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Annals of Mathematics
Equidistribution de sous-
vari´et´es sp´eciales
Par Laurent Clozel et Emmanuel Ullmo
Annals of Mathematics, 161 (2005), 1571–1588
Equidistribution desous-vari´et´es sp´eciales
Par Laurent Clozel et Emmanuel Ullmo
1. Introduction
Soit S une vari´et´e de Shimura sur C.Ond´efinit sur S un ensemble
de points sp´eciaux (les points `a multiplication complexe) et un ensemble de
sous-vari´et´es sp´eciales que l’on appelle sous-vari´et´esde type de Hodge. Les
d´efinitions qui seront donn´ees plus tard dans le texte sont pr´esent´ees de mani`ere
tr`es agr´eable dans le papier de Moonen [8].
Dans ce cadre Andr´e et Oort font la conjecture suivante. Soit Y une sous-
vari´et´edeS, il existe un ensemble fini {S
1
, ,S
r
} desous-vari´et´es sp´eciales
avec S
i
⊂ Y pour tout i tel que toute vari´et´esp´eciale Z de S contenue dans
Y est en fait contenue dans un des S
i
.Ler´esultat le plus profond dans la
direction de cette conjecture a ´et´e obtenu par Edixhoven et Yafaev [5].
On d´efinit dans ce texte une classe assez large desous-vari´et´es sp´eciales
que nous appellerons fortement sp´eciales par manque d’une terminologie plus
ad´equate. D´ecrivons les sous-vari´et´es fortement sp´eciales:
Soit S une vari´et´e de Shimura associ´ee `a une donn´ee de Shimura (G, X)
pour un groupe alg´ebrique adjoint sur Q et une G(R)-classe de conjugaison X
de morphismes:
h : S −→ G
R
,
o`u S d´esigne le tore de Deligne Res
C
/
R
G
m
. Une sous-vari´et´esp´eciale de S est
associ´ee `aunQ-sous-groupe alg´ebrique r´eductif H. Les sous-vari´et´es fortement
sp´eciales seront celles qui sont associ´ees `aunQ-sous-groupe alg´ebrique semi-
simple H
Q
qui n’est contenu dans aucun Q-sous-groupe parabolique propre de
G
Q
.Ler´esultat principal de ce texte est
Th
´
eor
`
eme 1.1. Soit Y une sous-vari´et´ed’une vari´et´e de Shimura S.Il
existe un ensemble fini {S
1
, ,S
k
} desous-vari´et´es fortement sp´eciales de
dimension positive S
i
⊂ Y tel que si Z est une sous-vari´et´e fortement sp´eciale
de dimension positive avec Z ⊂ Y alors Z ⊂ S
i
pour un certain i ∈{1, ,k}.
1572 LAURENT CLOZEL AND EMMANUEL ULLMO
Le th´eor`eme 1.1 se d´eduit d’un ´enonc´e ergodique. Toute sous-vari´et´e
sp´eciale Z de S est munie d’une mani`ere canonique d’une mesure de proba-
bilit´e μ
Z
.
Th
´
eor
`
eme 1.2. Soit S
n
une suite desous-vari´et´es fortement sp´eciales.
Soit μ
n
la mesure de probabilit´e associ´ee `a S
n
. Il existe une sous-vari´et´e forte-
ment sp´eciale Z et une sous-suite μ
n
k
qui converge faiblement vers μ
Z
.De
plus Z contient S
n
k
pour tout k assez grand.
On obtient la preuve du th´eor`eme 1.1 en consid´erant une suite de sous-
vari´et´es fortement sp´eciales maximales parmi les sous-vari´et´es fortement
sp´eciales S
n
contenues dans Y . En passant `a une sous-suite on peut supposer
que μ
n
converge faiblement vers μ
Z
. Comme le support de μ
Z
est contenu
dans Y ,onend´eduit que Z ⊂ Y . Par la maximalit´e des S
n
et le fait que
S
n
⊂ Z pour tout n assez grand, on en d´eduit que la suite S
n
est stationaire.
