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Une culture violente chez Michaux

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Thông tin cơ bản

Tiêu đề Une Culture Violente Chez Michaux
Tác giả Ju Hyoun-Jin
Trường học Chungnam National University
Thể loại Essay
Năm xuất bản 2008
Thành phố Daejeon
Định dạng
Số trang 32
Dung lượng 280,96 KB

Nội dung

Au titre de «Barbare», Michaux sévertue à entamer une civilisation dès ses Premiers écrits. Là, il crée un monde tout en déshonorant ce monde. Le commencement de la création dun monde qui lui est propre, dans son espace littéraire, se fait dune manière différente de celle de la Genèse, mythe biblique. Michaux, digne de son propre titre, crée une culture violente et fonde le Monde sur la barbarie. Les actes de créer dans ses œuvres littéraires se réalisent de manière violente et agressive. Autrement dit, sa création est basée sur une sorte de cruauté. De surcroît, cette création violente manifeste le mépris à légard de ce monde et lintention de trahir lhumanité

프랑스문화예술연구 제23집(2008) pp.72 ~ Une culture violente chez Michaux JU Hyoun-Jin (충남대학교) 차례 Ⅰ Ouverture Ⅱ Provenance du désir de la violence Ⅲ L'objet de la violence et de la monstruosité - les parents / le moi-même Ⅳ La destination fondamentale de la violence-le corps Ⅴ Conclusion Ⅰ Ouverture Au titre de «Barbare», Michaux s'évertue entamer une civilisation dès ses Premiers écrits Là, il crée un monde tout en déshonorant ce monde Le commencement de la création d'un monde qui lui est propre, dans son espace littéraire, se fait d'une manière différente de celle de la Genèse, mythe biblique Michaux, digne de son propre titre, crée une culture violente et fonde le Monde sur la barbarie Les actes de créer dans ses œuvres littéraires se réalisent de manière violente et agressive Autrement dit, sa création est basée sur une sorte de cruauté De surcrt, cette création violente manifeste le mépris l'égard de ce monde et l'intention de trahir l'humanité La cruauté qu'il montre est presque une violation de la moralité humaine 722 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 sur laquelle la civilisation de ce monde se pose il serait peut-être inutile de chercher ici mettre vis-à-vis la moralité et l'immoralité Mais il semble intéressant de noter que dans le Monde qu'il crée, s'efface la solidarité entre le monde et l'homme, ou entre les hommes La relation entre le père et le fils se montre monstrueuse comme si Michaux faisait référence au conflit oedipiencelle entre l'homme et la femme s'appuie sur la cruauté, comme l'avortement se fait par une simple tuerie, par le burlesque : Madimba, dit le chef, Ton ventre ne grossit pas, pourtant tu es aimée des hommes «C'est les bananes vertes et bouillantes que je mange», dit Madimba Tu te moques, dit Ndwa Et il la tue C'est pourquoi on ne sait pas qui a révélé aux femmes la force des bananes verte sur les enfants que les femmes ont dans le ventre.1) L'humanité ou la paternité ou la maternité ne sont pas attribuées aux êtres de Michaux Au contraire, ses créatures de la même famille ou de la même tribu ont tendance se violenter entre elles-mêmes: on voit les frères s'entretuer tout comme le père et l'enfant notamment dans Voyage en Grande Garabagne et Au Pays de la Magie De surcrt, la création des choses est aussi basée sur la laideur ou la brutalité: «L'origine de la voile», «Origine du feu», «L'origine de la tente», «Origine du vêtement», etc dans les Premiers 1) Henri MICHAUX, «L'avortement» in Premiers écrits, Œuvres complètes I éd Gallimard (la Pléiade), p.34 Une culture violente chez Michaux ❚ 723 écrits Ceci révèle en quelque sorte le désir de contrarier la civilisation régie selon les lois de l'humanité Il s'agit d'une agressivité contre l'humanité même, d'une tentative de renversement de la civilisation humaine C'est ainsi que Michaux fonde un mythe qui lui est propre sur la trahison du monde La littérature de Michaux semble symboliser une figure brutale et indéchiffrable C'est que non seulement son écriture rompt de manière audacieuse avec la forme ordinaire de l'écriture poétique ou bien elle pratique la forme sans forme, mais aussi sa poétique brise la songerie joyeuse qu'on pourrait attendre de la poésie Loin d'être de beaux rêves, les rêves chez Michaux deviennent objet de la destruction, comme «le rêve cassé» du poète coréen KI Hyeong-Do: «les rêves d'enfant»2) de Michaux évoquent seulement une fantasmagorie