UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANỌ UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES NGUYỄN THU HÀ ÉTUDE COMPARATIVE DE L’ACTE DE CONSEIL DANS
Trang 1UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANỌ UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
NGUYỄN THU HÀ
ÉTUDE COMPARATIVE DE L’ACTE DE CONSEIL DANS LA
COMMUNICATION VERBALE EN FRANÇAIS ET EN VIETNAMIEN (NGHIÊN CỨU SO SÁNH ĐỐI CHIẾU HÀNH ĐỘNG KHUYÊN NHỦ TRONG GIAO TIẾP BẰNG LỜI CỦA NGƯỜI PHÁP VÀ NGƯỜI VIỆT)
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
Code : 60220203
Option : Linguistique française
HANỌ – 10/2016
Trang 2UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANỌ UNIVERSITÉ DE LANGUES ET D’ÉTUDES INTERNATIONALES
DÉPARTEMENT D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
NGUYỄN THU HÀ
ÉTUDE COMPARATIVE DE L’ACTE DE CONSEIL DANS LA
COMMUNICATION VERBALE EN FRANÇAIS ET EN VIETNAMIEN (NGHIÊN CỨU SO SÁNH ĐỐI CHIẾU HÀNH ĐỘNG KHUYÊN NHỦ TRONG GIAO TIẾP BẰNG LỜI CỦA NGƯỜI PHÁP VÀ NGƯỜI VIỆT)
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDES POST-UNIVERSITAIRES
Directeur de recherche : Dr Đỗ Quang Việt
HANỌ – 10/2016
Trang 3TABLE DES MATIÈRES
ATTESTATION SUR L’HONNEUR i
REMERCIEMENTS ii
RÉSUMÉ iii
INTRODUCTION 1 CHAPITRE I IV FONDEMENTS THÉORIQUES IV
1 Acte de langage IV 1.1 Notions des actes de langage IV
1.1.1 Notions des actes de langage de J.L.Austin IV 1.1.2 Notions des actes de langage de J.R.Searle V
1.2 Acte illocutoire direct vs indirect VI 1.3 Organisation structurale des conversations VII
2 Types de réalisation des actes de langage VIII 2.1 Réalisations directes VIII 2.2 Réalisations indirectes IX
3 Facteurs d’influence des actes de langage X 3.1 Contexte X
3.1.1 Le site (cadre spatio-temporel) XI 3.1.2 Le but XI 3.1.3 Les participants XII
3.2 Relation interpersonnelle dans l’interaction verbale XII
3.2.1 Relation horizontale (distance vs familiarité) XII 3.2.2 Relation verticale (ou hiérarchique) XIII
3.3 Politesse linguistique XIV
3.3.1 Notions de « face » et de « territoire » de Goffman XV
3.3.2 Modèle de politesse de Brown et Levinson XV
Trang 43.3.3 Modèle de politesse de Kerbrat-Orecchioni XVII
4 Acte de conseil XXII 4.1 Définition de l’acte de conseil XXII 4.2 « Conseil » sous l’angle pragmatique XXIV
4.2.1 Valeurs illocutoires pertinentes et conditions de réussite de l’acte de conseil
XXIV
4.2.2 Types de conseil basés sur la forme linguistique du conseil 27 4.2.3 Facteurs d’influence sur l’acte de conseil XXIX 4.2.4 Conseil et face des interactants XXXI
CHAPITRE II XXXII FORMULATIONS DU CONSEIL EN FRANÇAIS ET EN VIETNAMIEN : SIMILITUDES ET DIFFÉRENCES Error! Bookmark not defined
1 Préliminaire : Méthodologie de la recherche Error! Bookmark not defined 1.1 Choix de la méthode de recherche Error! Bookmark not defined 1.2 Constitution du corpus Error! Bookmark not defined
1.2.1 Choix de la méthode de collecte des données Error! Bookmark not defined 1.2.2 Présentation du corpus (corpus en français et en vietnamien) Error!