La preuve des r´esultats principaux de ce texte repose sur des r´esultats
ergodiques . L’outil principal de ce texte est la conjecture de Raghunathan
sur les flots unipotents d´emontr´ee par Ratner [12], [13] et pr´ecis´ee par Mozes
et Shah [10]. Dans la deuxi`eme partie de ce texte nous expliquons, dans
le cadre arithm´etique qui nous concerne, les r´esultats ergodiques dont nous
avons besoin. La troisi`eme partie repose essentiellement sur la th´eorie des
donn´ees de Shimura (G, X)d´evelopp´ee par Deligne [3], [4] interpr´etant les
travaux de Shimura. On y montre les r´esultats pr´eliminaires `alad´emonstration
des propri´et´es de stabilit´e de l’ensemble des sous-vari´et´es fortement sp´eciales
obtenues en d´ebut de quatri`eme partie. Les th´eor`emes principaux sont alors
d´emontr´es `a la fin de la quatri`eme partie. Nous donnons aussi des exemples o`u
le th´eor`eme 1.2 est mis en d´efaut pour des suites de vari´et´es sp´eciales associ´ees
`a des groupes H
n
qui ne sont pas semi-simples ou qui sont contenus dans un
Q-parabolique propre.
Remerciements. Les auteurs remercient le rapporteur pour d’utiles com-
mentaires qui ont conduit `a une am´elioration notable du r´esultat principal de
ce texte.
2. Pr´eliminaires sur les groupes
Notations. Soit H un groupe alg´ebrique; conform´ement `a l’usage on
notera H
0
la composante connexe de H pour la topologie de Zariski, H
ad
,
H
der
et H
sc
d´esignent respectivement le groupe adjoint, le groupe d´eriv´eetle
revˆetement simplement connexe de H
der
. On notera R
u
(H) le radical unipotent
de H.SiH est un sous-groupe de G, on notera N
G
(H) le normalisateur dans G
de H et Cent
G
(H)ouZ
G
(H) son centralisateur. Si H est semi-simple connexe
EQUIDISTRIBUTION DE SOUS-VARI
´
ET
´
ES SP
´
ECIALES 1573
et d´efini sur un corps k, H est produit presque direct de ses k-sous-groupes
connexes normaux minimaux H
1
, ,H
r
([11, prop. 2.4, p. 62]). Si H est
adjoint ou simplement connexe ce produit est direct ([11, p. 62]). Par abus de
langage les H
i
seront appel´es facteurs k-simples de H dans la suite du texte.
Si H
1
est un facteur R-simple d’un groupe semi-simple connexe H
sur R, on dit que H
1
est compact ou non compact si H
1
(R) est compact ou
non compact. On notera dans cette situation H(R)
+
la composante connexe
neutre de H(R) pour la topologie r´eelle et H(R)
+
la pr´eimage de H
ad
(R)
+
par
l’application adjointe. Si de plus H est d´efini sur Q, on note
H(Q)
+
= H(R)
+
∩ H(Q)etH(Q)
+
= H(R)
+
∩ H(Q). Si A est un sous-
ensemble d’un espace topologique, on note
A son adh´erence.
Soient G
Q
un groupe alg´ebrique connexe et semi-simple d´efini sur Q
et G = G
Q
(R)
+
. On suppose que les groupes de points r´eels des facteurs
Q-simples de G
Q
ne sont pas compacts. Soit Γ un sous-groupe arithm´etique de
G et Ω = Γ\G. On note P (Ω) l’ensemble des mesures de Borel de probabilit´e
sur Ω.
Soit H l’ensemble des sous-groupes de Lie ferm´es connexes H de G tels
que:
1) H ∩ Γ est un r´eseau de H. En particulier Γ\ΓH est ferm´e et on note
μ
H
∈ P (Ω) sa mesure H-invariante normalis´ee.
2) Le sous-groupe L de H engendr´e par les sous-groupes unipotents `aun
param`etre de G contenus dans H agit ergodiquement sur Γ\ΓH par
rapport `a μ
H
.
Pour H ∈H, on notera L(H) (ou L si il n’y a pas de confusion possible)
le sous-groupe de H engendr´e par les sous-groupes unipotents `a un param`etre
de G contenus dans H.
