Những con vật linh trong văn hóa truyền thống việt nam

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Những con vật linh trong văn hóa truyền thống việt nam

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Animaux sacrés dans la culture traditionnelle vietnamienne Đinh Hồng Hải D’après des dictionnaires mondialement reconnus comme l’Oxford ou le Merriam-Webster, le terme animal sacré fait référence au culte des animaux dans le contexte de religions qui respectent l’animal en raison de sa connexion avec un dieu particulier Les dieux se manifestent sous la forme animale, mais ce n’est pas l’animal qui est vénéré, mais le dieu qu’il incarne La puissance divine du dieu se manifeste travers l’animal Par exemple, le serpent Naja dans la culture indienne est la manifestation physique du dieu Shiva, tandis que le singe symbolise Hanuman, etc Avant l’avènement de la dynastie Nguyễn au Vietnam, il n’y avait pas de terme correspondant vật linh (animal sacré), mais il y avait le terme chinois linh vật (objet sacré) L’objet sacré peut être un animal, un objet, une arme, lié un rituel ou un sacrifice, une souche d’arbre, une pierre, ou des phénomènes météorologiques comme la pluie, le vent, l’éclair, le tonnerre, etc Il peut être un lieu saint délimité dans l’espace, comme un temple ou un sanctuaire, ou un lieu sans frontières précises, comme une terre sainte Le 29 ETUDES VIETNAMIENNES terme d’objet sacré ne fut introduit qu’au XXe siècle au Vietnam par le milieu académique et son ouverture aux sciences étrangères, surtout dans les champs ethnographiques et anthropologiques En fait, les animaux sacrés ont été populaires de tous temps dans de nombreuses civilisations humaines, surtout dans la littérature (orale et écrite) Jusqu’à présent, les animaux sacrés ont été associés aux mythes et légendes de diverses cultures travers le monde Au Vietnam, l’utilisation d’animaux sacrés dans l’art n’y fait pas exception Dans le processus d’échange culturel avec d’autres grandes civilisations mondiales comme la Chine, l’Inde et l’Occident, la culture vietnamienne ajouta certaines valeurs aux animaux sacrés étrangers et adopta des valeurs étrangères pour les faire siennes Les symboles du dragon dans la culture de cour de la dynastie Lý, le kìm et le nghê dans le folklore vietnamien en sont quelques exemples Ainsi, nous pouvons déduire que les animaux sacrés sont ceux (réels ou imaginaires) associés la tradition culturelle ou la foi d’une communauté, et qui sont rendus sacrés en tant que symboles de cette communauté ou culture (spécifiquement du peuple vietnamien avec la culture vietnamienne.) En fait, le système d’animaux sacrés de la culture traditionnelle vietnamienne est si riche et varié qu’il est difficile de les énumérer tous Dans le cadre de cette étude, nous nous concentrerons sur les animaux sacrés les plus influents de la culture vietnamienne comme le taureau, la grue, le dragon, les animaux de la famille du dragon, etc Ces animaux sont soit présents dans la culture vietnamienne depuis la période Đông Sơn (premier millénaire avant notre ère), soit importés au Vietnam par la suite Il s’agit en tout cas d’animaux sacrés totalement intégrés la culture vietnamienne, qui eurent une grande influence sur la vie culturelle des vietnamiens et sont devenus des symboles de cette culture 30 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE Le taureau En ce qui concerne l’histoire vietnamienne, de nombreux documents et livres académiques actuels contiennent des informations et des images d’un visage humain cornes provenant de la grotte Đồng Nội Hịa Bình Il s’agit d’une des traces conservées les plus anciennes de la culture vietnamienne C’est une gravure dans la pierre découverte par Madeleine Colani dans la grotte de Đồng Nội (commune de Đồng Tâm, district de Lạc Thủy, province de Hịa Bình) en 1927 La pierre représente un animal avec trois visages humains Les animaux et humains sont représentés avec des cornes La forme de ces cornes correspond parfaitement au chapeau