affreuse Aussi, nous on peut se demander d'où provient l'atrocité que Michaux expose dans son univers littéraire Autrement dit, d'où sort sa volonté de (se) violenterquel genre de parcours effectue son imaginaire cruel et horribleQui est visé par cet imaginaire, quoi vise-t-il ? Voilà notre problématique qui conduit cette étude Ⅱ Provenance du désir de la violence D'où provient la violence que Michaux place avec densité dans ses créations littéraires? Elle dérive du dégoût qu'il éprouve pour son 2) Je fais référence «Mes rêves d'enfant» qui tracent une sorte de monstruosité Voir son Œuvre complète tome I, p.62-p.65 724 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 origine Il semble que la racine n'ait aucune importance pour Michaux C'est qu'il crache sans hésitation sur tout ce qui fait référence son origine: l'Occident «diabolisé», La Belgique, la maison, les parents… Jean-Pierre Martin l'affirme ce proposdans son ouvrage intitulé Henri Michaux : «Il ne cherchait pas seulement fuir la Belgique C'était l'Europe dont il voulait sortir, de son influence, de son aire.»3) En quelques mots, le jeune Michaux souffre de «tout ce qui l'entoure», voire de «ce qu'il est» : Honteux de ce qui l'entoure, de tout ce qui l'entoure, de tout ce qui depuis sa venue au monde l'a entouré, honteux de lui-même, de n'être que ce qu'il est, mépris aussi pour lui-même et pour tout ce qu'il connt jusqu'à présent.4) Comme il est dit dans la citation ci-dessus, Michaux éprouve un mal-être depuis sa naissance envers l'environnement, l'Histoire, l'Autre Ceci dit que ce sentiment de mal-être est avant tout réel, et se prolonge jusqu'à la dimension imaginaire C'est ainsi que le monde réel et le monde illusoire s'inter-pénètrent et se confondent C'est pourquoi il n'est pas difficile de relever chez Michaux un sentiment haineux l'égard du monde «réel», de son entourage tel qu'il est dans sa vraie vie Certes, il n'est pas le seul haïr l'entourage: tous ceux qui aspirent «la liberté libre» égalable celle de Rimbaud, pourraient rêver de sortir de leur entourage et de le haïr aussi Un certain esprit libre de la Corée, Yi Sang vivant dans la même époque que le jeune Michaux avoue aussi sa haine contre tout ce qui 3) Jean-Pierr MARTIN, Henri Michaux, éd Gallimard, p.203 4) MICHAUX., Quelques renseignements, OC I., op.cit Une culture violente chez Michaux ❚ 725 l'entoure: «Mais rien ne pouvait retenir la haine contre tout ce qui m'entourait, qui s'amoncelait en moi comme des nuages.»5) Tout comme Yi Sang manifeste la haine contre son nom et la famille : «je ne suis qu'ennuyé devant mon nom gravé la porte de ma maison»6), Michaux révèle son aversion envers son patronyme et sa Belgique natale, dans son autobiographie succincte : Retour la ville et aux gens détestés Dégoût Désespoir (…) Il continue signer de son nom vulgaire, qu'il déteste, dont il a honte, pareil une étiquette qui porterait la mention «qualité inférieure» Peut-être le garde-t-il par fidélité au mécontentement et l'insatisfaction.7) Sa patrie, la Belgique et son nom Henri Michaux évoquent Charleville de Rimbaud et Séoul dont Yi Sang voulut tant partir en 1936 C'est ainsi que Michaux aspire réellement se détacher de son lieu natal, de son origine qui l'asphyxie La répugnance pour l'Europe qu'il évoque parfois dans son ouvrage intitulé Un Barbare en Asie, témoigne de la honte de son origine De surcrt, travers l'éloge que Michaux fait de l'Asie, son ressentiment transpart contre l'Europe, l'envahisseur : «l'écoeurante haleine des Européens (qui garde encore l'odeur du meurtre de la victime)»8) 5) YI Sang, «L'inscription de la terreur» in Nouvelles & Yi Sang(traduit du coréen par JU Hyoun-Jin et Tiphaine Samoyault) 6) YI Sang, «Le foyer» in Perspective vol de corneille (traduit du coréen par Son Mihae et Jean-Pierre Jubiate), éd Zulma, p.59 7) MICHAUX, Quelques renseignements, OC I, op.cit 8) Ibid., Un barbare en Asie, p.284 726 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 Ce malaise l'égard de l'Europe, de la patrie, lui fait rêver de fuir, de partir Depuis son premier départ alors âgé de 20 ans, il réitère les «départs-retours»de nombreuses fois Avant qu'il ne cherche une aventure ou l'expérience d'un univers inconnu par ces multiples «départs-retours», il rêve de se détacher d'un monde qu'il exècre C'est que tous ses parcours sont un genre de «VOYAGE CONTRE»: Voyages en Turquie, Italie, Afrique du Nord… Il voyage contre Pour expulser de lui