanitaires ont également participé la baisse de la mortalité infantile La tendance enregistrée ces 30 dernières années reste fragile Le nombre d’enfants vaccinés a régressé au cours des années 90 et l’on observe actuellement une reprise saisonnière du nombre de décès De plus, le Sénégal a récemment été touché par une épidémie de méningite cérébro-spinale Pour que la mortalité infantile continue diminuer, les épidémiologistes estiment que les programmes de vaccination et de lutte contre le paludisme doivent êtres renforcés ou repensés Par ailleurs, des stratégies de prévention et de contrôle des maladies potentiel endémique (méningite, choléra) devront être mises en place À plus long terme, l’accès au planning familial et des soins obstétricaux de qualité pourra aussi contribuer faire baisser la mortalité périnatale et infantile ● Contact vdelauna@hsph.harvard.edu onsommateur exclusif des feuilles d’arbre, l’hoatzin prédigère selon des modalités proches des ruminants Au stade juvénile, il arbore deux griffes au poignet de chaque aile, qu’il perdra ensuite l’âge adulte Elles lui servent se cramponner quand il se déplace en sautant de branche en branche, car le jeune hoatzin napprend voler que tardivement De toute faỗon, voler nest pas son fort La place prise par son système digestif, qui représente 25 % de son poids, ne lui laisse que peu de muscle Ses plus longs vols atteignent tout juste 350 mètres et le contraignent une grande sédentarité au sein ● des massifs forestiers C Actualités © Roger Le Guen La réserve naturelle du marais de Kaw, en Guyane, pourrait bien être le paradis terrestre pour certains oiseaux Des espèces jusqu’ici peu connues y ont été observées, des densités tout fait extraordinaires Les travaux ornithologiques sur cette zone de reproduction pourraient lever le voile sur le mode de vie d’oiseaux discrets au point d’en être mystérieux L’hoatzin, un oiseau peu ordinaire © Roger Le Guen 1/10/02 © IRD/P Reynaud 182873_SAS_16 Contacts Pierre Reynaud Pierre.Reynaud@ird.sn Daniel Guiral Guiral@cayenne.ird.fr Dans le cadre du chantier Guyane du PNRZH (Programme national de recherche sur les zones humides), voir Sciences au Sud n° 14, mars-avril 2002 Unité de recherche 034 « Maladies virales émergentes et systèmes d’information » Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction CIRAD, P a s t e u r, IRD Ensemble contre les maladies vectorielles émergentes Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), l'Institut Pasteur et l’IRD ont signé le juillet dernier un accord-cadre de coopération dans le domaine des maladies vectorielles émergentes Depuis ans, plusieurs maladies transmises par des vecteurs ont émergé dans les pays du Nord et se sont étendues dans certaines régions du Sud La fièvre du Nil Occidental (West Nile) aux États-Unis, la fièvre catarrhale des ovins (Blue tongue) dans le bassin méditerranéen, la fièvre de la Vallée du Rift en Afrique de l’Est ou la dengue dont l’extension l’Océan indien, au Pacifique Sud et l’Amérique latine est préoccupante Ce partenariat permettra aux trois organismes de préparer une offre commune de recherches aux instances de la Commission européenne et de renforcer la concertation et la coordination dans la programmation de leurs activités relatives aux maladies émergentes (santé humaine ou animale, étude des agents pathogènes, des vecteurs ou des écosystèmes, connaissance des génomes) ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 182873_SAS_16 1/10/02 15:00 Page C a n c e r d e l a t h y r o ï d e © IRD/ F Sodter L Pourquoi les cancers de la thyroïde sont-ils plus frộquents en Polynộsie franỗaise quailleurs dans le Pacifique ? Une étude épidémiologique portant sur 200 cas de cancer déclarés au cours de 20 dernières années et 400 témoins va tenter de mettre au jour les facteurs de risques es cancers de la thyroïde sont relativement rares et leurs variations géographiques dans le Monde sont importantes Les fréquences les plus élevés sont observées dans le Pacifique, notamment en Polynésie franỗaise oự le taux dincidence annuelle pour 100 000 pour la période 1990-1995 était de 20,6 pour les femmes et 5,2 pour les hommes, comparée 4,7 et 2,7 en France mộtropolitaine Chez les femmes, lincidence observộe en Polynộsie franỗaise est deux fois plus élevée que celle d’ethnies proches, Maoris de Nouvelle-Zélande et Hawaïens Elle semble, de plus, en augmentation, alors qu’elle part stable dans les autres populations maories Cette augmentation pourrait ne refléter que l’amélioration du diagnostic et de la déclaration des cas, mais il est actuellement difficile de faire la part entre de tels progrès et une réelle augmentation de l’incidence de la maladie Les facteurs de risque du cancer de la thyroïde, étudiés depuis peu de temps, sont encore mal connus Leur étude est Te c i a S o l a n i v o r a Une mobilisation insuffisante Le second séminaire International sur la teigne qui ravage les pommes de terre en Amérique latine (voir page 8) s’est tenu Quito, Équateur, les et Juin 2002 Plus de 100 participants, chercheurs, techniciens, étudiants, agriculteurs, représentants gouvernementaux, responsables du secteur privé et experts internationaux étaient venus d’Amérique du Sud (Équateur, Pérou, Colombie, Chili, Bolivie Venezuela), d’Europe (France, Espagne, Italie) et d’Afrique (Égypte) Cette réunion a permis la présentation de travaux sur les recherches et sur les transferts de technologie conduits dans les principaux pays participants En matière de recherche, il a notamment été noté que les études des populations d’insectes devaient être poursuivies et que des efforts très importants devaient aussi être faits pour améliorer les contrôles et réduire l’usage des produits chimiques « Les participants ont regretté le peu de considération que les gouvernements des divers pays accordent aux productions de pommes de terre en général et Tecia en particulier, souligne André Pollet spécialiste de la teigne l’IRD La pomme de terre est un produit purement vivrier qui ne rapporte pratiquement rien en termes d’exportation, et cela n’est pas fait pour encourager les gouvernements s’intéresser cette production Pourtant force est bien de constater que le commerce de ce tubercule génère des mouvements commerciaux intenses au niveau de chaque pays, assurant ainsi des revenus souvent importants bons nombres de paysans » Les participants ont souhaité qu’une coopération internationale très forte soit construite au plus vite pour étudier Tecia La mise en place d’un projet international qui associerait tous les pays d’Amérique du Sud concernés et certains pays européens est très fortement souhaitée Tecia est aujourd’hui aux portes de l’Europe (entrée en 2001 aux Canaries avec en 2002 des pertes qui dépassent 80 % sur certaines ỵles) Et ceci interpelle aujourd’hui effectivement la vieille Europe ● Contact pollet@ecnet.ec considérée comme une priorité par les décideurs de la santé publique, car l’incapacité actuelle expliquer les variations de ce cancer laisse libre cours toutes les interprétations Le seul facteur de risque bien établi est l’exposition aux radiations ionisantes Les autres facteurs suspectés sont : les antécédents familiaux de cancer de la thyroïde, les facteurs hormonaux liés la reproduction chez les femmes, une alimentation riche en produits de la mer, une obésité et une propension familiale l’obésité Il semble quen Polynộsie franỗaise lensemble de ces facteurs de risque soit particulièrement concentré, ce qui pourrait expliquer l’importante incidence de la maladie Afin de mieux conntre les facteurs de risque du cancer de la thyroïde, notamment la part des essais nucléaires atmosphériques réalisés entre 1966 et 1974, l’unité 521 de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), en collaboration avec l’IRD, entreprennent une étude cas-témoins en Polynésie franỗaise1 Une ộtude gộographique rộalisộe prộcộdemment par les mờmes ộquipes n’a pas montré de problème majeur lié aux tirs atmosphériques, mais elle portait sur peu de cas et ne permettait pas de prendre en compte les autres facteurs de risque du cancer de la thyroïde La nouvelle étude sera la plus puissante qu’il soit possible de réaliser dans ce A t l a n t i q u e territoire Elle consiste interroger des sujets atteints de cancer de la thyroïde (les cas) et des sujets de même âge et même sexe non atteints de cancer de la thyroïde (les témoins) et comparer leurs réponses Les cas sont constituộs par les sujets nộs et rộsidant en Polynộsie franỗaise ayant développé un cancer différencié de la thyroïde, avant 55 ans entre 1985 et 2002 Ils sont identifiés grâce aux médecins et partir du registre d’incidence des cancers de Papeete L’étude portera sur environ 200 cas et 400 témoins Pour chaque cas de cancer de la thyroïde, témoins, appariés sur le sexe et l’âge ont été tirés au sort dans la population générale née en Polynésie2 Les entretiens sont réalisés par deux enquêteurs polynésiens de l’IRD, en collaboration avec les médecins traitants Dans le cadre de cette étude, une recherche des réarrangements de certains gènes impliqués dans les cancers (oncogènes), en particulier le gène RET, sera effectuée chez le plus grand nombre de cas possible afin de mettre en relation la fréquence de ces réarrangements avec les lieux de résidence Après l’accident de Tchernobyl, il s’est en effet avéré que certains réarrangements de l’oncogène RET sont plus fréquents dans les cancers radio-induits de la thyroïde Des études similaires sont en cours Hawaii et en Nouvelle Calédonie et il sera intéressant de comparer les fac- teurs de risque identifiés dans ces différentes régions du Pacifique Grâce au registre des cancers, la collaboration des médecins, au fichier informatisé d’état civil, au Fichier généalogique des familles, et aux enquêteurs spộcialisộs de lIRD de Tahiti, la Polynộsie franỗaise offre loccasion unique de réaliser une étude épidémiologique de grande qualité Le Département société et santé de l’IRD et l’Inserm travaillent la mise au point de protocoles de recherche pour l’exploitation commune des données recueillies au cours de cette étude ● Contacts Inserm, Florent de Vathaire, fdv@igr.fr IRD, Jacques Iltis, représentant de l’IRD Tahiti dirpapet@ird.pf Cette étude a obtenu l’accord du Comité Consultatif pour le Traitement de l'Information en Matière de Recherche dans le Domaine de la Santé, celui de la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés, celui du Comitộ dộthique de la Polynộsie Franỗaise et celui des autorités polynésiennes Un Comité de suivi incluant des membres du Ministère de la Santé et de la Direction de la Santé vient d’être mis en place À l'aide des fichiers de lInstitut de Statistique de Polynộsie Franỗaise (ISPF) Les adresses des sujets sont obtenues auprès de la Caisse de Prévoyance Sociale (CPS) S u d Éruptions massives de gaz toxique â dr Partenaires Quels risques en Polynộsie franỗaise ? Les éruptions de gaz toxique issus de la décomposition des sédiments marins, le long du littoral de la Namibie sont des phénomènes connus depuis le début du siècle dernier Ils étaient, jusqu’à présent, considérés comme ayant une dimension locale et un impact limité Une étude réalisée par des partenaires de l’UR IDYLE et publiée dans la revue Nature1 vient de montrer que ces éruptions peuvent être détectées l’aide des satellites et ont une dimension spatiale et une persistance bien plus importantes que celles suspectées jusqu’à présent Entretien avec Scarla Weeks chercheuse sud-africaine auteur de cette étude C omment les images satellitales permettent-elles d’observer les éruptions de sulfure d’hydrogène ? Sur l’image couleur du satellite OrbView-2 SeaWIFS du 18 mars 2001 on peut apercevoir une bande de couleur turquoise recouvrant la zone côtière sur une distance de plus de 200 km Des observations réalisées simultanément ont confirmé l’occurrence d’une éruption de sulfure d’hydrogène dans cette zone La signature turquoise visible sur l’image satellite est le résultat de l’oxydation des ions sulphides en présence des eaux de surface Quels éléments nouveaux apportent ces observations spatiales ? Les images ont permis de suivre l’évolution de la décoloration observée dans les eaux de surface et sa dérive progressive vers le large, sous l’effet du vent Sur l’image du avril 2001, la décoloration se trouve localisée près Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 de 100 km au large et couvre une zone de près de 20 000 km2 Sur cette image, une nouvelle décoloration turquoise appart le long de la bande cơtière, signe d’une nouvelle éruption de gaz toxique Les éruptions pourraient donc avoir sur l‘écosystème marin des conséquences plus importantes que celles connues actuellement, lesquelles ? L’extension spatiale, la persistance ainsi que la fréquence de ces éruptions de gaz toxique en Namibie étaient jusqu prộsent insoupỗonnộes Il est vraisemblable que ces ộruptions ont un impact important sur l’écologie marine et sur l’exploitation des ressources par la pêche Elles peuvent avoir un effet direct, du fait de leur toxicité, sur les organismes vivants mais aussi un effet indirect en consommant l’oxygène dissout dans l’eau et en générant des situations d’anoxie sévères ● Images du 18 mars et du avril 2001, générées par le satellite OrbView-2 SeaWiFS, de la couleur de l’eau sur le plateau continental de la Namibie (12° E–16° E, 22° S–27° S) La couleur turquoise est l’indice de fortes teneurs de granules de sulfures la surface de l’océan Contact Scarla Weeks, oceanspace@icon.co.za Massive emissions of toxic gas in the Atlantic, Scarla J Weeks, Bronwen Currie, Andrew Bakun Nature 415 : 493 – 494 (31 jan 2002) Une décomposition odorante et corrosive E n Namibie, la sédimentation et l’oxydation progressive de la très forte production biologique enregistrée en surface pour effet de réduire de manière drastique la teneur en oxygène dissous près du fond En régime d’anoxie (teneur en oxygène inférieure 0.5 ml O2/l), la décomposition de cette matière organique peut conduire la formation de sulfure d’hydrogène, gaz toxique qui s’accumule dans les sédiments Les éruptions soudaines le long du littoral de la Namibie sont bien connues des riverains du fait de l’odeur désagréable qu’elles entrnent et de leur effet corrosif ● 182873_SAS_16 1/10/02 15:01 Page © dr I C R A F Transformer les paysages et les vies Séquestration du carbone IRD-ICRAF, même combat I Le Centre international pour la recherche en agroforesterie, basé Nairobi, au Kenya, effectue des recherches sur les forêts depuis 25 ans Avec l’arrivée de son nouveau président et le changement de cap amorcé dans ses méthodes de recherche et sa philosophie du développement, il affiche une volonté de renforcer son partenariat en France et en Europe La récente visite de ses responsables auprès de l’IRD et d’autres instituts impliqués dans la recherche avec le Sud en donne une illustration Jusqu’à présent, la collaboration reposait sur des individus Désormais, nous voudrions discuter de faỗon plus stratộgique de nouveaux domaines de collaboration avec de grands organismes » Dès leur arrivée sur le sol franỗais oự ils ộtaient en visite en mars dernier, le trio de dirigeants de l’ICRAF, Dennis P Garrity, directeur général, Anne-Marie Izac, directrice de recherche et Amadou Niang, coordinateur régional pour le Sahel, affiche ses intentions et déclare sa volonté de former des « groupes ressources » Les responsables le reconnaissent euxmêmes : jusqu’à peu, travailler avec l’ICRAF, pour un chercheur étranger, c’était, plus ou moins brève échéance, devenir « homme ou femme de l’institut, se rallier en quelque sorte la cause de l’organisme kéynian Et, du coup, laisser de côté ses champs d’investigation personnelle » Les choses ont bien changé Dennis P Garrity le prouve quand il rappelle les grandes options de son organisme : « Nous avons tout intérêt faire travailler en partenariat nos institutions respectives, dans des domaines aujourd’hui reconnus comme d’une extrême urgence Nos préoccupations en agroforesterie concernent en particulier la sécurité alimentaire, la diversification des ressources forestières, la gestion intégrée de l’environnement, la protection et l’utilisation de la biodiversité » Geneviève Michon, directrice de l’UR 112 « Entre forêt et agriculture : de la déforestation aux dynamiques agroforestières », a été l’une des premières travailler avec l’ICRAF Elle raconte : « J’ai débuté le travail avec l’ICRAF en 1994 au moment de l’inauguration de l’antenne d’Asie du Sud-Est Denis Garrity, qui ộtait alors coordinateur rộgional, a perỗu immộdiatement lintộrờt du travail engagé en acceptant d’étendre le spectre de leur intérêt jusqu‘au détail des pratiques forestières paysannes, c’était une innovation pour l’ICRAF Grégoire Vincent, encore en poste en Indonésie maintient une présence IRD au sein de l’Institut kényan Sur des projets déposés auprès de l’Union européenne par l’ICRAF, nous restons associés pour le futur… » Le Sahel est l’un des programmes pour lesquels les responsables de l’ICRAF aimeraient associer les instituts franỗais, ô Depuis 1995, nous avons identifiộ les espốces les plus importantes pour les paysans, parmi lesquelles le jujubier, le néré, le baobab et le tamarinier Des technologies ont été développées pour augmenter la disponibilité fourragère et des banques alimentaires, légumières, fruitières ont été constituées Le Sahel offre une belle opportunitộ de lier des relations avec des instituts franỗais ằ La balle est dans le camp des chercheurs franỗais Sur des thématiques comme la biodiversité ou la forêt tropicale, lICRAF â IRD/G Michon ô quand remonte la collaboration avec l’IRD ? Elle a débuté fin 1997 avec l’affectation au Kénya d’Alain Albrecht, chercheur IRD, rattaché l’UR Séquestration du