cornes de taureau porté par certains médecins sorciers (Pộ Mo) Le peuple Mường l’appelle le chapeau Bông Beo1 Le taureau est un animal autrefois courant en Asie du Sud-Est qui est désormais en voie d’extinction Dans la vie religieuse avant 1945, les lang avaient une « loi » interdisant les familles en deuil d’organiser des funérailles et d’enterrer leurs morts s’ils ne possédaient pas de bétail pour les rites de l’offrande du riz (cúng dâng cơm) et l’ascension de l’esprit (Mo lên trời) Il s’agit d’une coutume associée au rite Mo, ou plus généralement la coutume d’utiliser le bétail dans les cultes Mường Le peuple Mường utilisaient le bétail pour vénérer les morts, et plus tard ce rite se transforma en celui de « l’allocation de possessions » qui persiste jusqu’à nos jours Dans la langue Mường, Bông Beo (ou Bông Trăng) désigne une fleur poussant dans les buissons aux abords des rivières et des ruisseaux des provinces de Hịa Bình et de Thanh Hóa Le chapeau Bơng Beo est traditionnellement appelé chapeau cornes en raison de ses deux cornes de taureau avec des motifs et des animaux brodés Il s’agit du chapeau le plus important de leur culture, témoignant de la puissance du Pộ Mo (D’après le savant Bùi Huy Vọng.) 31 ETUDES VIETNAMIENNES Les légendes transmises par les guérisseurs et les rites du peuple Mường témoignent de la vénération de la force du taureau L’utilisation de la corne de taureau sur les chapeaux des sorciers guérisseurs en tant que symbole d’un animal puissant témoigne de la volonté de s’approprier sa force Le contrôle et l’apprivoisement de cette créature puissante et agressive en animal utile l’agriculture et aux rites du peuple montre leur désir de s’approprier symboliquement la force d’une bête – le taureau De nombreux artéfacts contiennent des représentations de taureaux, dont notamment la statue du « bougeoir en forme de taureau » au Musée national d’Histoire, qui représente un grand taureau avec deux cornes puissantes et des yeux écarquillés L’homme sur son dos est accroupi et ses mains exécutent un rite plutôt que de diriger le taureau La taille de l’homme ne correspond pas celle du taureau Il semble que la petite taille de l’homme exprime du respect pour la force du taureau, mais montre aussi que l’homme contrôle la bête Ainsi, on peut noter que le symbole des cornes (sur des personnes ou objets), est non seulement un symbole commun de la population môn-khmère, ce qui ressort clairement du groupe linguistique Việt-Mường, mais aussi dans beaucoup d’autres civilisations C’est un symbole de force physique, un outil culturel et symbole de la vie culturelle humaine dès ses origines, tout en comprenant des traits artistiques et religieux La représentation du personnage cornes dans la grotte de Đồng Nội n’est ni l’image d’un totem, ni un élément culturel lié un totem, mais un signe de respect pour une créature naturelle puissante exprimé par un peuple d’une période lointaine, savoir le taureau ou le gaur 32 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE En outre, la représentation dans la grotte de Đồng Nội pourrait aussi être une simulation de la chasse, des sacrifices, ou un élément dédié aux défunts dans les croyances anciennes, dont la trace persiste grâce aux chants Mo et la présence du taureau dans le rite d’offrande du riz lors des funérailles du peuple Mường La grue La grue se trouve parmi les animaux les plus populaires de la culture traditionnelle vietnamienne Elle figure dans la poésie et la musique, la culture et la foi en la vie des vietnamiens depuis des millénaires Les grues sont taillées dans des ornementations architecturales, et se trouvent souvent par paires dans de nombreux lieux religieux Elles ont aussi leur place sur les autels familiaux des vietnamiens ainsi que dans divers motifs décoratifs ornant des lieux luxueux aussi bien que sur des objets quotidiens Dans le cas des motifs décoratifs, les grues sont souvent accompagnées de pins et d’abricotiers, des espèces résistantes et grande longévité Le symbolisme