Nghiên cứu đối chiếu tính thời gian trong tiếng Việt và tiếng Pháp Áp dụng phương pháp tiếp cận ngữ dụng-ngữ nghĩa học (2)
Trang 1UNIVERSITÉ DE HANOI
DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
ÉTUDE CONTRASTIVE DE LA TEMPORALITÉ EN FRANÇAIS ET EN
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Table des matières
Table des matières 1
Introduction 2
1.1 Justification de l’étude 2
1.2 État actuel des recherches 2
1.3 Questions de recherche 4
1.4 Objectifs et délimitation de l’étude 4
1.5 Méthodologie de recherche 5
2 Structure de la thèse 6
2.1 La première partie : Cadre théorique 6
2.2 Deuxième partie : Analyse pragmatico-sémantique de la temporalité en français 7
2.3 Troisième partie : Analyse pragmatico-sémantique de la temporalité en vietnamien 9
2.4 Quatrième partie : Analyse contrastive des systèmes de représentation temporelle et aspectuelle en français et en vietnamien 11
3 Conclusion 13
4 Nouveautés du travail 16
5 Nouvelles perspectives de recherche 16
6 Articles publiés concernant le sujet de la thèse 18
7 Bibliographie 19
7.1 Ouvrages en français et en anglais 19
7.2 Ouvrages en vietnamien 22
7.3 Corpus 23
Trang 3pour répondre aux questions telles que : pourquoi accepte-t-on facilement l’énoncé « On a trouvé la clé » tandis que celui de « On trouvait la clé » demande un contexte particulier pour être grammaticalement correct ? Pourquoi peut-on dire « Le livre est en français » et non pas « Le livre a été en français » ? Pour le vietnamien, pour quelles raisons les énoncés tels que « Cô ấy đã trẻ » ou « Bạn ấy đang hiểu vấn đề » sont-ils réfutés ou mis en doute par
les Vietnamiens ? Une étude contrastive de la temporalité des deux langues nous permet être de mieux comprendre le mécanisme de représentation temporelle et aspectuelle de ces deux langues
peut-1.2 État actuel des recherches
De l’époque d’Aristote jusqu’à maintenant, d’innombrables recherches ont été réalisées dans le but de comprendre le mécanisme d’encodage des informations temporelles des langues naturelles Elles visent essentiellement à répondre à deux questions principales, à
savoir : « Comment peut-on décrire la localisation de la situation décrite à l’énoncé sur l’axe
temporelle? » (Question relative à la notion du temps) et « Comment l’organisation temporelle interne de la situation est-elle décrite ? » (Question relative à la notion de
l’aspect) 1
1.2.1 Recherches sur la temporalité des langues et en français
Dans leurs travaux sur la temporalité dans les langues, les linguistes tels que Reichenbach (1947), Comrie (1976, 1985) ou Co Vet (1980) distinguent le temps de l’aspect D’après ces linguistes, le temps concerne les relations temporelles entre la situation de l’énoncé et le point de référence Ce dernier peut être le moment de l’énonciation ou un autre défini au contexte
Pour la deuxième question concernant l’aspect, les linguistes distinguent l’aspect lexical de l’aspect grammatical Le premier concerne les caractéristiques temporelles inhérentes de la représentation sémantique formée à partir de l’ensemble d’éléments linguistiques décrivant la situation-concept Cette représentation sémantique est appelée
dorénavant le procès 2 A l’instar de Vendler (1967 ), les linguistes distinguent trois
oppositions en ce qui concerne les caractéristiques temporelles internes, à savoir télique/non télique, dynamique/non dynamique et durative/non durative En fonction de ces oppositions, ils catégorisent les procès en quatre groupes, à savoir l’état, l’activité, l’accomplissement, l’achèvement
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Ces deux questions sont soulevées par Gustav e (1929)
2Dans notre travail, la notion du procès est marquée par les parenthèses (<>) et les majuscules
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L’aspect grammatical est défini comme les caractéristiques temporelles de l’occurrence concrète du procès en question Par la morphologie verbale, les adverbes, les périphrases, les particules, les affixes,… un procès peut être décrit par une multitude d’aspects
comme imminent “Il est sur le point de parler »ou en cours (imperfectif) : « Il travaille »ou achevé (perfectif) « Il a mangé sa part », etc
Les définitions du temps, de l’aspect lexical et de l’aspect grammatical ainsi que la conception de temps présentées ci-dessus forment souvent la base théorique des études sur la temporalité des langues comme le français et le vietnamien Cependant, ces théories sont