Lemme 2.1. Soient H ∈Het L = L(H) le sous-groupe associ´e.
a) Soit
Γ\ΓL l ’adh´erence de Γ\ΓL dans Γ\G. Alors Γ\ΓL =Γ\ΓH.
b) Dans cette situation H est le plus petit sous-groupe de Lie ferm´edeG
tel que
Γ\ΓL =Γ\ΓH.
c) Il existe un Q-sous-groupe alg´ebrique H
Q
de G
Q
tel que H = H
Q
(R)
+
.
Preuve. Notons tout d’abord que d’apr`es les travaux de Ratner [12], [13],
il existe un plus petit sous-groupe de Lie ferm´e H
de G tel que L ⊂ H
et
Γ\ΓL =Γ\ΓH
. D’apr`es [10, prop. 2.1], H
∈H.
Par ailleurs L est un sous-groupe normal de H et agit ergodiquement sur
Γ\ΓH. Il existe donc une orbite sous L qui est dense. Il existe donc h ∈ H tel
que
Γ\ΓH =
Γ\ΓhL = Γ\ΓhLh
−1
h = Γ\ΓLh.
1574 LAURENT CLOZEL AND EMMANUEL ULLMO
On en d´eduit que Γ\ΓL =Γ\ΓH; ce qui prouve (a).
Par minimalit´edeH
,onaH
⊂ H. D’apr`es [15, prop. 3.2] si H
Q
d´esigne
le plus petit Q-sous-groupe de G
Q
tel que L ⊂ H
Q
(R), on a H
Q
(R)
+
= H = H
.
Ceci prouve donc (b) et (c).
Si E est un sous-ensemble de G,ond´efinit le groupe de Mumford-Tate
de E, not´e MT(E), comme le plus petit Q-sous-groupe alg´ebrique H
Q
de G
Q
tel que E ⊂ H
Q
(R). Si H ∈Het L = L(H) alors H = MT(L)(R)
+
.On
retiendra le lemme suivant dˆu`a Shah.
Lemme 2.2 (Shah). Soient H ∈Het L = L(H).
a) Le radical N de L est unipotent et L est un produit semi-direct
L = NS
pour un groupe semi -simple sans facteurs compacts S.
b) Le radical de MT(L) est unipotent.
Preuve. Le (a) est d´emontr´e dans [15] Lemme 2.9. Le (b) d´ecoule de [15,
prop. 3.2] et du fait que Γ est un r´eseau arithm´etique (cf. [15, rem. 3.7]).
Lemme 2.3. Soit H
Q
un Q-sous-groupe alg´ebrique connexe semi-simple
de G
Q
. Alors H
Q
(R)
+
∈Hsi et seulement si pour tout facteur Q-simple H
1
Q
de H
Q
, H
1
Q
(R) n’est pas compact.
Preuve. Remarquons tout d’abord que par un r´esultat de Cartan ([11,
prop. 7.6]), si F est un R-groupe alg´ebrique simple, simplement connexe et non
compact alors F (R)=F (R)
+
est engendr´e par ses sous-groupes unipotents `a
un param`etre. On en d´eduit que si F est un R-groupe alg´ebrique simple
non compact alors F(R)
+
est engendr´e par ses sous-groupes unipotents `aun
param`etre.
Supposons que H
Q
est sans facteur Q-simple R-anisotrope. Soit L le sous-
groupe de H
Q
(R)
+
engendr´e par ses sous-groupes unipotents `a un param`etre.
Si F est un facteur simple non compact de H
Q
(R)
+
, alors par la discussion
pr´ec´edente F ⊂ L.Onend´eduit que MT(F ) ⊂ MT(L). On en d´eduit
alors que MT(L) contient les facteurs Q-simples de H
Q
donc MT(L)=H
Q
.
D’apr`es les r´esultats de Ratner ([14, thm. 4, p. 162]), il existe H
∈Hminimal
tel que L ⊂ H
et Γ\ΓH
soit ferm´e dans Ω. D’apr`es le lemme 2.1 on a
H
= MT(L)(R)
+
= H
Q
(R)
+
∈H.
R´eciproquement soit H = H
Q
(R)
+
∈Het L = L(H). Si H
Q
a un facteur
H
1
Q-simple qui est R-anisotrope, alors on a un morphisme surjectf
Γ ∩H(R)
+
\H(R)
+
−→ Γ
1
\H
1
(R)
+
EQUIDISTRIBUTION DE SOUS-VARI
´
ET
´
ES SP
´
ECIALES 1575
avec H
1
isog`ene `a H
1
, l’action de L(H)`a droite ´etant triviale. L’image Γ
1
de
Γ ∩ H(R)
+
est contenu dans un sous-groupe arithm´etique ([1, cor. 7.3]) donc
est finie. Ceci contredit l’ergodicit´e de l’action de L.
