Journal Sciences au sud (IRD) N20

16 145 0
Journal Sciences au sud (IRD) N20

Đang tải... (xem toàn văn)

Tài liệu hạn chế xem trước, để xem đầy đủ mời bạn chọn Tải xuống

Thông tin tài liệu

n° 20 - mai/juin 2003 3,81 € - 25 F bimestriel C a m e r o u n E d i t o r i a l L’abattage sélectif, autrement dit le fait d’épargner certains arbres lors de la défriche de parcelles cultiver, est une démarche fréquente des populations forestières des régions tropicales qui pratiquent l’agriculture itinérante sur brûlis Une étude menée pendant deux ans par une chercheuse en écologie tropicale de l’IRD sur les habitudes culturales et culturelles des Ntumu du Sud-Cameroun a montré qu’au-delà de son utilité immédiate dans l’économie de subsistance, l’abattage sélectif contribue une régénération rapide et diversifiée de la forêt et des jachères Par Patrice Cayré, directeur du département Ressources vivantes de l’IRD L e développement est une urgence pour les pays du Sud Il se fera en conjuguant des impératifs de nature économique et sociale, en les adaptant aux nécessités et réalités locales, incluant les valeurs culturelles et éthiques, régionales et mondiales Le souci de viabilité, dans cette dynamique inscrite dans le long terme, est une constante Les systèmes écologiques, avec L orsqu’ils défrichent une parcelle, les Ntumu protègent systématiquement certains arbres (en moyenne une quinzaine/ha) qu’ils appellent « orphelins de la forêt » « Contrairement ce qui est souvent affirmé, cet abattage sélectif n’est pas lié au manque de main d’œuvre ou de temps, ni la dureté du bois ou au caractère harassant de la tâche, en effet, les espèces conservées possèdent une forte valeur sociale, culturelle, agronomique ou même écologique et ne sont donc pas choisies au hasard », précise Stéphanie Carrière1, dont l’étude s’est inscrite dans le cadre du programme APFT (Avenir des peuples des forêts tropicales) de l’Union européenne Grâce une connaissance très fine du milieu, cette pratique ancestrale recon- leurs ressources vivantes qui constituent la biodiversité, se trouvent au cœur de cette dynamique de développement La biodiversité est un enjeu politique, mobilisateur et intégrateur pour la recherche, toutes disciplines comprises ; mais la biodiversité et sa valorisation représentent aussi un enjeu économique énorme pour le développement, même si ce n’est pas le seul, comme le démontrent les exemples présentés dans ce numéro Une attention particulière doit donc être portée au rôle fonctionnel de la biodiversité, dans toutes ses dimensions (écologique, économique, sociale, culturelle, patrimoniale…), et de sa prise en compte dans les politiques publiques et la gouvernance, notamment dans les pays du Sud Il est légitime de s’inquiéter de l’érosion de la biodiversité (disparition d’espèces), car cet aspect s’impose immédiatement l’observation et sa médiatisation est efficace Il est encore pertinent de s’inquiéter de l’accélération de ce processus du fait de l’ampleur et de l’intensité croissantes de l’impact de l’homme sur l’environnement Ce phénomène n’affecte cependant qu’une fraction du nombre total d’espèces1 Il est en revanche plus difficile d’identifier l’apparition d’espèces nouvelles, car ce processus, largement inconnu, se déroule selon un pas de temps beaucoup plus long E n t r e t i e n De 100 millions selon les estimations dont environ 800 000 décrites ce jour a v e c Pour nettoyer son futur champ d’arachide, une femme Ntumu du village de Mvi’ilimengalé met le feu l’aide d’un bâton vivrière et d’autre part favorise, voire accélère, la repousse des essences forestières longue durée de vie lorsque les champs retournent en jachère, point clé d’un tel système A contrario, dans les parties des parcelles ciel ouvert, on observe un nombre plus important d'espèces pionnières héliophiles, courte durée de vie, le plus souvent des herbacées, parfois envahissantes et qui bloquent le processus de régénération des ligneux « Au fil des siècles, les agriculteurs ont, en sélectionnant systématiquement certaines espèces lors des défrichements, orienté la diversité spécifique de la forêt S e r g e C a l a b r e Arbre isolé (Ceiba pentandra, Bombacaceae) dans un champ vivrier Ntumu camerounaise vers une plus grande proportion d’essences utiles et valorisables », conclut Stéphanie Carrière ● Contact Stéphanie Carrière carriere@bondy.ird.fr www.bondy.ird.fr/~carriere/ Stéphanie Carrière est rattachée l’UR 100 « Transitions agraires et dynamiques écologiques » dirigée par Dominique Hervé Sommaire Nouveau dialogue l’IRD Nouvelle-Calédonie En mars dernier, Serge Calabre a été nommé directeur général de l’IRD Il évoque pour Sciences au Sud son métier, ses ambitions pour l’Institut et un mode de gouvernement de l’IRD fondé sur le dialogue Un état des lieux l’occasion du colloque Préservation et restauration écologique en environnement minier tropical coorganisé par l’IRD p 7-10 © IRD/A Debray Ainsi, l’inventaire et les mécanismes d’apparition d’espèces constituent-ils toujours des thèmes de recherche majeurs Que dire des diverses fonctions (vs écologie) et services (vs gouvernance) rendus par la biodiversité, pour l’exploration desquels on commence tout juste définir des stratégies adéquates Face ces questionnements, l’usage qui tend se généraliser du mot «conservation» (de la biodiversité) n’est pas sans risques Les options philosophiques qu’il sous-tend sont très diverses et parfois contradictoires entre elles et en regard des impératifs d’un développement dynamique et durable des pays du Sud nt certains arbres des qualités particulières : ressources alimentaires (fruits et graines) ou médicinales, bois de chauffe ou de construction, et lieux de chasse privilégiés Au-delà de leur utilité immédiate dans l’économie de subsistance des Ntumu, les arbres orphelins jouent également un rôle moteur dans la fertilité du milieu Constituant des sites de prédilection pour les animaux disperseurs de graines (oiseaux, chauves-souris, singes) qui s’en servent comme perchoirs ou comme abris contre les prédateurs, ils apportent des nutriments (feuilles, fruits, déjections animales) et une humidité accrue dans le sol grâce l’ombrage sous la couronne Ainsi, les arbres isolés dans les champs créent un « microclimat » qui d’une part améliore la production © IRD/S Carrière Les orphelins de la forêt Biodiversité n’est pas conservatisme V ous venez d’être nommé directeur général de l’IRD, mais la recherche pour le développement n’est pas une activité que vous découvrez aujourd’hui Au départ je suis économiste, orienté vers la théorie économique, l’économétrie et l’économie appliquée aux questions de marchés internationaux Cette formation n’était pas directement liée au développement Mais, après être devenu professeur des universités, j’ai opté pour la coopération J’ai été chargé de l’encadrement scientifique de la faculté des sciences économiques d’Abidjan de 1982 1988 Seule faculté d’économie pour un pays de 10 millions d’habitants, c’était un lieu de rencontres régionales et internationales Il fallait assumer toutes les dimensions de la fonction universitaire, l’enseignement, la recherche, l’expertise, jusqu’à la formation des enseignants pour plusieurs universités d’Afrique J’avais aussi des activités de conseiller, pour la recherche ainsi que pour différents ministères Cela m’a conduit nouer des contacts avec de nombreux organismes Cette combinaison actionrecherche-formation me rappelle le métier de l’IRD, un métier que je comprends, dans lequel je me sens bien Quand je suis revenu en France, j’ai intégré l’université de Grenoble où j’ai participé des actions et formations tournées vers le Sud, notamment un Dess, Gestion et dynamisation du développement, qui formait des acteurs du développement En ans, ce programme a couvert quelque 35 pays Je dirigeais parallèlement un laboratoire de recherche tourné vers les questions de développement et de marchés de matières premières Vous avez également eu l’occasion d’avoir une certaine proximité avec l’Institut lors de votre passage au ministère chargé de la recherche ? En 1996 et 1997, j’ai en effet été chargé de la recherche pour le développement au sein de la mission scientifique et technique C’est elle qui expertisait les formations doctoriales et les équipes de recherche universitaires, mais aussi les organismes de recherche, la politique scientifique franỗaise, etc Jộtais notamment en charge de la « tutelle scientifique » de l’Institut, dont le suivi occupait la moitié de mon temps À l’époque, il s’agissait de l’Orstom, aujourd’hui vous arrivez l’IRD comment considérezvous l’évolution ? L’impression que j’ai aujourd’hui est celle d’un institut qui assure de faỗon (suite page 15) Mine et environnement Biodiversitộ Dans chaque rubrique de ce numéro, un article évoque un aspect de la question Actualités Bien vue, la forêt amazonienne p La déforestation suivie par satellite Partenaires Biodiversité, du concept lInstitut p LInstitut Franỗais de la Biodiversitộ, coordonne les recherches en biodiversité Va l o r i s a t i o n Patrimoine biologique Les illusions de la propriété p 11 Réflexions sur la propriété du vivant Planète IRD Face face au CBGP p 12 Entretien au Centre de biologie et de gestion des populations Tr i b u n e Théorie de la viabilité Vers une quantification du principe de précaution p 16 Comment concilier exploitation et conservation d’un écosystème ? Téhéran, une nouvelle cité coopérative, au pied des montagnes comme les quartiers des riches On s’était habitué considérer que l’utopie urbaine n’avait plus prise, au mieux, que sur des fragments de ville Depuis que la mégapolisation s’était emparée du monde entier, même la planification au jour le jour de la fabrique urbaine paraissait vouée un épuisant rattrapage Or voici que, dans la récente inflexion du siècle, certaines des métropoles les plus considérables semblent avoir abordé de nouveaux rivages, où les inversions refondatrices les plus folles paraissent nouveau jouables Ces perspectives sont-elles illusoires ? Sinon, quelles perversions cachent-elles ? Quels dangers, quels bonheurs ? Cette cité privée au doux nom de Dreamland décline, sur le désert, la grammaire des hautes densités du Caire, mais avec des appartements ouverts aux quatre vents Sciences.au.sud@paris.ird.fr IRD - 213, rue La Fayette F - 75480 Paris cedex 10 Tel : 33 (0)1 48 03 77 77 Fax : 33 (0)1 48 03 08 29 http://www.ird.fr Directeur de la publication Serge Calabre Directrice de la rédaction Marie-Noëlle Favier Rédacteur en chef Olivier Dargouge (dargouge@paris.ird.fr) Comité éditorial Franỗoise Bellanger, Marianne Berthod, Jacques Boulốgue, Patrice Cayrộ, Jean-Michel Chassộriaux, Yves Hardy, Jean-Claude Prot, Yves Quéré, Anne Strauss, Hervé de Tricornot, Gérard Winter Rédacteurs Marie-Lise Sabrié (sabrie@paris.ird.fr) Marie Guillaume (guillaum@paris.ird.fr) Samuel Cordier (cordier@paris.ird.fr) Ariel Crozon (crozon@paris.ird.fr) Olivier Blot (blot@rio.net) Correspondants Fabienne Beurel-Doumenge (Montpellier), Bertrand Gobert (Brest), Jacqueline Thomas (Nouméa), Michel Fromaget et Abdoulaye Ann (Dakar) Ont collaboré ce numéro Marie-Agnès Bray Cédric Duval Grégoire Noble Photos IRD – Indigo Base Claire Lissalde Danièle Cavanna Photogravure, Impression Jouve, 18, rue Saint-Denis, 75001 Paris - Tél : 01 44 76 54 40 ISSN : 1297-2258 Commission paritaire : 0904805335 Dépôt légal : mai 2003 Journal réalisé sur papier recyclé Le déclic des années 1990 Cette découverte et ces questions sont l’aboutissement inattendu du séminaire du Centre de prospective et de veille scientifique du ministère de l’Équipement, conduit par Philippe Haeringer (IRD et Paris X-Nanterre) de 1999 2001 Les cas de Moscou, d’Istanbul, du Caire, de Téhéran, de Shanghai, de Hongkong et de leurs régions y furent successivement examinés Il ne s’agissait que d’illustrer la diversité des configurations mégapolitaines et d’en scruter le devenir La surprise vint d’un avenir explicitement (ostensiblement ?) tracé sur le terrain de ces régions urbaines dont la dimension (réelle ou en pointillés) échappe désormais l’échelle des océans mégapolitains laquelle on venait peine de s’accoutumer Une autre géométrie tend se substituer l’expansion aréolaire De nouveaux espaces s’inventent, qui ne sont plus « la » ville dont on veut s’échapper tout en souhaitant retrouver ses vertus premières Quel que soit le point de départ, quelle que soit la configuration urbaine dont on veut s’extraire, cette aspiration conduit un retournement des modèles antérieurs Le plus étonnant est que la métamorphose est d’emblée envisagée l’échelle du système urbain tout entier On n’est plus dans un schéma additionnel, où quelques pièces s’ajouteraient, comme d’habitude, au puzzle Une nouvelle épure, portée par un discours ambiant fortement teinté d’utopie, se met en place Moscou L a capitale russe sort de l’ère soviétique avec un tissu résidentiel exclusivement composé de blocs collectifs Ses habitants n’oublient pas que leur accès un appartement d’immeuble avait été, il n’y a pas si longtemps, vécu comme une promotion Pourtant, toutes leurs pensées vont vers les datchas devenues « cottages » qui, en dix ans, ont envahi la périphérie forestière de la ville Mais cette improbable alternative résidentielle en « double inversé » (du tout collectif au tout individuel) répond une ambition plus réaliste : la reconstruction privative des cités khrouchtchéviennes délabrées Programme colossal prudemment renvoyé l’horizon 2020 Pendant ce temps, une autre refondation va bon train : la réhabilitation ou reconstitution, au centre de la ville, d’un patrimoine classique spolié par le régime précédent ● Shanghai O n peut dire que la métropole du bas Yangzi s'est refondée trois fois en dix ans Une première fois en créant ex nihilo son double idéalisé sur l’autre rive (Pudong = rive orientale) du fleuve Huangpu ; une seconde fois en se recomposant in situ sur la rive initiale (Puxi = rive occidentale) l’image de Pudong ; la troisième en assurant sagement, face ces deux figures trop inspirées par des ambitions mondialistes, une « ville réelle » pour la majorité de ses habitants Dans un immense halo de cités nouvelles, le Puxi d’avant 1990 expulse de son centre transfiguré tous ceux dont les courées surpeuplées ont été rasées au profit d’une verticalité élitiste ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Si le passage de l’utopie la réalité s’effectue des rythmes très contrastés, si les pesanteurs de la ville réelle renvoient souvent le rêve l’épaisseur du siècle, un fil rouge relie néanmoins tous les exemples (et quelques autres) pris dans cet immense orient du monde Dans tous les cas, en effet, le signal de l’aventure intervint dans le tout début des années 1990, en liaison évidente avec la fin du bipolarisme idéologique Ce constat peut être fait non seulement dans les pays de l’ancien bloc communiste, mais aussi dans ceux qui, sur le glacis méridional de ce bloc, restaient empreints d’une conception étatiste de la « fabrique » urbaine Cédant simultanément au nouveau climat mondialiste, ils ont déclenché une ruée convergente issue de toutes les attentes longuement contenues, où s’entrecroisent affairisme et soif de renouveau, appel du futur et quête de valeurs perdues Du rêve la réalité Une telle genèse indique quelle panoplie d’inquiétudes cette refondation mégapolitaine peut susciter, au rang desquelles figure le risque d’une société plus duale que jamais, partagée entre une ville-poubelle, héritière des vieilles structures et laissée pour compte, et une galaxie de cités d’élus, emmenant dans son sillage une nouvelle classe moyenne alliée et complice Dans les cas les plus radicaux, la ville d’avant est entièrement remise en cause, passée au pilon, et la population massivement transférée Un tri s’opère alors, les uns accédant l’espace de lumière, celui de la ville « quaternaire », les autres étant conduits dans une immense arrière-cour, certes neuve et repensée, mais prosaïquement attelée aux tâches de l’économie de production À ce distinguo fonctionnel peut s’en ajouter un autre, séparant population résidente et population flottante, cette dernière notion permettant d’associer au travail urbain une migration rurale peu exigeante Un autre péril tient au décalage inhérent aux grands chantiers, ici décuplé, entre une projection quasi onirique dans le futur et les capacités d’absorption du présent Partout la crise est survenue avant que ne s’achève la première décennie, prenant la forme © IRD/Ph Haeringer Les utopies refondatrices des métropoles d’Orient désormais classique d’une bulle immobilière et financière Mais la crise passe et la bulle demeure, car elle est plus structurelle que conjoncturelle L’utopie est toujours là, jouée la fois par le pouvoir politique, les investisseurs et bâtisseurs, les banques, les particuliers La cité nouvelle reste suspendue entre réalité et virtualité, avec ses centaines de milliers de logements… vides L’échelle temporelle en jeu est celle du quart de siècle, du demi-siècle, et c’est probablement un abâtardissement réaliste de l’épure qui assurera le plein de la cité nouvelle en même temps qu’une certaine démocratisation de son peuplement Née du vent de la mondialisation, la pulsion refondatrice va de pair avec une accélération de la polarisation économique Elle se nourrit en partie aux nouveaux couloirs industriels irradiant des plus grandes métropoles C’est pourquoi, tout en sachant que le phénomène fait également modèle auprès de villes moins importantes, il faut parler de refondation mégapolitaine, l’accent devant être mis sur la dimension démographique, résidentielle, urbanistique et sociale du défi engagé Les grandes incertitudes qui planent sur ce nouveau chapitre de l’histoire urbaine sont en effet rechercher davantage de ce côté que dans le destin économique des nouvelles places mondiales Même si les deux versants sont solidaires ● Contact Philippe Haeringer phildanh@club-internet.fr Glossaire Mégapolisation : processus qui précipite l’ensemble de la population mondiale vers les bassins d’urbanisation, accompagné ou non du mouvement de concentration des pouvoirs économiques et régionaux qui caractérise la métropolisation Expansion aréolaire : logique de croissance spatiale « en tache d’huile » produisant une aire urbaine continue Aujourd’hui transgressée au profit d’autres figures Ville réelle : par opposition une nouvelle épure qui prétendrait s’imposer une ville sur une inspiration utopiste, réalité tangible qu’une inertie physique et sociologique fait perdurer Ville poubelle : marquage péjoratif de la ville réelle Les populations et activités indésirées dans la ville refondée y sont plus ou moins abandonnées leur sort Ville quaternaire : figure urbaine produite par une économie immatérielle issue de l'ère informatique, ou par une strate mondialisée des services et des affaires Elle se superpose aussi bien la « ville réelle » qu’à une « économie réelle » Population flottante : population vivant et travaillant temporairement dans une métropole sans jouir de tous les droits Elle peut être clandestine et pourchassée, ● ou régulièrement exploitée En savoir plus © IRD/Ph Haeringer En 1990, un tournant affairiste de la révolution iranienne inspira au nouveau maire de Téhéran une politique de permis de construire qui, remettant en cause un habitat familial traditionnel, déclencha une refondation verticale in situ, ainsi qu’un redéploiement spatial brisant l’ancienne stratification sociale au profit d’une nouvelle classe moyenne En 1993, un changement de cap débloqua, au Caire, un vieux projet : transférer la croissance de la ville sur les plateaux désertiques qui l’environnent, afin de préserver les terres agricoles du delta Il suffisait d’adjuger le désert de grandes compagnies privées En six ans, une superficie double de l’agglomération d’alors est lotie, urbanisée, construite Mais le peuplement de ces nouveaux espaces prendra beaucoup plus de temps La même anticipation immobilière est observée Istanbul, où l’on a calculé que les logements disponibles pourraient contenir deux fois la population stambouliote existante ● © IRD/Ph Haeringer Actualités Le Caire Téhéran Istanbul Le nouveau Shanghai avance sur le vieux Puxi Philippe Haeringer (dir.), La refondation mégapolitaine Une nouvelle phase de l’histoire urbaine ?, tome : L’Eurasie post-soviétique, IRD et Centre de prospective et de veille scientifique, Ministère de l’Équipement, 2002, 332 p et 18 planches photographiques Tome partre : L’Orient méditerranéen et persique Voir aussi, du même auteur : Du saisissement de Moscou la rage de Shanghai Deux fausses sorties de l’ordre urbain communiste, Diogène, n° 194, 2001 ; Le Caire et la refondation mégapolitaine au Proche-Orient, une comparaison avec Istanbul et Téhéran, EurOrient, n° 12, 2002, pp 57-104 ; Métropoles d’Orient et d’Extrême-Orient Le retour d’une utopie refondatrice, Géopolitique, PUF, n° 81, janvier-mars 2003 V i ê t - n a m Pneumopathie atypique Les leỗons dune ộmergence D Sộlim â IRD/M dans ce nouveau contexte Pour le culte de Lieu Hanh, il s’agit d’une espérance qui peut être reportée sur les descendants, qui auront la fortune grâce la médiation de la divinité, précise l’anthropologue C’est un rêve d’intégration sociale et économique dans une société nouvelle dont les gens ne connaissent pas les règles » La recherche des morts, quant elle, est une manière de s’assurer que les enjeux des luttes passées, contre le colonialisme et l’impérialisme, ont disparu « Si on retrouve ses morts, on a la conscience tranquille et surtout on nettoie le paysage des guerres On est dans un autre monde, dans lequel il n’y a plus d’enjeux idộologiques et oự le marchộ rốgne de faỗon univoque Lẫtat considère de surcrt que l’enrichissement personnel est un enrichissement collectif pour la nation » Ces logiques religieuses, dans leur diversité, sont donc des logiques d’intégration des sujets individuels et des familles dans la nouvelle société À l’échelle du Viêt-nam, la libéralisation religieuse actuelle est la fois un facteur de cohésion nationale, et une échappée de liberté extraordinaire En effet, le culte de Lieu Hanh a été suspendu pendant près de 40 ans, comme toutes les pratiques religieuses « L’État cherche s’approprier cette explosion religieuse, et la circonscrire dans un cadre de reconstruction du nationalisme La fierté nationale est réarrimée la beauté des traditions » Aujourd’hui, des vêtements traditionnels réapparaissent dans de nombreuses cérémonies ; ces costumes sont portés par les hommes âgés avec autant de plaisir que de dignité Enfin, le regain du religieux et du capital culturel autour de la notion de