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Luận văn thạc sĩ VNU ULIS la manifestation de la politesse verbale dans la formulation du reproche, le cas des nouvelles françaises contemporaines luận văn ths ngôn ngữ và văn hoá nước ngoài

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THÔNG TIN TÀI LIỆU

Thông tin cơ bản

Tiêu đề La Manifestation De La Politesse Verbale Dans La Formulation Du Reproche, Le Cas Des Nouvelles Françaises Contemporaines
Tác giả Lờ Hải Yến
Người hướng dẫn Dr. Đụ̃ Quang Viợ̀t
Trường học University of Languages and International Studies - Vietnam National University
Chuyên ngành Linguistics
Thể loại Thesis
Năm xuất bản 2016
Thành phố Hanoi
Định dạng
Số trang 124
Dung lượng 1,71 MB

Cấu trúc

  • CHAPITRE I FONDEMENT THEORIQUE (12)
    • 1. Concepts des actes de langage (12)
      • 1.1. Concept des actes de langage d’Austin et de Searle (12)
      • 1.2. Concept des actes de langage de C. Kerbrat-Orecchioni (15)
    • 2. Réalisation des actes de langage (16)
      • 2.1. Réalisation directe (16)
      • 2.2. Réalisations indirectes (17)
    • 3. Facteurs d’influence des actes de langage (18)
      • 3.1. Contexte (18)
        • 3.1.1. Le cadre spatio-temporel (19)
        • 3.1.2. Le but (19)
        • 3.1.3. Les participants (19)
      • 3.2. Relation interpersonnelle (19)
        • 3.2.1. La relation horizontale (20)
        • 3.2.2. La relation verticale (20)
      • 3.3. Politesse linguistique (21)
        • 3.3.1. E. Goffman, la face, le territoire du moi et les figurations (22)
        • 3.3.2. Modèle de politesse de Brown et Levinson (24)
        • 3.3.3. C. Kerbrat-Orecchioni et son extension de la théorie de politesse (25)
    • 4. L’acte de reproche (29)
      • 4.1. Définition du reproche (29)
      • 4.2. Le reproche en pragmatique (29)
        • 4.2.1. Le reproche dans les classifications des chercheurs (29)
        • 4.2.2. Analyse du reproche (31)
    • 1. Préliminaire (35)
      • 1.1. Choix de la méthode de collecte des données (35)
      • 1.2. Constitution du corpus (36)
      • 1.3. Méthode d’analyse des données (39)
      • 1.4. Paramètres d’analyse (39)
      • 1.5. Les niveaux d’analyse du discours (40)
    • 2. Manifestation de la politesse verbale dans la formulation du reproche, (42)
      • 2.1. Procédés substitutifs (0)
      • 2.2. Procédés accompagnateurs (0)
      • 2.3. Réaction des interlocuteurs au reproche (0)
        • 2.3.1. Influence du Pouvoir (P) sur la réaction (0)
        • 2.3.2. Influence de la Distance (D) sur la réaction (0)
        • 2.3.3. Influence du la Légitimité (L) du reproche aux réactions (0)
        • 2.3.4. Variation des procédés de politesse (0)
    • 3. Justification des résultats obtenus (0)
      • 3.1. Les procédés de politesse utilisés dans les énoncés de reproche (0)
      • 3.2. Contexte de l’utilisation des PP dans les énoncés de reproche (0)
    • 4. Quelques conseils pour les reprocheurs et les reprochés (0)
      • 4.1. Pour les reprocheurs (0)
      • 4.2. Pour les reprochés (0)

Nội dung

FONDEMENT THEORIQUE

Concepts des actes de langage

Il existe de différents concepts sur la notion d’acte de langage dans l’histoire d’évolution de la linguistique Au début du XX e siècle, avec la prise conscience des linguistes de la dimension pragmatique du langage, de nombreuses recherches sur les actes de langage ont été réalisées :

1.1 Concept des actes de langage d’Austin et de Searle

Que signifie un acte de langage ? Ce dernier est un moyen mis en œuvre par un locuteur pour agir sur son environnement par ses mots : il cherche à informer, inciter, demander, convaincre, promettre, etc …

La théorie sur les actes de langage a été développée par John L Austin (1911-1960) dans Quand dire c’est faire (1962) qui débouche sur une véritable typologie des actes de langage, qui renouvelle profondément la pragmatique

Austin distingue trois catégories d’actes de langage : L’acte locutoire, l’acte illocutoire et l’acte perlocutoire :

- L’acte locutoire : l’acte de dire quelque chose On lui attribue généralement un sens et on la met en relation avec un référent

Dans cet exemple, il y a seulement l’acte de dire

- L’acte illocutoire : l’acte qui est effectué en disant quelque chose

Ex : Je t’ordonne de me dire la vérité ! Dans cet exemple, la personne produit l’acte d’ordonner en disant

- L’acte perlocutoire : Les effets qu’on cherche ou qu’on peut chercher à accomplir au moyen du langage : persuader, tromper, influencer, convaincre, mettre en colère, faire peur… Ils varient selon la situation de communication Certains des actes sont souvent réalisés par la voix (Ex : acte de persuader), alors que pour d’autres actes, d’autres moyens sont parfois plus efficace (Ex : acte de faire peur)

La théorie des actes de langage s’oppose à la conception descriptive du langage qui veut que la fonction première du langage est de décrire la réalité Selon Austin, la fonction du langage est aussi d’agir sur la réalité De cette idée fondamentale, Austin distingue ensuite deux types d’énoncé : l’énoncé constatif et performatif

- L’énoncé constatif a une valeur de vérité, autrement dit, il sert à décrire le monde (Ex : La lune tourne autour de la Terre (1)) Cet énoncé peut être vrai ou faux (le chien peut être vraiment devant la maison ou non)

- L’énoncé performatif ne sert pas à décrire la réalité mais à accomplir une action

(Ex : Je te promets de faire des efforts (2)) Ce type d’énoncé n’est ni vrai ni faux mais réussi ou non Dans cet exemple, cet énoncé est réussi s’il s’adresse à quelqu’un et si le récepteur comprendre le message ou s’il y a la correspondance entre ce qui est dit et ce qui est fait (L’émetteur de l’énoncé tient sa parole et fait de vrais efforts)