contestables sur plusieurs points En premier lieu, la définition du temps (temps linguistique) comme les relations entre le point du procès décrit (E) et le point de référence (soit celui de
l’énonciation (S), soit celui défini suivant le contexte) est discutable Suivant cette définition, les temps verbaux français comme l’imparfait, le passé composé… sont des temps absolus du passé, marquant l’antériorité du E par rapport au S En leur présence, le procès est interprété comme ayant lieu avant le moment de l’énonciation La situation décrite par l’énoncé, appelé
dorénavant le procès, <IL TRAVAILLER DANS LE JARDIN> de l’énoncé : « Quand je suis entré, il travaillait dans le jardin » devrait être interprétée comme prenant fin avant le
moment de l’énonciation Cependant, cette interprétation n’est pas la seule Le procès peut
durer et inclure le S car on peut toujours ajouter « il y travaille toujours »
Pour l’aspect grammatical, plusieurs linguistes contestent qu’il représente les différents modes de présentation du procès indépendamment de sa relation avec un autre point
sur l’axe temporel L’énoncé «Il travaillait » marque l’aspect imperfectif En choisissant
l’imparfait, le locuteur présente le procès comme étant en cours En fait, pour juger un procès
en cours ou terminé, il faut le mettre en relation avec un autre moment servant de repère
La catégorisation des procès proposés par Vendler (op.cit.) est aussi critiquée pour ne pas rendre compte du fait qu’un procès peut changer de caractéristiques temporelles en fonction du contexte ou des éléments lexicaux entourant le verbe Les procès tels que <ELLE
COURIR> de l’énoncé « Elle court » sont qualifiés de non téliques Mais le fait de préciser le parcours par l’ajout du complément « un km » rend ce procès télique Le même résultat est
constaté s’il s’agit d’un contexte énonciatif d’un fait habituel
1.2.2 Recherches sur la temporalité en vietnamien
Par rapport au français, les études sur la temporalité en vietnamien sont peu nombreuses De plus, leurs auteurs ne sont pas du même avis, pour ne pas dire qu’ils s’opposent les uns aux autres La détermination des moyens de représentation temporelle et aspectuelle ainsi que de la nature et de la valeur des moyens de représentation temporelle en vietnamien reste encore ouverte En fait, les linguistes sont unanimes à reconnaître que les
mots « đã », « sẽ », « đang », « rồi » ont des valeurs temporelles Cependant, s’agit-il des
mots grammaticaux ou des moyens lexicaux ? La réponse à cette question n’est pas définitive
puisque l’usage de ces mots est très complexe Dans certains cas, il est optionnel comme « Cô
ấy mệt »/ « Cô ấy đang mệt » Le mot « đang » dans l’énoncé « Cô ấy đang mệt » a plutôt la
valeur emphatique que celle du mot d’expression temporelle Par contre, dans certains cas, les
marqueurs sont obligatoires comme « Khi tôi đến, anh ấy đã đi rồi »
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Les valeurs sémantico-syntaxiques des marqueurs sont un autre sujet de recherche En
fait, pour certains linguistes, les mots comme « đã », « đang », « sẽ » servent à marquer les différences temporelles Le mot « đã » marque le passé, « đang », le présent et « sẽ », le futur
Par contre, d’autres chercheurs soutiennent l’hypothèse qu’il s’agit des marqueurs aspectuels Pour ces derniers, ces trois mots représentent respectivement les aspects perfectif, imperfectif
et le prospectif
Une autre limite des études précédentes sur la temporalité est leur méthodologie de travail En effet, les linguistes s’intéressant à cette problématique se contentent souvent des exemples concrets repris hors du contexte ou fabriqués par eux-mêmes Nous croyons que les conclusions relatives à la nature et aux valeurs des marqueurs temporels et aspectuels doivent être renforcées et validées par une analyse d’un corpus bilingue C’est ce que nous avons fait dans ce travail de recherche
1.3 Questions de recherche
À partir de nos remarques susmentionnées concernant les recherches existantes sur la temporalité en français et en vietnamien et en fonction de la réalité linguistique, se posent deux questions suivantes auxquelles notre recherche a pour objectif de répondre :
- Quel est le mécanisme de représentation temporelle et aspectuelle en
français et en vietnamien ?