carbone dans les sols, notamment pour des études sur la réhabilitation des systèmes dégradés et la séquestration du carbone dans les systèmes sol-plante Notre action se développe en relation étroite avec les agriculteurs Leur perception n’est pas celle du chercheur Dans la réhabilitation des systèmes dégradés, l’agriculteur est sensible aux améliorations de rendement, mais la perception de la séquestration du carbone et ses conséquences sur le climat lui sont étrangères, alors que, pour le chercheur, la liaison entre les deux thèmes est forte Profil d’une agroforêt Damar, Indonésie; attend ses partenaires Les conditions de l’échange sont annoncées dès le départ : le partenariat laisse au chercheur qui s’engage ses côtés toute liberté de penser et d’apporter la ● contradiction Contact Geneniève Michon et Christian Feller, IRD feller@mpl.ird.fr gmichon@club-internet.fr Quelle est l’importance de cette question des changements climatiques pour l’ICRAF ? L’agroforesterie est une des alternatives de l’agriculture au potentiel le plus fort pour la séquestration de carbone dans la plante et dans le sol Nous avons créé un groupe international sur le changement climatique Nous tentons d’y voir où et comment séquestrer le carbone L’ensemble avance rapidement Les chiffres confirment cette potentialité Toutefois il faut en évaluer le coût et les bénéfices et sensibiliser le paysan ces aspects Sur ces thèmes, nous collaborons avec l’Unité de recherche de Christian Feller au Kenya, mais nous venons d’identifier de nouvelles possibilités de recherche dépassant le cadre de l’Afrique de l’Est et concernant éventuellement d’autres unités de l’IRD ● L’ICRAF : 25 ans de recherche sur la forêt L a naissance du Centre international pour la recherche en agroforesterie remonte 1978 Destiné promouvoir cette recherche dans les pays en voie de développement, l’ICRAF fut créé après une étude du Centre international de Recherche pour le Développement du Canada (IDRC) Les auteurs, appelant reconntre le rơle clé des arbres sur l’agriculture, inventeront l’expression « agroforesterie » L’ICRAF a travaillé comme conseil en Afrique, jusqu’à ce qu’il rejoigne le groupe consultatif sur la recherche internationale en agriculture (CGIAR), en 1991, pour mener une recherche stratégique sur l’agroforesterie l’échelle planétaire L’ICRAF est implanté en Amérique latine (Pérou, Bolivie, Brésil) Il est présent également en Afrique australe : Zimbabwe, Mozambique, Zambie et Malawi ainsi qu’en Afrique de l’Est, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Ouganda et Rwanda Plus récemment, l’ICRAF a ouvert des collaborations en Asie du Sud-Est : Indonésie, Thaïlande, Philippines et Vietnam Enfin, l’institut sera prochainement inséré dans des programmes en Afrique du Sud, en Chine et en Inde ● De la recherche la formation E n 1997, un programme européen de recherche, portant sur la valorisation biotechnologique des produits et sous produits agro-industriels de café, le programme Biopulca, associait l’IRD (France), l’Université fédérale de Parana (UFPR, Curitiba, Brésil), l’Université autonome métropolitaine (UAM, Mexique), et l’Université de Reading (UK) En 1998, un accord de coopération avec le CNPq (Conselho nacional de desenvolvimento cientifico e technico) renforỗait cette collaboration franco-brộsilienne Les travaux ont principalement porté sur la compréhension des mécanismes biochimiques et enzymatiques de la transformation des résidus agro-industriels En parallèle, la microbiologie moléculaire, orientée terme vers le clonage de gènes spécifiques, visait améliorer les souches isolées et sélectionnées au départ pour leurs potentialités biotechnologiques Les études ont porté particulièrement sur les bactéries lactiques, pour améliorer les ensilages, et sur les champignons filamenteux, afin de dégrader la caféine et les tanins, deux composés récalcitrants présents dans la pulpe et les coques de café et qui empêchent l'utilisation des résidus de la caféïculture pour l'alimentation animale La réalisation de ce programme reposait sur l'utilisation des biotechnologies de pointe et il était important de permettre aux partenaires brésiliens d'acquérir ces techniques Ainsi, un cursus de formation a été mis au point par les chercheurs de l’IRD (UR 119, biotechnologie microbienne post-récolte, dirigé par Marc Labat) et les responsables brésiliens (le Professeur Carlos Ricardo Soccol) Entre 1999 et 2001, trois sessions de formation portaient sur le génie des fermentations, la biochimie moléculaire et la purification des protéines Seize personnes, essentiellement des étudiants en doctorat et des jeunes professeurs de l’UFPR, ont assisté ces cours Face au succès de cette opération, et pour répondre la demande du CNPq, un nouveau projet de trois ans est en cours d'élaboration sous la responsabilité de Sevastianos Roussos, chercheur de l’IRD et de Carlos Ricardo Soccol, avec un nouveau cycle de formation, orienté sur les biodiversité des bactéries, des levures et des champignons Plus précisément, le cours sera centré sur les bactéries lactiques, sur les levures qui se développent sur les jus des pulpes de café en début d'ensilage, sur les champignons filamenteux nématophages, les champignons producteurs de mycotoxines et les champignons dégradant les polyphénols Des chercheurs de l’IRD de six unités de recherche (101, 119, 120, 040, 022, 081) participeront l'encadrement et la formation scientifique des thésards brésiliens Le département Soutien et formation de l’IRD s'est fortement impliqué dans ce projet, puisqu'il contribue au financement de la formation En 2000 et 2001, Carlos Ricardo Soccol a été accueilli pendant trois mois au Laboratoire de microbiologie de l’IRD, pour préparer une habilitation diriger des recherches Ce programme a éga- © IRD/J.-N Jacques Des chercheurs de six unités de l’IRD s’impliquent dans la formation d’étudiants brésiliens aux biotechnologies agro-industrielles Nutrition Tiers Monde Migration sur gel d’acrylamide pour la recherche des marqueurs moléculaires, AFLP, Montpellier lement permis l'accueil en France de six étudiants brésiliens, notamment, l’Institut fédératif de recherche en biotechnologie agro-industrielle (IFR-BAIM) de Marseille, et la mise en place des thèses en co-tutelle ● Contact Sevastianos Roussos roussos@esil.univ-mrs.fr Nutrition Tiers Monde est une association belge, sans but lucratif, indépendante, qui fournit une aide financière des chercheurs dans le domaine de la nutrition dans les pays en développement L’association soutient les recherches qui aident traduire en actions pratiques les résultats de la recherche fondamentale, c’est-à-dire des recherches de terrain menées principalement dans les pays en développement Nutrition Tiers Monde contribue la formation de jeunes chercheurs en leur donnant les moyens de mener une recherche et en leur assurant l’encadrement nécessaire, mais elle n’accorde pas de bourse d’étude Les demandes, sur papier libre, peuvent être soumises, tout moment Elles sont examinées par un Comité scientifique constitué de personnalités reconnues dans le domaine de la nutrition, notamment Francis ● Delpeuch, nutritionniste l’IRD Contact Nutrition Tiers Monde Rue de Bordeaux, 53 1060 Bruxelles, Belgique dominique.estievenart@degroof.be Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 Partenaires nterview de Louis Verchot, ICRAF Écologue forestier spécialisé dans les cycles des nutriments, dont le carbone et l’azote Page 6 Les allocations de recherche accordées aux jeunes chercheurs du Sud contribuent la mission de l’IRD de formations des cadres scientifiques et techniques des institutions des pays partenaires Philippe Antoine, démographe de l’IRD et Seyba Mohamet Cissokho, étudiant l’Université Gaston Berger de Saint Louis, ont conduit une étude sur le devenir des allocataires sénégalais soutenus par l’IRD de 1992 1997 Un accord portant création d’une Chaire UNESCO de Biotechnologie agro-alimentaire au service du développement durable (Biodev) l’Université de Provence a été signé le juin 2002, par le directeur général de l’UNESCO, le président de l’université de Provence, le directeur général de l’IRD et le directeur général adjoint de l’INRA Cette Chaire, la treizième créée en France, a pour mission d’établir un réseau de recherche et d’enseignement distance entre l’Institut fédératif de recherche de Biotechnologie agro-industrielle de Marseille (IFR-BAIM) et des centres de recherche et de formation installés Pékin (Chine), Rabat (Maroc), Curitiba (Brésil) et Mexico (Mexique) Coordonnée par Marcel Asther, directeur de l’IFRBAIM et chercheur l’INRA, elle favorisera le transfert des connaissances dans le domaine des biotechnologies agroindustrielles et de l’environnement La Chaire offrira aux étudiants de deuxième cycle un télé-enseignement dont l’ambition est de délivrer un « Master international de recherche » de biotechnologie de l’université de Provence Une formation complémentaire pourra être obtenue par le biais d'inscription des écoles doctorales, pour des thèses en co-tutelles avec les universités de Provence et de la Méditerranée Le volet recherche comprend une action transversale sur la protection et la valorisation du patrimoine génétique microbien dans les zones géographiques des partenaires de la Chaire Il est notamment prévu de créer une banque de ressources génétiques microbiennes, maintenue la fois par le partenaire (pour les souches le concernant) et par l’IFR-BAIM, et qui préservera les droits des partenaires de ce réseau intercontinental Les utilisations possibles des co-produits agro-industriels riches en composés aromatiques seront recherchées (pâte papier, compléments alimentaires pour le bétail, anti-oxydants naturels) En effet, dans chacune des zones concernées, la présence de composés aromatiques récalcitrants dans des co-produits agricoles de grande culture soulève des problèmes environnementaux majeurs L’IRD est étroitement associé la Chaire par l’intermédiaire des quatre unités de recherche (3 IRD +1 INRA) de l’IFR-BAIM L’unité « Biotechnologie microbienne post-récolte », dirigée par Marc Labat, directeur adjoint de cette chaire, étudiera partir d’une biodiversité ciblée, la valorisation par voie biotechnologique des co-produits de récoltes agricoles L’unité « Microbiologie des environnements extrêmes », dirigée par Bernard Ollivier, analysera la biodiversité des environnements extrêmes terrestres et sub-terrestres identifiés (salés, alcalins, chauds) L’unité « Biodépollution », dirigée par Richard Auria, étudiera la dégradation des polluants gazeux industriels et urbains L'unité mixte de l’INRA « Biotechnologie des champignons filamenteux », dirigée par Marcel Asther, étudiera des champignons filamenteux capables de réaliser des transformations orientées de composés aromatiques ● Que deviennent les allocataires IRD ? S ur 45 étudiants identifiés comme bénéficiaires d’une allocation durant cette période, seuls 26 ont pu être interviewés Parmi eux, deux seulement ont mené leur thèse en trois ans, 11 l’ont conduit en ans, et les autres ont pris plus de temps Ceux qui n'avaient pas achevé leur thèse l’issue de l’allocation ont d’ailleurs souligné les difficultés qu’ils ont rencontré pour mener bien leurs travaux : aux difficultés financières s'ajoutait, dans certains cas, la fin de l’accès aux moyens du laboratoire Parmi les anciens allocataires consultés, 15 d’entre eux se déclarent satisfaits des conditions d’encadrement scientifique et des conditions matérielles, dont ils ont bénéficié Les autres ont souligné l’insuffisance du obtenu un emploi l’année qui a suivi la soutenance de leur thèse Certains ont même trouvé un emploi alors qu’ils achevaient leurs travaux et d’autres ont entrepris des démarches personnelles pour créer leur propre emploi Sur les 26 anciens allocataires qui ont répondu l'enquête, 10 sont insérés dans des organismes scientifiques ou des universités, dont certains comme contractuels l’IRD Enfin, allocataires se sont engagés dans un post-doctorat, dont un au sein de l'Ird Parmi les 19 allocataires qui n'ont pas répondu, nous savons qu’au moins d’entre eux sont chercheurs ou enseignants chercheurs La carrière scientifique n’est donc pas un débouché évident au sortir d’une thèse La plupart des devenirs professionnels montre toutefois la possibilité d’utiliser les compétences acquises lors de la formation doctorale : les emplois trouvés auprès d’Organisations non gouvernementales ou d’organismes montant de la bourse accordée et, dans de rares cas, la faiblesse de l’encadrement De manière générale, la bourse a effectivement permis aux étudiants de se prendre en charge financièrement (logement, transport et restauration) et donc de mener bien leurs études L’appréciation des conditions d’encadrement est généralement satisfaisante Les plus critiques soulignent le manque de moyens dans le laboratoire pour mener leurs travaux Sans doute faudrait-il systématiquement s’assurer que l’encadrement scientifique s’adosse sur un accès satisfaisant aux moyens matériels du laboratoire d’accueil des étudiants L’enquête visait tracer le devenir de ces allocataires Une large majorité (17) ont Chercheur-enseignant en Côte d’Ivoire labat@esil.univ-mrs.fr énéficiaire d'une bourse d'échange scientifique de courte durée attribuée par le département Soutien et formation de l’IRD, Guéhi Jonas Ibo, chercheur ivoirien, en socio-histoire de l’environnement, vient de passer trois mois au Laboratoire d’Éthnobiologie-BiogéoHabitat de forêt dans la chne des monts graphie du Muséum Natio- des Dans, Côte d’Ivoire nal d’Histoire Naturelle (MNHN) de Paris, pour enrichir ses connaisbibliographiques ou pour établir un diasances sur les processus de patrimonialilogue scientifique avec divers collègues sation de la nature tropicale Chercheur Dans sa pratique d'enseignant, son rattaché l’UFR Sciences et gestion de expérience du terrain, notamment en l’environnement de l’Université d’AboboCôte d’Ivoire permet de donner aux Adjamé, Guéhi Jonas Ibo participe aux étudiants des sujets de mémoires plus enseignements de cette Université pratiques en introduisant ses étudiants Comme dans de nombreuses universités auprès des services en charge de la africaines, les lourdes charges d’enseiforêt ou de la conservation du patrignement, par manque de ressources moine naturel Sa connaissance des humaines et de moyens, avaient progresacteurs locaux du développement et de sivement enfermé l'université dans un la conservation est également un atout enseignement académique Aussi, face pour les enseignements professionnalil’augmentation importante des effectifs sant dans les métiers du développedes étudiants et pour mieux répondre ment Ses relations avec les chercheurs aux besoins des milieux du développeouvrent de plus des possibilités d'acment, le ministère de la Recherche ivoicueil pour les étudiants dans des rien a mis en place en 1997 une réforme équipes du Nord de l’enseignement supérieur, associant Cependant, l’insertion des chercheurs plus étroitement le milieu de la recherche dans l’Université n'est pas sans poser la formation des jeunes quelques problèmes, liés aux cultures Les chercheurs apportent maintenant différentes qui caractérisent ces deux aux enseignements leur expérience du communautés L’Université, qui a ses terrain et leurs connaissances des propres règles d’évaluation et de gratifiréseaux internationaux de la recherche cation, reconnt peu et récompense mal Guéhi Jonas Ibo, souligne que sa propre les parcours plus atypiques des chercarrière s'est organisée autour de collacheurs Néanmoins, pour Guéhi Jonas borations scientifiques étrangères, prinIbo, l’apport de la recherche l’enseicipalement avec des équipes de l’IRD, gnement est fondamental pour maintequi lui ont permis de mener ses travaux nir un bon niveau dans les troisièmes dans de bonnes conditions, puisque sa cycles et pour proposer des formations pratique du terrain alternait avec des répondant aux attentes des organismes séjours en France pour des recherches en charge du développement ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 internationaux, les travaux d’études et de consultance L’enquête a cherché mesurer si l’allocation de thèse accordée par l’IRD était un facteur favorable pour un recrutement dans les organismes de recherche nationaux Dans les universités sénégalaises, le recrutement suppose une expérience d’enseignement qui est souvent acquise par des vacations d’enseignement pendant la préparation de la thèse Mais ces vacations ne peuvent être attribuées des boursiers qui disposent d'ores et déjà de revenus Certains allocataires ont pu ainsi avoir le sentiment que l’allocation de l’IRD leur barrait l’accès professionnel l’Université même si l’enquête montre que ce n’est pas le cas Plus préoccupante est certainement la coupure que marque l’insertion dans un programme ou un laboratoire de l’IRD vis-à-vis des structures scientifiques nationales, même de recruter terme les futurs chercheurs ● Point de vue par Philippe Antoine, démographe de l’IRD, auteur de cette enquête B Contact Michel Dodet, directeur général adjoint de l’INRA, Jean-Pierre Muller, directeur général de l’IRD, Yves Mathieu, président de l’université de Provence et Koïchiro Matsuura, directeur général de l’Unesco Formation des étudiants en géophysique la recherche d'eau en milieu sahélien E n q u ê t e © IRD/H Deval Partenaires La création d’une nouvelle Chaire UNESCO © IRD/M Dukhan 15:02 A ctuellement, les dispositifs nationaux de recherche en Afrique traversent une crise importante et le Sénégal ne fait pas exception La fonction publique recrute de moins en moins et il convient de s'interroger sur le devenir des allocataires de l’IRD Le programme d'allocations de l’IRD devrait conntre une meilleure