Au cours de sa réflexion, Austin a trouvé qu’il existe des énoncés performatifs implicites à cụtộ des ộnoncộs performatifs explicites Par exemple, l’ộnoncộ ô Je ferai des effort ằ peut ờtre compris comme une promesse (= je te promets de faire des efforts) Ou l’énoncé (1) ne rapporte pas qu’un fait mais affirmer la réalité de ce fait

Il est comparable alors à ô J’affirme que la lune tourne autour de la Terre ằ Dans ces exemples, les énoncés constatifs accomplissent aussi des actes de langage

Alors, la frontiốre entre ô constatif ằ et ô performatif ằ n’est pas vraiment claire

Autrement dit, selon Austin, tous les énoncés sont dotés d’une force illocutionnaire

Il propose donc une classification des valeurs illocutoires :

- Les ô verdictifs ằ : prononcer un jugement

Ex : condamner, calculer, évaluer, caractériser…

- Les ô exercitifs ằ : formuler une dộcision à l’encontre d’une suite d’actions

Ex : ordonner, commander, conseiller, proclamer…

- Les ô promissifs ằ : obliger les locuteurs à suivre une suite d’actions dộterminộe : promettre, faire le vœu de, garantir…

- Les ô expositifs ằ : Exposer des conceptions, conduire une argumentation, clarifier l’emploi des mots

Ex : affirmer, expliquer, exemplifier, paraphraser…

- Les ô comportatifs ằ : Des rộactions face aux comportements des autres et aux événements qui les concernent

Ex : remercier, féliciter, s’excuser, souhaiter, reprocher…

En s’appuyant sur la théorie des actes de langage de J.L Austin, John R Searle a rédigé un essai intitulé Speech acts (Les actes de langage) dans lequel il affirmer que : ô parler une langue, c’est rộaliser des actes de langage, des actes comme : poser des affirmations, donner des ordres, poser des questions, faire des promesses, et ainsi de suite, et, dans un domaine plus abstrait, des actes comme rộfộrer, prộdiquer ằ Il ajoute : ô ces actes sont en gộnộral rendus possibles par l’ộvidence de certaines rốgles régissant l’emploi des éléments linguistiques, et c’est conformément à ces règles qu’ils se rộalisent ằ Autrement dit, cette thộorie insiste sur le fait qu’un individu peut s’adresser à un autre dans l’idée de faire quelque chose plutôt que de simplement dire quelque chose

Ensuite, dans le prolongement d’Austin, Searle distingue cinq catégories générales d’actes illocutoires : les assertifs, les directifs, les promissifs, les expressifs, les déclaratifs

- Les assertifs engagent le locuteur sur la vérité de la proposition exprimée

- Les directifs correspondent à la tentative de la part du locuteur d’obtenir quelque chose de son destinataire

- Les promissifs obligent le locuteur à adopter une certaine conduite future

- Les expressifs expriment l’état psychologique du locuteur

Ex : l’acte de reproche pour exprimer le mécontentement du locuteur face à un acte ou un comportement de l’interlocuteur

- Les déclaratifs accomplissent et garantissent que leur contenus correspondent au monde

Selon Searle, il existe seulement deux faỗons essentielles d’examiner les rapports entre l’ộnoncộ et le monde : ô Il appartient au but illocutoire de certaines illocutions de rendre les mots (plus exactement leur contenu propositionnel) conformes au monde, tandis que d’autres ont pour bit illocutoire de rendre le monde conforme aux mots ằ (J R Searle, 1982 : 41) C’est-à-dire, l’ộnoncộ peut soit ô dire vrai ằ du monde, soit ô rendre vrai ằ un ộtat du monde Autrement dit, l’ộnoncộ doit ờtre conforme au monde ou le monde doit se conformer à ce qui est dit

1.2 Concept des actes de langage de C Kerbrat-Orecchioni

Si dans la perspective austino-searlienne, les actes de langage sont analysés d’une faỗon abstraite, isolộe et dộtachent de leur contexte d’actualisation, C Kerbrat- Orecchioni les met dans le contexte et à l’intérieur d’une séquence d’actes avec la pragmatique des interactions verbales Selon elle, les actes de langage sont des ô objets trop complexes pour se laisser enfermer dans un seul et unique cadre thộorique ằ

Depuis les avancées apportées par la pragmatique interactionniste, la notion d’acte de langage est devenue plus complexe mais plus juste et plus proche de la réalité pragmatique Dans les interactions, il faut que les actes de langage soient identifiés, définis et redéfinis sans cesse car les objets sont plus vastes et ne servent plus qu’à décrire le monde

C.Kerbrat-Orecchioni pose donc l’idée fondamentale de la théorie des actes de langage : ô tous les ộnoncộes possốdent intrinsốquement une valeur d’acte ằ (Kerbrat- Orecchioni 2001 : 21‒22) et elle considère l’acte de langage comme l’unité minimale de la grammaire qui porte une certaine valeur illocutoire (ou force illocutionnaire).

Réalisation des actes de langage

Il existe plusieurs manières pour réaliser un acte de langage et une seule structure peut exprimer des valeurs illocutoires diverses Dans son œuvre intitulộ ô Les actes de langage dans le discours ằ, C Kerbrat-Orecchioni propose deux dộfinitions d’un acte de langage dont l’une est : ô quand dire, c’est faire plusieurs choses à la fois ằ (Kerbrat-Orecchioni, 2001 : 22) Autrement dit, une même réalisation peut exprimer plusieurs actes L’autre dộfinition est ô quand dire, c’est faire une chose sous les apparences d’une autre ằ En d’autre terme, un acte de langage peut ờtre formulộ ô indirectement, sous le couvert d’un autre acte ằ De là, l’idộe est dộveloppộ avec une distinction entre réalisation directe et réalisation indirecte qui sont reconnues grâce à quelques marqueurs prosodiques, lexicaux, syntaxiques et quelques codes

L’acte de langage est formulé directement quand le locuteur énonce une phrase en voulant dire exactement et explicitement ce qu’il dit

En général, la réalisation des actes de langage directs est produite grâce à des verbes performatifs ou des formes de phrase