sa patrie, ses attaches de toutes sortes et ce qui s'est en lui et malgré lui attaché de culture grecque ou romaine ou germanique ou d'habitudes belges.9) La fuite de sa Belgique est une réalité Cependant, son désir du déracinement se manifeste plus ardemment dans son imaginaire que dans le réel Les multiples êtres fabuleux et les pays imaginaires qu'il crée, c'est aussi sa manière de s'évader du monde réel Autrement dit, Michaux construit un monde imaginaire basé sur ses lois violentes qui perturbent celles de ce monde; de fait, son monde imaginaire ne se repose sur aucun système de logique Le monde créé semble être régi par les désordres, étant donné qu'il n'attribue aucune valeur au moralisme et la rationalité Toutes ses créations ont tendance aller l'encontre de la tradition et de la moralité Ceci est aussi un processus qui lui permet de se détacher du monde, du réel Ce détachement consiste certes s'affranchir de son origine, intimement liée au monde réel Michaux montre le désir de rompre avec l'origine en évoquant le vide dont provient son Je dans lequel il se reconnt 9) Ibid Une culture violente chez Michaux ❚ 727 lui-même (ou simplement son Je fabuleux) «Je suis né troué»10) Un tel aveu marque l'intention de renoncer l'être, de réduire le monde réel néant L'interrogation ontologique, ne semble-t-elle pas ouvrir plutôt l'univers psychique de Michaux N'aide-t-elle pas élargir la dimension imaginaire du poète, ainsi qu'àle libérer du monde matériel Ainsi, il est manifeste que son désir réel du déracinement continue jusque dans son univers chimérique S'il en est ainsi, comment Michaux représente-t-il son désir réel de déracinement dans l'univers imaginaireC'est par la cruauté destinée l'humanité et au monde qu'il cherche réaliser son désir de fuir et de se détacher Revenons la genèse du Monde que Michaux crée dans ses lieux imaginaires Loin d'évoquer l'histoire de la création du Monde, elle consiste décrire l'histoire de la destruction Cette genèse annihilante brise de manière irréparable la moralité et l'humanité Ce brisement irrémédiable anéantit la famille qui est le fondement le plus essentiel de l'humanité La trahison familiale est évoquée par la tuerie entre le père et l'enfant, entre l'homme et la femme De plus, le père n'a ni l'image ni la position idéales du père, mais celle du pèremonstrueux, le mangeur d'enfant En effet, la culture violente, présentée dans la littérature de Michaux, consiste réduire en miettes tout ce qui l'entoure C'est dire qu'elle s'allie au désir de se délivrer de son origine Aussi, nous pouvons nous demander qui vise la cruauté produite du désir d'évasion, quoi vise-t-elle ? 10) Ibid., «Je suis né troué» in Ecuador, p.189 728 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 Ⅲ L'objet de la violence et de lamonstruosité Vers où se dirigent la violence et la sauvagerie chez Michaux? Comme il est dit plus haut, la provenance de la violence est liée l'envie de se détacher de son origine En effet, ce déracinement vise rompre avec la lignée familiale, même si ce n'est qu'une rupture superficielle C'est ainsi que chez le poète, la cruauté vise tout d'abord la famille, les parents Son univers littéraire expose l'histoire de la violence qui consiste annihiler le lien filial : Michaux doute fort de la lignée familiale, comme l'évoque sa vie réelle Sa méfiance l'égard de la lignée de sang commence déjà se révéler dans ses Premiers écrits Michaux souligne avant tout la figure paternelle, celle du père monstrueux et immoral, mangeur de son propre enfant : Il (Ndwa) découpe un morceau Il se met manger «C'est bien bon.» Quel est ce morceauC'était une fesse de son fils Il ne dit rien, va dans la hutte de Kwa, prend les enfants, les cuit et les mange.11) Ndwa part la chasse Ndwabi, le petit enfant de Ndwa, dans la caverne Il essaie de marcher sur ses pieds Une banane est par terre Il glisse…Ndwa revient Il voit les choses comme elles sont devenues Il casse la tête de Ndwabi et le mange.12) Ndwa chasse Il voit un corps blanc qui remue Il pense: «C'est un lapin», et il tire une flèche dessus C'était Ndwabi, 11) Ibid., «L'origine de l'anthropophage» in Premiers écrits, p.33 12) Ibid., «La colère mange l'homme», p.34 Une culture violente chez Michaux ❚ 729 son petit enfant et le petit enfant de Madimba Il est ennuyé «Madimbane saura rien, car je vais manger Ndwabi» Et il le mange.13) La cruauté désagrège le lien entre le fils et le père, dès le début de sa