politique de diffusion et s’articuler avec les priorités et les orientations scientifiques des partenaires universitaires locaux, d’où sont issus les étudiants En effet, tant pour faciliter leur insertion terme dans les institutions locales que pour s’assurer de l’intérêt porté par les autorités locales sur les sujets et les méthodes acquises, l’articulation entre le soutien proposé par l’IRD et les orientations scientifiques locales s'impose Cette démarche doit être conciliable avec un programme d'allocations de thèses en alternance entre le Sénégal et la France et permettre ainsi une meilleure participation des chercheurs de l’IRD, qui encadrent des étudiants, aux formations doctorales, dont relèvent les étudiants L’IRD ne peut être indifférent au devenir des chercheurs qu’il forme Il doit donc œuvrer favoriser leur insertion dans la recherche L’accueil de deux ex-allocataires dans des laboratoires de l’IRD comme contractuels illustre sans doute la difficulté de laisser sans suite une formation dispensée L’IRD devrait réfléchir une politique plus volontariste d’accompagnement des jeunes chercheurs du Sud : post - doc., postes d’accueil, etc Ou aller plus loin encore : recruter les jeunes chercheurs du Sud formée par l’IRD comme le font déjà certains pays du Nord qui recrutent sans état d’âme les chercheurs du Sud qu’ils ont encadré? La question est d’aider les jeunes que nous formons s’insérer dans la recherche, favoriser leur recrutement, sans pour autant se mettre en concurrence avec les institutions scientifiques nationales Ce soutien aux individus ne devrait-il pas être complété par un renforcement des institutions partenaires ? Ces questions débordent largement le cadre des entretiens réalisés auprès des anciens allocataires, mais méritent d’être posées et débattues Enfin, cette enquête a mis en évidence l'absence d'informations au sein de l’IRD, sur le devenir des jeunes chercheurs du Sud formés par ses soins La formation des jeunes est en effet un investissement stratégique, inscrit de plainpied dans la mission de l’IRD, et elle devrait être évaluée sur la durée, en prenant en compte le devenir de ces allocataires Ce suivi devrait également se conjuguer avec une réflexion sur la manière de maintenir des relations scientifiques durables avec les ex-allocataires, qui ont mené leur thèse au sein d'un programme de l’IRD ● Contact antoine@ird.sn © dr 1/10/02 © IRD/C Dejoux 182873_SAS_16 182873_SAS_16 1/10/02 15:03 Page S i t u a t i o n s a n i t a i r e e n A f r i q u e d e l ’ O u e s t Silence, hơpital malade © IRD/O Dargouge cratique Pourtant, qu’il s’agisse de la désorganisation des systèmes de soin ou du comportement des personnels dans les services de santé, les tendances semblent communes ces différentes villes Ce constat nous renvoie la question plus d’une thérapeutique Tant que la langue de bois continuera, le système ne s’améliorera pas Les personnels de santé, comme les autres agents de l’Etat, ne sont pas l’aise face la situation et ce malaise peut servir de base pour des réformes Des change- Cette initiative prévoit d’améliorer l’offre de santé en « étendant la couverture géographique en services de santé de base avec la participation des bénéficiaires, en adoptant une politique pharmaceutique basée sur les médicaments essentiels en Dénomination Commune Internationale (DCI), et en instituant un recouvrement des coûts des prestations et des médicaments pour améliorer le fonctionnement des services de santé » © IRD/M Fromaget Comment expliquer la situation sanitaire catastrophique dans les villes d’Afrique de l’Ouest ? Pendant longtemps on a pensé que les problèmes majeurs étaient liés des obstacles d’ordre socio-culturel, en particulier au recours l’automédication et des modes de soins traditionnels Si ces facteurs ne sont pas complètement absents, nos enquêtes montrent que beaucoup de problèmes relèvent également du fonctionnement même des systèmes de soins modernes Trois types de facteurs entrent en compte : l’organisation des systèmes de santé, le comportement des personnels et, plus gộnộralement, le fonctionnement de lẫtat Dune certaine faỗon, ces systèmes dissuadent les malades de se rendre dans les services de santé et, quand ils s’y rendent, on ne les traite pas bien leur poste pour le piloter dans le centre de santé On assiste alors une « surpersonnalisation » des rapports Évidemment il arrive que les soignants se montrent compatissants vis-à-vis de quelqu’un de mal habillé ou d’un inconnu, mais il s’agit Huit mois d’enquête Une longue file d’attente l’entrèe d’un hơpital © IRD/M Dukhan Vente de médicaments dans les rues d’exceptions Comment ceci se répercute-til sur la qualité des soins ? Le système joue par exemple en faveur du recours aux échoppes pour les patients qui souhaitent se procurer des médicaments Dans les centres de santé primaire, les patients ressortent avec des traitements standardisés, après un véritable parcours du combattant Ils préfèrent donc aller voir directement des vendeurs qui proposent des médicaments modernes sur des étalages posés même le sol Ces vendeurs sont plus sympathiques et vous expliquent de quoi il s’agit Les médicaments sont de moins bonne qualité, voire de provenance douteuse, mais sont aussi moins chers À Niamey, Abidjan, Dakar, Conakry et Bamako, cinq villes au développement très différent, vous observez des tendances communes Vous attendiezvous ce résultat ? Non, pas vraiment Abidjan ou Dakar ne se comparent pas, en terme de prospérité urbaine, Bamako ou Niamey Une ville comme Conakry, qui a subi un régime politique dur, ne peut ressembler Dakar, capitale d’un pays qui bénéficie d’une tradition démo- large du dysfonctionnement de l’État en général, des administrations et des services publics en particulier Il y a une tendance générale dans les différents États d’Afrique de l’Ouest un mauvais traitement des usagers des services publics et le domaine de la santé n’y échappe pas Dans tous ces pays, les soignants, les infirmiers, les sagesfemmes en particulier et, dans une moindre mesure, les médecins, se comportent comme des bureaucrates Par ailleurs, les réformes d’ordre purement technocratique ont des effets pervers sur le développement de la santé publique en Afrique De plus en plus de médecins suivent des spécialisations, ils quittent la clinique, où ils pourraient être efficaces, pour se consacrer aux statistiques qui ne servent améliorer ni le dialogue sanitaire ni la qualité des soins Face ces situations catastrophiques, comment envisagez-vous l’avenir ? Nous n’avons pas vocation ờtre des donneurs de leỗons, mais en tant que citoyens nous souhaiterions que nos études puissent contribuer réformer les structures de santé S’il faut accrtre les moyens des structures de santé, nos enquêtes montrent que cela ne suffira pas Nous avons rencontré des réformateurs, mais ils sont souvent isolés et leur hiérarchie ne les soutient pas Ne pas cacher la gravité de la maladie est le premier élément En 1998, l’UNICEF a coordonné un vaste programme de recherche sur les sysments de comportement très simples tèmes de santé des grandes villes pourraient améliorer les choses Il d’Afrique de l’Ouest L’objectif de ce faudrait que, dans les services, les projet financé par la Coopération frangens commencent discuter de la ỗaise ộtait de dộterminer les facteurs qualitộ des soins et de réformes évenqui bloquent l’accès aux soins tuelles Nous observons quelques frémodernes, en particulier des plus missements Niamey où, après notre démunis Une équipe de l’IRD a pris en enquête, il y a eu un accord assez charge le volet socio-anthropologique général pour dire « oui, c’est bien de cette étude et s’est concentrée sur comme ça que ça se passe », ce que les rapports entre les personnels soirefusaient d’admettre les personnels gnants et les malades La principale difau début La solution peut aussi venir ficulté était de rompre avec la « langue des malades En effet, une expression de bois » habituellement pratiquée plus forte des patients sur le plan dans les services de santé Huit mois associatif ou dans le débat public ne d’enquêtes menées simultanément peut être qu’une bonne chose car les dans cinq villes africaines (Conakry, réformes qui Bamako, Abidjan, viennent d’en Dakar et Niamey) ont permis d’enregistrer haut n’ont 000 entretiens et de aucun effet en faire le compte rendu bas Il faut de 500 séances d’obretrouver le servation Pour chaque dialogue saniville, les enquêteurs ont taire, le diatravaillé sur trois formalogue entre le tions sanitaires et une médecin et le trentaine de familles malade ● L’état de cette boợte de soin â IRD/J.-P Olivier de Sardan Comment se manifeste la discrimination des patients au sein des services de santé ? Les patients démunis et sans relations ont toutes les chances d’être mal accueillis, mal traités et mal soignés Nous avons souvent entendu : « on ne nous regarde même pas », « on ne fait pas attention nous » ou encore, « on nous traite comme des bêtes » Il y a donc une déshumanisation assez forte de la masse des anonymes En revanche, si le malade bénéficie d’un réseau de connaissances, le paysage change radicalement Il est au contraire bien accueilli, on le salue, on lui sourit, les personnels peuvent même quitter Quelques chiffres suffisent malheureusement caractériser la situation sanitaire en Afrique de l’Ouest Les taux de mortalité infantile et infanto-juvénile atteignent respectivement 150 et 230 décès pour 000 naissances au Sénégal, au Mali et au Niger ; la malnutrition touche près de 30 % des enfants de moins de ans ; et pour 100 000 naissances, la mortalité maternelle est proche de 600 décès À titre de comparaison, en Europe, une mère a 100 fois moins de risques de décéder au cours de l’accouchement La proportion de personnes séropositives est variable selon les pays, mais oscille autour de % Par exemple, au Mali, 248 000 personnes sont infectées par le VIH et 47 000 sont décédées pour cause de sida À ces chiffres, s’ajoutent une offre de santé nettement insuffisante (un médecin pour 20 000 habitants) et de fortes disparités entre les milieux ruraux et urbains Si les indicateurs de santé du Sénégal, du Mali et du Niger sont des niveaux proches, ces trois États ont aussi adopté en 1987 « l’Initiative de Bamako » caractérisée par la volonté d’améliorer l’offre de santé1 Les propositions se multiplient depuis plusieurs années, mais l’insatisfaction persiste, tant du côté des patients, que des personnels de santé Malgré de nombreuses réformes engagées depuis une trentaine d’année, la situation ne s’améliore pas ● Contact pauvres Les entretiens ont été menés auprès d’une grande variété d’interlocuteurs dans les hôpitaux, mais aussi avec des vendeurs ou encore des guérisseurs du voisinage Parallèlement, les vingt enquêteurs ont consigné de nombreuses observations en suivant le parcours de malades ou en assistant aux consultations C’est la première fois qu’un tel ensemble de données qualitatives fiables sur les structures de santé est rassemblé en Afrique de l’Ouest ● témoigne des conditions d’hygiènes parfois rencontrées dans les hôpitaux sardan@ird.fr Les dysfonctionnements des systèmes de soins Rapport du volet socio-anthropologique Enquêtes sur l’accès aux soins dans capitales d’Afrique de l’Ouest Sous la direction de Yannick Jaffré et Jean-Olivier de Sardan Avec Yveline Diallo, Abdou Salam Fall, Maritou Koné, Aboubacar Souley, Younoussa Tourộ Projet ô Santộ urbaine ằ (UNICEF-Coopộration franỗaise) Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 Recherches Malgré plusieurs tentatives pour améliorer les services de santé, la situation sanitaire des pays d’Afrique de l’Ouest reste catastrophique Alors que le comportement des populations a souvent été stigmatisé, des chercheurs de l’IRD pointent les dysfonctionnements des systèmes de soins modernes Entretien avec Jean-Pierre Olivier de Sardan, anthropologue l’IRD (UR 002 Socio-anthropologie de la santé) et co-auteur de l’étude sur les dysfonctionnements des systèmes de soins en Afrique de l’Ouest1 Des chiffres préoccupants Page Recherches Une mobilisation internationale Lorsque les populations d’une espèce augmentent de manière exponentielle dans leur aire de répartition naturelle, on parle de pullulations (rongeurs, étourneaux, sauterelles, pucerons…) Quand elles prolifèrent hors de leur milieu, il s’agit d’invasion, que l’espèce « exotique » soit tropicale ou non Des « microbes » jusqu’aux plantes, en passant par les algues, les champignons, les insectes, ou encore les vertébrés, les espèces exotiques envahissantes appartiennent tous les domaines du vivant Partout dans le monde, mais avec des intensités différentes suivant les milieux, elles menacent la diversité biologique et sont déjà responsables de plusieurs centaines d’extinctions d’espèces Face l’ampleur de ce phénomène, l’ONU a lancé le GISP (Global Invasive Species Programme) En mai dernier, le congrès de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature en collaboration avec le GISP, a programmé la publication d’une base de donnée accessible sur Internet Celle-ci recensera tous les programmes de recherche et d’action concernant les espèces envahissantes, les organismes étudiés et les régions concernées Ces phénomènes ne sont pas nouveaux ; l’échelle des temps géologiques, ils se sont déroulés spontanément et ont contribué l’évolution des espèces Mais, depuis le Néolithique, l’Homme interfère avec ces processus : il transfère, volontairement ou non, des plantes et des animaux dans de nouveaux territoires Avec la mondialisation et le volume croissant des échanges commerciaux, les déplacements d’espèces se sont accrus et complexifiés Actuellement, l’échelle mondiale, les introductions constituent la troisième cause d’érosion de la biodiversité, après la destruction des écosystèmes et la surexploitation de la faune et la flore Les invasions biologiques sont particulièrement préjudiciables aux écosystèmes insulaires pour deux raisons : beaucoup des espèces qui les peuplent n’existent pas ailleurs (fort endémisme) et toute population y est fragile (peu d’individus, faible étendue) De plus, le peuplement des ỵles restant souvent peu diversifié, leurs populations s’organisent en réseaux trophiques dans lesquels peuvent manquer des maillons (grands prédateurs par exemple) ou des consommateurs spécialistes Les nouveaux arrivants trouvent ainsi un « champ libre » pour proliférer Les plantes envahissantes qui occupent le terrain la place des flores autochtones, endémiques ou non, sont les plus radicalement perturbatrices et considérées en conséquence comme des « pestes végétales » L’IRD a entrepris depuis plusieurs années des études sur les mécanismes qui favorisent les pullulations ou les invasions d’espèces dans les écosystèmes tropicaux actuellement menacés par ces phénomènes et souvent dépourvus de moyens pour y faire face : prolifération d’une peste végétale (Miconia calvescens) en Polynésie, pullulations de rongeurs dans les zones sahéliennes, efflorescence de cyanobactéries toxiques au Brésil, invasion d’insectes en Amérique latine (Tecia solinavora en Équateur) ou dans le Pacifique (la fourmi Wasmannia auropunctata et la tique du bétail Boophilus microplus en Nouvelle-Calédonie), entre autres exemples Ces recherches sur les mécanismes, menées par plusieurs équipes de l’IRD1, visent in fine développer des stratégies de lutte adaptées ● Contact Yves Gillon, gillon@ensam.inra.fr Notamment : le Centre de biologie et de gestion des populations (Cirad, Ensam, INRA, IRD), les unités Cyano (UR 099), Diversité des pathogènes et contrôle des teignes de la pomme de terre (UR 132), Biodiversité et évolution des complexes plantes-insectes-ravageurs antagonistes (UR 72) et Enbiopac (US 001) Des espèces e Invasions ou pullulations d’espèces menacent la biodiversité, l’agriculture et parfois même la santé de l’homme dans de nombreuses régions du monde Comment expliquer ces phénomènes et y faire face ? Des recherches de l’IRD en Afrique, en Amérique latine ou dans le Pacifique éclairent ces questions Teigneuse Tecia ! n insecte lépidoptère, Tecia solanivora, appelé aussi « la teigne du Guatemala », ravage actuellement les pommes de terre d’Amérique latine L’invasion de cet insecte, présent de manière endémique dans toute l’Amérique centrale, est relativement récente et accidentelle Tecia solanivora a été introduit au Venezuela dès 1985 avec des semences de pommes de terre originaires du Costa Rica Il s’est ensuite propagé en Colombie Arrivé en 1996 en Équateur, ce ravageur a abandonnés dans tout le pays et plusieurs dizaines de milliers d’hectares n’ont jamais été récoltés Non détruites, ces pommes de terre ont été infestées rapidement par des populations considérables de Tecia solanivora L’importance des dommages causés par la teigne de la pomme de terre dépend des conditions climatiques enregistrées pendant les premiers mois du cycle de la plante Les femelles de Tecia arrivent dans les champs pour pondre quand les plantes sont en fleurs Ce stade correspond également au début de la Tecia solanivora adulte Équateur, 2002 profité des flux commerciaux et de l’absence de contrôles stricts pour se répandre rapidement dans toutes les régions productrices de pomme de terre de ce pays Enfin, en 2001, il a été signalé aux Canaries où il aurait été aussi introduit par l’importation de semences Dès novembre 1999, une équipe d’entomologistes et de virologues de l’IRD et de l’Université Pontificale Catholique de l’Équateur (PUCE, Quito) s’est mobilisée pour préciser la distribution du ravageur en Équateur, comprendre les mécanismes de son invasion et rechercher des méthodes de lutte biologique contre ce fléau Les larves de Tecia apparaissent dans les champs sur les tubercules puis sont transportées la