Rousseau champ intellectuel paris

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Rousseau dans la lutte des idées Le cas de Phạm Quỳnh, présentateur de Rousseau dans la revue Nam Phong en 1926 Phùng Ngọc Kiên Institut de Littérature Académie des Sciences sociales La société vietnamienne du début du XX siècle se propose un but important parmi d’autres, il s’agit de nouvelles réalités construites la base des connaissances occidentales, qui, pour reprendre le terme sociologique de Berger, sont importantes dans la mesure qu’elles deviendront les pragmatiques du Việt Nam moderne du XX siècle Parmi des noms cités qui se participent de ces connaissances, Rousseau et sa pensée attirent l’attention des intellectuels Notre rapport tient compte de la présentation de Rousseau par Phạm Quỳnh dans la revue Nam Phong en 1926, qui a clairement balisé la genèse du champ d’intellectuel de l’époque travers de la position faire de Nam Phong, de la perspective des lettres modernes et de l’image réclamée de Rousseau Nam Phong Rousseau dans la perspective des lettrés modernes Dans la perspective des intellectuels du début du siècle, Rousseau apparait comme un des référents occidentaux inévitables pour la modernisation du pays Mais toutes les sources référentes proviennent de la Chine ou du Japon Un des cas typique est le voyage imaginé par Tản Đà, qui rêve rencontrer en même temps Confucius et Rousseau dans le Ciel Ce dialogue entre les deux philosophiques, occidental et oriental, moderne et ancien représente clairement la volonté des intellectuels d’alors sur la rencontre occidental et oriental Ainsi, les connaissances des lettres sur Rousseau se confinent toujours dans les pragmatiques anciennes, dans les lectures chinoises ou japonaises C’est Nguyễn Văn Vĩnh, un confrère de Phạm Quỳnh a bien accusé: “Xưa học sách Tàu, lấy đạo Khổng Mạnh làm hoa thơm điểm óc, để tỏ nhân phẩm mà làm bề nhân chủng Ngày nay, có Đại Pháp sang, đem lý tưởng hay mà đạo cũ Á châu, lý tưởng họ biết hay hơn, thực hơn, mà lại phải mượn đến sách Tàu biết đến Đó lại câu hiềm Lang Sa sang mà ta lại phải nhờ có bọn Khang, Lương biết văn minh Đại Pháp, văn minh Âu châu Bởi thành tiếng người Lang Sa thiểm không dạy Chớ họ có nghĩ đâu nước Lang Sa cho ăn dần sợ nghẹn […] Ta phải đem điều hay ta học mà cổ động cho đồng bào hưởng, khỏi phải qua sách Tàu biết văn minh Đại Pháp, mà lại biết sai” À noter que Nguyễn Văn Vĩnh est aussi un intellectuel forme la franỗais comme Phm Qunh Dans un article de 1926 (ô Influence franỗaise ằ, Nam Phong, n108), Phạm Quỳnh critiquait déjà de front les lettrés réformistes qui ne lisent que des manuels de vulgarisation scientifiques ou bien des extraits philosophiques occidentaux que par le biais du japonais ou du chinois « Il est assez plaisant d’entendre nos lettrés "modernisés" citer tout propos et hors de propos du Mạnh đức tư cưu (en chinois Mont-te-tseu-kiou = Montesquieu), du Lư Thoa (Lou-tso = Rousseau) ou du Phúc lộc đắc nhĩ (Fou-lou-te-el = Voltaire) sans bien comprendre les théories de ces écrivains et saisir exactement leur portées philosophiques et sociales Encore aiment-ils se montrer au courant des idées franỗaises qui ne leur sont ainsi connues que par le canal de traduction chinoise » Ainsi les intellectuels l’occidentale comme Phạm Quỳnh et Nguyễn Văn Vĩnh ont bien présenté les philosophes occidentaux directement du franỗais au lieu par le biais du chinois ou du japonais Il s’agit vraiment d’une lutte des idées En fait, le nom de Rousseau, non sous la forme de l’inscription chinoise Lư thoa, est note le plus tơt possible dans le Đơng Dương tạp chí en 1913 dans la rubrique Pháp văn tạp thái (Divers littộraires franỗaises) Cette rubrique presente les traductions courtes des philosophes de Pascal, Bossuet, Diderot, La Martin, Montesquieu ou des littộraires franỗais comme La Fontaine, Le texte de Rousseau est intitule Le lever du soleil cité du livre IV d’Emile de Rousseau On peut dire qu’avant 1917, il n’y a pas encore une traduction directe du franỗais des textes de Rousseau En 1922, Nguyễn An Ninh revient au Việt Nam pour participer au mouvement militant pour l’éducation du peuple en vue de rehausser leur niveau, et pour la santé en vue de suivre le combat, de s’affranchir Il fonde le journal La Cloche fờlộe en franỗais condamnant lộgalement le régime colonial Le journal par conséquent est interdit En 1923, de son deuxième retour au pays, il procède la traduction de cinq premiers chapitres du Contrat social de Rousseau paru dans La Cloche fêlée réédité La traduction du Contrat social vise la vulgarisation de la pensée de légalité : l’homme est né libre Il présente également la position de Rousseau sur l’État : l’État est une institution de gouvernance avec le Contrat social Ainsi, c’est Nguyễn An Ninh qui est le premier divulguer au Việt Nam la pensée de démocratie de Rousseau travers son œuvre Or sa traduction en viêtnamien est interdite par les autorités coloniales, qui a peur de l’influence rousseauiste sur l’intellectuel viêtnamien d’alors, lors du haussement du mouvement révolutionnaire Ce sont les conférences, les interventions Phương trâm chủ nghĩa, Đơng Dương tạp chí số ngày 22-5-1913 Nous soulignons publiques données par Nguyễn An Ninh sur la démocratie, la liberté qui ont réveillé l’intellectuel, le peuple viêtnamien En 1921 Phạm Quỳnh a prononce