tradition est important pour l’image que le Viêt-nam donne de lui au monde entier La renaissance de groupes de danse et de rituels est organisée et les touristes se précipitent aux cérémonies « Si on prend le regard extérieur du touriste, on peut penser que le pays est dans un contexte de liberté et de croyances et ne pas voir ce qu’il en est réellement au niveau de la situation sociale et économique », conclut Monique Selim ● Contact monique.selim@bondy.ird.fr Monique Selim, directrice de recherche l’IRD, dirige l’UR 03, Travail et mondialisation Ses recherches au Viêt-nam font l’objet de deux livres publiés aux éditions l’Harmattan : Pouvoirs et marchés au Viêt-nam, Le travail et l’argent (T1) et Les morts et l’État (T2) (Voir page 14.) Costumes traditionnels Hanoï Bien vue, la forêt amazonienne Phénomène complexe, l’intense déforestation du bassin amazonien résulte de multiples facteurs Pour suivre son évolution, des chercheurs de l’IRD ont mené de janvier 2000 décembre 2002 une étude1 s’appuyant sur la télédétection Le croisement des données obtenues des échelles et des dates différentes permet d’appréhender la taille des surfaces défrichées, leur diversité et les dynamiques d’occupation des sols en Amazonie ment d’une grande quantité de relevés de terrain et de données socio-économiques, a également permis d’interpréter © TRFIC, BSRSI, traitements Tsayem/LRT, IRD Cayenne L es chercheurs de l’unité Espace de l’IRD (US 140) ont mis en uvre la dộmarche dite hiộrarchique descendante en Guyane franỗaise Habituellement utilisée par les géographes, cette méthode consiste analyser le couvert forestier amazonien l’aide d’une gamme complète d’outils de télédétection permettant de prendre en compte les échelles régionales2 (2 000 km de côté), sous-régionales3 (de 185 60 km de coté), et locales4 (quelques dizaines de kilomètres) Les chercheurs ont ainsi pu mettre en évidence la diversité des tailles des parcelles défrichées dans la forêt amazonienne, des grandes zones de déboisement comme les fronts pionniers brésiliens aux petites parcelles défrichées d’un hectare environ que représentent les abattis en Guyane franỗaise Lanalyse dimages enregistrộes des dates diffộrentes, parallốlement au traite- les processus de déforestation et de reforestation Les abattis de Guyane correspondent une occupation agricole spontanée et souvent momentanée, alors que les fronts pionniers, au Brésil, s’inscrivent dans une logique gouvernementale d’octroi et de mise en valeur agricole de l’espace forestier, l’origine des défrichements et d’une occupation pastorale permanente Tandis que la déforestation imputable aux abattis a progressé au rythme de 0,2 % par an dans la région de Saint-Georges de l’Oyapock, de 1958 Structure et organisation des fronts pionniers : caractérisation des parcelles l’échelle sous-régionale Vert foncé : forêt dense ; vert clair : pâturages friches ; rose : cultures, bâti, routes 1998, l’extension des fronts pionniers brésiliens a elle, progressée de 1988 1998 au rythme de 1,2 % par an sur le site étudié dans l’État du Para5, sans processus de reforestation apparent En considérant les différentes échelles spatiales de la déforestation en Amazonie, cette approche par la télédétection permet d’observer l’impact de l’activité humaine sur la forêt : défrichements agricoles, péri-urbanisation spontanée, orpaillage, exploitation forestière illégale Elle offre par conséquent des perspectives intéressantes en matière d’observatoire de l’occupation du sol en Guyane franỗaise et pourrait constituer un outil de plus pour la gestion de la forêt amazonienne dans le cadre de coopérations régionales ● Contact mtsayem@nomade.fr polidori@cayenne.ird.fr Jean-Marie.Fotsing@orleans.ird.fr Dans le cadre de la thèse de doctorat de Moïse Tsayem Demaze subventionnée par le CNES et l’IRD et encadrée par Jean-Marie Fotsing et Laurent Polidori Étudiée grâce aux images satellites des capteurs NOAA - AVHRR et Spot - Végétation Étudiée avec les images Landsat et Spot Étudiée grâce la photographie aérienne D’après les calculs effectués sur les images Landsat TM Entretien avec Jean-Paul Gonzalez Que vous inspire l’émergence du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), la pneumopathie atypique, et de sa propagation ? L’émergence de cette maladie correspond un modèle craint depuis la fin des années 1980 quand a été défini le concept de maladie émergente : la diffusion des virus autour de la planète par les avions Il n’y avait jamais eu jusqu’à présent que des cas isolés Ici on voit bien une succession du « trafic de virus », d’abord entre la Chine continentale et Honk-Kong, puis vers Hanoï, Singapour, l’Europe et l’Amérique Le second aspect original tient la complexité de la maladie, l’origine de la difficulté identifier l’agent responsable et donc mettre en place un diagnostic Les Chinois ont d’abord isolé une chlamidia au mois de février, les Allemands et les Indonésiens ont ensuite trouvé un paramyxovirus, enfin récemment plusieurs laboratoires ont découvert un coronavirus Vous évoquez la possibilité de deux agents simultanément responsables de la maladie, pourquoi ? Au-delà de la difficulté isoler un germe, il existe, semble-t-il, plusieurs profils épidémiologiques : l’un favorise la transmission de proximité par la salive, l’autre une contamination orale-fécale, enfin une contamination par aérosols (le virus reste en suspension dans l’air) a aussi été évoquée On a donc un ensemble de phénomènes que n’explique pas un virus unique Je pense que plusieurs épidémies se sont succédé ou chevauchées Les trois germes identifiés sont peut-être intervenus dans la pathologie et il est encore difficile de donner plus de poids l’un qu’aux deux autres bien que le coronavirus qui a pu être isolé chez plusieurs patients guéris ou décédés soit un candidat trốs fort Quelles leỗons pour lavenir peut-on dores et déjà tirer de cette épidémie ? Je pense que cet événement souligne l’intérêt de mettre en place un réseau permanent de laboratoires indépendants des États qui permette d’assurer une surveillance des manifestations cliniques et infectieuses anormales et l’identification rapide des germes Il faudrait associer dans un tel réseau une majorité de pays du Sud Je pense aussi qu’il serait souhaitable que l’Europe se constitue un outil de détection, un centre européen de recherche dans ce domaine Ce dernier permettrait notamment de favoriser le développement de compétences en épidémiologie clinique, en particulier dans les pays du Sud De quelle manière êtes-vous impliqué dans les recherches conduites sur les SRAS en Thaïlande ? Nous avons créé un centre de recherche sur les maladies virales émergentes (RCEVD) en partenariat entre l’IRD et l’Université, avec un financement important du gouvernement thaïlandais Il fonctionne depuis près de ans et fait partie du réseau de surveillance de la dengue Le ministère de la santé a contacté Sutee Yoksan, mon partenaire direct au RCEVD, pour nous demander Jean-Paul Gonzalez de participer la sur- est médecin virologiste, veillance des cas sus- directeur de l’unité de recherche 34, Maladies pects et la mise en virales émergentes et place du diagnostic des système d’information SRAS, ce que nous allons et co-directeur du Centre faire en partenariat de recherche sur les maladies virales avec mes collègues de émergentes l’université l’université de la Médi- Mahidol en Thaïlande terranée Marseille ● frjpg@mahidol.ac.th Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Actualités Les trois champs d’investigation aborepuis quelques années, le dés sont les pratiques cultuelles autour religieux revient en force au de Lieu Hanh, une divinité « redécouViêt-nam Des rites supposés verte » et très populaire ; les devinsancestraux réapparaissent, une animavoyants et toutes les techniques de l’oction importante règne dans les temples culte qui prolifèrent actuellement ; et les pagodes et les commerces spéciaenfin, le phénomène de masse présent lisés dans les objets de piété se multidans tous les médias de la recherche plient En même temps, le pays connt des morts et des disparus des guerres des transformations sociales induites contre la France et les États-Unis par le passage une économie de marLes pratiques religieuses au Viêt-nam ché décrété en 1986, et concrètement comme ailleurs sont remaniées, appliqué en 1990 Pour analyser ces déviées, bref en bouleversement comtransformations, Monique Selim, plet « Chaque moment historique, anthropologue l’IRD1, s’est penchée explique Monique Selim, s’accompagne sur la sphère religieuse « C’est au Laos, d’une nouvelle forme de pratiques reliau cours de mes recherches sur le gieuses Il ne faut pas penser une monde du travail, que j’ai compris qu’il forme originelle, mais une sorte de pourrait être important de prendre ces capital culturel idéel, symbolique, qui pratiques religieuses comme révélaexprime la manière dont les gens perteurs et symptômes, et surtout comme ỗoivent les changements en cours ằ analyseurs du point de vue des gens sur Ces pratiques, les cultes, les ces transformations éconovisions qui en découlent, miques », souligne servent actuellement de Monique Selim repères et de ressources Les enquêtes anthrod’espérances pologiques ont été menées dans une pendant deux ans Hanoï période de muet dans sa périphérie en tation complète collaboration avec des et particulièrechercheurs vietnamiens ment difficile très demandeurs de ce type pour l’emploi de coopération après un En effet, le cours d’anthropologie Viêt-nam traverse assuré en 1993 avec une période où, Bernard Hours et la préd’une part, les licensentation des résultats ciements sont impordes recherches menées tants dans tout le secau Laos « J’ai procédé teur public ; et, d’autre d’une manière extrêmepart, la course aux gains ment classique, en écouindividuels est devenue un tant les gens chez eux et phénomène décisif « Les dans les lieux de culte », précise Monique Selim Remise d’offrandes gens ont besoin de se situer Cérémonie sur le lieu de naissance de Lieu Hanh © IRD/M Sélim Au Viêt-nam, le constat d’un regain des cultes et des pratiques divinatoires, encouragé par une opération de revitalisation identitaire de l’État, a incité l’anthropologue Monique Selim explorer la sphère religieuse ©IRD/M Sélim Des rites foison R o u s s i l l o n P méditerranéen et tropical résulte d’un partenariat entre l’Ifremer, l’IRD et l’UM II C’est la base métropolitaine de six unités de l’IRD et il est appelé se développer Une centaine de chercheurs dont 35 de l’IRD y travaillent Les équipes de l’IRD Montpellier participent 10 Écoles Doctorales et les chercheurs contribuent individuellement plusieurs enseignements pour un volume annuel total de 000 heures remière structure commune sortie de terre en 1994, la Maison de la télédétection regroupe des équipes et des moyens du Cemagref, de l’Engref, du Cirad et de l’IRD, soit une cinquantaine de personnels permanents, dans le domaine de l’analyse et du traitement des données géoréférencées Depuis octobre 2000, la Maison des sciences de l’eau (MSE) née de l’association de l’UM II, du CNRS et de l’IRD, accueille plus de 130 personnes dont une trentaine de doctorants et stagiaires autour des problèmes de ressource et de qualité des eaux continentales L’Institut languedocien de recherche sur l’eau et l’environnement, récemment créé et dirigé par Pierre Chevallier (IRD), y est également hébergé Inauguré en mai 2001 Sète, le Centre de recherche halieutique BTS Atelier PAL+ 2003 Du au avril 2003 s’est déroulé Anglet le premier Atelier intégratif du programme PAL+, Action concertée incitative de recherche sur le paludisme et d’autres maladies transmissibles associées, pour les pays en développement, organisé par le ministère de la Recherche et des Nouvelles Technologies Plus de 200 spộcialistes du paludisme, franỗais et originaires des pays francophones, se sont réunis pour prendre connaissance de l’ensemble des opérations engagées dans le cadre du programme PAL+ Une cinquantaine de chercheurs de l’IRD ont pris part cet atelier qui s’est inscrit dans une volonté de poursuivre des actions de recherche au bénéfice des pays du Sud Quatre sessions ont structuré la rencontre : Manifestation du paludisme : des populations aux gènes ; Potentiels et limites de la chimiothérapie antipalustre ; Stratégies de prévention de l’infection palustre : espoir et réalisme ; et Dimensions socio-anthropologiques de la santé dans les pays en développement Au cours de cet atelier, les chercheurs ont pu faire la part belle l’entomologie et notamment aux progrès de la connaissance biologique et génétique de l’anophèle, vecteur de la maladie ● Contact nicole.terrien@recherche.gouv.fr C e r e f e r Le bon contact Dans le numéro 19 de Sciences au Sud, la présentation du projet européen Cerefer concernant l’amélioration des qualités nutritionnelles, sanitaires et de conservation d’aliments africains base de céréales fermentées, mentionnait comme le seul contact le directeur de l’UR 106, Nutrition, alimentation Sociétés, Francis Delpeuch Plus précisément, au sein de l’UR 106 Montpellier, la coordination du projet est assurée par Jean-Pierre Guyot Pour tout savoir sur Cerefer, le site internet du projet vient d’ouvrir l’adresse ● http://www.mpl.ird.fr/cerefer Contact Jean-Pierre Guyot Jean-Pierre.Guyot@mpl.ird.fr DEUG 23 DESS 18 doctorants 102 DAA DEA 22 © IRD/J.-N Jacques En s’appuyant sur son Centre de Montpellier, l’IRD assure un partenariat multiforme avec les universités et les principaux établissements d’enseignement supérieur de la Région Languedoc-Roussillon Des accords-cadre ou des conventions de coopération ont ainsi été signés en particulier avec les trois universités de Montpellier, l’université de Perpignan, l’École nationale supérieure agronomique de Montpellier (Ensam), le Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (Cnearc) La maison de la télédétection Montpellier regroupe notamment l’US Espace, Spatialisation des connaissances sur l’environnement ; le Laboratoire d’étude des transferts en hydrologie et environnement UR 012, LTHE et l’équipe Roselt, Réseau d’Observatoires de Surveillance Écologique (http://www.teledetection.fr) Le nombre d’étudiants accueillis sur le centre de Montpellier reflète bien le niveau d’investissement dans la formation des jeunes chercheurs, ingénieurs et techniciens Europe Pays du Sud 40 % 53% France Origine géographique des doctorants environ (11 DEA et DESS) Ces contributions couvrent un large champ thématique : de l’hydrologie la santé en passant par l’écologie ou la génétique des plantes Les équipes de l’IRD sont impliquées dans 10 unités mixtes associant des universités2 La direction de d’entre elles est assurée par des chercheurs de notre institut Deux autres UMR sont en formation, dans les domaines de la nutrition et de la pharmacologie L’IRD participe Instituts fédératifs de recherche (IFR) en région3, dont sont dirigés par l’institut Nos structures accueillent une petite dizaine d’enseignants – chercheurs dans les structures de l’IRD et réciproquement des équipes IRD (environ 20 chercheurs) mènent leurs activités dans des établissements d’enseignement ● Contacts Georges.Denoni@mpl.ird.fr, Directeur.Centre@mpl.ird.fr UR 61, Eco – éthologie des poissons pélagiques marins ; UR 70, Réponses adaptatives des poissons aux pressions environnementales ; UR 97 Idyle, Interactions et dynamiques spatiales des ressources renouvelables dans les écosystèmes d’upwelling ; UR 98 Flag, Déterminisme et conséquences des efflorescences algales ; UR 109, Thetis, Thons Tropicaux : Environnement , exploitations et interactions dans les écosystèmes ; US 7, Systèmes d’information halieutique Symbioses tropicales et méditerranéennes « (Cirad, Ensam, Inra, IRD, UM II) ; Biologie du développement des plantes pérennes cultivées (IRD, Cirad, Ensam, Inra) ; Hydrosciences (IRD, UM I, UM II, CNRS) ; Centre d’étude sur le polymorphisme des micro-organismes » (IRD, CNRS, UM I, UM II) ; Génome et développement des végétaux (CNRS, IRD, Université de Perpignan) ; Diversité génétique des plantes cultivées (Inra, EnsaM, IRD, Cirad, UM II) ; Botanique et bioinformatique de l’architecture des plantes (Cirad, CNRS, Inra, Ird , UM II) ; Centre de biologie et de gestion des populations (IRD, Inra, Ensam, Cirad) ; Sida et maladies associées (IRD, UM I) ; Laboratoire d’étude des interactions sols – agrosystèmes – hydrosystèmes (Inra, IRD, Ensam) Biodiversité continentale, tropicale et méditerranéenne (UM I, UM II, CNRS, Inra, IRD, Cirad, Ensam) ; Institut montpelliérain de biologie (UM I, UM II, CNRS, Inserm, Inra, IRD, Ifremer, Centre Régional de Lutte contre le Cancer) ; Institut Languedocien de Recherche sur l’Eau et l’Environnement (BRGM, Cemagref, Cirad, CNRS, Ecole des Mines d’Alès, Engref, Ensam, Inra, IRD, UM I, UM II) ; Fonctionnement et gestion des écosystèmes continentaux, terrestres naturels et cultivés, méditerranéens et tropicaux (Cirad, IRD, Ensam, Inra, CNRS, Cnearc, UM II) ; Génomique et Biologie Intégrative des Plantes (UM II, Université de Perpignan, Ensam, Cirad, CNRS, Inra, IRD) ; Ecosystèmes aquatiques : anthropisation, fonctionnement et productions (Cemagref, Cirad, CNRS, Ifremer, IRD, UM I, UM II) A I D E R Comprendre et mtriser le territoire Le CIAT1 et l’IRD s’associent dans un programme de recherche appelé AIDER autour d’une Approche intégrée du développement régional dans les pays andins L e projet AIDER est né de la rencontre entre des préoccupations de recherche (comprendre les transformations des espaces ruraux dans un contexte de globalisation de l’économie), des besoins en méthodologie d’action pour le développement (approche participative, réseaux d’innovation pour la lutte contre la pauvreté, gestion des ressources naturelles) et des nécessités d’actions locales (le développement intégré des communautés paysannes) AIDER c’est aussi la rencontre de trois types d’institutions (IRD, CIAT et ONG) ayant des préoccupations connexes et dont les modes d’intervention sont largement complémentaires « Les réponses apportées la question du développement des pays du Sud ont longtemps été focalisées sur des aspects de productivité, de consommation ou de contrôle technologique sur des structures de production, précise Hubert Mazurek géographe l’IRD2 Elles ont vite montré leurs limites pour plusieurs raisons D’une part, la dimension de la gestion durable de l’environnement et de lutte contre la pauvreté se révèlent contradictoires dans une approche du développement centrée sur la croissance économique D’autre part, la question de la sécurité alimentaire Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 n’est pas rattachée un problème de production Les obstacles sont plutôt de nature politique et sociale » Le développement ne doit plus alors ờtre conỗu comme une action directe sur le processus de production « Nous proposons une entrée par les interactions “milieu-espace-société” : mettant l’ac- cent sur l’analyse pluridisciplinaire des usages que la société fait des milieux naturels et des ressources » Le programme de recherche AIDER propose de développer, au sein d’un réseau de partenaires, les bases théoriques de mise en œuvre de l’approche intégrée des milieux et des sociétés ainsi que des méthodes permettant d’orienter des politiques d’aménagement du territoire ou de lutte contre la pauvreté L’objectif est d’intégrer les diverses composantes politique, sociale, économique et environnementale des échelles intermédiaires (région, département, territoire), en interaction avec les échelles plus locales Son approche est transdisciplinaire de faỗon ộvaluer les interactions entre ces composantes, de manière dynamique Il se fonde également sur une vision spatiale de ces interactions permettant de gérer ainsi les équilibres et les conflits d’usagers ou de ressources Ce programme se développera en coordination avec des programmes d’action du CIAT sur la lutte contre la pauvreté et pour la sécurité alimentaire Les pays prioritaires sont la Bolivie et l’Équateur mais d’autres programmes, implantés au Nicaragua, Honduras, Pérou et Colombie, seront associés au sein des séminaires de travail ● Contact IRD, Mazurek Hubert mazurek@mpl.ird.fr CIAT, Rural Innovation Institute Nathalie Beaulieu n.beaulieu@cgiar.org http://www.mpl.ird.fr/crea/ © IRD/ C Dejoux Partenaires Partenaire de l’enseignement supérieur © IRD/B Marin L a n g u e d o c Agriculture traditionnelle Au fond, la ville de la Paz Parmi les diverses actions, le programme Aider permettra la constitution d’un réseau autour de la thématique « Territoire et développement », associant des organismes de recherches au Nord et au Sud, des institutions publiques et des ONG d’Amérique latine Ce réseau se concrétisera en juin par la tenue d’un atelier, organisé conjointement par la FAO, l ‘IRD et le CIAT CIAT : Centre International d’Agronomie Tropicale, situé Cali (Colombie) fait partie du groupement des CGIAR (Consultative Group on International Agricultural Research) financé sur programme par des institutions internationales et des gouvernements, dont la France US 140 l’US Espace, Spatialisation des connaissances sur l’environnement Biodiversité du concept l’institut « Une ambition mieux ciblée ằ Avec lInstitut franỗais de la biodiversitộ, la communautộ scientifique franỗaise dispose dune structure de coordination des recherches en biodiversitộ Ce groupement d’intérêt scientifique regroupe ministères et organismes de recherche, dont l’IRD, et des associations Après deux années d’existence, portrait « À l’origine l’IFB a été crée en remplacement d’un programme national dont les capacités de mobilisation de la communautộ scientifique franỗaise avaient ộtộ jugộes insuffisantes LIFB devait donc être léger, très réactif pour mobiliser la communauté scientifique nationale La structure proposée nous a d’abord semblé trop lourde et trop complexe et donc en contradiction avec le souhait initial Aussi, la capacité de l’IFB mobiliser sur les questions scientifiques relatives la biodiversité paraissait insuffisante par manque de choix thématiques Le simple affichage d’un thème biodiversité n’est pas structurant scientifiquement : toute recherche ou presque peut se targuer d’un lien avec la biodiversité Cette absence initiale de choix opérés a par ailleurs engendré de nombreuses confusions et redondances avec dautres actions ou programmes incitatifs franỗais et internationaux Le récent appel d’offres – décembre 2002 – lancé par l’IFB témoigne fort heureusement d’une prise de conscience de cette nécessité de bien cibler et de privilégier quelques thématiques ou questions scientifiques ayant trait la biodiversité pour pleinement jouer le rôle mobilisateur