- Quelles sont les divergences et les convergences de ces deux systèmes
linguistiques en matière de représentation temporelle et aspectuelle ? 1.4 Objectifs et délimitation de l’étude
Notre travail de recherche a pour objectif d’étudier la temporalité en français et en vietnamien À la différence des travaux précédents, nous avons adopté l’approche pragmatico-sémantique Autrement dit, au lieu de porter notre attention sur les facteurs lexicaux et sémantiques servant à représenter les informations temporelles et aspectuelles dans les langues, nous avons essayé de les mettre en relation interactive et de déterminer leur mécanisme de fonctionnement
Nous comprenons que la temporalité d’une langue couvre un très vaste champ d’étude
Il comprend la morphologie verbale (pour les langues flexionnelles), les marqueurs préverbaux ou postverbaux, les circonstanciels de temps, les types de procès, les relations interphrastiques et même les informations contextuelles Ces moyens se combinent d’après un mécanisme très strict et spécifique à chaque langue Il est donc impossible de mener une étude exhaustive de tous ces moyens dans le cadre d’une thèse de doctorat C’est pour cette raison que nous limitons notre travail aux moyens de représentation temporelles les plus courants en français et en vietnamien Il s’agit des formes verbales de l’indicatif en français et les
marqueurs préverbaux «đã », « đang », « sẽ » en vietnamien
Pour le français, nous avons fait une description des valeurs temporelles, aspectuelles des formes verbales de l’indicatif et avons prévu leurs interprétations dérivées lors de leurs combinaisons avec différents types de procès, des catégories de circonstanciels de temps ainsi que des variations contextuelles Ces variations peuvent être des informations contextuelles
ou des relations cause- conséquence…
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Concernant le vietnamien, nous avons déterminé les valeurs temporelles et
aspectuelles des marqueurs ayant une forte fréquence d’emploi tels que « đã », « đang »,
« sẽ », ainsi que leurs interprétations tempo-aspectuelles L’absence de ces marqueurs fait
aussi l’objet de notre recherche Nous avons essayé d’expliquer comment les informations temporelles et aspectuelles sont représentées en vietnamien lorsque les moyens de représentation explicites sont absents
Nous avons approfondi notre étude en comparant les résultats à l’issue des analyses de
la temporalité en vietnamien et en français D’abord, grâce à la théorie de l’analyse contrastive, nous avons mis en évidence les divergences et les convergences entre les deux langues en matière d’expression temporelle Ensuite, nous avons essayé d’établir des équivalents dans ces deux langues Nous comprenons que ces équivalents ne sont pas totaux
en raison de plusieurs différences dont celles de la pensée, de la morphologie, de la culture, et des moyens d’expression Cependant, la comparaison inter-linguistique nous permet de mieux comprendre le fonctionnement du système de représentation temporelle et aspectuelle de chacune de ces deux langues De plus, elle peut être utile pour les étudiants lors de leur apprentissage du français langue étrangère (pour les Vietnamiens) et du vietnamien langue étrangère (pour les francophones)
1.5 Méthodologie de recherche
Afin d’atteindre notre objectif, nous avons eu recours à une combinaison des approches dont l’approche descriptive, l’approche pragmatico-sémantique, celle de l’analyse contrastive et celle de l’analyse du corpus Nous avons fait une brève présentation de ces approches
L’approche pragmatico-sémantique est reprise des travaux de W Klein (1994), de L Gosselin (1996) et de M.B Olsen (1997) Elle est caractérisée par l’analyse des marqueurs temporels ou aspectuels et de leurs relations avec d’autres éléments linguistiques et pragmatiques présents à l’énonciation