Ex : ô Je te promets de t’offrir un cadeau ằ ô Je te conseille de ne pas fumer ằ Dans ces exemples, les actes ô promesse ằ et ô conseil ằ sont dộnommộs quand les ộnoncộs les accomplissent On ne peut pas dire ô je promets ằ sans promettre Les verbes ô promettre ằ et ô conseiller ằ sont des verbes performatifs Un verbe ne peut pas ờtre performatif ô par nature ằ, il ne l’est que dans certaines conditions d’emploi

De plus, il doit être employé à la première personne au présent de l’indicatif Il est donc facile de reconnaitre le statut pragmatique de l’énoncé Pourtant, ce type de réalisation direct est rarement utilisé, comme l’a remarqué C Kerbrat-Orecchioni dans son livre ô Les actes de langage dans le discours ằ (C Kerbrat-Orecchioni,

2001 : 36) : ô Les formulations performatives sont donc les plus claires auxquelles le locuteur puisse recourir pour spécifier le statut pragmatique de l’énoncé qu’il produit Mais ces formulations n’existent pas pour tous les actes de langage et elles sont d’un usage relativement rare […] ằ

Il existe d’autre manière de réaliser un acte de langage explicitement sans utiliser les verbes performatif Examinons ces exemples : ô Efface le tableau ! ằ (1) ô Veux-tu sortir avec moi ce soir ? ằ (2) Dans ces phrases, les actes sont formulés mais ne sont pas dénommés L’énoncé (1) accomplit un ordre sans utiliser le verbe ô ordonner ằ, l’ộnoncộ (2) accomplit une invite sans le verbe ô inviter ằ En fait, un acte de langage peut se faire à l’aide des formules diverses :

- L’infinitif prescriptif : ô Eteindre la lumiốre avant de partir ằ

- Les tournures elliptiques : ô Deux demi ! ằ

- Certaines tournures dộclaratives : ô Je voudrais que tu sortes ằ, ô il faut que tu sortes ằ

Mais, il existe aussi des cas ó une forme porte plusieurs sens Par exemple, un ộnoncộ dộclaratif comme ô Il fait mauvais ằ peut ờtre interprộtộ comme un refus ou un avertissement Dans ces cas, ces actes sont rộalisộs de faỗon indirecte

Comme a dộfini C Kerbrat-Orecchioni, ô Quand dire, c’est faire plusieurs choses à la fois ằ et ô Quand dire, c’est fait une chose sous l’apparence d’une autre ằ Un mờme énoncé peut porter plusieurs valeurs illocutoires Et à l’inverse, un acte peut s’exprimer de plusieurs faỗons Par exemple : l’ộnoncộ ô Le ciel est gris ằ peut ờtre traduit par ô Je ne veux pas sortir ằ (refus), ô Alors, apporte le parapluie ! ằ (avertissement) ou simplement ô Il va pleuvoir ằ (assertion) Ses valeurs peuvent mờme s’additionner Et les ộnoncộs comme ô J’ai des choses à faire ằ, ô Je ne suis pas disponible ằ, ô Il fait mauvais aujourd’hui ằ, ô Pas de question ! ằ…peuvent ờtre considérés comme équivalents dans certaines circonstances Bref, les actes de langage indirects est donc des énoncés qui disent une chose pour en signifier une autre

Il existe deux types de formulations indirectes : formulation indirecte conventionnelle et formulation indirecte non-conventionnelle L’acte de langage indirect conventionnel est un acte de discours socialement reconnus alors qu’on doit se baser sur le contexte pour déterminer l’acte de langage indirect non-conventionnel Par exemple, l’ộnoncộ ô Tu peux fermer la porte ? ằ est normalement pris pour une requờte Souvent, on peut ajouter un marqueur tel que ô s’il te plaợt ằ pour renforcer la valeur de la requờte Cet ộnoncộ est donc ô conventionnel ằ En revanche, il n’y a aucun indice pour identifier un acte de langage indirect non-conventionnel Comme dans le cas de ô Il fait froid ằ, l’ộnoncộ prend la forme d’une assertion et ne peut porter la valeur d’une requête que dans certaines circonstances et il faut se baser sur le contexte situationnel On l’appelle alors ô non-conventionnel ằ

En général, la formulation indirecte d’un acte de langage consiste à affirmer ou interroger sur les conditions de rộussite de l’acte en question L’ộnoncộ ô Tu peux fermer la porte ? ằ porte sur la condition de rộussite qui concerne le destinataire alors que l’ộnoncộ ô Il fait froid ằ porte sur l’ộtat de chose au moment de l’ộnonciation

Outre les diffộrentes faỗons de rộalisation, les actes de langages sont influencộs par plusieurs facteurs Nous allons les étudier dans la partie qui suit.

Facteurs d’influence des actes de langage

Dans leurs recherches, Austin et Searle étudient les actes de langage mais détachés du contexte En fait, les actes de langages sont utilisés dans des situations de communication et c’est dans certaines situations précises que le locuteur choisit de produire et interpréter tel ou tel actes de langages D’une part, le contexte dirige la sélection des thèmes de discussion, les termes d’adresse utilisés, le niveau de langue, etc… des émetteurs D’autre part, il facilite l’interprétation des récepteurs, en particulier des actes de langages implicites

Le contexte comprend trois éléments : le cadre spatio-temporel, le but et les participants

- Le cadre spatial englobe tous les caractéristiques du lieu ó a lieu l’interaction, les situations sociales et institutionnelles

- Le cadre temporel est le moment de l’interaction et joue un rôle décisif dans la réussite d’un acte de langage

Celui-ci est dans certains cas lié strictement au cadre spatio-temporel Le choix du lieu et du moment de la conversation dépend du but que visent les locuteurs

Pourtant, dans d’autres cas, le but et le cadre spatio-temporel sont autonomes

Normalement, en commenỗant une conversation, le locuteur vise toujours à un but global Et pour atteindre ce but, il doit formuler une série d’actes de langage qui correspondent à des buts plus ponctuels

Les participants jouent le rôle décisif dans la réussite des actes de langage On peut les classifier selon les critères suivants :