de la grue dans les arts décoratifs est associé aux aspirations permanentes et éternelles des êtres humains Cette signification accordée la grue est assez commune dans les cultures coréenne, japonaise, vietnamienne, et chinoise Dans les peintures figurant des grues, celles-ci sont souvent peintes par les artisans dans des groupes de cinq, sept, cent grues, etc ou alors combinées avec des plantes pour former des ensembles de grue et pin, grue et abricotier, etc Ces peintures montrent toutes des vues paisibles et révèlent la beauté naturelle L’espèce de grue représentée possède généralement de longues pattes, un bec long et pointu, des plumes blanches sur le corps et des plumes noires sur les ailes et la queue, ainsi qu’une tête rouge Certaines peintures contiennent également 33 ETUDES VIETNAMIENNES des grues avec des plumes gris cendré (les peintures de grues noires sont rares) Si l’on compare les peintures de grues avec les photos en couleur de grue commune (sếu) aujourd’hui, on remarque qu’elles sont pratiquement identiques Il s’agit d’une affirmation de plus de la « relativité » et du symbolisme dans l’art entre un oiseau naturel réel et un symbole de la culture traditionnelle Dans les motifs décoratifs vietnamiens, la grue n’occupe pas une place centrale mais vient en complément des éléments principaux Par exemple, dans les motifs décoratifs abricotiergrue ou pin-abricotier, etc., l’abricotier et le pin constituent les motifs centraux, agrémentés de grues, de fleurs, de pierres et d’eau Cependant, les statues rondes des paires de grues de culte ont un rôle totalement différent : le facteur décoratif de l’art est relégué au second plan et la signification de l’animal sacré en tant que symbole central de la foi populaire vietnamienne ressort Comparé aux « animaux sacrés royaux » comme le dragon, la licorne, la tortue et le phénix, la grue occupe une position plus modeste dans la culture de cour du Vietnam Cependant, dans la culture de masse, la grue occupe une place plus importante Dans la plupart des lieux de culte au Vietnam, tels que l’autel familial, les maisons communales, les temples, les pagodes, les sanctuaires, etc on constate la présence d’une paire de grues, placées de part et d’autre du brûle-encens ou du lieu de culte Pourquoi une paire de grues est-elle plus importante dans le folklore vietnamien que les quatre animaux sacrés ? C’est une question difficile La grue est davantage liée la vie du peuple L’aspiration une vie heureuse, paisible, et durable, s’étendant sur plusieurs générations, est représentée par l’image de la grue dans le champ La grue est ancrée dans la mentalité du peuple et reproduite par les artisans dans les peintures ou paires de grues 34 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE Les grues de Chu Đậu Le nghê (un animal fabuleux) Contrairement au dragon, qui est lié la cour et figure dans de nombreuses légendes liées l’histoire nationale et aux rois, le nghê est un animal modeste appartenant la culture populaire Ainsi, en étudiant le nghê, nous étudions des traits propres la culture vietnamienne et surtout l’art plastique folklorique vietnamien Dans les arts plastiques, le nghê prend la forme d’un animal quadrupède doté d’ « une crête, sans cornes, d’un corps petit et svelte, avec l’aspect d’un chien plutôt que d’un lion » (Bùi Ngọc Tuấn, 2011) S’agissant d’un animal imaginaire, il ne possède pas de forme fixe comme le tigre ou le lion On ne dispose pas de documents historiques relatant les origines de l’apparition du nghê On peut donc supposer qu’il s’agit d’une invention du folklore vietnamien, et du mélange de traits culturels locaux avec des caractéristiques venues de Chine et d’Inde Cependant, du fait qu’il tire son origine de la culture vietnamienne, le nghê 35 ETUDES VIETNAMIENNES est essentiellement vietnamien C’est pour cela qu’il est devenu un symbole de la culture vietnamienne, qui diffère en plusieurs points des créatures symboliques chinoises et indiennes Dans le folklore vietnamien, on pense