création littéraire: ce départ déterminant ne promet aucune issue cette relation fortement abỵmée Le gouffre ó s'effondre le rapport de fils-père est bien présent En outre, la présence de ce gouffre motive Michaux s'écarter de la tradition et de la famille C'est pourquoi on a l'impression que Michaux ne se permet de n'être ni fils ni père le père est déshonoré, avili et dégradé : le fils est abhorré même en tant que fœtus «L'être père» tourmente Michaux autant que «l'être fils»: Une fois que la présence du fœtus fut indubitablement établie selon les signes que les médecins savent observer dans le ventre où l'on avait précisément lieu de redouter sa présence, je choisis aussitôt, toutes fins utiles, un lieu d'habitation régulièrement arrosé par les bombes et ce fut près des usines Renault Il fallait bien mettre un atout de mon côté qui en avait tellement besoin Je m'y rendis, aussitôt obtenu mon sauf-conduit Il se trouva au même moment que la femme et le fœtus destinés cette place ne vinrent pas, si bien qu'on ne peut dire que le plan fut bien réglé, puisque d'ailleurs il n'y avait de place que pour moi, mais j'avais le sentiment d'avoir fait quelque chose et que le destin, la chance, avec la main un peu longue, pourrait… pourrait bien sûr, … mais la distance était de 980 kilomètres La maladresse d'un aviateur, quoiqu'on dise, 13) Ibid., «L'homme qui mange son fils», p.36 730 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 ne va pas jusque-là.14) La prose ci-dessus témoigne du mauvais dessein que le pốre Michaux conỗoit l'ộgard du fils Certes, l'enfant Michaux renonce certes au père, en outre, il conỗoit l'idộe malsaine d'enterrer le pốre vivant : Un jour il s'est trompé «Advienne que pourra» mais il était au deuxième Et de se cramponner au battant de la fenêtre Mais sa femme en bs qui vient au cri Alors brusquement il ouvre toute large la fenêtre, saute, et le voilà tombé, qui cette fois ne se relève plus Les enfants accourus et la mère dans la stupeur Et lui qui ne bouge pas, mais la tête appuyée terre qui commande:«Allez, faites une fosse pour papa! Vite les bêches, allez, creusez.» Et pleurant, ils bêchent: «Plus vite! Papa est pressé Papa est pressé d'être sous terre.» Quand la tombe est peu près creusée, qu'on n'attend plus que lui, il se lève, s'appuie lourdement sur sa femme et questionne aussitơt: «Qui a le mieux creusé pour vite enterrer papa» Il semble bien, sa pâleur soudaine, que c'est Mune La plus âgée d'ailleurs, la plus forte «Ce sera pour Mune, qui a le mieux creusé», dit-il en sortant de sa poche une pièce d'un franc Mais Mune est pâle et mal l'aise.15) Il est ainsi évident que la relation entre les parents et les enfants 14) Ibid., Tu va être père, p.748 Cette prose intitulée «Tu va être père» témoigne du père Michaux qui souffre d'être père et qui déteste le fœtus au point de souhaiter qu'il meure 15) Ibid., Portrait d'homme, p.533 738 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 L’opposition ou le croisement de deux tendances en «Moi» entrne le malaise et le mal-être Ce malaise peut causer une sorte d’anxiété, d’inquiétude chez l’être qu’est le «Je» Cependant, si le mal-être s’exprime de manière extrême, il crée une sorte d’antagonisme dans l’univers du moi : du point de vue réaliste, cet univers même est le sujet et l’objet de l’antagonisme Comme il a été dit plus haut, le «Je» apparaợt sous laspect du ôJeằ agressant, et en mờme temps que sous celui du «Je» agressé Autrement dit, il s’agit de la violence, de l’agression en soi, vis-à-vis de soi-même C’est ainsi que le «Je» opère un mouvement alternatif : «Je ne voulais pas vouloir Je voudrais, il me semble, contre moi, puisque je ne tenais pas vouloir et que néanmoins je voulais.»35) Or, cette alternative se lie la violence tournée vers le «Je», s’interprète donc de l’auto-agression, de l’auto-destruction C’est pourquoi on croise parfois dans l’imaginaire de Michaux le «Je» qui se violente, se détruit : … mais moi-même, avec un corps fluide et dur que je me sens, bien différent du mien, infiniment plus mobile, souple et inattaquable, je fonce mon tour avec impétuosité et sans répit, sur portes et murs J’adore me lancer de plein fouet sur l’armoire glace Je frappe, je frappe, je frappe, j’éventre, j’ai de satisfactions surhumaines, je dépasse sans effort la rage et l’élan des grands carnivores et des oiseaux de proie, j’ai un emportement au-delà des comparaisons.36) La maladie que j’ai me