qui doit être celui d’un GIS Ces évolutions positives ont justifié la récente adhésion de l’IRD l’IFB Les réponses faites par des équipes de l’IRD aux appels d’offre de l’IFB témoignent, s’il en était besoin, de la réalité et de l’importance de l’implication de l’Institut sur les questions ayant trait la biodiversité, qui maints égards représentent des enjeux essentiels pour les pays du Sud.» ● © IRD/S.Cordier Installé au Muséum national d’Histoire naturelle, au premier ộtage de la maison de Buffon, lInstitut franỗais de la biodiversité compte personnes (dont temps partiel) L’IRD est le dernier des neuf organismes de recherche être entré l’IFB De quelle manière et dans quel cadre, les deux organismes travaillent-ils ensemble ? « Les chercheurs de l’IRD se sont emparés de l’IFB dès le début, souligne Jacques Weber, la fois par l’animation de groupes de réflexion et par une réponse en nombre et en qualité aux appels proposition de recherche Ainsi, Marie-Christine Cormier Salem dont le rôle d’animation a été important pour l’IFB depuis sa crộation, ou encore de Jean-Franỗois Guộgan, parmi dautres ằ Lộquipe de Jean-Franỗois Guegan est lorigine du thốme Biodiversité santé environnement au sein de l’IFB « Il devrait y avoir un point spécifique sur ce thème dans l’appel d’offres de la Commission européenne en 2004 Il faut maintenant que des organismes comme l’IRD ou l’INSERM se le réapproprient : L’IFB est une plateforme de coordination, et de stimulation, non de programmation : la recherche reste du seul ressort des organismes » Les projets d’appels d’offres de l’IFB sont élaborés par sa commission scientifique et proposés ensuite au conseil de groupement « La commission scientifique a un rơle fondamental, explique Jacques Weber, l’éventail des compétences va de la taxonomie la philosophie des sciences en passant par l’écologie, l’économie, la géographie, l’anthropologie ou la politologie C’est une commission réellement interdisciplinaire » Dès sa création, l’IFB a lancé un appel d’offres non ciblé caractère explora- toire : « l’enjeu était de faire conntre l’IFB et d’évaluer les forces et les faiblesses de la communautộ scientifique franỗaise dans le domaine de la biodiversité », précise Jacques Weber L’appel d’offres 2002, s’intitulait Dynamique de la biodiversité : accès et usage ; « c’est le lien réel entre les pratiques humaines et la dynamique de la biodiversité » Le dernier appel d’offres, lancé cette année, concerne les interactions entre biodiversité et changements globaux ; ô il a ộtộ conỗu par lIFB et repris son compte par le ministère de l’Écologie et du Développement durable, au sein du programme changements climatiques (GICC) ằ En 2001, lIFB est devenu la composante franỗaise de la plate-forme Européenne de recherche en biodiversité (EPBRS)2 ; « nous sommes considéré comme la plate-forme la plus structurée au plan européen, c’est la raison pour laquelle une dizaine de pays européens soucieux de se doter d’une coordination pour la biodiversité, nous ont demandés de coordonner un réseau3 dans le cadre du 6e Programme cadre de recherche et développement technologique de la Commission européenne » ajoute Jacques Weber L’IFB est aussi le point focal pour la France du SBSTTA (Subsidiary Body for Scientifical, Technical and Technological Advice), de la convention internationale pour la diversitộ biologique, et la plate-forme franỗaise du programme mondial4 qui vise mettre en commun des bases de donnộes taxonomiques Enfin, lIFB est le reprộsentant franỗais de Diversitas, le programme mondial sur la biodiversité L’une des missions de l’IFB est aussi de porter les avancées des recherches en matière de biodiversité la connaissance de la communauté scientifique, des utilisateurs potentiels – les décideurs et les gestionnaires – et du grand public C’est la raison pour laquelle l’IFB a ouvert son site internet, lancé La lettre de l’IFB et va commencer publier des ouvrages ● Contact Martine Morteau, IFB morteau@mnhn.fr Les membres du conseil de groupement de lInstitut franỗais de la biodiversitộ sont : le ministère de l’Économie des finances et de l’industrie, le ministère de l’Agriculture, de l’alimentation, de la pêche et des affaires rurales, le ministère de l’Écologie et du développement durable, le ministère délégué la Recherche et aux nouvelles technologies et le ministère des Affaires étrangères ; les organismes de recherche sont : le Cirad, le CNRS, l’IFREMER, l’INRA, l’INSERM, le MNHN, le Cemagref, l’ifen et l’IRD ; les membres associatifs sont l’Assinsel, France Nature Environnement, et Organibio European Plateform for Biodiversity Research Strategy ERA-net (European Reasearch Area – network) Le GBIF (Global Biodiversity Information Facility) drv@paris.ird.fr Plantes et arthropodes en réseau http://www.gis-ifb.org http://www.biodiversitesbstta.org © IRD/Thierry Ruf L sur les systèmes irrigués » entre le Cemagref, le Cirad et l’IRD et l’ensemble des partenaires d’Agropolis (universités de Montpellier, Cnearc, IAMM, etc) ces partenaires franỗais se joignent des institutions égyptiennes, espagnoles, italiennes, libanaises et marocaines Ce programme devrait démarrer en mai 2003 et s’achever par un colloque final au Caire en 2007 Son rôle : créer un pôle de connaissances utiles la décision et l’action en vue d’une gestion participative de l’eau où les organisations locales sont renforcées, grâce notamment l’apprentissage et aux échanges d’expériences entre bassins versants et organisations professionnelles Osiris, un outil imaginé par l’UR 44 et nécessitant de gros moyens financiers, sera développé dans ce cadre Cette base de données intelligente est destinée rendre disponible et utilisable pour des actions pédagogiques l’importante imagerie Paysage de la vallée du Ait Bouguemez 800 m d’altitude dans la province de l’Azilal (Haut Atlas marocain) produite l’occasion de recherches sur l’irrigation, peu accessible jusqu’à présent Thierry Ruf, directeur de l’UR 44, sera affecté au Maroc dès cette année afin d’y assurer l’animation scientifique De nombreux mémoires et des doctorants vont profiter de cette dynamique pour traiter des sujets de gestion sociale de l’eau en disposant de références et de comparaisons L’UR 44 travaillera de faỗon gộnộrale en liaison ộtroite avec la cellule d’animation et de direction d’Agropolis Montpellier ● Contact Usagers de l’eau et chercheurs unis en Méditerranée e programme international ISIMM (Innovations sociales et institutionnelles dans la gestion de l’irrigation en Méditerranée) a été retenu par la Commission européenne dans le cadre de l’appel projets Meda « Gestion locale de l’eau » Financé hauteur de millions d'euros, ISIMM est porté conjointement par Agropolis international, l’association Verseau, la Chambre régionale d’agriculture du Languedoc-Roussillon, et l’IRD via l’UR 44 « Dynamiques sociales de l’irrigation » Il s‘agit d’un programme d’études des conditions locales de la gestion de l’eau dans l’agriculture de 12 territoires méditerranéens Chaque composante du projet est une association entre partenaires du développement et équipes scientifiques sur la thématique « eaux et sociétés » À travers ce projet, l’IRD concrétise l’accord – cadre de ans portant sur un « Programme commun Partenaires L a création de lInstitut franỗais de la biodiversitộ remonte dộcembre 2000 Ainsi, le ministère chargé de la Recherche souhaitait créer une structure pour coordonner et promouvoir les initiatives des organismes de recherche et des ministères dans le domaine de la biodiversité En tant que groupement d’intérêt scientifique (GIS), l’IFB est soumis aux décisions de son conseil de groupement, auquel appartiennent cinq ministères, neuf organismes de recherche et quatre associations1 Après une période de construction, l’IFB entre maintenant dans une nouvelle phase Jacques Weber, directeur de l’IFB depuis le 1er février 2002 souligne, « mon prédécesseur, Antoine Kremer a fait que l’IFB existe Je ne le réoriente pas ; mon travail est de le faire fonctionner » « Pour moi, le défi c’est la complexité des interactions entre les espèces, dans un milieu en évolution L’enjeu est de préserver les possibilités pour les générations futures de satisfaire leurs besoins, donc de maintenir un potentiel évolutif » Et derrière les problèmes de « propriété du vivant », d’interactions entre dynamiques naturelles et dynamiques sociales ou encore de changement global, les pays du Sud sont souvent présents L’IFB a pour mission de coordonner la recherche franỗaise, quel que soit son terrain dộtude, ô rien ninterdit aux organismes franỗais de sappuyer sur lIFB pour concevoir un appel d’offres destiné aux pays du Sud C’est au conseil de groupement qu’appartient la décision » Entretien avec Patrice Cayré, directeur du département Ressources vivantes de l’IRD Au cours des dix dernières années, de nombreux travaux ont porté sur le rôle joué par les plantes, et notamment les conifères et les angiospermes, dans la diversification passée et actuelle des arthropodes terrestres et en particulier des insectes À titre d’exemple, l’introduction par l’homme de nouvelles variétés végétales dans un agro-écosystème, modifie fortement le comportement et la physiologie non seulement des insectes phytophages mais également de ses auxiliaires et des pollinisateurs Pour mieux comprendre l’influence de l’action de l’homme sur les interactions plantes-arthropodes et remédier ou prévoir l’invasion d’espèces nuisibles, l’IRD et dautres instituts de recherche franỗais (INRA, CIRAD, CNRS, Universitộs), participent aujourd’hui la création d’un réseau de chercheurs intéressés ce domaine d’étude Le but est de répondre rapidement et efficacement des sollicitations diverses (appels d’offres, enseignement…) par une mobilisation de différentes disciplines, de projets de recherche interlaboratoires ou inter-organismes Le réseau a organisé une première réunion au Centre INRA de Versailles, en janvier 2003 Plus de 60 participants ont fait un premier état des lieux des travaux de recherche menộs par les ộquipes franỗaises sur les interactions plantes-arthropodes ● Contacts © IRD/A Delobel D Thiery, Inra thiery@bordeaux.inra.fr P.-A Calatayud, IRD pcalatayud@icipe.org Sitophilus Contact Thierry Ruf, Thierry.Ruf@mpl.ird.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Le Cilba a été créé Montpellier en 1989 par convention entre établissements, dont les laboratoires européens de lutte biologique du Csiro (Australie) et de l’USDA-EBCL (États-Unis), afin de développer des actions communes dans le domaine de la lutte biologique Les membres actuels en sont : l’Ensam, l’Inra, le CEFE (CNRS), le Cirad, le Csiro, l’IRD, le ministère de l’Agriculture, les universités de Montpellier II et III, et l’USDA-EBCL Implanté sur le campus de Baillarguet au nord de Montpellier, tout comme le CBGP1 (UMR Ensam, Inra, IRD, Cirad), il participe la volonté de regrouper, en un site, les laboratoires de recherche consacrés aux études sur les mécanismes et les procédés de régulation des populations d’organismes nuisibles par des mesures dites alternatives d’origine biologique Le Cilba organise des séminaires axés sur la lutte biologique, ainsi qu’un symposium tous les ans en collaboration avec l’Organisation Internationale pour la Lutte Biologique, dont le secrétariat est basé Agropolis International Le bureau (Président + Secrétaire) est renouvelé tous les ans et reconductible une fois Andy Sheppard, directeur du Csiro en est le secrétaire Thierry Mateille, quant lui, mène ses travaux de recherche au sein de l’équipe « Écologie Intégrative des Systèmes Populations – Environnement » du CBGP ● Contact mateille@ensam.inra.fr andy.sheppard@csiro-europe.org Du au février 2003, le ministère de l’Enseignement supérieur du Cameroun organisait les Journées universitaires de la science et de la technologie Yaoundé E n prenant ses nouvelles fonctions au cours de l’été 2002, Maurice Tchuente, le ministre constatait le manque d’objectifs clairs assignés la recherche au sein des universités Il souhaitait alors impulser une nouvelle dynamique, afin que la recherche universitaire contribue pleinement la qualité des enseignements et œuvre au développement économique et social du pays L’organisation des Journées universitaires de la science et de la technologie a été proposée afin de dresser l’état des lieux néccessaire pour tracer les contours de cette impulsion Au fil des mois, ces Journées ont progressivement pris une plus grande ampleur, d’une part en associant étroitement le ministère de la Recherche scientifique et technologique et d’autre part, en dépassant le projet initial d’état des lieux pour ouvrir un dialogue plus large sur la science, la société et le développement Dans cette perspective, le monde des entreprises a été fortement sollicité pour rencontrer les acteurs de la recherche camerounaise Des tables rondes et les Assises de la recherche, qui se sont tenues au cours de ces Journées, ont permis d’engager une réflexion sur les conditions de la recherche, ses liens avec le développement et le monde de la production, sa contribution la formation des hommes, etc À travers plus de 70 stands, les six universités et les organismes de recherche du pays ont présenté leurs activités et leurs réalisations, avec un grand souci de pédagogie et d’ouverture L’importance de la recherche pour assurer un enseignement de qualité, en phase avec les évolutions méthodologiques et conceptuelles des disciplines, a ainsi été démontré Dans le contexte actuel où l’attrait des étudiants pour les formations scientifiques supérieures appart plutơt faible, ces journées ont permis de faire le point sur les savoirs et les compétences que donnent l’université et de mener une campagne d’information en direction de l’enseignement secondaire L’autre point fort des journées fut indéniablement la participation massive du monde de l’entreprise, représenté par le Groupement des industriels du Cameroun La dimension « recherche appliquée » a été forte, par la présentation de pilotes et de prototypes issus des laboratoires de recherche et l’exposé des capacités d’expertise qu’offrent les compétences de la recherche En effet, tant les milieux industriels que les pouvoirs publics paraissent convaincus que les conditions du développement du Cameroun imposent la recherche de viser l’efficacité par l’application et le transfert Ces rencontres ont fait ntre un dialogue intéressant, qui devrait permettre de faire travailler ensemble la recherche et l’industrie : soit par des recherches particulières, du conseil et de la consultance, soit par le développement de filières de formation professionnalisante au sein des facultés © Idr Journées de la science et de la technologie Maurice Tchuente, ministre de l’Enseignement supérieur du Cameroun Au cours des Assises de la recherche camerounaise, des exposés ont permis d’aborder de nombreux sujets et de rendre compte d’une grande variété d’expériences Les travaux ont ensuite été poursuivis au sein de six ateliers : • Structuration de la recherche, Équipement et documentation, Publications et ouvrages scientifiques, • Écoles doctorales et formation des formateurs, • Coopération, partenariat et financement de la recherche, • Valorisation et transfert, Relations avec le privé, Recherche et Développement, • Science, Technologie et lutte contre la pauvreté, l’enseignement supérieur privé, synergie et mutualisation, • Ingénierie contractuelle : approche qualité et développement ; Éthique et gouvernance, culture et développement ; Femmes, science et développement ; Lettres, sciences humaines et développement L’ensemble de ces travaux, et des débats qui les ont entourés, devrait permettre la publication prochaine d’un document dorientation Contact Franỗois Riviốre, reprộsentant de lIRD au Cameroun riviere@ird.uninet.cm L’IRD aux Journées de la science et de la technologie L a représentation de l’IRD au Cameroun a été expressément sollicitée par le ministère de l’Enseignement supérieur pour participer ces Journées Sur son stand, l’IRD s’est attaché faire conntre la diversité des activités scientifiques et l’organisation de la recherche de l’Institut Des posters présentaient les recherches menées au Cameroun De plus, des films, coproduits par l’IRD et portant sur le Cameroun étaient proposés en continu au public ● © IRD/M Cot Depuis le 10 avril 2003, Thierry Mateille, nématologiste l’IRD, est le nouveau président du Complexe international de lutte biologique Agropolis (Cilba) dont la réunion annuelle du Conseil se tenait Agropolis international (Montpellier) C a m e r o u n Enquête sur la susceptibilité génétique au paludisme dans une école au Cameroun Exemple d’une recherche menée au Cameroun par l’UR 10, de l’IRD, Santé de la mère et de l’enfant Voir page 12 www.cilba.agropolis.fr/ L’IRD partenaire de l’ANRS L’IRD fera son entrée au conseil d’administration de l’Agence nationale de recherche sur le sida le 1er janvier 2004 L’Institut rejoindra ainsi les représentants des ministères en charge de la recherche, de la santé, et des affaires étrangères, ainsi que du CNRS, de l’INSERM et de l’Institut Pasteur Rappelons que l’ANRS est un groupement d’intérêt public créé en 1992, qui coordonne et finance en France et dans les pays en développement les programmes de recherche sur le VIH Les disciplines concernées sont la biologie fondamentale, vaccinale, clinique et épidémiologique, la santé publique, les sciences de l’homme et de la société Depuis 1999, l’Agence est également chargée d’animer et de financer le recherche sur l’hépatite C Au renouvellement de la convention l’année prochaine, elle verra ses missions élargies tous les domaines de recherche des hépatites B et C Son budget 2003 s’élève près de 42 millions d’Euros ● www.anrs.fr/ Atelier patrimoine Niamey La richesse des patrimoines locaux dans les pays du Sud implique leur prise en compte pour le développement L’UR 26 de l’IRD, Patrimoines naturels et territoires, dirigée par Marie-Christine Cormier Salem, s’attache analyser les stratégies locales de construction du vivant en patrimoines et territoires en Afrique de l’Ouest et Madagascar Chercheurs et partenaires de cette équipe se sont retrouvés comme, chaque année, pour faire le point de leurs travaux, partager leurs avancées et discuter méthodologie en décembre dernier Niamey P lus que les patrimonialisations officielles, largement exogènes, ce sont les processus locaux valorisant ou disqualifiant des objets naturels en patrimoine qui intéressent les chercheurs Plusieurs programmes collectifs sont en cours de réalisation au Niger, au Burkina Faso, au Bénin, au Sénégal et en Côte d’Ivoire Cette rencontre a permis une première restitution de l’état des recherches, notamment auprès des enseignantschercheurs de l’université de Niamey Elle visait également renforcer la synergie des équipes, la dynamique scientifique de l’UR en améliorant sa cohérence et en définissant une stratégie de recherche et de formation Enfin cette rencontre répond un aspect cen- Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 tral de l’équipe, la formation des étudiants La troisième journée était consacrée la présentation de leurs travaux Des exposés introductifs ont présenté un état des travaux en cours au Burkina Faso, au Bénin et au Niger, afin de dégager des perspectives Au Burkina Faso, les recherches concernent les relations entre société et environnement, envisagées selon une conception large et dans une optique comparative Chez les Bwaba, le milieu naturel est ainsi conỗu comme un support de ressources mais il implique surtout un comportement humain qui ne soit pas en contradiction avec les règles d’accès et de gestion de ces ressources Les rapports entre institutions sociales et milieu naturel seront comparés avec les situations chez d’autres populations de l’Ouest et du centre du Burkina Faso (Mossi, Bobo) Au Bénin et en Côte d’Ivoire, les recherches concernent surtout les processus de patrimonialisation des ressources végétales diverses échelles : espèces ligneuses remarquables (arbres « mémoires » en milieu urbain, Arbre « jumeau » l’entrée d’un quartier du irokos plus ou moins sacra- village de Karaba (Burkina Faso) Des sacrifices périodiques y sont effectués, car l’arbre lisés), collection d’espèces est considéré comme gardien du quartier sélectionnées (parc néré) ou formation forestière tout fait spéciLa dynamique qui s’est manifestée au fique (forêts sacrées, forêts classées) cours de l’atelier a incité les membres Les processus de patrimonialisation sont de l’UR encourager leurs collègues souvent abordés dans une perspective nigériens constituer une jeune ethnobotanique et historique équipe associée Au Niger, les recherches se caractérisent Le prochain rendez-vous de l’unité par une forte interdisciplinarité, mise en Patrimoines naturels et territoires est un œuvre dès les investigations de terrain, Symposium international co-organisé et l’association d’étudiants aux cheravec l’African Studies Center, Urbana, cheurs Les thématiques portent sur le université d’Illinois, en avril 2003 ● changement de statut de certains objets naturels (végétaux et animaux) et la relation avec des processus de territorialisation, et ceci dans les contextes globaux de système de pensée de sociétés Marie-Christine Cormier-Salem sédentaires et pastorales cormier@mnhn.fr Contact © IRD/S Dugast © IRD Partenaires Un nouveau président pour le Cilba Rivière des Pirogues E d i t o r i a l L Mine et environnement A l’occasion du colloque international « Préservation et restauration écologique en environnement minier tropical » organisé Nouméa par l’Université de Nouvelle-Calédonie (UNC), l’Institut agronomique néo-calédonien (IAC-CIRAD) et l’IRD, Sciences au Sud présente un état des lieux des recherches sur l’environnement minier de la Nouvelle-Calédonie, quatrième producteur mondial de nickel Genèse de l’or vert éologiquement, la Nouvelle-Calédonie est constituée pour 40 % environ de roches mères ultrabasiques riches en olivine, pyroxène et serpentine Exposées pendant plusieurs millions d’années la chaleur et aux pluies du climat tropical, ces roches ont subi une intense altération géochimique, qui a généré un manteau latéritique épais de plusieurs dizaines de mètres Lors de la dissolution de la roche saine, le nickel, présent en faible teneur (inférieure 0,5 %) a été libéré, puis s’est concentré pour former les minerais nickélifères riches en silice (les garniérites) et/ou en fer Les paysages latéritiques actuels résultent donc de la fonte géochimique des roches ultrabasiques, mais aussi de la dissection des manteaux d’altération par une érosion mécanique1 contrôlée en partie par une activité tectonique récente, qui aurait favorisé l’instabilité de ces couvertures meubles et fragiles ©IRD/A.