que le chien est un animal sacralisé depuis longtemps, dont des sculptures de pierre étaient placées la porte d’édifices architecturaux (chiens de pierre) Le nghê dans les arts plastiques vietnamiens serait-il une combinaison des chiens de pierre avec des symboles du suanni et les lions de la culture chinoise ? Il s’agit d’une question compliquée, laquelle nous souhaitons offrir la réponse suivante : le symbole du chien dans le folklore vietnamien est modeste et occupe une position inférieure aux animaux sacrés tels que la licorne, le dragon, etc Il est probable que les artisans aient attribué aux chiens de pierre des éléments additionnels appartenant aux animaux sacrés afin de les élever Lorsque le nghê entra dans la culture vietnamienne, il fut supplémenté par les caractéristiques d’autres animaux sacrés tels que le tigre, le lion, le dragon, la licorne, et même le singe, selon leurs différentes positions et figures, ou suivant le rôle ou le statut de chaque symbole Cependant, la caractéristique prédominante du nghê est le rôle de gardien de porte Peut-être pour cette raison, l’expression « phénix dansant, nghê flanquant les portes » est importante pour comprendre le rôle qu’occupe le nghê dans la culture vietnamienne La formation du nghê en tant que symbole constitue une merveilleuse création de nos ancêtres et manifeste une grande aptitude emprunter des éléments une autre culture, les transformer et les combiner des éléments culturels locaux On peut distinguer différents types de nghê dans les arts plastiques vietnamiens selon l’apparence, le lieu, la fonction, la période historique et la région 36 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE a Classification par apparence On peut observer des nghê avec ou sans cornes, avec ou sans crinière, avec des écailles ou un pelage frisé, possédant des sabots ou des griffes, etc Ils peuvent même être identifiés grâce leur silhouette, proche de celle d’un chien ou d’un lion Nghê avec des écailles Nghê avec crinière et oreilles Nghê avec un pelage frisé b Classification par lieu Sur la base des caractéristiques culturelles folkloriques telles que « phénix dansant, flanqué de nghê », nous pouvons observer que le nghê est placé la porte ou devant le portail Le nghê peut flanquer les deux piliers de la porte, être placés droite et gauche (tả vu et hữu vu) des maisons communales, sous la porte intérieure en tant que cộ ou cộ cửa (une partie de la porte) Parfois, on peut voir le nghê perché sur le toit ou sur un piédestal, ressemblant un lion Pour faire la distinction entre un nghê et un lion quand ils sont « assis dans une position erronée », nous devons examiner la fonction de ces animaux c Classification par fonction Dans la culture indienne, le lion (simha) est un animal sacré représentant la force naturelle faisant partie des légendes et 37 ETUDES VIETNAMIENNES représentations artistiques hindoues depuis des millénaires, avant d’être adopté pour les piliers d’Ashoka par le roi Ashoka (dynastie Maurya) Avec la diffusion du bouddhisme en Chine, le lion devient un symbole de pouvoir, outre son rôle de gardien dans lart tombal chinois Son air majestueux et menaỗant est une caractéristique du lion de la culture chinoise, et sert exprimer le pouvoir Nghê en bas-relief Nghê cộ cửa Nghê flanquant les portes Quant au nghê, il s’agit davantage d’un symbole décoratif Les nghê flanquant les portes ne possèdent pas dair majestueux ou menaỗant, mais bien plutụt lapparence amicale et ouverte de chiens occupant le rôle de gardiens ou de serviteurs C’est pour cette raison que les chercheurs vietnamiens établirent un lien entre le nghê et le chien, se référant leur fonction de base plutôt qu’à l’impact d’un animal sacré importé comme le lion Nghê portant un piédestal de lotus 38 Nghê flanquant les portes du temple Nghê s’amusant avec une balle ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE d Classification par période historique Il s’agit de l’une des méthodes de classification des arts plastiques vietnamiens