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Les locutions figuratives dans l enseignement du français langue étrangère FLE

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BỘ GIÁO DỤC VÀ ĐÀO TẠO TRƯỜNG ĐẠI HỌC SƯ PHẠM TP HỒ CHÍ MINH Vũ Triết Minh LES LOCUTIONS FIGURATIVES DANS L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE (FLE) LUẬN VĂN THẠC SĨ KHOA HỌC GIÁO DỤC Thành phố Hồ Chí Minh – 2016 BỘ GIÁO DỤC VÀ ĐÀO TẠO TRƯỜNG ĐẠI HỌC SƯ PHẠM TP HỒ CHÍ MINH Vũ Triết Minh LES LOCUTIONS FIGURATIVES DANS L’ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE (FLE) Chun ngành: Lí luận phương pháp dạy học môn tiếng Pháp Mã số: 60 14 01 11 LUẬN VĂN THẠC SĨ KHOA HỌC GIÁO DỤC NGƯỜI HƯỚNG DẪN KHOA HỌC: TS NGUYỄN THỊ BÌNH MINH Thành phố Hồ Chí Minh – 2016 REMERCIEMENTS Mes remerciements vont tout d’abord ma directrice de mémoire, Madame Nguyễn Thị Bình Minh pour la patience qu’elle m’a témoignée et pour ses judicieux conseils Je tiens exceptionnellement exprimer ma gratitude envers mes anciens professeurs de franỗais : Madame Lan, Monsieur Ph, Madame Trang, Monsieur Tỳ, Madame Hà…à qui je n’ai pas souvent eu l’occasion de dire « merci » pour leur enseignement Qu’ils sachent que je pense eux tout moment Un grand merci mon amie Nguyễn Minh Tú de m’avoir ramené de France les articles de presse pour mon corpus Je remercie également mes amis, mes proches, ma famille, mes collègues pour tous les encouragements, vœux et appuis qu’ils m’ont livrés Merci d’être toujours mon côté J’y tiens beaucoup Enfin et surtout, c’est Monsieur Nguyễn Thức Thành Tín que je voudrais adresser mes reconnaissances sincères Je lui dois tous les soutiens, aussi matériels que spirituels, qu’il m’a constammant apportés C’est lui qui a inspiré ce travail de recherche SOMMAIRE INTRODUCTION CHAPITRE : CADRE THÉORIQUE CHAPITRE : LOCUTIONS FIGURATIVES (LF) 22 CHAPITRE : TENTATIVE DE CLASSIFICATION DES LF 31 CHAPITRE : LF ET LES DIFFICULTÉS EN DIDACTIQUE DU FLE 41 CHAPITRE : VERS UNE APPROCHE D’ACCÈS AUX LF 49 CONCLUSION 64 BIBLIOGRAPHIE 68 SITOGRAPHIE 70 ANNEXE - Liste des LF relevées 71 ANNEXE : Recueil de textes 76 INTRODUCTION De nos jours, le monde entre dans l’ère de mondialisation, ouvrant ainsi de nouveaux horizons pour tous ceux qui y trouvent leurs comptes, et ce, dans de multiples domaines Partout dans le monde, cela entrne une intensification inédite du besoin de communiquer entre différents mondes et cultures Il est devenu inévitable que les langues, qui assurent le rôle primordial du premier outil d’échanges, s’apprennent de plus en plus À part l’omniprésence de l’anglais, d’autres idiomes se portent bien aussi Le franỗais, par exemple, continue son essor dans tous les sens et ne cesse de voir multiplier le nombre d’apprenants dans le monde entier Étant dans le monde francophone depuis quelques temps et actuellement enseignant de la filière du tourisme au Dộpartement de Franỗais Universitộ de Pộdagogie de Ho Chi Minh-Ville (UP), je me spécialise désormais en didactique du franỗais langue ộtrangốre (FLE) Lộtablissement oự je travaille accueille dorénavant chaque année une centaine d’étudiants venant faire leurs études dans les filières : pédagogie, interprétation-traduction et tourisme Tous les curriculums ont été élaborés avec pour objectif de former chez les étudiants non seulement une mtrise solide de la langue franỗaise mais aussi des connaissances pratiques en lien avec leurs futurs parcours professionnels et d’autres savoirs culturels et socioculturels La question que je me pose toujours est comment améliorer l’autonomisation dans l’apprentissage des étudiants du département En m’exposant un usage journalier de la langue franỗaise, je constate une forte fréquence d’apparition des locutions figuratives (LF) Ces termes fortement expressifs renvoyant une certaine réalité dans la vie courante peuvent se retrouver dans de nombreux textes qui appartiennent aux domaines variés : politique, économie, tourisme, éducation, sport, etc Ils favorisent la compréhension du sens de la phrase d’une part et de l’autre, lui donnent une valeur ajoutée d’expressivité Une bonne mtrise et un usage adéquat de ces expressions produisent par conséquent des effets stylistiques au niveau de la production orale et écrite de la langue et aident les étudiants mieux se l’approprier Cependant, elles seraient aussi une source de difficultés pour ceux qui ne s’y sont pas familiarisés, en leur posant certainement des problèmes au niveau de la compréhension En effet, un savoir purement linguistique dans bien de cas semble ne guère suffire pour clarifier le sens d’une telle tournure Il faut que l’apprenant ou le locuteur, en plus, soit armé d’autres connaissances relatives des faits historiques, l’étymologie de l’expression, et parfois même d’une pure imagination afin d’en déduire le sens Le problème s’avère d’autant plus compliqué pour un étudiant non natif Or, ce sujet est presque toujours mis l’écart jusque-là lors des cours de langue, ce qui empêche d’ailleurs la progression vers une autonomisation de l’apprentissage des étudiants D’où la nécessité de concocter une (des) approche(s) et des types d’activités appropriés visant transmettre ce contenu bien délicat dans les classes de langues Dans le cadre des études du Master de la didactique du FLE, j’ai décidé d’aborder cette problématique dans mon mémoire de fin d’études, intitulé « Les locutions figuratives dans l’enseignement du franỗais langue ộtrangốre ằ Par quels termes peut-on dộfinir une LF et quelles en sont les caractéristiques ? Ces tournures pourraient-elles d’une manière ou d’une autre être catégorisées ? Y aurait-il un lien, puisqu’on est en pleine approche interculturelle dans le monde didactique, avec la question culturelle ? Est-ce que l’empreinte de la mentalité et d’une certaine idéologie du peuple franỗais porte une influence sur la maniốre dont se construisent des LF ? Les LF sont-elles vraiment nécessaires pour une maợtrise de la langue franỗaise ? Que faire pour guider les étudiants vers une acquisition de ces expressions ? Telles sont quelques questions de départ que je me pose en initiant ce mémoire et partir desquelles j’ai essayé de cerner la problématique Vu les conditions de réalisation et ma capacité de recherche, mes questions de recherche sont les suivantes : 1- Comment définir et catégoriser les LF ? 