condamne l’immobilité absolue au 35) MICHAUX, La nuit remue, op.cit., p.449 36) Ibid., Plume précédé de Lointain intérieur, p.563 Une culture violente chez Michaux ❚ 739 lit Quand mon ennui prend des proportions excessives et qui vont me déséquilibrer si l’on n’intervient pas, voici ce que je fais : J’écrase mon crâne et l’étale devant moi aussi loin que possible et quand c’est bien plat, je sors ma cavalerie.37) Bien que cette auto-violence semble illusoire du point de vue réaliste, elle détruit le «Je» par le «Je» même Partant de la souffrance du problème ontologique, le ôJeằ menacộ continue affronter le ôJeằ menaỗant Et cette coexistence périlleuse entre le «Je» agressant et le «Je» agressé est inévitable, jusqu’à ce que le «Je» ait une réponse par rapport sa qte ontologique De surcrt, une telle concomitance entre deux «Je» en opposition peut envoyer le corps même la défaite, comme l’énonce Claude Lefort : Michaux écrit aux limites de la possibilité de vivre, aux limites de la dépossession de soi, fidèle son premier serment de laisser s’accomplir la défaite dans son corps, pourvu qu’une vérité y paraisse.38) Ainsi, le «Je» même se montre comme la fois objet et sujet de la violence, bien qu cela se passe dans l’imaginaire du point de vue réaliste, et suscite sans cesse la décadence du «Je» L’être qu’est Michaux, ou le «Je» qu’il crée, se tourmente, se mutile et se divise sans fin 37) Ibid., Mes propriétés, p.481 38) Claude LEFORT, Sur une colonne absente, éd Gallimard, p.158 740 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 Ⅳ La destination fondamentale de la violence – Le corps L’antagonisme produit en soi peut aussi dire le combat contre soi Ce combat suscite réellement du désespoir au niveau psychique, et des impulsions de violence au niveau physique, comme nous l’avons vu dans les paragraphes cités plus haut (voir les citations dans la page 7) L’auto-violence qui dérive du mal-être appart associée la rage, des accès de peur Cette rage et cette peur partent avant tout du corps du «Je» dans lequel se reconnt Michaux et atteignent également le corps de ce «Je» même ; c’est que ce dernier se donne comme l’objet d’attaque, d’agression, de rage Cela veut dire que la violence du «Je», l’impulsion (auto)-destructive suscite le brisement et le déchirement corporels La rupture physique se rapporte tout d’abord au «Je», au «Mon corps», comme l’évoquent les citations plus haut Le «Je» s’efface au profit du corps qui se présente en tant qu’objet exclusif de la violence - Le corps en toute violence Le corps en péril n’appartient plus au «Je», mais sans doute tous les êtres ; la violence corporelle tient non seulement au Ju mais aussi aux êtres créés Autrement dit, le corps même se présente en tant qu’objet de la violence pure Il existe seulement le corps maltraité On dirait que c’est le corps qui est la destination fondamentale de la violence chez Michaux C’est ainsi qu’il n’est pas difficile de voir le corps se déchiqueter et se casser dans la vision tantôt réelle tantôt Une culture violente chez Michaux ❚ 741 illusoire ; on a l’impression que la poétique de Michaux s’évertue évoquer le corps déchiré en lambeaux, tout comme l’univers du Moi en plusieurs fragments Le corps se trouve de même au milieu de l’oscillation «cruauté-terreur» : Mes petites poulettes, vous pouvez dire tout ce que vous voudrez, ce n’est pas moi qui m’embête Hier encore, j’arrachai un bras un agent C’était peut-être un bras galonné de brigadier Je n’en suis pas sûr Je l’arrachai vivement, et le rejetai de même Mes draps jamais pour ainsi dire ne sont blancs Heureusement que le sang sèche vite Comment dormirais-je sinon ? Mes bras égarés plongent de tous côtés dans des ventres, dans des poitrines ; dans les organes qu’on dit secrets (secrets pour quelques-uns !) Mes bras rapportent toujours, mes bons bras ivres Je ne sais pas toujours quoi, un morceau de foie, des pièces de poumons, je confonds tout, pourvu que ce soit chaud, humide et plein de sang Un bras blanc, frais, soigneusement recouvert d’une peau satinée, ce n’est pas si mal Mais mes ongles, mes dents, mon insatiable curiosité, le peu que je puis m’accoutumer du superficiel… Enfin, c’est comme ỗa Tel partit pour un baiser qui rapporta une tête Priez pour lui, il enrage pour vous.39) Le corps se heurte au corps : le corps, le bras, est la fois martyrisant et martyrisé Les deux figures du corps s’entre-emmêlent, 39) MICHAUX, La nuit remue, op.cit., p.421-422 