dans une confộrence Paris devant lAcadộmie franỗaise, ou sont cites les noms franỗais tels Voltaire et Rousseau Cette intervention sera publie en franỗais dans Nam Phong Ces informations montrent que Phạm Quỳnh a cherche lire un des philosophes les plus importants qui ont attire les lettres modernises Ils ne peuvent lire que Rousseau travers le chinois ou le japonais Ces lectures de Rousseau préparent la présentation la plus complète mais aussi la plus controversée de Rousseau jusqu’avant 1945, la fin de la présence colonisatrice au Việt Nam Cette présence dans la lutte des idées, mon idée, concerne la position de Nam Phong dans le champ d’intellectuel d’alors Position faire de Nam Phong dans le champ d’intellectuel initial L’image de l’Occident est vraiment nouvelle pour les vietnamiens du début du XX siècle Ce moment est important dans la mesure qu’il initie les premières connaissances modernes construites l’occidentale du Việt Nam Les intellectuels vietnamiens, qui participent cette construction, sont composés des lettres traditionnels et des intellectuels formés l’occidentale Ce sont leurs origines et leurs trajets qui décideront leurs conceptions sur l’Occident, qui influencent leurs choix Les statistiques sociologiques de Trịnh Văn Thảo ont bien montré que les intellectuels d’alors se composent la génération de 1907 de la société vietnamienne moderne Cette génération se divise en deux groupes principaux la base de leur origine: les lettres modernes et les intellectuels formés l’occidentale Néanmoins, ce sont leur trajet qui influence la formation du champ d’intellectuel d’alors Cette formation concerne les positions faire proposées ou constituées par les intellectuels Il s’agit du cas de Nam Phong Avant l’apparition de Nam Phong, il y a d’autres revues en vietnamien, en quốc ngữ Ces revues sont toutes fondộes par les franỗais selon la loi coloniale, alors que le public est vietnamien Donc leur rédacteur en chef est évidemment le vietnamien Il s’agit de Gia định báo (1865-1897) fonde par E Potteaux et Trương Minh Ký est rédacteur en chef; Nơng cổ mín đàm (1901) par Canavagio et Lương Khắc Ninh, Đại Việt tân báo (1905-1909) par Babut et Đào Nguyên Phổ, Lục tỉnh tân văn (1909) par Pierre Jeantet et Trần Nhất Thăng, Trung Bắc tân văn (1913) Đăng Cổ tùng báo (1907-1909), Đông Dương tạp chí (1913-1916) par Schneider et Nguyễn Văn Vĩnh3 L’on peut dire que la presse indochinoise devient une mine Cf Trinh Văn Thảo, Việt Nam du Confucianisme au Communisme, L’Harmatan, 1991, pp34-38 Phạm Thị Ngoạn, tr 22 pour les colonisateurs tels Schneider Autrement les franỗais dominent le champ d’intellectuel au niveau de financement Néanmoins pour les intellectuels vietnamiens, la presse devient une occurence précieuse profiter en vue de non seulement gagner la vie, mais encore de “duy tân”, renouveler la mentalité du peuple Ce renouvèlement est en fait un processus de construire une nouvelle réalité la base des connaissances occidentales C’est dans cette perspective que Nam Phong doit se fixer la position faire en 1917 lors de son apparition Par leur intervention indirecte, les Allemands, grâce aux ouvrages rédigés en chinois, vantent l’Allemagne et détruisent l’image de la France En effet, la critique la plus violente est constatée dans un ouvrage de deux volumes rédigé par un Chinois Kang You-wei après son voyage en Europe vers lannộe 1900 Linquiộtude de ladministration franỗaise saccentue : « […] On a constaté, depuis, que ce personnage chinois était l’agent le plus actif du germanisme en Chine, et ce ne dût pas être par l’effet d’une complaisance désintéressée que le volume consacré par lui la France se présente comme un parallèle entre celle-ci et l’Allemagne, tout en faveur de cette dernière puissance Les notes qu’il consacre la France sont un tissu de critiques et d’imputation calomnieuses contre lesquelles aucune voix ne s’est élevée en Chine depuis dix huit ans, c’est ce même K’ang-Yeou-Wei qui tentait, le 1er juillet dernier avec le général chinois Tchang-Hiun la restauration du régime impérial Pékin Or, il est aujourd’hui officiel que cette tentative était encouragé et financée par l’Allemagne […] »4 Ce que Nam Phong propose au public est la fois similaire et différent de Đông Dương tạp chí Les rubriques visent aussi l’éducation Les lettres modernes comme Phan Kế Bính Nguyễn Đỗ Mục, intellectuels l’occidentale comme Phạm Quỳnh, Phạm Duy Tốn qui ont fait partie la rédaction de Đơng Dương tạp chí continuent coopérer avec Nam Phong Le but de l’éducation alors se perpétue dans cette revue Une différence importante noter, c’est que Nam Phong est fondée par L Marty et a pour le Mécénat le Bureau politique du gouvernement colonial Son maquette du premier numéro (1 Juillet 1917) est: “L’information franỗaise La France devant le monde Son rụle dans la guerre des nations Publication autorisée par arrêté du 30 décembre 1916 de M le Gouverneur général de l’Indochine” Ainsi au début cette revue se fonctionne apparemment comme une organisation du gouvernement colonial de l’Indochine Pourtant, les rubriques qui sont proposes dans l’avant-propos du premier numéro nous donnent une autre impression: Luận thuyết, Văn học bình luận, triết học bình luận, Khoa học bình luận, Văn tuyển, Tạp trở, Thời đàm, tiểu thuyết Rapport d’Albert Sarraut, Gouverneur général de l’Indochine, en