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1.3 Méthodes d’analyse des données Error! Bookmark not defined
2 Formulations du conseil en français et en vietnamien : similitudes et différences
Error! Bookmark not defined 2.1 Conseil et face des interactants Error! Bookmark not defined
2.1.1 Conseil et face du destinataire Error! Bookmark not defined 2.1.2 Conseil et face du locuteur Error! Bookmark not defined
2.2 Réaction au conseil Error! Bookmark not defined
2.2.1 Réaction positive Error! Bookmark not defined 2.2.2 Réaction négative Error! Bookmark not defined
2.3 Réalisation linguistique du conseil Error! Bookmark not defined
2.3.1 Réalisation du conseil en français Error! Bookmark not defined
2.3.1.1 Moyen lexical Error! Bookmark not defined
Trang 52.3.1.2 Moyens morphologiques Error! Bookmark not defined
2.3.1.3 Moyens syntaxiques Error! Bookmark not defined
2.3.2 Réalisation du conseil en vietnamien Error! Bookmark not defined
2.3.2.1 Moyens lexicaux Error! Bookmark not defined
2.3.2.2 Moyens morpho-syntaxiques Error! Bookmark not defined
2.4 Procédés de politesse dans la réalisation du conseilError! Bookmark not defined
2.4.1 Procédés de politesse dans la réalisation du conseil en français Error!
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2.4.1.1 Procédés substitutifs Error! Bookmark not defined
2.4.1.2 Procédés accompagnateurs Error! Bookmark not defined
2.4.2 Procédés de politesse dans la réalisation du conseil en vietnamien Error!
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2.5 Similitudes et différences dans la réalisation du conseil en français et en
vietnamien et explication de l’influence des facteurs socio-culturels Error!
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2.5.1 Similitudes et différences dans la réalisation du conseil en français et en
vietnamien Error! Bookmark not defined
2.5.2 Explication de l’influence des facteurs socio-culturelsError! Bookmark not
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CONCLUSION Error! Bookmark not defined BIBLIOGRAPHIE XXXIII CORPUS EN FRANCAIS I CORPUS EN VIETNAMIEN XX
Trang 6i
ATTESTATION SUR L’HONNEUR
Je, soussignée, Nguyễn Thu Hà
Étudiante en Master du Département Post-universitaire – Université de Langues et d’Études Internationales – Université Nationale de Hanọ
Auteur du mémoire de master 2 : Étude comparative de l’acte de conseil dans
la communication verbale en français et en vietnamien
J’atteste par ailleurs que le travail rendu est le fruit de ma réflexion personnelle et a été rédigé de manière autonome
Je certifie que toute formulation, idée, recherche, raisonnement, analyse ou autre création empruntée à un tiers est correctement et consciencieusement mentionnée comme telle, de manière claire et transparente, de sorte que la source en soit immédiatement reconnaissable, dans le respect des droits d’auteur et des techniques de citations
Je prends note que le plagiat est considéré comme une faute grave au sein de l’Université
Au vu de ce qui précède, je déclare sur l’honneur ne pas avoir eu recours au plagiat ou à toute autre forme de fraude
Fait à Hanọ, le jeudi 10 novembre 2016
Étudiante en Master
Nguyễn Thu Hà
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ii
REMERCIEMENTS
Je voudrais tout d’abord remercier sincèrement mon directeur de recherche,
le professeur Do Quang Viet, pour m’avoir confié ce projet de recherche intéressant
et d’une grande pertinence Je le remercie également pour son support, ses bons conseils et ses suggestions judicieuses pour orienter le développement du projet
Je remercie tout spécialement les professeurs et les collègues pour leur soutien et leur généreuse collaboration !