2- Comment en faire une pratique dans la compréhension et la production du franỗais chez les ộtudiants ? Je tente par la suite d’avancer quelques pistes hypothétiques pour cette recherche Il est clair que les LF sont composées dans la plupart des cas d’au moins deux parties du discours (verbes, substantifs, adjectifs, prépositions ) À mon intuition, il faudrait parmi ces dernières, en avoir forcément une qui joue le rôle de ô piốce maợtresse ằ, une sorte de ô noyau dur » autrement dit, autour duquel pivote le sens de toute l’expression Il s’agit des mots-clés partir duquel un intéressé doit lancer sa recherche sur internet ou dans un dictionnaire pour retrouver l’expression tout entière Cette réflexion jette les bases pour une tentative de classification que nous essayerons de proposer Du point de vue didactique, puisqu’on en parle également dans le cadre de ce mémoire, je présume qu’il existe des pistes plus ou moins propices pour aborder ce sujet dans les cours de franỗais En ce qui concerne la méthodologie de recherche, le cadre théorique sera abordé en premier lieu Il s’agira des observations des auteurs connus en lexicologie, sur la base desquelles j’essayerai d’affiner une définition de ce qu’est une LF Dans un second temps, je compte en dégager des traits caractéristiques et ainsi procéder une éventuelle analyse des fins typologiques Ce travail d’analyse partira d’un recueil de textes comprenant des articles de journaux franỗais et dont les critères de sélection seront précisés ultérieurement Sera traitée aussi la question de distinction entre LF et autres locutions figées, ces deux catégories ayant bien évidemment des points communs Finalement, nous pensons proposer quelques démarches pédagogiques pour bien exploiter cette question dans le contexte des classes de langue Nous espérons que cette recherche aidera clarifier certaines questions encore floues jusque-là concernant des LF et que, ce faisant, elle contribuera perfectionner la maợtrise de la langue franỗaise chez les ộtudiants de notre Dộpartement de Franỗais Non seulement des étudiants mais également enseignants, locuteurs et tous ceux qui sont désireux d’enrichir sa langue pourront s’en servir CHAPITRE CADRE THÉORIQUE Dans ce chapitre, nous présenterons des notions liées l’objet de ce mémoire qu’est la locution figurative (LF) Pour traiter ce sujet sans doute complexe, nous nous proposons tout d’abord d’étudier le figement lexical, phénomène linguistique en lien étroit avec les locutions et ensuite, de faire une analyse terminologique pour mieux distinguer les termes locution, expression, idiomatique, figuré, figuratif, imagé 1.1 Figement lexical Qui dit expression ou locution, dit figement Le terme s’avère essentiel pour toute notre étude Nous tenons tout d’abord examiner ce concept de base qui a également fait l’objet de plusieurs études antérieures 1.1.1 Définitions - Selon DUBOIS : Dans leur Dictionnaire de linguistique, DUBOIS et ses collègues caractérisent le processus de figement d’une unité lexicale par la soudure en bloc de ses constituants et l’apparition d’un sens nouveau, syncrétique de celle-ci, lequel n’équivaut plus l’addition sémantique compositionnelle, cumulée des éléments formant l’unité Le figement est le processus par lequel un groupe de mots dont les éléments sont libres devient une expression dont les éléments sont indissociables Le figement se caractérise par la perte du sens propre des éléments constituant le groupe de mots, qui appart alors comme une nouvelle unité lexicale, autonome […], indépendant de ses composantes Ainsi, pomme de terre ou petit pois peuvent commuter avec carotte et navet, chemin de fer avec route et air Le mot heur, autrefois autonome, a perdu son indépendance syntaxique et son sens premier (présage, chance) cause de la fréquence des syntagmes bon heur et mal heur qui ont fini par constituer des mots (DUBOIS J et al., 2002 : 202) - Selon GROSS : GROSS définit le figement d’un groupe de mots la fois sur le plan syntaxique et sémantique Il y voit deux traits spécifiques : blocage des propriétés transformationnelles et opacité sémantique Syntaxiquement, alors que les séquences ordinaires ou les syntagmes libres se caractérisent par les propriétés transformationnelles1 la fois sur l’axe paradigmatique et syntagmatique, les groupes figés les refusent L’opacité sémantique est le fait que l’addition des sens des éléments qui composent la séquence n’est pas égale sa signification globale Une séquence est figée du point de vue syntaxique quand elle refuse toutes les possibilités combinatoires ou transformationnelles qui caractérisent habituellement une suite de ce type Elle est figée sémantiquement quand le sens est opaque ou non compositionnel, c'est-à-dire quand il ne peut pas être déduit du sens des éléments composants (GROSS G., 1996 : 154) - Selon MORTUREUX : MORTUREUX, dans son ouvrage La lexicologie entre langue et discours, a même consacré un chapitre ce phénomène qu’elle appelle figement lexical Elle définit le domaine du figement lexical par trois critères : Les opérations transformationnelles sont celles de déplacements ou de permutation (réarrangement des constituants), de substitution (un constituant se voit remplacer par un autre, cela revenant l’effacer et mettre sa place un autre constituant) et d’addition Les tests de transformation correspondants sont essentiellement ceux de commutation et de permutation : - La commutation est donc l’opération par laquelle le linguiste vérifie l’identité paradigmatique de deux formes de la langue Le test de commutation […] est exploité plus largement par la grammaire moderne : dans la description linguistique utilisant l’intuition linguistique du locuteur natif on se sert de la commutation pour vérifier l’ensemble des contraintes séquentielles - On appelle transformation de permutation l’opération consistant faire permuter, sans modification de sens et dans certaines conditions, les constituants d’une phrase Ainsi, il y a permutation de l’attribut dans la phrase Telle était sa réponse, pour Sa réponse était telle (voir DUBOIS J et al., 2002) MORTUREUX M.