2.1. Mesures alg´ebriques. Comme G op`ere `a droite sur Ω, on a une
op´eration induite de G sur P (Ω) et pour μ ∈ P(Ω), on note μg son transform´e
par g. Soit μ ∈ P(Ω), on note Λ(μ) son sous-groupe d’invariance (donc ferm´e
dans G):
Λ(μ)={g ∈ G | μg = μ}
et Supp(μ) son support. On note L(μ) le sous-groupe de G engendr´e par les
sous-groupes unipotents `a un param`etre contenus dans Λ(μ). On dit qu’une
mesure μ ∈ P (Ω) est alg´ebrique si il existe x ∈ Ω tel que Supp(μ)=xΛ(μ).
On note Q(Ω) l’ensemble des μ ∈ P(Ω) tels que l’action de L(μ) sur Ω soit
ergodique par rapport `a μ. D’apr`es les r´esultats de Ratner toute mesure dans
Q
(Ω) est alg´ebrique et d’apr`es Mozes-Shah [10] pour tout μ ∈ Q(Ω), il existe
un sous-groupe `a un param`etre unipotent u(t) ∈ L(μ) qui agit ergodiquement
par rapport `a μ.Ler´esultat principal de [10] qui est `a la base de ce texte est:
Th
´
eor
`
eme 2.4 (Mozes-Shah). Soit μ
i
une suite de mesures dans Q(Ω)
convergeant vers μ ∈ P (Ω).
a) Q(Ω) est ferm´e donc μ ∈ Q(Ω). Soit x ∈ supp(μ).
b) Soit u
i
(t) ⊂ L(μ
i
) un sous-groupe unipotent `aunparam`etre agissant
ergodiquement par rapport `a μ
i
. Soit g
i
∈ G une suite convergeant vers e telle
que xg
i
= x
i
∈ supp(μ
i
) et telle que {xg
i
u
i
(t): t>0} soit ´equidistribu´epar
rapport `a μ
i
(une telle suite existe [10, p. 156]). Pour tout i assez grand, on a
supp(μ
i
) ⊂ supp(μ).g
i
et
g
i
u
i
(t)g
−1
i
∈ L(μ).
De plus le sous-groupe de L(μ) engendr´e par les g
i
u
i
(t)g
−1
i
pour i assez grand
agit ergodiquement par rapport `a μ.
En particulier soit Q(Ω,e), l’ensemble des mesures μ ∈ Q(Ω) telles que
Γ.e ∈ supp(μ). Les mesures de Q(Ω,e) sont les mesures H-invariantes nor-
malis´ees de support Γ\ΓH pour un H ∈H. On utilisera aussi la proposition
suivante essentiellement contenue dans Mozes-Shah [10]:
Proposition 2.5. L’ensemble Q(Ω,e) est compact pour la topologie faible.
Si μ
n
∈ Q(Ω,e) est une suite qui converge faiblement vers μ ∈ Q(Ω,e), alors
pour tout n assez grand supp(μ
n
) ⊂ supp(μ).
1576 LAURENT CLOZEL AND EMMANUEL ULLMO
3. Sous-vari´et´essp´eciales des vari´et´es de Shimura.
3.1. Pr´eliminaires. Soit S = Res
C
/
R
G
m
C
le tore de Deligne, une donn´ee
de Shimura est un couple (G
Q
,X)o`u G
Q
est un groupe r´eductif sur Q et
X ⊂ Hom(S,G
R
) est une classe de G(R)-conjugaison v´erifiant les “conditions
de Deligne” [3], [4]:
a) Pour tout α ∈ X la repr´esentation adjointe Lie(G
R
) est de type
{(−1, 1), (0, 0), (1, −1)};
en particulier α(G
m
R
) ⊂ Z(G
R
).
b) L’involution int(α(
√
−1)) est une involution de Cartan du groupe adjoint
G
ad
R
.
c) Le groupe G
ad
Q
n’a pas de Q-facteur R-anisotrope.