742 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 comme le corps martyrisant et le corps martyrisé se confondent Cela évoque en quelque sorte le croisement de deux bras, martyrisant et martyrisé, chez Yi Sang : «…un bras pousse soudain comme bouture mon bras, et tout au bout sa main soulève la tasse pour la flanquer sur le parquet. / Coupés, mes bras sont tombés le rasoir la main (…) Mais eux, les bras, mêmes morts, semblent avoir peur de moi.»40) Malgré la violence sanglante et la terreur, aucune tragédie ne sort de cet entre-emmêlement La violence devient même parodique Le corps est en quelque sorte considéré comme un objet ou un lieu d’expérimentation Le sujet du corps, le «Je» a tendance être séparé du physique, en se retirant dans la position d’observateur qui se réduit un regard : Le géant qui faisait au loin craquer ma jambe entre ses dents, je le regardais avec attention, en essayant de ne pas me laisser envahir par les préjugés Cette jambe, bien étendue sur me genoux et qu’il portait de temps autre sa bouche et posait ensuite sur ses genoux, je la voyais mieux que jamais, bien mieux que lorsque je la portais encore la cuisse En ce sens je me sentais satisfait La jambe paraissait, cependant, ma grande surprise, extrêmement plate Elle avait tout d’un coupe-papier, de ces beaux coupe-papier en corne, la courbure savante, conỗue avec dộlicatesse Pourtant, en considộrant la faỗon si commune et si naturelle que le géant avait de manger, je me sentais triste et ne pouvais éviter une certaine mélancolie…41) 40) YI Sang, «Poème n°11» / «Poème n° 3» in Perspective vol de corneille, op.cit., p.48 et p.50 Une culture violente chez Michaux ❚ 743 Le corps se fragmente de manière cruelle, tandis que son propriétaire – le «Je» – se montre insensible un tel événement Le physique et le psychique se désunissent par même Cette division du corporel et du spirituel entraợne de fait le ôJeằ la vision illusoire, la sensation chimộrique Le ôJeằ dans lequel se reconnaợt Michaux semble complètement détaché de son physique, et atteint même une nouvelle expérience, la conversion du corps Chez Michaux, le corps est souvent pris pour l’objet de la violence extrême, en se désagrégeant peu peu Mais étant privé de sa forme matérielle, d’autre part le corps doit subir un autre genre de violence Autrement dit, le corps se transforme en d’autres espèces : Je fus toutes choses : des fourmis surtout, interminablement a file, laborieuses et toutefois hésitantes C’était un mouvement fou Il me fallait toute mon attention Je maperỗus bientụt que non seulement j’étais les fourmis, mais aussi j’étais leur chemin Car de friable et poussiéreux qu’il était, il devint dur et ma souffrance était atroce (…) Souvent je devenais boa et, quoique un peu gêné par l’allongement, je me préparais dormir, ou bien j’étais bison et je me préparais brouter… Je regrettais de n’être plus boa ou bison Peu après, il fallait me rétrécir jusqu’à tenir dans une soucoupe C’était toujours des changements brusques…42) C’est ainsi que le Je n’est plus physique et concret, mais il ne reste qu’en tant que pensée et conscience, ou comme quelque chose d’impalpable : «…mais je suis encore des choses (et des choses 41) MICHAUX, «Aventures» in En marge de «Plume», op.cit., p.689 42) Ibid., «Encore des changements» in Mes propriétés, p.479 744 2008 23 encore ỗa irait), mais je suis des ensembles tellement factices, et de l’impalpable.»43) Par contre, le corps devient quelque chose de malléable et flexible comme de l’argile C’est donc par cette flexibilité que la nature du corps se décompose Si le corps est considéré comme objet de la violence dans l’imaginaire de Michaux, ce n’est pas parce qu’il se morcelle, mais c’est parce qu’il refuse de défendre sa nature physique et subit un changement radical en d’autres espèces De fait, le corps se détache de sa dimension matérielle et concrète, se mêlant sans cesse d’autres choses qui ne permettent pas la connaissance de leur identité On dirait que le corps se convertit, de manière ironique, en quelque chose d’immatériel et d’incorporel Ce «quelque chose» est peut-être interprété comme une possibilité de changement ou une potentialité de changer Le corps est finalement quelque chose de flexible Ainsi, laisser le corps flexible, instable, n’est-ce pas le véritable acte de violence l’égard de celui-ci, de l’être, du «Je» ? Ⅴ Conclusion «Ce n’était pas orienter sa vie, c’était la