- Leurs caractéristiques individuelles : âge, sexe, appartenance ethnique…

- Leurs caractéristiques sociales : statut social, profession,…

- Leurs caractéristiques psychologiques : caractère, état d’âme

- Leurs relations mutuelles, y compris le degré de connaissance, type de lien (amical, familial ou professionnel) et l’affectif (sympathie ou antipathie, amitié, amour )

- Leurs nombres : 2 personnes (dialogue), 3 personnes (trilogue), plus de 3 personnes (polylogue)…

Selon W Labov et D Fanshel (Kerbrat-Orecchioni, 1996 : 41), une interaction est ô une action qui affecte les relations de soi et d’autrui dans la communication en face à face ằ Autrement dit, entre les interactants existe toujours un certain type de relation qui dộcide la faỗon de communiquer des interlocuteurs Dans sa recherche, Kerbrat-Orecchioni (1992) divise les relations interpersonnelles en deux axes principaux : l’axe horizontal et l’axe vertical

L’axe horizontal marque la relation proche/intime ou éloigné/distant exprimée par les locuteurs dans une interaction L’état de la relation horizontale dépend à la fois des caractộristiques dites ô externes ằ et ô internes ằ de l’interaction Les premiers désignent des données contextuelles à l’ouverture de l’interaction telles que le degré de connaissance des interactants, la nature de leur lien socio-affectif, la situation de communication informelle, formelle ou cérémonielle,… Les deuxièmes comprennent des signes verbaux, para-verbaux ou non-verbaux qui sont produits au cours de l’interaction

Les comportements des interactants sont en général déterminés par les données externes Pourtant, la relation horizontale est aussi négociable, même souvent négociée, explicitement ou implicitement, dans le but d’un rapprochement progressif grõce à des facteurs internes - les marqueurs appelộs ô relationốmes ằ Ces derniers sont très divers et peuvent être de natures différents : verbale (les termes d’adresse, les thèmes abordés dans l’interaction, les niveaux de langue utilisés), para-verbale (l’intensité articulatoire, le timbre de la voix, les chevauchements de parole…) ou non-verbale (la distance spatiale, les gestes utilisés, la position des interactants…)

La relation horizontale est en générale symétrique La dissymétrie est produite quand les interactants ont de différentes intentions de développer leur relation Elle est souvent conduite par la hiérarchie existant entre les interactants

La relation verticale, aussi appelộe ô la relation hiộrarchique ằ, dộmontre la cụtộ de l’inégalitaire entre les interactants En fait, l’un d’entre eux peut être à la position supộrieure ou de ô dominant ằ et l’autre à la position infộrieure ou de ô dominộ ằ

Contrairement à la relation horizontale, la relation verticale est principalement dissymétrique car le dominé a toujours l’intention de résister et de reprendre l’égalité

La relation hiérarchique est aussi dépend à la fois des caractéristiques externes et internes Les premiers englobent tous les données contextuelles (l’âge, le sexe, le statut social, la force physique…) Les deuxièmes existent sous formes des ô taxốmes ằ, ou des ô relationốmes verticaux ằ On distigue les ô taxốmes de position haute ằ des ô taxốmes de postion basse ằ Ces marqueurs peuvent aussi ờtre de nature verbale (les termes d’adresse, les actes de langages produits, l’organisation des tours de parole, les thèmes abordés, le vocabulaire utilisé, l’interprétation de l’interactant…), de nature para-verbale (le ton et l’intensité vocale des interactants) et de nature non verbale (la tenue vestimentaire, l’apparence physique des interactans, les postures, les regards et les gestes mimiques…)

La ô politesse ằ peut ờtre abordộe sous 2 angles : La politesse, au sens commun, est envisagée comme un ensemble de règles gouvernant le comportement social et qui se ressemble à la bienséance Quant à la pragmatique, qui est normalement limité dans une perspective plus linguistique, considère la politesse comme un ensemble des stratégies de conversations Dans le cadre de notre recherche, sur des actes de langage, alors, nous nous intéressons seulement à la politesse linguistique

La politesse linguistique est un domaine de recherche relativement récent Les linguistes commencent à étudier la politesse dans la conversation dans les années 70

H P Grice est considéré comme le pionnier dans la recherche sur les conversations linguistique avec son ô principe de coopộration ằ dans lequel il a mis l’accent sur la relation très stricte entre la contribution des interactants et la quantité, la qualité des informations, la pertinence du discours ainsi que la manière dont on transmettre nos messages Il affirme que ô nos ộchanges de paroles sont le rộsultat, jusqu’à un certain point au moins, d’efforts de coopộration ằ et nous pourrons alors ô formuler en première approximation un principe général qu’on s’attendra à voir respecté par tous les participants : que votre contribution conversationnelle corresponde à ce qui est exigé de vous, au stade atteint par celle-ci, par le but ou la direction acceptés de l’ộchange parlộ dans lequel vous ờtes engagộ ằ (H P GRICE, 1979 : 60-61) En suivant ce principe de Grice, R Lakoff a introduit la notion de ô politesse ằ Pour elle, la communication humaine a deux fonctions majeures : transmettre les informations et établir, maintenir la relation interpersonnelle La deuxième fonction dépend fortement de la politesse: “Politeness is a system of interpersonal relations designed to facilitate interaction by minimizing the potential for conflict and confrontation inherent in all human interchange” (R Lakoff, 1990 : 34) Ainsi, la politesse a pour fonction de minimiser le risque de conflit et de confrontation inhérente à tous les échanges humains pour faciliter l’interaction Après Lakoff, plusieurs linguistes ont cherché à cultiver sur ce nouveau champ Parmi eux, les réalisations les plus remarquables sont venues d’E Goffman, P Brown et Levinson et C Kerbrat-Orecchioni qui, au fil du temps, ont créé de nouvelles notions afin de clarifier le concept de politesse linguistique

3.3.1 E Goffman, la face, le territoire du moi et les figurations

Selon Goffman, l’interaction se ressemble à une mise en scène de la vie quotidienne et les participants sont des acteurs qui doivent jouer bien leur rôle afin de protéger et valoriser ô la masque ằ de son personnage Ainsi, la ô face ằ selon le linguiste est comme l’image que construisent les participants d’eux-mêmes dans une interaction