On suppose dans la suite de cette section que G
Q
est adjoint. Pour tout
α ∈ X, le groupe de Mumford-Tate MT(α) est d´efini comme le plus petit
Q-sous-groupe de G
Q
tel que l’on ait une factorisation de α via MT(α)
R
.
(Noter que ce groupe est donc connexe). Quand T = MT(α) est un tore,
on dit que α est sp´ecial; comme T (R) est contenu dans le centralisateur de
α(
√
−1) qui est compact, on en d´eduit que T (R) est compact.
D´efinition 3.1. Une sous-donn´ee de Shimura (H
Q
,X
H
)de(G
Q
,X) est
une donn´ee de Shimura telle que H
Q
est un Q-sous-groupe alg´ebrique de G
Q
et X
H
la H(R)-classe de conjugaison d’un morphisme α : S → G
R
, α ∈ X se
factorisant par H
R
.
Proposition 3.2. Soit H
Q
un Q-sous-groupe alg´ebrique de G
Q
semi-
simple connexe et sans Q-facteur R-anisotrope. On suppose qu’il existe
α : S → G
R
, α ∈ X se factorisant par H
R
. Soit X
H
la H(R)-classe de conju-
gaison de α. Alors (H
Q
,X
H
) est une sous-donn´ee de Shimura de (G
Q
,X).
Nous v´erifions les conditions (a), (b) et (c) des donn´ees de Shimura. Soit
h = Lie H(R), g = Lie G(R), C = α(
√
−1) ∈ H(R); alors C
2
est central dans
H(R). La condition (a) d´ecoule du fait que h est un sous-espace de g invariant
par S.
Pour (b), H ´etant semi-simple, il nous suffit de v´erifier que int(C) est
une involution de Cartan de H
R
. D’apr`es ([4], 1.1.15), il suffit d’exhiber
une repr´esentation r´eelle V de H(R), fid`ele et C-polarisable au sens suiv-
ant: il existe une forme bilin´eaire B sur V , invariante, telle que B(X, CY )
soit sym´etrique et d´efinie positive. On prend V = g pour la repr´esentation
adjointe et B ´egale `a la forme de Killing. Enfin (c) est vrai par hypoth`ese.
EQUIDISTRIBUTION DE SOUS-VARI
´
ET
´
ES SP
´
ECIALES 1577
3.2. Sous-vari´et´esde type de Hodge. On note A l’anneau des ad`eles de Q
et A
f
l’anneau des ad`eles finis. Soit (G, X) une donn´ee de Shimura (G n’´etant
pas n´ecessairement adjoint) et K un sous-groupe compact ouvert de G(A
f
),
on note
Sh
K
(G, X)(C)=G(Q)\X ×G(A
f
)/K
et [x, gK] l’image de (x, gK) ∈ X ×G(A
f
) dans Sh
K
(G, X)(C).
Soit X
+
une composante connexe de X; X
+
est une G
ad
(R)
+
-classe de
conjugaison d’un morphisme h
ad
: S → G
ad
R
et X
+
est un domaine sym´etrique
hermitien. Soit K
∞
le fixateur de h
ad
(
√
−1) dans G
ad
(R)
+
. Soit K
∞,+
la
pr´eimage de K
∞
par l’application adjointe, on a alors un isomorphisme
X
+
G(R)
+
/K
∞,+
G
ad
(R)
+
/K
∞
.(1)
et
Sh
K
(G, X)(C)=G(Q)
+
\X
+
× G(A
f
)/K.(2)
On note encore [x, gK] l’image de (x, gK) ∈ X
+
×G(A
f
) dans Sh
K
(G, X)(C).
Nous aurons besoin de la d´efinition des op´erateurs de Hecke dans ce cadre
(voir par exemple [9, 1.6.1]).
D´efinition 3.3. Soient g ∈ G(A
f
)etK
g
= K ∩gKg
−1
. La correspondence
de Hecke T
g
sur Sh
K
(G, X)(C) est d´efinie par le diagramme
Sh
K
(G, X)(C) ←
π
1
Sh
K
g
(G, X)(C)
π
2
→ Sh
K
(G, X)(C).
o`u π
1
est donn´e par l’inclusion K
g
⊂ K et π
2
est l’application
[x, θ] → [x, θg].