date du 15 septembre 1917, au Ministre des Colonies Paris, cité par Huỳnh Văn Tòng in Histoire de la presse, op cit., pp 121-122 Cf Lê Thu Hằng, l’Imprimerie et la contrôle de presse, thèse de l’UniveRsité de VeRsaille 2010 (Discours politique, Critiques littéraires, Critiques philosophiques, Presentations scientifiques, Littératures choisies, Divers, Chroniques, Romans) En présentant les rubriques politiques moins que littéraires et scientifiques, Nam Phong se donne une mission différente des autres Il s’agit de la mission de l’éducation du peuple que son confrère Nguyễn Văn Vĩnh avait fait avec quelques succès dans Đơng Dương tạp chí Cette revue voit le jour en 1913 et finit en 1916, juste un an avant l’apparition de Nam Phong Au début, Đơng Dương tạp chí se fonctionne comme une presse d’information Rapidement, cette presse se donne une mission particulière de l’éducation de la population en changeant les rubriques À noter que Nguyễn Văn Vĩnh est un des premiers intellectuels importants formes l’orientale En plus, c’est Nguyễn Văn Vĩnh qui joue également un rôle important dans le mouvement Đông Kinh Nghĩa Thục Ce mouvement vise clairement le but de l’éducation du peuple5 S’y ajoutent les rubriques de la revue, les premières pages du numéro un montrent clairement l’idée de la rédaction C’est tout d’abord dans la deuxième page de la couverture la photo d’A Sarraut, qui a “fonde l’Université de l’Indochine”, comme la note en bas de la page Ensuite l’avant-propos de la revue mentionne: “Trước báo muốn đem sức tài nhỏ mọn mà giúp cho học nước […] Nước cốt dân, dân chủ bọn người gọi bọn thượng-lưu bọn thức-giả xã-hội nhà có Nhà khơng có được? Nước khơng có bọn thượng lưu trí-thức để giữ gìn cốt cách nước, để bồi dưỡng quốc túy, gọi nước được? Có nhà danh sĩ Pháp nói rằng: Nước Pháp nước Pháp, nhờ bọn bốn năm mươi người đại trí Nếu khơng có bọn nước Pháp khơng phải nước Pháp nữa”6 [Premièrement, nous voudrions concourir, par tous nos petits efforts, développer l’éducation du pays (…) Le pays se constitue] Dans la rubrique “Divers”, les “quarante grands” que l’avant-propos mentionne sont concrétisés par la présentation de l’Académie franỗaise Ainsi Nam Phong rộclame la fondation dun corps des intellectuels dont la plupart proviennent de la rédaction de Nam Phong Ainsi, Phạm Quỳnh veut canoniser leurs connaissances travers les auteurs cites ou traduits, travers son ambition de fonder un cycle composes des intellectuels la modelé de lAcadộmie franỗaise Nam Phong publie souvent dans les supplộmentaires franỗais ou fait traduire en quốc ngữ les articles des membres de Acadộmie franỗaise Par exemple, dans no 102 du supplộmentaires franỗais, on publie larticle dA Meillet de lAcadộmie des Inscriptions et des Belles Lettres) sur “Les Interférence entre vocabulaire” En fait, on peut trouver facilement des auteurs la vue du milieu d’intellectuel d’alors Il s’agit des intellectuels qui ont accrédité au niveau de Voir Đông Kinh Nghĩa Thục, Marseille 2007 Nam Phong, n l’âge et de leur niveau comme Nguyễn Bá Trác, Nguyễn Hữu Tiến, Nguyễn Bá Học, Nguyễn Đôn Phục Nguyễn Mạnh Bổng Nguyễn Bá Trác (1881-1945) est charge des articles en chinois Il est un des lettres participant au mouvement patriotiques du début du XX siècle Il est sorti, avec Phan Bội Châu, au Japon en vue de chercher les plans possibles de modernisation Finalement il revient au Việt Nam travailler comme interprète au Département politique du gouvernement colonial Son trajet relève les choix typiques des lettres modernes Il s’agit des efforts de modernisation du pays au lieu de lutter contre les colonisateurs franỗais Ces choix sont importants dans la mesure que ce contexte, ajouté aux trajets des intellectuels, influence la lecture de Rousseau au Việt Nam d’alors À 36 ans, Nguyễn Bá Trác atteint la maturité de son œuvre Il en est de même avec d’autres intellectuels tels Nguyễn Hữu Tiến 42, Nguyễn Bá Học 50 Ainsi, cette statistique montre que les lettres modernises dominent le mouvement de modernisation du pays7 En fait, en se donnant ainsi le but de l’éducation, Nam Phong propose une position faire du champ de l’intellectuel qui s’initie Autrement, Phạm Quỳnh a pour l’ambition la construction un centre qui regroupe des intellectuels sans distinguer leur origine Il est facile de trouver dans la rédaction de Nam Phong les intellectuels formes la franỗaise comme Phm Qunh ou Nguyn Vn Nho, qui aprốs sera chargộ des supplộmentaires en franỗais, et les lettres modernes comme Nguyễn Bá Học, Phan Kế Bính… Nous partageons alors l’idée de Phạm Thị Ngoạn qui appelle Phạm Quỳnh et ses confrères les “professeurs” Selon elle “Nam Phong chẳng khác trường học công lập giảng dạy theo chương trình nhà nước”9 Nous voudrions insister sur cette allusion: une école la programme de l’Etat Il est évident que Phạm Quỳnh veut canoniser les connaissances qu’il presente dans Nam Phong On n’oublie pas que Phạm Quỳnh a presente des le premier numộro de Nam Phong lAcadộmie franỗaise Depuis lapparition de Nam Phong jusqu 1926, les auteurs franỗais qui sont académiciens sont vraiment préfères Citons quelques exemples: Bourget… Ce que Phạm Quỳnh veut faire, c’est de constituer un corps d’intellectuel de pouvoir dans le champ Il a l’ambition de construire un champ d’intellectuel puissant comme ce qu’il voit en Acadộmie franỗaise noter que