L’analyse contrastive consiste à faire la comparaison des deux systèmes de représentation de temporalité et à déterminer leurs convergences et divergences Par ce faire, nous visons à identifier quels traits temporels et aspectuels ces deux langues ont en commun ou sur lesquels elles se différencient L’application de l’analyse contrastive nous permet, par conséquent, de mieux comprendre le mécanisme d’encodage des informations de ces deux langues
L’analyse du corpus est un complément de l’analyse pragmatico-sémantique Les données statistiques, entre autres, obtenues du corpus constitué des échantillons tirés des textes authentiques en deux langues nous permettent de confirmer ou de réfuter les conclusions ou les hypothèses formulées dans l’analyse pragmatico-sémantique Notre corpus
comprend les œuvres « La Parure » de Guy de Maupassant(1884) , « Le Petit Prince » de Antoine De Saint-Exupéry (1943) et « Chí Phèo » de Nam Cao (1941), « Lời thề đêm trăng »
de Tram Huong(1998) Ces ouvrages ont l’avantage d’être respectivement traduits en vietnamien et en français par des traducteurs professionnels, ce qui garantit l’objectivité et la crédibilité de notre corpus
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2 Structure de la thèse
Sans compter l’introduction et la conclusion générale, notre thèse se divise en quatre parties
2.1 La première partie : Cadre théorique
Cette partie est réservée aux questions théoriques sur la temporalité des langues Nous
y avons présenté successivement les notions du temps et de l’aspect comprenant l’aspect lexical et l’aspect grammatical suivant l’approche pragmatico-sémantique Deux chapitres discutent respectivement de ces notions Pour chaque chapitre, nous avons fait la présentation des théories souvent reprises par les linguistes lors de l’analyse sur la temporalité des langues
Le dernier volet, est réservé à la présentation de notre cadre théorique : l’approche pragmatico-sémantique de L Gosselin(1996)3 et de M.B Olsen (1997) qui ont développé les travaux de W Klein (1994) Cette approche nous permet de mieux analyser les interactions des moyens lexicaux, grammaticaux et pragmatiques lors de l’encodage et du décodage des informations temporelles et aspectuelles
2.1.1 Chapitre1 : Question du temps
Dans ce chapitre, nous avons montré que les théories comme celles de Reichenbach (1947), Comrie (1976, 1985) et d’autres ne sont plus adéquates pour traiter à fond les questions de temps et d’aspect Par conséquent, pour étudier la temporalité en français et en vietnamien, nous avons opté pour l’approche de Klein (1994) et Gosselin (1996) qui ont défini le temps comme les relations entre l’intervalle d’assertion (IA) et l’intervalle de référence (IR).Ce dernier, peut-être l’intervalle de l’énonciation ou un autre défini par le contexte L’intervalle d’assertion est celui choisi par le locuteur pour asserter le procès Suivant les relations entre l’IA et l’IR, nous avons des temps différents dont le passé (IA antérieur à l’IR), le présent (IA simultané à l’IR) et le futur (IA postérieur à l’IR)
Suivant les langues, les caractéristiques temporelles peuvent être représentées par plusieurs moyens dont les formes verbales, les suffixes verbaux ou par des mots, groupes de
mots spécifiques comme le cas de « đã », « sẽ » ou « đang » en vietnamien
2.1.2 Chapitre2 : Aspect
-Aspect grammatical
L’aspect grammatical est défini par les relations entre l’IA et l’intervalle du procès (IP) Suivant les relations entre l’IA et l’IP, nous avons de différents aspects du procès On peut citer par exemple l’aspect imperfectif quand l’IP couvre l’IA, l’aspect aoristique quand l’IA est antérieur et disjoint de l’IP Il est important de noter que l’IA peut être déterminé par les relations d’anaphore avec un autre intervalle déterminable comme celui des circonstanciels
de temps de l’énoncé ou de l’énoncé précédent, l’intervalle du procès de l’énoncé précédent
3
Cette approche a été développée par les mêmes auteurs dans les années qui suivent (lire Klein (2006; 2009) et Gosselin (2005, 2010))