-F., 2008 : pp 103-111 - Figement référentiel : les séquences figées sont connues et spontanément interprétées par les francophones qui leur donne un sens conventionnel Il s’agit de l’arbitrarisation du sens global - Figement transformationnel : c’est le figement sous point de vue syntaxique Casser la figure quelqu’un (exercer des violences contre quelqu’un) et se casser la figure (faire une chute, tomber), sont considérées par certains comme identiques puisque syntaxiquement, la seconde phrase constitue la construction pronominale de la première En réalité, aucune relation syntaxique ni sémantique n’est constatée entre elles - Figement sémantique : le blocage de la commutation au sein de la séquence entre un mot et l’un de ses synonymes Une commutation forcée donnera une séquence peu interprétable o casser la figure quelqu’un  *briser la figure quelqu’un ou encore *casser le visage quelqu’un, o être dans ses petits souliers  *être dans ses petites chaussures Plus concrètement, il s’agit d’un processus de fixation (stabilisation) entre séquence signifiante et une signification, qui résulte une unité composée de plusieurs mots graphiques mais sémantiquement monolithique (codage lexical) Le sens véhiculé par l’ensemble de la séquence n’a rien voir avec le contenu sémantique détenu par chaque élément la constituant Ainsi, quelqu’un casse sa pipe ne veut pas dire que la personne tient la pipe dans sa main et l’a cassée ensuite mais la locution casser sa pipe est synonyme de mourir Le sens de la séquence figée est bien son sens global, contrairement aux syntagmes réguliers (ou libres) dont le sens est compositionnel S’agissant de la catégorisation des figements, MORTUREUX parle d’une diversité catégorielle Selon elle, syntagmes, conjonctions, prépositions, expressions… peuvent être tous concernés par ce processus et deviennent figés 82 TEXTE : LES TROIS ÉCOLOGIES D’une manière générale, on peut observer que partout où les débats théoriques sur l’écologie ont pris une forme philosophique cohérente, ils se sont structurés en trois courants bien distincts, voire tout fait opposés dans leurs principes mêmes, quand la question directrice des rapports de l’homme et de la nature Le premier, sans doute le plus banal, mais aussi le moins dogmatique, parce que le moins doctrinaire, part de l’idée qu’à travers la nature, c’est encore et toujours l’homme qu’il s’agit de protéger, fût-ce de lui-même, lorsqu’il joue les apprentis sorciers L’environnement n’est pas doté ici d’une valeur intrinsèque Simplement, la conscience s’est fait jour détruire le milieu qui l’entoure, l’homme risque bel et bien de mettre sa propre existence en danger et, tout le moins, de se priver des conditions d’une vie bonne sur cette terre C’est dés lors partir d’une proposition qu’on peut dire « humaniste », voire anthropocentriste, que la nature est prise, sur un mode seulement indirect, en considération Elle n’est que ce qui environne l’être humain, la périphérie, donc, et non le centre A ce titre, elle ne saurait être considérée comme un sujet de droit, comme une entité possédant une valeur absolue en elle-même La seconde figure franchit un pas dans l’attribution d’une signification morale certains être non humains Elle consiste prendre au sérieux le principe « utilitariste » selon lequel il faut non seulement rechercher l’intérêt propre des hommes, mais de manière plus générale tendre diminuer au maximum la somme des souffrances dans le monde ainsi qu’à augmenter autant que faire se peut la quantité de bien-être Dans cette perspective, très présente dans le monde anglo-saxon où elle fonde l’immense mouvement dit de « libération animale », tous les êtres susceptibles de plaisir et de peine doivent être tenus pour des sujets de droit et traités comme tels A cet égard, le point de vue de l’anthropocentrisme se trouve déjà battu en brèche, puisque les animaux sont désormais inclus, au même titre que les hommes, dans la sphère des préoccupations morales La troisième forme est […] la revendication d’un droit des arbres, c’est-à-dire de la nature comme telle, y compris sous ses formes végétale et minérale Gardons-nous de céder trop vite l’esprit de dérision Non seulement elle tend devenir l’idéologie dominante des mouvements « alternatifs » en Allemagne et aux États-Unis, mais c’est elle aussi qui pose dans les termes les plus radicaux la question de la nécessaire remise en cause de l’humanisme Luc Ferry, Le Nouvel Ordre écologique : l’arbre, l’animal et l’homme, Grasset, 1992 83 TEXTE : LE BACCALAUREAT, « BAROUD D’HONNEUR » ET « CLE POUR L’AVENIR » Le bac ne sert rien, ne vaut plus rien ; tout le monde l’a… Chaque année, c’est le refrain en juin au moment des épreuves S’ensuit le sempiternel débat : faut-il supprimer le bac ? Pourtant, après plus de deux cents ans d’existence, le monument national de lộcole franỗaise tient toujours debout Longtemps rộservộ une élite, il est désormais un passage obligé pour près de 80 % d’une classe d’âge (tous bacs confondus) Et 87 % des élèves de terminale obtiennent le diplôme La « génération 1998 » s’apprête passer la 207e édition du baccalauréat Tous les candidats en sont conscients : avec l’élévation du niveau d’éducation, l’examen n’est plus une garantie d’entrée dans le monde du travail Il n’est pas une fin en soi, mais la clé qui ouvre la porte de l’université A travers un appel témoignages – mais aussi au gré des rencontres –, nous avons interrogé des candidats sur ce que le bac signifie pour eux Parfois banalisé, il reste pour beaucoup d’élèves le diplôme qui vient couronner des années d’efforts et sans lequel rien ne serait possible Très tôt, ils ont entendu parler du bac comme le but ultime atteindre « C’est la finalité qu’on nous brandit souvent dès le collège, témoigne Ulysse, en terminale scientifique (S) au lycée Louis-le-Grand, Paris Les enseignants nous effraient un peu : ô Si vous ộcrivez comme ỗa, les profs ne corrigeront pas » Quoi de plus normal, puisque le bac – la fois diplôme de fin d’études secondaires et premier grade universitaire est conỗu comme la clé de voûte des années collège et lycée : c’est lui qui détermine tout l’enseignement depuis la 6e Prépa sur dossier Au moment de le passer, les candidats sont-ils impressionnés par ce qu’on leur a souvent présenté comme le Graal ? Pour beaucoup, cette vision est dépassée « Le bac ne me fait pas vraiment peur, confie Sylvain, qui passe un bac S Vierzon (Cher) Le plus stressant, c’est APB » Ces trois lettres désignent le système d’admission des élèves dans les études postbac Une semaine avant le début des épreuves, le juin, le logiciel a indiqué 86 % d’entre eux une proposition d’affectation dans le supérieur, avant un deuxième et un troisème tour Sylvain a été accepté dans une classe préparatoire scientifique sur la base de son dossier scolaire : ses bulletins de notes de 1re, les deux premiers de terminale, et ses résultats aux épreuves anticipées « Depuis mars, nos résultats n’ont plus d’incidence sur l’orientation, pas plus que n’en aura le bac Que j’ai 19 ou 12, cela ne changera rien ; les dés sont jetés ! » Le futur bachelier, prêt faire ses bagages pour Paris, accorde plus d’importance au permis de conduire : « Il me sera plus utile » Le bac, simple formalité ? S’il reste un laissez-passer indispensable pour entrer dans le supérieur, le bac ne détermine donc pas l’orientation Le nez dans les révisions, beaucoup ont déjà en tête leurs années postbac « Ici, on ne prépare pas vraiment au bac, mais aux classes prépa Concrètement, le bac ne me sert rien, j’ai déjà une place en prépa », estime Ulysse Autour de lui, ce qui compte, c’est plutơt la note et la mention « Certains visent 15, d’autres au-delà de 18, voire de 20 ! Mais c’est seulement un baroud d’honneur ! » 84 A côté de ces candidats plus ou moins indifférents, le bac reste pour certains, notamment ceux dont les parents n’ont pas le diplôme – quasiment la moitié d’entre eux, selon l’Insee –, un diplơme très symbolique Loin de « ne servir rien », il leur appart plutơt comme le sésame sans lequel leur avenir semble compromis « Le bac, c’est super important ! On est obligés de l’avoir, sinon on ne peut rien faire, ni ộtudes ni travail Cest pour ỗa qu’on a tous révisé ! », témoigne Louis, en terminale S Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), qui intégrera la fac d’histoire de la Sorbonne dans l’idée de devenir professeur Dans sa famille, il est le premier passer le bac « Aujourd’hui, le bac, c’est une clé pour l’avenir », estime-t-il A cette pression s’ajoute parfois celle des parents, proportionnelle l’espoir qu’ils placent en leur enfant C’est le cas chez Donia (le prénom a été modifié) en terminale S dans un lycée parisien réputé, quatrième d’une fratrie de sept enfants – avec trois aợnộs qui ont passộ un bac pro ô J’ai l’impression que toute ma famille passe le bac avec moi ! C’est encourageant et stressant la fois, confie la candidate Pour mes parents, le bac est très important Eux qui n’ont pas eu la chance d’avoir cette éducation, ils le considèrent comme un symbole d’excellence, la fois la consécration de tout ce que j’ai fait et l’accès vers des hautes études » A l’approche de l’échéance, cette future bachelière de « première génération » se rend compte qu’on lui a un peu « survendu » l’examen : « Oui, c’est important, mais je le vois plus comme le péage pour entrer sur l’autoroute que le point d’arrivée » Force symbolique Un péage qui garde cependant, aux yeux de tous, sa force symbolique Le bac marque la fin d’un cycle, le début d’autre chose Il est un rite de passage, avec tout le cérémonial autour : l’inscription, les révisions, les résultats qu’on va voir devant le lycée bien qu’ils soient publiés en ligne… « C’est une étape, le passage de la vie d’ado la vie d’adulte », résume Adam, en terminale technologique STI2D Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), qui, début juillet, devrait décrocher, en deux jours, le bac, le permis de conduire et la majorité S’ajoutent aussi, pour d’autres, la séparation avec les parents, avec la ville d’origine, l’indépendance et les responsabilités qui vont avec C’est sans doute parce qu’il est ce rituel vécu par des générations avant eux, mais aussi une reconnaissance de leur travail, qu’aucun des lycéens interrogộs ne conỗoit lidộe de le supprimer Ils ne sont toutefois pas fermés l’idée de le rénover, bien au contraire Pour Adam, « il faudrait peut-être avoir une liste de contrôles continus, pour ne pas être jugé sur une seule semaine » Et pourquoi pas changer les épreuves ? « On apprend par cœur des connaissances qu’on recrache l’examen, au lieu d’être évalué sur notre réflexion, déplore Nathan, en terminale ES Paris, qui, en passant cette année le concours de Sciences Po, s’est rendu compte que le bac n’était pas si exigeant « C’est quelque chose d’assez ancien, estimet-il, il n’est pas adapté notre société » Tous en conviennent : donner un coup de jeune au vieux parchemin permettrait de lui donner plus de sens LE MONDE | 13.06.2016 11h11 • Mis jour le 15.06.2016 06h00 | Par Aurélie Collas 85 TEXTE : DIMANCHE : «YES WEEK-END!» Déplafonnement des heures supplémentaires, fin des RTT et des jours fériés, disparition du repos compensateur, possibilité de travailler jusqu’à 70 ans… Depuis deux ans, la liste des reculs sociaux, présentés comme des avancées du modernisme, ne cesse de crtre Mais elle pourrait encore s’allonger avec la fin annoncée du repos dominical des salariés Plus de deux siècles de luttes sociales sont ainsi effacés en quelques traits de plume Loin de la prudence demandée deux reprises par le Conseil économique et social (CES) sur ce sujet en 2007, le gouvernement matraque une nouvelle fois le code du travail, officiellement au nom de la croissance contre la crise En réalité, depuis des années la majorité souhaite supprimer le repos dominical Cette proposition de loi révèle la vision mercantile inquiétante de la droite Il s’agit d’une triple erreur : économique, politique et sociétale Une erreur économique tout d’abord L’augmentation attendue de 30 % du chiffre d’affaires des commerces est mensongère Elle repose sur quelques cas d’entreprises hors-la-loi qui ouvrent le dimanche, avec la complicité et les encouragements du gouvernement Un comble en matière de civisme ! Mais qui peut croire qu’une ouverture généralisée des commerces conduirait une augmentation globale du chiffre daffaires du commerce franỗais ? Les Franỗais ne dộpenseront pas le dimanche largent qui leur manque la semaine Au mieux, les achats dominicaux se substitueront aux achats de la semaine, sans gain pour l’économie comme le montre le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) dans un rapport commandé par