Soit Z une sous-vari´et´edeSh
K
(G, X)(C), on note T
g
.Z le cycle π
2∗
π
∗
1
Z de
Sh
K
(G, X)(C). On dit que T
g
.Z est le translat´edeZ par l’op´erateur de
Hecke T
g
.
Soit R
G,K
un syst`eme de repr´esentants de G(Q)
+
\G(A
f
)/K, alors R
G,K
est fini et
Sh
K
(G, X)=∪
g∈R
G,K
Γ
g
\X
+
(3)
o`u
Γ
g
= G(Q)
+
∩ gKg
−1
.
Si Γ
g
d´esigne l’image par l’application adjointe de Γ
g
on a un isomorphisme
Γ
g
\X
+
=Γ
g
\X
+
o`u les groupes Γ
g
et Γ
g
agissent de mani`ere naturelle via les isomorphismes de
l’´equation (1).
1578 LAURENT CLOZEL AND EMMANUEL ULLMO
On suppose dans la suite de cette section que G = G
ad
est un groupe
adjoint donc que X
+
est une G(R)
+
classe de conjugaison de morphismes de
S → G
R
et Γ
g
= G(Q)
+
∩ gKg
−1
.
Soit (H, X
H
) une sous-donn´ee de Shimura. Si K
H
= K ∩ H(A
f
), on
dispose d’un morphisme induit de vari´et´es de Shimura
ψ :Sh
K
H
(H, X
H
)(C) −→ Sh
K
(G, X)(C).
On choisit alors un syst`eme de repr´esentant R
H,K
de
H(Q)
+
\H(A
f
)/K
H
;
on a donc
Sh
K
H
(H, X
H
)(C)=∪
λ∈R
H,K
Δ
λ
\X
+
H
avec Δ
λ
= H(Q)
+
∩ λK
H
λ
−1
.
D´efinition 3.4. Avec les notations pr´ec´edentes, une sous-vari´et´e de la forme
ψ(Δ
λ
\X
+
H
) est appel´ee sous-vari´et´e de type Shimura de Sh
K
(G, X)(C). Une
composante irr´eductible d’un translat´e par un op´erateur de Hecke d’une sous-
vari´et´e de type Shimura de Sh
K
(G, X)(C) est appel´ee sous-vari´et´edetypede
Hodge.
Le but de cette partie est de d´ecrire les sous-vari´et´esde type de Hodge
dans le langage des espaces localement sym´etriques hermitiens. Le lemme
suivant qui montre la faible diff´erence entre les notions de sous-vari´et´e de type
Shimura et sous-vari´et´e de type de Hodge nous permettra de nous ramener
toujours dans la suite `a des sous-vari´et´esde type Shimura.
Lemme 3.5. Soit M une sous-vari´et´e de type de Hodge de Sh
K
(G, X)(C).
Il existe β ∈ R
G,K
et une sous-vari´et´e de type Shimura M
1
tels que M est une
composante irr´eductible de T
β
.M
1
.
Preuve. Il existe une sous-donn´ee de Shimura (H, X
H
)etλ ∈ G(A
f
) tels
que M est l’image de X
H
× λK dans Sh
K
(G, X)(C). On peut ´ecrire λ = γβk
avec γ ∈ G(Q)
+
, β ∈ R
G,K
et k ∈ K. Soient H
γ
= γ
−1
Hγ et X
γ
la H
γ
(R)-
classe de conjugaison de γ
−1
.x
0
pour un x
0
∈ X
H
,(H
γ
,X
γ
) est une sous-
donn´ee de Shimura et M est aussi l’image de X
γ
× βK dans Sh
K
(G, X)(C).
On en d´eduit que M est une composante irr´eductible de
T
β
.Sh
K∩H
γ
(
A
f
)
(H
γ
,X
γ
)(C).
Lemme 3.6. Pour λ ∈ R
H,K
, il existe un unique β ∈ R
G,K
tel que λ =
γβk avec γ ∈ G(Q)
+
et k ∈ K. On a alors
ψ(Δ
λ
\X
+
H
) ⊂ Γ
β
\X
+
.