Je remercie ma famille et surtout mes parents pour leur soutien moral, leurs encouragements et leur patience durant les étapes difficiles de ce travail
Enfin, j’adresse mes plus sincères remerciements à tous mes proches et amis, qui m’ont toujours soutenue et encouragée à poursuivre mes efforts de recherche
À tous, encore une fois, un grand merci
Trang 8iii
RÉSUMÉ
Au terme de notre travail, nous voudrions donner une vue générale sur l’acte
de conseil en français et en vietnamien Au début de ce travail de recherche, notre question est posée sur la façon de formulation des conseils des jeunes français et vietnamiens et même les différences fondamentales de formulation de cet acte dans les interactions verbales chez eux Suite à ces questions, nous avons formulé les hypothèses de recherche D’abord, les jeunes français et vietnamiens peuvent avoir recours à des moyens lexicaux et syntaxiques pour donner des conseils directs ou indirects Ensuite, à côté des points communs, il existe des points différents dans la formulation du conseil en deux langues et les facteurs socio-culturels sont les raisons pour expliquer ces différences
Afin de vérifier nos hypothèses, nous avons constitué un corpus en français
et en vietnamien pour analyser En tant qu’enseignante au Département de Langue
et de Culture françaises, les résultats de cette étude nous donneront une certaine application pédagogique dans l’enseignement de langues et nous aideront à mieux faire maîtriser l’utilisation de cet acte dans la communication interculturelle franco-vietnamienne
Trang 9I
INTRODUCTION
De nos jours, la langue étrangère est considérée comme « une clé d’or » pour l’échange, la coopération et le développement entre les pays dans le monde Mais pour que la langue ne devienne pas une barrière, ce n’est pas facile En réalité, pour maîtriser une langue étrangère, il faut posséder non seulement la compétence linguistique mais encore la compétence de communication, les connaissances socio-culturelles sont donc très importantes Et pour avoir une bonne relation entre les interactants, il est nécessaire de minimiser les actes menaçants et de valoriser les actes non-menaçants pour la face
La première raison du choix de ce sujet est d’ordre théorique Nous sommes consciente que le conseil est un acte qui est très utilisé dans les communications quotidiennes Mais c’est un acte de langage complexe, difficile qui pose des problèmes délicats pour une bonne utilisation chez les apprenants vietnamiens Or, dans les méthodes de français, le conseil n’est pas abordé suffisamment et aucune étude approfondie n’a été effectuée sur l’acte de conseil en français et en vietnamien Alors, dans notre travail de recherche, nous avons décidé de faire une étude comparative sur le fonctionnement de conseil en deux langues en recueillant des corpus authentiques constitués de dialogues, d’échanges relevés dans le forum chez des jeunes français et vietnamiens pour identifier les différences de formulation des conseils afin d’éviter les malentendus et conflits éventuels dans la communication interculturelle franco-vietnamienne D’autre part, nous avons choisi d’étudier cet acte pour vérifier notre hypothèse et l’influence des facteurs socio-culturels sur cet acte illocutoire Nous avons trouvé que le problème posé est de chercher à minimiser la menace et valoriser l’anti-menace par des stratégies de conseil différentes appropriées aux conditions socio-culturelles de chaque pays Alors, il est nécessaire d’étudier pour savoir comment les Français et les Vietnamiens formulent des conseils dans des situations de communication similaires
La deuxième raison de ce choix est d’ordre personnel Pendant les années universitaires, les cours de pragmatique nous ont donné des connaissances de base
Trang 10II
sur la linguistique et nous nous sommes intéressée à l’acte de conseil C’est un acte
de langage qui est très utilisé dans la vie quotidienne C’est pour cette raison, le bon usage de cet acte mériterait d’occuper une place importante dans le programme d’apprentissage d’une langue étrangère Dans les méthodes de français, l’acte de conseil est présenté de façon brève et les apprenants de français n’obtiennent que les moyens d’expression du conseil, ils ne savent pas comment les utiliser de façon efficace Cela demande une étude plus approfondie de cet acte sous l’angle pragmatique et culturel En tant qu’enseignante au Département de Langue et de Culture françaises, les résultats de cette étude nous donneront une certaine application pédagogique dans l’enseignement de langues et nous aideront à mieux maîtriser l’utilisation de cet acte dans la communication interculturelle franco-vietnamienne
Durant cette recherche, nous nous donnons la tâche de répondre aux questions suivantes :
- Comment les jeunes français et vietnamiens formulent-ils les conseils ?
- Quelles sont les différences fondamentales de formulation de l’acte de
conseil au niveau de l’échange dans les interactions verbales chez des jeunes français et vietnamiens ?