Trang 8du principe de monotonicité, nous avons six catégories de procès décrites au tableau suivant :
Tableau 1 : Catégorisation des procès par M.B Olsen
Télique Dynamique Duratif Exemple
« Quand je suis entré, il travaillait dans le jardin » Nous avons la valeur temporelle du passé
L’IA est antérieur à l’IE La valeur aspectuelle est l’imperfectif Le procès est catégorisé comme activité L’interprétation est que le procès est en cours à un moment antérieur au moment de l’énonciation
2.2 Deuxième partie : Analyse pragmatico-sémantique de la temporalité en français
Cette partie comprend deux chapitres portant sur les analyses des temps verbaux de l’indicatif
en français, formes simples et formes composées et le corpus français
2.2.1 Chapitre 3 : Analyse des formes verbales de l’indicatif
Dans ce chapitre, nous avons fait une analyse des temps verbaux de l’indicatif, formes simples et formes composées en français Ces formes sont étudiées dans le cadre pragmatico-sémantique qui prend en compte en premier lieu des valeurs temporelles et aspectuelles typiques des formes verbales ainsi que les interprétations typiques de ces formes Une fois déterminées, ces valeurs ou ces interprétations sont confrontés dans des contextes communicatifs Ces confrontations servent à nous montrer des interprétations dérivées de ces formes
Nous avons déterminé les valeurs temporelles, aspectuelles de chaque temps verbal ainsi que leurs interprétations par défaut Prenons, par exemple, le cas du présent de l’indicatif Sa valeur temporelle et aspectuelle par défaut est le présent et l’imperfectif L’interprétation par défaut de cette forme verbale est de décrire un procès en cours au moment
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de l’énonciation Ses interprétations dérivées comprennent des faits répétitifs ou des faits de vérité générale comme :
(1) Il boit
(2) Tout homme est mortel
Nous avons aussi les dérivations du temps et de l’aspect comme un déplacement de l’IA et l’IE dans le passé ou dans le futur, ce qui explique l’utilisation du présent de l’indicatif pour marquer des faits dans le passé ou dans le futur comme :
(3) J’arrive (réponse d’un enfant à l’appel de sa mère)
2.2.2 Chapitre 4 : Analyse du corpus
Nos conclusions sur les valeurs temporelles et aspectuelles des formes verbales sont
vérifiées par l’analyse du corpus constitué des échantillons tirés des nouvelles « Le petit Prince » de Antoine De Saint-Exupéry (1943) et « La Parure » de Guy de Maupassant
(1884) Les paramètres que nous prenons en compte sont les formes verbales, les valeurs temporelles et aspectuelles des formes verbales, la catégorie des procès Les résultats statistiques confirment nos conclusions Les valeurs par défaut des formes incluant celles du temps et de l’aspect ont une fréquence majoritaire Dans certaines formes verbales, nous ne trouvons pas d’interprétations dérivées Ces remarques nous conduisent à la récapitulation des valeurs temporelles et aspectuelles des formes verbales en français comme le montre le tableau ci-après
Tableau 2 : Récapitulation des valeurs temporelles et aspectuelles des formes verbales en français
Temps
verbaux
Valeur temporelle absolue
Valeur aspectuelle Exemple
Passé simple Passé Aoristique Il sortit
Imparfait Passé Imperfectif À huit heures, il se promenait
Passé aoristique Le lendemain, Pierre quittait Paris
(imparfait de rupture)
Présent
indicatif
Présent Imperfectif : Il se promène
Passé Aoristique Cette année-là, C Colomb découvre
l’Amérique
Futur Aoristique Je termine ce travail demain
Futur simple Futur Aoristique Je finis mon rapport demain matin
Futur Imperfectif À cette heure-là, il dormira depuis
longtemps
Passé Passé Aoristique du procès Hier, il a regardé la télé
Trang 10Passé Aoristique du procès À huit heures, il avait fini de taper
Passé Imperfectif de l’état
2.3.1 Chapitre 5 : État de lieu des recherches sur la temporalité en vietnamien