depuis 1924, Phm Qunh est chargé des cours de la L’on doit tenir compte de la fin de l’éducation par les lettés la campagne et des concours par la Cour de Huế Phạm Thị Ngoạn, Tìm hiểu tạp chí Nam Phong 1917-1934 (bản dịch Phạm Trọng Nhân), Ý Việt 1993, p 65 À noter que c’est pq qui a bien encourage les formations la francaise en traitant dans 12 pages de np no 12 (6/1918) Les Regles generales de l’instruction publique” signes par A Sarrault mois apres, pq salue “Thánh dụ bỏ khoa cử Trung Kỳ” (no 18, 12/1918) et surtout le decret de la Court de Huế d’aggreer d’employer le quốc ngữ dans la pratique administrative: “C’est compréhensible que l’avenir de Notre Pays se situe dans ce quốc ngữ” (p 261) Sđd, tr 66 philologie et de la littérature sino-annamites l’Ecole des Hautes-Etudes indochinoises Dans son cours prévu, on peut trouver “influence de la Nouvelle Lettre chinoise et franỗaise sur le langage dAnnam10 Ainsi on peut dire que Phạm Quỳnh ne s’exerce jamais non seulement en tant que journaliste mais encore en tant que professeur authentique Autrement dit, ce qu’il propose tient le statut normal dans le champ des intellectuels l’époque S’y ajoutent les discours de Nam Phong sur l’éducation Surtout, en 1926, ce sujet est mis en relief ou plutôt est intensifie par les articles en vietnamien et mờme en franỗais Dans le supplộmentaire en franỗais du no 102, Phm Qunh consacre pages discuter sur l’éducation japonais, dont les succès sont mentionnes: “Elle [organisation de l’enseignement au Japon – PK] s’inspire d’une tendance générale qui est celle d’une fusion de l’esprit européen et de l’esprit asiatique”11, “produit des résultats excellents” C’est pour les ressemblances entre le Việt Nam et le Japon en ce moment que le Việt Nam se situe “dans le même état que le Japon il y a cinquante ans”, le modelé japonais alors “mérite de retenir l'attention de nos compatriotes” Ainsi, Phạm Quỳnh et Nam Phong participe également au mouvement “à l’exemple japonais” que les lettres modernises ont alors encourage En le faisant, Phạm Quỳnh aime bien prendre la position centrale du champ de connaissance En 1926, Nam Phong atteint au point culminant de l’ambition de Phạm Quỳnh quand il a cherché inviter les professeurs parisiens venir faire interventions l’Association Khai Trí tiến c propos de lộducation primaire en franỗais ou en vietnamien Dans un article analysant les avantages de l’éducation en franỗais ou en vietnamien dans lộcole primaire indigốne, Phm Qunh a bien rộclamộ les citations de ce professeur franỗais, selon lesquelles seule la langue maternelle, non le franỗais comme le veulent les autorités coloniales, devrait être privilégiée l’égard de l’éducation primaire vietnamienne Il faut bien noter que ces citations sont réclamées en vue de répondre, non riposter, la volonté des autorités coloniales Les arguments avancés par Phạm Quỳnh dans ce contexte de 1926 montrent qu’il y a un changement au niveau de la position de Nam Phong dans ce champ initial Il faut bien garder ce moment important si on connt les arguments colonisateurs qui dominent alors dans le monde et au Việt Nam concernant le déséquilibre des cultures Le discours de J Ferry le 28.7.1885 en est exemple, ou il parle de la responsabilité des “races supérieures civiliser les races inférieures” Pour Alice Goheneix-Polanski “il fait explicitement référence une hiérarchisation des cultures (européennes/civilisées versus indigène/barbares) mais il fait aussi 10 Voir np no107, en bas la page 14, “Ảnh hưởng Tân thư Tàu Pháp học vào tiếng An nam” 11 Np, fr, 102, p implicitement référence au sens singulier de la responsabilité civilisatrice de la France, son exceptionnalité dans le champ de la dynamique morale dans la colonisation”12: De toutes les nations colonisatrices de l’Europe contemporaine on reconnait assez volontiers que la France n’est peut-être pas celle qui puisse s’enorgueillir des plus brillantes réussites sur le plan de la mise en valeur économique ou même de l’organisation administrative [Mais] – c’est elle – parce qu’elle est la France, c’est dire dépositaire de certaines valeurs d’humanités et de civilisation – qui assure le plus efficacement et le plus généreusement le grand devoir de promotion intellectuelle et de développement moral des peuples places sous sa tutelle13 En faisant de cette mission de l’éducation civilatrice le but de la carrière patriotique, les intellectuels vietnamiens d’alors, tel Phạm Quỳnh, font partie de l’œuvre discutable En fait, cette œuvre est nommée par les colonisateurs la conquête morale après la conquête militaire Comme dit le premier directeur de l’Ecole normale d’Alger en 1865: “Les écoles sont des ateliers ou seront fabriquées désormais les armes les plus sures pour la conquête et la pacification définitives de la colonie” 14 De même Paul Leroy-Beaulieu a bien exprime: “le moyen le plus sur de dominer un peuple et de se l’assimiler, c’est de s’emparer de l’éducation de l’enfance et de la jeunesse” Dans les années 1925-1926 les efforts de prendre une position sont intensifiés dans le but de la légitimer, ou de la canoniser Le supplément de 104, Phạm Quỳnh propose En Chine qu’il a “relu ces derniers jours d’Able Bonnard” Il s’agit d’une figure des milieux mondains grâce sa réputation d'homme d'esprit Grand voyageur, auteur d'une vingtaine d'ouvrages, il connt