Suite à ces questions, les hypothèses de recherche sont formulées comme suit :
- Les conseils peuvent être directs ou indirects, explicites ou implicites Les jeunes français et vietnamiens utilisent des moyens lexicaux et morpho-syntaxiques pour présenter des conseils
- Les différences fondamentales sont dans les préférences de choix de
formulation directe et indirecte du conseil ainsi que les préférences d’utilisation des procédés linguistiques servant à exprimer la politesse chez les locuteurs français et vietnamiens dans leurs interactions verbales
En réalisant ce travail, nous visons à faire ressortir des types de conseil, à dégager des moyens de réalisation Et nous voudrions également identifier les différences fondamentales dans les choix des stratégies de conseil ainsi que les procédés de politesse en réalisant de l’acte de conseil qu’adoptent les jeunes locuteurs français et vietnamiens au niveau de l’échange dans les interactions verbales
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Pour atteindre les objectifs envisagés ci-dessus, nous utiliserons d’abord la méthode déductive Ensuite, pour la méthode de collecte des données, nous construisons un corpus préexistant constitué à partir des échanges relevés dans les forums des jeunes français et vietnamiens Nous allons constituer séparément deux corpus, l’un en français et l’autre en vietnamien Afin de mener à bien notre étude, nous avons recours aux méthodes d’analyses des données suivantes : catégorisation, description, analyse et comparaison
Dans le cadre de notre projet de recherche, nous nous intéressons seulement
à des conseils verbaux au niveau de l’échange repérés dans les forums chez les jeunes français et vietnamiens Nous n’aborderons pas les aspects para-verbaux et non-verbaux qui jouent aussi un rôle important dans la formulation des conseils
Notre travail de recherche comporte deux chapitres :
Dans le premier chapitre, nous essayons de constituer le cadre théorique de l’étude Nous reprendrons tout d’abord quelques notions de base de l’interaction verbale proposées par des linguistes (l’acte de langage, les types de réalisation des actes de langage directes et indirectes, le contexte, la relation interpersonnelle et la politesse linguistique) Ensuite, nous allons aussi essayer de définir l’acte de conseil, distinguer les conseils direct et indirect et d’identifier des valeurs illocutoires pertinentes, des conditions de réussite de cet acte, des facteurs d’influence, le conseil et la face des interactants
Le deuxième chapitre a pour objectif d’analyser les types de conseil en français et en vietnamien observés dans notre corpus et de relever des moyens linguistiques pour les réaliser Et puis, nous allons faire une analyse contrastive des deux corpus pour identifier les différences de formulation des conseils chez les jeunes français et vietnamiens dans des situations de communication similaires, dans les choix des stratégies de conseil, ainsi que les procédés linguistiques servant
à exprimer la politesse Et puis, nous cherchons à expliquer l’influence des facteurs socio-culturels sur les échanges de conseil en ces deux langues Et pour analyser des données, je dois faire des remarques préliminaires concernant la méthodologie de la recherche
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CHAPITRE I FONDEMENTS THÉORIQUES
Dans ce premier chapitre, nous visons à présenter les notions de base concernant notre étude de l’acte de conseil et puis à analyser cet acte
1 Acte de langage
1.1 Notions des actes de langage
Le point de départ de la théorie classique des actes de langage est que l’unité minimale de la communication humaine est l’accomplissement (performance) de certains types d’actes En effet, dans les sciences du langage, l’étude pragmatique qui est très importante, peut être définie comme l’étude du langage en acte D’après
C Kerbrat-Orecchioni [2001 :1-2], elle recouvre deux grands types d’objets :
- Le langage en situation est actualisé au cours d’un acte d’énonciation
particulier Donc, dans ce domaine, l’énonciation est l’objet des études
- Le langage envisagé comme un moyen d’agir sur le contexte interlocutif qui
permet d’accomplir un certain nombre d’actes spécifiques, traduit en anglais par
speech acts et en français par « actes de langage » ou « actes de parole »