Plus prộcisộment, elle est ô la valeur social positive qu’une personne revendique effectivement à travers la ligne d’action que les autres supposent qu’elle a adoptée au cours d’un contact particulier ằ (Goffman, 1974 : 9) ô La face social d’une personne est souvent son bien le plus prộcieux et son refuge le plus plaisant ằ (Goffman, 1974 :

13) Chaque individu a donc toujours besoin de valoriser ses points forts, cacher ses points faibles et construire une image de lui-même telle que les autres attendent de lui

Opposant à la ô face ằ, Goffman a ajoutộ la notion du ô territoire du moi ằ qui désigne les propriétés de l’individu et des prolongements corporels, matériels, spatiaux et affectifs Dans son œuvre intitulộ ô La mise en scốne de la vie quotidienne tome II : Les relations en public ằ (1973), le sociolinguistique a listộ huit catộgories de ô territoire ằ qui sont les suivantes :

L’espace personnel dộsigne l’espace autour d’un individu, son propre rộgion ô ú toute pộnộtration est ressentie comme un empiốtement ằ

La place est l’espace dộlimitộ auquel on peut avoir droit et qui ô fixe et articule les revendications spatiales ằ

L’espace utile ou l’espace relatif aux besoins matériels évidents

Le tour signifie l’ordre dans lequel une personne a droit à un bien

L’enveloppe indique la peau ou les vêtements qui recouvrent notre corps

Le territoire de la possession représente l’ensemble d’objet identifiables à nous et disposés autour de notre corps

Les réserves d’information englobent les faits qui nous concernent et que nous voulons garder le contrôle

Les domaines réservés de la conversation montre le droit de l’individu de contrôler sur qui peut lui adresser la parole et quand

Chacun a sa propre ô face ằ et son propre ô territoire ằ qu’il veut prộserver Alors dans une conversation, chaque interactant doit bien maợtriser certains rituels qui consistent à faciliter le rapprochement avec le minimum de risques pour sa ô face ằ et mờme de son interlocuteur comme l’a dit Goffman : ô l’effet combinộ des rốgles d’amour propre et de considération est que, dans les rencontres, chacun tend à se conduire de faỗon à garder aussi bien sa propre face que celle des autres participants ằ (Goffman, 1974 : 44) Il faut donc faire recours à de diverses stratộgies que Goffman appelle des ô figurations ằ (face work) respectant deux ensemble de principes de ménagement des faces : les règles d’amour-propre selon lesquelles on doit faire preuve d’amour pour soi-même et des règles selon lesquelles on doit faire preuve de considération pour l’interlocuteur Ces stratégies permettent de prévenir les situations menaỗants à la face, d’ộviter de produire des risques (agir avec tact) ou de réparer des incidents inévitables

Ces notions du sociolinguiste américain ont donné l’inspiration à Brown et Levinson qui, dans les années qui suivent, a continué à développer la théorie de politesse

3.3.2 Modèle de politesse de Brown et Levinson

En se basant sur la notion de ô face ằ de Goffman, Brown et Levinson (1987 : 65-67) ont élargi la théorie de politesse avec de nouvelles notions des faces positives et nộgatives, des FTAs et du ô face want ằ

L’acte de reproche

Le nom ô reproche ằ vient du verbe transitif ô reprocher ằ qui, d’aprốs http://www.le robert.com/, signifie ô reprộsenter à quelqu’un en le blõmant une chose condamnable ou fõcheuse dont on le tient pour responsable ằ Le ô reproche ằ est dộfini comme ô un blõme formulộ à l’encontre de quelqu’un, un jugement dộfavorable sur un point particulier, pour inspirer la honte ou le regret, pour amender, corriger ằ

D’aprốs http://www.larousse.fr/, un reproche est ô ce qu’on dit à quelqu’un pour lui exprimer son mộcontentement, sa dộsapprobation sur son comportement ằ ou une ô critique faire sur quelque chose ằ

Selon le dictionnaire en ligne http://dictionary.sensagent.com/, ô reproche ằ est un nom masculin signifiant ô blõme sộvốre ằ ou ô blõme adressộ à quelqu’un, afin qu’il ait honte et qu’il se corrige

Nous pouvons remarquer que la nature du reproche est en générale un jugement défavorable envers l’interlocuteur L’objet du reproche peut être une personne ou une chose, ou ô un point particulier ằ dont l’interlocuteur est responsable Le but du reproche est inspirer la honte et le regret pour que l’interlocuteur se corrige Et le reproche permet donc au locuteur d’exprimer son mécontentement

4.2 Le reproche en pragmatique 4.2.1 Le reproche dans les classifications des chercheurs

Selon Austin, l’acte de reproche est un acte illocutoire de valeur ô comportatif ằ, c’est-à-dire, il exprime des réactions face aux comportements des autres Le reproche est donc un acte rộactif du locuteur qui enchaợne tel ou tel acte ou comportement de l’interlocuteur

D’après la distinction des 5 catégories d’actes illocutoires de Searle, le reproche appartient aux ô expressifs ằ qui servent à exprimer l’ộtat psychologique du locuteur, dans ce cas le mécontentement ou le manque de satisfaction du locuteur

Quant à Vanderveken 1 , dans son livre intitulé Les actes de discours, il forme des arbres illocutoires pour distinguer et classifier les verbes illocutoires Sur chaque branche d’un arbre, un verbe est placé après un autre si la force illocutoire qu’il nomme peut être obtenue à partir de la force nommée par l’autre par l’ajout de nouvelles composantes ou l’augmentation du degrộ de puissance Le verbe ô reprocher ằ n’apparait pas dans ses classifications Son synonyme ô blõmer ằ est prộsent dans l’arbre illocutoire des verbes de type assertif

On peut constater que dans l’arbre des verbes de type assertif, ô critiquer ằ, ô blõmer ằ, ô accuser ằ, ô dộnoncer ằ et ô rộprimander ằ sont sur la mờme branche, leur sens est proche l’un de l’autre ô Blõmer ằ est dộfini comme ô le critique en affirmant qu’il est responsable ou coupable de quelque chose ằ (Daniel Vanderveken, Les actes de discours, p173) Le point différent entre blâmer et critiquer est : un critique peut être dirigé contre une chose alors qu’un blâme doit être dirigé contre une personne Entre blâmer et accuser : une accusation est réalisée devant un public tandis qu’un blâme peut être réalisé