Bercy et publié en novembre 2008 Loin des créations d’emplois annoncées, c’est plutôt une destruction d’emplois qui nous attend, et particulièrement ceux du commerce de proximité L’ensemble des organisations patronales de l’artisanat et du commerce de proximité l’a compris Il en va de la survie de leurs entreprises A chiffre daffaires ộgal, les artisans et les commerỗants de proximitộ emploient trois fois plus de personnel que la grande distribution Autre souci pour le gouvernement : les études économiques montrent que l’ouverture dominicale augmente les prix Ouvrir un dimanche coûte trois fois plus cher qu’ouvrir un jour de semaine : charges salariales, frais de communication, charges de fournisseurs augmentées par les prestations dominicales L’ouverture des commerces le dimanche entrnera donc un surcoût des prix chiffré % minimum, même pour ceux qui achètent en semaine Une erreur politique ensuite Le gouvernement dộcrốte que les Franỗais veulent cette rộforme Ils attendraient louverture dominicale Cest faux Dans les sondages, les Franỗais expriment des avis très partagés Parfois favorables en tant que consommateurs, ils sont bien plus réservés en tant que salariés…Manifestement, l’apport du travail dominical est contesté par ceux qui le subissent Les pauvres devront travailler toujours plus pour vivre, tandis que les autres pourront choisir de jouir de leur temps libre Mettre en avant la liberté et le volontariat du personnel traduit une réelle méconnaissance de l’inégalité de la relation employeur salarié, accrue en cette période de crise et de hausse du chômage Il faut le rappeler : le contrat de travail est un contrat de subordination Le salarié ne s’embauche pas, ne se licencie pas, ne se distribue pas des primes et 86 ne s’accorde pas des jours de RTT La majorité des salariés de la grande distribution est composée de mères de famille, employées temps partiel pour un salaire net mensuel de 750 euros Dans ces conditions, a-t-on la liberté de dire non pour venir travailler le dimanche ? Si le gouvernement veut augmenter le pouvoir d’achat de ses concitoyens, c’est par la revalorisation des salaires qu’il devra le faire, et non par des primes aléatoires ! Mais ce texte ne se heurte pas seulement l’ensemble de la gauche, aux organisations syndicales, aux associations familiales et aux responsables des cultes Il trouve aussi des opposants dans la majorité, et non des moindres L’actuelle ministre de l’Economie, Christine Lagarde, avait ellemême émis des réserves ce sujet, signalant qu’elle trouverait «dommage que le dimanche devienne un jour comme les autres» Cette opposition massive vient de la prise de conscience que cette réforme est aussi et enfin, une erreur sociétale La loi de 1906 a fait société Elle a permis la France de développer un modèle envié de qualité de vie Nicolas Sarkozy a décidé de la détruire avec sa «politique de civilisation» Une extension de l’ouverture dominicale des commerces entrnerait des modifications substantielles dans l’organisation du fonctionnement de la société Nombre d’autres professions et notamment les services publics, les services la personne (ouverture de crèches pour garder les enfants…), les services de logistique, de technique ou de maintenance seront touchés L’ensemble des corps de métiers serait touché et c’est toute l’organisation de la société qui serait revoir Demain, le dimanche sera un jour de travail banal Pourquoi le payer plus alors ? Au lendemain du Grenelle de l’environnement, c’est aussi un recul formidable auquel nous assistons Les grandes surfaces sont parmi les activités les plus énergivores, les plus polluantes : éclairages puissants entièrement artificiels, chauffages ou climatisations de volumes immenses, vastes rayons de réfrigération ouverts ou souvent manipulés Il n’est fait aucune étude sur l’impact environnemental de la loi Cette conception de la vie est une véritable menace pour la sphère familiale, amicale, culturelle, sportive, spirituelle ou associative Nous refusons que la civilisation du supermarché remplace la civilisation du loisir La citoyenneté ne se résume pas l’acte de consommation Quelle vie privée, quelle vie de famille sans jour de repos hebdomadaire commun, alors que justement nos sociétés souffrent déjà d’une déstructuration des liens sociaux ? Au «travailler plus, pour gagner plus» qui a montré son injustice depuis deux ans, les députés de toute la gauche (socialistes, radicaux de gauche, communistes et verts) opposent le «travailler mieux, pour gagner mieux» du prix Nobel de l’économie Joseph Stiglitz Nous défendrons avec la plus grande énergie notre conception de la société et de la vie, lors du débat au Parlement Christian ECKERT, Jean-Marc AYRAULT, Gérard CHARASSE, Noël MAMÈRE et Roland MUZEAU 11 décembre 2008 87 TEXTE : HALTE AU HARCELEMENT FAXUEL ! La technologie permet désormais de communiquer instantanément (par la voix, l'écrit et l'image) travers toute la planète Les limites entre vie privée et vie professionnelle disparaissent peu peu, rognées par le télécopieur ou le téléphone portable Et les hommes - harcelés par l'information - doivent s'inventer des défenses originales 656h73g contre ces nouveaux despotismes Les trains grande vitesse, qui sillonnent désormais l'Europe, déforment l'espace-temps des pays traversés et dessinent de leurs réseaux la nouvelle géographie de l'an 2000 L'été dernier, Gilles a acheté une voiture d'un modèle plus spacieux pour partir en vacances Le poisson rouge, les planches voile, la télévision, le chien, les enfants et sa femme prenaient pourtant toujours place Mais cette fois-ci, il y eut deux invités supplémentaires, plutôt encombrants, faisant l'objet de soins méticuleux: un fax et un micro-ordinateur portable qui exigent d'être l'arrière Accueillis avec des cris de joie, « quand il pleuvra, les enfants pourront se servir du micro », les deux nouveaux venus furent très vite victimes d'un rejet total « Papa joue plus avec eux qu'avec nous », fut le sentiment général [… ] L'absence de frontière entre maison et bureau a toujours caractérisé certaines professions Journalistes, universitaires, professeurs, écrivains ont rarement une notion sacro-sainte du repos dominical et ne posent pas souvent le stylo 18 h 30 Le fait d'être hors de toute hiérarchie, d'effectuer