En matière de réflexion sur le langage, les actes de langage se trouvent au confluent de divers courants C’est d’abord J.L.Austin, avec la publication en 1962
de « How to do things with words » qui est considéré comme un des fondateurs de
la théorie linguistique des actes de langage Par la suite, beaucoup de chercheurs ont été engagés dans cette théorie comme J.R.Searle, C.Kerbrat-Orecchioni, etc… Ils vont tenter l’inventaire et la classification des différents actes qui peuvent être accomplis au moyen du langage
1.1.1 Notions des actes de langage de J.L.Austin
Dans l’ouvrage « Quand dire, c’est faire » d’Austin [1970 : 129], selon lui,
tout énoncé est équipé d’une force illocutoire (c’est-à-dire d’une valeur d’acte), même les énoncés constatifs qui constituent un type parmi d’autres d’acte de langage Il distingue ainsi trois sortes d’actes de langage :
- L’acte locutoire : c’est un acte de langage qui consiste à produire des sons
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appartenant à un certain vocabulaire, une certaine grammaire et possédant une certaine signification Il correspond tout simplement à l’acte de dire quelque chose, c’est-à-dire de transmettre des informations
- L’acte illocutoire : c’est un acte locutoire qui manifeste l’intention de celui qui produit le message à travers la formulation de son énoncé (par exemple : assertion, négation, interrogation, promesse, ordre, etc…)
- L’acte perlocutoire : c’est un acte effectué par le fait de dire quelque chose
ou l’effet prétendu par l’énoncé
Par exemple : en disant « Il fait froid », le locuteur dit quelque chose (l’acte locutoire), en même temps, il indique un sens (l’acte illocutoire), en bref, il peut se plaindre du temps et en entendant cet énoncé, l’auditeur peut porter plus de vêtements (l’acte perlocutoire)
Ou quand on dit : « Je te promets de venir demain », cet énoncé permet d’accomplir l’acte illocutoire de promesse, mais éventuellement aussi un acte perlocutoire de « rendre heureux » le destinataire de cette promesse
Pour Austin [1970 : 153-154], toute phrase énoncée correspond au moins
à l’exécution d’un acte locutoire et à celle d’un acte illocutoire, parfois aussi à celle d’un acte perlocutoire Mais d’après lui, l’acte principal est l’acte illocutoire En plus, il propose aussi une classification des valeurs illocutoires : l’acte verdictif qui est la production d’un jugement (condamner, estimer, etc.) ; l’acte exercitif qui renvoie à l’exercice de pouvoirs, de droits, ou d’influences (voter, commander, avertir, conseiller, etc.) ; l’acte promissif qui engage le locuteur (promettre, garantir, etc.) ; l’acte comportatif qui exprime une réaction par un comportement social (remercier, critiquer, etc.) et l’acte expositif qui expose le point de vue du locuteur (affirmer, nier, expliquer, etc.)
1.1.2 Notions des actes de langage de J.R.Searle
Quant à J.R.Searle, dans son ouvrage intitulé Speech acts [1969 : 52], il
affirme que : « Premièrement, parler une langue, c’est réaliser des actes de langage, des actes comme : poser des affirmations, donner des ordres, poser des questions, faire des promesses, et ainsi de suite […] ; deuxièmement, ces actes sont en général
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rendus possibles par l’évidence de certaines règles réagissant l’emploi des éléments linguistiques, et c’est conformément à ces règles qu’ils se réalisent » D’après lui, tout énoncé linguistique fonctionne comme un acte particulier (ordre, question, promesse, etc.), c’est-à-dire qu’il vise à produire un certain effet et à entraîner une certaine modification de la situation interlocutive
C’est en 1985 que Searle proposent une classification des actes illocutoires Celle-ci montre que ce que l’on dit peut avoir des significations différentes en fonction du contexte Elle est composée de cinq types d’actes illocutoires :
- Les assertifs ont pour but de décrire l’état du monde et d’engager la responsabilité du locuteur sur l’état ou la vérité de sa proposition Exemple : « Il fait
du soleil », « j’affirme que la Terre est ronde »
- Les directifs expriment le désir du locuteur d’amener l’auditeur à réaliser l’action souhaitée qui va de la suggestion (« inviter à », « suggérer », etc.) à l’ordre (« ordonner », « réclamer », « insister », etc.) selon le degré d’intensité de la présentation du but Exemple : « Peux-tu me prêter ta voiture ? », « Je te demande
de fermer la porte »