1 Docteur en philosophie de l'Université catholique de Louvain qui a fondé avec John Searle la logique des actes silencieusement Et réprimander se distingue de blâmer par le fait d’invoquer une position d’autorité

4.2.2 Analyse du reproche 4.2.2.1 Objectif du reproche

La cible du reproche est l’intérêt des interactants Dans certains cas, une personne reproche à une autre pour son propre intérêt, c’est-à-dire pour valoriser ses faces Dans d’autre cas, le but du reproche est l’intérêt de l’allocutaire Il existe aussi des cas ó le reproche est produit pour l’intérêt de tous les interactants

Pour l’énonciateur, quand il juge défavorablement une parole, une action ou une attitude de l’allocutaire, il se met en position plus haute que son allocutaire De plus, si le reproché reconnait sa faute et formule une excuse, ces actes prouvent que le reprocheur a raison Sa face positive est bien valorisée D’ailleurs, si l’acte initiatif de l’allocutaire menace le ô territoire du moi ằ de l’ộnonciateur et si le reproche peut le faire arrêter, la face négative de l’énonciateur est donc protégée

Pour l’allocutaire, si le reproche est juste et il peut reconnaợtre sa faute et la corriger, il peut éviter de commettre la même faute dans l’avenir Autrement dit, il peut éviter des futurs reproches Le reproche de l’énonciateur, bien qu’il soit, dans le présent, menaỗant pour les faces de l’allocutaire, contribue à la protection de ses faces dans le futur

Le reproche n’est pas un acte initiatif mais un acte réactif à un certain acte de l’allocutaire Ce dernier peut être une action, une attitude ou une parole défavorable

- Action : En générale, une personne reproche à une autre de ne pas faire ou de mal faire quelque chose Autrement dit, on reproche une action non réalisée ou une action mal réalisée Nous divisons les actions non réalisées entrainant le reproche en deux sous-catégories : convention explicite non respecté (action promise mais non réalisée ou contrat violé) et convention implicite non respecté (norme sociale non observé) Quant aux actions mal réalisées, nous les divisons aussi en deux sous-catégories : les actions peu concordantes ou non concordantes à la convention entre les interactants et les actions peu concordantes ou non concordantes aux normes sociales

- Attitude : Habituellement, les attitudes appartiennent à ceux qui enfreignent la morale ou les normes sociales

- Parole : le contenu de la parole d’une personne peut menacer les faces de son allocutaire Les paroles reprochées peuvent être produites consciemment ou inconsciemment

Nous distinguons trois types de reproche : reproche explicite, reproche implicite et reproche mixte :

- Reproche explicite : le locuteur exprime son mécontentement, désigne la faute de son allocutaire, lui reproche explicitement L’allocutaire peut reconnaợtre le reproche facilement

- Reproche implicite : l’idée de reproche est cachée sous d’autres actes de langages tel qu’une question, un ordre, un cri, un appel…) Dans certain cas, le reproche devient plus discret et plus difficile à reconnaợtre

- Reproche mixte : le reproche mixte apparait dans les trilogues ou polylogues ó il y a au moins 3 interactants Le reproche peut être, en même temps, explicite pour un allocutaire et implicite pour un autre allocutaire

4.2.2.4 Reproche et les relations interpersonnelles

Préliminaire

Pour notre recherche, nous avons décidé de travailler sur un corpus préexistant constituộ à partir des nouvelles des auteurs connus de la littộrature franỗaises Ayant conscience de l’importance de l’authenticité des interactions verbales dans la recherche de l’acte de langage, nous avons beaucoup hésité avant de décider de choisir ce corpus littéraire

Au début, nous avions pensé à la méthode d’enregistrement des interactions Cette méthode assure l’authenticité des interactions Pourtant, l’enregistrement en cachette ne semble pas possible car nous ne pourrions pas prévoir quand les interlocuteurs produisent des reproches, et il est aussi impossible d’enregistrer les conversations complètes De plus, si nous prévenons aux interactants que nous allons enregistrer leur conversation, l’authenticité n’est plus assurée, surtout dans le cas des reproches qui sont normalement produits dans les situations de conflit Les interactants pourraient éviter de s’échanger les reproches ou même ne nous permettent pas d’enregistrer leur conversations En outre, cette méthode d’enregistrement implique le travail de transcrire les conversations auquel nous devrons consacrer beaucoup de temps Notre travail ne serait donc pas efficace et productif

La recherche sur les émissions télévisées pose aussi des problèmes sur l’efficacité et l’authenticité des données Normalement, quand on est devant le public, on évite le plus possible de produire des actes menaỗants pour les autres En plus, l’authenticitộ des conversations n’est pas assurée car le contenu des émissions sont strictement géré, les invités ne peuvent donc pas dire tout ce qu’ils pensent

Le rassemblement des dialogues tirés des films télévisés, au début, semble faisable car nous pourrions trouver facilement plusieurs films franỗais sur Internet Pourtant, la transcription des dialogues dans les films n’est pas toujours facile

Nous avons choisi enfin le corpus littéraire pour les raisons suivantes :

- Comme C Kerbrat-Orecchioni a affirmé, un corpus littéraire est ô immộdiatement disponibles et quasiment inộpuisable ằ (C.Kerbrat-Orrecchioni 1990:72-73) Nous pourrions emprunter des œuvres franỗais dans les bibliothèques des universités De plus, le corpus littéraire nous permet d’économiser notre temps car nous ne devrons pas transcrire les dialogues

- Quand nous avons collecté des nouvelles, la recherche des actes de reproche est tout à fait faisable

- C Kerbrat-Orecchionie, quand on lui a demandé sur la légitimité de l’utilisation du corpus littộraire, a partagộ que ô dans la mesure ú la littộrature tend à la conversation ordinaire une sorte de miroir grossissant dans lequel viennent se condenser avec une simplicité, une évidence, une intelligibilité accrues, certains des faits pertinents, l’analyse conversationnelles peut tirer avantage de ces inconvénients mêmes, et trouver dans ce type de corpus, abondante matière à rộflexion ằ (C Kerbra-Orecchionie 1990 : 211-212) La littộrature est, en d’autre terme, ô une reproduction, une imitation, une simulation du dialogue authentique ằ (V Traverso, 1999 :103) L’authenticitộ des dialogues littộraires est donc assurée et en fait, plusieurs recherches admises sont réalisées avec un corpus littéraire