Notre travail commence par une revue des études précédentes sur la temporalité en vietnamien Bien que ces études ne soient pas nombreuses en comparaison avec celles du même sujet en français ou en anglais, leurs conclusions sont très différentes sur la question de l’existence ou de l’inexistence de la catégorie grammaticale servant à marquer le temps et
l’aspect en vietnamien, sur la valeur des particules préverbales comme « đã », « đang »
ou « sẽ » La plupart des linguistes ont estimé qu’il s’agit respectivement des marqueurs du
passé, du présent et du futur D’autres, comme Cao Xuan Hao (1998, 2002), Do Hurinville (2004; 2007) réfutent la présence des moyens grammaticaux de représentation temporelle en
vietnamien Ils considèrent « đã » et « đang » comme marqueurs aspectuels « Sẽ » est
considéré comme le marqueur modal de l’irréaliste ou de probabilité La valeur temporelle du futur est en fait une valeur dérivée de la modalité Selon Cao Xuan Hao (op.cit.), les informations temporelles sont représentées par les circonstanciels de temps ou tout simplement du contexte
2.3.2 Chapitre 6 : Valeurs des marqueurs «đã », « đang», « sẽ » et absence des marqueurs
En appliquant l’approche pragmatico-sémantique à l’analyse de la temporalité en vietnamien, nous sommes parvenus aux conclusions suivantes : La première est que les moyens grammaticaux de représentation temporelle et aspectuelle sont absents en vietnamien Ils ne peuvent pas être considérés comme une catégorie grammaticale en raison de leur emploi facultatif De plus, ces marqueurs ne créent pas une différence sémantique systématique
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D’autre part, nous ne sommes pas d’accord avec Tran Kim Phuong (2005) et d’autres pour considérer l’absence de marqueurs en vietnamien comme une catégorie grammaticale appelée le marqueur zéro En effet, les énoncés sans marqueur présentent des valeurs temporelles et aspectuelles différentes On ne peut pas donc classer l’absence de marqueur comme un marqueur grammatical
La deuxième conclusion concerne la représentation temporelle en vietnamien Nous soutenons la thèse de Cao Xuan Hao (1998) pour qui le temps est représenté par les moyens lexicaux dont les circonstanciels de temps, les adverbes, les subordonnées temporelles On doit aussi déduire des informations temporelles de la relation thème-rhème ou du contexte
Notre troisième conclusion est relative aux trois marqueurs «đã », « đang », « sẽ » Nous déterminons que les deux premiers ont la valeur aspectuelle Le marqueur «đã » indique
que l’IA couvre l’intervalle immédiatement antérieur à l’IP et l’IP En combinaison avec de
différents types de procès et suivant le contexte, nous avons des interprétations différentes
Ainsi l’énoncé: « Anh ấy đã ngủ » (Lui đã dormir) peut être interprété de deux manières, à
Le marqueur « đang » représente la relation d’inclusion de l’IA à l’IP Le marqueur
« sẽ » est spécifique Il a deux valeurs dont celle du futur et celle du mode marquant la
probabilité
Par ailleurs, nous avons indiqué les cas ó la présence de ces marqueurs est
obligatoire, facultative ou interdite Prenons par exemple le marqueur «đang » Il est
incompatible avec les procès d’état nécessaire ou exprimant la vérité générale Par contre, ce marqueur est nécessaire pour insister sur l’opposition entre les différents aspects d’une situation
Nous avons aussi traité la question de l’absence des marqueurs en vietnamien En fait, bien que cette absence soit importante en vietnamien, les linguistes l’ont souvent ignorée ou qu’ils l’ont notée sans donner d’explications adéquates Dans notre travail, nous adoptons la théorie de Smith (2005) présentée dans ses études de la temporalité en mandarin (chinois) selon laquelle, en l’absence des marqueurs, la détermination des valeurs aspectuelles du procès doit se faire en premier lieu sur la base de la catégorie du procès Chaque catégorie de procès a des valeurs par défaut La combinaison entre ces valeurs et le contexte nous permet
