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TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE 141
TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE LE CAS DES TEXTES LITTERAIRES ET DE LEUR
TRADUCTION EN MILIEU SCOLAIRE
PHAM TH] ANH NGA Dr
Ecole Sup des Langues étrangéres Qu’est-ce qui a pu m’amener a ces réflexions et interrogations sur la traduction et la traductologie, domaine qui, longtemps, représentait pour moi, simple profane, un ailleurs étrange, fort inconnu ? C’est que, dans un premier temps, en tant qu’enseignante de littérature francaise en FLE (francais langue étrangére) dans un établissement supérieur, j’ai eu un effort de documentation auprés de l’enseignement de la littérature francaise dans le cadre scolaire en France (pour des jeunes natifs), et la fagon dont on congoit l’enseignement de cette méme littérature au Vietnam, au niveau secondaire tout comme au niveau supérieur (pour des apprenants étrangers, a travers des textes littéraires traduits en vietnamien) Je me suis alors apergue que certains aspects marquants dans les techniques d’écriture des auteurs frangais, exploitables dans ma classe tout comme dans le lycée frangais, restaient absents dans les différentes approches (au niveau scolaire ou supérieur) de la littérature francaise au Vietnam, oit le contact avec les euvres se fait exclusivement par le biais des traductions Par la suite, j'ai essayé de regarder de plus pres les textes traduits, tout comme des documents de référence, guides de la classe ou études plus ou moins approfondies en la matiére, pour m’intéresser enfin a cet aspect traductologique : essai d’étude contrastive entre le texte-source et les textes d'arrivée, et un questionnement : le texte littéraire est-il traduisible ? quelle traduction pourrait étre « sur mesure » pour la littérature étrangére dans le cadre scolaire (et universitaire) au Vietnam ?
1 Quelques exemples pris dans le vif 1.1 Disparité des traductions littéraires
Dans les lycées et colléges du Vietnam, tout comme a l’université, dans les départements de lettres, si l’approche de la littérature vietnamienne se trouve avantageuse grace au contact direct avec des ceuvres dans la langue
ow elles ont été écrites, l’étude des ceuvres littéraires d’autres pays devrait faire appel a la traduction littéraire, c’est-a-dire a travers des textes traduits en langue vietnamienne Un regard sommatif des différentes versions en
vietnamien d’un texte littéraire frangais suffit pour constater des écarts sensibles, d’une part, entre un texte original (en frangais) et son (ses)
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point de vue du sens ou du contenu Les fables Le Liévre et la Tortue, Le Laboureur et ses enfants de La Fontaine | les poémes Le pont Mirabeau
de G.Apollinaire, Barbara de J.Prévert 7, confrontés 4 leurs versions
respectives en vietnamien, permettent de dégager a priori des bifurcations telles que :
- pour la forme (ou |’expression) :
+ dans l’organisation ou la nature du texte (prose au lieu de poésie) : Rien ne sert de courir ; il faut partir a
point :
Le Liévre et la Tortue en sont un témoignage
« Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Sit6t que moi ce but — Sitơt ? étes-vous sage ?
Repartit |'animal léger
Ma commeére, il vous faut purger Avec quatre grains d'ellébore - Sage ou non, je vous parie encore » [ ]
Le Liévre et la Tortue (La Fontaine)
+ dans la disposition des vers (centré Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours Faut-il qu'il m’en souvienne La joie venait toujours apres la peine
Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure [ ]
Le pont Mirabeau
(G.Apollinaire)
+ dans le nombre de vers, le
Chạy cũng chẳng cĩ ích gì, mẫu chốt là ở
chỗ xuất phát kịp thời Rùa và Thỏ chạy thi đủ để nĩi rõ đạo lý này
- Chúng mình đánh cược — Rùa nĩi — Anh khơng thê đến đích sớm hơn tơi được !
- Tơi mà lại cĩ thể rớt ở đàng sau chị
được, chị khơng nĩi bừa đấy chứ ? - Con
Thỏ rừng kiêu ngạo nĩi — Bà chị ơi, bà chị phải uống thêm nhiều máy viên thuốc chữa bệnh điên để làm cho đầu ĩc tỉnh táo di thơi !
- Trước hết khoan hãy nĩi tới điên hay
khơng điên, tơi nhất định phải đánh cược với anh đĩ ! [ }
(T2) Dương Thu Ái - Nguyễn Kim Hanh / alignement a gauche) :
Dưới cầu Miarabơ chảy qua sơng Xen
Và tình ta nữa
Cĩ nên nhớ lại khơnf“em Sau nỗi đau là nỗi vui êm đềm Giờ đã điểm, đêm đã tới
Ngày đi qua, tơi ở lại [ } (T2) Tế Hanh nombre de mots ou đe pieds dans un
vers : Le Lièvre ef la Tortue compte par exemple 35 vers, alors que $2 traduction (T1) en comporte 39 ; de méme pour la fable Le Laboureur e! ses enfants et sa traduction (T1) (18 vers / 20 vers), le poéme Barbara et la sienne (48 vers / 50 vers)
Trang 3ar
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Sans parler de l’adaptation des fables de La Fontaine a une forme de poésie propre a la langue vietnamienne (le song that luc bat, soit deux
vers de sept pieds suivis d’un vers pieds, et ainsi de suite ) :
Rien ne sert de courir ; il faut partir a point :
Le Liévre et la Tortue en sont un témoignage
« Gageons, dit celle-ci, que vous n’atteindrez point
Sitét que moi ce but — Sitơt ? étes- vous sage ?