le succès grâce En Chine — qui lui vaut le grand prix de littérature en 1924 — et aux Modérés Participant aussi de nombreux journaux, il est ộlu l'Acadộmie franỗaise en 1932 Cet intellectuel est aussi un maurassien, qui est aussi un nationaliste Phạm Quỳnh a bien exprimé son enthousiasme, son plaisir de lire le livre qui lui frappe par “des aperỗus profonds et ingộnieux de lauteur Dans ce mờme supplộment, Phạm Quỳnh a eu un article sur Phan Châu Trinh propos de sa mort, là-bas il insiste sur le fait que “Phan Chu-Trinh n’était pas un révolutionnaire: c’était un réformiste” (p 30) Dans un article intitule “Les Aspirations des Annamites”, au nom de la Section de la Ligue de Droits de l’Homme de Hanoi, Phạm Quỳnh a répondu aux accusations du responsable de la Section de la Ligue de Droits de l'Homme de Haiphong propos de l’affaire de Phan Châu Trinh À préciser que cet article réclame du discours Félicien Challaye au meeting de la Ligue des Droits de l’homme 12 A Goheneix-Polanski, “L’argument civilisateur dans la doctrine coloniale de la langue francaise”, in Le postcolonial comparé, anglophonie, francophonie, p 105 13 Cite d’apres A Goheneix-Polanski, p 105 14 Cite d’apres A Goheneix-Polanski, p 106 de Paris, relayé par le Cahier des Droits de l’homme, n6 (1925) 15 pour confirmer son esprit de nationalité Phạm Quỳnh en vient même condamner la “mentalité coloniale” des membres de la Ligue des Droits de l’homme de Haiphong, qui sont les colonisateurs franỗais Dans une certaine maniốre, Phm Qunh a emprunte les propos de F Challaye en vue d’exprimer les revendications, qui sont aussi les limites appliquées par la colonisation franỗaise, des vietnamiens: libertộ de la presse, libertộ de rộunion, liberté de déplacement, développement de l’instruction tous les degrés et organisation d’un enseignement primaire obligatoire avec la langue annamite comme vộhicule et le franỗais comme deuxiốme langue [] reforme électorale assurant une représentation annamite en rapport avec notre importance ethnique et économique dans les différents conseils et congres locaux et au Parlement métropolitain” 16 Pour commencer cette œuvre de reforme, Phạm Quỳnh, peut-être accompagne par son illusion, demande le refus de “la mentalité du negrier” Cet article est traduit en même temps dans le Nam Phong 103 en quốc ngữ La traduction en vietnamien en même temps ainsi confirme la volonté de Phạm Quỳnh dans la lutte des intellectuels envers un colonisateur franỗais Dans une mờme veine, dans le Nam Phong en franỗais 106, Phm Qunh rộdige un article sur le “malaise moral” et fait relayer un autre article de Jules Roux publié dans le Cahier des Droits de l’homme, concernant la mort de Phan Châu Trinh (27.3), qui a engendre un grand mouvement nationaliste des vietnamiens en 1926 Dans le Nam Phong 105 (1926) en quốc ngữ, Phạm Quỳnh écrit sur “một chương trình cải cách học nước ta”, ou il remarque que: “mươi năm gần đây, tình trị thay đổi, trình độ dân trí mở mang, Chính phủ tạm biên tập học chế mới” (p 315) À noter que Challaye est aussi, comme remarque Phạm Quỳnh dans son article, un universitaire Ces articles commencent, comme un essai, des débats dans le champ initial d’intellectuel où se divisent les tendances d’opinion Néanmoins, un point favorable de cette bataille morale dont Phạm Quỳnh profite est le nationalisme C’est ici qu’on devrait discuter avec les idées que Phạm Quỳnh est un conservateur Comme dit Trịnh Văn Thảo qu’il s’agit d’un “heureux alliage entre le classicisme dérive du conservatisme lettre de l’intelligentsia transitoire et le désir d’ouverture – par ailleurs très sélective – l’influence occidentale (ou domine la pensée traditionnaliste franỗaise avec les Taine, M Barres, C Maurras, G Le Bon, H Bordeaux, P Bourget…)” 17 On peut dire que Phạm Quỳnh suit plutôt la ligne nationaliste dans l’ambition de construire un champ de 15 Np, fr 103 Ce journaliste est aussi un philosophe, un dreyfusard et un anticolonialiste 16 Nam Phong, supplement franỗais, n 103, p 16 17 Trinh Văn Thảo, op.cit, p 318 l’intellectuel, dans lequel une position dominante est faite par Nam Phong Cette position dominante d’alors s’attache bien la fonction de l’éducation La question suivante est que comment se transforme la figure de Rousseau dans le rapport avec dautres figures franỗaises Limage rộclamộe de Rousseau Nam Phong Dix ans après de l’apparition de Nam Phong, dans le no 119 du 7.1927, Phạm Quỳnh en tant que rédacteur de Nam Phong écrit: “Ở nước mà dân trí cịn chưa khai thơng hẳn, quyền ngơn luận cịn chưa hồn tồn nước ta, lấy trị làm tơn khơng lấy văn hóa làm chủ nghĩa” 18 Ce bilan de dix ans résume ce que Phạm Quỳnh veut faire et avait atteint pour la revue Nam Phong Il s’agit de suivre la stratégie de la culture au lieu de militaire En suivant cette ligne, il devrait fixer une position dans le champ d’intellectuel Ce qui est intéressant dans ce cas est que la série des articles de traduction et de présentations de Rousseau joue en même temps deux rôles D’une part ces articles confirment la position centrale de la revue dans le champ D’autre part, ils proposent une autre image de Rousseau travers les traductions directes du franỗais au lieu du chinois ou du japonais Publiée dans cette perspective, la rédaction d’un article sur Rousseau par Phạm Quỳnh et ses traductions de celui-ci ont leur importance