-S Lepetit Minerai nickélifère Très pauvres en éléments nutritifs, ces sols latéritiques sont riches en métaux, tels que le nickel, le chrome, le cobalt, le manganèse, traces des roches ultrabasiques, préservées en surface « Alors que le contexte socio-économique est aujourd’hui favorable au développement de l’exploitation du nickel en NouvelleCalédonie, la genèse et l’évolution des différents types de minerais nickélifères ou d’autres métaux parfois associés, comme les platinoïdes, restent encore peu étudiées, souligne Fabrice Colin, directeur de l’unité de recherche de l’IRD « Biogéodynamique supergène et géomorphologie tropicale » Il faut comprendre cette genèse, quantifier l’évolution des manteaux d’altération par érosion mécanique ou chimique, et établir les cycles biogéochimiques des éléments, en particulier des métaux, de la roche saine au sol, des sols vers les plantes et, réciproquement, des plantes vers le sol ou les rivières, des sols et rivières vers le lagon Il est également particulièrement important de mesurer l’effet réel des activités de l’homme sur la structure des sols et, pour cela, de distinguer les aléas naturels des risques induits par l’action de l’homme, en comparant l’érosion de bassins versants naturels et celle de bassins l’aval des carrières, par exemple » Pour conduire ces recherches, les scientifiques utilisent les méthodes classiques d’analyse des sols (texture, structure, propriétés physiques et chimiques) et des éléments dissous ou en suspension dans les rivières au sein des bassins versants Ces études sont complétées par l’utilisation de différents traceurs – magnétiques, minéralogiques, isotopiques, biogéochimiques – qui donnent des informations sur l’histoire court et long terme des manteaux d’altération Les chercheurs ont également recours la tomographie de résistivité électrique qui permet d’estimer la structure des sols et d’identifier les nappes d’eau et les fronts d’altération qui délimitent les zones d’enrichissement du nickel Très récemment utilisée en Nouvelle-Calédonie, cette technique d’investigation efficace présente l’avantage de limiter les forages de prospection fort coûteux Ces recherches écosystémiques abordent les formations superficielles comme une interface dynamique entre lithosphère, hydrosphère et biosphère Elles associent imagerie spatiale, géomorphologie, géochimie, géophysique, minéralogie, biochimie, hydrogéochimie, disciplines déclinées différentes échelles, du paysage celle du minéral et parfois de l’atome Les résultats permettront de répondre aux interrogations de la communauté scientifique, notamment sur les grands cycles des éléments la surface de la planète, en réponse ou non des changements climatiques ou causés plus récemment par l’homme « Les informations qu’offriront ces études conduites en partenariat 'objectif d'un développement économique durable, soucieux de l'environnement, est le thème majeur du colloque international Préservation et restauration écologique en environnement tropical minier qui se tiendra en juillet prochain Nouméa Placée sous l’égide du Haut Commissariat de la République, du Président du Gouvernement et des Présidents des Assemblées des trois Provinces de la Nouvelle-Calédonie, cette initiative associant l'université de NouvelleCalédonie, l'Institut agronomique néo-calédonien et l'IRD mérite attention plusieurs titres Elle témoigne combien pour la Nouvelle-Calédonie l'activité minière, pierre angulaire du développement économique du territoire, ne peut s'exercer sans un souci constant et partagé par tous de préserver un patrimoine naturel et une biodiversité uniques au monde Cette préoccupation qui, de longue date, se nourrit des avancées de la recherche suscite en NouvelleCalédonie un partenariat exemplaire entre les compagnies minières, les collectivités territoriales et les organismes scientifiques Ce colloque offre l’occasion de réaliser un état des lieux de la recherche conduite en Nouvelle-Calédonie sur les sols, l'eau et la biodiversité et il ouvre la perspective de fructueux échanges avec d'autres équipes scientifiques ainsi qu'avec le milieu professionnel de la mine, dans le Pacifique et ailleurs local, régional et international2 visent également satisfaire aux besoins croissants d’exploration et d’exploitation des gisements de nickel ou d’autres métaux ainsi que des activités d’accompagnement de la gestion minière (revégétalisation notamment) ; et ce en tenant compte de la fragilité de l’environnement insulaire ainsi que de la nécessité de préserver la grande qualité du milieu naturel, et, en particulier, la biodiversité d’une exceptionnelle richesse sur la Grande Terre Cette nécessité Iles Bélep dont chacun aujourd’hui a parfaitement Province Nord conscience s’inscrit dans un esprit de développement économique solidaire », conclut le chercheur ● Ouvéa Province des Iles Lifou Contact Fabrice Colin fabrice.colin@noumea.ird.nc Erosion naturelle ou anthropique de matériaux transportés par les rivières, le ruissellement et le colluvionnement sur les versants Local : université de Nouvelle-Calédonie (UNC), Institut agronomique de NouvelleCalédonie (IAC)-CIRAD, Service des mines, BRGM, sociétés minières, Ifremer, Syndicat des industries de la Mine ; national : CEREGE (Aix en Provence), université de Strasbourg, CREGU (Nancy), université Paris Sud (Orsay) ; régional : université de Brisbane et Perth (Australie), université de Nouvelle-Zélande Métallurgies L Maré Province Sud Nouméa Ile des Pins massifs de roches ultrabasiques Genèse de l'or vert a Nouvelle-Calédonie possède une usine métallurgique - usine de Doniambo de la Société Le Nickel (SLN) - où l’on traite la garniérite par pyrométallurgie Le minerai est tout d’abord calciné, ce qui permet une première réduction des oxydes métalliques l’état solide Une seconde phase consiste réduire l’état liquide les oxydes dans des fours ộlectriques, de faỗon sộparer le métal (ferro-nickel de première fusion) des scories Après affinage, du ferro-nickel (25 % de nickel) et des mattes (75 %) sont obtenus Un autre procédé industriel, l’hydrométallurgie, récemment affiné, repose sur l’utilisation d’acide sulfurique chaud et sous pression (lixiviation) qui attaque les oxydes de fer et libère le nickel Actuellement testé dans l’usine pilote de Goro-Nickel, au sud de la Nouvelle-Calédonie, ce procédé, moins cher que la pyrométallurgie, présente l’avantage de traiter le minerai latéritique et de récupérer le cobalt en sous-produit La grande quantité de minerais riches en fer et le coût plus élevé de la pyrométallurgie induisent une évolution terme vers l’hydrométallurgie, qui demande d’être bien mtrisée du fait de ses impacts potentiels sur l’environnement, Usine pilote hydrométallurgique de en particulier sur la qualité des eaux Goro Nickel ● ©IRD/P.Cayré Le nickel est si abondant dans les roches serpentineuses de la NouvelleCalédonie qu’on doit espérer en trouver un jour un gisement exploitable », écrivait de faỗon prộmonitoire en 1869 Jules Garnier Cinq ans plus tụt, cet ingénieur, chef du service des mines de la Nouvelle-Calédonie, découvrait la première trace de ce minerai d’une belle couleur verte sur la Grande Terre La découverte est officialisée en 1876 lorsque l’Académie des sciences baptise cette variété de minerai aux fortes teneurs en nickel "garniérite" Alors que de nouveaux filons ne cessent d’être mis jour et des mines créées, la fin du XIXe siècle marque l’ouverture Nouméa de la première usine de fusion la pointe Chaleix remplacée en 1910 par celle de Doniambo, site toujours en fonctionnement Aujourd’hui, deux types de minerais, selon l’appellation des mineurs, sont exploités en Nouvelle-Calédonie : la garniérite teneur élevée en nickel (2,5 %) dont les réserves sont estimées une cinquantaine d’années, et la latérite, moins riche (1 2%) mais qui représente un potentiel d’exploitation considérable de plusieurs centaines d’années La première usine pyrométallurgique pour le nickel mais aussi le cobalt âdr ô Jean-Franỗois Girard Président de l’IRD Sommaire Garniérite et latérite Dossier recherches ©IRD/A.S Lepetit N N oo uu vv ee ll ll ee C C aa ll éé dd oo nn ii ee p.7 Les processus de formation des sols riches en nickel ouvrent de multiples perspectives de recherches menées différentes échelles, du paysage celle du minéral et parfois de l’atome Une flore exceptionnelle p.8 Les terrains miniers de NouvelleCalédonie abritent l’une des flores et microflores les plus originales de la planète, qui nécessitent des stratégies de conservation spécifique Un lagon sous surveillance p.9 La recherche est appelée contribuer un développement minier soucieux de l’environnement L’identification de bioindicateurs permettra notamment un meilleur suivi du milieu marin Restauration écologique p.10 Mises en œuvre par des équipes scientifiques et les compagnies minières, différentes stratégies de revégétalisation sont actuellement l’essai en NouvelleCalédonie Dossier réalisé par M.-L Sabrié sous la direction scientifique de Fabrice Colin et de Tanguy Jaffré Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 la fin de l’éocène, la flore et la végétation de la Nouvelle-Calédonie subirent des modifications considérables la suite d’un élément géologique majeur : la mise en place progressive d’un feuillet de roches ultrabasiques qui a recouvert une grande partie de l’ỵle Réduites par l’altération et l’érosion, ces roches subsistent en massifs discontinus qui constituent les terrains miniers de la Nouvelle-Calédonie Ils occupent aujourd'hui 500 km2, s’étageant du niveau de la mer jusqu’à 618 m d’altitude Les sols issus des roches ultrabasiques sont très riches en métaux (nickel, cobalt, manganèse et chrome) et excessivement pauvres en éléments nutritifs calcium, potassium, phosphore, azote - ainsi qu’en matière organique La nature particulière de ces sols, fort peu favorable la végétation, a tout d’abord provoqué la disparition d’une partie notable des espèces originaires - en majorité forestières - incapables de survivre ce milieu Elle a en revanche favorisé une spéciation active, par radiation adaptative1, de plusieurs groupes dont certains étaient déjà adaptés ces sols pauvres et parfois toxiques Ces caractéristiques ont également dance des familles résistantes la pauvreté et au déséquilibre minéral du sol ainsi qu’à sa toxicité (Myrtacées, Cunoniacées, Epacridacées, Protéacées, conifères…) Certaines espèces, moins nombreuses, accumulent même impunément dans leurs tissus des concentrations anormales de métaux lourds ©IRD/Denis Wirrmann Flore indigène du maquis minier ; de gauche droite Storckiella pancheri, Grevillea meisneiri, Deplanchea speciosa Vue sur le maquis minier depuis les pentes du Mont Koghi (1 061 m d’altitude) Des champignons pour alliés Les chercheurs ont pu ainsi observer des phénomènes physiologiques étonnants, parmi lesquels l’hyperaccumulation du nickel3 Ils ont recensé au total une cinquantaine d’espèces hyperaccumulatrices de cet élément Le plus étonnant fut la découverte d’une concentration de plus de % de nickel dans les feuilles d’une espèce de la famille des Rubiaceae et supérieure 20 % dans le latex d’un arbre (Niemeyera acuminata), surnommé « arbre nickel » ou « sève bleue » « La richesse et la particularité de cette végétation nécessitent que des stratégies spécifiques de préservation et de conservation soient élaborées et mises en œuvre », conclut le chercheur ● La microflore des sols miniers, très diversifiée, semble jouer un rôle clé dans la croissance et la protection de certaines plantes a pauvreté en éléments ziennes nutritifs des terrains d’études, en particulier chez les miniers de Nouvelle- Casuarinacées Sur les racines de Calédonie leurs toutes les espèces endémiques analy- fortes teneurs en cer- sées, les chercheurs ont observé des tains métaux limitent l’activité micro- structures particulières, appelées bienne, gage de la fertilité des sols « myconodules », infectées par un Ainsi la densité microbienne y est 50 champignon mycorhizien de l’ordre 000 fois plus faible que dans un des Glomales « Outre une meilleure sol agricole de fertilité moyenne connaissance de la microflore des Cependant, qu’une sites miniers et de leur rôle vis-à-vis microflore se soit adaptée ces de la végétation endémique, ces conditions difficiles et favorise la recherches devraient nous permettre croissance des plantes d’identifier les espèces végétales La microflore des sols ultrabasiques locales restant largement méconnue, des activités symbiotiques fixa- Le latex de cet arbre (Niemeyera acuminata), baptisé « sève bleu ou arbre nickel », présente la particularité d’avoir des concentrations de nickel supérieures 20 % recherches ont été récemment entre- trices d’azote ou d’élé- Contact prises par l’UNC, l’IAC-CIRAD et l’IRD1 sur ments Tanguy Jaffré tanguy.jaffré@noumea.ird.nc plusieurs sites miniers et en particu- seront les plus lier sur le massif de Koniambo, en adaptées pour la partenariat restauration de constitué une barrière écologique qui a limité l’installation d’espèces allochtones pantropicales, ailleurs très compétitives et envahissantes « L’aboutissement de ce lent processus a conduit une végétation d’une remarquable originalité, souligne Tanguy Jaffré, directeur de recherche l’IRD et l’un des grands spécialistes de la flore néo-calédonienne Sur les terrains miniers, l’endémisme est plus élevé qu’ailleurs2 sur la Grande Terre On y recense 200 espèces différentes dont 80 % sont endémiques de la Nouvelle-Calédonie et 35 % sont uniques ces sols ultramafiques Quelques-unes même n’existent que sur tel ou tel massif particulier (micro-endémisme) » La flore des terrains miniers comprend en abon- Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Extension d’espèces issues d’un même ancêtre commun, mais qui sont adaptées des niches écologiques différentes On recense 260 espèces de végétaux supérieurs natifs de la Nouvelle-Calédonie dont 74 % sont endémiques Une espèce est qualifiée d’hyperaccumulatrice de nickel lorsqu’elle tolère dans ses tissus sans être intoxiquée des teneurs supérieures 0,1 % Voir p.10 il et semblerait avec la société font qui, également du fait l’objet de leur nutritifs, Falconbridge Les chercheurs étu- sites dient plus particulièrement le rôle après leur exploi- miniers des mycorhizes, champignons vivant tation », souligne Nicolas en symbiose avec les plantes dont ils Perrier, qui étudie le massif du infectent les racines Cette associa- Koniambo dans le cadre de sa tion joue un rôle clé dans la crois- thèse sur les cycles bio-géochi- sance et la protection de certaines miques dans les écosystèmes plantes, d’une part, parce que les miniers mycorhizes leur apportent des élé- Calédonie de la Nouvelle- ● ments minéraux ainsi que l’azote nécessaire leur croissance, d’autre part parce qu’ils peuvent réduire l’absorption de métaux par celles-ci ©IRD/UMR 1063 LSTM Le nickel est essentiellement utilisé pour la fabrication d’aciers inoxydables (75 % de la consommation mondiale de ce métal) Les 200 millions de tonnes humides de minerai de nickel produites en 2001 sont composées de 500 tonnes de garniérites (en baisse de 17 % par rapport 2000) contre 700 tonnes de latérites (en croissance de 38 %) Peu propices la végétation, les terrains miniers de Nouvelle-Calédonie abritent pourtant l’une des flores les plus originales de la planète La pauvreté de ces sols et leurs fortes teneurs en métaux lourds expliquent en partie le haut degré d’endémisme de cette flore ©IRD/Tanguy Jaffré Quatrième pays producteur de nickel1, la Nouvelle-Calédonie possède environ un quart des ressources mondiales de ce métal, qui se répartissent dans le sous-sol de l’ỵle pour 30 % en minerais saprolitiques et 70 % en minerais dits latéritiques « L’industrie minière de la Nouvelle-Calédonie est aujourd’hui en pleine mutation, souligne Janine Décamp, présidente du Syndicat des industries de la mine Jusqu’à présent relativement peu exploitée2, la latérite devrait terme, en particulier avec les nouveaux procédés de traitement de ce minerai (hydrométallurgie), prendre une part croissante dans la production néo-calédonienne De ce fait, les compagnies minières ont un très fort besoin de connaissances des réserves en minerai latéritique dans l’ỵle La latérite étant encore souvent prospectée « l’aveugle », une collaboration avec les instituts de recherche est nécessaire dans ce domaine mais aussi dans beaucoup d’autres » Lors d’une réunion organisée par le Syndicat des industries de la mine en août 2001, plusieurs axes de recherche ont été proposés : mise en œuvre de méthodes d’investigation géophysiques (tomographie électrique, sismique réfraction, géoradar) ; recherches sur la géochimie des latérites en vue notamment d'une meilleure compréhension de la distribution de certains éléments valorisables (cobalt, platinoïdes, scandium, etc.) ou au contraire indésirables (silice, cuivre, phosphore) ; inventaire des minerais saprolitiques pauvres en nickel, ressources encore non évaluées ; études des relations entre tectonique et minéralisations nickelifốres de faỗon amộliorer les mộthodes de prospection, etc « Dans le domaine de l’environnement, la demande des sociétés minières est également très diversifiée, ajoute Janine Décamp Les petites compagnies en particulier n’ont pas les moyens de recherche leur permettant de mener des investigations qui impliquent des compétences en pédologie, en géotechnique, en agronomie, en botanique ou encore en écologie Or toutes ces études sont nécessaires pour prendre les dispositions destinées réduire l’impact de l’activité minière sur le milieu naturel » Les sociétés minières soulignent également l’utilité de la création d’une banque de données scientifiques et techniques sur le minerai de nickel qui ne se limiterait pas la Nouvelle-Calédonie, mais pourrait s’élargir l’ensemble des pays producteurs Dans le domaine économique, une meilleure connaissance du marché mondial du nickel, du cobalt et autres métaux appart également essentielle « Des champs importants de l’écosystème minier, y compris dans ses aspects socio-économiques, restent encore méconnus, souligne le Professeur Paul de Deckker, président de l’université de la NouvelleCalédonie Il y a en particulier un fort manque en sciences sociales, alors que l’histoire du peuple calédonien est intimement liée la mine Fédérer des recherches pluridisciplinaires autour du nickel est un “ impératif catégorique “ qui conditionne un développement minier durable en NouvelleCalédonie » ● Une flore exceptionnelle ©IRD/Tanguy Jaffré Dossier recherches Impératif catégorique Ci-dessus : coupe transversale de racine mycorhizée de Tristaniopsis sp récoltée dans un maquis minier ; droite : une espèce vraisemblablement nouvelle de champignon prélevée dans une forêt dense humide Ces études ont mis en évidence une très grande diversité mycologique, notamment sous certains arbres (Acacia spirobis, Nothofagus spp., Contact Nicolas Perrier nicolas.perrier@noumea.ird.nc Gymnostoma spp.) Une quarantaine d’espèces de champignons ont été récoltées et décrites, pour la plupart au niveau moléculaire ; et certaines recueillies sur le massif du Koniambo seraient des espèces nouvelles pour la science Les symbioses mycorhi- Laboratoire des Symbioses Tropicales et Méditerranéennes (UMR 1063 AGROM/CIRAD/INRA/IRD/UM2) et unité de recherche 037 « Biogéodynamique supergène et géomorphologie tropicale » Panorama général du lagon au sud de la Nouvelle-Calédonie et vue sur Nouméa et le site de Doniambo Les études en cours ont d’ores et déjà permis quelques avancées L’analyse du nickel dissous dans les eaux lagonaires montre qu’exception faite des périodes de cyclone, les apports par les rivières s’éloignent peu de la côte ; les concentrations en nickel diminuent ainsi rapidement au-delà de la frange littorale pour atteindre au milieu du lagon des valeurs comparables (0,1 µg/litre) celles enregistrées dans l’océan Les sédiments qui s’accumulent au fil du temps au fond du lagon se révèlent également riches d’enseignement D’une part, ils constituent des archives historiques partir desquels les chercheurs reconstituent l’évolution passée des apports en métaux ; il est ainsi apparu que l’hypersédimentation qui, dans le lagon sud-ouest, se limite aux zones littorales, correspond l’essor de l’exploitation minière au lendemain de la Seconde Guerre mondiale D’autre part, l’analyse des différentes phases géochimiques (organique, carbonatée, oxydes-hydroxydes, rési- duelle) porteuses des métaux piégés dans les sédiments offrent des informations sur leur origine et sur l’importance de leur dispersion Les concentrations en nickel dans la phase résiduelle permettent par exemple de distinguer les apports érosifs rejetés par les rivières des apports issus d’un centre métallurgique où est traité le minerai Ces recherches visent par ailleurs déterminer l’impact éventuel des apports en métaux sur les organismes s’accompagne de processus secon- Questions Jacques Boulègue daires (stockage de déchets,…) et de l’activité de l’industrie métallurgique Directeur du département Milieux et Environnement de l’IRD et professeur Paris VI Quelles peuvent être les conséquences toxicologiques, directes ou indirectes, de l’exploitation minière sur l’environnement ? Les gisements de nickel en NouvelleCalédonie correspondent des hori©IRD/Anne-Soline Lepetit zons d’altération de plusieurs mètres d’épaisseur et résultent donc d’un processus géologique qui s’est opéré sans en quelques d’années millions L’exploitation minière dans les horizons d’altération superficielle peut Site minier de Tiébaghi donc être assimilée un événement du mesures existent déjà dans certaines type exceptionnel exploitations minières, par exemple l’échelle de l’histoire celle de Salsigne, dans le sud de la géologique de la sur- France, productrice de poussières face terrestre Les sols riches en arsenic Un deuxième type exploités sont riches en cer- d’apport prévisible est dû au redémar- tains éléments qui peuvent avoir rage du processus d’altération après des conséquences fâcheuses extraction du minerai L’eau, principal lorsqu’ils deviennent acces- agent chimique de l’altération, va pou- sibles en trop grande voir agir de faỗon renouvelộe et les quantitộ aux organismes effets de dissolution vont être accen- vivants L’exploitation tués On peut donc s’attendre une minière permet cette augmentation des teneurs en métaux plus grande accessibi- dans les eaux de ruissellement et, lité sous plusieurs formes donc, dans les apports aux aquifères et Tout d’abord, la création de pous- aux milieux côtiers Il y a