ferme avec la récolte, où elles contaminent les stocks Les générations se succèdent ensuite, quatre ou cinq semaines d’intervalle, et la population augmente rapidement Les larves sont capables de détruire en moins de trois mois la totalité d’un stock En Équateur, les fluctuations incontrôlées du cours de la pomme de terre sur les marchés contribuent également la propagation de Tecia solanivora En août 2001, la suite d’une chute brutale des prix, plus de 500 000 sacs de tubercules ont été Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 tubérisation Les chercheurs se sont aperỗu que labondance des larves qui sortiront des ufs quelques semaines plus tard est déterminée par la température et l’humidité qui ont régné dans les cultures bien avant le début des pontes Ainsi, en étudiant les variations de ces deux paramètres pendant les premières semaines du cycle végétal, il est possible de prédire deux trois mois l’avance les taux d’infestation des tubercules qui seront récoltés Les régions élevées soumises un climat contrasté et de fortes amplitudes thermiques sont les moins touchées par la teigne Des températures inférieures 10 °C associées des précipitations abondantes, qui compactent les sols et gênent le déplacement des larves, créent un environnement peu favorable Tecia En revanche, une hausse de température accrt le nombre de générations annuelles de Tecia (2 10 °C, 10 25 °C) mais toutefois, la température optimale pour les pontes reste faible (15 °C) Les populations de Tecia solanivora identifiées en Équateur semblent évoluer sans ennemis naturels, ce qui rend le contrôle de ce ravageur extrêmement difficile Les recherches s’orientent aujourd’hui vers la mise au point d’un biopesticide utilisant un granulovirus (PoGV) isolé en Égypte chez une autre teigne, très proche, Phthorimaea operculella1 L’identification de méthodes biologiques efficaces pour lutter contre Tecia est urgente : les traitements chimiques, qui se sont aujourd’hui généralisés dans toutes les zones de production, représentent un danger réel pour la santé et l’environnement et, de surcrt, ils n’apparaissent gre efficaces ● © IRD/J Chazeau 15:05 La fourmi électrique, Wasmannia auropunctat introduite en Nouvelle-Calédonie où elle s’est Une minus mais redoutab Contact pollet@ecnet.ec En collaboration avec le Centre de Virologie de la Faculté d’Agriculture de l’Université du Caire © IRD/P Cayré 1/10/02 © IRD/A Pollet 182873_SAS_16 Cette semence de pomme de terre est totalement inutilisable car dévorée par les larves du redoutable insecte ravageur du genre Tecia (larves de couleur verdâtre) mais aussi celui du genre Simmestrichema Salado, Équateur, 2002 a fourmi Wasmannia auropunctata envahit depuis une trentaine d’années la NouvelleCalédonie1, ó on l’appelle communément « fourmi électrique » Originaire d’Amérique tropicale, cette petite fourmi (l’ouvrière ne mesure que 1,2 mm) a été introduite involontairement sur l’ỵle par l’homme, probablement sur du matériel végétal destiné la sylviculture Elle s’y est ensuite disséminée avec des plants ou des matériaux de construction Cette invasion représente une menace pour la faune endémique de Nouvelle-Calédonie De plus, les piqûres douloureuses de Wasmannia perturbent certaines activités agricoles, comme la récolte du café, ou la chasse et peuvent provoquer des lésions oculaires chez les animaux domestiques L’unité de service « Biodiversité terrestre et environnement dans le Pacifique tropical » de l’IRD étudie les déséquilibres biologiques induits par cette invasion L’objectif est d’identifier les conditions favorables la fourmi, d’évaluer sa vitesse de progression en lisière des zones indemnes et de mesurer l’impact de son invasion sur la faune l’aide d’indicateurs (autres espèces de fourmis, araignées, reptiles comme les geckos ou les scinques) La fourmi possède les caractéristiques d’un envahisseur redoutablement efficace : une agressivité exacerbée vis-à-vis des autres espèces de fourmis et une capacité déplacer facilement ses colonies, ce qui lui permet de s’accommoder des perturbations du milieu En outre, les chercheurs saperỗoivent que les populations de Wasmannia fonctionnent comme une seule colonie sur l’ensemble de l’ỵle, ce qui supprime toute forme d’agressivité entre les différents nids Ces fourmis peuvent 182873_SAS_16 1/10/02 15:07 Page envahissantes Horloge interne et pullulations Prolifiques rongeurs des régions sahéliennes Wasmannia auropunctata est une toute petite fourmi (l’ouvrière mesure 1,2 mm et la reine, 4,7 mm) Son agressivité est l’une des caractéristiques qui en font un envahisseur redoutable également développer des rapports mutualistes avec d’autres insectes : sur les caféiers, par exemple, elles protégent les cochenilles d’éventuels agresseurs pour exploiter leur miellat Leur grande faculté d’adaptation leur permet par ailleurs de coloniser différents types d’environnements, mais elles s’établissent surtout dans les litières et préfèrent installer ses nids sur des terrains pas trop secs mais que l’eau n’envahit pas Capable de monopoliser les ressources alimentaires disponibles, Wasmannia perturbe fortement les autres fourmis de l’ỵle : quand ses populations deviennent suffisamment importantes, elle peut exclure totalement les autres espèces de la zone envahie Seules quelques-unes, le plus souvent elles aussi introduites, arrivent lui disputer efficacement l’espace C’est le cas par exemple de Pheidole megacephala, un autre envahisseur qui ne pique pas l’homme, mais qui a lui aussi des conséquences néfastes pour l’environnement Les recherches en cours montrent également un impact sensible de Wasmannia sur les populations de reptiles (geckos et scinques) : elle les agresse directement et limite leurs ressources alimentaires, notamment en faisant diminuer le nombre d’araignées Les méthodes classiques de lutte se révèlent incapables de faire régresser les fourmis électriques en NouvelleCalédonie La pulvérisation d’insecticides sur les caféiers touche seulement les ouvrières qui vivent sur les feuilles des plantes, les autres restant l’abri dans les nids De même, interdire la fourmi l’accès la plante en badigeonnant la tige d’huile de coco additionnée d’un insecticide est un palliatif, puisque les nids restent intacts Actuellement, les chercheurs de l’IRD testent l’efficacité d’appâts toxiques qui, transportés par la fourmi vers les larves et les reines, induiraient la destruction des colonies toutes entières Une autre voie de recherche est l’identification d’espèces de fourmis indigènes capables de résister aux Wasmannia et susceptibles d’êtres utilisés dans le cadre d’une lutte biologique Wasmannia auropunctata compte aujourd’hui parmi les envahisseurs les plus destructeurs de NouvelleCalédonie Les facteurs qui conditionnent son explosion démographique ne sont pas encore tous connus, ce qui rend d’autant plus difficile le contrôle de ses populations Les chercheurs envisagent que la faible diversité au sein des populations calédoniennes de Wasmannia, comparativement ses contrées néotropicales d’origine, pourrait constituer l’un de ces facteurs Cette hypothèse sera analysée avec la collaboration des généticiens du CBGP2 ● Contact chazeau@noumea.ird.fr D’autres îles forte valeur partrimoniale du fait de leur biodiversité, comme les Galapagos, subissent elles aussi cette invasion L’ensemble de ces programmes est soutenu financièrement par le programme « écosystèmes tropicaux » du ministère de l’Écologie et du développement durable Contacts Contact Bruno Sicard, Sicard@ird.ml © IRD/J.-F Trape © SIWEB/AMNH inuscule table fourmi © IRD/J.-J Lemasson © SIWEB/AMNH punctata, accidentellement lle s’est ensuite disséminée e nombreuses régions Les résultats des suivis de populadu monde sont toutions, quant eux, montrent que les chées certaines années pullulations sont liées des phénopar des pullulations de mènes majeurs (environnementaux, rongeurs aux effets climatiques ou biologiques) non néfastes pour la production agricole exclusifs les uns des autres Si l’on et la santé humaine Ces explosions sait qu’en zone tempérée, la strucdémographiques constituent en parture du paysage influence la diffusion ticulier un frein au développement de des pullulations partir de « milieux certains pays soudano-sahéliens ó sources » caractéristiques, il semblele contrơle des rongeurs nuisibles rait qu’en zone tropicale, les pullulamanque de moyens et d’efficacité tions soient souvent corrélées avec Des chercheurs de l’IRD et de l’INRA, certaines perturbations du climat engagés depuis plusieurs années telles des pluies précoces et/ou un dans l’étude des pullulations de ronretour de la pluviométrie vers des geurs respectivement en zones tropivaleurs proches ou supérieures la cale et tempérée, ont regroupé leurs norme Ces phénomènes majeurs agiapproches au raient plus ou sein du CBGP (voir moins indirecteci-contre) avec ment sur la pour objectif de dynamique des modéliser les populations risques de pullutravers leurs lations et rendre impacts sur la les méthodes de mortalité, la contrôle la fois reproduction plus efficaces et et/ou la mobilité respectueuses de des individus l’environnement L’analyse de « En zone soul’impact de ces dano-sahélienne, facteurs sur la faute du recul hism o r t a l i t é torique et géograimpose des phique nécesrecherches sur saire, les la prédation et questions sont le parasitisme ; nombreuses, soul’étude de leurs ligne Bruno effets sur la Sicard, rodontoreproduction et logue de l’IRD qui la mobilité travaille depuis passe, elle, par longtemps au une meilleure Mali Nous ne connaissance de savons pas encore l’implication de si les pullulations l’horloge interne privilégient cerdes individus tains biotopes Capture d’un rongeur (Mastomys dans la synchronihuberti) par une équipe comme les plaines sation de ces deux de chercheurs au Sénégal inondables Nous variables biolonous demandons également si l’abgiques l’échelle des populations sence apparente de périodicité du (voir ci-contre) Ces divers impacts phénomène ne résulterait pas d’une dépendent aussi de la structuration couverture géographique insuffisante génétique et sociale des populations des suivis de populations De plus, les et de l’évolution saisonnières de cerprincipaux genres de rongeurs soutains facteurs limitants comme les dano-sahéliens reconnus pour leur activités humaines, les périodes de aptitude pulluler comportent des restriction des ressources alimenespèces jumelles1 non encore taires et d’inondation C’est pourquoi décrites » C’est pourquoi, en collaboles suivis de populations chez les ration avec le MNHN, les chercheurs de principaux genres espèces pullul’IRD s’attachent au Mali, au Niger, au lantes de l’Ouest africain (Mastomys Burkina Faso et Sénégal identifier et et Arvicanthis) sont développés au caractériser la distribution des Mali dans le but de mieux comespèces et des populations capables prendre les relations entre ces nomde pullulations Ces approches en sysbreux facteurs Ils sont entrepris en tématique et en biogéographie sont collaboration avec des généticiens et confortées par des études écophysioréalisés dans divers types de plaines logiques qui visent comprendre cominondables qui supportent une part ment l’adaptation des espèces l’ariessentielle des ressources renouvedité, en particulier par la régulation lables de ce pays ● de leur équilibre hydrominéral, contribue la distribution actuelle des espèces soudano-sahéliennes et au Bruno Sicard, Sicard@ird.ml ; maintien des populations Ce dernier Laurent Granjon, Granjon@ird.ml travail s’enrichit d’une étude de l’IRD sur les conséquences de l’aridification du climat sur la distribution des ron1 Morphologiquement semblables mais geurs au Sénégal génétiquement différentes Arvicanthis niloticus est l’une des espèces de rongeurs le plus susceptible de pulluler dans les régions soudano-sahéliennes Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 Recherches Les pullulations de rongeurs surviennent sous l’impact de phénomènes environnementaux, climatiques ou biologiques qui influent sur leur mortalité, leur reproduction et leur mobilité (cf ci-contre) « La reproduction et la mobilité sont, comme beaucoup d’autres variables biologiques, contrôlées par l’horloge interne des individus Il nous est donc apparu intéressant d’intégrer des études sur la chronobiologie des rongeurs soudano-sahéliens nos recherches qui visent modéliser les risques de pullulations », souligne Bruno Sicard Comme la plupart des êtres vivants, les rongeurs sont dotés d’une horloge interne capable de synchroniser, l’échelle des populations, nombre d’activités biologiques journalières (activité motrice, sommeil, nutrition) et saisonnières (reproduction, hibernation/estivation, mouvements de populations) Le rôle adaptatif de cette horloge, située dans le cerveau chez les mammifères, tient aussi au fait qu’elle ajuste cette synchronisation en fonction du cycle jour-nuit et du cycle des saisons Il est aujourd’hui acquis que l’alternance nuit-jour et la photopériode (durée des jours) sont les principaux « donneurs de temps » journalier et saisonnier de l’horloge des mammifères Mais ces recherches ont surtout été réalisées chez des espèces vivant dans les régions tempérées Les études de l’IRD au Burkina Faso et au Mali montrent que d’autres synchroniseurs (ressources alimentaires, température, humidité) sont aussi impliqués dans la régulation de la reproduction et de la mobilité Les effets combinés de ces différents synchroniseurs concourent des phénomènes d’« anticipation biologique » qui permettent aux populations de s’adapter des contraintes du milieu Chez certains rongeurs soudano-sahéliens, l’induction d’un arrêt reproductif avant l’arrivée de l’inondation, par exemple, permet d’éviter une dépense énergétique inutile Les résultats de ces recherches montrent aussi que certaines perturbations climatiques, des pluies hivernales abondantes (phénomène rare en zone sahélienne) par exemple, peuvent induire chez certaines espèces, probablement par le biais d’une désinformation de l’horloge interne, une prolongation du cycle de reproduction l’origine d’une pullulation C’est pourquoi les chercheurs de l’IRD étudient actuellement, en collaboration avec l’UMR 7518 du CNRS, les mécanismes de différentiation et d'intégration de ces divers synchroniseurs par l’horloge interne « Ces recherches concernent plus particulièrement le genre Arvicanthis parce qu’il est réputé pour ses pullulations Elles sont menées au Mali où une grande diversité de situations environnementales, notamment les plaines inondables du fleuve Niger, peuvent être étudiées Les Arvicanthis, espèces diurnes, sont aussi des modèles puisque la plupart des connaissances sur la chronobiologie des mammifères ont été obtenues sur des espèces nocturnes des régions tempérées » ● 1/10/02 15:10 Page 10 P a c i f i q u e 10 Microbialithes foison ! Les microbialithes sont des structures microbiennes essentiellement composées de cyanobactéries, qui utilisent la lumière pour se développer, et de bactéries, qui se nourrissent d’éléments comme le soufre ou l’azote Productrices d’oxygène, ces formes de vie primitives ont certainement joué un rôle important dans la formation de l’atmosphère de la terre, il y a 3,5 milliards d’années Elles ont proliféré au cours des crises environnementales majeures de la planète, supplantant des formes de vie plus évoluées La morphologie des microbialithes est extrêmement diversifiée : tapis, voile, dôme, pompon, filaments… Elles se développent principalement sur les substrats durs, sur des coraux vivants ou morts, dans des zones de forte sédimentation La salinité, la température, la luminosité et la teneur de l’eau en nutriments semblent favoriser leur prolifération En NouvelleCalédonie, les chercheurs se sont aperỗus que, dans des zones bien connues, comme le récif de Tabu ou la « forêt » du Snark, ces colonies microbiennes se sont installées tous les niveaux, du fond sableux jusqu’aux sommets branchus des coraux Les microbialithes ont une croissance très rapide : une dizaine de centimètres en quelques semaines contre cm par an pour le corail massif Une certaine taille atteinte, certaines d’entre elles se détachent de leur substrat, remontent en surface et voyagent au gré des courants Ainsi, en se désolidarisant filament par filament et en trouvant de nouveaux substrats, elles colonisent de nouvelles zones Ces populations microbiennes n’ont pas de prédateurs connus ch Cabio © IRD/G Dans les récifs coralliens de Tahiti et de Vanuatu, des chercheurs de l’IRD ont découvert qu’une grande partie des sédiments déposés pendant la déglaciation se caractérise par la présence de microbialithes fossiles, témoins d’importants changements environnementaux Depuis une vingtaine d’années, de telles structures prolifèrent nouveau dans le milieu récifal du Pacifique D’où les interrogations des scientifiques © IRD/J.