parmi les centaines d’articles philosophiques et sociaux qu'il a publiés Cet auteur donne notamment une série de textes de présentation des auteurs occidentaux dans plusieurs numéros de 1926 Rousseau est présenté aux lecteurs dans quatre numéros consécutifs (104-107) de Nam Phong Tạp Chi cette année-là, alors que Montesquieu y est seulement évoqué dans le n° 108, et Voltaire dans le n° 114 Ainsi, s’il n’y a dans la revue Nam Phong que trois philosophes franỗais des Lumiốres prộsentộs aux Vietnamiens, Rousseau est certes le plus important Mờme dautres philosophes franỗais renommộs comme Descartes ou Pascal ne figurent que dans un numéro de la revue Cette importance accordée au Citoyen de Genève confirme le rôle que celui-ci joue dans le mouvement de modernisation d'alors En fait, Phạm Quỳnh qui a été chargé par le bureau du protectorat de fonder une revue pour diffuser l’image de la France parmi ses compatriotes lettrés, va plus loin et se sert de ce périodique pour vulgariser la connaissance occidentale Un collaborateur de la revue peut donc noter quô [] un grand nombre de personnes qui [] reỗoivent la revue chaque mois, la gardent précieusement, puis la relient joliment en cuir avec dorure au dos, comme on doit traiter une chose précieuse pour la bibliothèque familiale » Le numéro 104 contient la traduction de textes de Rousseau en dix-neuf pages effectuée par Phạm Quỳnh Parmi les passages traduits, relevons la prosopopée de Fabricius et 18 Nam Phong, số 119, 7.1927, tr V 10 « la culture corrompue par la civilisation », des extraits du Discours sur l’origine de l’égalité, et de la Lettre d’Alembert Le numéro 105 de Nam Phong ne présente pas la traduction annoncée de La Nouvelle Héloïse sous prétexte que la poésie du texte se perd lors du transfert linguistique Mais Émile appart dans quelques fragments significatifs : la nature et l’homme (la nature est traduite en ông Thiên công [Monsieur le Ciel-créateur]), l’allaitement, le commentaire du poème Le corbeau et le renard de La Fontaine Dans le numéro 106 de Nam Phong en mai 1926, Phạm Quỳnh continue de présenter la traduction d'Émile en offrant un passage de la Profession de foi du vicaire savoyard Dans le numéro 107, où est présenté Montesquieu, figurent des passages du Contrat social, dont le titre est traduit selon les mêmes termes que le fait cette même année Nguyễn An Ninh, et sera repris encore dans la traduction réalisée en 1960 par Nguyễn Hữu Khang dans le Việt Nam du Sud Cette traduction du Contrat social représente douze colonnes avec les parties suivantes : 1.1 Sujet de ce premier livre [sous-titre en viêtnamien : sur la liberté], 1.3 Du droit du plus fort (le mot droit est traduit par quyền lợi) qui côtoient les parties 1.4 De l’esclavage, pour constituer un tout soustitré en vietnamien : Sur la force ; les parties 1.6 Du pacte social, 1.7 Du souverain, et 2.8 Du peuple sont intégralement traduits pour ainsi dire 3.4 De la démocratie est aussi traduit presque intégralement Les Confessions sont présentées et traduites sur deux colonnes dans des passages pris au début et la fin de l’ouvrage ; les colonnes 9,5 sont consacrées la traduction d’un article de recherche de « L Crouslé (Université de Paris) » concernant Rousseau juge de Jean-Jacques Dans le numéro 106 de Nam Phong, on lit certaines remarques quelque peu contradictoires avec d'autres précédemment énoncées par Phạm Quỳnh : avec prudence, il distingue chez Rousseau les points forts des points faibles et pour ce faire, il reprend son compte les paroles des critiques européens pour dire que Rousseau est la fois un mtre de la littérature et un penseur dangereux Sa philosophie est présente dans ses ouvrages littéraires et a eu une telle influence qu'elle menace la société depuis cent ans : « La destruction est sa principale contribution » Phạm Quỳnh reprend son compte une remarque de Jules Lemaợtre sur le fait que ô Rousseau propose l’idée étrangère, contraire la nature, selon laquelle il existe une éducation naturelle ; il en déduit que les parents n’ont aucun droit sur leurs enfants […] Il en résulte qu’un enfant suivant sa méthode d’éducation est soit un adepte docile du mtre, soit un anarchiste indiscipliné » C’est au numéro 107, quand il conclut sa présentation de Rousseau, que Phạm Quỳnh éclaire son intention : « Nos écrivains, une fois qu’ils prennent la plume, font appel aux noms des mtres, Lư (Rousseau), Mạnh (Montesquieu), mais ils 11 ne connaissent pas leurs pensées Nous avons résumé l’histoire de leurs théories l'intention des lecteurs Nous traduisons également les citations de Rousseau Sa pensée a profondément influencé le monde entier » Par rapport aux autres penseurs des Lumières, la présentation de Rousseau est dominante et précoce dans la revue Personne ne bénéfice plus que lui de ce privilège Nous ne connaissons pas exactement les sources utilisées par Phạm Quỳnh pour rédiger la biographie de Rousseau, mais il est notable que ce dernier met tout particulièrement en relief les délits de Rousseau dans sa jeunesse, délits que la critique des Lemtre et des Faguet avait amplement mis en lumière L'image de Rousseau qui en résulte est essentiellement morale et peu glorieuse : son père était un « libertin, dénué de morale » qui n’éduqua son fils que par des romans, sa mère était « légère et libertine » ; Jean-Jacques vivait la