de déterminer la valeur ainsi que l’interprétation temporelle de l’énoncé en question
En fait, la détermination de l’IA se fait en premier lieu par la cọncidence avec l’intervalle défini servant d’antécédent Cet intervalle d’antécédent peut être celui qui est introduit par le circonstanciel de temps, l’intervalle de l’énonciation, l’intervalle du procès décrit dans l’énoncé ou l’IA des énoncés qui précèdent ou qui suivent l’énoncé à étudier
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([ ] est le sigle de l’IA ++++++ est le sigle de l’IP)
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Nous constatons qu’en l’absence des marqueurs temporels et des circonstanciels, le choix de l’antécédent est dépendant de la catégorie de procès Pour les procès non duratifs, téliques surtout ceux d’achèvement, l’antécédent est souvent l’intervalle du procès Pour les procès duratifs comme ceux d’état ou d’activité, de semelfactif, l’antécédent est souvent le moment
de l’énonciation Lors d’un conflit ou des instructions contraires, la détermination de l’IA doit être refaite Après avoir déterminé l’IA, la détermination de la relation entre l’IA et l’intervalle de référence (l’intervalle de l’énonciation dans la plupart des cas) se fait par déduction
Il en est de même avec l’aspect Chaque catégorie de procès a une valeur aspectuelle par défaut Les procès duratifs surtout ceux d’état contingent, d’état nécessaire, d’activité présentent la valeur aspectuelle de l’imperfectif Par contre, les procès d’achèvement ou d’accomplissement présentent l’imperfectif
2.3.3 Chapitre7 : Analyse du corpus en vietnamien
Dans cette partie, nos conclusions ont été confirmées par une analyse du corpus dont
la source est la nouvelle « Lời thề đêm trăng » de Tram Hương (1997) En fait, nous avons
constaté que la majorité des valeurs aspectuelles du perfectif/aoristique et de l’imperfectif
sont représentées respectivement par les marqueurs « đã » et « đang » Par contre, les valeurs
temporelles de ces marqueurs sont très variées
La présence du marqueur «sẽ » est faible Son apparition se concentre essentiellement dans les énoncés exprimant la condition introduite par « nếu…thì….sẽ » Pour le reste, ce
marqueur indique le futur Nous avons aussi constaté une corrélation très forte entre les procès duratifs avec l’aspect imperfectif et le temps du présent et les procès non duratifs, téliques avec l’aspect aoristique et perfectif et le temps du passé
2.4 Quatrième partie : Analyse contrastive des systèmes de représentation temporelle
et aspectuelle en français et en vietnamien
Dans cette partie, nous avons fait une analyse contrastive des systèmes de représentation temporelle et aspectuelle en français et en vietnamien Notre travail commence par une analyse théorique visant à déterminer les convergences et les divergences entre les deux langues en matière de temps et d’aspect Ensuite, nous avons vérifié nos conclusions par une analyse du corpus
2.4.1 Chapitre 8 : Analyse contrastive des deux systèmes de représentation temporelle et
aspectuelle en français et en vietnamien
Les principales conclusions que nous avons tirées de notre étude peuvent être résumées comme suit : En premier lieu, en matière de représentation, le français utilise les formes verbales comme indicateurs obligatoires des valeurs temporelles et aspectuelles du procès décrit Le vietnamien, par contre, n’est pas doté de moyens grammaticaux propres à
l’expression du temps Les marqueurs comme «đã », « đang », « sẽ », « đã từng » peuvent
servir à représenter les informations temporelles ou aspectuelles du procès décrit par l’énoncé
Concernant la notion de temps, par les formes verbales, le français dénote très clairement les trois relations temporelles entre l’IA et l’intervalle de référence (IR), ce qui correspond aux trois temps du passé, du présent et du futur De plus, ces formes distinguent