-C Menou Recherches De très anciennes bactéries Un massif de corail recouvert par un tapis de microbialithes de l’espèce Hydrocoleum ce jour, et leur durée de vie (pour celles qui sont en forme de dôme) est d’environ quatre mois, le temps d’une saison Comme chez les coraux, la partie vivante des microbialithes ne représente que millimètres Dans l’écosystème corallien, les organismes microbiens restent le compartiment de vie le moins étudié Les microbialithes, encore inconnues il y a une vingtaine d’années, ont été découvertes dans les Caraïbes Et elles font l’objet depuis ans d’études suivies, qui montrent qu’elles ont pris une place considérable dans de nombreux récifs coralliens de la planète, la Jamaïque, en Australie, l’Ile Maurice, La Réunion ou encore Madagascar En dehors de facteurs d’origine naturelle, les activités humaines - déforestation, rejet d’eaux usées ou activités industrielles – expliqueraient également cette prolifération ● Tahiti et Vanuatu, dans le Pacifique, les chercheurs de l’unité de recherche « Paléotropique »1 ont découvert non sans surprise, dans des carottes prélevées par l’IRD dans les récifs fossiles, que des microbialithes ont été très abondantes pendant la plus grande partie de la dernière déglaciation, soit au cours de ces 20 000 dernières années2 Dans les récifs postglaciaires, la présence de microbialithes fossiles n’avait été signalée jusqu’à présent qu’à Tahiti et remontaient ces 70 000 dernières années3 De telles structures, extrêmement abondantes lors des premières ères des temps géologiques sur de larges étendues, semblent de nos jours s’être cantonnées dans des environnements abrités et peu agités comme les fonds de baie « Nous nous interrogeons sur la signification de la prolifération de microbialithes pendant la dernière déglaciation et dans ces deux sites battus par les flots, expliquent Guy Cabioch et Gilbert Camoin, géologues sédimentologues, respectivement l’IRD et au CNRS Elles apparaissent en quantité particulièrement importante dans les sections des récifs qui se sont développées entre 13 500 et 000 ans avant nos jours Tahiti et entre 20 000 et 000 ans Vanuatu Ces structures qui se présentent sous forme de lamelles horizontales successives (stromatolithes) ou de petites colonnettes (thrombolithes) peuvent recouvrir localement jusqu’à 80 % du récif Tahiti et Vanuatu » Les récentes études (voir encadré) montrent que, de nos jours, des microbialithes prolifèrent lors de modifications de l’environnement et, en particulier, la suite d’un enrichissement anormal des eaux (en nitrates et phosphates notamment) Les chercheurs émettent l’hypothèse que les microbialithes fossiles identifiées dans les récifs de Tahiti et de Vanuatu auraient pu se développer dans des environnements riches en nutriments du fait d’une forte érosion du littoral, source d’apports terrigènes, et /ou la suite de circulations d'eaux riches en sels minéraux dans les interstices du récif « Ceci pourrait peut-être s’expliquer par un Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 contexte climatique particulier, une augmentation de la pluviométrie, par exemple, contribuant une plus forte érosion, continuent de s’interroger Guy Cabioch et Gilbert Camoin Quoi qu’il en soit, la présence de microbialithes dans les récifs fossiles est le signe de fortes perturbations environnementales survenues pendant la dernière déglaciation » Dans les deux sites, les microbialithes disparaissent partir de 000 ans avant nos jours, moment où le niveau de la mer qui remontait depuis 20 000 ans commence se stabiliser pour atteindre son niveau actuel Cette disparition, qui suscite également de nombreuses questions, pourrait être due des changements paléocéanographiques survenus lors de la stabilisation du niveau marin Récemment, les chercheurs de l’IRD ont identifié, pour la première fois, des microbialthes fossiles dans des récifs barrières de la côte Est de la Nouvelle-Calédonie Les analyses en cours permettront de les dater, de définir la période de leur présence en Nouvelle-Calédonie et, ainsi, de mieux conntre l’histoire de la formation des récifs coralliens et de la dynamique océanique dans cette partie de lợle ô Les microbialithes constituent de prộcieux marqueurs de changements environnementaux, mais beaucoup d’inconnues demeurent, notamment sur leur fonctionnement car ils n’ont été trouvés que récemment dans ces environnements particuliers Les recherches menées sur la prolifération actuelle de ces microorganismes dans le SudOuest Pacifique ou ailleurs devraient nous aider mieux comprendre les raisons de leur présence dans des temps beaucoup plus lointains », concluent les chercheurs ● Contacts Guy Cabioch, cabioch@noumea.ird.nc ou gcamoin@cerege.fr (chercheur CNRS en accueil l’IRD 2000-2002) Ces recherches sont menées en collaboration avec le Cerege, le CNRS, l’Université de Paris XI-Orsay et l’Université de Provence À partir de 13 500 ans Tahiti et de 20 000 ans Vanuatu Montaggioni & Camoin, 1993, Geology 21, pp 149–152 © IRD/J Orempuller 182873_SAS_16 Les coraux de plusieurs régions de la planète sont menacés par le développement des microbialithes Des récifs coralliens menacés D epuis une vingtaine d’années, les microbialithes ont pris une place considérable dans plusieurs écosystèmes récifaux de la planète La prolifération de ces microorganismes, qui coïncide généralement avec un dépérissement des communautés de coraux, et la toxicité potentielle de certaines espèces de cyanobactéries inspirent de l’inquiétude aux scientifiques Deux unités de recherche de l’IRD (UR 55 « Paléotropique » et UR 103 « Camelia ») étudient1 les microbialithes qui se développent dans les lagons, sur les platiers et sur les pentes externes des rộcifs de Nouvelle-Calộdonie et de Polynộsie franỗaise Lobjectif de ces recherches est d’identifier les communautés microbiennes impliquées dans la croissance des microbialithes et de déterminer les causes de leur prolifération Les chercheurs ont caractérisé 24 genres et plus de 60 espèces de cyanobactéries Celles-ci, principalement filamenteuses, forment des structures de morphologie et de couleur variable, qui se développent sur des sédiments ou sur les associations d’algues et de coraux Ces communautés microbiennes peuvent entrer en compétition avec les coraux pour la lumière et les sels nutritifs, ce qui pourrait provoquer des dégénérescences irréversibles chez ces derniers Le développement contrasté des microbialithes dans différentes régions du globe laisse penser que des facteurs locaux, d’origine naturelle ou anthropique, se superposent aux causes globales de cette prolifération Au cours de l’année, les populations microbiennes évoluent en fonction des variations saisonnières des paramètres physico-chimiques du milieu Dans les lagons de Nouvelle-Calédonie et de Polynộsie franỗaise, les microbialithes se dộveloppent surtout pendant la saison chaude et humide De faibles fluctuations des teneurs en nutriments, principalement des nitrates, dans le milieu récifal semblent également entrner leur croissance rapide L’augmentation régulière des populations microbiennes constatée ces dernières années reste préoccupante et implique une surveillance renforcée des zones touchées ● Contacts gcamoin@cerege.fr & Olivier.Pringault@noumea.ird.nc En collaboration avec le Biological Science Center de l’Université de Boston (USA), l’Institut Max Planck de microbiologie marine de Brême (Allemagne) et le Département de Microbiologie de l’Université d’Arizona (USA) 182873_SAS_16 1/10/02 15:11 Page 11 I n n o v a t i o n p o u r l e d é v e l o p p e m e n t Gestion des ressources et aménagement d u f l e u v e N i g e r Chagatest, mention spéciale © IRD/F Sodter nouveau kit (Chagatest) Jusqu’à présent tous les tests utilisés en Bolivie pour détecter la maladie de Chagas étaient importés et vendus un prix deux fois plus élevé Le parasite l’origine de la maladie de Chagas, Trypanosoma cruzi, est transmis par une punaise, la réduve Actuellement, vingt-quatre millions de personnes seraient infectées dans le monde et environ 15 % de la population bolivienne serait touchée par ce parasite La maladie reste latente pour plus d’une personne infectée sur deux et, en l'absence de symptômes caractéristiques (troubles digestifs et problèmes cardiaques), les moyens thérapeutiques existants, ne sont efficaces que dans la première phase de la maladie C’est pourquoi les tests constituent un élément très important pour détecter et soigner la maladie Pour développer le nouveau kit diagnostic (Chagatest) Éric Deharo, en partenariat avec Fernando Vargas, technicien bolivien, ont utilisé des souches locales du parasite Leur méthode immuno-enzymatique sera donc plus efficace en Bolivie pour détecter les anticorps circulants dans l’organisme De la molécule l’archipel Une partie du site est consacrée aux flux de matières dans les atolls des Tuamotu Dans la plupart des atolls des passages, appelés hoa, permettent les échanges entre lagon et océan Développé par une équipe de l’IRD Marseille, le site Web ô Les atolls de Polynộsie Franỗaise » synthétise 20 années d’études es recherches de l’IRD et de ses partenaires ont permis de comprendre le fonctionnement biologique de l’atoll et de mieux conntre leurs ressources Le site web ô Les atolls de Polynộsie Franỗaise ằ a pour ambition d’apporter une meilleure lisibilité des résultats obtenus afin qu’ils soient pris en compte par la Polynộsie franỗaise dans son plan de gestion des atolls Ce site convivial et bilingue (franỗais et anglais) sadresse aussi bien au grand public comme aux chercheurs, qui trouveront des tables de données, des références bibliographiques et des résumés d’articles numérisés De l’approche géographique l’analyse socio-économique des res- sources, en passant par un cours d’écologie récifale, le site « atolls » regroupe un ensemble donnộes sans ộquivalent sur les atolls de Polynộsie franỗaise Au total, le site est constitué de 33 500 pages, 20 000 images et de 13 500 liens Une analyse sur cinq mois a permis de constater que cette vaste base de connaissance rencontre déjà un joli succès En effet, il est consulté par un public diversifié d’étudiants, de journalistes, de partenaires et de commerciaux Et toutes les parties du site sont lues par les internautes, raison de 500 accès pour les pages les plus lues ● Contact http://www.com.univ-mrs.fr /IRD/atollpol/intro.html Marianne Berthod, directrice du département expertise et valorisation de lIRD reỗoit la mention spộciale au nom dẫric Deharo Contact Eric Deharo plantibba@megalink.com Groupe de Recherches et d’Échanges Technologiques Une entreprise au parfum Le projet de développement de l’entreprise SEREI s’inscrit dans une dynamique de responsabilisation des citoyens calédoniens e prix obtenu au 4e concours d’aide la création d’entreprises innovantes du ministère de la Recherche et de la Technologie est un premier pas significatif pour la construction de l’entreprise SEREI Sa création en Nouvelle-Calédonie résulte d’une volonté de créer un outil de développement au service des canaques, tout en valorisant leur patrimoine et leur environnement Le défi de SEREI est de responsabiliser des jeunes diplômés la recherche d’emplois en s’appuyant sur les connaissances issues du savoir traditionnel de la médecine canaque Originaire de Maré, dans la Province des Iles Loyauté, Jean Waikedre a initié le projet de création des unités de distillation de plantes, Ouvéa et Lifou, et d’extraction, Maré Ingénieur en génie pharmaceutique, il travaille l’IRD de Nouméa dans le laboratoire des substances naturelles terrestres et savoirs traditionnels de Pierre Cabalion Edouard Ouckewen, également l’origine du projet de développement de l’entreprise SEREI, est Technicien au laboratoire de génétique de l’IRD de Nouvelle-Calédonie Jean Waikedre et Edouard Ouckewen sont rattachés l’unité de service « Biodiversité terrestre et environnement dans le pacifique tropical », dirigée par Jean Chazeau Le projet SEREI concerne la transformation de plantes sélectionnées pour leur intérêt économique dans le domaine de la cosmétique et de l’aromatique Les activités se concentreront sur la production d’huiles essentielles et d’absolues, pour la parfumerie, ainsi que sur la fabrication de liqueurs de fruits, comme produits alimentaires Ce projet a reỗu le soutien financier de la Province des Iles, d’où sont ori- ginaires les promoteurs, mais aussi de l’Institut calédonien de participation (ICAP), de la Banque calédonienne d’investissement (BCI) et du ministère de la Recherche et de la technologie En ce qui concerne le partenariat scientifique, la création de l’entreprise SEREI résulte d’une collaboration avec le laboratoire des substances terrestres et savoirs traditionnels (US 001 EnBioPac) l’IRD de Nouméa Le soutien de la Province des Iles se concrétise par l’autorisation, pour l’entreprise SEREI, d’utiliser les résultats des recherches menées par l’IRD sur les plantes aromatiques des ỵles Cette zone concentre en effet d’importantes ressources en bois de santal en plantes aromatiques odeur agréable et représente un très bon terrain pour la création de produits naturels, comme des parfums et des produits cosmétiques Les matières premières, du bois et des feuilles, sont achetées la population des ỵles et, dans un soucis de préservation de la biodiversité, les bois choisis pour l’extraction des huiles essentielles poussent en abondance aux Iles Loyauté Enfin, dans le cadre de sa démarche de diversification des produits, l’entreprise SEREI a mis en place un partenariat avec la savonnerie d’Ouvea Cette dernière est prête acheter les produits de SEREI, comme des huiles essentielles, pour parfumer ses savons La première unité de production, construite Ouvéa, débutera sa production en novembre Par la suite, il est également prévu d’implanter des unités Lifou et Maré, adaptées aux spécificités des ressources locales Maré, par exemple, peut produire de l’huile d’avocat, très prisé en cosmétique ● Contact Jean Waikédre serei@lagoon.nc Ce volume comprend les résumés des communications présentées par une vingtaine de chercheurs de l’IRD et de l’IER (Institut d’Économie Rurale) l’atelier scientifique qui s’est déroulé en janvier 2002 Bamako Cet atelier s’adressait aux cadres supérieurs techniques des directions nationales maliennes et son objectif était de faire le point sur les connaissances scientifiques utiles la conception et la mise en place d’une politique de gestion concernée des ressources sur le fleuve Niger Cet ouvrage pourra être utilisé par les décideurs qui, dans le cadre d’une prochaine expertise collégiale, seront invités formuler les questions complémentaires qui naissent des décisions qu’ils ont prendre Ainsi, l’expertise collégiale pourra déboucher sur la définition d’un instrument d’aide la décision dans le domaine de la gestion intégrée des ressources que représente le fleuve Niger ● Sous la direction de Jérôme Marie et Bino Témé, IRD éditions, 120 p., € Contact diffusion@bondy.ird.fr Le Concours Entreprises innovantes L e projet de création de l’entreprise SEREI en NouvelleCalédonie a été primé au 4e concours national d’aide la création d’entreprises de technologies innovantes du Ministère de la Recherche et de la Technologie L’entreprise SEREI fait partie des 118 projets « création-développement » lauréats du concours Entreprises innovantes Depuis sa création, ce concours a permis de soutenir près de 800 projets et la création de 400 entreprises 200 dossiers de candidature ont été déposés, 778 projets ont été retenus dont 462 en émergence et 316 en création-développement Ce concours est doté de 30 millions d’euros avec une participation du Fonds Social Européen (FSE) et de lAgence franỗaise de linnovation (Anvar) qui assure la gestion et le suivi de cette opération pour le compte du ministère de la Recherche ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 Valorisation our l’édition 2002 de son prix, la fondation Altran avait choisi pour thème « L’innovation technologique pour les pays en développement » Près de 600 dossiers ont été déposés pour ce concours international et ont été retenus en avril l’issue d’une présélection par un jury européen et indépendant Parmi ces projets retenus figurait celui d’Éric Deharo, mais également un projet sur la production de farines infantiles adaptées aux pays du Sud, fruit d’une collaboration entre le GRET1 et l’IRD La mention spéciale du jury de la Fondation Altran attribuée Éric Deharo récompense la mise au point d’une méthode simple et adaptée aux zones pauvres en infrastructures médicales pour détecter la maladie de Chagas, une parasitose mortelle qui touche les pays d’Amérique centrale et du sud Un partenariat entre l’IRD et la Faculté de pharmacie de l’Universidad Mayor de San Andrès La Paz a permis de créer en Bolivie une société, Andilab, qui produira et commercialisera le Des connaissances scientifiques pour la décision publique © IRD/M.