Repartit l’animal léger Ma commére, il vous faut purger
Avec quatre grains d’ellébore [ ] Le Liévre et la Tortue (La Fontaine)
pour le sens (ou le contenu) :
de six pieds puis d’un vers de huit
Chạy ich chỉ ? Cốt đi đúng lúc, [7]
as Thỏ, Rùa ngâm thực rõ thay
7)
Rùa răng : «‹ Ta đánh cuộc này :
[6]
Dich kia chạy đến, anh tay tơi chăng ?
[8]
Chị điên chắc ! Nghĩ xằng mơ hão
"ty hơn ta ? Tẩy não đi thơi ! »
Hf Khăng khăng Rùa cứ giữ lời :
ote hay chang, cứ cuộc chơi đã mà ! » "âu (T1) Huỳnh Lý -Nguyễn Đình + disparition de certains détails (les marques du narrateur Je : dis-je,
J’entends ) :
[ ] Notre Liévre n'avait que quatre pas a [ ] Thỏ chỉ việc nhảy vài bốn cái
faire ; (Cái nhảy mà khi suýt sa Cơ,
J'entends de ceu qu 'ỉl fait lorsque, prêt Đã làm bây chĩ ngắn ngơ
đ'être aiteirt, Rượt theo song chăng bao giờ bén
Il s’éloigne des chiens, les renvoie aux chan!)
calendes Vâng! Thỏ thừa giờ ăn giờ ngủ
Et leur fait arpenter les landes Gia vénh rau nghe gio dong, tay Ayant, dis-je, du temps de reste pour Mặc cho cái ả Rùa này
brouter, Như ơng quan cụ khoan thai lê
Pour dormir et pour écouter minh [ ] -
D 'ó vient le vent, il laisse la Tortue (T1) Huynh Ly -Nguyen Dinh
Aller son train de sénateur [ ] Le Lièvre et la Tortue (La Fontaine)
+ modification de certains autres (cria / se mit a rire; maison / carapace, ballot qui pése) :
[ ] « Hé bien ! lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ? Moi l'emporter ! et que serait-ce Si vous portiez une maison ?» Le Liévre et la Tortue (La Fontaine)
[ ] Riza cười *: “Tơi nĩi khơng sai! Cĩ ai ăn được cái tài chạy nhanh?
Tơi thì thắng, cịn anh lại bại! Ví anh bê một cái mai ** vào
Thì cịn tai hại đến đâu ? »
(T1) Huỳnh Lý -Nguyễn Đình *cudi : sourire, se mettre a rire
Trang 4TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE 144 - Ơ! Sao thế? — Rùa nĩi với Thỏ - Tơi
khơng nĩi sai đấy chứ ? Tốc độ của anh cũng khơng thể giúp đỡ gì cho anh được Tơi đã giành được thắng lợi Nếu anh cũng đeo lên một chiếc ba lơ năng *, cịn khơng biết khi nào mới tới đích được ? (T2)
Duong Thu Ai — Nguyén Kim Hanh
* chiếc ba lơ nặng : ballot qui pèse
ou De fer d’acier de sang / des bombes qui tombent et du sang qui coule) : [ ] Ce n'est méme plus l’orage [ ] Chang phai mua dong De fer d'acier de sang Cua bom roi mau dé Tout simplement des nuages Mà những đám máy Qui crévent comme des chiens Tan nhu xdc cho { ]
[ ] (T) Phạm Nguyên Phẩm
Barbara (J.Prévert) * cla bom rơi mau do : des bombes qui tombent et du sang qui coule
+ ou ajouts de nouveaux éléments :
Sous le pont Mirabeau coule la Seine Dưới cầu Miarabơ chảy qua sơng
Et nos amours Xen
Faut-il qu’il m'en souvienne Và tình ta nữa
La joie venait toujours apres la peine [ ] Cĩ nên nhớ lại khơng em
Le pont Mirabeau Sau nỗi đau là nỗi vui êm đềm [ ]
(G.Apollinaire) (T2) Tế Hanh
* êm đềm : doux
Sans entrer dans |’analyse de ces écarts ni essayer d’en repérer
d’autres plus subtils, voyons comment les textes traduits sont exploités dans |’enseignement / apprentissage au Vietnam
1.2 Traduction littéraire_et_enseignement_/ apprentissage de la littérature étrangére
Dans le cadre scolaire et universitaire du Vietnam, les textes traduits utilisés pour |’enseignement / apprentissage de la littérature
étrangére ont été choisis par les concepteurs de manuels scolaires ou les enseignants du supérieur, parmi les traductions plus fiables a leurs yeux : celles effectuées par des poétes, écrivains, chercheurs (tels Tú Mỡ, Nguyễn Văn Vĩnh, Xuân Diệu, Phùng Văn Tửu, Đặng Anh Đào ), et / ou publiées par des maisons d’édition de grande renommée (Editions Van
Hoc (Lettres), entre autres)
Face a la littérature étrangère, le recours à la traduction littéraire semble de toute évidence, sauf dans le cas exceptionnel des personnes (peu
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J'œuwre a été écrite La traduction littéraire permet ainsi a tous |’accés a de
nombreuses littératures du monde sans qu’ils soient obligés de connaitre les langues en question D’autant plus que les textes des littératures étrangéres représentent un volume considérable dans le programme de littérature appliqué dans les lycées et les colléges au Vietnam, soit (d’aprés jes données de Nguyén Viét Chữ 2006) :
11 5 42 2 7 22 1 8 1 5 18 89 | 2 15 | 12 49 0 6 13 8 18147 9 | 25 16 3 8
* ~ Non compte tenu des ceuvres appartenant a la littérature populaire (d’auteur anonyme)
- Auteurs francais présents dans le programme : A.Daudet, J-H Fabre, La Fontaine, G.de Maupassant, Moliére, L.Aragon (9° et 12° ), V.Hugo, H de Balzac
Pourtant, 4 observer la facon dont les textes traduits sont étudiés 4 l’école, certaines approches offrent des déviations importantes et nous invitent a des réflexions plus sérieuses II arrive que les traductions sont revues et modifiées sur certains détails, aprés confrontation avec le texte original, et sans doute une prise de conscience des écarts trop voyants