donc un pro- sières qui favorise le transport de par- blème global de dégradation de la qua- ticules fines, leur dissémination et, lité des eaux Le problème sera diffi- éventuellement, leur ingestion par voie cile gérer dans des conditions respiratoire L’apport prévisible de climatiques difficilement contrôlables nickel et de chrome par ces voies peut tels les cyclones, car intéressant l’en- entrner des allergies, voire des évo- semble des surfaces exploitées, il lutions plus graves Il convient donc de risque alors d’être d’une ampleur bien prendre des mesures pour éviter la supérieure celle des effets atmo- dissémination de poussières De telles sphériques L’exploitation Contact Renaud Fichez, fichez@noumea.ird.nc Là les conséquences et les effets sont mieux connus et, on peut l’espérer, doute vivant dans le lagon Dans ce cadre, des espèces, qui présentent la particularité d’accumuler certains métaux en fonction des taux de concentration dans le milieu ambiant, font l’objet d’études expérimentales pour arriver une sélection finale de bio-indicateurs fiables Ces organismes benthiques représentatifs de grands groupes biologiques présents dans le lagon - mollusques bivalves, macroalgues, holothuries, coraux mous serviront terme d’outils de surveillance de l’environnement ● minière mieux mtrisés Comment les instituts de recherche peuvent-ils aborder les problèmes posés par le développement de l’activité minière avec l’exploitation de la latérite ? Il s’agira tout d’abord de comprendre Les flux de matières transportées, soit par voie atmosphérique, soit dans les eaux, vont être notablement augmentés L’accessibilité biologique aux métaux le sera Les échanges métauxorganismes sont contrôlés par la spéciation ionique et moléculaire des métaux L’exploitation minière est source de problèmes qu’il faudra savoir poser, étudier et résoudre des échelles très variables Il faudra savoir passer de l’échelle pluri-kilométrique de l’exploitation l’échelle nanométrique des effets induits au niveau de la cellule C’est un défi que l’IRD et ses partenaires doivent relever Les premières études en ce sens sont déjà lancées ● Dans le cadre du programme Ecotrope jusqu’en 2000, puis de l’unité de recherche 103 Camélia, en collaboration avec les universités de La Rochelle et de Nantes ainsi que l’International Atomic Energy Association (IAEA) ©IRD/Pierre Laboute algré plus d’un siècle d’exploitation minière en Nouvelle-Calédonie, les rejets, la dispersion et le dépôt de métaux dans le lagon demeurent mal connus, qu’ils proviennent d’effluents industriels ou, via les rivières notamment, de l’érosion des massifs exploités Pour combler ce manque, l’IRD conduit depuis 1997 des programmes de recherche1 sur le devenir des métaux dans le lagon sud-ouest et, plus récemment, des études la demande de compagnies minières, dans le cadre de contrats de consultance qui incluent le financement de bourse de thèse (contrats CIFRE) Ces travaux associent plusieurs volets : études hydrodynamiques, les courants étant responsables de la dispersion dans le lagon des apports en provenance de la terre ferme, analyse physico-chimique des eaux et des sédiments marins, recherches sur l’impact éventuel des métaux sur les organismes vivant dans le lagon ©IRD/Pierre Laboute Quel est l’impact du développement de l’exploitation et de l’industrie minière sur les lagons et les récifs coralliens, milieux d’une grande richesse biologique mais très fragiles ? Les recherches en cours sur le lagon sud-ouest visent recueillir les informations nécessaires un meilleur suivi de l’environnement Mise en place d’un marégraphe dans le lagon sud-ouest Les données obtenues permettent de modéliser les courants et donc la dispersion des métaux dans les eaux lagonaires Créer des compétences professionnelles L’ Université de Nouvelle-Calédonie (UNC) qui compte près de deux mille étudiants est le principal établissement sur la Grande Terre dispenser des formations professionnelles dans le secteur minier Depuis plus de dix ans, un DEUST en géosciences appliquées « Eau, mines et environnement » accueille pour deux années universitaires une vingtaine d’étudiants Plus récemment un DEUST en métallurgie et en génie des procédés a été créé et forme quinze vingt futurs techniciens « Nous avons également en projet un enseignement destiné des professions dans la restauration des terrains miniers avec un DEUST « Revégétalisation et environnement minier », précise René Pineau, vice-Président du Conseil scientifique de l’UNC Ces formations nous conduisent travailler de pair avec les sociétés minières qui nous apportent un soutien financier et accueillent en stage de fin d’études nos étudiants Nous fonctionnons numerus clausus de faỗon rester en flux tendus par rapport la demande Avec ces enseignements professionnels, l’UNC s’affirme comme un instrument au service du développement économique de la Nouvelle-Calédonie » ● Signés le mai 1998, les accords de Nouméa prévoient le transfert la Nouvelle-Calédonie des compétences en matière de réglementation de l’exploration, de l’exploitation et de la gestion du nickel En outre, il est prévu que, d’ici 2004, la Nouvelle-Calédonie arrête, par délibération du Congrès, un schéma de mise en valeur des richesses minières ainsi que les principes directeurs en matière de protection de l’environnement lors de l’exploitation des gisements1 Dans ce cadre, la recherche scientifique sera amenée jouer un rôle essentiel, ainsi que le soulignent plusieurs instances politiques néo-calédoniennes Pour le Sénat coutumier, en effet, «cette nécessaire réglementation doit s’appuyer sur des données scientifiques solides, qui permettent un véritable état des lieux de l’impact environnemental de l’activité minière Nous comptons sur la recherche pour prendre en compte notre aspiration préserver les richesses naturelles de l’ỵle dont dépend l’avenir de nos enfants.» Deux projets d’envergure d’usines de traitement du minerai ont été récemment lancés - l’un au Sud par Goro Nickel (hydrométallurgie), l’autre au Nord par Falconbridge et la SMSP2 (pyrométallurgie) - et devraient contribuer terme augmenter la capacité de production du nickel de lợle ôLa Nouvelle-Calộdonie sengage dộsormais sur la voie d’une économie industrielle, souligne Daniel Constantin, Haut Commissaire de la République De ce fait, la recherche devra contribuer la définition de normes de très haut niveau qui garantissent une exploitation propre et qui constituent une condition nécessaire au développement d’une industrie lourde sur la Grande Terre Les instituts de recherche devront plus particulièrement conjuguer et renforcer leurs efforts dans la lutte contre l’érosion, source de pollution dans les rivières et le lagon, ainsi que dans l’élaboration de méthodes permettant une restauration de la végétation dans diversité initiale.» «Tout doit en effet être mis en œuvre pour que les projets miniers aient le plus faible impact possible sur le patrimoine terrestre et marin de l’ỵle, déclare pour sa part, Yves Magnier, membre du Congrès de Nouvelle-Calédonie Globalement, pour limiter les risques encourus, les apports de la recherche seront très diversifiés qu’il s’agisse de la domestication de la végétation endémique, de la microbiologie des sols ou de l’identification de bioindicateurs du milieu marin.ằ Pour JeanFranỗois Marini, dộlộguộ rộgional la Recherche et la Technologie, parer ces risques environnementaux nécessite que les compétences et les moyens entrent en synergie tant sur le plan local que régional «Les institutions publiques et les groupes industriels impliqués dans l’exploitation minière expriment, en Nouvelle-Calédonie, une préoccupation commune, celle de résoudre les problèmes de gestion de l’environnement que suscite l’exploitation minière ; la fédération de leurs compétences et de leurs moyens doit permettre de faire progresser la recherche, ses applications et les modalités d’intervention sur le terrain, notamment en matière de préservation de la biodiversité et de revégétalisation des sols Il s’agit d’une préoccupation qui peut être partagée avec de nombreux pays du Sud Pacifique Au-delà de ce colloque, un centre national de recherche technologique “nickel et environnement“ est en cours de structuration Il rassemblerait les institutions publiques et le secteur privée et permettrait d’atteindre des objectifs contractualisés dans les domaines de la recherche, de la formation, de l’expertise, du transfert de connaissances vers les acteurs concernés, dans un contexte local, régional et international ● Les compétences sur l’environnement relèvent des Provinces Société minière du Pacifique Sud Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Dossier recherches ©IRD/Pierre Laboute Un lagon sous surveillance Le rơle clé de la recherche Essai de revégétalisation sur le site minier de la Tontouta en cours d’exploitation par la société Montagnat Grevillea exul, espèce pionnière utilisée pour restaurer les sites miniers ©IRD/Tanguy Jaffré Le cỏt de ces plantations est de 45 55 000 euros par hectare, selon les espèces retenues, avec une densité de 10 000 plants par hectare Graines, engrais, colles organiques et mulch en suspension dans de l’eau sont projetés au moyen d’une lance ©IRD/Marie-Lise Sabrié Restauration écologique Comment restaurer les sites miniers après leur exploitation ? Avec les sociétés minières, les chercheurs élaborent et expérimentent des stratégies destinées reconstituer l’écosystème dans sa diversité d’origine Les difficultés ne manquent pas epuis la fin du XIXe siècle, les « mines » de nickel ciel ouvert se sont multipliées sur les massifs de la NouvelleCalédonie D’abord limité, l’impact sur l’environnement a pris une nette ampleur au lendemain de la seconde guerre mondiale avec la mécanisation Si les sociétés minières utilisent aujourd’hui des techniques de prospection et d’exploitation de plus en plus respectueuses de l’environnement1, l’ouverture de pistes d’accès et l’exploitation minière ellemême nécessitent néanmoins le décapage des sols et le stockage sur site des matériaux non utilisés (les « stériles miniers ») Ceci a deux corollaires majeurs : d’une part, la dégradation de la végétation et le risque terme de disparition de certains écosystèmes d’une diversité et d’une richesse exceptionnelles (cf p.8) ; d’autre part, l’accroissement de surfaces dénudées, sensibles l’érosion et sources, lors de fortes pluies, de rejets sédimentaires dans les rivières ou le lagon Depuis la fin des années 1970, des recherches sont entreprises par l’IRD et l’IAC-CIRAD la demande des sociétés minières afin d’identifier les moyens de rétablir un couvert végétal sur les sites après leur ©IRD/Tanguy Jaffré 10 «La fin des années 1970 a marqué une prise de conscience la SLN : la biodiversité néo-calédonienne, unique en son genre, était menacée par le développement de l’activité minière et nous devions donc mettre en œuvre des moyens pour réduire son impact », souligne Bernard Pelletier, chef du département Géologie Sondage la SLN Dès lors, en nous appuyant sur des recherches menées par l’IRD et l’IAC-CIRAD, nous avons expérimenté plusieurs stratégies de revégétalisation » Lors des premiers essais, deux espèces ligneuses indigènes sont apparues intéressantes – le gaïac (Acacia spirobis) et le bois de fer (Casuarina collina) – dont la capacité fixer l’azote en symbiose avec des bactéries leur confère l’avantage indéniable de se développer sur des sols dépourvus de matière organique Si les essais ont montré que le gaïac et le bois de fer permettaient de masquer court et moyen terme les effets les plus visibles de l’exploitation minière, la méthode n’est plus préconisée : d’une part, le système racinaire de ces deux espèces n’assure pas une protection suffisante des sols contre l’érosion et, d’autre part, très compétitives, elles produisent une litière dont les propriétés physico-chimiques interdisent l’implantation de quasiment toutes les autres espèces, empêchant ainsi la restauration de la biodiversité Aujourd’hui, les stratégies mises en œuvre par les sociétés minières en Nouvelle-Calédonie s’orientent vers une diversification des espèces locales utilisées et notamment de plantes endộmiques pionniốres (voir ci-contre) De faỗon rộduire les coûts très élevés1 de cette méthode, des études ont été entreprises pour tenter de remplacer les plantations manuelles par l’ensemencement De nombreuses difficultés sont apparues pour la récolte des graines et la germination après le semis, mais des résultats probants ont été obtenus avec des Cypéracées et une Protéacée (Grevillea exul) Les essais ont également montré l’importance de la mise en place d’un paillage (mulch) pour maintenir une humidité suffisante la surface du sol Au cours de ces dernières années, la SLN et SIRAS PACIFIQUE, un bureau d’étude néo-calédonien, s’appuyant sur des travaux de l’IRD, ont adapté aux terrains ultrabasiques de Nouvelle-Calédonie une technique d’ensemencement, le semis hydraulique2, qui a fait ses preuves ailleurs pour le traitement de vastes surfaces d’accès difficile et forte pente Des essais menés depuis 1974 ont permis de déterminer, en fonction du type de terrain, la densité des semences accroissant le recouvrement végétal, les quantités de fertilisants et de mulch apporter, ainsi que la composition du mélange de semences approprié, parmi lesquelles des graines d’espèces végétales exotiques croissance rapide mais courte durée de vie La matière organique engendrée par le dépérissement de ces espèces dites « nurses » semble favoriser l’implantation et le développement de plantes endémiques pérennes De récents essais donnent des résultats assez concluants : les espèces locales utilisées, en particulier, les Cypéracées, fructifient au bout de deux ou trois ans, donnant des semences qui germent en partie sur place, améliorant ainsi la densité du recouvrement végétal ● Végétation du maquis minier, ici Gymnostoma nodiflorum exploitation « La revégétalisation, explique Tanguy Jaffré, botaniste l’IRD, poursuit plusieurs objectifs : protéger les pentes de l’érosion, réguler le cycle de l’eau et reconstituer le biotope d’origine Sur les massifs ultrabasiques de NouvelleCalédonie, nous sommes cependant confrontés des contraintes majeures Du fait de la pauvreté et de la phyto-toxicité des sols, seules des plantes adaptées peuvent être utilisées Elles doivent en outre être indigènes, car les espèces exotiques pourraient se révéler envahissantes et constituer une menace pour la flore endémique Il s’agit moins de reverdir rapidement, que de restaurer terme dans leur intégrité les Casuarina collina ou bois de fer L'utilisation de cette espèce pour revégétaliser n'est plus préconisée aujourd'hui notamment cause de l'importante litière produite qui empêche d'autres espèces de s'installer ©IRD/Tanguy Jaffré Fertiliser les sols D es essais ont montré que, même sans apport de semences, le potentiel séminal du sol de surface des sites miniers suffit pour qu’une flore pionnière de maquis réapparaisse Son développement est cependant très lent De plus, les quantités d’humus disponibles limitent l’application grande échelle de ce type d’opération L’une des stratégies d’amélioration mises en œuvre par Goro Nickel consiste donc conserver la couche superficielle du sol et la replacer sur les sites miniers exploités pour favoriser la revégétalisation « Depuis 1996, nos recherches sur la revégétalisation menées en pépinière et sur le site portent sur différentes méthodes visant protéger les espèces rares, améliorer la germination des espèces endémiques et accrtre la fertilité des sols, souligne Stéphane McCoy, responsable du programme Revégétalisation de Goro Nickel Parmi celles-ci, nous étudions les effets des copeaux de végétaux broyés provenant du défrichage des routes d’exploration minière Répandue sur les sols, cette matière végétale réduit l’impact des eaux de ruissellement et maintient l’humidité autour des plantes Elle fournit également des éléments nutritifs et crée un milieu propice au développement des mycorhizes, essentiels la croissance des espèces du maquis minier L’ensemble des résultats enregistrés sur le terrain contribue approfondir et concrétiser les recherches initiées, dans les années 1990, par l’IRD, un échange scientifique essentiel la préservation de l’écosystème minier en Nouvelle-Calédonie » ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 fonctions antiérosives et régulatrices ainsi que la biodiversité des écosystèmes qui préexistaient » Au terme de trois décennies de multiples essais, le recours aux espèces pionnières natives des sols utlrabasiques appart pour l’heure comme la meilleure alternative Un programme de recherche, mené par l’IRD avec le soutien de la SLN, a permis d’identifier 67 espèces, dont quatre herbacées de la famille des Cypéracées, s’étant spontanément réimplantées sur d’anciens sites miniers ; parmi celles-ci 40 ont pu, dans un premier temps, être produites en pépinières, partir de graines ou de boutures Depuis quelques années, la reproduction de quelques autres espèces a pu être mtrisée Cette stratégie présente l’intérêt de créer une végétation qui, ensuite, pourra favoriser l’implantation et le développement d’autres associations végétales, évoluant terme en un massif forestier diversifié, proche de celui d’origine « Les plantes pionnières contribuent en effet stabiliser par leurs racines les terrains en surface et en profondeur ou encore améliorer la fertilité du sol, soit parce que ce sont des espèces fixatrices d’azote, soit parce qu’elles mobilisent des éléments minéraux et les restituent au sol par la litière », précise Jacques Tassin de l’IAC-CIRAD La réussite de cette méthode nécessite un choix judicieux des espèces au cas par cas, en fonction de caractộristiques des sites revộgộtaliser et de faỗon assurer par la suite une évolution vers des groupements végétaux plus complexes L’application de cette méthode, encore au stade expérimental, demeure très coûteuse Sa mise en œuvre grande échelle passe par une baisse des coûts, qui pourra en partie résulter d’une meilleure connaissance et d’une domestication plus complète des espèces préconisées ● Contact Tanguy Jaffré, tanguy.jaffre@noumea.ird.nc Jacques Tassin, tassin@iac.nc Mise en verse des stériles miniers, exploitation avec conservation d’un merlon de terrain naturel, évacuation des déblais lors de l’ouverture des pistes, gestion des eaux de ruissellement par des caniveaux et décanteurs, sondages héliportés pour la reconnaissance des sites Au fur et mesure… S ur le massif de Koniambo, au nord de la Grande Terre, la société minière canadienne Falconbridge s’attache une restauration progressive du site minier « Nous avons, entre autres, opté pour une stratégie de revégétalisation au fur et mesure de l’exploitation, explique Martin Boucher, directeur du service Environnement pour le Projet Koniambo Nous protégeons également des parcelles où le patrimoine végétal a été laissé intact Elles constitueront par la suite des ỵlots qui seront des points de départ de recolonisation de la végétation vers les parcelles revégétalisées où les conditions seront favorables Avec l’IAC et l’IRD, nous nous attachons également des études sur la physiologie des espèces endémiques, encore mal connue Quelles sont les périodes de germination et de floraison de ces plantes ? Quand faut-il initier la germination des semences en dormance ? autant de questions auxquelles il nous faut répondre pour réussir les programmes de revégétalisation La collaboration avec les instituts de recherche permet d’élaborer des méthodes Espèces endémiques du de restauration reproductibles par d'autres maquis minier en Soutenir la recherche fondamentale comme pépinière, station nous le faisons contribue mieux faire de la agronomique de PortLaguerre (IAC-CIRAD) recherche appliquée » ● ©IRD/M.