les plus courantes, prenant appui sur des périodes historiques prédéfinies comme les dynasties Lý, Trần, Lê et Nguyễn Cette classification est largement employée pour le dragon; cependant, elle peut facilement induire confusion concernant le nghê Le nghê étant une créature sacrée folklorique, son apparition sous chaque période (Lý, Trần, Lê et Nguyễn) n’est pas aussi unifiée que le dragon, et plus sujet l’inspiration artistique Il n’est pas contraint par les directives de la cour (ou d’autres institutions), ce qui fait que les artisans sont libres de produire des modèles de nghê d’après leur inspiration personnelle Il s’agit d’un des facteurs créatifs uniques des vietnamiens Nghê de la dynastie des Lý Nghê de la dynastie des Lê Nghê moderne e Classification par région L’une des caractéristiques des objets d’art folkloriques vietnamiens est le sceau du village où ils ont été produits et manipulés On entend souvent parler de la fonte de bronze de Ngũ Xã (Hà Nội), de l’incrustation d’argent de Đồng Xâm (Thái Bình), du village de poterie de Bát Tràng (Hà Nội), et ainsi de suite Les lieux mentionnés ci-dessus constituent les marques de fabrique des produits ainsi que leurs lieux de fabrication servant leur 39 ETUDES VIETNAMIENNES classification Le nghê fabriqué dans un village n’est pas le même que celui fabriqué dans un autre Le but, l’usage des matériaux, la création de modèles, l’utilisation des différents outils, sont autant d’éléments propres chaque village On peut ainsi distinguer les nghê fabriqués Bát Tràng de ceux de Bình Dương, Phù Lãng, etc Les nghê de Bát Tràng, Chu Đậu, Đình Đơng – Xã Đàn – Hà Nội, Nam Định La valeur du symbole du nghê dans la culture vietnamienne Valeur historique Jusqu’à ce jour, le nghê, animal sacré qui a existé dans l’histoire de la culture vietnamienne depuis des millénaires, n’a toujours pas été étudié Pourtant, il figure dans l’architecture de cour des dynasties Lý et Trần, les pagodes sous les Lê, et l’autel familial de la plupart des familles vietnamiennes On peut en déduire que le nghê « vit » dans la vie spirituelle des Vietnamiens Comprendre l’existence et le développement du symbole nghê travers chaque période historique nous donnera une vision nouvelle de l’économie, la société, culture et l’art de ces périodes Valeur culturelle Le nghê est considéré comme un animal sacré typique portant des caractéristiques ancrées dans la culture vietnamienne 40 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE Pourtant, cette créature n’est pas mentionnée dans les écrits de Đại Việt1, ce qui témoigne de la partialité des mandarins et des lettrés confucéens vis-à-vis des symboles de la cour et des symboles populaires Cependant, ce « manque d’intérêt » semble avoir aidé le nghê s’émanciper, libéré des contraintes appliquées aux symboles culturels imposés par les institutions confucéennes depuis des millénaires Le nghê, dans son rơle de « serviteur », est présent dans chaque classe sociale et intégra la vie populaire très naturellement, tout comme l’esprit du peuple et la culture vietnamienne Valeur artistique En termes d’art, la notion de « liberté » est très importante On peut dire que le niveau de liberté permis dans les arts plastiques vietnamiens sous les dynasties féodales au Vietnam était proche de la liberté artistique Outre la liberté d’expression (ne connaissant pas d’imposition d’idées de la cour), les artisans populaires étaient libres d’imaginer (le nghê étant une créature fabuleuse) et de créer Disposant d’une liberté absolue en termes d’envergure créative et de style, les artisans pouvaient créer des nghê de diverses formes et couleurs, selon ce qu’ils avaient disposition C’est cette disposition qui mena le nghê un pic de créativité dans l’art folklorique vietnamien En tant que créature fabuleuse, le nghê est composé de plusieurs éléments allant du folklore l’art de la cour et de l’art local l’art étranger Avec d’innombrables œuvres, fabricants, et manifestations, les représentations du nghê ont tout de même