entre le texte original et sa traduction, mais ce n’est pas toujours le cas En voici quelques exemples d’exploitation prenant justement appui sur ces déviations sans s’en rendre compte, donc plus ou moins aberrante, que proposent malheureusement des documents de référence et guides de la classe, élaborés par des chercheurs et formateurs universitaires et servant de « repéres » a l’enseignant du secondaire pour sa pratique de classe
Ainsi, dans son ouvrage Analyse — commentaire des textes de
littératures étrangéres (au college) 3 Lé Nguyén Can a-t-il affirmé, a propos de la fable Le Liévre et la Tortue de La Fontaine (pp.190-193) :
Trang 6
TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE 146 « L’histoire commence par une question rhétorique » Cette affirmation
doit surprendre tous ceux qui connaissent la fable dans sa version originale Mais |’explication semble évidente, si l’on tient compte de la
traduction choisie par les concepteurs des manuels pour présenter la fable :
le texte traduit commence effectivement par A quoi bon courir? L’important est de partir @ point, [ ] Comparons :
Rien ne sert de courir ; il faut partir a Chay ich chi ? Cốt di ding lic,
point : Chuyện Thỏ, Rùa ngâm thực rõ
Le Liévre et la Tortue en sont un thay [ ]
témoignage [ ] (T1) Huynh Ly -Nguyén Dinh Le Liévre et la Tortue (La Fontaine)
Toujours dans le commentaire de Lé Nguyén CAn de la fable, vers
la fin: « Un rire d’enchantement éclate C’est le rire victorieux de la
Tortue » Un rire victorieux ? Oui, dans la traduction de la fable, ot la
Tortue, au lieu de crier, se met a rire (cudi) :
[ ] « Hé bien ! lui cria-t-elle, avais-je [ ] Rùa cười: “Tơi nĩi khơng sai! pas raison ? Cĩ ai ăn được cái tài chạy nhanh ?
De quoi vous sert votre vitesse ? [ ] »
[ J» (T1) Huỳnh Lý -Nguyễn Dinh
Le Lièvre et la Tortue (La Fontaine)
De telles particularités relevant de la traduction (qui n’existent pas dans le texte original) sont de cette facon assignées a |’ ceuvre proprement dite
Des déviations analogues peuvent étre remarquées dans des commentaires relatifs aux textes de Moliére et de A.Daudet En effet, dans
« Le cours de Littérature Occidentale dans I’enseignement général » *
voila comment Lé Huy Bac analyse (pp.89-91) :
>
« Dans le programme de littérature du collége, aucun texte de
compréhension écrite ne peut égaler Monsieur Jourdain se met en
costume pour ce qui est des points d’exclamation (!) et des points d’ interrogation (7) Ils sont répartis comme suit :
a Le point d’interrogation : - Jourdain : 8 fois (6 fois a la scéne 1, 2
fois 4 la scéne 2) ; - Maitre tailleur : | fois ; Gargon tailleur : 0 fois b Le point d’exclamation : - Jourdain :13 fois (6 fois a la scéne 1, 7
fois a la scéne 2) ; - Maitre tailleur : 4 fois ; Garcon tailleur : 0 fois c Total pour les deux : 26 fois (9 fois pour le point d’ interrogation,
17 fois pour le point d’exclamation) »
Trang 7gti
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,* Lé Huy Bac’ poursuit : «Pour ce qui est des fonctions de la ponctuation, nous le savons, le point d’interrogation représente le doute, lignorance, le point d’exclamation les sentiments Le fait que Moliére
fait utiliser par Jourdain jusqu’A 21 fois * le point d’ interrogation et le
point d’exclamation informe sur son intention de mettre en relief les médiocres connaissances et |’état émotif et vacillant de cet homme » © Dans le méme sens, pour guider |’éléve dans |’apprentissage, Lé Huy Bac
propose a son intention, entre autres taches : « Indiquez la fréquence du point d’interrogation (7) et du point d’exclamation(!) Faites des
remarques sur cet emploi de la ponctuation chez Moliére » ’ Cependant,
en mettant en contraste le texte traduit et le texte original, on peut constater que, a vrai dire, ces points (d’interrogation et d’exclamation) ne se trouvent pas toujours aux mémes endroits dans les deux textes, et que,
dans presque la moitié des cas, ils ne se correspondent pas En voici ces cas de non correspondance :
Ah vous voila ! A! Bac da dén day a?
Comment, point du tout ? Dau cĩ là thê nào !
Vous ne m’aviez pas dit que vous le vouliez| Nao ngdi cé bdo là ngài muốn may xuơi
en enhaut hoa đâu !
Tout est bien Chững chạc tuơt !
Ah! Ah! voila de mon étoffe du dernier| O kia, bac pho ! Vai ndy la thứ hàng tơi habit que vous m'avez fait đưa bác may bộ lê phục trước của tơi
đây mà
« Mon gentilhomme ! » Ơng lớn ư ? _—
Tenez, voila pour « Mon gentilhomme » Day ta thuong vé tiéng « ơng lớn » day nay !
« Monseigneur », oh, oh ! « Monseigneur! » | « Cụ lớn », ơ ơ, cụ lớn !
