UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANỌ UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES NGUYỄN TUẤN ANH LES PROBLÈMES LINQUISTIQUES ET CULTURELS
Trang 1UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANỌ UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
NGUYỄN TUẤN ANH
LES PROBLÈMES LINQUISTIQUES ET CULTURELS DANS LA TRADUCTION DU VIETNAMIEN EN FRANÇAIS
(Étude de cas des traductions en français dans le Journal télévisé de la
chaỵne VTV4 de la Télévision nationale du Vietnam)
NHỮNG KHĨ KHĂN VỀ NGƠN NGỮ VÀ VĂN HỐ TRONG QUÁ TRÌNH BIÊN DỊCH TỪ TIẾNG VIỆT SANG TIẾNG PHÁP (Nghiên cứu trên ngữ liệu là những bản tin dịch từ tiếng Việt sang tiếng
Pháp của kênh VTV4 – Đài truyền hình Việt Nam)
Trang 2UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANỌ UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
NGUYỄN TUẤN ANH
LES PROBLÈMES LINQUISTIQUES ET CULTURELS DANS LA TRADUCTION DU VIETNAMIEN EN FRANÇAIS
(Étude de cas des traductions en français dans le Journal télévisé de la
chaỵne VTV4 de la Télévision nationale du Vietnam)
NHỮNG KHĨ KHĂN VỀ NGƠN NGỮ VÀ VĂN HỐ TRONG QUÁ TRÌNH BIÊN DỊCH TỪ TIẾNG VIỆT SANG TIẾNG PHÁP (Nghiên cứu trên ngữ liệu là những bản tin dịch từ tiếng Việt sang tiếng
Pháp của kênh VTV4 – Đài truyền hình Việt Nam)
MÉMOIRE DE MASTER
Code : 60220203
Option : Linguistique française
Directeur de recherche : Pr Dr Đinh Hồng Vân
Hanọ, 2016
Trang 3ATTESTATION SUR L’HONNEUR
Je, soussigné, Nguyen Tuan Anh, en tant qu’étudiant en master du
Département d’études post-universitaires – Université de Langues et d’Études internationales – Université Nationale de Hanọ, atteste sur l’honneur que ce mémoire de master a été réalisé par moi-même, ce travail est personnel et toutes sources d’informations externes et les citations d’auteurs ont été mentionnées conformément aux usages en vigueur (Nom de l’auteur, nom de l’article, éditeur, lieu d’édition, année, page)
Je certifie par ailleurs que j’ai ni contrefait, ni falsifié, ni copié l’œuvre d’autrui afin de la faire passer pour mienne
Je supporterai toutes les sanctions en cas de plagiat
Trang 4Je voudrais également adresser mes remerciements à mes professeurs du Département d’études post-universitaires – Université de langues et d’études internationales – Université nationale de Hanọ, qui m'ont proposé de nouvelles pistes de réflexion
Mes remerciements s’adressent aussi à mes collègues – traducteurs et rédacteurs de la chaỵne VTV4 de la Télévision nationale du Vietnam qui m'ont beaucoup aidé dans la recherche documentaire
Je voudrais remercier enfin de tout cœur mes parents et ma petite sœur qui m'ont donné de l'espoir et de la force pour me permettre de mener ce travail jusqu'au bout
Trang 5RÉSUMÉ DU MÉMOIRE
Notre travail porte sur les « problèmes linguistiques et culturels dans la
traduction du Vietnamien en Français » Il se compose de 3 chapitres
Le premier chapitre constitue le cadre théorique de la recherche Nous voudrions y présenter des fondements théoriques, des conceptions différentes de la traduction qui jouent un rôle primordial dans la collecte et l’analyse du corpus présenté dans le deuxième chapitre de cette étude Nous n’avons pas l’ambition de présenter les éléments théoriques de façon exhaustive, nous essayerons de les classer selon un ordre allant du plus élémentaire au plus complexe
Le deuxième chapitre est consacré à l’analyse des textes journalistiques traduits du vietnamien en français Ces derniers ont été rédigés et diffusés à la chaîne VTV4 de la Télévision du Vietnam pendant la période 2014-2016
Et le troisième chapitre portera sur quelques propositions pour améliorer les compétences des traducteurs
Trang 6TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 1
1 Justification du choix du sujet de recherche 3
2 Objectifs de la recherche 3
3 Questions et hypothèses de recherche 4
4 Méthodologie de recherche 4
5 Choix du corpus 4
6 Structure du mémoire 4
CONTENU 6
Chapitre 1 : Aperçu des théories de la traduction 6
1.1 Qu’est-ce que la traduction ? 6
1.1.1 Approches linguistiques et sociolinguistiques 7
1.1.1.1 Traduction par la simplification 8
Approche d’Ilboudo 9
1.1.1.2 Approche de Catford 11
1.1.1.3 Approche de Vinay et de Darbelnet 12
1.1.1.4 Approche de Mounin 14
1.1.1.5 Approche de E Nida 16
1.1.2 Approches fonctionnelles et culturelles 19
1.1.2.1 Schéma de la communication verbale de R Jakobson 19
1.1.2.2 Théorie des typologies de texte de Reiss 21
1.1.2.3 Hans J Vermeer : la théorie du skopos et ses prolongements 23
1.1.2.4 Approche de Hatim & Mason 25
1.2 La Théorie du Sens 27
1.2.1 Quelques conceptions interprétatives de la traduction de l’ESIT 27
1.2.2 Les trois niveaux de la traduction 29
1.2.3 Le processus de la traduction 32
1.2.4 Le bagage cognitif 41
1.2.5 Les équivalences et les correspondances 43
Trang 71.2.6 La fidélité dans la traduction 45
1.3 Les liens entre la langue et la culture dans la traduction 47
Chapitre 2 : Comment les traducteurs et rédacteurs de la chaîne VTV4 de la Télévision du Vietnam traduisent-ils ? 49
2.1 Présentation du corpus 49
2.1.1 Caractéristiques du texte de presse télévisée 51
2.2 Analyse du corpus : Explication des problèmes rencontrés par des traducteurs de VTV4 dans la traduction des textes journalistiques 54
2.2.1 Problèmes dans la compréhension du texte source 54
2.2.2 Problèmes dans la réexpression en langue cible 70
Chapitre 3 : Que faire pour améliorer la compétence traductionnelle des traducteurs ? 87
3.1 Perfectionnement linguistique 88
3.2 Amélioration des compétences intellectuelles 90
CONCLUSION 97
BIBLIOGRAPHIE 102
WEBOPGRAPHIE 103 ANNEXE I
Trang 8INTRODUCTION
1 Justification du choix du sujet de recherche
« La traduction est une activité humaine universelle, rendue nécessaire à toutes
les époques et dans toutes les parties du globe par les contacts entre communautés parlant des langues différentes que ces contacts soient individuels ou collectifs, accidentels ou permanents qu’ils soient liés à des courants d’échanges économiques ou apparaissent à l’occasion des voyages ou qu’ils fassent l’objet de codifications institutionnalisées (traités bilingues entre États, par exemple) Il n’est guère de peuplade
si reculée qui sont totalement isolée et puisse se passer d’un recours à la traduction »
(Lamiral, 1979: 28) Cette médiation linguistique entre communautés de langues différentes a donc toujours exigé en leur sein la présence de traducteurs et d’interprètes