des caractéristiques qui les distinguent d’autres symboles comme le lion ou le tigre Comment donc le nghê, possédant des formes de représentation aussi diverses, peut-il avoir des caractéristiques Nom du Vietnam de 1054 1400 et de 1428 1804 41 ETUDES VIETNAMIENNES aussi spécifiques ? Le symbolisme dans l’art peut nous procurer une réponse On peut dire que si la liberté dans l’art permit au nghê d’atteindre un sommet d’expression, le symbolisme dans l’art est ce qui lui prêta des caractéristiques aussi particulières Ce facteur est la base pour des professionnels ainsi que des agences de management pour confirmer des caractéristiques culturelles vietnamiennes travers le symbole nghê dans la « guerre » entre le nghê et le lion aujourd’hui Le dragon (une créature légendaire) Le dragon constitue un sujet fascinant pour de nombreux chercheurs dans le monde jusqu’à ce jour, avec des centaines de travaux scientiques annonỗant et analysant les différents aspects de la culture et de l’histoire de cette créature L’explication des origines historiques et de la formation des dragons dans les cultures asiatiques se fonde sur différentes sources, mais la plupart des études arrivent la même conclusion : les dragons sont des créatures imaginaires L’un des aspects notables des dragons sont leurs légendes : les légendes sur les dragons constituent une source d’information inépuisable contribuant la symbolique du dragon telle qu’on la connt aujourd’hui Ainsi, pour étudier le dragon dans un contexte culturel, mis part le fait d’explorer et d’analyser les légendes sur les dragons, l’approche la plus spécifique est d’étudier la symbolique du dragon dans chaque culture Jusqu’à présent, nombre d’études sur les dragons au Vietnam se sont focalisées sur les aspects historiques et artistiques des dragons ; cependant, il n’existe pas d’étude étendue sur la symbolique des dragons en Asie jusqu’à ce jour C’est pourquoi le dragon vietnamien est constamment éclipsé par le dragon chinois ; certains pensent même que le dragon vietnamien est un produit historique chinois, introduit au Vietnam par « force culturelle » Comment distinguer le 42 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE dragon vietnamien de ceux d’autres cultures ? Afin de trouver les caractéristiques du dragon vietnamien, il est impératif de placer ce thème de recherche au centre de son lieu de création, c’est-à-dire la culture asiatique, et plus particulièrement les deux cultures majeures de la Chine et de l’Asie D’après le point de vue exprimé plus haut, nous considérons le dragon sous la dynastie Song en Chine comme la représentation concrète du dragon chinois durant cette période Alors que le dragon sous la dynastie Lý au Vietnam constitue la représentation concrète du dragon vietnamien durant cette période, le dragon de la dynastie Lý possédant la fois des caractéristiques chinoises et indiennes C’est la manifestation du dragon vietnamien dans le contexte de la culture asiatique Imperceptiblement, le symbole du dragon vietnamien forme un lien entre les cultures indienne et chinoise Le dragon vietnamien et le processus d’échange culturel sino-indien En excluant les facteurs locaux (sấu, giao long) du dragon vietnamien mentionnés par certains auteurs, la présente étude montre les traits chinois et indiens du dragon vietnamien sous la dynastie Lý Premièrement, on remarque facilement que certains aspects du dragon des Lý tels que son apparence, sa position dans la vie sociale, sont empruntés au dragon chinois Cependant, afin de résister l’influence chinoise après mille ans de domination, la dynastie des Lý devait trouver un moyen de se distinguer de la culture chinoise Le roi Lý Thái Tổ (règne 1009-1028) trouva une réaction particulière pour opposer la culture chinoise : le contrepoids culturel « Le choix de la culture indienne pour faire valoir la culture Đại Việt est une manière d’établir un contrepoids culturel nécessaire avec la Chine Outre la compréhension 43 ETUDES VIETNAMIENNES scolastique de l’Inde de