« Votre Grandeur ! » Oh, oh, oh! Lai « duc ơng » nữa ! Hà hà ! Hà hà ! Le Bourgeois gentilhomme (Moliére) (T) Ed San Khau Hanoi, 1994
Il en est de méme pour les commentaires du méme auteur portant
sur le texte La derniére classe de A.Daudet (pp.176-177): «[ ] Cela influence fortement |’4me du jeune gargon Par conséquent, tant de phrases
interrogatives et exclamatives se reproduisent dans le récit Le tableau de statistique ci-joint nous le tera voir nettement : [ ] » - « Toute I’histoire comporte cing questions, Monsieur Hamel en a posé trois, les deux
5 Il doit y avoir ici une erreur d’impression : 26 fois au lieu de 21, conformément a ce qui vient d’étre énoncé
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TPT
questions qui restent sont de Je.» - «L’emploi mobile de la phrase
exclamative comme on vient de voir rend l’histoire de Daudet trés riche au point de vue affectif » Ê
Sĩ Lê Huy Bắc savait que, alors que certaines phrases exclamatives dans le texte traduit ne le sont pas dans le texte original, comme celle-ci :
| Vive la France Ì Nước Pháp muơn năm !
La đernière ciasse (A.Daudet) (T) Tran Việt - Anh Vũ 198]
et que d’autres s’y terminent par un point d’exclamation sans que cela se
reproduise dans le texte traduit, telles les suivantes
Comme je m’en voulais maintenant Giờ đây tơi tự giận mình biết máy về thời du temps perdu, des classes gian bỏ phí, vê những buổi trốn học di manquées a courir les nids ou a faire bắt tổ chim hoặc trượt trên hơ
des baignades au bord du fleuve !
Que n'aurais-je donné pour pouvoir Giá mà tơi đọc được trĩi lọt cái quy tắc
dire tout au long cette fameuse régle về phân từ hay ho ấy, đọc thật to, thật des participes, bien haut, bien clair, dong dac, khơng phạm một lỗi nào thì dù sans une faute ! Mais [ ] cĩ phải đánh đơi gì cũng cam ; nhưng
[ ]
Tout ce qu'il disait me semblait Tat ca những điêu thấy nĩi, tơi thay thật
/acile, facile ! để dàng, để dàng
La derniére classe (A.Daudet) (T) Trân Việt - Anh Vi 1981
Bref, trop d’attachement au texte traduit tout en ignorant 1’état réel
du texte original semble décaler le lecteur, le chercheur, |’enseignant et ses
éléves a bien trop loin de ce qui reléve vraiment du texte original et de son auteur Et le danger reste toujours présent dans une telle démarche, car nombreux sont les écarts entre le texte original et le texte tradwit, pour la forme (l’expression) comme pour le fond (le sens)
C’est sans doute ce souci qui a amené les concepteurs des manuels
a cette récente modification dans le programme de littérature du collége :
remplacer les fables de La Fontaine par une étude de ces fables, a savoir (la traduction d’) un extrait de l’ouvrage La Fontaine et ses fables de H.Taine, daté de 1853 et réédité chez Hachette II s’agit d’un commentaire portant sur la fable Le Loup et l’Agneau de La Fontaine Le texte est intégré en fin de collége, alors que les fables Le Liévre et la Tortue, Le Laboureur et ses enfants faisaient partie du programme de la classe de 6°,
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d'etre: convaincante, car elle prive malheureusement les jeunes Vietnamiens du contact direct avec les fameuses fables, et les oblige 4 en prendre connaissance de maniére indirecte
Pourtant, le dernier mot n’est pas encore donné dans le choix des traductions et l’exploitation des textes traduits, pour une approche de la littérature étrangére dans le cadre scolaire Le champ de discussion reste
ouvert C’est dans cette optique que je suis amenée 4 interroger les études
traductologiques, afin de voir ce qui est effectivement traduisible d’une langue-culture 4 une autre et ce qui ne |’est pas, quelles pourraient Etre les