-L Sabrié Dossier recherches Essais P a t r i m o i n e Transferts de matière la surface de la terre b i o l o g i q u e d’AOC3 pour des produits éthiopiens4 L’accueil au plan local est favorable ; il devrait permettre une certaine valorisation de productions traditionnelles reconnues sur place ment est très complexe et dispendieuse et les coûts de mise sur le marché sont prohibitifs Il faudrait au moins déduire ces coûts du chiffre d’affaires pour avoir une valeur nette AOC contre OMC Equitable commerce ? « Les actions de protection du patrimoine biologique se sont toujours faites dans le cadre des traités sur la biodiversité Pourtant ceux-ci ne sont pas favorables aux pays du Sud, soutient Valérie Boisvert Le problème est que ces accords sont de fait assujettis aux normes du commerce international de l’OMC Nous pensons que les savoir-faire traditionnels peuvent bénéficier d’une défense contre les brevets de multinationales, travers des outils existants comme les labels ou les indications géographiques » Certains pays cherchent protéger leurs variétés en démontrant qu’elles présentent une qualité particulière associée au terroir et au savoir-faire local C’est le cas notamment de l’Inde et de la Thaïlande avec leurs riz parfumés Valérie Boisvert participe actuellement un projet de mise en place « Des ONG et des pays du Sud cèdent aux appels d’un pragmatisme incertain Considérant qu’il est impossible de se soustraire au commerce international et ses règles, en particulier celles de l’OMC, ils cherchent aménager ce commerce, l’accompagner de contraintes environnementales et de mécanismes de redistribution pour favoriser la justice sociale Des communautés marginalisées voient dans le recours direct au marché mondial le moyen d’accéder des ressources économiques et politiques qui leur font défaut, grâce l’appui de défenseurs de l’environnement et de consommateurs occidentaux Mais ces initiatives ne risquent-elles pas d’avoir des effets pervers au plan local et national dans les pays du Sud ? Est-il possible d’instrumentaliser le marché et d’orienter les échanges de telle sorte qu’ils produisent des effets qui ne I n c u b a t e u r s Ces 16 et 17 décembre 2002 s’est tenu l’Académie des sciences, le colloque international " Transferts de matière la surface de la terre " Le symposium, co-organisé notamment par Fabrice Colin de l’IRD, se proposait de faire le point sur les interfaces entre les différents compartiments de la géosphère Il a été divisé en quatre sessions thématiques : Lithosphère, Hydrosphère, Biosphère et Atmosphère relèvent nullement d’une logique économique ? Suffit-il d’accoler les qualificatifs d’équitable ou durable et de mettre en œuvre l’arsenal juridique et réglementaire adéquat pour que les échanges commerciaux favorisent dans le même temps la croissance économique, l’équité et la conservation de l’environnement ? » ● Ce bilan des connaissances actuelles a permis de mettre en évidence la complexité globale des systèmes et les échelles de temps nécessaires la formation et la différenciation de la " peau " des continents La compréhension de ces mécanismes permettra le développement de méthodes novatrices de modélisation numérique, de quantification et de datation Contact Valérie Boisvert Valerie.Boisvert@orleans.ird.fr Les interactions de l’altération géochimique des granites et des basaltes avec le climat (température, précipitations, teneur en gaz carbonique) au cours des temps géologiques a par exemple été démontrée Ainsi, les énormes coulées volcaniques des Trapps du Deccan, qui eurent lieu en Inde il y a 65 millions d’années, émirent d’énormes quantités de CO2, gaz effet de serre, engendrant un réchauffement planétaire Puis l’altération de ces laves basaltiques a consommé une grande quantité de gaz carbonique, entrnant alors une baisse significative de la température du globe un million d’années plus tard Centre IRD d’Orléans, UR 112, Entre forêt et agriculture : de la déforestation aux dynamiques agro-forestières, dirigée par Geneviève Michon Problématiques développées actuellement dans le cadre d’un projet de recherche sur les marchés des ressources génétiques, financé par lInstitut franỗais de la biodiversitộ, coordonnộ par Catherine Aubertin (IRD Orléans, UR 112) Appellation d’origine contrôlée Projet coordonnộ par Bernard Roussel (MNHN) et Franỗois Verdeaux (IRD), financộ par le Fonds franỗais pour lenvironnement mondial d e n t r e p r i s e s Essaimer au Sud n France, le dispositif des incubateurs publics a été mis en place dans la foulée de la loi sur l’Innovation de 1999 Il s’est traduit par l’installation d’une trentaine de structures locales d’accueil en France métropolitaine1 Ces incubateurs, de statut associatif ont été dotés en ressources par un appel projets du ministère de la Recherche Ces projets fondés par des individus ou des équipes sont déposés auprès de l’incubateur qui en évalue la pertinence et les soumet son comité de sélection pour acceptation Un lien conventionnel lie alors le porteur ou la jeune société et l’incubateur L’incubation a pour objet l’accompagnement des créateurs dans l’élaboration de leur projet – dimensions technique, juridique, organisationnelle, financière, commerciale ; l’information et la mise en relation avec des partenaires industriels, financiers et scientifiques ; l’hébergement et le soutien logistique dans ses locaux propres ou dans ceux de ses partenaires ; et la formation des créateurs d’entreprise En outre, la durée de l’incubation est spécifique chaque projet Les poussins frais éclos de l’IRD Ces dernières années, une dizaine de projets de création d’entreprise ont été lancés par des scientifiques de l’IRD, avec des partenariats variés Récemment, deux d’entre eux ont été accueillis dans des incubateurs régionaux Le projet d’aquaculture de Sylvain Gilles (voir Sciences au Sud n° 19, p 11), et celui d ‘exploitation des plantes aromatiques de Nouvelle-Calédonie de Jean Waikedré (voir Sciences au Sud n° 16, p 11) ont été accueillis dans des incubateurs, respectivement en Ỵle de France et en LanguedocRoussillon « Nous avons soutenu leurs démarches en coopération avec d’autres établissements ainsi qu’avec les centres IRD du Sénégal et de Nouvelle-Calédonie » ajoute Jean- Christophe Simon, chargé de mission pour l’essaimage au Département Expertise et Valorisation de l’IRD « Dans les pays du Sud, les dispositifs d’appui l’entrepreneuriat et aux projets innovants sont, soit inexistants soit encore diffus Cependant l’IRD a le souci de favoriser les démarches d’essaimage de ses partenaires du Sud comme dans le cas d’Andilab en Bolivie, souligne Marianne Berthod, directrice du Département Expertise et Valorisation Nous souhaitons nous appuyer sur les divers dispositifs qui commencent se mettre en place la jonction des administrations publiques locales, des ONG et des banques de développement… Ce parrainage, plus ou moins formalisé devrait permettre de renforcer l’impact local des activités scientifiques et de favoriser la multiplication des compétences et des formes de valorisation partir de nos laboratoires » ● Contacts En Bolivie, partenariat avec la faculté de pharmacie de l’UMSA, Éric Deharo, biologiste de l’IRD et Fernando Vargas, technicien bolivien, ont développé un kit diagnostic de la maladie de Chagas qui a donné lieu la création de la société Andilab Jean-Christophe Simon simon@paris.ird.fr Département Expertise et Valorisation Dev@paris.ird.fr Une association France Incubation regroupe les incubateurs publics et coordonne leur politique ; site Web http://www.franceincubation.com © IRD/J.-P Eissen Incubateur, couveuse ou pépinière… Ces appellations recouvrent des réalités proches et répondent un même besoin : le tutorat d’un projet innovant permettant sa maturation du projet la création d’une entreprise Vue de détail du dépơt boueux laissé par une « vague » de coulée de débris après une éruption volcanique en Équateur De même, l'étude sur le long terme des cycles du carbone et de l’oxygène montre que la photosynthèse des plantes supérieures joue un rôle clé depuis 450 millions d’années Le cycle du carbone comprend un système de couplage rapide entre l’océan, l’atmosphère et la biosphère – système perturbé par l’activité humaine (industries, déforestation…) – et un système l’échelle des temps géologiques qui implique la tectonique globale avec les phénomènes de subduction des bassins océaniques et de formation des grandes chnes de montagne Les changements climatiques longue échéance pourraient être expliqués par les périodes de volcanisme qui accompagnent l’orogenèse ● Contact Fabrice Colin, fabrice.colin@noumea.ird.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Valorisation La manne que certains ont cru voir dans le patrimoine biologique des pays du Sud était une illusion, explique Valérie Boisvert En réalité, l’exploitation de droits de propriété sur le vivant suppose tant d’investissements que seuls de grands groupes en ont les moyens » Nombre de pays du Sud imaginaient, en adhérent la convention sur la diversité biologique de 1992, que cela contribuerait financer leur développement Ils ont concentré leur action, souvent avec l’aide d’ONG, sur la prévention de la captation de patrimoine par des brevets étrangers Ils ont mis en avant les usages traditionnels des substances naturelles, comme le prévoyait la convention pour faire valoir les droits des communautés indigènes sur d’éventuelles découvertes Or cet aspect du discours des ONG est contestable L’intérêt des savoirs traditionnels pour la conservation de la biodiversité contribue surtout véhiculer une image primitiviste des communautés paysannes et des peuples indigènes « Bons sauvages », ceux-ci seraient détenteurs de savoirs écologiques, qui en feraient des conservateurs nés Il suffirait dès lors de garantir les droits d’accès aux ressources et de gestion aux communautés pour que la conservation de la biodiversité soit assurée Cette image figée est souvent loin de la réalité de processus d’apprentissage collectifs, mêlant les pratiques et savoirs de populations autochtones et d’immigrants, les connaissances et techniques acquises dans le cadre de projets de développement ou de conservation « Nos travaux sur la représentation de la bio-piraterie nous ont conduits relativiser les évaluations du préjudice supposé, calculées par certaines ONG Les pertes pour les populations locales sont très surestimées, ce qui peut décrédibiliser le combat –légitime– qu’elles mènent pour la reconnaissance de leurs droits » Ces estimations ont un objectif clair : montrer qu’autour de l’exploitation des ressources génétiques se noue une nouvelle forme d’impérialisme du Nord Elle sont souvent mises en regard de la dette des pays du Sud pour montrer que la contribution de leurs ressources génétiques au développement économique du Nord compense largement cette dette… Par exemple, la pervenche de Madagascar, l’origine d’un traitement du cancer, rapporterait 100 millions de dollars par an l’industrie pharmaceutique Or le chiffre d’affaires tiré de la vente d’un tel produit n’est évidemment pas une bonne mesure de la valeur de la plante sauvage Le prix de vente est très élevé en raison du monopole conféré par le brevet ; il s’effondre quand le produit tombe dans le domaine public et qu’il devient possible de produire des génériques Est-ce dire que la plante n’a plus de valeur ? Il est presque impossible d’isoler la part imputable la ressource génétique ou la substance naturelle initialement utilisée dans la valeur d’un produit fini La recherche-développe- © IRD Pervenche de Madagascar L’environnement et ses enjeux sont un défi pour les économistes Dans une optique de développement, les intérêts de puissants groupes se télescopent avec les bonnes intentions et leurs inévitables contradictions En matière de propriété du vivant, Valérie Boisvert, économiste l’IRD1, n’hésite pas remettre en cause certaines des thèses défendues par les ONG les plus généreuses2 Entretien © IRD/P Cayré) Les illusions de la propriété 11 Le Centre de biologie et de gestion des populations (CBGP) est une UMR associant des équipes Inra, IRD, EnsaM et Cirad Sa mission : comprendre les mécanismes qui régissent les populations d’organismes importants pour l’agriculture, l’environnement ou la santé Yves Gillon, entomologiste, 64 ans et Serge Morand, écologiste, 43 ans, son successeur la direction du CBGP Sergio.Svistoonoff@mpl.ird.fr Yves Gillon, la création du CBGP est une histoire, de près de dix ans, ponctuée de multiples tractations et tergiversations institutionnelles parfois houleuses Qu’est-ce qui vous a conduit vous battre pour que le CBGP voit le jour ? Que ce soit dans le domaine des interactions biologiques ou dans la vie professionnelle, les complémentarités m’intéressent bien plus que les compétitions et les affrontements J’ai donc toujours été tenté de rassembler les compétences Dès 1975, le regroupement, Dakar, des entomologistes et mammalogistes dans un laboratoire de zoologie appliquée préfigurait déjà les objectifs scientifiques et finalisés d’un petit CBGP Ce qui me séduisait dans le projet du CBGP et qui lui confère son originalité, c’était de rassembler les institutions menant des recherches sur une même thématique, l’interface biologie / gestion des populations, et plus généralement d’intégrer recherche fondamentale et recherche appliquée Toutes les opérations lancées au CBGP comportent ces deux volets Enfin, c’était aussi l’occasion de juxtaposer approches "tempérées" et « tropicales », car je suis de ceux qui soutiennent que l’idée de biologie tropicale a un sens, au moins autant que la biologie marine par exemple Coupe de rameau de filao transformé génétiquement avec la protéine fluorescente verte (GFP) qui appart en vert clair dans les cellules du phlme (tissus conducteurs) La chlorophylle des chloroplastes appart en rouge et les parois cellulaires riches en lignine en bleu Échelle : 0,1 mm Serge Morand, qu’est ce qui vous a le plus « accroché » dans ce nouveau poste ? Le CBGP correspond ce que j’avais toujours rêvé de faire et répond mon désir d’évolution personnelle… avec en plus des aspects peu ou pas abordés au CNRS et le lien avec la recherche appliquée qui me manquait… je n’ai pas hésité, part un moment de doute, après la première visite, devant la taille du « paquebot » Je trouve intéressant le détachement l’IRD pour la possibilité que cela offre de découvrir un autre organisme et aussi parce que j’y déjà de nombreux collègues J’avais des projets sur les nématodes et les rongeurs en tant que modèles En fait, de nombreux sujets m’intéressent et il m’a été difficile de choisir une équipe parmi celles du CBGP ! Une coupe remarquée Ce cliché de Sergio Svistoonoff, étudiant en thèse dans l’équipe Rhizogenèse symbiotique (IRD) de l’UMR Biologie du développement des espèces pérennes cultivées, a été l’honneur dans la rubrique « la cellule du mois » des prestigieuses revues Nature Cell Biology et Nature Reviews Molecular Cell Biology en avril dernier La thèse de S Svistoonoff porte sur la symbiose fixatrice d’azote chez le filao (Allocasuarina verticillata) ● Contact Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Je suis arrivé au CBGP un moment de déstabilisation où le renouvellement de l’UMR coïncidait avec la recherche d’un nouveau directeur Ma nomination a duré un an mais cette période inconfortable a néanmoins été enrichissante Les équipes ont fait, dans l’écoute mutuelle, un énorme travail de présentation et l’évaluation rendue a été très bonne L’évolution naturelle vers trois pôles, proposée par le CBGP, a été validée par cette évaluation : Systématique, Génétique, Ecologie intégrative Je voudrais préciser aussi quel point ma période de formation ce poste s’est passée dans des conditions positives De juin décembre 2002, Yves m’a donné l’opportunité de travailler en tandem avec lui, mettant en relief les points importants sans me surcharger Il a évité toute prise de décision qui aurait pu m’engager par la suite, bref une prise de fonctions dans des conditions optimales La possibilité d’aller voir les équipes sur le terrain avant d’être pris par le quotidien m’a apporté la compréhension du travail en expatriation Cela a aussi été l’occasion de rencontrer la Jeune équipe associée lancée par Yves avec le soutien de l’IRD : des chercheurs de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar qui travaillent sur © IRD/D Nandris Harouna Karambiri, le 27 février 2003, a soutenu sa thèse intitulée « Crues et érosion hydrique au Sahel : étude et modélisation des flux d’eau et de matières sur un petit bassin versant pastoral au nord du Burkina Faso » l’université Paris VI – Pierre et Marie Curie Cette thèse a été dirigée par Anne Coudrain, chercheur l’unité mixte de recherche Hydrosciences (IRDCNRS-UMII) Montpellier et encadrée au Burkina Faso par Olivier Ribolzi, chercheur l’unité de recherche « Érosion et changements d’usage des terres » de l’IRD Harouna Karambiri a bénéficié d’une bourse de thèse du ministère des Affaires étrangères et a pu développer Montpellier des collaborations avec les chercheurs de l’Unité « Hydrosciences » en matière de modélisation hydrologique ● Contacts : Harouna Karambiri Karambirih@yahoo.fr Anne Coudrain Anne.Coudrain@msem.univ-montp2.fr Face face au CBGP Nécrose de l’écorce de l’hévéa (Côte d’Ivoire) Cet arbre est irréversiblement atteint Après tarissement de la production de latex, la nécrose du phloème interne provoque terme une forte desquamation de l’écorce Les tentatives de saignée de l’écorce régénérée sous-jacente demeureraient vaines Dans le cadre d’une convention de recherche avec les professionnels de l’hévéaculture, la composante épidémiologique, étiologique et prophylactique des recherches sur la nécrose de l’hévéa est réalisée au sein du groupe Écologie intégrative des systèmes populationsenvironnement du CBGP les mêmes thèmes que le CBGP, la biologie des ravageurs avec comme modèles des nématodes, des rongeurs et des insectes Serge Morand vous venez d’être nommé Président de la commission sectorielle, Biodiversité pour le développement durable, une commande des ministốres lInstitut franỗais de la biodiversitộ1, comment concevez vous votre participation cette instance ? Je faisais partie du Conseil scientifique de l’IFB dès sa création Fin juin 2003, la commission sectorielle doit proposer des stratégies de recherche pour les 10 ans venir, j’y travaille avec Jacques Weber et Robert Barbault, qui sera le rapporteur du document Le CBGP, par sa problématique et sa place exceptionnelle Montpellier, rejoint certaines des préoccupations de l’IFB De plus, il faut savoir que les choses s’accélèrent localement avec l’IFR Biodiversité continentale qui regroupe 11 labos sous la direction de Nicole Pasteur Le futur Ecotron sera implanté lui aussi Baillarguet En 2010, le personnel scientifique rassemblé sur ce site autour du thème Écologie et biodiversité pourrait s’élever un millier Un réseau autour du modèle nématode va également rassembler des chercheurs de l’Inra, du Cirad, de l’IRD, du CNRS et du Muséum, sur des questions de systématique liées la gestion de la biodiversité La montée en puissance de ces réseaux est cruciale au moment où les forces de recherche franỗaises en â IRD/ P Baujard 12 Alice Servany a soutenu sa thèse intitulée « Tepetates et sols dégradés du Nord Michoacan (Mexique) : comportement spectral, organisation spatiale et enjeu économique et social » le décembre 2002 Réalisée Montpel-lier, au sein de l’unité de service Espace de l’IRD, cette recherche a été dirigée par les professeurs Jacques Hubschman, de l’Université Toulouse II, et JeanMarie Fotsing (US Espace, IRD), l’encadrement étant assuré par Christian Prat du Laboratoire d’étude des transferts en hydrologie et environnement, UMR 5564 CNRS-Institut National Polytechnique de Grenoble Le travail de terrain au Mexique a été effectué en collaboration avec les instituts d’écologie et de géographie de l’Université nationale autonome de Mexico Contact : Alice Servenay alice.servenay@teledetection.fr © IRD/F Doumenge Planète IRD T h è s e s Le CBGP poursuit des recherche sur la biosystématique des nématodes, phytoparasites tropicaux Ici des nématodes de la famille des Hoplolaimidae matière de systématique sont en perdition Je souhaite également insister sur l’investissement dans l’université, c’était d’ailleurs une recommandation faite l’issue de l’évaluation Nous sommes donc impliqués dans deux écoles doctorales Montpellier Mais au-delà, si nous voulons faire du bon partenariat avec les pays du Sud, il est impératif de s’appuyer sur leurs universités C’est une garantie de relation durable Il faut que les liens soient institutionnalisés et ne repose pas sur la seule initiative des équipes Des regrets, Yves Gillon ? Non, j’ai le sentiment d’avoir mené dans les temps la mission qui me fut confiée en 1997 et en quatre ans de mandat, j’ai même pu faire évoluer l’UMR Pour la suite, le Conseil scientifique de l’IRD vient d’accepter ma proposition d’éméritat pour une période de ans Je compte continuer présider le conseil scientifique du programme Écosystèmes tropicaux du ministère de l’Écologie et du développement durable Je prévois aussi de travailler la FAO qui m’a demandé une synthèse des travaux en acridologie en Afrique nord-ouest au cours des 20 dernières années Pour le Cirad, j’apporterai mes compétences dans le cadre de leur mission transversale Pathologies et protection intégrée Pour ma part, j’ai également sollicité son appui la commission sectorielle de l’IFB… conclut Serge Morand ● Contact Yves Gillon, gillon.yves@wanadoo.fr Serge Morand, morand@ensam.inra.fr L’IFB est un groupement d’intêret scientifique auquel l’IRD vient d’adhérer (voir page 5) http://www.ensam.inra fr/CBGP/ Culture sur forte pente © IR © IR © IR © IR Aquaculture Lac Mae Thang Épandage de pesticides Sédiments en trois dimensions L’ pour l’irrigation et de qualité des eaux pour l’élevage des poissons Pourquoi la mortalité des poissons est-elle forte en début de saison des pluies et en fin de saison sèche et quelle est la réserve utile d’eau du barrage en 2003 ? demandent-ils aux chercheurs Hydrologues et pédologues se sont associés afin d’émettre des hypothèses de travail et de conduire l’expérience de février dernier destinée étudier in situ la sédimentation du lac (quantité et qualité des sédiments) L’originalité de la méthodologie suivie, résidait dans l’utilisation d’outils classiques de bathymétrie (échosondeur et système de positionnement global-GPS) associée un C l u b j e u n e s © IR © IR Apprentissage de la méthodologie érosion des sols dans cette région est le résultat combiné des techniques culturales utilisées pour les productions agricoles (soja, mung bean) sur fortes pentes (≥ 40 %) et des pluies tropicales intenses (régulièrement supérieures 120 mm/h) Elle se traduit par une perte en terre exportée par ruissellement qui se retrouve stockée sous forme de sédiment au fond d’une retenue collinaire destinée l’irrigation (plus de 500 de riz) et la pisciculture Cette sédimentation engendre plusieurs problèmes pour les aquaculteurs et les riziculteurs, notamment en termes de pouvoir de stockage d’eau Mesure de l’échosondeur Visualisation en 3D du fond du lac Contact Jean-Louis Janeau, IRD Thailande Jean-Pierre Bricquet, International Water Management Institute j.janeau@cgiar.org Les photos de l’article sont extraites d’un reportage consacré cette mission diffusé sur internet : www.ird.fr, rubrique L’actualié, puis Sciences au Sud n° 20 © IR © IR Repérage GPS logiciel puissant de visualisation du fond en trois dimensions (Maxsea software, Module 3D) Cette technique, couplée un logiciel de mesures de volume (Surfer), permet en outre de visualiser les sédiments déposés au fond de la retenue d’eau et d’affiner ainsi l’échantillonnage mécanique Des prélèvements de sédiments ont ainsi été effectués en différents points du barrage Ces expériences ont permis de mettre en évidence une perte de 10 % du pouvoir de stockage, ans seulement après la mise en eau du barrage Les analyses des échantillons trahissent en outre une proportion de métaux lourds provenant en particulier des épandages de pesticides fréquents dans cette région Les prélèvements de sédiments ont été effectués grâce un outil de conception simple et robuste utilisable par de nombreux partenaires de l’IRD, ce qui permettra de suivre régulièrement l’évolution des teneurs en métaux lourds et en matière organique ● Le journal Sédiments apportés par les crues B o r n é o © IRD/Jacques Slembrouck Alevins en circuit fermé En Indonésie, des chercheurs de l’IRD adaptent au contexte local des techniques d’élevage en pisciculture avec des élèves de lycée Cette étude réalisée dans le cadre d’un Club JRD (Club de Jeunes pour la recherche et le développement) doit permettre notamment de réduire la mortalité des jeunes poissons par recyclage de l’eau d’élevage mêmes les structures d’élevage Ensuite, pendant 21 jours les lycéens ont suivi l’évolution physico-chimique de l’eau et le fonctionnement du filtre biologique en même temps que la croissance et la survie des poissons Pendant toute la durée du cycle d’élevage, des analyses de la qualité de l’eau (mesure du pH, et de la concentration en oxygène dissous, d’ammoniaque, nitrites et nitrates) ont été réalisées quotidiennement ; et la température relevée quatre fois par jour L’aliment, sous forme de miettes (40 % de protéines), a été distribué fois par jour, sa quantité étant réévaluée tous les jours en