l’Ouest travers des livres de prière, un autre avantage dont disposait Lý Công Uẩn était les prisonniers du Champa qui fournirent Đại Việt avec des trésors culturels et artistiques indiens exprimés dans de nombreux chefs-d’œuvre créés de leurs propres mains et conservés jusqu’à aujourd’hui » (Đinh Hồng Hải, 2014, p 113) Ainsi, le dragon de la dynastie Lý est né dans ce contexte Deuxièmement, la forme sinueuse du corps du dragon de la dynastie des Lý ressemble davantage celui du serpent Naja que du dragon des Song Surtout, la crinière et les détails des moustaches sont « moulés » dans un motif de feuille de figuier – une caractéristique indienne Il s’agit de l’indianisation intentionnelle par les Lý du dragon Đại Việt La combinaison harmonieuse de facteurs chinois et indiens au sein du dragon de la dynastie Lý en fait l’un des types les plus intéressants dans l’histoire de l’art vietnamienne Plusieurs chercheurs louèrent l’œuvre d’art qu’est le dragon de la dynastie des Lý, mais peu s’attardèrent sur son contexte historique et la vision millénaire de celui qui en fut l’origine – Lý Thái Tổ Le dragon des Lý contribua « l’assertion des droits humains, de la royauté et de la souveraineté des Vietnamiens » et du roi Lý, outre le fait de renommer la capitale de Đại Việt Thăng Long (Dragon prenant son essor) Doté d’une vision millénaire, Lý Thái Tổ transforma le dragon en un symbole d’indépendance du Đại Việt, et donc du peuple et de la nation, et pas seulement de la famille royale Le roi Lý Thái Tổ réussit combiner l’esprit institutionnel confucéen et l’esprit bouddhiste dans ce symbole culturel de dragon Tableau Formation du dragon de la dynastie des Lý résultant du processus d’échange culturel sino-indien : 44 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE Dragon de la Dragon de Naja, Makara dynastie chinoise la dynastie des Song vietnamienne des Lý Corps inférieur Quatre pieds Pieds, corps sinueux Pas de pieds Corps Animal Serpent Serpent, poisson Tête Crinière et cornes Crinière et cornes Crinière sans cornes Silhouette Epineux Sinueux, flexible Flexible Expression Féroce Amical Majestueux Symbolisme Royauté Royauté, théocratie, souveraineté Théocratie Fonction Démontrer la force Démontrer la de la famille royale souveraineté Démontrer la force de la religion Le symbole du dragon vietnamien combinant l’institution confucéenne et l’esprit bouddhiste Dans une étude complétée en 2014, Trần Trọng Dương affirma : « Alors que la royauté exprimée par l’image du dragon durant cette période est indéniable, nous aimerions indiquer que l’image du dragon est aussi un symbole de la culture bouddhiste Cela signifie que ce symbole contient la fois des traits esthétiques confucéens et bouddhistes Soulignons que l’influence de l’esprit bouddhiste est plus grande que l’influence confucéenne » Au Vietnam, l’influence de l’institution confucéenne était si forte que la structure organisationnelle de la cour copiait le modèle chinois, basé sur des théories confucéennes Les caractères han étaient même appelés « caractères confucéens » par les Vietnamiens, et ceux qui en avaient la connaissance étaient appelés des lettrés confucéens Bien que l’influence de l’institutionnalisme confucéen ait eu un impact significatif sur la vie politique et l’institution de l’Etat féodal du Đại Việt, possédant le dragon comme symbole 45 ETUDES VIETNAMIENNES de la royauté du modèle confucéen, la culture Đại Việt forma également un contrepoids culturel l’institution confucéenne – l’esprit bouddhiste Ce fait est clairement reflété par le symbole du dragon Đại Việt dans les institutions bouddhistes vietnamiennes ainsi que le symbole du Naja dans les institutions bouddhistes d’Asie du Sud-Est Le dragon comme symbole national Le roi Lý, avec sa pensée visionnaire, institua le dragon comme nouveau symbole représentant non seulement la famille royale mais aussi le pays Depuis sa formation au sein de la culture Đại Việt, les chefs-d’œuvre basés sur l’esprit du bouddhisme et de la culture indienne