De toute évidence, la traduction existe depuis fort longtemps Elle est considérée comme un moyen très important dans l’enseignement, l’apprentissage des langues étrangères et le perfectionnement linguistique, ainsi qu’une activité humaine nécessaire aux relations culturelles, politiques, scientifiques, économiques, commerciales etc entre les peuples, les nations, les communautés et les individus de langues maternelles
différentes En fait, comme le souligne Edmond Cary : « Le monde actuel est un monde
en mouvement ; la traduction qui est elle-même passage est une des composantes essentielles de notre civilisation Nous vivons l’âge de la traduction : celle-ci est devenue indispensable à l’accomplissement de toutes les activités humaines » (Cary, 1986: 84)
Autrement dit, nous vivons dans un monde ó la mondialisation résonne en écho, le rơle
de la traduction est de plus en plus prépondérant et les besoins de la traduction ne cessent
de s’accroỵtre au fur et à mesure de l’intensification des échanges internationaux Les besoins d’échanges d’informations et de transfert des technologies pour se développer et s’intégrer au monde exigent que tout le monde en sache davantage sur d’autres communautés culturelles Pour ce faire, la communication entre les peuples constitue toujours un levier pour le développement, notamment dans le contexte de l'intégration mondiale actuel Les échanges multiformes entre les pays contribuent largement à améliorer la vie des populations C'est pour cette raison que le Vietnam prête ces dernières années une attention particulière à la politique d'ouverture Les étrangers sont invités et encouragés à prendre part à presque tous les secteurs d’activités : économie, culture, éducation, tourisme, etc et les liens entre le pays et les partenaires internationaux se resserrent de jour en jour Promouvoir le Vietnam, sa culture et ses habitants au monde reste toujours une politique prioritaire de l’État Nous voyons donc
le rơle extrêmement important de la présence des traducteurs et des interprètes en la
Trang 9matière Selon Victor Hugo, « les traducteurs sont les ponts […] entre les peuples,» Ils sont aussi « les gardiens, les protecteurs, et les propagateurs des cultures du monde »,
selon le Président de l’Université Paris III, Henri Béhar
Je suis traducteur et rédacteur du Journal en français de la chaîne internationale de VTV4 de la Télévision nationale du Viet Nam En ce qui concerne mon travail, chaque jour, j’ai pour tâche principale de traduire des textes d’actualité du vietnamien en français Puis, les produits des traductions sont ensuite rédigés et diffusés à la chaîne VTV4 à 3 heures du matin (heure locale)
En ce qui concerne la traduction, cette activité consiste à déverbaliser, après avoir compris le texte original, puis de reformuler ou exprimer un message Cela n'est pas toujours facile Car pour ce faire, le traducteur doit disposer d’un certain nombre d’outils: une bonne connaissance de la langue du texte, la compréhension du sujet, la bonne maîtrise de la langue de rédaction, mais aussi une méthode judicieuse, des réflexes adéquats, qui vont lui permettre de saisir pleinement le message de l’auteur véhiculé par
le texte, ce qui aboutira à une bonne traduction par la recherche d’équivalences, sans se laisser enfermer dans les simples correspondances Cependant, nous savons qu’il existe toujours des différences entre les langues De toute évidence, ces écarts obligent le traducteur à se débrouiller pour soigner les textes produits Actuellement, les problèmes auxquels les traducteurs vietnamiens se sont heurtés dans leur travail résident très souvent dans la grande différence entre les systèmes linguistiques vietnamien et français
et dans la différence entre la culture vietnamienne et la culture française
La traduction des textes journalistiques du vietnamien en français m’a fait prendre conscience de quelques problèmes rencontrés lors de la traduction tels que les problèmes dans la compréhension du texte source, les problèmes liés à la terminologie (traduction des termes spécialisés), les problèmes liés au transfert des facteurs culturels ou les problèmes dans la réexpression du texte source Ces problèmes seraient dus à l’insuffisance des connaissances thématiques, des connaissances linguistiques ; des connaissances extralinguistiques, à l’absence de déverbalisation, etc…
Ces difficultés rencontrées nous poussent à mener cette recherche intitulée «
Les problèmes linguistiques et culturels dans la traduction du Vietnamien en Français », et dont l’objectif, sur lequel nous reviendrons plus loin, est
d’étudier les rapports entre langue et culture dans la traduction, considérée à
la fois comme un phénomène linguistique et culturel
Nous avons eu la chance de découvrir la Théorie interprétative de la traduction développée à l’ESIT Et nous sommes convaincus que c’est le meilleur outil pour résoudre de nombreux problèmes de traduction notamment ceux concernant des aspects
Trang 10linguistiques et culturels Et dans notre étude, nous avons pour l’objectif de prouver que cette théorie est valide dans la traduction des articles de presse
2 Objectifs de la recherche
Notre travail de recherche abordera l’étude des problèmes rencontrés dans la traduction pour viser un objectif plus ambitieux, c'est d'élucider des causes profondes susceptibles d'expliquer les difficultés auxquelles les traducteurs et rédacteurs du Journal en français de la chaîne VTV4 se sont heurtées dans la traduction des textes journalistiques du vietnamien en français
Ainsi, notre étude vise à proposer quelques solutions pour améliorer des compétences traductionnelles des traducteurs vietnamiens dans la traduction des articles de presse du Vietnamien en Français en général et la capacité de réexpression des textes destinés à la télévision en particulier
3 Questions et hypothèses de recherche
Dans le cadre de mémoire de fin d’études post-universitaires, nous essayons
de trouver les réponses à ces questions suivantes :
Quels sont problèmes linguistiques et culturels rencontrés par les traducteurs du Journal en français de la chaîne VTV4 dans la traduction des articles de presse du vietnamien en français?
les traducteurs ?
Serait-il possible de trouver dans la Théorie interprétative de la traduction des solutions aux difficultés de la traduction des textes journalistiques?