-N Favier Éric Deharo, biologiste et pharmacologue l’IRD, a reỗu le 25 juin dernier lUnesco, Paris, une mention spéciale du jury de la Fondation Altran (groupe Altran Technologie) pour son kit diagnostic de la maladie de Chagas De plus, il utilise une méthode simple appliquer, qui ne requiert pas de matériel de laboratoire sophistiqué Les prix attribués en juin dernier plusieurs projets de recherches consistent en une assistance et un suivi en matière technique, juridique ou commerciale par la fondation Altran ● 11 15:13 Page 12 Tribulations d’un universitaire en Thaïlande Dans le cadre d’un programme d’éducation scientifique destination des écoles rurales Thaïlandaises, l’IRD s’est impliqué dans l’organisation d’un séminaire sur la vulgarisation des sciences, coordonné par l’Institut Biotec1 André Prone, géologue expert de l’université d’Aix-Marseille I mis disposition de l’IRD, travaille en Thaïlande au sein de l’unité de recherche Ariane D epuis fort longtemps, universités et IRD entretiennent des liens de coopération et il n’est pas rare que chercheurs et enseignants chercheurs se retrouvent dans une même unité de recherche La mise disposition d’un universitaire dans une équipe IRD l’étranger est moins fréquente En effet, outre les aspects d'ordre administratifs, la principale difficulté réside dans la mise en œuvre d’une thématique commune de recherche non seulement partagée par les partenaires franỗais, mais ộgalement par ceux du pays daccueil Depuis le novembre 2001, André Prone, géologue expert de l’université d’Aix-Marseille I, est mis disposition de l’unité de recherche Ariane, UR 067, Les sols cultivés fortes contraintes physico-chimiques des régions chaudes dirigée par Roland Poss Il travaille en Thaïlande au sein de l’équipe IRD implantée au Land Development Department La thématique de Un séminaire de vulgarisation des sciences, organisé par l’Institut Biotec (National Center for genetic Engineering and biotechnology), l’IRD Bangkok, l’Université de Bourgogne, avec l’aide de l’Ambassade de France et du Département communication de l’IRD Paris, s’est déroulé du au mars 2002 dans le parc national de Kao Yai, en Thaïlande2 Au cours de ce séminaire, des thèmes scientifiques majeurs dans le contexte thaï ont été présentés Ainsi les participants ont abordé les maladies transmises par des insectes vecteur, le problème de l’eau et de l’érosion, les cultures de tissus ou encore les nouveaux matériaux organiques André Giordan, de l’Université de Genève, Emmanuel Eastes, de l’École Normale Supérieure et Daniel Raichvarg, de l’Université de Bourgogne, ont présenté pour leur part les différents aspects de la vulgarisation scientifique travers une série de conférences et d’ateliers recherche commune aux partenaires franỗais et thaùlandais est la dộgradation des sols Dans les prochaines décennies, ce phénomène pourrait menacer la production alimentaire et les moyens d’existence ruraux, notamment dans les régions les plus pauvres du pays Des mesures encourageant l’amélioration de la gestion des sols sont devenus nécessaires, afin que les pays émergeants puissent subvenir durablement aux besoins alimentaires de leur population Les travaux menés avec le Land Development Department, l’université de Khon Kaen et l’université de Kasetsart se concentrent sur le Nord-Est de la Thaïlande, une région qui représente un tiers de la superficie et des habitants du pays Les recherches les plus urgentes développer concernent la compréhension des mécanismes physiques, chimiques, biologiques et anthropiques l’origine de la dégradation rapide des sols « La mise en com- © IRD/R Poss Vulgarisation scientifique et ouverture aux scolaires en Thaïlande Choix de sites d’expérimentation De gauche droite : Roland Poss, Sawaeng Ruaysoongnern (Khon Kaen University), André Prone, Olivier Grunberger et Andrew Noble (CSIRO, Australie) mun des compétences de chercheurs de disciplines et d’organismes différents est un angle d’attaque original pour avancer dans la bonne voie, souligne André Prone Notre ambition est de créer un comité mixte de formation et de recherche regroupant trois universitộs franỗaises et trois universités thaï- landaises, ainsi que l’IRD et l’INRA» Reste convaincre organismes de tutelle respectifs et chercheurs des différents secteurs de travailler dans cette voie ● Contact roland.poss@mpl.ird.fr Visions transverses au Brésil Cette rencontre s’insère dans le programme Sciences for rural Schools qui anime différentes actions de vulgarisation scientifique dans les écoles de provinces de Thaïlande Elle fait suite des missions menées par Parichat Kaewrakasa, de Biotec, et Daniel Raichvarg ainsi qu’à des rencontres préparatoires avec Christian Bellec, délég IRD pour la Thạlande « L’inquiétude des chercheurs Thạ en début de séminaire a vite été gommée par l’ensemble des travaux réalisés et des contacts noués », souligne Christian Bellec Parmi les perspectives de travail en commun élaborées au cours de ce séminaire, deux projets se sont déjà concrétisés : des chercheurs de l’IRD participent au programme Science for rural schools, et un cursus de formation la vulgarisation des sciences pour les étudiants du KMUTT (King Monkhut University of Technology at Thonburi) est en construction Ces stages qui assureront la formation des responsables et acteurs de la vulgarisation des sciences dans différentes provinces de la Thaïlande, se situent en amont des « Club jeunes », mis en place par l’IRD dans de nombreux pays ● Contacts Christian Bellec fnkon@diamond.mahidol.ac.th Daniel Raichvarg Daniel.Raichvarg@u-bourgogne.fr National Center for genetic Engineering and biotechnology Outre des chercheurs de l’IRD (Christian Bellec, Jean-Pierre Bricquet et Laurent Schnell), le séminaire a réuni des scientifiques de Biotec, de King Monkhut University of Technology at Thonburi (KMUTT) et du Material Technology (MTCE) Les chercheurs de l’IRD au Brésil ont planché, lors d’un récent séminaire, sur les possibilités de rapprochement entre les différentes équipes et projets Ils ont identifié un certain nombre de synergies communes, de besoins réciproques qui feront l’objet de collaborations, notamment en Amazonie, mais aussi dans tout le sous-continent E ntre rationalisation, partage de compétence et économie d’échelles, les scientifiques de l’IRD au Brésil ont adopté une approche originale de leurs recherches Réunis en séminaire Pirenópolis les 2, et mai derniers, ils ont appris mieux conntre les travaux des autres équipes, en percevoir les objets, les problématiques, les approches, les finalités scientifiques et de développement Des dynamiques transversales aux thèmes de recherche ont été notées dans les sept projets amazoniens qui mobilisent l’essentiel de l’activité de l’institut au Brésil Pour Jean-Loup Guyot, responsable de l’UR « Hydrogéodynamique du bassin amazonien » qui met en œuvre le projet Hybam, les dynamiques sont d’abord régionales « Des collaborations vont être entreprises dans le domaine de la géodynamique andine… » Il est vrai que ce projet travaille déjà avec des équipes en Bolivie en Equateur et bientôt au Pérou Par ailleurs le projet Hybam pourrait entreprendre des études communes avec le programme Paléoclimat tropicaux dès l’année prochaine De la même manière l’UMR « Biodiversité et fonctionnement du sol » souhaiterait une collaboration dans le domaine des sciences sociales, pour son chantier amazonien Travaillant la stabilisation des cultures familiales sur les fronts pionniers, elle pourrait être efficacement soutenue par l’équipe de Philippe Léna Philippe Léna, responsable de l’UR « Modélisation, associations et développement durable en Amazonie », ne dit pas le contraire et va même plus loin en fustigeant les cloisonnements surannés qui brident certaines disciplines Ainsi il estime que les distinctions entre spécialistes des Amérindiens, des populations traditionnelles et des immigrés ne peuvent plus perdurer dans l’anthropologie Des échanges peuvent également être envisagés avec d’autres organismes quand ils se trouvent faire les mêmes types de travaux dans un environnement comparable Ainsi une équipe de l’ISA (Instituto socioambiental) qui mène une étude sur l’éducation bilingue dans la région du Rio Négro, souhaiterait établir des échanges avec le projet « Recherche et formation en linguistique indigène » de l’IRD Les exemples de collaborations effectives entre équipes IRD au Brésil sont d’ores et déjà nombreux, dans les thèmes de l’eau, du climat et de la santé Il va de soi que les problématiques amazoniennes sont assez similaires de part et d’autre de l’Oyapock Aussi toutes les collaborations entre projets ou entre disciplines envisagées au Brésil sont transposables aux équipes travaillant dans le département franỗais voisin de Guyane A u d i o v i s u e l Nouveaux migrants, nouvelles maladies, 26 Écriture et réalisation : Bernard Surugue Conseil scientifique : Philippe Desjeux et Roberto Badaro Coproduction : IRD/OMS Versions : Franỗaise, Anglaise, Brộsilienne, Espagnole Quant ceux qui sinstallent dans les faubourgs insalubres et surpeuplés des villes, ils vont participer la flambée actuelle du kala azar, la forme mortelle de ces zoo-anthroponoses ● Des cassettes sont disponibles : l’IRD Audiovisuel, Bondy Ce film a été tourné au Brésil dans les États de Bahia, Manaus et Rio Grande où chaque jour, des familles migrantes s’installent en quête d’un meilleur futur Avec eux migrent des maladies liées l’environnement et la pauvreté Ainsi, les colons qui défrichent la forêt amazonienne pour en vivre s’exposent, avec leur famille, la forme cutanée de la leishmaniose, une maladie parasitaire très répandue dans la forêt primaire Festival de Géographie, St-Dié, du au octobre Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 Cette année, le festival a pour thème « Religions et géographie » Pays invité d’honneur : le Maroc Sept films de l’IRD seront projetés tout au long du festival Contact audiovisuel@bondy.ird.fr www.bondy.ird.fr/audiovisuel/ © IRD/B Pelletier 12 1/10/02 © IRD/C Bellec Planète IRD 182873_SAS_16 Un pêcheur Ni-vanuatu découvre les fonds de son lieu de pêche sur une carte bathymétrique relevée quelques instants plus tôt En mai dernier, lors de la campagne Neoctecto-Vanuatu 2002 de cartographie de la zone cơtière des ỵles Santo , Malikolo et Malo (Vanuatu), les scientifiques ont invité des pêcheurs intrigués monter bord de l’Alis pour voir fonctionner le sondeur multifaisceaux et leur remettre la carte avec les « terrassses » qui peuvent les intéresser pour la pêche… 15:14 Page 13 Déforestation au Brésil Antarctique P o r t r a i t d ’ u n e u n i t é Estuaire de l’Amazone Cyclone : l ’ U S Europe L’ approche intégrée met l’accent sur l’analyse pluridisciplinaire des usages multiples que la société fait des milieux naturels et des ressources L’exploitation des ressources naturelles, la transformation et la dégradation des milieux sont les principales actions qu’exercent les sociétés humaines sur leur environnement Elles s’inscrivent dans une dynamique des relations entre acteurs locaux, institutions, ressources et milieu Elles sont le jeu de relations directes (stratégies, politiques, usage, écologie) mais aussi indirectes (externalités, niveau d’organisation, facteurs culturels et économiques, niveau d’éducation, etc.) En raison de cette complexité, les relations milieu-société ne peuvent être appréhendées uniquement d’un point de vue sectoriel ou disciplinaire ; elles constituent de plus la clef des potentialités de développement durable et de limitation des processus de concentration urbaine qui deviennent les enjeux des prochaines décennies ● E s p a c e Le Nil Le satellite au service de l’environnement L pour le développement, l’IRD a décidé en 2001, de créer l’unité de service Espace (Expertise et SPAtialisation des Connaissances en Environnement) Cette unité, sous la responsabilité de Frédéric Huynh, s’est donné pour objectif principal de développer et mettre en œuvre des méthodologies innovantes de spatialisation des connaissances sur l’environnement tropical, par télédétection et approche intégrée, depuis l’acquisition des données jusqu’au processus décisionnel Cette unité organise et fédère les activités d’une cinquantaine de chercheurs, ingénieurs et doctorants de l’IRD et d’universités partenaires dans le domaine de l’observation de la terre (surveillance de l’environnement assistée par satellite en milieu tropical), des approches intégrées des milieux et sociétés (dynamiques des Installée principalement la maison de la télédétection Montpellier, l’US Espace dispose d’une implantation secondaire au Centre IRD d’Orléans, ainsi que d’implantations et et des chantiers dans les Régions ultra-périphériques de l’Europe, en Amérique du Sud, en Asie du Sud Est et en Afrique milieux et usage des ressources) et des systèmes d’information environnementaux (modélisation, aide la gestion/décision) Son fonctionnement est fondé sur une logique de projets en partenariat interne et externe Il s’appuie sur une réelle mise en réseau des compétences diverses au travers de ses cinq pôles géographiques aux activités complémentaires : Maison de la Télédétection de Montpellier, pôle Géomatique d’Orléans, Laboratoire Régional de Télédétection de Guyane, la station SEAS de Saint-Denis de La Réunion, le Laboratoire de télédétection, LATICAL, en Nouvelle Calédonie L’unité Espace coordonne le réseau Surveillance de l’environnement assistée par satellites (SEASnet) qui regroupe actuellement quatre stations de réception d’images des satellites environnementaux large champ À partir des donnộes reỗues, cette infrastructure scientifique et technique calcule et diffuse quotidiennement des produits spatiaux thématiques sur les régions couvertes (ex : température et turbidité des eaux, état de la végétation) Le développement de ce réseau est mené en partenariat avec le CNES et ses filiales De plus, il devrait contribuer aux initiatives européennes et internationales de suivi de l’environnement (GMES, GODAE…) L’US Espace n’a pas fini de mettre le satellite au service de l’environnement et de la recherche pour le développement ● Contact Frédéric Huynh, Unité ESPACE S140 Maison de la Télédétection, Montpellier tél 04 67 54 87 08 huynh@ird.fr WEB www.espace.ird.fr © IRD es missions de l’IRD, ses compétences pluridisciplinaires et ses implantations historiques, ont forgé des relations de confiance avec les partenaires scientifiques et les sociétés des pays en développement L’IRD, au travers notamment de l’unité Espace, occupe, du coup, une position originale au sein du dispositif européen et international de recherche scientifique en particulier dans le domaine des applications de la télédétection Progressivement, s’est mis en place un réseau de compétences transversales regroupant des chercheurs et ingénieurs de plusieurs disciplines autour de la spatialisation des connaissances pour l’environnement et pour le développement durable Afin de renforcer ces activités dans un réseau scientifique et technologique De gauche droite : Isabelle Pelissier, communication, Christophe Boschet, économiste en DESS, Florence Lahet, chercheur océanographie spatiale, Frédéric Huynh, directeur unité ESPACE S140, Marc Lointier, chercheur hydrologie spatiale, Didier Lille, ingénieur de recherche, télédétection et système d'aide la décision (Nouvelle-Calédonie) Les principaux projets actuels de l’unité ESPACE AGIL (Aide la Gestion Intégrée des Littoraux, RTE) AVI (Antenne Virtuelle Intertropicale, CNES) pour la diffusion de produits spatiaux thématiques ECOLAB (Écosystème côtiers amazonien) en coopération régionale avec le Brésil et le Surinam) S2Dengue Surveillance spatiale de la Dengue (RNTS, CPER) SAGE (gestion durable des ressources en eau des ỵles Loyautés) SEAGERH (Service d’aide la gestion durable des ressources halieutique, RTE) TOPOPHYLLE (cartographie du relief en Guyane, RTE) ● 13 © IRD/US Espace Le ciel travaille pour la Terre… C’est ainsi qu’on pourrait définir la mission de l’unité Espace Suivi de l’évolution de l’environnement océanique comme terrestre, surveillance spatiale des épidémies, approche intégrée des milieux terrestres aux échelles locales et régionales dans différents contexte de développement, les satellites travaillent beaucoup aujourd’hui pour l’US Espace Ce qu’on appelle la « spatialisation des connaissances en environnement » devient ainsi un enjeu stratégique pour la mise en œuvre du développement durable Portrait d’une US qui file la vitesse du son Planète IRD Égypte Mer Caspienne L’approche intégrée Au service des pêcheurs ou des gouvernants D ans le cadre du réseau SEASnet, le CNES et l’IRD collaborent au projet : « Antenne Virtuelle Intertropicale » (AVI) Ce projet constitue, de fait, le volet système d'information du réseau SEASnet Il a pour but de concevoir et de mettre en oeuvre un système d'information évolutif, en temps « quasi réel » permettant la mise en place de service de diffusion de données et produits forte valeur ajoutée scientifique Les utilisateurs seront les principaux destinataires de ces produits, services et méthodes, en fonction de leurs besoins dès lors qu’ils se situent dans les zones de réception du réseau SEASnet Les principaux clients de ce service seront la communauté scientifique, les collectivités publiques, les acteurs du développement et les partenaires des pays environnants dans le cadre de collaborations scientifiques régionales Ce concept de diffusion d’informations environnementales évoluera en fonction des besoins des utilisateurs et des performances des nouveaux satellites (très hautes résolutions notamment) en particulier dans le cadre de programme de suivi de l’environnement tropical ● © IRD/US Espace 1/10/02 © CNES/Spot image 182873_SAS_16 Carte thématique, carte fonctionnelle et carte de vulnérabilité intrinsèque des formations naturelles réalisées pour la surveillance des espaces côtiers de Guyane dans le cadre du projet Agil ● Thèses enis Chartier a soutenu en mai dernier l’IRD d’Orléans une thèse en géographie politique de l’environnement sur «Le rơle de Greenpeace et du WWF dans la résolution des problèmes environnementaux Quel espace politique pour quelles ONG ? » ● D Contact boutte@orleans.ird.fr Saliou Fall et Ndeye Yacine Ndour, boursiers de l’IRD ont soutenu leur thèse de doctorat sur des travaux réalisés avec l’UR 083 Ibis, Interactions biologiques dans les sols des systèmes anthropisés tropicaux, dirigée par Jean-Luc Chotte, respectivement l’université Claude Bernard Lyon sur : Réponse des communautés microbiennes d’un sol sahélien la modification de ses habitats : cas de l’activité de construction d’un termite humivore Cubitermes niokoloensis ; et l’université Cheik Anta Diop, Dakar sur Caractérisation des habitats microbiens d’un sol ferrugineux tropical (Sénégal) : Effets des modes de gestion de la jachère et de la culture ● Contact Jean-Luc.Chotte@ird.sn ● Habilitation Christian Seignobos, géographe l’IRD a soutenu l’université Paris une habilitation diriger des recherches sur « Les mots du développement (histoire du développement du nord-Cameroun) ».● Contact christian.seignobos@wanadoo.