fonction de l’augmentation de la biomasse des alevins « Les premiers résultats de cette étude sont très encourageants », souligne Jacques Slembrouck En effet, en fin de cycle, 95 % des alevins ont survécu, et sur les % de mortalité observée, % sont attribuées une erreur de manipulation des élèves Ensuite, une très bonne homogénéité de la taille et du poids des poissons, comparée aux techniques classiquement utilisées dans la région, a été observée Enfin, un suivi des coûts et bénéfices sur 10 cycles montre que cette technique d’élevage est tout fait rentable Encadrés par l’équipe technique de la station de Mandiangin, les élèves ont rédigé un rapport qui regroupe les données expérimentales ainsi qu’une première analyse économique Sur le plan pédagogique, le bilan est très positif, « autant pour les élèves que pour les encadreurs, ajoute Jacques Slembrouck Les résultats techniques, la rigueur des routines d’élevage et la rédaction du rapport montrent que ce travail a été bien assimilé » Pour la première fois, les élèves ont pu réaliser et finaliser un projet en partant de sa base théorique De plus, les techniciens de la station sont maintenant autonomes pour concevoir des circuits fermés et encadrer des groupes d’élèves Depuis sa construction en juillet 2002, le circuit fermé mis en place avec les élèves n’a pas été arrêté De nouveaux groupes de jeunes de l’école de Takisung effectuent leur stage pratique sur la station ; « dans chaque groupe, des anciens guident les nouveaux pour les travaux de routine de la station et pour l’entretien du circuit fermé » Ainsi, cycles d’élevage de Pangasius hypophthalmus se sont succédé et des essais préliminaires avec d’autres espèces ont été entrepris « Ces expérimentations sont nécessaires afin d’accumuler des données solides et une bonne mtrise de cette unité d’élevage avant d’envisager un transfert vers les paysans de la région », précise Jacques Slembrouck La campagne d’information au bénéfice des piscicul- Le colloque Le 6e colloque international Molecular Epidemiology and Evolutionary Genetics of Infectious Diseases (MEEGID), organisé par les Centers for Disease Control (CDC) d’Atlanta, le CNRS et l’IRD, s’est déroulé Paris, l’Institut Pasteur, du 23 au 27 juillet 2002 L’INSERM et l’Institut Pasteur étaient associés officiellement l’organisation de cette sixième session Les 11 communications présentées en séance plénière ont permis de dessiner un panorama exhaustif des principaux champs de recherche dans la lutte contre les maladies infectieuses Trois distinctions ont été décernées et la soirée du 25 juillet a été consacrée au projet initié par Michel Tibayrenc de création d’un centre européen de recherche sur les maladies infectieuses «Le but des congrès MEEGID, souligne Michel Tibayrenc, est de stimuler la communauté scientifique dans une approche intégrée de la génétique et de l’évolution des maladies infectieuses Le champ couvert par les MEEGID est exactement le même que celui d’Infection, Genetics and Evolution.» La 7e session du MEEGID se tiendra Valencia (Espagne) en juillet 2004 ● Contact Michel Tibayrenc Michel.Tibayrenc@mpl.ird.fr http://cepm.mpl.ird.fr Analyse de la qualité de l’eau B o l i v i e Dialogue © IRD/Jacques Slembrouck L e Club JRD (Club de Jeunes pour la recherche et le développement) de Bornéo a vu le jour en 2002 12 élèves de terminale (6 garỗons et filles) de lộcole de Takisung, un lycée spécialisé dans les techniques agricoles et de pêche, ont été associés une expérimentation de l’IRD avec l’équipe de la station de Loka BAT de Mandiangin (direction générale pour l’aquaculture, DGA) La coordination technique a été assurée par Jacques Slembrouck, ingénieur l’IRD1, par Jojo Subagja, chercheur de l’Institut de recherche indonésien en aquaculture continentale (RIFA) ainsi que par les membres de la station de Mandiangin2 L’objectif du Club est la réalisation et la mise au point d’un système d’élevage en circuit fermé faible coût, muni d’un système de filtration réalisé partir de matériaux disponibles localement En effet, l’une des solutions pour remédier l’importante mortalité des jeunes poissons élevés traditionnellement en eau stagnante consiste recycler l’eau d’élevage grâce une filtration mécanique et biologique Cependant, ces techniques sont encore peu connues dans la région de Bornéo La première session du club a débuté le 1er juillet 2002 et a duré cinq semaines Les élèves ont d’abord effectué deux jours de formation avec les techniciens de la station avant de construire eux- Après un peu plus d’un an d’existence, le journal Infection, Genetics and Evolution (Elsevier) vient d’être classé Very Good par le comité de lecture du Medline/Index Medicus Ce journal, fondé et dirigé par Michel Tibayrenc, directeur de l’UR 62, Génétique des Maladies Infectieuses (unité mixte IRD/CNRS) sera donc couvert par la base de donnée bibliographique Medline du National Center for Biotechnology Information Le journal reỗoit des articles sur tous les modốles infectieux, qu’ils soient d’importance médicale, vétérinaire ou agronomique, qu’ils concernent des virus, des bactéries, des parasites ou des agents fongiques Les articles peuvent porter sur l’hôte, l’agent pathogène, ou le vecteur dans le cas des maladies vecteurs Les recherches intégrées concernant les phénomènes de coévolution sont spécialement encouragées (http://www.elsevier.nl/locate/meegid) Fibres de palmier utilisées pour le système de filtration de l’eau teurs locaux, prévue pour cette année, sera la phase ultime de ce premier Club JRD de Bornéo ● Contact orstaqua@cbn.net.id Site internet : clubsjrd@ird.fr UR 081 « Interactions génome / populations / environnement chez les poissons tropicaux » dirigée par Marc Legendre Les charges financières se répartissent entre l’IRD – Club Jeunes, la Représentation de l’IRD en Indonésie, la DGA (Direction Générale pour l’Aquaculture) – Loka BAT Mandiangin, et le Gouvernement du district de Tanah Laut (Kalimantan-Sud) Pour consolider les relations entre recherche et développement, la représentation de l’IRD La Paz organise régulièrement des conférences où les chercheurs, de l’Institut et des institutions partenaires, et les décideurs boliviens entament un dialogue autour de thèmes comme, la télédétection et ses applications en météorologie ou en surveillance de l’environnement, les migrations de population et l’évolution socio-économique des territoires touchés, ou encore les changements climatiques dans la région andine et ses conséquences sur la ressource en eau Pour chaque conférence, une quarantaine d’invitations sont adressées des responsables de Services d’État, d’entreprises privées et d’agences de coopération concernés par la thématique Annoncées la presse, la radio et par affichage mural, les conférences s’adressent également aux étudiants « Ces conférences rencontrent un certain succès auprès de nos partenaires et permettent de bien replacer auprès des décideurs la recherche et le rôle de l’IRD pour le développement en Bolivie », conclut Jean-Pierre Carmouze représentant de l’IRD en Bolivie ● Contact jpcarmouze@mail.megalink.com Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Planète IRD © IR Février 2003, les paysans de la province de Phrae située au Nord de la Thaïlande et les aquaculteurs des retenues collinaires ont vu arriver sur leurs terres et sur les eaux du lac Mae Thang des chercheurs de l’IRD en quête de connaissances hydro-pédologiques permettant de répondre leurs préoccupations agricoles et piscicoles Infection, Genetics and Evolution 13 Ressources Les chiffres clés de la science et de la technologie 2003 Philippe Mustar, Ed Economica, collection « Economie-Poche », 112 p., 8e 14 Geografia ecologica de Bolivia Vegetacion y ambientes acuaticos Gonzalo Navarro & Mabel Maldonado Centro de Ecologie Simón I Patiđo Département de Diffusion, Cochabamba, Bolivie (2002), 719 p 20 $US pour la Bolivie, 35 $US pour l’étranger Cet ouvrage, l’édition très soignée, présente les résultats de diverses études sur les communautés terrestres et aquatiques rencontrées dans les grandes unités biogéographiques de Bolivie Il donne une vision complète et bien organisée de la biodiversité existante dans ce pays Les auteurs, Gonzalo Navarro et Mabel Maldonado, exposent l’ensemble de leurs connaissances et de leur expérience – fondées sur de nombreuses années d’observation – dans deux parties successives La première est consacrée une description de la végétation bolivienne regroupée par grandes régions écologiques La seconde porte sur la caractérisation de diverses écorégions et sur la description des écosystèmes aquatiques L’ensemble est complété par une analyse des relations entre environnement physique et peuplement Ce livre, le premier dans son genre, fournit des connaissances de base rigoureusement ordonnées selon des critères biogéographiques et devrait être d’une aide précieuse pour la gestion et la conservation des ressources naturelles ● Jean-Pierre Carmouze Représentant de l’IRD en Bolivie Prix de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer Du miel au café, de l’ivoire l’acajou (Centrafrique, Congo, 1880-1980) a reỗu le prix A Cornevin de lAcadộmie des Sciences dOutre-Mer, décerné un ouvrage traitant de l’histoire de l’Afrique L’auteur, Henri Guillaume, anthropologue, est membre de l’unité de recherche « Interactions entre population et environnements naturels contraignants » (UR 011) Ce livre publié aux Editions Peeters avec le soutien de l’IRD a été présenté dans Sciences au Sud n°15 (mai/juin 2002) ● Ethique en ligne Le CCDE est désormais présent sur le portail Internet de l’IRD Outre une présentation organique et un bref historique du Comité, ce site se veut utile aux agents en mettant leur disposition des textes de référence et de réglementation Des liens vers d’autres comités d’éthique – notamment le Comité consultatif national d’éthique ou ceux du CNRS, de l’INSERM, de l’INRA et de l’UNESCO qui se sont mis en place ces dernières années – sont proposés aux internautes Enfin, le site présente les pistes de réflexion du CCDE et offre une rubrique « Votre participation » qui doit permettre aux personnels de l’Institut de faire part des questions qu’ils se posent ou des débats qu’ils souhaitent voir aborder ● http://www.ird.fr/ rubrique L’Institut Publié par l’Observatoire des sciences et des techniques (OST)1, l’ouvrage propose, sous une forme synthétique, un choix d’indicateurs essentiels concernant les budgets, les collaborations, les personnels de recherche, les publications scientifiques, les brevets et les thèses Ils permettent de situer les forces et les faiblesses des pays, des régions ou des secteurs industriels et fournissent ainsi un tableau densemble contrastộ Conỗus et rộdigộs par Philippe Mustar, professeur l’Ecole des Mines de Paris, les Chiffres clés de la science et de la technologie sont publiés depuis 1992 en alternance avec le rapport biennal de l’OST, Science & technologie, indicateurs En 1999, l’effort national franỗais de recherche et dộveloppement sest ộlevộ 31 milliards d’euros (soit 2,2 % du PIB) dont 55 % proviennent de capitaux privés En 2000, les entreprises ont commandé aux laboratoires publics pour près de 600 millions d’euros de travaux de recherche Environ un tiers de cette somme a irrigué les laboratoires du secteur académique (universités, CNRS et écoles d’ingénieurs), le reste allant aux organismes publics de recherche finalisés (CEA, INRA, Inserm…) Les inscriptions en thèse sont en baisse dans la plupart des disciplines : ainsi sur la période 1995-2000, la chimie et les sciences des matériaux ont perdu 28 % de leurs doctorants, la physique et les sciences pour l’ingénieur 24 %, les sciences de la terre et de l’univers 21 %, les mathématiques et l’informatique 18 %, la biologie, médecine et santé 14 % Toutes disciplines confondues, la production scientifique européenne, avec près de 34 % des publications mondiales en 2000, est supérieure celle des Etats-Unis (30 %) ● Fondé en 1990, l’OST est un groupement d’intérêt public qui associe treize membres : les ministères de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, de l’Industrie, de la Défence, des Affaires étrangères et de l’Équipement ; le CNRS, l’Inserm, l’INRA, le CEA, l’IRD, le Cirad et l’ANRT Figures du métayage Etude comparée de contrats agraires (Mexique) Editeur scientifique Jean-Philippe Colin, IRD Editions, collection A travers champ, 2003 356 p 34,50 e Alors que la question foncière est revenue au premier plan des politiques publiques dans de nombreux pays du Sud, les pratiques foncières et les logiques d’acteurs qui les sous-tendent restent largement méconnues Cet ouvrage contribue combler cette lacune par la description et l’interprétation des pratiques agraires dans le monde rural mexicain La démarche associe les apports théoriques de l’économie des contrats une approche micro-analytique compréhensive À partir de l’analyse approfondie de situations locales, les recherches présentées témoignent de la diversité des formes et des fonctions des contrats de métayage au Mexique Dans un contexte de marchés imparfaits, ces derniers permettent un ajustement flexible des facteurs de production Cet ouvrage réhabilite des pratiques longtemps considérées comme dépassées Alcide d’Orbigny, Viaje a la América Meridional Institut Franỗais dEtudes Andines, Ambassade de France en Bolivie, IRD, Plural, Totalfinaelf 1788 p (quatre tomes) En 1824, le Muséum national d’Histoire naturelle envoie Alcide d’Orbigny, naturaliste de 23 ans, en Amérique du Sud À son retour en France, après avoir exploré le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay, le Chili, le Pérou et la Bolivie, d’Orbigny rédige une œuvre monumentale (5000 pages, 11 volumes) intitulée Voyage dans l’Amérique Méridionale En 1845, le président bolivien José Ballivian a publié des extraits de ce Voyage qui représente une somme considérable d’informations pour les naturalistes, mais aussi pour les ethnologues Pour le bicentenaire de la naissance de d’Orbigny, l’Ambassade de France en Bolivie et lInstitut Franỗais dEtudes Andines, ont dộcidộ de rộộditer l’ouvrage, avec une centaine d’illustrations tirées de l’édition originale Les humeurs de l’océan Effets sur le climat et les ressources vivantes Bruno Voituriez, Éditions COI Forum Océans / Editions Unesco, 2003, 160 p L’océan, comme l’ensemble de la planète, est en perpétuelle évolution Ses variations affectent le climat ; la vie qu’il abrite doit aussi s’adapter ses fluctuations Aujourd’hui les moyens satellitaires et de calculateurs pour développer des modèles et simuler les évolutions de la circulation océanique modifient la vision de l’océan et de ses interactions avec le climat et les ressources vivantes qu’il recèle Dans cet ouvrage, Bruno Voituriez retrace l’évolution de la recherche océanographique, explique en termes accessibles les mécanismes reliant la dynamique des océans celles du climat et des écosystèmes marins et expose les enjeux pour l’avenir du développement d’une océanographie qui, au même titre que la météorologie, doit devenir opérationnelle La Force Roland Lehoucq et Marc Lévy, Editions EDP Sciences, collection « Mot Mot », mars 2003, 184 p 12 e Si Aristote fut le premier a introduire la force comme concept scientifique, ce dernier ne cessa d’évoluer, notamment avec le passage de la mécanique newtonienne la mécanique quantique À cette plongée dans les forces de la nature, font écho les différents aspects des rapports de force dans nos sociétés : inter individuels, l’échelle du quartier, de la nation et de la planète Souvent évidents, les rapports de force sont parfois invisibles Du compromis la confrontation, aussi il s’agit de mouvement et de déséquilibre comme le révèle le dialogue entre la physique et les sciences sociales Roland Lehoucq est astrophysicien au CEA et Marc Lévy, le deuxième auteur de l’ouvrage, est agronome de formation et travaille actuellement au Groupe de Recherche et d’échanges Technologique (GRET), un bureau d’étude associatif spécialisé dans l’appui aux pays en développement partenaire de l’IRD dans de nombreux programmes Lutte contre la maladie du sommeil et soins de santé primaire Claude Laveissière, André Garcia et Bocar Sané, Editions IRD, collection Didactiques, 26 e On la croyait disparue, elle n’était que négligée ! La maladie du sommeil, ou trypanosome humaine africaine, fit tant de ravages en Afrique avant et pendant la colonisation qu’elle était devenue un véritable symbole Après avoir quasiment disparu dans les années 1950, la maladie a fait un retour insidieux au cours des années 1980 Ce retour, favorisé par la mouche tsé-tsé nourrie par les rares malades et le réservoir animal du parasite, a eu lieu malgré les nouvelles techniques de dépistage, de diagnostic et de traitement Cet ouvrage, qui s’appuie sur une campagne menée en forêt de Côte d’Ivoire par deux IRDiens - Claude Laveissière, entomologiste médical, et Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 André Garcia, épidémiologiste généticien - et un chercheur sénégalais, présente une nouvelle stratégie de lutte contre la maladie Cette dernière repose sur un travail d’information et d’encadrement des villageois par des agents locaux de santé, le dépistage des cas suspects, le suivi des malades et la mise en place de la lutte antivectorielle Dynamiques résidentielles dans les villes du Sud : positions sociales en recomposition Éditions de l’Aube/IRD Éditrice scientifique, Monique Bertrand, revue Autrepart n°25, 2003 19 e La connaissance des dynamiques résidentielles a progressé dans les villes du Sud Trois évolutions marquent les politiques du logement : avec la libéralisation des marchés, les pouvoirs publics se désengagent de la production directe de logements ou de trames foncières ; la gestion des stocks cède la place celle des capacités de la demande ; le problème des sans-abri s’inscrit dans une approche plus large de la pauvreté Ainsi « ciblées », les clientèles restent pourtant mal définies Leur mobilité dans la ville est insuffisamment connue Nombre d’incertitudes et d’arrangements résidentiels se coulent mal dans les mesures internationales opposant légal et illégal, propriétaires et autres Que les études s’interrogent sur la distribution des habitants dans l’espace ou sur leurs choix dans la durée, toutes en appellent une révision critique des catégories d’analyse, un tri parmi les temporalités en jeu, du quotidien aux histoires de ville en passant par les étapes du cycle de vie Restituer ces tensions dans leur dimension politique, et la variété des ancrages urbains, tel est le défi de ce numéro Petits contes des savanes du Burkina Faso Bernard Lacombe, Editions l’Harmattan, collection « La légende des Mondes », Boris, ans, et Annick, 10 ans, deux petits burkinabé désiraient avoir des contes sur leur pays Les petits contes des savanes du Burkina Faso sont donc tirés du fond des légendes voltaïques et recueillies sur le terrain Ecrit dans un style accessible, les contes sont enrichis d’un lexique qui donne aux enfants, qu’ils soient burkinabés ou pas, le vocabulaire spécifique et les expressions locales L’auteur, Bernard Lacombe, est anthropologue l’IRD et travaille sur la jachère au Burkina L’illustration a été confiée la dessinatrice S’Calpa, spécialiste de l’art africain qui a déjà collaboré d’autres ouvrages pour enfant L’ethnographie comme dialogue Ouvrage collectif dirigé par Lionel Obadia, Editions Publisud, 2003, 219 p L’enquête ethnologique est un jeu qui se joue nécessairement plusieurs L’examen de la relation entre l’ethnologue et la population étudiée montre la réciprocité de la mise en scène de Soi et de l’Autre Tantôt observateur, tantôt épié ou manœuvré, l’ethnologue n’est pas le seul déployer des stratégies sur le terrain de son enquête L’ouvrage, qui retient cinq études de cas qui vont des Dogon du Mali aux Sherpa du Népal en passant pas les Amish de Pennsylvanie, souligne la richesse de l’éventail de la pratique ethnologique au niveau des configurations sociales et culturelles Il est publié dans la collection « Terrains et perspectives » dirigée par B Lacombe, anthropologue l’IRD Eaux et territoires Tensions, coopérations et géopolitique de l’eau Frédéric Lasserre et Luc Descroix, L’Harmattan, 2003, 280 p., 23 e Qu’elle soit potable, agricole ou destinée un usage industriel l’eau est devenue l’objet de vives convoitises et de houleux débats quand aux modalités de son partage et de sa distribution L’eau, ressource essentielle, sera-t-elle l’enjeu des conflits du 21e siècle ? Faut-il prêter attention aux prédictions alarmistes qui annoncent la multiplication des crises dans de nombreuses régions du globe, ou faut-il y voir une version contemporaine des peurs millénaristes ? Comment les mécanismes de distribution de l’eau établis par les sociétés humaines en viennent-ils s’enrayer aujourd’hui ? Quelles solutions – technologiques ou politiques – se dessinent pour favoriser la nécessaire coopération dans ce domaine ? Les auteurs, Frédéric Lasserre et Luc Descroix, hydrologue l’IRD – assistés de J Burton et A Le Strat – analysent des cas issus de plusieurs continents Pour l’Amérique du Nord, l’ouvrage est publié aux Presses Universitaires du Québec Mémento de l’agronome Ouvrage collectif, édité par le ministère des Affaires étrangères, le CIRAD et le GRET Décembre 2002, 691 p., 44 e Voici la réédition du Mémento de l’agronome remaniée et adaptée aux nouveaux enjeux du développement des pays du Sud Cet ouvrage, indispensable aux techniciens de terrain, s’accompagne de deux cédéroms Il propose des informations techniques, des repères méthodologiques et des connaissances scientifiques en agronomie et zootechnie ; le lecteur y trouvera ainsi tout ce qui concerne l’amélioration des systèmes de culture et d’élevage des principaux groupes de plantes et d’animaux Sommaire, index et renvois permettent de naviguer aisément dans les 700 pages signées par plus de 150 auteurs notamment de l’IRD Pouvoir et marché au Viêt-nam Le travail et l’argent (Tome 1), Les morts de l’Etat (Tome 2) Monique Selim, Editions de l’Harmattan, collection Anthropologie critique, 23 e À la suite de la Chine initiatrice du socialisme de marché, le Viêt-nam communiste connt depuis 1986 un développement capitaliste accéléré qui entrne des changements brutaux Cet ouvrage de Monique Selim, anthropologue l’IRD, explore les nouveaux rapports sociaux qui émergent dans les quartiers et les usines (dans le Tome I) et analyse leur résonance manifeste dans un foisonnement religieux inédit (Tome II) Les croyances s’y révèlent accompagner et soutenir la progression du marché et son internalisation singulière L’Afrique des