Ces questions nous permettent de formuler les hypothèses suivantes :
Les problèmes observés lors de la traduction par les traducteurs du Journal en français de la chaîne VTV4 sont divers : les problèmes dans la compréhension du texte source, les problèmes liés au jargon et à la terminologie (traduction des termes spécialisés), les problèmes concernant la réexpression du texte source et ceux liés au transfert des facteurs culturels Ces problèmes seraient dues à l’insuffisance des connaissances thématiques, linguistiques, extralinguistiques ; à l’absence de déverbalisation, etc…
La qualité des traductions dépend d’une part de la bonne compréhension des messages de l’auteur du texte de départ ; d’autre part, le contexte et le cotexte constituent les deux facteurs importants permettant aux traducteurs d’accéder au sens véhiculé par le texte
Trang 11 La Théorie interprétative de la traduction fournit des outils efficaces pour résoudre de nombreux problèmes de traduction notamment ceux de la traduction des articles de presse
4 Méthodologie de recherche
La principale méthode à laquelle que nous recourons dans notre recherche est
la méthode descriptive avec ses propres techniques telles que : la recherche documentaire, l’observation systématique, l’analyse des résultats,… Cette méthode nous permet de présenter une situation, de décrire, de présenter les circonstances et
de fournir une image précise d’un phénomène ou d’une situation particulière
Tout au long de la recherche et surtout dans la collecte et l’analyse des données interviennent donc plusieurs méthodes différentes telles que méthode qualitative, synthétique ou analytique
Du point de vue traductologique, l’ensemble du travail se situera dans le cadre de la Théorie interprétative de la traduction qui s’attache à montrer que d’une part, tout énoncé mobilise aussi bien chez le locuteur que chez l’interlocuteur une double connaissance, linguistique et cognitive, et d’autre part, traduire, c’est restituer dans une langue le sens partiellement explicité dans le texte
Du point de vue théorique et méthodologique, nous nous efforcerons d’appliquer les procédés d’analyse et de critique tels qu’ils ont été utilisés dans les ouvrages des tenants de la Théorie interprétative de la traduction
5 Choix du corpus
Notre recherche se réalise sur un corpus constitué de 9 textes journalistiques traduits du vietnamien en français par les rédacteur et traducteurs de la chaîne VTV4 pendant la période 2014-2016 Ces derniers sont liés à différents domaines
Le fait que je suis rédacteur et traducteurs à la chaîne VTV4 va faciliter la recherche en la matière
6 Structure du mémoire
Notre travail s’articule autour de trois chapitres
Le premier chapitre constitue le cadre théorique de la recherche Nous voudrions y présenter des fondements théoriques, des conceptions différentes de la traduction qui jouent un rôle primordial dans la collecte et l’analyse du corpus présenté dans le deuxième chapitre de cette étude Nous n’avons pas l’ambition de présenter les éléments théoriques de façon exhaustive, nous essayerons de les classer selon un ordre allant du plus élémentaire au plus complexe
Le deuxième chapitre sera consacré à l’analyse des textes journalistiques traduits du vietnamien en français Ces derniers ont été rédigés et diffusés à la
Trang 12chaîne VTV4 de la Télévision du Vietnam au cours des deux années 2014-2015 Cette analyse vise à identifier les causes des difficultés des traducteurs lors de la traduction
Le troisième chapitre portera sur quelques propositions pour améliorer des compétences des traducteurs.
Trang 13CHAPITRE I APERÇU DES THÉORIES DE LA TRADUCTION
Le premier chapitre vise à clarifier des problèmes théoriques, qui, à leurs tours, jouent un rôle primordial dans la collecte et l’analyse du corpus présenté ci-dessous
Il serait prétentieux de vouloir aborder ici de façon exhaustive toutes les théories de la traduction, nous essayerons de les classer selon un ordre allant du plus élémentaire au plus complexe Ce chapitre est divisé en deux parties La première porte sur les définitions de la traduction selon différents courants, la deuxième partie sur la traduction qui est conçue par les auteurs de la Théorie du Sens
1.1 Qu’est-ce que la traduction ?
Il est incontestable que la traduction a elle-même une longue histoire marquant différents courants de cette matière De nombreuses définitions ainsi conceptions de traduction ne cessent donc de s’ajouter aux connaissances de l’Humanité sur ce sujet Un grand nombre de théoriciens et de praticiens dans le domaine de la traduction s’accordent pour dire qu’il n’est pas facile de proposer une définition pertinente de la traduction Ce qui en résulte le plus souvent c’est plutôt une description, ce qui démontre la complexité de cette opération Cette première partie a pour but de présenter quelques définitions de la traduction proposées par différents auteurs et aussi de préciser le rapport entre la traduction et la linguistique
La traduction connaît sans doute une longue histoire qui demande une étude bien détaillée pour la comprendre vraiment Même si l’objectif de l’étude n’est pas
de cette étendue, la compréhension de l’évolution de la traduction n’est pas inutile Donc, vouloir écrire une évolution de l’histoire de la traduction, nous essayons de répondre à une série de questions suivantes Depuis quand traduit-on ? Pourquoi traduit-on ? A-t-on toujours traduit de la même façon ? Y-a-t-il des époques favorables à la traduction ? Et la liste pourrait s’allonger C’est dire que l’entreprise est vaste Étudier l’histoire de la traduction, en effet, équivaut en quelque sorte à reprendre l’histoire du monde, l’histoire des civilisations, mais par le biais de la traduction A la différence près, cependant, que l’histoire de la traduction n’a pas la continuité de l’Histoire et qu’elle présente, bien au contraire, de nombreuses lacunes
et dans le temps et dans l’espace
Selon Woodsworth (1996 : 13), dans la perspective de son enseignement, elle
a proposé plusieurs découpages de l'histoire de la traduction qui combine réflexion
et théorie à la pratique Ainsi elle a distingué les découpages dans le temps et
Trang 14l'espace, et les types de traduction (la traduction biblique, la traduction littéraire et
la traduction scientifique) Munday (2001 : 2), dans son étude récente sur la traductologie, associe découpages temporels et orientations théoriques: la période avant le XXè siècle, les théories linguistiques et les développements récents Dans la mesure ó notre analyse n'est pas une étude de l'histoire de la traduction, nous mettrons l'accent sur les théories contemporaines qui sont à même de nous fournir une méthode d'analyse de notre problématique Nous partirons d’approches purement linguistiques pour aboutir à des approches qui tiennent compte des aspects linguistiques et culturels dans la traduction
La théorie de la traduction au XX è siècle
Le XXè siècle est le siècle d’épanouissement de la linguistique, dès lors elle est considérée comme une science indépendante Cette révolution linguistique entraỵne aussi l’évolution de la traduction car la linguistique noue toujours un lien très étroit avec la traduction
Il existe de nombreuses approches explicatives de la traduction Chaque approche se caractérise, en règle générale, par une terminologie propre, des catégories spécifiques et une méthodologie distincte On peut distinguer aussi des courants différents dans une même approche La combinaison des plusieurs approches ne peut qu'enrichir la traductologie Dans le cadre de notre recherche, nous nous permettons de distinguer deux approches : les approches linguistiques et sociolinguistiques, et les approches fonctionnelles et culturelles
1.1.1 Approches linguistiques et sociolinguistiques