méthodes adoptées en traduction (littéraire), et quelles traductions seraient
plausibles pour le texte littéraire mis au service de la classe
2 Qu’est-ce que traduire ? Qu’est-ce la traduction littéraire ? (Questionnement ou parcours théorique)
2.1 Traduire, est-ce trahir ?
Les études en traduction et en traductologie mettent |’accent sur
V’opposition entre traduction linguistique et traduction interprétative, au
profit de la traduction interprétative qui consiste « 4 comprendre le texte original, 4 déverbaliser sa forme linguistique et 4 exprimer dans une autre
langue les idées comprises et les sentiments ressentis » (M.Lederer 1994,
p.11) Autrement dit, la traduction doit étre congue non pas au niveau du
mot ou de la phrase, mais au niveau du texte De méme, la distinction entre
traduction par correspondances et traduction par équivalences constitue un des éléments de base des études traductologiques qui privilégient la
traduction par équivalences tout en reconnaissant a la traduction par
correspondances sa juste valeur ainsi que ses limites Dans le triple
processus de la traduction (compréhension — déverbalisation —
réexpression du sens), le sens ’emporte sur les unités linguistiques et «lexamen du texte traduit reléve certes l’existence de quelques
correspondances de mots mais il est essentiellement constitué
d’équivalences de discours » (M.Lederer 1994, 4° de couverture) Si laccés au sens du texte original (ou l’interprétation) se trouve difficile a cause des implicites immanents a la langue-culture en question, la
réexpression dans la langue-culture d’arrivée constitue de méme une dure
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l’implicite, tout comme |’aspect affectif dans le texte traduit, par des moyens qui ne correspondent pas toujours 4 ceux de la langue-culture de
départ, dont le recours a des synecdoques Pourtant, le choix entre
traduction par équivalences et traduction par correspondances reste méme a nos jours une dualité vivace, car chacune de ces tendances présente ses
limites : lune tachant de privilégier la réception et |’aspect « naturel » du texte traduit sacrifie les couleurs du texte original, |’autre s’attachant a l’exotisme et l’étrangeté risque d’offrir un texte d’arrivée illisible M.Lederer résume fort bien cette dualité en avouant (1994, p.86): « Je
serais tentée de penser que les controverses qui opposent les partisans de la
fidélité 4 ceux de la liberté, dureront tant que 1’on parlera de ‘traduction’
de fagon indifférenciée, demandant globalement fidélité ou liberté, la lettre ou l’esprit, alors qu’il faut des correspondances pour rendre la lettre lorsque besoin est, des équivalences pour rendre l'esprit.» Bref, « Correspondances et équivalences sont intimement li¢es dans le processus de la traduction Jamais les unes ne |’emportent intégralement sur les autres » (M.Lederer 1994, p.86)
De cette fagon, méme si le fait de « traduire » se trouve trés souvent attaché a l’action de « trahir » (le binéme tradutore-tradittore (traducteur- traitre) en témoigne), disons qu’il serait plus sage de reconnaitre qu’un texte peut tout à fait préter 4 de multiples traductions dans une autre langue-culture (et non a une « traduction unique ») sans pour autant en étre
trahi, et que le choix de /a bonne traduction dépendrait 4 chaque fois du
contexte, de la situation, du type de public visé et de l’usage envisagé pour le texte traduit
2.2 Littérature et traduction
L’accés a la littérature étrangére tout comme à la littérature mondiale ou universelle, la Weltliteratur selon Goethe, est rendu possible dans tous les pays grace a la traduction littéraire, dont les débuts remontent a bien loin a travers les siécles, de l’époque de Cicéron, a celles de Du Bellay, de Chateaubriand, Leconte de Lisle jusqu’a nos jours
Georges Mounin distingue dans Les Belles Infidéles (1955) deux grandes classes principales de traducteurs*: (1) ceux qui tendent 4
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« traduire de telle sorte que le texte, littéralement francisé, sans une étrangeté de langue, ait toujours l’air d’avoir été directement pensé puis
rédigé en frangais : c’est-a-dire en quelque sorte réaliser l’ambition des
“belles infidéles”’ sans |’infidélité » - (2) ceux qui comptent « produire en traduisant toujours l’impression dépaysante de lire les textes dans les
formes originales (sémantiques, morphologiques, stylistiques) de la langue
étrangére — de fagon que le lecteur n’oublie jamais un seul instant qu’il est en train de lire en frangais tel texte qui a d’abord été pensé puis écrit dans telle ou telle langue étrangére » (cité par I.Oseki-Dépré 1999, p.76) II s’agit, en d’autres termes, et dans le cas des traducteurs d’une littérature étrangére, pour les uns, de « ‘’naturaliser’’ le texte » ou « substituer des faits de sa propre culture 4 ceux qu’évoque le texte» (tendance a
l’ethnocentrisme), et pour les autres, de « conserver le caractére étranger de l’original, au risque de ne pas ‘’passer’’ en traduction » (M.Lederer
1994, p.126)
I.Oseki-Dépré (1999, p.86) signale : « [ ] si la position de Georges Mounin [ ] préne [ ] le respect de la langue d’arrivée, |’intelligibilité de
la traduction, celle de Walter Benjamin met l’accent sur le respect pour
J’Autre dans le texte, auteur de langue et culture étrangéres, par conséquent, différentes de la langue d’arrivée I] s’agit encore 14 du débat entre le Méme et l’Autre inauguré par le philosophe Michel Foucault, le
droit a la différence »
Pour ce qui est de la traduction poétique ou « traduction du vers », Efim Etkind propose cette typologie plus raffinée des traductions (et des traducteurs) qui se répartissent en six catégories (I.Oseki-Dépré 1999 p.87- 91): la Traduction-Information qui vise 4 donner au lecteur une idée générale de l’original; la Traduction-Interprétation qui combine la
traduction avec la paraphrase et l’analyse ; la Traduction-Allusion, qui par
exemple ne fait rimer que les 4 ou 8 premiers vers comme dans |’ original,