Pourtant, le corpus littéraire possède aussi des points limites :

- Nous ne pourrons pas trouver toujours des unités de reproches au niveau ôsộquence ằ mais parfois au niveau ô interaction ằ ou ô ộchange ằ, cela dộpende de la visée littéraire et le style de l’auteur

- Les exemples trouvés ne sont pas toujours typiques Un énoncé peut jouer le rôle d’un acte de reproche et en même temps un ordre ou une demande… et l’idée de reproche n’est pas toujours nette

Dans notre recherche, le corpus est constitué de 140 unités de reproches identifiées au niveau de sộquence dans les dialogues des nouvelles franỗaises reprộsentatives de l’époque contemporaine (dans un espace de temps plus ou moins large : de 1910 à 2012):

- 6 nouvelles dans le recueil Les rustiques – Nouvelles villageoises (1921) de Louis Pergaud : o La chute o Joséphine est enceinte o L’évation de Kinkin o Le retour o Un sauvetage o Un renseilgnement précis

- 6 nouvelles dans le recueil Main courante et Autres lieux (1994) de Didier Deaninckx : o Le jeu-mystère o Le reflet o Confidences o La carte imaginaire o Le partage des tâches o Ce sont nos ennemis qui marchent à notre tête

- 2 nouvelles dans le recueil Je voudrais que quelqu’un m’attendre quelque part

- 2 nouvelles dans le recueil Des petites vies (2012) de Mathilde Levallois-Perret o Comme dans la vraie vie o En-vie

- 6 nouvelles collectées dans 2 recueils La chambre éclairée et Gigi de Sidonie- Gabrielle Colette o En baie de somme o Fantômes o Bel-Gazou et le cinéma o Le ô maợtre ằ o Plomberie et gaz o Gigi

- 1 nouvelle de Maurice Leblanc o Le cabauchon d’émeraude (1930)

- 2 nouvelles dans le recueil L’enfant prodigue d’André Gide o La réprimande du père o La rộprimande du frốre aợnộ

- 6 nouvelles dans le recueil Les portes de l’enfer (1910) de Maurice Level o Soleil o Le coq chanta o Un piquet ? o Le coupable o Confrontation

- 4 nouvelles de plusieurs auteurs franỗais dans le recueil Histoires d’enfance, conỗu par l’association Sol En Si (Solidaritộ Enfant Sida) (1994) o La boợte à bisous de Pascal Bruckner o La nuit ó Zoé retint son souffle de Yann Queffélec o La déesse dans l’arbre de Christian Jacq o Armel et Styx de Michel des Castillo

- 2 nouvelles du recueil Petit éloge des faits divers (2008) de Didier Deaninckx : o Douche France… o Profession de foi

- 3 nouvelles du recueil Passer l’hiver (2004) d’Olivier Adam o De retour o En douce o Pialat est mort

- 1 nouvelle du recueil Les linottes (1912) o Les linottes I

Nous choisissons des œuvres des auteurs bien connus de la littộrature franỗaise contemporaine comme Didier Deaninckx (Prix Goncourt de la nouvelle en 2012), Anna Gavalda (grand prix RTL-Lire en 2000), Sidonie-Gabrielle Colette (2 e femme élue membre de l’Académie Goncourt en 1945), André Gide (prix Nobel de littérature en 1947), Louis Émile Vincent Pergaud (prix Goncourt en 1910) En plus, pour que la représentativité des données soit garantie, nous examinons aussi des nouvelles de plusieurs autres auteurs franỗais

Les œuvres que nous avons choisies sont de l’époque contemporaine et abordent plusieurs domaines de la vie humaine Nous privilégions les nouvelles dans lesquelles la présence des interactions verbales est copieuse De plus, pour faciliter notre travail de collecte des données portant sur l’acte de reproche, nous laissons la priorité aux nouvelles dans lesquelles existent plusieurs situations de conflit entre les personnages car les reproches y apparaissent le plus souvent

Les personnages dans les nouvelles choisies sont de tranches d’âge et de classes sociales différents Les types de relations entre eux sont aussi variés, ils sont amis, amoureux, collègues, vendeur et client, parent et enfant, patron et employé… Ainsi, nous pouvons observer plusieurs faỗons d’exprimer le reproche avec divers procộdộs de politesses

Dans notre recherche, nous décrirons et analyserons la manifestation des procédés de politesse dans les énoncés reproches En nous basant sur les analyses, nous ferons la synthèse Enfin, nous confronterons les résultats avec l’hypothèse proposée

Nous suivrons donc la démarche : catégorisation, statistique, description, analyse et synthèse

Dans notre recherche, nous analyserons les facteurs Pouvoir (P), Distance (D) et Légitimité (L) en relation avec la présence ou l’absence des Procédés de politesse (PP)

Manifestation de la politesse verbale dans la formulation du reproche,

3 Cette partie de la recherche est consacrée à l’analyse les procédés utilisés pour exprimer la politesse dans les reproches et les réactions des interlocuteurs face aux reproches avec et sans procédé de politesse

Retournons à la définition du reproche, ce dernier est pour but d’exprimer le mécontentement du locuteur et inspirer la honte, le regret pour que l’interlocuteur se corrige Le reproche est donc considộrộ comme un acte menaỗant pour les faces des interactants En d’autre terme, le reproche est un FTA Alors, il faut faire recours à la politesse négative qui sert à éviter et adoucir les FTAs Nous chercherons donc les ô adoucisseurs ằ dont les procộdộes substitutifs et les procộdộs accompagnateurs

3.1 Procédés substitutifs a Le ô vous ằ de politesse :

Le ô vous ằ de politesse est un des procộdộs les plus utilisộs dans les ộnoncộs de reproche Nous citons ici une intervention tiré de la nouvelle La boite à bisous de Pascal Bruckner :