L’abondance des théories linguistiques et l’influence longtemps exercée par celles-ci sur la traduction s’expliquent sans doute par la conception même de cette dernière D’abord, la définition la plus courante qui considère la traduction comme étant le passage d’un message dans une langue source vers une langue cible
Si l’on considère l’évolution de la réflexion et de la théorie, on se rend compte que la traduction a été longtemps associée à la linguistique contrastive Parmi les premiers à formuler les théories linguistiques de la traduction les plus connues, on peut citer Vinay et Darbelnet (1958), Mounin (1963), Catford (1965)
A présent, nous nous permettons de présenter les principales approches linguistiques et sociolinguistiques de la traduction, nous allons exposer des ébauches de conseils pratiques de traduction On verra qu’en réalité, ces conseils portent plutơt sur des aspects linguistiques de la traduction
1.1.1.1 Traduction par la simplification
Trang 15La traduction par la simplification, mise au point par l’INADESFORMATION, une organisation interafricaine de développement, repose sur le français fondamental Il a été développé dans les années 1950 par le ministère
de l’Éducation nationale en France, sur l'initiative de l'UNESCO, comme instrument
de communication pour ceux qui ne maîtrisent pas assez bien la langue française, en particulier les immigrés et les populations des pays francophones d’outre-mer Il ne constitue pas une langue, mais un niveau de langue qui se caractérise par la simplicité de son vocabulaire et de sa syntaxe
La traduction par la simplification est une méthode utilisée surtout dans la traduction vers les langues nationales africaines Cette simplification se fait en transformant les deux éléments qui constituent la structure superficielle de la langue,
à l’origine de sa complexité, à savoir le vocabulaire et la syntaxe FORMATION, 1986 : 21) La simplification ou le transfert est suivi par la restructuration du texte qui consiste à reconstituer l'ensemble du texte en respectant les principes suivants :
(INADES-1 le style du texte simplifié doit être correct ;
2 le français fondamental se rapproche du langage oral ;
3 la signification et l'ordre logique des propositions doivent être gardés ;
4 les relations temporelles du texte doivent être restituées ;
5 le style du texte simplifié doit garder le ton du texte initial ;
6 les expressions triviales ou trop familières sont à proscrire ;
7 le rythme et l'euphonie du texte doivent être respectés
La traduction par la simplification avec ses trois phases (analyse, simplification et restructuration) ressemble à la méthode interprétative, sur laquelle nous reviendrons plus loin, qui en compte également trois (interprétation, déverbalisation et reformulation) Toutes les deux méthodes cherchent à extraire le sens du texte source pour le ré-exprimer dans la langue cible Toutes deux s’inspirent du langage oral
Pour illustrer la méthode de traduction par la simplification, nous allons reprendre un exemple tiré de l’ouvrage de l’INADES-FORMATION (1986) Dans
la phrase suivante : «l’analphabétisme est une violation des droits de l’homme», ce sont les termes qui sont complexes, mais la structure est simple : sujet + verbe + attribut Dans de pareilles circonstances, le traducteur doit expliquer ou reformuler
la phrase L’abstraction étant marquée, la paraphrase est recommandée Les partisans de la méthode de la traduction par la simplification proposent la simplification suivante : «Si tu veux que ton frère soit un homme, apprends-lui à lire
Trang 16et à écrire» Il s’agit en fait, si nous nous référons à la catégorisation de la traduction
de Jakobson, de passer par la traduction intralinguale pour aboutir à la traduction interlinguale
La simplification terminologique est l’approche proposée par Ilboudo (1986) dans le cadre de la traduction technique dans les langues nationales que nous allons exposer brièvement
Approche d’Ilboudo
Pour Ilboudo, dans toute entreprise de traduction dans les langues nationales
la simplification des concepts constitue un préalable indispensable Dans le cadre de
la production des documents en langues nationales portant sur les instruments de gestion et de formation au profit des coopératives rurales, Ilboudo indique la démarche à suivre après la traduction des termes en français simple La traduction dans les langues nationales doit être précédée par la traduction des termes techniques en langues nationales, qui se déroule en trois phases : la recherche terminologique, le dépouillement et le pré-test des néologismes
La recherche terminologique comporte trois pistes La première concerne les coopérateurs Il s’agit d’une recherche auprès des membres des institutions bénéficiaires de la traduction, en particulier les membres monolingues La seconde piste est celle des spécialistes maỵtrisant la langue nationale et le domaine coopératif
La troisième piste est une recherche documentaire qui permet de trouver des données et des termes pour la traduction de concepts
Dans la mesure ó la phase de recherche terminologique peut aboutir à la collection de plusieurs termes, la phase de dépouillement, qui doit associer la structure juridique responsable des langues nationales (académies ou commissions nationales des langues), vise à guider le choix du terme le plus adéquat selon les critères de dépouillement et de sélection suivants : la conformité avec la structure de
la langue, l’adéquation notionnelle afin de s’assurer que le nouveau terme cerne de près la notion à traduire et éviter ainsi de retenir des traductions erronées, la facilité
de compréhension, l’acceptabilité par les locuteurs et la brièveté du terme Selon l’auteur, les quatre premiers critères sont les plus déterminants
La dernière phase, avant la production des documents en langues nationales, concerne le pré-test des néologismes auprès de locuteurs monolingues à partir des mêmes critères que ceux de la phase précédente :
« La terminologie ayant une fonction essentielle de communication, il y a
lieu de se préoccuper du degré de compréhension, de l’acceptabilité, de la
Trang 17conformité avec la structure de la langue et de l’adéquation notionnelle des néologies proposées » (Ilboudou, 1986: 31)
Quant à la production des documents en langues nationales elle-même,
Ilboudo se contente de dire qu’elle « est relativement facilitée par la disponibilité
des termes techniques issus de la recherche terminologique » (Ilboudou, 1986: 31)
Les méthodes de traduction préconisées par Ilboudo et par l’INADESFORMATION sont certes intéressantes, elles ne constituent pas des approches théoriques de la traduction Cependant, elles méritent d’être mentionnées car, comme on le verra, elles seront utiles lors de l’analyse de notre corpus de traduction, en particulier des stratégies de traduction
Utilisée dans les traductions pour la vulgarisation, la traduction par la simplification présente de nombreux avantages D'abord, elle est une méthode orientée vers la langue et la culture cibles, en particulier les langues et les cultures africaines On peut dire que les conseils pratiques qu’elle formule se font l’écho de
la théorie de Nida, que nous verrons plus loin, selon laquelle le sens ou le message doit être privilégié par rapport à la forme en cas de conflit entre les deux Mais on peut se demander si la simplification du vocabulaire et de la structure du texte n'appauvrit pas le texte source et la langue source L’exemple ci-dessus, que nous
reprenons, « l’analphabétisme est une violation des droits de l’homme », a été simplifié en « si tu veux que ton frère soit un homme, apprends-lui à lire et à écrire
» Une telle simplification misogyne constitue une transformation du message original des droits humains Elle peut également être perçue comme une infantilisation du public cible