campagne et n'acquit pas d'autres habitudes que celles de la couche sociale inférieure qu'il fréquentait, celle des voleurs, vagabonds, errants Rousseau avait également des liaisons sombres avec Madame de Warens ou la vendeuse Basile ; il était en rapport avec les vagabonds turinois lorsqu'il fut secrétaire dans cette ville, etc Il avait même volé chez le marquis de Vercellis et fut chasé pour ce motif avec la servante Marion Pendant sa vie errante où il a des liens avec la canaille, d'octobre 1729 avril 1730, il entretient « des relations avec des musiciens odieux, ignobles » Quand il fut avec son ami Venture, il « cohabita avec de viles et basses femmes comme les servantes » (Nam Phong 104, p 211) Ce n'est qu'en 1735 que les liens qu'il établit avec des hommes de bien comme les écrivains Gauffecourt et Conzié lui font découvrir le monde littéraire Phạm Quỳnh examine aussi la question de l’éducation chez Rousseau : « Lire beaucoup, mais cursivement et hâtivement en vue d’acquérir immédiatement et de cumuler précipitamment le bagage éphémère, léger, mal digéré comme s'il était encore cru, c'est lire sans ménagement et avec plein de défauts » Il poursuit : « Rousseau, d'abord musicien et poète, devint, grâce ses relations avec des philosophes et des écrivains de renom, un romancier par excellence et un réformiste social » Enfin le rédacteur de Nam Phong résume sa position l'égard de Rousseau en ces termes : « La postérité lui reproche beaucoup d'avoir été ingrat, impudique ; que c'est ignoble ; mais c’est cause de son humeur romantique C’est parce qu’il fut un vagabond depuis son enfance, sans éducation, qu’il s’habitua la vie bohème, en lien avec la populace, qu’il n’a pas d’idée de la morale et de la famille, tel point qu’il ne sait pas comment se comporter correctement Il n’est pas un immoral, mais un homme sans éducation pour comprendre la morale » (Nam Phong 104, p 211) La vie 12 d’ermite de Rousseau révèle, selon Phạm Quỳnh, un cas singulier dans l’Histoire : « La vie d’avant est si virile, alors que la nouvelle vie est si simple et si noble » L’article mentionne encore que Rousseau est le premier philosophe qui, dans son Discours sur l'origine de l’inégalité, a remarqué le rôle social impliqué dans la politique : c’est la propriété qui cause l’inégalité sociale Cette observation sera intéressante en comparant le cas de Rousseau avec d’autres présentations biographiques Par exemple, dans le no 103, Phạm Quỳnh traduit les « biographies des intellectuels militants indiens modernes » (tiểu sử nhà chí sĩ Ấn-độ thời này, pp 118-128), ou on peut citer les noms tels Mahadev Govin Ranade, Madan Mohan Malaviya, Mohandas Gandhi… Cette présentation ne contient aucun détail de la vie privée Il en est de même pour la présentation de Lương Khải Siêu (Nam Phong, t XXXII, n 185, 6/1933, pp 549-555) écrit par un confrère de Phạm Quỳnh, Tùng Văn Nguyễn Đôn Phục Les détails de la vie quotidienne n’apparaissent pas dans cet article Ce résumé de remarques exposées par Phạm Quỳnh, qui donnent lieu une interprétation différente de celle en cours, fait peut-être voir ses lecteurs un autre Rousseau Compte ici moins la source de documents, vraiment variables et contradictoires même en France, auxquels il se réfère, que son discours par rapport d'autres comme Tản Đà Il ne s’agit pas vraiment de refuser le rôle joué par Rousseau mais plutôt de désacraliser et démystifier le symbole qu'il représente pour les lettrés réformistes Nous savons la haute position que le Citoyen de Genève occupe alors d'après Tản Đà aux cơtés des grands mtres connus que sont Khổng Tử (Confucius) et Mạnh Tử (Mencius) dans le champ intellectuel d’alors Il a été considéré presque l’unanimité par les lettrés réformistes vietnamiens comme un saint, ou au moins un demi-saint irréprochable L’article de Phạm Quỳnh refuse d'embellir sa vie privée Il cherche déceler un Rousseau autre Cet acte de démystification vise clairement sensibiliser les lecteurs cet aspect du grand homme occulté par les lettrés réformistes, comme le prouve sa conclusion : « Bien que sa vie privée soit bohème, vagabonde et errante, sa pensée est vraiment illustre ; il n’est pas un saint, mais une personne normale comme nous ; il a connu des malheurs, s’est apitoyé sur les choses vues, attendri sur les faibles, et c’est pourquoi ses paroles sont touchantes, captivantes, émouvantes » Rousseau, ou plutôt la lecture de son œuvre dans le Việt Nam d’alors, participe indirectement au conflit sous-jacent dans le champ intellectuel, entre les tân học – nouveaux intellectuels l’occidental – et les cựu học – les anciens intellectuels favorables la modernisation 13 La présentation du premier roman de Rousseau, La Nouvelle Hélọse, part sur quatre colonnes dans le numéro 105 (5.1926) de Nam Phong (346-348 pp) ; le deuxième roman, Émile, sur six colonnes dans lesquelles Phạm Quỳnh continue la critique de quelques idées de Rousseau sur l’éducation Ces critiques nous éclairent la fois sur ses desseins, ses espérances, ses attentes et ses présuppositions quand il lit Rousseau : « On trouve pourtant certains points faibles regrettables : il ne parle pas de l’éducation du peuple ; il surestime la nature en croyant que la seule nature est suffisante dans l’éducation humaine ; il ne sait pas que la raison de l’enfant ne se constitue pas du jour au lendemain, mais