citadins, Sociộtộs civiles en chantier (Abidjan, Dakar) Franỗois Leimdorfer et Alain Marie, Éditions Karthala, 2003, 408 p À l’heure où, un peu partout en Afrique particulièrement, des conflits tenus pour identitaires ou communautaires se multiplient et semblent renvoyer au rayon des bons vieux archaïsmes du XXe siècle, contradictions de classe, conflits sociaux, exigences de justice sociale et de liberté politique, il part optimiste de s’attacher repérer l’essor d’une société civile dans deux pays d’Afrique, la Côté d’Ivoire et le Sénégal Refusant l’alternative simpliste entre communautarisme et “robinsonnades” néolibérales, les auteurs de ce livre ont rencontré les mille et un chantiers africains de la société civile au cœur des pratiques sociales quotidiennes, des stratégies au long cours, des cheminements existentiels et intellectuels des citadins d’Abidjan et de Dakar L’ouvrage s’inscrit dans le prolongement de L’Afrique des Individus publié en 1997 Les auteurs ont poursuivi cette recherche sur les évolutions des sociétés africaines contemporaines en milieu urbain Ils ont constitué une équipe franco-africaine dont les membres étaient réunis par un intérêt pour des méthodes délibérément qualitatives - privilégiant les entretiens approfondis – et pour l’étude des processus d’individualisation appréhendés sous la perspective des positions que les citadins prennent face aux pouvoirs de l’Etat et la Société moderne en général ● suite de l’entretien avec Serge Calabre, directeur général de l’IRD © IRD/A Debray dynamique ses missions : recherche, appui aux équipes du sud, travail en partenariat, etc Il est doté dune fonction interne dộvaluation assurộe de faỗon intộressante et quil va falloir encore encourager Enfin, son organisation interne fait de l’Institut un outil mobilisable avec un personnel et un encadrement de qualité, motivé, compétent Les réformes qu’a connues l’Institut ont participé cette redynamisation, mais il faut encore construire Il ne faut cependant pas négliger le fait que l’IRD repose sur un capital scientifique très riche bâti depuis l’époque de l’Orstom Que pensez-vous des orientations prises et où souhaiteriez-vous conduire l’IRD dans les divers aspects de ses missions ? L’impression qui ressort est que certaines adaptations de l’IRD sont possibles pour mieux profiter de l’environnement qui peut lui être offert, en Ces dernières années, le sentiment que l’IRD favorisait les missions au détriment de l’expatriation a pu laisser penser certains pays que l’institut se retirait un peu ? L’expatriation reste un instrument fondamental pour la mission de l’Institut Il n’y a pas de retrait, mais l’intégration des conditions modernes du fonctionnement de la science Le fait que les chercheurs se déplacent représente au contraire une opportunité pour renforcer les liens entre les communautés scientifiques du Nord et du Sud Cela peut également permettre de multiplier les relations Sud-Sud, un thème auquel je suis très sensible Je pense que l’appui aux programmes qui vont dans ce sens est très porteur d’avenir pour l’Institut Comment voyez-vous le rôle de l’Institut au sein de la communautộ scientifique franỗaise ? LInstitut doit sattacher renforcer leffort de mobilisation de la communautộ scientifique franỗaise en faveur du développement, aussi bien les organismes de recherche que lUniversitộ Les partenariats se dộveloppent de faỗon encourageante Mais nous devons être attentifs privilégier des partenariats construits, réfléchis dans lesquels l’institut reste un interlocuteur visible L’Institut progresse dans l’apprentissage de son fonctionnement et sa structuration Des rapprochements s’opèrent de faỗon naturelle depuis deux ans avec le regroupement de certaines UR, la constitution d’unités mixtes, la formation d’instituts fédératifs de recherche, etc Les trois quarts des unités de recherche de l’IRD vont devoir êtres renouvelés en 2004 et je pense que vont s’exprimer des complémentarités et certaines possibilités de rapprochements d’équipes Nous favoriserons la pluridisciplinarité, en faisant émerger des thématiques transversales et en développant des actions incitatives entre les départements de recherche de l’Institut Le mode de gouvernement de l’institut doit consister instruire au mieux les questions et les dossiers dans le cadre d’une politique scientifique clarifiée pour réaliser des arbitrages et prendre des décisions bien comprises Les conditions seront en particulier données aux instances d’évaluation pour qu’elles appuient au mieux l’IRD dans la réalisation de ses missions Cette année, les commissions scientifiques sectorielles sont renouvelées et les présidents des commissions sortantes nous transmettront des suggestions au regard des problèmes qu’ils ont rencontrés Est-ce que la mission « recherche pour le développement » est pour vous une notion claire ? Ce type de questionnement que j’ai entendu déjà recouvre plusieurs aspects et dissimule souvent des problèmes plus précis Dans certains cas, il s’agit d’une interrogation face au système d’évaluation, du risque que certaines activités soient parfois mal prises en compte C’est un problème important, qui peut trouver une solution par un meilleur dialogue entre les interlocuteurs (commissions, départements…) Ce questionnement renvoie aussi l’évolution des disciplines : que devient la spécificité d’un organisme qui travaille pour le développement quand ses outils deviennent de plus en plus pointus ? Il est clair pour moi que les thèmes sur lesquels travaille l’Institut sont spécifiques des régions et des problématiques de développement, même lorsqu’il s’agit de questions très larges, concernant par exemple des phénomènes climatiques Cette spécificité doit d’ailleurs se traduire dans les différentes dimensions de la politique scientifique : les thématiques, la stratégie géopolitique, le dispositif et les différentes missions de l’Institut ● une photo, une recherche La base Indigo, photothèque de l’IRD, vient d’accueillir sa 20 000e photo Sciences au Sud donne la parole son auteur, Anne-Marie Semah et vous invite découvrir sa discipline, la palynologie pour laquelle la photo est un outil précieux L’ infinie diversité des plantes fleurs se retrouve dans leurs grains de pollen ; chaque espèce végétale correspond une forme propre de gamète mâle Le travail du palynologue consiste identifier les espèces – ou taxons – en se basant sur l’observation de grains de pollen Après avoir rassemblé une collection de référence partir d’un herbier dûment déterminé par un botaniste, le chercheur utilise différents critères morphologiques tels que la symétrie, la présence, le nombre et la position des « apertures » – pores et sillons La membrane cellulaire ou « exine » est également caractéristique par son épaisseur et ses ornementations La collection de lames de référence est généralement doublée par une série de photographies prises au microscope optique et au microscope électronique balayage La palynologie, utilisée dans de nombreux domaines, notamment l’agriculture, l’apiculture et la médecine, est également utilisée dans la reconstitution d’écosystèmes passés et dans l’étude de l’évolution des climats C’est ce dernier aspect qui est mis en œuvre dans l’UR 55 « Paléotropique » diri- Contact Serge Hamon Serge.Hamon@mpl.ird.fr Serge Hamon est directeur de l’unité mixte de recherche UR 141 (Agro-M, Inra, IRD), Diversité et génome des plantes cultivées Nouvelles unités de l’IRD UR 151, Laboratoire Population – Environnement – Développement Implantation principale Université de Provence, Marseille Implantations secondaires Chili, Côte d’Ivoire, France, Laos, Madagascar, Mali, Sénégal, Tunisie, Vietnam Direction : Patrice Vimard vimard@up.univ-mrs.fr gée par Luc Ortlieb, où travaillent deux palynologues Marie-Pierre Ledru (spécialiste de la flore du Brésil) et Anne-Marie Sémah (spécialiste de la région IndoPacifique) Dans cette région, le système insulaire permet de comprendre les transformations du paysage au cours du peuplement des ỵles par l’Homme, les conditions environnementales et climatiques quil a rencontrộes mais aussi la faỗon dont il a dû s’y adapter ainsi que son action éventuelle sur l’écosystème Dans le cadre de recherches pluridisciplinaires, les analyses palynologiques sont corrélées dans les enregistrements continentaux lacustres avec des études sédimentaires, des spéléothèmes, des fouilles archéologiques et, dans le cas de la Nouvelle-Calédonie, d’étude des formations récifales marines ● Grain de pollen de Pyrostegia robusta, une Bignoniacée Cette liane, originaire d’Amérique du Sud, est cultivée en Nouvelle-Calédonie La flore de l’archipel est caractérisée par de nombreuses formes endémiques propres l’insularité Contact Anne-Marie Sémah UR 55 Paléotropique anne-marie.semah@bondy.ird.fr Photo : IRD A.-M Sémah Serge Hamon1 a été nommé représentant de la zone France du réseau Biotechnologies végétales, amélioration des plantes et sécurité alimentaire de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) pour une durée de ans La coordination du réseau est assurée par Patrick du Jardin de l’université de Gembloux, Belgique Au cours des journées thématiques, Biotechnologie, amélioration des plantes et développement durable, en octobre 2002 Marrakech, l’AUF a considéré qu’après un fort investissement au Maghreb, l’Afrique noire et les pays francophones de l’océan indien deviendraient la zone prioritaire de l’AUF Les objectifs du réseau incluent une approche régionale, et non par pays, le développement des relations entre les scientifiques, (bourses, projets), l’aide la mise en place de jeunes équipes, et le développement de structures de type formation-recherche L’aide la création de laboratoires multi-institutionnels de biotechnologie et de marquage moléculaire a notamment été envisagée Photothèque Base Indigo Claire Lissalde, indigo@paris.ird.fr http://www.ird.fr/indigo/ Ex-UR 011 et UR 091 UR 144 LISAH, Laboratoire d’Études des Inter- actions entre Sols, Agrosystèmes et Hydrosystèmes Implantation principale France : ENSAM, Montpellier Implantations secondaires Liban, Syrie, Tunisie Directeur : Marc Voltz voltz@ensam.inra.fr ex-UR 096 UR 154 LMTG, Laboratoire des Mécanismes de Transfert en Géologie Unité mixte CNRS Implantation principale Université Paul Sabatier, Toulouse Implantations secondaires France, Inde, Cameroun, Brésil, Bolivie, Equateur, Chili, Pérou Directeur : Bernard Dupré dupre@lmtg.ups-tlse.fr ex-UR 069 et UR 104 UR 157 LGIT, Laboratoire de Géophysique Interne et Tectonophysique Unité mixte CNRS Implantation principale Université Joseph Fourier, Grenoble Directeur : Dominique Jault direction-lgit@obs.ujf-grenoble.fr UR 148, Systématique, adaptation, évolution Implantation principale Université Paris VI, Pierre et Marie Curie Implantations secondaires Nouvelle-Calédonie, France Directeur : Hervé Le Guyader herve.le-guyader@snv.jussieu.fr ex-UR 020 Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Planète IRD termes de thématiques ou de partenariats, aussi bien au niveau franỗais quau niveau ộtranger au Sud comme au Nord Il ne m’est pas encore possible de donner des orientations précises, mais je peux esquisser des directions Sur le plan géographique par exemple, le fait de s’intéresser l’axe Europe Méditerranée Afrique n’impliquera pas, a priori, de désengagement des autres régions du monde Mais parallèlement, des efforts devront être faits pour renforcer notre participation aux programmes europộens et plus largement aux programmes internationaux Dune faỗon gộnộrale, l’appui aux équipes et aux chercheurs du Sud sera un des axes auxquels une grande attention sera accordée Monique Capron, Présidente du conseil d’administration de l’INSERM a été nommée membre du conseil d’administration de l’IRD © IRD/B Marin Nouveau dialogue l’IRD C a r n e t 15 Rendez-vous Tribune Développement durable Contact Jean-Yves Martin, IRD martin@paris.ird.fr Laurence Monin, Agropolis monin@agropolis.fr L e C o l l è g e Santé du Nord Santé du Sud Dans le cadre du « Collège », la Cité des Sciences organise en partenariat avec l’IRD et Médecins du monde un cycle de conférences Santé du Nord, Santé du Sud Ce cycle permettra de faire le point sur l’état sanitaire de la planète et tentera d’identifier les mesures qui permettraient de réduire les inégalités Nord-Sud • Mardi 20 mai, 18 h 30 L’état sanitaire de la planète d’hier demain par Anne-Marie Moulin, CNRS • Mardi 10 juin, 18 h 30, La santé dans les pays du Sud : le rôle de la recherche, par Jean-Franỗois Girard, Prộsident de lIRD Mardi juin, 18 h 30 Que faire face aux inégalités Nord/Sud ? par Joseph Brunet-Jailly, IRD et MarieOdile Waty, Médecins du monde • Mardi 17 juin, 18 h 30 Eau et santé, par André Prost, Organisation mondiale de la santé et Renaud Piaroux, Médecins du monde Pour clore ce cycle de conférences, une journée de débat sur le thème Bioéthique et pays en développement aura lieu, en visioconférence avec le campus numérique de Dakar, le ● samedi 21 juin 2003 Contact Marie-Lise Sabrié, IRD sabrié@paris.ird.fr www.cite-sciences.fr T h é o r i e d e l a v i a b i l i t é Vers une quantification du principe de précaution Comment concilier des objectifs contradictoires comme exploitation et conservation d’un écosystème ? Philippe Cury et Christian Mullon en appellent la théorie de la viabilité pour étudier les impacts de la pêche et proposer une gestion de systèmes complexes répondant aux exigences du principe de précaution C onsacré Rio de Janeiro en 1992 et réaffirmé lors du récent sommet de Johannesburg, le développement durable est défini comme étant économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable Il semble bien difficile de ne pas adhérer de tels objectifs La réalité appart cependant beaucoup plus contraignante voire contrariante quand il s’agit de les concilier L’idée de développement suppose un changement, voire une expansion, tandis que la notion de durabilité implique celle de stabilité Certains n’hésitent pas alors qualifier l’expression « développement durable » d’oxymoron ou juxtaposition de termes contradictoires Dans le domaine de l’exploitation des ressources marines, frappées de surexploitation chronique, ne voit-on pas les tenants de l’exploitation s’opposer ceux de la conservation et, en reprenant une terminologie qui a fait la une des journaux, les « amis des pêcheurs » s’opposer aux « amis des poissons » ? Cet affrontement est l’expression d’objectifs difficilement compatibles Ne sommes-nous pas en train d’idéaliser nos objectifs de développement, de mythifier un développement qui nous échappe le plus souvent en proposant des objectifs irréalistes ? La définition d’objectifs précis dans un univers complexe comme celui de la pêche est cruciale Des objectifs généraux, utilisant des analogies comme «l’état de santé» des écosystèmes, sont souvent proposés pour le développement Mais savons-nous quantifier un tel état de santé et savons quand et pourquoi un écosystème est malade ? Là où les écologistes quantifient des dangers potentiels, les économistes s’interrogent sur leur intensité voire leur causalité La seule chose unanimement acceptée est l’existence de contraintes, de tous ordres, liées au développement des activités humaines ; contraintes de plus en plus tangibles et parfois quantifiables On peut ainsi évaluer les pollutions acceptables pour un écosystème, les tailles effectives des populations de poissons, d’oiseaux ou de mammifères marins en dessous desquelles il n’est pas souhaitable de descendre par crainte d’extinction ou d’effondrement On peut par exemple quantifier les interactions par prédation et définir les biomasses minimales de proies nécessaires aux prédateurs On peut aussi évaluer le seuil en dessous duquel une activité économique de pêche n’est plus vraiment viable… Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 © Johan Rademan/MCM, Afrique du Sud Dans le cadre de la semaine nationale du développement durable, l’IRD est l’initiative avec l’INRA, le Cemagref, le Cirad, le Muséum national d’Histoire naturelle et l’Ifremer, des journées du développement durable organisées les et juin prochain par Agropolis Montpellier La semaine du développement durable qui se déroulera du au juin 2003 a pour but de sensibiliser, d’informer de faire participer le citoyen Dans cet esprit, les Journées du développement durable 2003 de Montpellier se veulent un lieu d’échanges, de dialogue et d’ouverture mettant en présence tous les acteurs du développement durable : du monde des sciences celui des entreprises, en passant par la société civile, les médias et les pouvoirs publics Les thèmes de l’alimentation et de l’eau seront abordés au cours de débats, conférences, tables rondes qui aborderont les enjeux des pays du Nord comme ceux du Sud A Paris, le juin, le ministère de la Recherche et les organismes franỗais de recherche organisent la Citộ des Sciences, une journée du développement durable La matinée sera consacrée la présentation du rapport sur la recherche au service du développement durable rédigé par un groupe d’experts réunis autour de Roger Guesnerie, professeur d’économie au Collège de France L’après-midi sera consacrée des communications des chercheurs avec le public, autour des thèmes : milieux de vie et développement durable ; océan et climat et santé et environnement Richard Auria de l’IRD dialoguera notamment cette occasion des questions de biodépollution au Mexique (voir Sciences au Sud ● n° 15, p 6) Finalement on évalue mieux ce que l’on souhaite éviter que ce que l’on souhaite atteindre Les travaux initiộs au dộbut des annộes 1990 par le mathộmaticien franỗais Jean Pierre Aubin et ses collaborateurs sur la théorie de la viabilité sont au cœur de ces constatations Leur modèle s’appuie sur un ensemble d’états «viables» définis par des contraintes de nature écologiques, économiques ou bien sociales Avec cette approche, on ne tente pas d’identifier une solution unique et optimale, mais de calculer l’ensemble des trajectoires viables du système dynamique placé sous un jeu de contraintes Cet ensemble est appelé « noyau de viabilité», il contient l’ensemble des solutions qui satisfont la fois les contraintes sur les états du système et la dynamique des composantes en interaction Les contraintes peuvent permettre de concilier des objectifs de pêche (optimiser une capture) avec des principes de conservation (éviter des extinctions de populations) ou de précaution (éviter des effondrements de stocks) Au sein des UR Idyle et Geodes, et en partenariat avec le Marine & Costal Management en Afrique du Sud, la théorie de la viabilité a été appliquée l’étude des impacts de la pêche sur la dynamique de l’écosystème du Benguela Les interactions entre les nutriments, les biomasses de plancton, de poissons démersaux et de poissons «On évalue mieux ce que l’on souhaite éviter que ce que l’on souhaite atteindre» pélagiques ont été modélisées Il a ainsi été possible de vérifier que divers scénarios de prélèvements des ressources étaient compatibles avec la dynamique globale de l’écosystème Cette modélisation vient d’être discutée lors de deux groupes de travail internationaux organisés en Afrique du Sud1 sur la gestion des ressources renouvelables et la définition d’indicateurs écosystémiques pour la gestion des pêches À terme, elle permettrait de renforcer la gestion écosystémique des pêches soutenue par l’Afrique du Sud dans le contexte mondial des pêches responsables dans les écosystèmes marins (www.fao.org) Le sommet de Johannesburg sur le développement durable a reconnu l’importance d’une restauration des ressources marines l’horizon 2015 On s’accorde volontiers sur le fait que les ressources marines sont surexploitées et qu’il faudra réduire l’effort de pêche et restaurer les écosystèmes endommagés On reconnt aussi qu’il s’agit d’une tâche indispensable et urgente, mais d’une extrême difficulté et dont le coût social et économique est certainement élevé Si les objectifs politiques paraissent clairs, les moyens effectifs pour les atteindre le sont beaucoup moins Aucun objectif chiffré ou opérationnel n’a été proposé La recherche pour le développement doit fournir un cadre conceptuel, les outils et les applications qui permettront de quantifier les objectifs du développement durable ; qu’il s’agisse de la caractérisation de l’état de santé des écosystèmes exploités ou d’autres objectifs long terme L’exemple des recherches sur l’aménagement des ressources marines menées l’IRD en partenariat permet de proposer une démarche scientifique opérationnelle Cela passe par une réflexion approfondie sur les paradigmes du développement durable -la théorie de la viabilité appart comme une avancée dans cette direction- mais aussi par le transfert des résultats de la recherche vers le développement, via la définition d’indicateurs écosystémiques pour les pêcheries (www.ecosystemindicators.org) La prédiction dynamique des systèmes complexes est pour le moment hors de notre portée, mais nous savons maintenant donner un contenu aux possibles, l’acceptable Il est peut-être encore temps d’amorcer la réconciliation entre les amis des poissons et les amis des pêcheurs et d’assurer la viabilité des pêcheries responsables dans les ● écosystèmes marins Contact Philippe Cury & Christian Mullon curypm@uctvms.uct.ac.za cmullon@egs.uct.ac.za En savoir plus Cury Philippe, Mullon Christian, Garcia Serge Michel and Lynne Shannon, 2003, Viability theory for ecosystem approach to fisheries Point of View in Fish and Fisheries, partre C Mullon, P Cury and L Shannon 2003 Viability model of trophic interactions in marine ecosystems Soumis a Natural Resource Modeling SCOR-IOC Working Group 119 : Quantitative ecosystem indicators for fisheries management et groupe de travail MCM-FAO An ecosystem approach to fisheries management in the southern Benguela : introducing the concept and looking at our options, respectivement les 4-6 et 9-11 décembre 2002, Cape Town, Afrique du Sud ... ex-UR 020 Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 20 - mai/juin 2003 Planète IRD termes de thộmatiques ou de partenariats, aussi bien au niveau franỗais quau niveau étranger au Sud comme au Nord... régionaux Le projet d’aquaculture de Sylvain Gilles (voir Sciences au Sud n° 19, p 11), et celui d ‘exploitation des plantes aromatiques de Nouvelle-Calédonie de Jean Waikedré (voir Sciences au Sud. .. d’un réseau autour de la thématique « Territoire et développement », associant des organismes de recherches au Nord et au Sud, des institutions publiques et des ONG d’Amérique latine Ce réseau se

Ngày đăng: 03/11/2018, 12:48

Tài liệu cùng người dùng

  • Đang cập nhật ...

Tài liệu liên quan