Certains principes de la traduction par la simplification semblent vagues et confus et posent même la question de responsabilité morale et éthique du traducteur Par exemple, le principe selon lequel sont à proscrire les expressions triviales ou trop familières est-il du ressort du traducteur ? Le traducteur a-t-il le droit d'omettre des parties d'un texte sous prétexte qu'il comporte des expressions triviales ? Qu'est-
ce qu’une expression triviale ? Un tel principe ne va-t-il pas à l'encontre de la règle
d'or de la traduction par la simplification qui consiste à «ne rien ajouter au sens
d'un texte et ne rien lui enlever» (INADES-FORMATION, 1986: 38) En laissant
de côté ces contradictions, on ne peut s’empêcher de relever le caractère prescriptif
et normatif de la traduction par la simplification
Après cet exposé sur la méthode de traduction par la simplification, nous allons nous intéresser maintenant aux approches linguistiques et sociolinguistiques
de la traduction
Trang 181.1.1.2 Approche de John Catford (1917-2009)
Pour Catford, la traduction est une opération entre langues, c'est-à-dire un processus de substitution d'un texte dans une langue par un autre texte dans une
autre langue Cette conception de la traduction amène Catford à poser l'équivalence
comme étant au centre de la pratique et de la théorie de la traduction :
« A central problem of translation-practice is that of finding TL [target
language] translation equivalents A central task of translation theory is that of defining the nature and conditions of translation equivalence (Catford, 1965: 21)
Catford distingue deux types d'équivalence : l'équivalence textuelle et la correspondance formelle L'équivalence textuelle est toute forme de texte cible dont l'observation permet de dire qu'elle est l'équivalent d'une forme de texte source, tandis qu'il y a correspondance formelle lorsque les différentes catégories de la langue cible occupent la même place que celle de la langue source Catford distingue également la traduction réduite (« restricted translation »), par opposition
à la traduction totale (« total translation »), définie comme « replacement of SL
textual material by equivalent TL textual material, at one level » (Catford, 1965: 22)
Cette notion de traduction réduite désigne l’équivalence aux niveaux phonologique, graphologique, grammatical ou lexical Ce type de traduction présente très peu d’intérêt pour la traduction qui, comme les thérociens conviendront par la suite, porte en général sur des textes
Selon Catford, la traduction peut s’avérer impossible, et il distingue deux situations : l’intraduisibilité linguistique et l’intraduisibilté culturelle L’intraduisibilité linguistique provient de l’absence d’équivalents dans la langue cible et l’intraduisibilté culturelle renvoie à l’absence d’éléments culturels de la langue source dans la culture de la langue cible Après cette analyse, Catford ramène l’intraduisibilité culturelle à l’intraduisibilité linguistique, car dit-il :
« to talk of ‘cultural untranslatability’ may be just another way of talking
about colloquial untranslatability : the impossibility of finding an equivalent collocation in the TL And this would be a type of linguistic untranslatability »
(Catford, 1965: 101)
Une telle attitude conduit Catford à envisager le processus de traduction sous l’angle linguistique, même s’il reconnaît que les différences linguistiques reflètent les différences culturelles Les écarts («shifts») constatés dans la traduction sont la conséquence directe de la divergence entre équivalence formelle et équivalence
Trang 19textuelle : « By ‘shifts’ we mean departures from formal correspondence in the
process of going from the SL to the TL » (Catford, 1965: 73) Il distingue deux types
d’écart : les écarts de niveau («level shifts») et les écarts de catégorie («category
shifts») Les écarts de niveau concernent, par exemple, l’expression d’éléments
grammaticaux de la langue source en éléments lexicaux dans la langue cible et vice versa Quant aux écarts de catégories, ils traitent des changements intrasystémiques qui peuvent intervenir lors du processus de traduction au niveau de la structure, de
la classe, d’unité ou de rang
De toutes les théories linguistiques de la traduction, celle de Catford a rencontré le moins de succès, parce qu’elle est trop axée sur le système linguistique
au lieu de l’usage qu’on en fait Malgré sa distinction entre correspondance formelle
et équivalence textuelle, il n’arrive pas à percevoir que cette différence provient du lien étroit entre langue et culture, et que, par conséquent, on ne saurait réduire la traduction à un transfert purement linguistique Les écarts dans la traduction
(«translation shifts») que constate Catford constituent une description des résultats
du processus, plutôt que d’une théorisation pouvant servir dans l’activité traduisante
L’approche de Catford représente les théories ayant une conception linguistique et mécaniste de la traduction qui non seulement ne correspond pas à la pratique, mais bien souvent conduit à l’impossibilité de la traduction entre deux langues Certains linguistes, à l’instar de Vinay & Darbelnet (1958 / 1995) et de leurs procédés de traduction que nous allons examiner ci-dessous, pensent que la traduction est possible par le biais d’une étude comparative de la structure de la paire de langues en présence
1.1.1.3 Approche de Jean-Paul Vinay (1910-1999) et de Jean Darbelnet (1904-1990)
L’ouvrage Stylistique comparée du français et de l'anglais (1958) de Vinay
et Darbelnet parut pour la première fois en anglais en 1995 sous le titre de
Comparative Stylistics of French and English A Methodology for Translation (une
traduction et une édition de Sager et Hamel) Ces deux auteurs tentent de développer dans leur ouvrage une approche de la traduction à partir d'une étude comparative du français et de l'anglais Ils estiment que la traduction, le passage d'une langue A à une langue B, relève d'une discipline de nature comparative Le but d’une telle discipline est d'expliquer les procédés impliqués dans le processus de traduction et de faciliter sa réalisation par la mise en relief de lois valables pour les deux langues en présence La discipline susceptible d'expliquer le mécanisme de la traduction n'est rien d'autre que la stylistique comparée selon Vinay & Darbelnet
Trang 20La stylistique comparée est fondée sur la connaissance de deux structures linguistiques ancrées dans deux cultures qui, par nature, appréhendent la réalité de façon différente Pour Vinay et Darbelnet, traduction et stylistique comparée sont indissociables et toute comparaison doit porter sur des données équivalentes Il existe un lien étroit d'interdépendance entre traduction et stylistique :
« The procedures of the translator and the comparative stylistician are closely linked, if in opposite senses Comparative stylistics begins with translation
to formulate its rules; translators use the rules of comparative stylistics to carry out translations » (Vinay & Darbelnet, 1995: 5)
Parmi les rôles qu'ils assignent à la traduction, il y a celui de la comparaison
de deux langues La traduction permet de mener des recherches sur le fonctionnement d'une langue par rapport à une autre et c'est en cela que l’étude de la traduction est une discipline auxiliaire de la linguistique Leur conception de la traduction repose sur la linguistique saussurienne qui fait la distinction entre langue
et parole :
« Langue refers to the words and expressions generally available to speakers, quite independent of the use they make of them Once we actually speak or write, these words belong to parole » (Vinay & Darbelnet, 1995: 15)
L'émetteur d'un message utilise les ressources de la langue pour transmettre
un message qui est personnel et imprévisible Cette distinction entre langue et parole permet aux auteurs de soutenir que les difficultés liées à la traduction proviennent de la parole plutôt que de la langue