EQUIDISTRIBUTION DE SOUS-VARI
´
ET
´
ES SP
´
ECIALES 1579
Preuve. On a pour tout x ∈ X
+
H
ψ([x, λK
H
]) = [x, λK]=[x, γβK]=[γ
−1
x, βK].
Ceci termine la preuve quand on a remarqu´e que les ´el´ements de Δ
λ
\X
+
H
sont
ceux de la forme [y,λK
H
](y ∈ X
+
H
) et ceux de Γ
β
\X
+
sont ceux de la forme
[y, βK] avec y ∈ X
+
.
Fixons x
0
∈ X
+
H
de sorte que
X
+
H
= H(R)
+
.x
0
⊂ X
+
= G(R)
+
.x
0
.
Soient x
1
= γ
−1
.x
0
∈ X et H
γ
= γ
−1
Hγ.OnaH
γ
(R)=γ
−1
H(R)γ et on note
X
H
γ
= H
γ
(R).x
1
la H
γ
(R)-classe de conjugaison de x
1
alors
X
+
H
γ
= H
γ
(R)
+
.x
1
est une composante connexe de X
H
γ
.
On note ψ
λ
l’inclusion naturelle
ψ
λ
: X
+
H
γ
−→ X
+
.
Lemme 3.7. a) L’application ψ
λ
induit par passage au quotient une ap-
plication (encore not´ee ψ
λ
)
ψ
λ
: γ
−1
Δ
λ
γ\X
+
H
γ
−→ Γ
β
\X
+
,
et
ψ
λ
(γ
−1
Δ
λ
γ\X
+
H
γ
)=ψ(Δ
λ
\X
+
H
).
b) On a γ
−1
Δ
λ
γ ⊂ Γ
β
et
γ
−1
Δ
λ
γ = H
γ
(Q)
+
∩ Γ
β
= H
γ
(R)
+
∩ Γ
β
.
Preuve. Comme γ
−1
λ = βk,ona
γ
−1
Δ
λ
γ = H
γ
(Q)
+
∩ βkK
H
β
−1
⊂ Γ
β
.
Ceci prouve `a la fois la premi`ere partie du (a) et du (b). Par ailleurs d’apr`es
la preuve du lemme 3.6
ψ(Δ
λ
\X
+
H
)={[γ
−1
h.x
0
,βK],h∈ H(R)
+
}
d’o`u
ψ(Δ
λ
\X
+
H
)={[h.x
1
,βK],h
∈ H
γ
(R)
+
} = ψ
λ
(γ
−1
Δ
λ
γ\X
+
H
γ
).
Comme Γ
β
⊂ G(Q), on a
H
γ
(Q)
+
∩ Γ
β
= H
γ
(R)
+
∩ Γ
β
,
[...]... section 2 un ensemble de sous-groupes de Lie connexes de e e G(R)+ not´ H Si Ω = Γ\G(R)+ , on a aussi d´fini des ensembles de mesures de probabilit´s e Q(Ω, e) ⊂ Q(Ω) ⊂ P (Ω) D’apr`s la proposition 3.8, une sous-vari´t´ fortement sp´ciale de S0 ase ee e soci´e ` une sous-donn´e de Shimura (H , XH ) de (G, X) est (` translation par e a e a + un op´rateur de Hecke pr`s) l’image d’une vari´t´ de la forme ΔH \XH... suite de mesures canoniques μn sur la sous-vari´t´ sp´ciale Γ ∩ H\Xn n’a pas ee e de sous-suite convergente Preuve On peut tout d’abord supposer que G est adjoint Cela r´sulte e des d´finitions de sous-vari´t´s fortement sp´ciales en termes de la donn´e de e ee e e e e Shimura adjointe (Gad , X ad ) et de compatibilit´s ´videntes pour les mesures canoniques des sous-vari´tes fortement sp´ciales de S et de. .. des suites de tores Hn e e e e d´finissant des points CM De mˆme si (b) n’est pas v´rifi´ pour un groupe HQ , e e e e on peut d’apr`s la condition ´quivalente (b ) trouver une suite zn ∈ ZG (H) telle e e que l’image de zn dans Γ∩ZG (H)\ZG (H)(R) n’a pas de sous-suite convergente Soit α : S → GR se factorisant par HR et Xn la H(R)-classe de conjugaison de e e zn α; alors (H, Xn ) est une sous-donn´e de. .. l’ensemble des paraboliques sur Q est d´nombrable, il existe un e Q-parabolique propre P0 et un ensemble A ⊂ F (R)+ de mesure positive (pour la mesure de Haar sur F (R)+ ) tel que pour tout h ∈ A: ghW h−1 g −1 ⊂ P0 (R) 1584 LAURENT CLOZEL AND EMMANUEL ULLMO Comme l’ensemble des h ∈ F (R)+ tels que ghW h−1 g −1 ⊂ P0 (R) est un sousensemble de Zariski de F (R)+ de mesure positive, par connexit´ de F (R)+... HQ soit un tore, alors l ’image M de ΔH \XH dans S0 est une sous-vari´t´ de type de Hodge ee Preuve La sous-vari´t´ M est totalement g´od´sique dans S0 et contient ee e e un point sp´cial; par les r´sultats de Moonen ([8, thm 4.3]), c’est une souse e vari´t´ de type de Hodge ee 4 Preuve des th´or`mes e e 4.1 Sous-vari´t´s fortement sp´ciales Soient (G, X) une donn´e de ee e e Shimura avec G adjoint,... = λ.x0 , + XHλ la Hλ (R)+ -classe de conjugaison de x1 et ΔHλ = Γ ∩ Hλ (R)+ Alors Hλ + a les mˆmes propri´t´s que H et M est aussi l’image de ΔHλ \XHλ e ee Par ailleurs d’apr`s le lemme 2.3 et la condition c) de Deligne pour les e vari´t´s de Shimura (rappell´ au d´but de la section 3.1), on a H(R)+ ∈ H ee e e + Soit M = ΔH \XH une sous-vari´t´ fortement sp´ciale de type Shimura ee e Soit α ∈ X +... sont des sous-vari´t´s de type Shimura En ee effet par le lemme 3.5, en extrayant au besoin une sous-suite, on peut supposer qu’il existe λ ∈ RG,K tel que Sn est une composante irr´ductible de Tλ Sn pour e une sous-vari´t´ fortement sp´ciale Sn de type Shimura Le r´sultat pour Sn ee e e se d´duit alors de celui pour Sn e ee e Soit donc Sn une suite de sous-vari´t´ fortement sp´ciales de type Shimura de. .. P Ceci est impossible par la propri´t´ (b) des sous-vari´t´s fortement ee ee sp´ciales e 4.3 Preuve du th´or`me On dispose de tous les outils pour d´montrer e e e le r´sultat principal de ce texte: e ´ ´ ´ EQUIDISTRIBUTIONDE SOUS-VARIETES SPECIALES 1585 ´ ` Theoreme 4.6 Soient (G, X) une donn´e de Shimura, K ⊂ G(Af ) un e + une composante irr´ductible de sous-groupe compact ouvert et S = Γ\X e ShK... donc en conjuguant au besoin Hn par un λn ∈ Γ choisir des relev´s par θ convenables βn ∈ XHn,λn e de tn dans un domaine fondamental fixe pour l’action de Γ sur X + Alors la e suite βn −→ β pour un relev´ β convenable de t On peut sans perte de g´n´ralit´ supposer que Hn = Hn,λn On a vu que e e e + ∈ H Pour tout n on note μ la mesure de Q(Ω, e) de support Hn,Q (R) n Γ\ΓHn (R)+ D’apr`s la proposition... aux Groupes Arithm´tiques, Publications de l’Institut de Math´matiques de l’Universit´ de Strasbourg XV, Actualit´s Scientifiques et Induse e e trielles, No 1341, Hermann, Paris, 1969 [2] S G Dani and G A Margulis, Asymptotic behaviour of trajectories of unipotent flows on homogeneous spaces, Proc Indian Acad Sci Math Sci 101 (1991), 1–17 [3] e e P Deligne, Travaux de Shimura, S´minaire Bourbaki, Expos´ . notions de sous-vari´et´e de type
Shimura et sous-vari´et´e de type de Hodge nous permettra de nous ramener
toujours dans la suite `a des sous-vari´et´es de. r´esulte
des d´efinitions de sous-vari´et´es fortement sp´eciales en termes de la donn´ee de
Shimura adjointe (G
ad
,X
ad
) et de compatibilit´es ´evidentes