qu'il faut du temps et commencer par les petites choses cumulatives ; il croit aux étapes indépendantes de l’éducation, alors que c’est vraiment un processus continu des divers états, et que l’un succède l’autre À cela s’ajoute une autre faiblesse : c’est qu’il méconnt le rôle de l’assiduité, de la régularité, de la méthode qui ne sont pas moins nécessaires et ne font appartre les résultats qu’à travers des efforts long terme ; que les livres sont si importants ; enfin qu’il ne s’occupe que du bonheur, non pas du devoir ; qu’il ne parle pas suffisamment du stoïcisme » Pour ce qui est du Contrat social, Phạm Quỳnh lui consacre trois colonnes et remarque : « En fait, la doctrine de Rousseau n’est pas vraiment révolutionnaire À tous les pays, il conseille de garder leur régime politique ; il veut établir l’égalité et la liberté pour habituer le peuple et l'éduquer ; sa révolution se situe plus au fond des cœurs, plus dans le transfert de nouvelles pensées que dans la démolition des anciens régimes de la société C’est sa véritable intention Comme il n’en parle jamais explicitement, on le prend trop souvent pour le père de la révolution Il faut bien y ajouter l’examen de son socialisme Si l'on excepte son Discours sur l’inégalité, le Contrat social et d’autres de ses ouvrages reconnaissent la propriété des biens […] ; pourtant, il semble Rousseau que le socialisme ne s’oppose pas l’individualisme ; selon lui, le premier ne sert qu’au développement total du deuxième C’est absolument tort que les révolutionnaires d’alors voulant suivre sa doctrine ont renversé l’état social […] Et c’est pourquoi, il est la fois le grand écrivain, le grand penseur, le grand réformiste occidental ; aujourd’hui il est juste que son influence s'exerce sur notre Orient qui le révère comme celui qui a su voir » On arrive une opposition apparente : si Phạm Quỳnh a minutieusement présenté la pensée rousseauiste plus que celle des autres philosophes, il n’hésite pas critiquer non seulement sa vie privée mais aussi quelques-unes de ses idées Il veut certes démythifier un saint occidental dans les yeux des lettrés réformistes, mais il tient compte aussi de la censure que connt alors la presse en quốc ngữ Si la pensée de Rousseau incite le rédacteur parler des questions politiques, qui sont pourtant abordées d’une manière oblique dans le contexte colonial, il doit le faire avec prudence D'autant plus qu'issu d'une famille confucéenne, Phạm Quỳnh n'a guère la possibilité, de par l'horizon d'attente qui lui est propre, d’aller très loin 14 dans la remise en cause du système colonial Sa présentation de Rousseau révèle alors son lecteur les conflits internes existant chez un intellectuel nourri de l’esprit occidental comme Phạm Quỳnh Ainsi la critique chaleureuse que Phạm Quỳnh a adressée Tản Đà propos de son récit, Giấc mộng (Le Petit Rêve), dans un numéro de Nam Phong en 1918, expose le clivage inévitable – qui sera accentué par la présentation de Rousseau en 1926 –, entre deux lectures rousseauistes possibles pour moderniser le pays : soit rester dans le monde sinisé, soit en sortir, vivre le récit fictif ou penser la politique Le récit d’aventure fictif de Tản Đà et sa lecture rousseauiste, baignent toujours profondément dans la culture orientale Au contraire, le rédacteur de Nam Phong ne se satisfait pas du contenu irréel du conte fictif de Tản Đà et réclame que l'on se préoccupe davantage de la politique réelle dans la perspective du Việt Nam de l’époque Les articles de présentation de Rousseau, faits par Phạm Quỳnh dans Nam Phong, ont pour dessein de vulgariser les philosophies occidentales en vue, et particulièrement celle de cet auteur Pour Phạm Quỳnh le discours littéraire ne peut, ce moment de l'histoire, assumer le rôle politique qu'il devrait En tant qu’intellectuel l’esprit occidental mais inscrit dans la tradition confucéenne, Phạm Quỳnh cherche harmoniser les différences, parfois même conflictuelles, entre la théorie rousseauiste et la réalité vietnamienne, entre l’idéal politique et la vie privée Préférant le renouvellement social la révolution dans la perspective coloniale du Việt Nam de l’époque, il privilège l’éducation nationale Issu d'un milieu confucianiste, il insiste, face de l’émergence de l’individualisme, sur le devoir envers la famille et indirectement alors envers la patrie Rousseau, penseur du XVIIIe siècle, devient par son enthousiasme romantique et la puissance de sa pensée politique, un facteur de la modernisation du Việt Nam en continuant inspirer aux intellectuels de ce pays la quête de nouvelles voies et l'abandon du monde ancien pour aborder le monde nouveau 15 ... idées, mon idée, concerne la position de Nam Phong dans le champ d? ?intellectuel d’alors Position faire de Nam Phong dans le champ d? ?intellectuel initial L’image de l’Occident est vraiment nouvelle... que Phạm Quỳnh veut faire, c’est de constituer un corps d? ?intellectuel de pouvoir dans le champ Il a l’ambition de construire un champ d? ?intellectuel puissant comme ce quil voit en Acadộmie franỗaise... émouvantes » Rousseau, ou plutôt la lecture de son œuvre dans le Việt Nam d’alors, participe indirectement au conflit sous-jacent dans le champ intellectuel, entre les tân học – nouveaux intellectuels

Ngày đăng: 14/09/2022, 11:53

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