comme pour orienter l’esprit du lecteur dans la bonne direction; la Traduction-Approximation, quand le traducteur, convaincu qu’il n’arrivera
pas a traduire, s’en excuse a |’avance dans une préface ; la Traduction-
Trang 12TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE 152 nullement a recréer I’ original, mais plut6t 4 s’exprimer lui-méme, & « faire
ceuvre personnelle »
De toute facon, la tache du traducteur ne s’avére pas simple, et nombreuses sont les épreuves dont il se trouve sujet en faisant passer le
texte littéraire d’une langue-culture 4 une autre Dans le cadre de la
présente étude portant sur la traduction littéraire, je ne retiens que ces trois aspects des plus saillants que soulignent les analyses et les synthéses : - Les aspects culturels présents dans |’cuvre: « Le gommage des aspects culturels sous-estime le dynamisme de toute connaissance [ ] Le traducteur s’interdit de ‘’naturaliser’’ la culture de l’original, comme il s’interdit de laisser dans l’ombre ce qu’il convient de faire comprendre » - « [ ] le transfert culturel consiste 4 apporter au lecteur étranger des connaissances sur un monde qui n’est pas le sien Cet apport ne comble pas intégralement la distance entre les deux mondes mais entr’ouvre une fenétre sur la culture originale » (M.Lederer 1994, p.127-128) Pour la littérature étrangére qui fait partie de l’universel humain, il convient donc d’apporter au lecteur des connaissances supplémentaires lui permettant ainsi une ouverture sur l’extérieur et une meilleure connaissance de
1’ Autre
- Le langage proprement dit: « La littérature est littéraire du fait
qu’elle est fiction ; elle l’est aussi de par sa fonction esthétique ov, dans
son ultime expression, le Beau n’est plus celui de la réalité extérieure mais bien celui du langage lui-méme La fonction esthétique est,sans doute atteignable en traduction en B, mais en tout état de cause, la qualité de la langue B en traduction littéraire devrait étre nettement supérieure a celle qui suffit en traduction des textes de réalité, et la révision par un écrivain de langue A est, pour la littérature, une nécessité absolue » (M.Lederer
1994, p.165) De méme, pour une typologie de la traduction du vers, Efim
Etkind pose comme postulat : « Si, en faisant passer le poéme dans une autre langue, on ne conserve que le sens des mots et les images, si on
laisse de cơté les sons et la composition, il ne restera rien de ce poéme » (cité par I.Oseki-Dépré 1999, p.87)
Trang 13aoe
rit
TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE 153
(1999, p.113) affirme: «Dans une deuxiéme phase, son activité est éle 4 celle du poéte, une création littéraire, 4 ceci prés que le poéte ignore son but en écrivant son poéme, alors que le traducteur sait que son poéme doit aboutir au poéme original.», et encore (p.127): «La
traduction, qu’elle soit 4 tendance littérale ou a tendance recréatrice, met en évidence les phénoménes linguistiques ou culturels ainsi que |’état des
sociétés aux différents moments de son évolution qui peuvent faire obstacle ou, au contraire, favoriser l’entrée dans la langue-culture d’arrivée
des éléments exogénes, nouveaux » Cette situation problématique met en jeu le choix et les compétences du traducteur, et le produit fini (le texte traduit) en dépend forcément En effet, « Le probléme soulevé par la
traduction littéraire se révéle [ ] double En plus du double encodage présent dans tout texte littéraire, on se trouve devant un double texte, constitué par le texte traduit en face du texte original » (I.Oseki-Dépré
1999, p.132)
Et pour ce qui est d’une bonne traduction, une « recette » possible : « Voila la méthode, selon Steiner, pour bien traduire : ‘’pouvoir s’insinuer en l’autre’’ D’un cété, comme le préconise Walter Benjamin, se laisser pénétrer par |’autre ; de l’autre, entrer dans l’autre (*’sorte de cannibalisme a l’envers’’) » (I.Oseki-Dépré 1999, p.117)
A partir de ce bagage théorique permettant d’éclaircir la situation, dans la prochaine étape, j’essaierai d’approfondir la traduisibilité vs intraduisibilité en traduction littéraire, de dégager, a partir de certaines traductions existantes d’ceuvres de la littérature frangaise, ce qui a pu « passer » dans ]°autre langue-culture (vietnamienne) et ce qui n’a pas pu, et de repérer d’autres aspects dont le passage dans |’autre langue-culture ne semble pas évident, pour en arriver 4 un essai de déblocage
3 Traduisibilité vs intraduisibilité en traduction littéraire 3.1 Ce qu’en disent les chercheurs
Les constatations affluent de la part des chercheurs pour ce qui est
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mythe de Babel — bien des linguistes ou philosophes du langage, comme Wilhelm von Humboldt, Edward Sapir, Benjamin Lee Whorf arrivent a
conclure sur |’impossibilité (théorique) de traduire Si chaque langue, en
effet, représente une vision du monde spécifique, si les langues ne sont pas
des momenclatures, depuis Saussure, l’équivalence des mots ne
correspond en aucun cas a |’équivalence de visée de chaque langue » (1.Oseki-Dépré)
Il est vrai que plusieurs chercheurs ont aussi évoqué la question de la traduisibilité ou de l’intraduisibilité (totale ou partielle) des langues, mais cela dans l’ordre de la traduction linguistique qui ne nous conceme guére A une nuance prés : pour le langage littéraire, tout ce qui est de l’expression, de la forme, du mot, de la phrase peut prendre sens Par
ailleurs, la forme du vers, les rimes, les significations connotatives
constituent des embiches dans le passage a |’autre langue-culture A propos, I.Oseki-Dépré (1999 p.113) affirme: «[ ] si on accepte la traduisibilité des significations dénotatives d’un texte, on considére qu’il est impossible de traduire les significations connotatives [ ] Or, la poésie est fondée sur le peu de connotations (polysémie) obtenues par les correspondances entre son et sens » Ces significations connotatives ne pourraient étre conservées qu’a travers un processus de création littéraire du traducteur « L’intraduisibilité de la poésie — et son corollaire, la recréation poétique — met en évidence |’essence du fait littéraire Qu’ est-ce