- Les promissifs engagent le locuteur à respecter une certaine conduite future comme « promettre », « jurer », etc Exemple : « Je te conduirai à la gare », « Je te promet de venir demain »
- Les expressifs expriment un état psychologique supposé être sincère contextuellement comme « remercier », « féliciter », « s’excuser », etc Exemple :
« Sincères félicitations à l’occasion de la naissance de bébé » ; « Je m’excuse d’être
en retard »
- Les déclaratifs garantissent que le contenu propositionnel correspond à la réalité du monde Il permet de changer le monde avec des mots Exemple : « Je déclare que la séance est ouverte» ; « Je démissionne »
1.2 Acte illocutoire direct vs indirect
Une distinction s’impose en ce qui a trait à l’acte de langage illocutoire Il peut être classé de différentes façons, selon le sens de l’énoncé Ainsi, il prend une forme d’action directe ou indirecte
Trang 15VII
L’acte illocutoire est direct lorsqu’il correspond au sens littéral de la phrase
Ce sont donc les mots qui donnent le sens à la phrase Par exemple : « Tu es malade, vas chez le dentiste ! » C’est un acte illocutoire direct, on utilise une phrase impérative afin d’exprimer un conseil D’autre part, le sens des actes illocutoires indirects n’est pas littéral Dans l’énoncé, « Tu es malade, pourquoi ne pas aller chez le dentiste ? », le but n’est pas de connaître la raison de ne pas aller chez le dentiste pour consulter Il s’agit d’un conseil : en donnant un acte de question, on conseille indirectement à l’allocutaire d’aller voir un médecin quand il est malade
1.3 Organisation structurale des conversations
Une conversation se présente comme une organisation hiérarchique d’unités relevant de différents rangs comme le dit Kerbrat-Orecchioni « … les conversations sont des architectures complexes et hiérarchisées, fabriquées à partir d’unités relevant de rangs différents, et qui sont emboîtées les unes dans les autres selon certaines règles de composition » [1996 : 36]
On admet communément comme pertinents les 5 rangs suivants :
- Unités de nature dialogale :
+ Interaction (rencontre, événement de communication, cas particulier : conversation)
+ Séquences (d’échange, de transaction…)
Trang 16VIII
2 Types de réalisation des actes de langage
Comme dit C Kerbrat-Orecchioni [2001 : 33], le locuteur s’est exprimé indirectement, ou « Quand dire, c’est faire plusieurs choses à la fois », et plus précisément : « Quand dire, c’est faire une chose sous les apparences d’une autre » Cela veut dire qu’à propos d’un même acte de langage, on peut recevoir un grand nombre de réalisations différentes
Nous donnons ci-dessous un exemple d’une situation ou d’une parole non impérative entraîne une action de la part de l’auditeur :
Après le dîner, un père dit à son fils : « Il est déjà huit heures » L’enfant est
en train de regarder la télévision, il se lève immédiatement, il apprend et fait des exercices
Dans ce cas, on s’aperçoit que le père ne dit pas à son fils ce qu’il doit faire mais
en disant cela, l’enfant peut comprendre la demande de son père
Un autre exemple, les énoncés dans l’exemple suivant sont équivalents Une question peut s’exprimer non seulement par une phrase interrogative (« Quel est votre numéro de téléphone ? ») mais aussi par une phrase déclarative (« Je voudrais savoir votre numéro de téléphone ») ou impérative (« Dites-moi votre numéro de téléphone, s’il vous plaît ! »)
Donc, des actes de langage peuvent être réalisés par les formulations directes
et indirectes
2.1 Réalisations directes
Quand le locuteur énonce une phrase en voulant dire directement, explicitement et littéralement ce qu’il dit, on parle de la formulation directe de l’acte de langage On admet aussi généralement deux types de supports à l’expression directe : les expressions performatives (performatifs explicites d’Austin) et les formes de phrase
- Les expressions performatives
Certains verbes, en nombre limité, permettant d’accomplir un acte quand ils sont prononcés au présent et employés à la première personne, comme par exemple :
« promettre », « ordonner », « jurer », « autoriser », « baptiser », « demander »…
Trang 17IX
Des énoncés tels que « Je te demande à sortir » ou « Je te promets de rentrer