Contexte : L’homme (L2), (encore une fois) grimpe sur un arbre dans un parc Un agent de police (L1) l’aperỗoit

E1 L1 Encore vous ! [ ] Hier vous jouiez à l’exhibitionniste, aujourd’hui vous faites le singe dans les parcs Vous allez me payer ỗa ! E2 L2 

L’agent de police et l’homme dans cette histoire sont des inconnus L’agent de police respecte la norme fondamentale de la sociộtộ franỗaise et vouvoie l’homme mờme en lui reprochant b Le pronom ô on ằ :

Nous trouvons un exemple dans la nouvelle Un piquet de Maurice Level dans lequel on utilise le pronom ô on ằ comme procộdộ de politesse :

Contexte : Ranaille est condamné à mort (L1) Dans la prison, il joue aux cartes avec son gardien (L2) Un jour, il perd

E1 L1 On ne doit pas compter comme ỗa ! Ce n’est pas loyal ! E2 L2 

Dans cette histoire, Ranaille est un prisonnier condamné à mort Il est bien stressé à cause de sa peine De plus, il n’accepte pas qu’il a perdu le jeu Alors, il reproche à son gardien d’avoir trichộ de faỗon indirecte en utilisant le dộsactualisateur personnel (le pronom ô on ằ) Il pourrait dire ô Tu as trichộ ! ằ mais il a choisi d’ờtre plus poli, peut-être parce qu’il respecte son gardien qui est supérieur à lui (L2 > L1) ou parce qu’il sait bien que le gardien ne triche pas et il reproche seulement pour libérer son stresse c La formulation indirecte de l’acte de reproche :

La formulation indirecte, comme le ô vous ằ de politesse, est bien frộquent dans les énoncés de reproche ó le locuteur veux exprimer la politesse, comme dans la nouvelle La nuit ó Zoé retint son souffle de Yann Queffélec :

Contexte : Le mari (L1) utilise le langage vulgaire pour parler aux enfants La femme (L2) n’est pas contente

E1 L1 Si mes derniers travaux ont été refusés par nos partenaires américains, ce n’est pas que j’ai perdu la main mais la foi, les enfants La foi dans l’humanité qui profite, robotise, aliène, empoisonne – arnaque les faibles, et ne va plus nulle part sauf à la guerre, à l’hôpital, à la banque, et aux chiottes…

E3 L1 Pardon les enfants, je voulais dire : aux toilettes…

Dans cette séquence, les parents sont devant les enfants, le père vient d’utiliser le langage vulgaire en parlant aux enfants La femme veut lui reprocher en évitant de dire les choses graves à son mari pour protéger la face positive du mari Elle appelle seulement son prénom pour le signaler qu’il a commis une faute, une apostrophe au lieu d’un reproche

Alors, comme procédés substitutifs, nous apercevons 3 procédés :

- Le pronom ô on ằ : 2 fois/70 ộnoncộs de reproche

- Le ô vous ằ de politesse : 31 fois/ 70 ộnoncộs de reproche

- La formulation indirecte de l’acte de reproche : 50 fois/ 70 énoncés de reproche Nous constatons que la formulation indirecte est le procédé le plus utilisé Vient ensuite le ô vous ằ de politesse Le pronom ô on ằ est beaucoup moins frộquentộs

3.2 Procédés accompagnateurs : a La formule ô s’il te/vous plaợt ằ :

La formule ô s’il te/vous/ plaợt ằ apparaợt comme procộdộ de politesse dans un énoncé de reproche quand le locuteur veut reprocher à quelqu’un en formulant un demande ou un ordre comme dans l’exemple suivant tiré de la nouvelle La nuit ó Zoé retint son souffle d’Yann Queffélec :

Contexte : Le fils (Ll) demande à la mère (L2) quand elle est en train de parler à son mari

E1 L1 Et c’est quoi l’amour ? E2 L2 Zoé ! Ton père me parle…

E4 L2 Ne discute pas s’il te plaợt

Dans l’énoncé E2, la mère veut adoucir la menace sur la face de son fils Elle utilise alors la formulation indirect au lieu de dire ô Tu me dộranges ! ằ Aprốs, le fils, essaye de convaincre sa mốre et continue à lui parler Cette rộaction entraợne un autre reproche de la mốre Elle utilise la formule ô s’il te plaợt ằ pour adoucir le reproche qui menace la face positive de son fils De plus, en lui demandant d’arrêter de discuter, elle lui reproche de ne pas lui obéir C’est donc un reproche indirect sous forme d’une requête b La formule ô Je te/vous prie ằ :

La formule ô Je te/vous prie ằ suit un ộnoncộ de reproche pour adoucir la menace sur les faces de l’interlocuteur, comme une faible demande de reconnaitre et corriger la faute Nous l’avons trouvé dans l’échange tiré de la nouvelle La nuit ou Zoé retint son souffle d’Yann Queffélec :

Contexte : Le mari (L2) n’aime pas ses enfants et les considère comme des fardeaux

La femme (L1), n’est pas d’accord avec lui

E1 L1 : Je t’en prie, Rob, tu es odieux

E2 L2 : Pourtant le docteur a bien dit…

La femme veut garder le respect de son conjoint, elle utilise la formule ô je t’en prie ằ accompagnant son reproche pour d’une part, adoucir le menace pour son mari et d’autre part, lui demander légèrement de corriger sa faute en arrêtant de dire des mauvaises choses sur leurs enfants c Le désarmeur :

Dans un énoncé, le désarmeur est souvent placé devant le reproche pour prévoir l’interlocuteur du contenu désagréable qui vient après Ainsi, il se prépare le moral pour ne pas être choqué et le locuteur peut réduire un peu la menace sur les faces du ô rộprochộ ằ Nous avons trouvộ un exemple dans la nouvelle L’ộvasion de Kinkin de Louis Pergaud :

Contexte : Kinkin (L1) exerỗait des travaux illộgaux (contrebande, maraude, braconnage divers) Un jour, il est allé quérir aux Brenets, petit village de la frontière suisse, une charge de tabac Il est arrêté par 2 douaniers (L2) Sur le chemin vers le chef-lieu de canton, Kinkin cherche à s’évader

Ngày đăng: 06/12/2022, 08:47

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