qui est intraduisible, en effet, sinon ce qui fonde la littéralité, soit le signe
poétique ? » (I.Oseki-Dépré 1999 p.127)
3.2 Etude de cas : passage des textes littéraires francais en langue- culture vietnamienne
Qu’en est-il des traductions et des traducteurs de littérature francaise au Vietnam ? L’étude portant sur les quelques cas particuliers ci- dessous ne se présente que comme une révélation, non une constatation généralisatrice, et se veut descriptive plutét que prescriptive ou critique
Sont pris en compte différents aspects des textes en question : ce qui s¢
trouve exploitable dans une approche du texte littéraire, mais qui ne « passe » pas dans la langue-culture vietnamienne (intraduisible ou non
traduit ou modifié), et surtout des modifications qui « trahissent »
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_Revenons 4 la traduction (T1) de Le Liévre et la Tortue A part des différences mentionnées plus haut (disparition des marques du narrateur Je, cria transformé en se mit à rire, maison qui devient carapace), on peut remarquer tout d’abord la disposition des deux premiers vers qui résument
la morale de la fable et annoncent le récit : distants du reste du texte, ce qui ne se reproduit pas dans la traduction D’ailleurs, dans le texte traduit, c’est sur un ton beaucoup plus agressif par rapport au texte original que le
Liévre et la Tortue s’entretiennent entre eux : Etes-vous sage ? devient
Etes-vous folle ? (de la part du Liévre), et, a la fin, ayant gagné le pari, au
lieu de crier comme dans !’ original, la Tortue du texte traduit se mit a rire,
face au vaincu Dommage aussi que des expressions portant des
empreintes de la culture frangaise ou occidentale ne « passent » pas à la
traduction : quelques grains d’ellébore, renvoie aux calendes, aller son train de sénateur
Par ailleurs, si on examine des poémes francais traduits en vietnamien, on s’apergoit que nombre de procédés d’écriture n’ont pas pu étre transposés dans le texte d’arrivée Prenons Le pont Mirabeau de G.Apollinaire par exemple Ce poéme qui ne se présente au public que dans sa version définitive existait, 4 ses premiers débuts, avec une ponctuation et était composé de strophes de trois vers (et non de quatre vers) suivis d’un refrain 10 Dans un travail portant sur les étapes de
l’écriture, avec le texte traduit l’accés au décompte des syllabes et aux
rimes (masculines et féminines), significatifs dans l’étude, devient impossible car ces aspects ne « passent » effectivement pas a la traduction
Quant au poéme Barbara de J.Prévert, alors que le texte original se trouve riche en anaphores, gradations et se construit sur une mise en paralléle et en opposition des images et des formes linguistiques, sur la valeur des temps et modes verbaux, la traduction (proposée par Pham Nguyên Phim par exemple) en est depourvue, soit par évitement du
traducteur, soit par simple impossibilité (dans le cas des temps et modes
verbaux par exemple) De toutes fagons, le texte traduit ne conserve plus le
méme ton lyrique, mis en relief par des procédés d’écriture qui ne « passent » pas a la traduction
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TTLIIBIƠRW+‹: ^ Et de toute évidence, une traduction du poéme La courbe de tes yeux fait le tour de mon ceur de P.Eluard (extrait de Capitale de la
douleur), méme si elle arrive 4 reproduire toutes les images émanant de la figure géométrique dominante du poéme (la courbe des yeux de 1’étre bien-aimé), reste incapable de transposer les allitérations (en r) et les
assonances (en voyelles arrondies u, ou, 6, 0, eu ) du texte original, sons qui contribuent 4 véhiculer cette sensation de forme arrondie relative a la courbe des yeux C’est de toute évidence aussi que le poéme C de L.Aragon n’a pas été traduit en vietnamien : le titre (C), les rimes (ou plutét la rime, unique, en [se] : Cé, commencé, passé ), et le « sens » (lié aux circonstances historiques dont témoignent les ponts de Cé) constituent une unité aboutissant a la raison d’étre du poéme
Pour ce qui est des traductions existantes, il arrive que, a cété du texte traduit proprement dit, des notes ont été ajoutées (cf Annexes), précisant que telle modification, tel ajout ou telle suppression ont été effectués par le traducteur au cours de la traduction Cette pratique, méme peu courante, peut étre considérée comme un moyen efficace pour informer davantage le lecteur sur les écarts possibles entre le texte original et le texte traduit (car tout ne « passe » pas), grace a quoi le lecteur ne se trouverait plus démuni comme face au seul texte traduit
4 Vers un meilleur usage de la traduction littéraire dans le cadre scolaire et universitaire
4.1 Quelle traduction pour l’usage scolaire et universitaire ?
Afin de permettre une approche optimale des ceuvres de la littérature étrangére, mieux vaut opter pour des traductions permettant au lecteur d’étre le plus prés possible du texte original, avec ses particularités dans le langage, ses connotations et ses allusions ou références culturelles
Une traduction par correspondances s’avére donc souhaitable plutét
qu’une traduction par équivalences, 4 une condition prés: qu’elle soit lisible, intelligible dans la langue-culture d’arrivée
Faute de traductions pouvant répondre a ces exigences, on pourrait
se contenter, pour l’usage de la classe, d’une traduction déja existante,
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d’expression du texte original, et qui demande donc 4 étre complétée par
une autre traduction (a effectuer exprés pour la classe), une traduction
plutơt par correspondances, restant le plus prés possible du texte original C’est dans le méme sens que Nguyén Viét Chit propose (2006, p.182) : «
La traduction artistique est destinée 4 un large public, alors que dans la
classé mieux vaut avoir les deux types de traductions pour aider les enseignants et les éléves a approcher le texte original, a accéder ainsi au maximum 4 la valeur artistique » |!