Cependant, Vinay et Darbelnet notent que la langue nous étant donnée comporte des servitudes et des options qui sont respectivement la grammaire et la stylistique Il appartient donc au traducteur de faire la part des choses entre ce qui est imposé au rédacteur et ce qui relève de son libre choix Servitudes et options opèrent sur trois plans : le lexique, l'agencement et le message Elles sont à la base des différentes stratégies possibles de traduction Pour Vinay et Darbelnet, il en existe deux : la traduction directe ou la littérale et la traduction oblique La traduction directe consiste à transposer les éléments de la langue source dans la langue cible, mais lorsque la transposition s’avère impossible à cause des différences structurelles et métalinguistiques entre langue source et langue cible, la traduction oblique s’impose
Vinay et Darbelnet ont proposé sept procédés de traduction à savoir : l’emprunt, le calque, la traduction littérale, la transposition, la modulation, l’équivalence et l’adaptation
Trang 21Cependant, on voit que les sept procédés de traduction qui découlent de cette approche tiennent très peu compte des différences culturelles, des types et des fonctions de texte et de l’audience visée En effet, tout au long de l’ouvrage, les auteurs ne cessent de répéter que le message constitue la préoccupation majeure du traducteur La notion d’unité de traduction, malgré son originalité, reste guidée par l’importance accordée au message :
« Translators start from the meaning and carry out all translation procedures within the semantic field They therefore need a unit which is not exclusively defined by formal criteria, since their work involves form only at the beginning and at the end of their task In this light, the unit that has to be identified
is a unit of thought, taking into account that translators do not translate words, but ideas and feelings » (Vinay & Darbelnet, 1995: 21)
Les auteurs ne font pas de distinction entre unité de pensée, unité lexicologique et unité de traduction Une telle perception de la traduction, aussi pertinente soit-elle du point de vue stylistique, montre les limites de l’approche contrastive dans le cas de cultures différentes
Cependant, cette approche comparative est sans doute intéressante lorsqu’on veut confronter une traduction et son original en vue de faire ressortir les caractéristiques des deux langues en présence La méthode d’analyse de notre corpus qui porte sur des traductions peut tirer des éléments de l’approche de Vinay
& Darbelnet pour décrire les langues en présence et les procédés de traduction
Les limites des approches essentiellement linguistiques, à l’instar de celles de Catford et de Vinay & Darbelnet, montrent la nécessité d’une approche pouvant rendre compte de la possibilité d’une théorie et d’une pratique de la traduction prenant en compte le lien étroit entre langue et culture Cette nécessité a été vite perçue par certains linguistes, parmi lesquels Mounin, dont nous allons présenter ci-dessous l’approche
1.1.1.4 Approche de Georges Mounin (1910-1993)
À l ’opposé de celles de Catford et de Vinay & Darbelnet, l’approche de Mounin bat en brèche les conceptions linguistiques qui, nous l’avons vu, aboutissent à l’intraduisibilité d’une langue à l’autre parce que chaque langue, comme le soutiennent de nombreux linguistes à l’instar de Whorf, découpe la réalité
de façon différente et unique Tout en adhérant à la thèse selon laquelle la langue représente une vision particulière du monde, Mounin (1963) a réussi à démontrer que la traduction n’est pas qu’un transfert linguistique
Trang 22Il ne s’agit pas pour Mounin de nier la réalité linguistique de la traduction, mais de prouver que celle-ci comporte des aspects «non-linguistiques » et
«extralinguistiques» Ceux qui ont conclu très vite à l’intraduisibilité entre langues sont partis du fait que le sens sur lequel porte la traduction dépend de l’énoncé linguistique À partir de la critique saussurienne du sens, Mounin (1963 : 40)
montre que «la saisie des significations est, ou peut être difficile, approximative,
hasardeuse» Mais la difficulté à saisir le sens n’implique pas pour Mounin
l’impossibilité d’une théorie ou d’une pratique de la traduction car, relève-t-il, malgré les différentes visions du monde qu’exprime la diversité linguistique, il existe des universaux linguistiques, anthropologiques et culturels qui sous-tendent
les significations dans les langues : « Les universaux sont les traits qui se retrouvent
dans toutes les langues – ou dans toutes les cultures exprimées par ces langues »
(Mounin,1963: 196 )
En ce qui concerne les systèmes linguistiques, il existe, selon Mounin, des traits universels qui rendent la traduction possible pour peu que le traducteur envisage une autre possibilité d’accéder aux significations des autres visions du
monde, à savoir la voie ethnographique Mounin entend par ethnographie « la
description complète de la culture totale d’une communauté » et la culture
elle-même est considérée comme « l’ensemble des activités et des institutions par ó
cette communauté se manifeste » (Mounin, 1963: 233) La connaissance de la
culture de la langue source permet d’identifier les situations communes à la culture
de la langue cible et partant de rendre la traduction possible Pour Mounin, ce qui compte dans la communication, ce sont la situation et les différences linguistiques notamment, qui, syntaxiquement, relèvent de l’arbitraire du signe :
« La traduction est un cas de communication dans lequel, comme dans tout
apprentissage de la communication, celle-ci se fait d’abord par le biais d’une identification de certains traits d’une situation, comme étant communs pour deux locuteurs Les hétérogénéités des syntaxes sont «court-circuitées» par l’identité de
Trang 23À présent, nous allons nous intéresser à l’approche de Nida, qui, à partir d’une conception linguistique de la traduction, va évoluer vers une approche sociolinguistique
1.1.1.5 Approche d’Eugene Nida (1914-2011)
Il existe sans doute plusieurs approches sociolinguistiques de la traduction Mais Eugene Nida est sans conteste le plus connu Il constitue l'un des personnages les plus importants du XXè siècle en matière de théorie et de pratique de la traduction,
en particulier biblique Comme nous l’avons indiqué, il n’est pas aisé de catégoriser Nida, tant les fondements de sa théorie de la traduction se nourrissent à plusieurs sources : linguistiques, sociolinguistiques, culturelles et surtout théologiques Nida, lui-même, distingue essentiellement trois approches théoriques de la traduction : philologiques, linguistiques et sémiotiques
Nous plaçons sa théorie parmi les catégories sociolinguistiques parce que dans le schéma classique qui envisage la traduction comme étant celle d’une langue source
vers une langue cible, Nida abandonne les notions «cible» (target) et «langue cible» (target language) au profit de celles de «récepteur» et de «langue réceptrice» Pour
Delisle (1984: 56) qui range également la théorie de Nida dans la catégorie des théories sociolinguistiques, l’utilisation d’une telle terminologie témoigne du souci
de l’auteur de rattacher sa théorie de la traduction à celle de la théorie de la communication et d’adapter le message biblique à la mentalité de chaque peuple
La traduction ne peut être perçue en termes purement linguistiques aux yeux de
Nida (1969: 130) : « Linguistic features are not the only factors which must be
considered In fact, the «cultural elements» may be even more important » De ce
fait, Nida est certainement parmi les tout premiers qui ont pris leurs distances vis du débat entre traduction «littérale» et traduction «libre» qui a prévalu depuis les origines de la traduction jusqu'au XXe siècle
vis-à-Pourtant, il faut distinguer dans l’approche de Nida une évolution d’une théorie linguistique vers une théorie sociolinguistique de la traduction Au départ, sous l’influence de Chomsky qui dominait la linguistique avec sa grammaire générative dans les années 1960, Nida développe une théorie linguistique de la traduction qu’il tente d’ériger en science :