à la maison avant 10 heures » dénomment l’acte accompli en même temps qu’ils l’accomplissent Ces énoncés disent explicitement qu’ils sont une demande et une promesse Les formulations performatives sont donc les plus claires pour que le locuteur puisse spécifier la valeur pragmatique de l’énoncé Mais elles sont rares et n’existent pas pour tous les actes de langage
- Les formes de phrase
A la différence des expressions performatives, les énoncés suivants peuvent exprimer des actes correspondants, sans les dénommer explicitement Les quatre formes de phrase (déclarative, interrogative, impérative, exclamative) présentent des actes de langage différents Par exemple :
+ « Je vais finir mes exercices avant ton retour », selon les cas, cet énoncé déclaratif exprime aussi une annonce, une promesse
+ « Tu peux m’aider ? », selon les cas, cet énoncé interrogatif exprime aussi une question, une demande, une requête indirecte
+ « Il fait froid, porte ton manteau ! », selon les cas, cet énoncé impératif exprime aussi un ordre, un conseil
+ « Aïe, quelle belle journée ! », selon les cas, cet énoncé exclamatif exprime aussi un compliment ou une demande
Le procédé le plus efficace utilisé pour éviter l’ambigụté des formes de phrase, c’est le performatif qui peut apparaỵtre soit après l’énoncé comme suit : « Je viendrai à l’heure, c’est promis » ; soit avant l’énoncé : « Je te promets de venir à l’heure »
2.2 Réalisations indirectes
La forme d’une phrase n’est pas déterminante pour sa valeur illocutionnaire C’est qu’une phrase constative peut également avoir une valeur performative spéciale Ou autrement dit, l’acte de langage indirect est un acte illocutoire accompli indirectement par l’accomplissement d’un autre Voici un exemple :
Une fillette joue seule dans sa maison ; elle entend la sonnerie de la porte, elle crie à son père : « Papa, on sonne » Le père qui arrosait des plantes dans le jardin, vient ouvrir la porte
Trang 18X
Dans cette situation, la fillette ne donne pas d’ordre à son père, elle ne fait qu’informer Il s’agit d’un acte de langage indirect, la fille s’est exprimée indirectement Ici, dire c’est faire plusieurs choses à la fois, et on parle d’un acte de langage indirect pour un acte de langage formulé sous le couvert d’un autre acte de langage On divise aussi les formulations des actes de langage indirects en deux types : conventionnelle et non-conventionnelle Considérons les deux énoncés suivants :
(1) : Papa, peux-tu ouvrir la porte ?
(2) : Papa, on sonne !
Ces deux énoncés ci-dessus informent et donnent un ordre : « Ouvre la porte », donc fonctionnent comme une requête indirecte Dans la phrase (1), la valeur de requête est exprimée par une question Tout le monde sait qu’en français, la tournure interrogative équivaut en fait à une requête On dit que la valeur de requête
y est conventionnelle Sous l’angle d’interprétation, la valeur de question est dite
« littérale » et la valeur de requête, « dérivée » Dans la phrase (2), la valeur de requête est exprimée par un constat Dans cette phrase, le récepteur peut réagir seulement à la constatation en disant (par exemple : « Oh, je ne l’avais pas
entendu ») et ne pas passer à l’acte Alors, la valeur d’acte ici est
non-conventionnelle, puisque l’interlocuteur ne peut pas être accusé de trahir notre
langue (Kerbrat-Orecchioni, Les actes de langages dans le discours, 2001) On
doit se baser sur la situation, le contexte concrets pour comprendre que ce n’est pas simplement une question, c’est une requête indirecte
En résumé, une hypothèse a été proposée par Searle [1982] : accomplir un acte indirect, cela consiste généralement à affirmer ou questionner sur l’une des conditions de réussite auxquelles est soumis l’acte en question
3 Facteurs d’influence des actes de langage
3.1 Contexte
Le contexte est l’un des facteurs qui influencent la communication Il permet
de déterminer le processus de production ou d’interprétation Pour ce qui est de la production, le contexte détermine l’ensemble des choix discursifs que doit effectuer
le locuteur : choix des thèmes et des formes d’adresse, niveau de langue, actes de
Trang 19XI
langage, etc D’ailleurs, en ce qui concerne l’interprétation des énoncés par le récepteur, le contexte joue aussi un rơle décisif, surtout pour l’identification de la signification implicite du discours adressé
Dans cette partie, nous allons voir quelles sont les composantes du contexte et comment ces ingrédients influencent la production et l’interprétation des actes de langage Le contexte ou situation communicative se compose des éléments suivants :