A défaut, une traduction existante pourrait étre la seule utilisée,
mais elle se doit d’étre garnie de notes signalant les différentes déviations (apports, modifications, suppressions) par rapport 4 original Ces documents ne seraient fournis aux éléves qu’avec modération, mais ils
s’avérent indispensables aux enseignants et aux chercheurs, méme aux étudiants en lettres
4.2 Exploitation de la traduction littéraire en milieu scolaire et universitaire
Dans le contact que les apprenants (éléves ou étudiants)
entretiennent avec la littérature étrangére, l’enseignant joue un rdéle de médiateur et d’intermédiaire et c’est lui qui organise en quelque sorte ce
contact, cette rencontre Moyennant d’une ou des traductions du texte
littéraire, il est souhaitable que |’enseignant, conscient de |’existence d’un
«double texte », discerne les écarts possibles entre les deux textes
(original et traduit), évite de prendre les aspects propres au texte traduit pour des particularités du texte original, essaie d’approcher le plus prés possible du sens et de l’expression de |’ceuvre originale Tout ce qui
appartient au texte original et qui « passe » effectivement 4 la traduction
mériterait d’étre exploité, que cela reléve du contenu ou de |’expression
Conscient de la complexité d’une telle tache, Phing Van Tửu (2002 p.25) met en garde les enseignants qui faute d’attention risqueraient de divaguer Pour ce qui est de la traduction littéraire, l’enseignant doit selon lui «prendre conscience de cette complication, savoir dans ses
1) Une forte demande s’annonce par conséquent pour une traduction proche de l’original répondant aux exigences de l’usage scolaire et universitaire, 4 laquelle les praticiens en
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explications exploiter tel point tout en laissant de cété tel autre, pour ne pas contrarier les principes de |’enseignement de la Littérature étrangére a travers la traduction » Par ailleurs, face 4 deux types de traductions des poémes, |’une effectuée en vers, ]’autre en prose et plus attachée au texte original, l’enseignant « a des moyens pour contraster minutieusement ces textes traduits afin de repérer les déviations, et 4 partir de la bien réfléchir quand il a 4 analyser le poéme traduit » En effet, dans son ouvrage Réception et Enseignement de la Littérature étrangére 12" c’est avec justesse que Phùng Văn Tửu choisit de metttre a la disposition des chercheurs et enseignants de littérature étrangére, 4 cété du texte traduit faisant partie du programme officiel des lycées, le texte original méme, garnis tous les deux de notes méticuleuses aidant son public a discerner ce qui les différe, méme dans les plus menus détails
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Trang 25TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE a 165 & Barbara Barbara
Jacques Prévert (T) Phạm Nguyên Phẩm (1998)
Rappelle-toi Barbara Barbara nhớ chăng em Il pleuvait sans cesse sur Brest ce | Brest ngày mưa khơng ngớt
jour-là Em tươi cười rảo bước
Et tu marchais souriante Người ướt đầm mặt hớn hở dường
Epanouie ravie ruisselante bao
Sous la pluie Dưới trận mưa rào
Rappelle-toi Barbara Barbara nhớ chăng em
Il pleuvait sans cesse sur Brest Trén thanh Brest Et je t’ai croisée rue de Siam Trời mưa khơng ngớt
Tu souriais Trên phố Xiêm
Et moi je souriais de même Anh gặp em
Rappelle-toi Barbara Em mỉm cưới và anh cũng cười
Toi que je ne connaissais pas duyén
Toi qui ne me connaissais pas Barbara em cé nhớ
Rappelle-toi Anh khơng quen em
Rappelle-toi quand même ce jour- | Em khơng quen anh
là Em cịn cĩ nhớ
N’oublie pas Dù sao nhớ lấy ngày hơm đĩ
Un homme sous un porche Em đừng quên
s°abritait Người đứng dưới hiên
Et il a crié ton nom Đã gọi tên em
Barbara Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie Ruisselante ravie épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas Si je te tutoie
Je dis tu a tous ceux que j’aime
Méme si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu a tous ceux qui s’aiment
Méme si je ne les connais pas Rappelle-toi Parbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse Sur ton visage heureux Sur cette ville heureuse Cette pluie sur la mer Sur |’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Em chạy dưới mưa
Người ướt sũng mặt mày hớn hở
Em sà vào tay người đĩ
Barbara em cịn cĩ nhớ
Anh gọi bằng em em đứng giận nhé
Mọi người anh yêu anh đêu gọi em
Dù chỉ mới thấy một lần
Với người yêu nhau anh đều gọi thế
Dù chẳng hề quen
Barbara em cịn cĩ nhớ Em đừng quên
Hạt mưa sung sướng khơn ngoan Trên mặt em hân hoan
Trên thành phố hân hoan
Trên mặt biển
Trên cơng xưởng
Trên tàu Ouessant nơi cảng
Trang 26
TRADUISIBILITE vs INTRADUISIBILITE 166
Oh Barbara Ơi Barbara oo
Quelle connerie la guerre Chiên tranh đáng rủa nguyên
Qu’es-tu devenue maintenant Giờ thê nào hỡi em Sous cette pluie de fer Dưới mua bom di đội
De feu d’acier de sang Dưới làn máu chảy Et celui qui te serrait đans ses bras | Người ơm em vào lịng
Amoureusement Dào đạt tình thương
Est-il mort disparu ou bien encore | Giờ sơng hay chêt vivant
Oh Barbara
II pleut sans cesse sur Brest Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abimé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est méme plus l’orage De fer d’acier de sang Tout simplement des nuages
Qui crévent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent Au fil de l’eau sur Brest Et vont pourrir au loin Au loin trés loin de Brest
Dont il ne reste rien
Oi Barbara trời Brest Cịn đỗ mưa rào Như thể hơm nào
Nhưng đâu như trước Giờ đây tan nát
Mưa nay tang tĩc đau thương
Chăng phải mưa dơng Cua bom roi mau 46
Mà những đám mây
Tan như xác chĩ Xác chĩ thối rữa Theo triều chảy trơi Xa tít chân trời Rất xa thành Brest
Va chang cịn gì hết