with the descriptive aspect; for just as linguistics may be classified as a descriptive science, so the transference of a message from one language into another is likewise a valid subject for scientific description» (Nida, 1964 : 3)
Trang 24Pour Nida, le traducteur doit avoir une approche générative de la langue, la clé devant lui fournir le moyen de générer le texte cible :
« A generative grammar is based upon certain fundamental kernel sentences, out of which the language builds up its elaborate structure by various techniques of permutation, replacement, addition, and deletion For the translator, especially, the view of language as a generative device is important, since it provides him first with
a technique for analysing the process of decoding the source text, and secondly with
a procedure for describing the generation of the appropriate corresponding expressions in the receptor language » (Nida, 1964 : 60)
Étant donné que les langues sont fondamentalement différentes les unes des autres en ce qui concerne le sens des symboles qui la composent ou l'organisation
de ces symboles eux-mêmes, Nida en conclut qu'il ne saurait y avoir de correspondance absolue entre langues C'est bien une telle approche qui a conduit Nida à définir le processus de traduction comme suit :
« Translating [which] consists in producing in the receptor language the closest natural equivalent to the message of the source language, first in meaning, and secondly in style (Nida, 1969 : 12) - Traduire signifie produire en langue d´arrivée l´équivalence naturelle la plus proche du message de la langue de départ, d´abord en signifié, ensuite en style »
Il est évident qu´il attribue une valeur primordiale au sens communicatif, donc l´objectif est de créer un message clair et intelligible en n´importe quelle langue
De plus, dans son essai fondamental sur la traduction biblique « Toward a
Science of Translating (1964) », Nida introduit deux concepts fondamentaux, ceux
d´équivalence formelle et d’équivalence dynamique, qui peuvent influencer la
manière de traduire Alors, il faut que le traducteur analyse les idées sous-jacentes
du texte à traduire et les place dans la langue d’arrivée avant de convertir le texte à
la langue d’arrivée
L'équivalence formelle accorde une importance à la forme et au contenu du message Ce type de traduction est tourné vers le texte source : le texte cible doit correspondre le plus possible au texte source avec son contenu et sa forme Quant à l'équivalence dynamique, dont Nida lui-même est partisan, elle vise à exprimer de la façon la plus naturelle possible le message en prenant en compte la culture du destinataire du message Elle cherche à produire chez le destinataire du texte cible
un effet équivalent à celui produit chez le destinataire du texte source :
Trang 25« Dynamic is therefore to be defined in terms of the degree to which the receptors of the message in the receptor language respond to it in substantially the same manner as the receptors in the source language This response can never be identical, for the cultural and historical settings are too different, but there should
be a high degree of equivalence response, or the translation will have failed to accomplish its purpose » (Nida 1969:24)
De même, Nida, dans son ouvrage « Toward a Science of Translating (1964),
fait une distinction, en traduction, entre l´équivalence formelle et l´équivalence dynamique, la première faisant référence à une reproduction fidèle des éléments formels du texte source, tandis que la deuxième rend compte de l´équivalence d´effet communicatif extralinguistique :
Une traduction visant l´équivalence dynamique cherchera à créer une expression totalement naturelle, afin de placer le destinataire devant des modes de comportement propres à sa culture ; une telle traduction ne cherche pas à ce que le destinataire comprenne les comportements culturels de la situation source afin d´appréhender le message (Nida, 1964: 159)
Dans un article intitulé « A Framework for the Analysis and Evaluation of
Theories of Translation», Nida souligne la finalité de la traduction, les rơles
respectifs du traducteur et des destinataires, ainsi que les implications culturelles du processus de traduction :
« Quand on s´interroge sur la supériorité éventuelle d´une traduction sur une autre, la réponse ne peut être donnée sans avoir réponse à une autre question :
«Supérieure pour qui ? » Dans le cas de différentes traductions d´un même texte, l´adéquation relative de chacune d´elles est toujours fonction de la mesure ó chaque traduction arrive à remplir la finalité recherchée C´est-à-dire que la validité relative de chaque traduction sera jugée selon la capacité des destinataires
à réagir au message (pour ce qui est du contenu aussi bien que de al forme), par rapport à : 1 la réaction que l´auteur du texte source voulait que soit la réaction chez les destinataires en langue source ; 2 la réaction réelle de ceux-ci Il est évident que les réactions ne sauraient jamais être identiques, puisque la communication interlinguale implique toujours des différences de type culturel, notamment des différences entre les systèmes de valeurs, les présupposés conceptuels et les antécédents historiques » (Nida, 1976: 64)
Nida qualifie cette approche de sociolinguistique Pourtant, l´application de cette approche à la traduction en général l´amène à proposer un modèle à trois étapes pour le processus de traduction Dans celui-ci, les éléments de surface du
Trang 26texte source (la syntaxe, le sens, les connotations) sont analysés en tant que noyaux linguistiques, ou structures quasi-noyaux, qui peuvent être transférés dans la langue cible au moyen d´une restructuration afin de former des éléments de surface dans la langue cible Cette approche essentiellement linguistique qui ressemble à la théorie
de Noam Chomsky sur la syntaxe et la grammaire générative (1957, 1965) a exercé plus d´influence sur le développement de la traductologie en Europe pendant les années 1960 et 1970 que ne l´a fait l´idée de l´équivalence dynamique
L’accent généralement mis sur la linguistique proprement dite plutôt sur le fonctionnalisme dynamique se reflète également dans l’importance accordée aux idées de Nida dans les recensions récentes des théories contemporaines de traduction Pour Gentzler, Nida aurait jeté « les bases d’un nouveau champ
d’investigation – La « science » de la traduction – au XXe siècle
1.1.2 Approches fonctionnelles et culturelles
Ces approches sont le résultat des développements intervenus en linguistique, en particulier l’orientation vers la théorie de la communication et
de l’information Celle-ci a été inspirée en partie par le schéma de la communication verbale de Jakobson (1987) que nous reproduisons ci-dessous, nous aborderons successivement la théorie des typologies de texte de Reiss et
la théorie du skopos selon Vermeer et l’approche de Hatim & Mason
1.1.2.1 Schéma de la communication verbale de Jakobson
Dans son essai « Aspects linguistiques de la traduction », Jacobson spécifie
trois formes possibles de traduction :
(1) Intralingual translation, or rewording is an interpretation of verbal signs by means of other signs of the same language
(2) Interlingual translation or translation proper is an interpretation of verbal signs by means of some other language
(3) Intersemiotic translation or transmutation is an interpretation of verbal signs
by means of signs of nonverbal sign systems (Jakobson, 1987: 429)
La traduction intralinguale ou reformulation qui «consiste en
l’interprétation des signes linguistiques au moyen des signes de la même langue »
La traduction interlinguale ou traduction proprement dite consiste en
l’interprétation des signes linguistiques au moyen d’une autre langue
des signes linguistiques au moyen de signes non linguistiques.