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 182873_SAS_16 1/10/02 15:16 Page 14 P u b l i c a t i o n s Ressources La collection Didactiques fait peau neuve 14 La collection « Didactiques » des éditions de l’IRD, qui a déjà vu partre plusieurs des best-seller de l’institut, prend un second souffle Dotée d’une nouvelle maquette homogène, elle propose des ouvrages pratiques ou pédagogiques issus des travaux scientifiques de l’IRD et de ses partenaires Ouverte toutes les thématiques, sans frontières disciplinaires, elle met des connaissances concrètes et exploitables disposition d’un large public Comme précédemment, cette collection accueille, outre les ouvrages traditionnels, des travaux et des outils numériques sous forme de cédérom La direction de la collection est confiée au parasitologiste et épidémiologiste Jean-Philippe Chippaux Plusieurs titres actuellement en fabrication, partront sous peu avec la nouvelle présentation Il s’agit notamment des ouvrages intitulés Outils d’enquêtes alimentaires au Sénégal, Lutte contre la maladie du sommeil et soins de santé primaire et des cédéroms Photothèque d’entomologie médicale et Taxonomie des Procaryotes Contact chippaux@dakar.ird.sn Développement durable ? Doctrines, pratiques, évaluations Sous la direction de Jean-Yves Martin, éditions, 2002, 344 p., 25 € IRD Derrière le concept de développement durable se cachent une multitude de sens qui ont fait l’objet de nombreuses études ces vingt dernières années L’intention des contributions réunies dans cet ouvrage est de faire état de quelques approches significatives permettant de questionner les réalités sociales et économiques de ce développement durable : la construction des questions, l’évolution des concepts, la définition des conventions et des politiques, l’émergence de nouveaux acteurs et les contextes globaux et locaux Organisé en trois grandes rubriques, ce livre aborde différents aspects du développement durable : les doctrines qui le sous-tendent ; l'évolution des pratiques locales face au discours dont il est porteur ; enfin son insertion dans les grands enjeux de la mondialisation Ainsi, comme le montre explicitement cet ouvrage, questionner le développement durable, c'est aussi le remettre en question Johannesburg Sommet Mondial du Développement Durable 2002 Quels enjeux ? Quelle contribution des scientifiques ? Robert Barbault, Antoine Cornet, Jean Jouzel, Gérard Mégie, Ignacy Sachs, Jacques Weber Ministère des Affaires ộtrangốres, Association pour la diffusion de la pensộe franỗaise (Adpf), 210 p., 13 € Dès 1972, la conférence de Stockholm, l’environnement s’invite dans les débats sur le développement économique Depuis cette date, et suite la conférence de Rio, le progrès considérable des connaissances scientifiques a accompagné les étapes de la prise de conscience internationale et contribué l’élaboration de Conventions, notamment sur le Climat et la Biodiversité Dans cet ouvrage, des scientifiques franỗais tentent de faire saisir les étapes de cette prise de conscience des enjeux du développement durable et de donner les éléments nécessaires la compréhension de ce qui fut discuté Johannesburg Antoine Cornet, directeur de recherche l’IRD, est l’un des six auteurs Les traductions anglaises et espagnoles de cet ouvrage sont disponibles sur www.adpf.asso.fr Un système de santé en mutation : le cas du Cameroun Marc-Eric Gruénais (Éd.), Association Euro-Africaine pour l’Anthropologie du Changement Social et du Développement Bulletin n° 21, LIT, 184 p Une quinzaine d’auteurs font dans cet ouvrage, un tour d’horizon complet de la réorganisation des systèmes de santé au Cameroun L’amélioration de l’état de santé des populations a toujours été au cœur du projet global de développement des pays africains Pour éclairer les dynamiques qui parcourent la mise en œuvre des réformes des systèmes de santé nationaux, le Cameroun semble fournir un exemple particulièrement éclairant, c’est pourquoi il fait l’objet du dernier bulletin de l’Association Euro-Africaine pour l’Anthropologie du Changement Social et du Développement Les chemins vers la ville La migration vers Hô Chi Minh Ville partir d’une zone du delta du Mékong Sous la dir de Patrick Gubry, Vu Thi Hông, Lê Van Thanh Éditions Karthala – Ceped Collection Hommes et sociétés, 344 p., 25 € Une équipe de chercheurs issus de plusieurs disciplines a donné la parole des migrants et leurs parents restés au village Le sentiment positif l’égard de l’urbanisation, ressenti par une grande majorité des personnes interrogées, montre qu’il s’agit d’un phénomène irréversible Patrick Gubry, démographe l’IRD et spécialiste de l’étude des migrations, de l’urbanisation et des relations populationenvironnement, a participé plusieurs projets de recherche au Viêt-nam Contes beembés du Congo Maa Mboyo, Nguri yi tiri baala, La mère aimante Victor Nimy, Éditions L’Harmattan, La légende des mondes, 44 p., € Issu de la tradition orale Beembé, au Congo, ce conte décrit le miracle accompli par une mère aimante et les punitions qu’infligent les génies Kalla la noyée, Kalla wa fwila mu mamba Victor Nimy, Éditions L’Harmattan, La légende des mondes, 63 p., 7,60 € Kalla la noyée narre les démêlées conjugaux des co-épouses d’un homme faible que seule la justice divine rétablira dans ses droits Présentés dans leur langue originale sur les pages de gauche et dans leur traduction en franỗais sur celles de droite, ces récit sont écrits par Victor Nimy, ingénieur agronome Beembé, stagiaire de l’IRD Le prophète et le militant Histoires de vie, discours des génies Frank Hagenbucher-Sacripanti, Editions L’Harmattan, collection Études Africaines, 664 p., 51,85 € Au Congo-Brazaville, le mouvement religieux néotraditionaliste Mvulusi se raconte par la bouche de ses acteurs principaux : le prophète Mindoudi Appolinaire et le politicien Paka Florent Entre les décombres d’un Parti unique inféodé au socialisme scientifique et les perspectives démocratiques fracassées par la guerre civile, ces deux personnalités relatent les faits marquants de leurs existences ainsi que leurs prises de position face au changement social et la crise économique du Congo L’auteur, Frank HagenbucherSacripanti, directeur de recherche l’IRD, a travaillé plusieurs années au Congo dans une double perspective d’anthropologie religieuse et médicale Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 Diasporas Développements et mondialisations Editeurs scientifiques, Rosita Fibbi et JeanBaptiste Meyer Éditions de l’Aube/IRD, Autrepart, numéro 22 200 p., 19 € Diasporas, développements et mondialisations Le triptyque semble asynchrone tant ses termes renvoient deux époques différentes en sciences sociales Ce numéro tente de lier et de traiter ces trois termes, dans leur interdépendance établie sur des constats de terrain Un constat fort appart : la rémanence du projet national dans l’idée d’une association de la diaspora son développement ne laisse guère de place au doute Ce projet subsiste ; il s’est mondialisé Dans cette perspective, les textes ici présentés font état de situations originales, souvent inédites, avec une diversité d’approches disciplinaires et de zones géographiques Ils enrichissent ainsi la connaissance de ces phénomènes liés et le patrimoine de concepts avec lesquels nous les abordons Le coton des paysans Une révolution agricole (Côte d’Ivoire, 1880-1999) Thomas J Bassett IRD éditions, collection À travers champs 2002 292 p., 20 € Selon une explication répandue, la réussite liée la culture du coton en Afrique serait le résultat d’un développement dirigé et d’innovations techniques apportées de l’extérieur Cet ouvrage propose une autre lecture de cette révolution agricole et souligne au contraire le rôle actif des paysans Débats conflictuels au sein de la société rurale, expérimentations et pratiques innovantes des planteurs, négociations avec des intervenants externes constituent la trame du changement agricole Un ensemble d’enjeux sociaux et culturels qui sous-tend l’histoire récente du coton sont présentés dans ce livre, enrichi de nombreuses photos et graphiques L’auteur, Thomas J Bassett, est professeur de géographie l’université d’Illinois, États-Unis et associé une unité de recherche de l’IRD Initiation l’agroforesterie en zone sahalienne Les arbres des champs du Plateau Central au Burkina Faso Daniel-Yves Alexandre Éditions IRDKarthala, collection Économie et développement, 224 p., 24,40 € Cet ouvrage propose une approche originale, systématique et globale, des plantes, des champs et des terroirs Traditionnellement, les systèmes agricoles du Sahel sont caractérisés par une présence importante des arbres Confrontées une forte croissance démographique, les sociétés sahaliennes doivent accrtre leur production et mieux conntre les arbres du Sahel pour adapter leurs pratiques agricoles aux conditions actuelles L’auteur de ce livre, Daniel-Yves Alexandre, Directeur de recherche l’IRD, a choisi des exemples au Burkina Faso, au Sénégal, au Mali et en Côte d’Ivoire Après une réflexion de fond sur l’arbre et sa place dans les systèmes agricoles sahéliens, l’auteur s’attache faire mieux conntre les principales espèces rencontrées Exclusion et Liens Financiers Rapport du Centre Walras 2002 Sous la direction de Jean-Michel Servet et Isabelle Guérin Éditions Economica, mars 2002, 528 p., 37 € Ce quatrième rapport, coordonné par Jean-Michel Servet et Isabelle Guérin, chercheurs l’IRD, interroge l’état de la lutte contre l’exclusion par la finance Il constitue une contribution l’analyse de l’économie solidaire en émergence et se situe la croisée des chemins de la réflexion et de l’opérationnel Par les questions de responsabilité sociale de la finance qu’il pose et par les initiatives qu’il analyse, ce livre s’adresse la fois aux acteurs de terrain de la lutte contre les exclusions (associations, collectivités locales, décideurs publics, etc.), aux chercheurs, et l’ensemble de la communauté financière L’évaluation de l’ampleur des changements climatiques, de leurs causes et de leur impact prévisible sur la géographie de la France l’horizon 2025, 2050 et 2100 (2 tomes) Marcel Deneux Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques N° 3603 Asssemblée Nationale, N° 224 Sénat 2002 296 p (T1), 330 p (T2) 16 € les deux tomes Après avoir contribué dérégler le climat de la Terre, l’Homme sera-t-il même de réparer les conséquences de ses excès ? Les relations Nord-Sud, comme le sort des générations futures, en dépendent L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques souhaite que le lecteur de ce rapport puisse se forger une opinion Le Tome II rend compte des 67 auditions menées sur les changements climatiques, notamment celles de Jacques Merle, qui était alors directeur du département milieu et environnement de l’IRD et de Rémy Louat, directeur de recherche, chargé de mission pour les géosciences Outre le rapport, un Cd-rom comporte également une vingtaine de rapports ou d’articles scientifiques sur les changements climatiques Médecine et biologie : Chimère et production du social Journal des anthropologues, n° 88-89, 2002 Association Franỗaise des Anthropologues Paris 2002 328 p., 21,50 Ce numéro s’inscrit dans la perspective de contribuer édifier un champ de réflexion anthropologique sur les enjeux engendrés par les avancées du savoir biologique dans ses multiples expressions Ce dossier du Journal des anthropologues est coordonné par Laurent Bazin (CLERSE-IFRESI) et Valeria A Hernandez de l’IRD Le lecteur y découvrira une pluralité d’analyses, issues d’enquêtes de terrain et d’études de cas Outre l’article « Des chimères high-tech » de Valeria A Hernandez, ce volume renferme également un texte de Bernard Hours, de l’IRD, qui a pour titre « D’un patrimoine (culturel) l’autre (génétique) Les mutations du sujet et des objets de l’anthropologie médicale » Aux bords du monde, les réfugiés Michel Agier Éditions Flammarion Janvier 2002 192 p., 15 € Cinquante millions de personnes dans le monde sont victimes de déplacements forcés, provoqués par les guerres et la violence Réfugiés afghans, déplacés colombiens, déportés rwandais, refoulés congolais, Tchétchènes, Somaliens, ils sont connus les massacres, la terreur et l’exode Ce livre voudrait donner comprendre le processus actuel de mise en quarantaine d’une partie de notre planète, et décrire ce qui se passe, ce qui est vécu : parler des souffrances, mais critiquer la victimisation dont les réfugiés sont l’objet L’auteur, Michel Agier, est directeur de recherche l’IRD Cet anthropologue, auteur précédemment de Banlieues, townships, invasions et favelas (1999), mène actuellement une enquête sur les peuples en exode dans les guerres Plantas del chaco II Usos traditionales Izoceno-Guarani Yaikua Vaera Jare Yaikatu Vaera Yaiporu Nande Ivira, Umsa, Fondacion Kaa-Iya, IRD éditions, Cabi, Wcs Bolivia, Hnb, Cyted, Oea Santa Cruz, avril 2002, 444 p Dans le deuxième volume de cette flore, en Bolivie, sont présentés les usages traditionnels des plantes de la région de Chaco Pour savoir quelle plante utiliser en cas de maux de tête ou pour réduire une fracture, les auteurs de cet ouvrage ont travaillé trois ans avec les habitants de la zone de Izozog À travers les usages des plantes, ce manuel complet, illustré de nombreux dessins et de photographies en couleur, révèle une partie du savoir des Indiens de l’Izozog Regards sur l’Afrique Coordonné par Franỗois Bart, Jacques Bonvallot et Roland Pourtier Historiens et Gộographes IRD ộditions, Union Gộographique Internationale, Comitộ National Franỗais de Géographie 336 p., € Ce numéro d’HistoriensGéographes, publié l’occasion de la conférence régionale de l’Union Géographique Internationale de Durban 2002, a voulu privilégier une Afrique qui bouge Les contributions ici présentées ont pour ambition de participer l’élaboration d’une géographie innovante dans une Afrique nouvelle : celle qui doit faire face une croissance démographique échevelée, celle où s’accroissent les écarts économiques et sociaux, où s’exacerbent les tensions et se multiplient les discontinuités Celle aussi de l’inventivité, du bouillonnement de la jeunesse, de la vitalité des réseaux qui la rendent solidaire de l’avenir de la planète Jacques Bonvallot, géographe, directeur de recherche l’IRD a coordonné cet ouvrage avec les professeurs Franỗois Bart et Roland Pourtier Comunicaỗao Cartografica, O mapeamento dos Resultados Eleitorais no Brasil Philippe Waniez, Violette Brustlein, Dora Rodrigues Hess, Édition Loyola, 112 p + CD-Rom 34 € Ce livre, issu d’une collaboration francoBrésilienne entre chercheurs de l’IRD, du CNRS et de l’Université de Rio (Pontifica Universidade Catolica), présente une carte détaillée des résultats des élections Brésiliennes de 1998 L’analyse de ces résultats, croisés avec des données démographiques, économiques et sociales sur le territoire brésilien, fait de cet ouvrage en couleur un excellent manuel l’usage des sociologues, des géographes ou encore des journalistes Le Cd-rom en Portugais, auquel se rapporte le livre, comprend un logiciel de cartographie, ainsi que le résultat des élections brésiliennes de 1998 au niveau communal L’un des trois auteurs, le géographe Philippe Waniez, chargé de recherche l’IRD, appartient l’unité de recherche Territoire et Mondialisation dans les Pays du Sud Proceedings of the Science in Africa Symposium J Mouton, R Waast, F Ritchie Centre for Interdisciplinary Studies, University of Stellenbosh 2002 243 p Cet ouvrage constitue les actes du colloque sur la science en Afrique qui s’est déroulé en Afrique du Sud, les 17 et 18 octobre 2001 L’objectif de ce colloque était de réunir les données les plus récentes sur l’état de la Science en Afrique et d’utiliser celles-ci pour aborder des questions d’actualité Les différentes sessions de ce colloque sont présentées par Roland Waast, chercheur l’IRD, qui a notamment co-dirigé le rapport La Science en Afrique l’aube du XXe siècle Le caractère démocratique de la science et les problèmes de sa popularisation, tout comme la responsabilité des scientifiques en matière de choix de recherche, d’information et d’engagement publics furent des thèmes abordés au cours de ce symposium Contact IRD Éditions diffusion@bondy.ird.fr IRD, rapport annuel 2001 Version franỗaise et anglaise Contact dic@paris.ird.fr pour la version papier ou www.ird.fr, rubrique L’institut, puis Rapport annuel pour télécharger la version électronique Page 15 « Nous devons renforcer notre implication dans les programmes européens et nous positionner l’échelle européenne L’Institut doit appartre pour les pays du Sud comme le meilleur point de passage vers l’Europe » © IRD/O Dargouge C a r n e t i s u é s o a + n s s n t u e e e s A vec le 6e Programme cadre de recherche et développement (PCRD, 2003-2006), la Commission européenne manifeste une volonté de mise en réseau et de concentration accrue de la recherche européenne La dimension de la recherche pour le développement, bien que modeste, n’est pas absente de ce mouvement Les coopérations internationales font en effet l’objet d’une Mesure spécifique d’appui dotée de 315 Meuros De plus, dans le cadre des sept thèmes scientifiques prioritaires, 285 Meuros devraient être consacrés financer la participation de pays tiers Ce sont donc quelque 600 Meuros qui devraient ờtre octroyộs, dune faỗon ou d’une autre, la coopération internationale avec les pays en développement, les pays méditerranéens, les Balkans occidentaux, la Russie et les Nouveaux États indépendants À ce montant s’ajouteront des ressources mises disposition pour la formation la recherche, en Europe, de chercheurs de pays tiers, au titre du financement de la mobilité Afin d’orienter les appels d’offres que la Commission rendra publics la fin de l’année, et parce que le sixième programme cadre comporte deux nouveaux outils, les réseaux d’excellence et les projets intégrés, la Commission a proposé au printemps dernier un appel Jean-Claude Prot, généticien et physiologiste végétal l’IRD, a été nommé directeur du Centre IRD de Montpellier Bassin versant du lac collinaire d’Arara, Tunisie Le projet