un travail de dossiers et de réflexion, a supprimé l'idée même d'un lieu de travail On peut écrire ou réfléchir sur un banc public, dans un café, la plage ou la montagne Mais, la nouveauté, avec l'arrivée des téléphones mobiles, des Alphapage, des télécopieurs, fait qu'un nombre croissant de salariés, autrefois l'abri, sont sollicités, n'importe où et n'importe quand Les cadres supérieurs habitués la mondialisation des échanges savent depuis longtemps que, pour joindre un client japonais ou américain, il faut téléphoner heures du matin, décalage horaire oblige Mais même des cadres plus modestes, qui n'en demandaient pas tant, sont présent touchés par le harcèlement faxuel Sachant qu'il existe en France 450.000 téléphones mobiles et que 1% de la population en est équipée, on évalue 30% les salariés poursuivis dans leur intimité par les moyens modernes de communication Responsables: la hiérarchie et les organisations flux tendu, où il faut des réponses immédiates Les foyers de célibataires ou de personnes seules ressentent cette intrusion de leur entreprise dans leur vie privée très différemment d'un père ou d'une mère de famille chargée d'enfants Ceux qui travaillent domicile savent bien les trésors d'ingéniosité qu'il leur faut déployer pour faire respecter par leur entourage une zone de tranquillité pour l'exercice de leur profession Lorsque les progrès techniques (ou les contraintes) ne tracent plus de frontière 88 entre le bureau et la chambre, un ras-le-bol risque de s'installer En vacances, un coup de fil ỗa va, tous les jours, bonjour les dégâts L'ambigụté de ce « progrès » se voit par le mode d'utilisation détourné et inattendu du répondeur téléphonique Créé pour prendre les messages pendant l'absence du destinataire afin que ce dernier ne soit jamais déconnecté, il joue présent le rôle de filtre pour ceux qui, restant chez eux proximité de l'appareil, ne veulent pas être dérangés Astuce pour aller vite et gagner du temps, c'est devenu une astuce pour ne pas être joint Troublante technologie qui règle un problème que la technologie a posé Il est temps, grand temps d'inventer un nouveau code, une nouvelle déontologie, qui ne fasse pas de ces appareils des tyrans Faute de quoi, de bons serviteurs ils deviendraient de mauvais mtres Liliane Delwasse, Le Monde, 24.2.1993 Le Nouveau Sans Frontières Perfectionnement, pp 12-13 VASSAL J., 1994, Le Nouveau Sans Frontières Perfectionnement, CLE International, Paris 160 pages 89 TEXTE : HOMME/MACHINE : LE DIALOGUE DE SOURDS Toujours plus sophistiquées et plus compliquộes, les machines - conỗues pour pallier linsuffisance humaine - peuvent devenir source de frustrations et d'accidents graves Faut-il regretter «le bon vieux temps» et renoncer en bloc aux retombées de la science ? Au cours de sa descente sur ľaéroport de Strasbourg, l'Airbus A 320 d'Air Inter s'écrase soudain sur les flancs du mont-Saint-Odile 87 morts [ ] L’homme chargé de piloter la machine a perdu le contrôle de cette dernière, faute de savoir lui communiquer ses ordres Pourtant, l'A 320 est un petit bijou de l’aéronautique, l'avion de ligne le plus sophistiqué actuellement en service Dans son cockpit, rien n'a été laissé au hasard Toutes les commandes sont gérées par des logiciels impitoyables : aucune erreur n'est possible À tel point que sur ses A 320, Air Inter avait supprimé ses dispositifs d'alarme de proximité du sol, désormais inutiles Justement : l'avion est trop parfait Les pilotes regrettent de ne plus sentir dans son manche balai (il n'y en a pas) les vibrations de l'appareil Ils se sentent dépossédés de leur métier Et leur vigilance se relâche Cette maladie provoquée chez l'homme par le contact avec les machines, et par les frustrations que provoque notre dialogue avec ces engins de plus en plus complexes, porte désormais un nom : la « technopathie » La technopathie se traduit souvent par une peur de la machine, une paralysie devant ses réactions D'où des blocages, une perte de confiance en soi face ces claviers, écrans, boutons, et une inhibition des possibilités d'apprentissage [ ] Cela peut surtout s'avérer dangereux quand on est responsable de la sécurité de quelques centaines de passagers ou de la population voisine d'une centrale Ce n'est donc pas par hasard que l’aéronautique et le nucléaire sont les deux secteurs où les rapports de l’homme avec la machine sont le plus étudiés par de nombreux spécialistes : médecins, psychologues, ergonomes, sociologues, etc [ ] N'allons pas croire pour autant qu'on est l’abri de la technopathie quand on ne pilote ni un avion ni une centrale nucléaire : aujourd’hui, la machine est partout, et de plus en plus complexe (donc intimidante) Dans tous les secteurs d’activités, des millions de gens travaillent désormais devant un ordinateur Dans la vie quotidienne, qu'il s'agisse de payer son parking, de retirer de l’argent, d'acheter un billet de train, d'innombrables transactions passent par un automate plus ou moins capricieux De plus, de très nombreuses industries, mêmes banales - la chimie, la pharmacie ou le pétrole - font appel des dispositifs électroniques dont la complexité n'a parfois rien envier aux tableaux de bord des Airbus [ ] Pour nous permettre de vivre en harmonie avec des machines de plus en plus complexes, les spécialistes acceptent désormais de considérer que les hommes ne sont pas seulement des êtres rationnels Qu'ils sont aussi, pour une grande part, et contrairement aux machines, sentimentaux, affectifs, bourrés de manies, attaches ä leurs souvenirs Nouvelles venues dans cette grande aventure de la technique, les sciences humaines vont permettre l’ergonomie de 90 ne plus se contenter d'une optimisation technique des objets, ou de l'art de placer les boutonspoussoirs au bon endroit Destinés dialoguer avec les humains, les objets, défaut d’avoir une âme, doivent au moins nous rappeler la nôtre Fabien Gruhier, Phosphore, décembre 1992 (Le Nouveau Sans Frontières Perfectionnement, p 26) 91 TEXTE : POURQUOI POKEMON GO NOUS REND FOUS Si vous n'avez pas entendu parler de Pokémon Go, c'est que vous vivez sûrement sur une autre planète ou bien que votre lieu de villégiature est coupé d'Internet et de tout moyen de communication Pokémon Go, c'est ce jeu vidéo qui provoque des cohues New York, pousse ses adeptes marcher