déchirer.»44) – Tels sont les mots que le poète marginal Michaux adresse lui-même, ainsi qu’à ce monde Ces mots semblent d’ailleurs entrner toute sa vie, tantơt créative tantơt réelle Le désir de «déchirer la vie» révèle en effet la problématique que Michaux propose et développe dans sa 43) Ibid., p.480 44)Ibi., «Difficultés» inPlume précédé de Lointain intérieu, p.612 Une culture violente chez Michaux ❚ 745 littérature ; il insiste sur la question de l’ontologie, en évoquant le monde du moi incertain A travers son univers littéraire, Michaux ne cesse de s’interroger sur son identité ontologique ; il suggère d’une part le sentiment de manque en «Moi», d’autre part celui de fourmillement en «Moi» Ces perceptions contraires sont au cœur de sa littérature Cela veut dire que son identité qu’il met sans cesse en question est conduite par deux sensations opposées ; «Le besoin de l’Autre, l’introuvable Autre» «Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes A cause de ce manque, j’aspire tant.»45) : «Est-ce moi, tous ces visages ?»46) Néanmoins, cette double énonciation ne consiste pas seulement insister sur le paradoxe destiné au monde du moi : elle dénote le mouvement alternatif en «moi», qui comporte les deux figures contradictoires, mais corrélatives Cette complexité du monde du moi chez Michaux représente de fait la figure de son identité ontologique, dont il tire le sentiment d’incertitude De surcrt, une telle complication manifeste que le monde du moi se meut de manière impétueuse, afin de combler le manque ontologique Par conséquent, l’antinomie des sentiments perturbe le moi Cette turbulence, du point de vue réaliste, prouve que le moi s’emplit de multiples volontés comme tendances : «Chaque tendance en moi avait sa volonté, comme chaque pensée dès qu’elle se présente et 45) Ibid., La nuit remu, p.45 et p.462 Cette évocation de l’introuvable Autre, il ne s’agit pas d’autrui, mais de l’autre en moi qui est absent La littérature de Michaux est en quelque sorte la recherche de l’Autre absent en «moi», c’est-à-dire du manque en «moi» Michaux l’énonce manifestement :«Le petit peu que je veux, jamais tu ne l’apportes A cause de ce manque, j’aspire tant A tant de choses, presque l’infini… A cause de ce peu qui manque, que jamais tu n’apportes.» 46) MICHAUX, En pensant au phénomène de la peinture, OC II, p.320 746 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 s’organise a sa volonté Etait-ce la mienne ?»47) Cette multiplicité de la pensée (ou de la volonté) cause certes le sentiment d’incertitude son propre égard ; l’incertitude peut aussi s’interpréter comme de l’inquiétude C’est ainsi que sous l’effet du manque ontologique et du désir d’enlever le sentiment d’incertitude, Michaux se livre des efforts ardents qui entrnent l’auto-désagrégation, l’auto-agression La violence est de fait un moyen de s’interroger sur le moi, sur son identité En d’autres termes, la violence et la cruauté sont des efforts véhéments afin de sonder l’identité incertaine et changeante, tentative de définition tout aussi incertaine Ces efforts se réalisent cependant de manière diverse, dans la vision tantôt imaginaire tantôt réelle Autrement dit, non seulement Michaux revient constamment la problématique ontologique, mais il tente aussi de la mettre en cause par rapport la réalité En évoquant le «Je» souffrant de son origine dans l’espace littéraire, Michaux établit le processus de retour la problématique ontologique On dirait que celle-ci fait en effet place la question de l’origine, du point de vue réaliste Comme nous y avons fait référence maintes fois, on ne cesse de croiser le ôJeằ, dans lequel se reconnaợt Michaux, qui renonce son origine et s’efforce de rompre avec elle ; son origine détestable est représentée par tout ce qui l’entoure, autrement dit, la famille, la patrie, l’Europe, ce monde même C’est pourquoi on ne peut aisément remarquer chez Michaux que les liens du sang sont maudits et rejetés par le «Je»: 47) Ibid., Plume précédé de Lointain intérieur, p.495 Une culture violente chez Michaux ❚ 747 J’ai, plus d’une fois, senti en moi des «passages» de mon père Aussitôt, je me cabrais J’ai vécu contre mon père (et contre ma mère et contre mon grand-père, ma grand-mère, mes arrière-grands-parents) ; faute de les conntre, je n’ai pu lutter contre de plus lointains aïeux Faisant cela, quel ancêtre inconnu ai-je laissé vivre en moi ?48) Ses origines, ou le monde même, deviennent des objets