3.1.1 Le site (cadre spatio-temporel)
Il comprend deux dimensions : le temps et le lieu On parle de « cadre temporel » et « cadre spatial »
- Le cadre temporel : deux aspects du cadre temporel peuvent influencer le
déroulement de l’interaction
+ Le moment : il est important car le discours doit être approprié au moment
ó se passe l’interaction
+ La durée : le fait ou non de pouvoir « prendre son temps » va accélérer ou ralentir l’interaction ou même la tronquer
- Le cadre spatial : il joue un rơle fondamental Il peut être analysé dans ses
aspects suivants : ce sont des caractéristiques du lieu ó se déroule l’interaction (lieu ouvert ou fermé, public ou privé…), ou sa fonction sociale et institutionnelle (appartement, magasin, supermarché, salle de classe, hơpital…)
- Les interactions à but relationnel (ou « à finalité interne ») : leur raison d’être principale est la confirmation et le maintien du lien social entre les personnes Elles servent à entretenir les bonnes relations On parle pour le plaisir de parler et d’être ensemble C’est le cas des conservations entre amis ou des échanges de politesse (entre voisins, à l’arrêt du bus)
Trang 20« trilogue » ou davantage « polylogue » ; dans leurs caractéristiques individuelles (âge, sexe, profession, statut, caractère, etc…) ou dans leurs relations mutuelles (degré de connaissance, nature du lien social (familial ou professionnel, avec ou sans hiérarchie)
et affectif (sympathie ou antipathie, amitié, amour et autres sentiments))
3.2 Relation interpersonnelle dans l’interaction verbale
D’après Kerbrat-Orecchioni [1992 : 39], [1992 : 71-85], on peut distinguer deux types de relations interpersonnelles : relations horizontale et verticale
3.2.1 Relation horizontale (distance vs familiarité)
Dans une interaction, les participants en présence peuvent se montrer plus ou moins « proches » ou « éloignés » Toutes les données « externes » (contextuelles)
de la situation ci-dessous peuvent plus ou moins déterminer la relation horizontale
La distance proche ou éloignée est fonction :
- de leur degré de connaissance mutuelle (les interlocuteurs se connaissent un peu, beaucoup ou pas du tout)
- de la nature du lien socio-affectif qui les unit
- de la nature de la situation communicative : une situation familière ou formelle
En outre, l’état de cette relation dans un échange dépend aussi des données
« internes » (signes linguistiques : verbaux, paraverbaux et non-verbaux) Dans l’interaction, Kerbrat-Orecchioni appelle des marqueurs qui expriment le degré de proximité, sont des « relationèmes horizontaux »
Des marqueurs sont de nature verbale comme :
- Le pronom d’adresse (le tutoiement est le symbole de la familiarité, au contraire, le vouvoiement marque la distance)
- Les noms d’adresse
Trang 21Des marqueurs peuvent également être de nature paraverbale ou non-verbale :
- Des mimiques : sourire, clin d’œil, etc…
- La distance proxémique : plus les participants sont « proches », plus ils se tiennent près
- L’intensité articulatoire et le timbre de la voix (comme le chuchotement exprime une relation d’intimité)…
3.2.2 Relation verticale (ou hiérarchique)
Dans l’interaction, les partenaires en présence ne sont pas toujours égaux : l’un d’entre eux peut être placé en position « haute », de « dominant » tandis que l’autre occupe une position « basse », de « dominé » La distance verticale est par essence dissymétrique, ce qui reflète au niveau de marqueurs, par exemple : l’utilisation non réciproque du « vous » ou du « tu » exprime une hiérarchie entre les interlocuteurs
Pour la relation verticale, Kerbrat-Orecchioni donne aussi des marqueurs qui expriment cette domination ou ce rapport de places, appelés les « taxèmes » On a :
- Des marqueurs paraverbaux (l’intensité vocale et le ton)
- Des marqueurs non- verbaux (l’apparence physique des participants et leur tenue vestimentaire, l’organisation de l’espace communicatif…)
- Des marqueurs verbaux qui sont très divers :
+ Les termes d’adresse
+ L’organisation des tours de parole (comme celui qui parle le plus et le plus longtemps est celui qui domine la conversation ou l’interruption, l’intrusion sont considérées comme des taxèmes de position haute)
+ L’organisation structurale de l’interaction
+ Les thèmes, le vocabulaire utilisés
+ Les actes de langage produits durant l’interaction : celui qui a une position