des dizaines de kilomètres en un week-end ou louer des kayaks pour rejoindre une arène postée au large Nintendo vient de sortir cette application magique qui fait appartre les petites créatures japonaises un peu partout dans les rues ou dans des lieux plus exotiques grâce la réalité augmentée Le but : les capturer avec son smartphone ou plutôt sa pocketball Sa sortie a été retardée en France en raison de l'attentat de Nice, mais le jeu est dộj un phộnomốne (les Franỗais y jouent en se connectant au serveur des autres pays, une manipulation assez simple), qui effraie même la gendarmerie nationale ! Pourquoi sommes-nous accros ces Pokémon ? Tentative d'explication avec deux psychologues « Notre rêve d’enfant est portée de main » La génération des trentenaires a découvert les Pokémon dans les cours de récré Souvenezvous de ce travail de longue haleine – qui demandait parfois plusieurs heures de récréation – pour qu'enfin notre copain troque son Bulbizarre contre notre Dracaufeu ! Et la fébrilité avec laquelle on déchirait les paquets de cartes pour découvrir si oui ou non s'y trouvait le Voltali qui manquait notre collection Pokémon Go a ravivé la nostalgie chez tous ceux qui ont aimé ces petites bébêtes japonaises « Pokémon Go, c'est reprendre le jeu de notre enfance, explique le psychologue Yann Leroux Ceux qui ont trente ans ont rêvé de capturer ces créatures et de s'en rendre mtres Avec ce jeu vidéo, le rêve est portée de main » « Collectionner des Pikachu nous donne l'impression de diriger notre vie » Contrôler ses émotions, son temps, son poids, ses relations Dans un monde que l'on qualifie de plus en plus souvent d'instable, la mtrise est une attitude qui rassure Et figurez-vous que Pokémon Go n'exprime rien d'autre que notre dộsir de maợtrise ô Les gens qui ont des collections accumulent les choses, les rangent, les organisent, c'est intéressant, car cela nous donne l'impression de diriger notre vie On est jeté dans le chaos du monde et le contrôle est une source de plaisir », poursuit le psychologue, auteur du blog Psy & Geek On ne peut pas mtriser toute notre vie En revanche, on peut faire ce que l'on veut de ces créatures « On met la main dessus, on les fait grandir, on les abandonne Vous êtes mtre d'un Pikachu et, un jour, vous jugez qu'il n'est plus digne d'intérêt, vous l'abandonnez On ne peut pas avoir la mtrise totale de son partenaire par exemple Par contre, il est possible d'obtenir toute la gamme des Pokémon » C'est en effet bien moins sorcier qu'une relation amoureuse ! « C'est la même joie d'aller chasser les Pokémon que de découvrir une charogne » Un peu de psychologie de l'évolution ? Dans l'histoire de l'humanité, nous avons passé beaucoup, beaucoup de temps au stade du chasseur-cueilleur Pour rappel, la chasse, la pêche et la cueillette ont été les premiers modes de subsistance de l'espèce humaine qui prélevait les 92 ressources de survie directement dans la nature Dans Pokémon Go, la cueillette du Pikachu n'est rien d'autre qu'un divertissement, mais le jeu fait écho cet instinct ancré en nous depuis les sociétés du paléolithique « À l'époque, il en dépendait de la survie de l'espèce », précise Yann Leroux « Le fait de collectionner s'enracine d'ailleurs dans cette compétence de chasseur Pour l'homme, c'est la même joie d'aller chasser les Pokémon que de découvrir une charogne Aujourd'hui, la chasse est un instinct humain qui n'est pas si enfoui que ỗa Les choses anciennes ne sont pas dépassées mais intégrées dans de nouvelles conduites qui sont très complexes » […] « Des objectifs au quotidien un moment où on est paumé » Pokémon Go, c'est aussi un parcours initiatique, un apprentissage Il faut sortir de chez soi et atteindre des objectifs, voire dépasser ses limites « L'humain manque parfois de buts », explique Vanessa Lalo, « mais le plus intéressant, c'est le chemin que l'on emprunte, tous les efforts que l'on va développer (louer un kayak, faire du sport, marcher des kilomètres) » Selon des témoignages sur les réseaux sociaux, le jeu permettrait certains d'affronter la dépression, la solitude, ou tout simplement de combattre leur nature timide On se retrouve comme le petit héros de Pokémon qui, dans le dessin animé, quitte sa mère et son foyer pour partir l'aventure « Dans le jeu, chacun dispose d'une ressource d'énergie puissante (le Pokémon) et travaille mtriser cette puissance pour vivre dans une société digne C'est ce que fait Sacha en quittant sa maison pour devenir dresseur Tout le monde peut partager cet idéal.» Même si l'arrivée imminente de Pokémon Go en France donne des sueurs froides la gendarmerie nationale, le jeu semble faire, pour l'instant, plus de bien que de mal, estime Vanessa Lalo ô ầa reste du divertissement, mais ỗa nous donne du plaisir et des objectifs au quotidien un moment où on est paumé et où on a besoin de se raccrocher une valeur qui est celle du vivre ensemble » Par MATHILDE CESBRON, LePoint.fr 93 TEXTE 10 : QUAND LA VILLE REND FOU Les villes modernes sont trop grandes De plus, ce ne sont pas des villes Je sais bien quen dộnonỗant le gigantisme urbain on est facilement tenu pour un nostalgique du passé L’époque n’est pas si éloignée où toute réserve l’égard des grands ensembles vous faisait passer pour un pavillonnaire endurci Chez les plus fervents, la machine laver collective faisait figure d’eucharistie sociale Il a fallu déchanter Les villes modernes subissent de plein fouet, quand elles appartiennent au monde développé, les conséquences de l’immigration étrangère et intérieure ; quand elles sont situées dans le tiers-monde, celles de l’exode rural et de la croissance démographique […] Mais le résultat est le même Ces villes ne sont pas des cités, c’est-à-dire des ensembles ordonnés dans le domaine architectural, économique, politique et culturel Ce sont des conglomérats humains, qui ont autant de cohésion et de complémentarité que des pommes de terre dans un sac de pommes de terre Les gens sont par nécessité, par rencontre, par gravité social La plupart n’occupent aucune fonction définie Ce sont, au sens étymologique, des prolétaires, c’est-àdire des personnes qui ne comptent que numériquement selon l’étendue de leur descendance Dire de telles villes que ce sont des fourmilières est injuste pour les fourmis ; les qualifier