combattre C’est pourquoi Michaux propose le «Je» ou la narration, qui reflètent le poète même, qui cherchent lutter contre le monde et son histoire, ainsi qu’à se détacher de ses racines La lutte et l’effort du déracinement s’effectuent de manière violente et cruelle ; l’histoire du monde et de l’humanité sont rejetées et même remplacées par un monde et un autre genre d’humanité fondés sur la cruauté, tandis que la famille est complètement brisée : les parents et les enfants se trahissent, se maudissent et se violentent Tout finit donc par se fracasser et s’anéantir Or, avant toute chose, c’est le «Je» qui se trouve au cœur de ces violences, bien que celles-ci proviennent de son désir de déracinement C’est que le «Je» se laisse aller par des intentions et des actes violents, d’autant qu’il évoque la problématique ontologique et la question de l’origine Finalement lui reviennent tous les mauvais desseins quil conỗoit et exộcute en direction de «l’extérieur» Le «Je» mené par les mouvements turbulents se heurte sans fin au monde et ses origines dont il ne peut se défaire : la tentative de définition de l’identité, d’identification ne trouve pas de réponse Il demeure en «turbulence infinie», en «changement infini» : «En lambeaux, dispersés, je me défendais et 48) Ibid., «Postfac», p.662 748 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 toujours il n’y avait pas de chef de tendances ou je le destituais aussitôt.»49) La quête du moi continue, l’effort de déracinement semble ne pas conntre de limites En conséquence, la violence destructive, chez Michaux, plonge le «Je» dans une lutte avec le monde et avec lui-même 49) Ibid Une culture violente chez Michaux ❚ 749 Bibliographie Bellour, B., Henri Michaux, Paris, Gallimard (Folio /Essais), 1986 Blanchot, M., Henri Michaux ou le refus de l’enfermement, Paris, PUF, 1999 Lefort, C., Sur une colonne absente, Paris, Gallimard, 1978 Martin, J.-P., Henri Michaux, Paris, Gallimard, 2004 - Henri Michaux, Ecriture de soi, Expatriations, Paris, José Corti, 1994 Maulpoix, J.-M., Henri Michaux, Passage clandestin, Paris, Champ Vallon, 1984 Michaux, H., Œuvres complètes tome I / tome II, éd Gamllimard (la Pléiade), 1998-2001 - Quelques renseignement sur cinquantaine-neuf d’années d’existence - Premiers écrits (1922-1926) - Qui je fus (1923-1927) - Ecuador (1929) - Un barbare en Asie (1933) - La nuit remue (1928-1929) - Plume précédé de Lointain intérieur (1930) - Peintures (1939) - Tu vas être père (1943) - Epreuves et exorcismes (1945) - Voyage en Grande Garabagne (1935) - Au pays de la magie (1940) - En Pensant au phénomène de la peinture (1946) 750 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 YI Sang, Perspective vol de corneille, Paris, Zulma, 2005 (traduit du coréen par Son et Zubiate) - Proses diverses partre (traduit du coréen par Son et Zubiate) - Nouvelles & Yi Sang partre (traduit du coréen par JU Hyounjin et T Samoyault) Une culture violente chez Michaux ❚ 751 미쇼의 문학세계에 나타난 폭력의 문화 주현진 이 논문은 미쇼(H. Michaux)가 1945년 이전에 쓴 작품들 속에 그려지 는 폭력성과 잔혹성에 관한 연구이다 미쇼가 문학 공간에서 보여주는 폭력의 문화를 살펴봄과 동시에, 그 폭력성의 유래와 대상에 대한 고찰을 목적으로 하고 있다 미쇼의 문학은 허구의 문학이 아닌 진실된 개인사를 참조하는 특이한 유형의 자서전으로 이해될 수 있다 그렇기 때문에, 우리는 미쇼의 문학 생애를 이끌어 주는 현실적 문제가 그의 문학 작품 도처에 전시되어 있 음을 볼 수가 있다 요컨대, 추상의 문학을 통해 «반순응주의자»라는 인 상을 주는 앙리 미쇼는 자신의 현실적 고뇌인 «뿌리에 대한 반감»과 존 재론적 문제제기인 «불안정한 자아의 세계»를 문학영역에 옮겨 놓았다 이 주제에 집중된 미쇼의 글쓰기는 강한 색채를 띠고 있을 뿐만 아니라, 파괴적 성향을 내포하고 있다 미쇼의 문학이 파괴적 성향을 띠고 있다 는 느낌을 주는 것은, 미쇼의 문체가 현실의 보편적 언어의 규범을 존중 하지 않는다는 인상을 주기 때문이기도 하겠지만, 무엇보다도 그가 창조 하는 상상의 세계가 폭력의 문화에 바탕을 두고 있기 때문이다 그렇다 면 그가 보여주는 폭력성은 어디에서부터 오는 것일까 ? 간략히 말하자 면, 미쇼 문학의 폭력성은 태생부터 자신을 괴롭혀온 뿌리에 대한 혐오감 과 그 뿌리에서 떨어져 나오고 싶은 욕망에서 출발하고 있다 자신의 근 원과 단절하고 싶은 욕망은 현실적 근원의 주체인 가족, 국가, 서구 문명 을 배반하고 거부하도록 하는데, 이 배반의 과정이 바로 폭력의 문화로 752 ❚ 2008 프랑스문화예술연구 제23집 일궈지고 있는 것이다 인류 문명의 시작을 비웃기라도 하는 듯이, 무질 서와 폭력이 난무하는 새로운 인류문명이 창조되고, 그 창조 과정 안에서 가족은 잔혹하게 - 하지만 익살스런 방식으로 - 파괴된다 그렇지만, 결 국 이 모든 폭력성은, 미쇼 자신의 반영이기도 한 작품 속의 «나»에게 전 이되고, «나»는 결국 자신이 창조한 폭력의 대상이 되기까지 이른다 인 류 문명을 향해 던져진 폭력의 문화가 «나»에게 되돌아와 «나» 또한 파 괴의 대상으로 드러내게 한다 이는 분명, 현실세계가 규정하는 뿌리에서 분리를 꿈꾸는 «나»의 노력을 보여줌과 동시에, 자신의 존재론적 정체성 을 알아내기 위해 스스로에게 의문을 끊임없이 제기하는 «나»의 노력을 보여주는 것이다 이처럼, 미쇼는 «존재론적 정체성을 명확히 드러내지 않는 불안정한 자아»의 모습과 «현실세계를 상징하는 사회적 의미의 정 체성으로부터 분리되고 싶은 욕망»을 폭력이란 매개체를 가지고 나타내 고 있다 주 제 어 : 미쇼(Michaux), 뿌리뽑기(déracinement), 폭력(la violence), 유린당한 육체(le corps violenté) 투 고 일 : 2007 12 25 심사완료일 : 2008 31

Ngày đăng: 19/10/2022, 11:21

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