de l’IRD sur la gestion de l’irrigation en milieu aride, IRRIMED a obtenu l’assurance d’un financement européen en août 2002 manifestation d’intérêt Succès fracassant avec 15 500 propositions ! Sur cette base, la Commission prépare actuellement la rédaction de ses appels d’offres Parallèlement, les résumés des projets (si les auteurs ne s’y sont pas opposés) seront publiés sur un site internet spécifique afin que les chercheurs puissent envisager d’éventuels rapprochement au moment de répondre aux appels d’offres1 Et l’IRD ? Les chercheurs de l’Institut ont répondu présent en manifestant leur intérêt pour 66 projets, dont 15 en tant que porteur principal Le partenariat européen n’est pas une idée nouvelle l’IRD où l’on dénombre depuis 1991 une douzaine de contrats européens chaque année Le dernier en date est le projet sur la gestion de l’irrigation en milieu aride, IRRIMED, (Improved management tools for water-limited irrigation combining ground and satellite information through models) piloté par Richard Escadafal du Centre d’études spatiales de la biosphère, (UR 113, unité mixte CNES-CNRS-IRD-université P Sabatier), et qui a obtenu au début du mois d’août 2002 l’assurance d’un financement de 650 000 euros À l’instar des priorités scientifiques mises en avant par la Commission, la recherche pour le développement doit faire l’objet d’une forte mobilisation européenne, ce qui est encore loin d’être le cas L’IRD, unique institut pluridisciplinaire dédié la recherche pour le développement, possède des atouts pour être un fer de lance de cette mobilisation Des partenariats et une présence forte et ancienne en Afrique, en Amérique latine et en Asie pourraient notamment permettre de bâtir un réseau européen de bases logistiques dans les pays du Sud De même, l’expérience de l’Institut en matière de soutien aux communautés scientifiques du Sud prendrait tout son sens et gagnerait en efficacité en disposant de moyens très supérieurs qui ne peuvent provenir que de crédits européens Afin d’assurer une promotion volontariste de la recherche pour le développement auprès des instances européennes, mais aussi pour stimuler l’engagement européen de ses chercheurs, l’Institut a mis en place en juillet dernier une Mission Europe Par ailleurs, Jacques Claude, représentant de l’IRD en Tunisie jusqu’en août 2002, vient d’être mis disposition en qualité d’expert national détaché auprès de la Direction générale recherche de la Commission européenne Enfin, avec le Jean-Yves Moisseron, économiste, a été nommé représentant de l’IRD en Égypte À 38 ans il est le plus jeune représentant de l’IRD Cirad, l’IRD s’est porté candidat pour être Point de contact national pour les questions de coopération internationale du 6e PCRD (en coopération avec le CNRS, la Conférence des présidents d’université, l’ADEME et le BRGM) « La dimension européenne de l’action de l’IRD est une priorité, conclut Isabelle Déak-Mikol, responsable de la mission Europe de l’IRD Il est trop tard pour modifier la place accordée la recherche pour le développement dans le 6e PCRD et nous travaillons d’ores et déjà la préparation du suivant Nous devons renforcer notre implication dans les programmes européens et nous positionner l’échelle européenne, notamment en participant aux groupes de travail et réseaux thématiques intéressant toutes nos disciplines L’Institut doit aussi appartre pour les pays du Sud comme le meilleur point de passage vers l’Europe » ● Antoine Cornet, ancien directeur du Centre de Montpellier a été nommé représentant de l’IRD en Tunisie, en remplacement de Jacques Claude détaché auprès de la Commission européenne Contact Jean-Pierre Guengant, démographe, représentant de l’IRD au Niger et au Bénin a été élevé au rang d’officier de l’Ordre du mérite du Niger Mission europe, Isabelle Déak-Mikol Deak@paris.ird.fr Voir www.cordis.lu, le site d’information sur la recherche communautaire a r f une photo, une recherche © IRD/O Dargouge s r a a e s e © IRD/O Dargouge Débats stratégiques L a gestion durable des ressources en eau : L’inventaire des ressources mondiales en eau douce montre que dans de nombreux pays, divers stades de développement, les pratiques relatives l’utilisation de l’eau ne peuvent perdurer Les faits indiquent clairement que le monde fait face des problèmes locaux et régionaux de plus en plus graves s’agissant de la quantité et de la qualité de l’eau, notamment en raison d’une répartition inégale, d’un gaspillage, d’une pollution et d’une gestion inadéquate de cette ressource Le manque de ressources en eau en quantité suffisante et la dégradation de leur qualité affaiblissent l’une des bases essentielles qui permettent l’humanité de se développer et portent souvent atteinte la préservation de la biodiversité des écosystèmes aquatiques ● Cataractes de Iguazu, cheval sur pays : Brésil, Paraguay et Argentine Il y a pénurie lorsque la quantité d’eau mobilisable disponible dans les lacs, les rivières et les nappes phréatiques est telle qu’elle ne suffit plus satisfaire les besoins de l’homme, suscitant ainsi une concurrence accrue entre les divers usages Photo Claude Dejoux, IRD Contact Gérard Cuny et Dominique Cuisance, UR R035 Trypanosomoses africaines Gerard.Cuny@mpl.ird.fr http://www.trypano-humaine.com/ Photothèque Base Indigo Claire Lissalde lissalde@paris.ird.fr 15 Philippe Cury, Pierre Fréon et Claude Roy de l’UR idyle se sont vus décerner la médaille Gilchrist 2002 pour leur contribution au développement de la recherche marine en Afrique du Sud Claude Roy Pierre Fréon Philippe Cury Les 9, 10 et 11 septembre, les 32 représentants et directeurs de centre de l’IRD se sont réunis Paris et Orléans pour un séminaire consacré en particulier aux stratégies internationales de l’Institut Priorité l’axe euro-méditerranée-Afrique, espace européen de la recherche porté aux confins de l’Outremer tropical franỗais, rụle dentraợnement vis--vis des autres organismes de recherche, dans le cadre d’une augmentation de l’aide au développement de la France, ont constitué les trois grands thèmes des débats, répondant aux attentes et souhaits exprimés en introduction par les représentants des ministres chargés de la Recherche, la Coopération et l’Outremer ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 Planète IRD Une priorité européenne Jean-Pierre Muller, pédologue, directeur général de l’IRD, est nommé directeur de lInstitut franỗais de Pondichộry dater du 1er janvier 2003 © IRD/M Dukhan 15:19 © IRD/ J.P Montoroi s t l 1/10/02 © IRD/E Delry-Antheaume 182873_SAS_16 182873_SAS_16 1/10/02 15:20 Page 16 Tribune (suite de la page 1) Comment voyez-vous laprốs Johannesburg ? En ce qui concerne la recherche franỗaise et la suite du rapport dont l’IRD a assuré la coordination il faut maintenant passer une étape opérationnelle Madame la ministre de la recherche a annoncé la mise en place d’un groupe de travail, sous l’égide de la direction de la recherche du ministère, qui devra rapidement traduire notre rapport en un programme de travail pour les organismes de recherche au service du dộveloppement durable Dune faỗon gộnộrale, l’IRD est bien placé dans cette perspective Il faut en effet conduire des programmes de recherche de dimension internationale incluant des pays du Sud et associant plusieurs organismes de recherche franỗais Il nous appartient de relever le dộfi P ê c h e e n © IRD/A Debray © IRD/E Deliry-Antheaume En juin dernier, Dakar accueillait un Symposium international rassemblant 150 spécialistes des ressources marines et de la pêche1 Chercheurs, gestionnaires, professionnels et organisations non gouvernementales ont examiné les changements survenus dans le secteur des pêches au cours du dernier demi-siècle L’objectif : prendre du recul, mieux apprécier les grandes tendances et les faits majeurs intervenus, éviter le syndrome de la courte vue, si fréquent en gestion environnementale Au même moment, l’Europe s’achetait le droit de pêcher dans les eaux sénégalaises Pierre Chavance, directeur de l’unité de service Système d’information halieutique de l’IRD, dénonce les incohérences qui conduisent la destruction des ressources halieutiques © IRD/E Deliry-Antheaume L â IRD/E Deliry-Antheaume Jean-Franỗois Girard, Louis Schweitzer, prộsident gộnộral de Renault et André Roussely, président général d’EDF En savoir plus La science au service d’un développement durable Contribution des organismes publics de recherches franỗais Ce rapport, qui rassemble les contributions de 16 organismes de recherche franỗais pour le Sommet mondial du développement durable, est issu d’une réflexion collective animée par l’IRD la demande du ministère chargé de la Recherche Il présente des propositions en termes de priorité de recherche et des initiatives de la communauté scientifique Ministère délégué la Recherche et aux Nouvelles Technologies, Imprimerie Nationale 112 p ● Contact secretariat-communication@recherche.gouv.fr d e l ’ O u e s t L’écosystème décapité Sur le stand de l’IRD, Bent Antheaume, représentant de l’IRD en Afrique du Sud, remet un numéro de Sciences au Sud un visiteur Camerounais Bertrand Hervieu, Jean-Franỗois Girard et Tokia Saùfi, secrộtaire dẫtat au dộveloppement durable A f r i q u e es principales conclusions2 du Symposium de Dakar soulignent l’augmentation qualitative et quantitative de la pêche, tant artisanale qu’industrielle, preuve d’un accroissement considérable de la pression exercée sur l’ensemble des ressources halieutiques de l’Afrique de l’Ouest Le volume des captures atteint 3,5 millions de tonnes pour l’ensemble de l’Atlantique Centre Est « Cet accroissement global des captures masque cependant des situations contrastées Dans plusieurs pays et dans plusieurs zones de production, les débarquements sont désormais décroissants, parfois de manière forte De nombreuses pêcheries ont connu une chute de leurs captures » L’impact de la pêche se ressent nettement sur l’équilibre des espèces : « Les stocks des poissons de fond sont désormais des niveaux d’abondance qui les rendent très sensibles aux effets environnementaux (…) Les niveaux trophiques supérieurs sont ceux dont l’abondance accuse la plus forte diminution et le phénomène de pêche progressive vers les niveaux inférieurs de la chne alimentaire semble confirmé dans la zone d’étude (…) Il est noté sur la période l’accroissement des abondances et/ou des prises de certaines espèces vie courte ou appartenant de bas niveaux trophiques ằ ô Cet ộtat de dộgradation est vivement perỗu par la plupart des pêcheurs de la région (…) Une réduction de l'effort global s'impose mais les modalités opératoires soulèvent des approches différentes pour veiller l'équité et la transparence, surtout pour les pêcheurs artisanaux souvent mal représentés dans leur grande diversité » Ainsi, sur la base de séries historiques reconstituées et de diverses analyses conduites par la meilleure expertise scientifique disponible dans la sous région, en collaboration avec des institutions de recherche étrangères Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 renommées, tous s’accordent pour établir ce constat inquiétant et la responsabilité de la pêche sur cette situation ne peut plus être mise en doute L’incohérence économique Fruit du hasard mais aussi raccourci saisissant des incohérences du secteur : Au moment même où les participants au Symposium établissaient ce constat et recommandaient une réduction forte de la pression de pêche sur les écosystèmes, le gouvernement du Sénégal signait le renouvellement d’un accord de pêche avec l ’ U n i o n Européenne pour années Aboutissement d’un long processus de négociation entamé il y a déjà plusieurs mois, il autorise l’accès des eaux sous juridiction sénégalaise un nombre défini de navires industriels européens moyennant une contrepartie financière de 16 millions d’euros par an Fruit du hasard donc, mais raccourci saisissant des incohérences du secteur Comment en effet ne pas s’interroger sur un tel décalage entre les connaissances acquises sur la situation et ses dangers et cette décision publique de gestion ? Au moment où les inquiétudes les plus évidentes se font jour sur l’avenir de l’exploitation, sont prises des mesures aussi éloignées de la réduction de l’effort de pêche, qui pourtant s’impose tous C’est un fait mondial, la réduction effective des capacités de pêche est un processus très difficile mettre en œuvre Les mécanismes macro économiques intervenant dans le secteur de la pêche sont tels que tout conduit au renforcement de la pression de pêche et la « course aux poissons » : la démographie est en hausse et les populations sont de plus en plus concentrées sur le littoral ; la production mondiale stagne (voire décline selon les analyses) et les marchés sont en déficit de produits ; des capacités de pêche dans les pays du nord bénéficient de subventions pour exercer dans les pays du sud ; enfin on assiste une amélioration constante des technologies de localisation des ressources et de leur capture Pour nombre de pays de la sous-région, le diagnostic de la surexploitation des poissons de fond ne date pas d’aujourd’hui Les systèmes de licences mis en place pour la pêche industrielle ont tous échoué et n’ont pu limiter l’expansion des capacités de pêche La pêche artisanale (qui, quant elle, n’est pas limitée) a connu un développement considérable sur le demi-siècle produisant, dans certains pays, un tonnage supérieur la pêche industrielle Parmi les motifs les plus évidents cette dynamique d’expansion, la pêche constitue une des rares opportunités d’emplois dans ces pays ó elle joue un rơle alimentaire, économique et social de premier plan Sa gestion politique se révèle donc particulièrement délicate et peu encline l’adoption de dispositions nécessairement impopulaires En outre, face des activités de pêche domestiques encore mal intégrées dans l’économie nationale, les accords de pêche avec les pays tiers assurent pour des États économiquement fragiles des recettes directes qu’il est difficile de négliger Un chant du cygne trompeur Cette convergence de facteurs qui conduisent la croissance des capacités de pêche peut être aggravée par d’autres effets économiques insidieux et ceci malgré la chute des rendements et des captures totales Par exemple, un des premiers impacts de la pêche sur le milieu est de diminuer l’abondance des grands prédateurs ce qui favorise le développement de certaines espèces proies, auparavant rares, comme certains invertébrés Ainsi, dans la région ouest africaine, certaines espèces de poisson ont vu leur abondance divisée par en 15 années, alors que parallèlement se sont développés le poulpe et la crevette, deux espèces forte valeur commerciale sur le marché mondial Sur le plan strictement économique et court terme, cette succession ộcologique poisson, puis poulpe et crevette, peut donc ờtre perỗue comme fort rentable Elle est, bien entendu, très inquiétante long terme pour l’écosystème, car c’est le signe que tout un édifice écologique complexe a été simplifié Observer, comprendre… agir aussi Cette situation nous fournit aussi un enseignement important L’information scientifique, objective, dont le rôle stratégique est souligné dans le Code de Conduite pour une Pêche Responsable élaboré par la FAO, permet bien de contribuer une juste appréciation des enjeux et des dynamiques en place Pourtant cette information n’est pas suffisante Elle ne suffit pas assurer une prise de décision opportune et ne permet pas de réguler les voies du développement en cours Pour cela, il faut faire appel de nouvelles formes de gouvernance, de nouvelles modalités institutionnelles, de nouveaux modes de régulation qui doivent être identifiés et mis en place Ces innovations auront pour objectif d’adapter les capacitộs de pờche aux ressources exploitables de faỗon durable ; elles devront s’appuyer sur les puissants mécanismes du marché et sur les meilleures informations disponibles Parmi les pistes étudiées travers le monde pour aller dans ce sens on peut citer, entre autres, l’ecolabellisation, les droits de concession, les aires marines protégées Elles devront être examinées pour en apprécier les intérêts respectifs mais de nouvelles voies sont, aussi, explorer sur le plan local en concertation étroite avec les divers usagers des écosystèmes marins eux mêmes « Les pêches maritimes sont la croisée des chemins » déclarait un fonctionnaire de la FAO la Conférence de Reykjavik sur une Pêche responsable dans l’écosystème marin en octobre 2001 Une chose est sûre, ce sont toutes les forces vives et responsables ainsi que toutes les compétences de la Société qui doivent se mobiliser pour trouver les moyens d’arrêter et d’inverser cette redoutable et, pour le moment, inexorable dégradation Contact Pierre.Chavance@ird.sn Pêcheries maritimes, écosystèmes et sociétés en Afrique de l’Ouest : un demi-siècle de changement Dakar, 24 au 28 juin 2002 Symposium international coorganisé par un grand nombre d’institutions dont l’IRD Les conclusions adoptées par les participants au Symposium sont accessibles sur le site web http//www.ird.sn/activites/sih/symposium ... pour des recherches en charge du développement ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre 2002 internationaux, les travaux d’études et de consultance L’enquête a cherché... et /ou la suite de circulations d'eaux riches en sels minéraux dans les interstices du récif « Ceci pourrait peut-être s’expliquer par un Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 16 - septembre/octobre... Antheaume, représentant de l’IRD en Afrique du Sud, remet un numéro de Sciences au Sud un visiteur Camerounais Bertrand Hervieu, Jean-Franỗois Girard et Tokia Saïfi, secrétaire d’État au développement

Ngày đăng: 03/11/2018, 12:48

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