de termitières est désobligeant pour les termites La seule métaphore convenable est celle de l’agglomération de la limaille de fer autour de l’aimant La trop grande croissance et la trop grande rapidité de cette croissance ont empêché les agglomérations modernes – puisque c’est le mot – de se polariser, de se différencier, de sécréter un centre, des espaces familiers, des bizarreries et des recoins, comme dans la maison de notre enfance, et cette patine des monuments qui permet aux hommes de s’étalonner dans le temps Au Moyen Âge, lors de la naissance des communes, on disait de l’air de la ville qu’il rend libre Aujourd’hui, il rend fou, car les villes ne sont pas des cités, c’est-à-dire des ensembles politiques, mais elles ne sont pas davantage des communes, c’est-à-dire des organismes sociaux La ville moderne est un espace indifférencié, anomique, qui dissout la personnalité dans l’anonymat, qui porte l’incandescence les passions et les contradictions sociales au lieu de les apaiser Qui est générateur d’irresponsabilité et d’infantilisme Les villes concentrationnaires appellent la violence ou l’autorité, et le plus souvent une combinaison des deux Entendons-nous : je ne sis pas en train de proposer l’urbanisme comme remède miracle aux maux de l’homme en société, discordances ethniques ou inégalités sociales Mais la ville, qui reste délicieuse aux nantis, est de plus en plus dure aux déshéritées C’est pourquoi il est vain de s’attaquer aux problèmes sociaux en supposant immuable ou fatal le cadre urbain qui les fait proliférer […] Et nous devons tous nous interroger sur les conséquences d’une occupation aussi inégalitaire de l’espace que celle que nous connaissons Car ce qui se trouve aujourd’hui menacé, ce ne sont pas seulement nos conditions de vie, c’est la condition humaine elle-même Jacques Julliard, Le Nouvel Observateur, 7.5.1992 94 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION CHAPITRE : CADRE THÉORIQUE 1.1.Figement lexical 1.1.1 Définitions 1.1.2 Caractéristiques 1.1.3 Degré de figement 10 1.2 Autres terminologies 11 1.2.1 Expressions 12 1.2.2 Locutions 13 1.2.3 Idiomatique 15 1.2.4 Sens propre vs sens figuré 16 1.2.5 Figuré vs figuratif / figé 17 1.3 Synthèse .19 CHAPITRE : LOCUTIONS FIGURATIVES (LF) .22 2.1 LF selon GALISSON 24 2.2 LF en tant que notre objet de recherche 25 2.3 Délimitation du périmètre de recherche 27 2.4 Caractéristiques des LF .27 2.5 Synthèse .28 CHAPITRE : TENTATIVE DE CLASSIFICATION DES LF 31 3.1 Constitution du corpus .31 3.1.1 Critères de sélection 31 3.1.2 Résultat .31 3.1.3 Difficultés 32 3.2 Tentative de classification des LF .32 3.2.1 Selon la partie du discours du noyau 33 3.2.2 Selon la valeur syntaxique de la LF 34 3.2.3 Selon le degré de figement 35 3.2.4 Selon le degré de mobilisation culturelle 36 3.2.5 Selon le degré de renvoi .36 3.2.6 Selon les figures de style 37 95 3.2.7 Selon la mise en contexte 38 3.2.8 Selon le sens négatif/positif 39 3.2.9 Selon la dynamicité sémantique des LF .39 3.3 Synthèse .40 CHAPITRE : LF ET LES DIFFICULTÉS EN DIDACTIQUE DU FLE 41 4.1 Didactique du Franỗais Langue ẫtrangốre (FLE) 41 4.1.1 FLM/FLE/FLS 41 4.1.2 Compétences communicatives 42 4.2 Enquête de GALISSON .44 4.3 Grandes difficultés de l’acquisition des LF 44 4.3.1 Absence de motivation linguistique 45 4.3.2 Manque de référence contextuelle 46 4.3.3 Difficultés dans la traduction 46 CHAPITRE : VERS UNE APPROCHE D’ACCÈS AUX LF 49 5.1 Manque de ressources pédagogiques en LF .49 5.2 Rédaction d’auto-dictionnaires 50 5.3 Contexte vietnamien 54 5.3.1 Université de Pédagogie de Hochiminh-Ville (UP) 54 5.3.2 Filière de Tourisme .55 5.4 Propositions didactiques 56 5.4.1 Séquence pédagogique .58 5.4.2 Recueil de textes 59 CONCLUSION 64 BIBLIOGRAPHIE .68 SITOGRAPHIE 70 ANNEXE - Liste des LF relevées .71 ANNEXE : Recueil de textes 76 96 Résumé : Les locutions figuratives font partie du trésor des expressions idiomatiques de la langue franỗaise mais constituent un obstacle linguistique pour les apprenants étrangers Dans le but de lever les difficultés liées la compréhension des locutions figuratives, ce mémoire propose des critères de classification de ces tournures basés sur un corpus d’articles de presse et en faire des analyses Les difficultés auxquelles se heurtent les apprenants dans l’acquisition des locutions figuratives sont aussi examinées Enfin seront proposées quelques démarches susceptibles de traiter ces locutions figuratives dans les cours de langue Mots-clés : locution figurative, figement lexical, classification, sémantique, figure de style Tóm tắt : Ngữ tượng hình phần thiếu kho tàng ngôn ngữ tiếng Pháp Tuy nhiên, chúng rào cản cho người nước muốn học tiếng Pháp Để giải phần khó khăn việc hiểu ngữ tượng hình, tác giả luận văn đề xuất tiêu chí để phân loại ngữ Kết nghiên cứu dựa ngữ liệu thu thập từ số báo trình bày kèm theo phân tích, nhận xét Ngồi ra, luận văn cịn đề cập đến khó khăn gặp phải việc tiếp thụ ngữ tượng hình đối người học đề xuất vài giải pháp để áp dụng vào việc giảng dạy ngữ tượng học ngoại ngữ Từ khoá : ngữ tượng hình, tổ hợp từ vựng, phân loại, ngữ nghĩa, tu từ pháp ... mots dans le paradigme des signifiants de mourir Le sens global des LF implique que le locuteur et son interlocuteur les aient déjà dans leur tête afin de les reproduire ou les réceptionner telles... visuelle) qui manifeste une forme, laquelle l? ??articule son contenu 1.2.2 Locutions MORTUREUX, d’une manière générale, appelle les locutions les suites de mots dont le sens usuel diffère de leur... gré du besoin de communication alors que le locuteur dans son discours ne forme pas les LF Elles existent déjà, en dehors du discours et s’utilisent telles quelles 28 Le figement structurel des

Ngày đăng: 19/06/2021, 14:27

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Mục lục

    1.2.4. Sens propre vs sens figuré

    1.2.5. Figuré vs figuratif / figé

    2.1. Les LF selon GALISSON

    2.2. LF en tant que notre objet de recherche

    2.3. Délimitation du périmètre de recherche

    TENTATIVE DE CLASSIFICATION DES LF

    3.2. Tentative de classification des LF

    3.2.1. Selon la partie du discours du noyau

    3.2.2. Selon la valeur syntaxique de la LF

    3.2.3. Selon le degré de figement

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