Trang 27La traduction interlinguale, qui nous intéresse, est définie ici par Jakobson comme l’interprétation de signes linguistiques sources par d’autres signes linguistiques cibles
Jakobson a donné un schéma de la communication verbale avec six facteurs :
Source : Jakobson (1987 : 66, 71)
Le destinateur envoie un message au destinataire Pour que le message puisse être compris, il faut un contexte que Jakobson appelle également référent Ce contexte doit être verbal ou capable d’être verbalisé et compréhensible pour le destinataire Le message nécessite également un code commun au destinateur et au destinataire et, enfin, un contact, c’est-à-dire un canal physique et une connexion psychologique pour permettre au destinateur et au destinataire d’engager et de maintenir la communication Jakobson attribue une fonction linguistique à chacun
4 la fonction phatique vise à établir et à maintenir le contact physique ou psychologique dans le processus de la communication verbale ;
Trang 285 la fonction poétique, qui ne se limite pas seulement à la poésie et à la littérature, est orientée vers le message aussi bien dans sa forme que dans son sens ;
6 la fonction métalinguistique utilise le langage comme moyen d’analyse ou d’explication du code (grammaires, dictionnaires, lexiques spécialisés par exemple)
Mais Jakobson reconnaît que la communication assure rarement une seule fonction La fonction poétique, par exemple, n’est pas la seule fonction de la poésie Dominante en poésie, cette fonction devient secondaire dans d’autres actes verbaux (Jakobson, 1987 : 69) Cette approche fonctionnelle du langage a donné, à son tour, naissance à des théories fonctionnelles et culturelles en traductologie comme celles basées sur les types de textes, la théorie du skopos, les approches basées sur l’analyse du discours, des registres et des genres
1.1.2.2 Théorie des typologies de texte de Reiss
Au début des années 1970, Katharina Reiss, théoricienne allemande, propose
le concept de texte équivalent Dans ses travaux, Reiss analysait le degré auquel la traduction réussit à établir la communication et le point auquel l’équivalence doit être recherchée Ce qu’elle poursuivait en fait était l’établissement d’un processus systématique d’évaluation des traductions Pour ce faire, elle propose une typologie des textes et associe à chaque type de texte une fonction particulière
Elle définit la traduction comme un processus de communication bilingue qui vise généralement à reproduire en langue d’arrivée un texte qui soit fonctionnellement équivalent au texte de départ Ce processus de traduction inclut, selon Reiss, le moyen, soit le texte en langue de départ et le texte en langue d’arrivée et un médium, soit le traducteur, qui devient un deuxième émetteur Aussi
la traduction est-elle perçue comme une communication secondaire
Reiss précise que l’usage de deux langues naturelles et d’un médium change nécessairement et naturellement le message pendant le processus de communication Elle souligne que ce principe s’appuie sur le postulat du théoricien de la communication Otto Haseloff, selon lequel la communication idéale est rare, même
à l’intérieur d’une seule langue, en raison des connaissances et des attentes du récepteur qui sont généralement différentes de celles de l’émetteur
Ce phénomène est connu sous le nom de différence communicationnelle (communicative difference) Ces différences peuvent être intentionnelles ou non intentionnelles Les différences non intentionnelles peuvent être générées par les différences entre les structures des langues ou par la compétence traductionnelle du
Trang 29traducteur Les différences intentionnelles, quant à elles, peuvent surgir quand le but poursuivi par la traduction est différent de celui qui est poursuivi par l’original Comme Reiss le précise bien, lorsqu’il y a changement dans la fonction de la communication, au lieu de rechercher l’équivalence fonctionnelle entre le texte de départ et le texte d’arrivée, il faut plutôt rechercher la réexpression adéquate du texte d’arrivée selon la fonction d’origine
Reiss postule qu’il est possible d’établir une typologie des textes car les différentes langues et cultures emploient plus ou moins les mêmes types de textes Ainsi, elle distingue, d’après la fonction que les textes remplissent - soit selon le type de communication qu’ils établissent ou le type de communication dans lequel ils existent- les textes informatifs, les textes expressifs et les textes opérationnels
Reiss soutient que ces fonctions du langage correspondent à trois situations
de communication Selon son intention de communication, le texte verbal se distingue par trois fonctions :
1 la simple communication de faits : informations, connaissances, arguments, nouvelles etc Le type de texte qui correspond à cette situation de communication est dit «informatif» ;
2 les textes créatifs et artistiques L'auteur est responsable du thème de son texte et décide selon sa propre volonté des moyens de verbalisation en utilisant les ressources de la langue pour communiquer sa pensée de manière créative et artistique Ce type de texte est «expressif» ;
3 les textes peuvent être conçus également de sorte à provoquer une action ou une réaction de la part du lecteur Le type de texte qui correspond à cette situation de communication est «opérationnel» ;
4 Reiss ajoute à ces trois types de texte basés sur la fonction du langage un quatrième type dont la transmission n’est pas écrite : les textes audio – média qui utilisent des canaux de transmission tels que la radio et la télévision À chaque type de texte Reiss associe une approche spécifique de traduction Ainsi, si le texte est informatif, son contenu doit être rendu dans le texte d’arrivée Elle propose une démarche guidée par le sens du texte de départ qui permet de conserver l’invariabilité du contenu Cela peut demander, par exemple, de rendre implicite ce qui est implicite et vice-versa et ce, en raison des différences dans la structure des deux langues ou encore en raison des différences entre la pragmatique collective des deux communautés linguistiques concernées par la traduction
Si le texte de départ a été écrit dans le but de transmettre un contenu artistique, le contenu du texte d’arrivée doit être rendu dans une forme artistique
Trang 30analogue Comme méthode de traduction, Reiss suggère la traduction par identification C’est dire que le traducteur doit s’identifier à l’intention artistique et créatrice de l’auteur afin de reproduire la qualité artistique du texte
Enfin, si le texte de départ comporte une organisation interne visant à générer une réaction ou un comportement, le contenu du texte d’arrivée doit lui aussi avoir
un contenu susceptible de générer une réaction ou un comportement analogue chez
le lecteur du texte d’arrivée La méthode de traduction que Reiss suggère est l’adaptation Elle donne comme exemple la phrase « black is beautiful », laquelle devrait être adaptée si elle s’adressait à un lecteur de l’Afrique du Sud
Elle insiste sur le fait qu’un changement dans la fonction du texte élimine le besoin d’établir une typologie des textes et d’associer à chaque type de texte une méthode de traduction permettant d’atteindre l’équivalence fonctionnelle du texte d’arrivée Dans le cas ó la fonction du texte d’arrivée est différente de celle du texte de départ, Reiss suggère plutơt d’établir une typologie des types de traduction qui fournirait les critères du mode de traduction souhaitable dans chaque cas Si la fonction du texte d’arrivée est différente de celle du texte de départ, l’objectif de la traduction (ou du texte d’arrivée) est de donner à cette dernière une forme respective de la fonction de départ La question à se poser n’est plus quel objectif et quel destinataire le texte de départ vise-t-il, mais plutơt, quel objectif et quel destinataire le texte d’arrivée vise-t-il
1.1.2.3 Hans J Vermeer : la théorie du skopos et ses prolongements
Hans J Vermeer est allé beaucoup plus loin dans sa tentative pour combler le fossé entre la théorie et la pratique de la traduction Après une formation en interprétation, il se consacre à la linguistique générale (Vermeer, 1972), puis à la traductologie Il rompt avec la théorie linguistique de la traduction en 1976, puis
précise sa position dans « Esquisse d’une théorie générale de la traduction » en 1978 :
« La linguistique seule ne saurait nous apporter de réponse D’abord, parce
que la traduction n’est pas simplement ni essentiellement un processus linguistique Deuxièmement, parce que la linguistique n’a pas encore su formuler les bonnes questions pour nous permettre d’aborder les problèmes Allons, cherchons ailleurs !"
Pour Vermeer, la traduction est un type de transfert ó des signes communicationnels, verbaux et non-verbaux, sont transférés d’une langue à une autre (d’autres types de transfert seraient, par exemple, le transfert des images à la musique, ou le passage d’un plan à un bâtiment) La traduction est aussi un type d’action humaine Suivant en cela la théorie de l’agir, Vermeer définit l’action