de la dynastie des Lý se répandirent travers le pays, du palais royal aux pagodes, de l’architecture publique aux objets du quotidien La manifestation du dragon du Đại Việt travers son langage symbolique est très différente de celle du dragon chinois, du Naja ou Makara en Inde, et du dragon occidental Le rôle de symbole national occupé par le dragon de la dynastie des Lý se voit dans les points suivants : – Le dragon représente le pouvoir du souverain (d’après le modèle chinois), et pas seulement de la famille royale ; – Le nom du dragon est aussi le nom officiel de la capitale de Đại Việt : Thăng Long (Dragon prenant son essor) ; – Le dragon est communément utilisé par les institutions bouddhistes du Đại Việt ; – Le dragon du Đại Việt est associé l’esprit bouddhiste, créant un contrepoids culturel avec l’institution confucéenne incarnée par le dragon chinois ; – Le symbole du dragon n’est pas monopolisé par le roi, mais nationalisé en tant qu’animal sacré du Đại Việt ; 46 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE – Les légendes sur le dragon sont vietnamisées dans la culture vietnamienne (les Việt sont les descendants du dragon et de la fée) Les animaux de la famille du dragon Par « animaux de la famille des dragons », on veut parler de tous les animaux associés aux légendes de dragons ou alors possédant des éléments appartenant la structure générale du dragon Il est difficile d’énumérer de manière exhaustive les animaux de la famille du dragon en raison de leur nombre et diversité, mais aussi cause de la complexité des influences entrelacées vietnamiennes, chinoises et indiennes entourant chaque créature Nous choisirons ici quatre groupes pour présenter les animaux de la famille du dragon dans la culture vietnamienne Les sấu/giao long/thuồng luồng (monstre-serpent) Ce sont les animaux les plus cités lorsqu’il s’agit de trouver les origines du dragon vietnamien Nombre d’auteurs tels que Bình Nguyên Lộc, Nguyễn Tài Cẩn, Ngô Thành Khôi, se fondèrent sur des reliques culturelles locales de la culture Đông Sơn pour comprendre l’origine du dragon vietnamien, comme par exemple le dragon sur la jarre de bronze de Đào Thịnh, les sấu de pierre aux pagodes Bà Tấm et Dâu, etc Il s’agit des plus anciennes traces de symbole du dragon au Vietnam Le thuồng luồng (monstreserpent) constitue une autre créature imaginaire incluse dans les annales (Đại Việt sử lược – Chroniques abrégées du Đại Việt, Đại Việt sử ký toàn thư – Traité général de l’histoire du Đại Việt) En outre, des légendes racontent sa réincarnation en un prince de la dynastie des Lê 47 ETUDES VIETNAMIENNES En termes d’étymologie, les animaux sấu/giao long/thuồng luồng sont toujours mentionnés comme étant liés au dragon Giao long est le nom sino-vietnamien pour désigner les gravures de créatures ressemblant des crocodiles sur des reliques anciennes Un sấu en pierre la pagode Dâu En termes d’apparence, le thuồng luồng est un animal plus légendaire que réel Pourtant, en étudiant la culture des minorités ethniques Tày-Thái, on remarque de nombreuses traces de ces monstres-serpents dans leur vie quotidienne Par exemple, au cours de certaines fêtes, le symbole rituel central est un t’luong/thuồng luồng « Le thuồng luồng apporte de l’eau et aide les gens Le peuple est reconnaissant envers ce monstre-serpent et le considère comme une divinité ou l’un de leurs ancêtres » (Hoàng Lương 2007, pp 49-55) Cette créature est proche du xà long (dragon serpent), avec un corps de serpent et une tête de dragon 48 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE Le kìm Il s’agit d’un animal sacré représenté dans la décoration des toits de constructions vietnamiennes Il se trouve au sommet du toit, sur le bord, le coin, sur une arrête, etc Il a la forme d’une tête avec une grande bouche qui se referme sur une structure architecturale (comme une paire de tenailles) Cet animal ne possède presque pas de corps (ou un très petit corps) et une queue de poisson En comparant avec les animaux de la famille du dragon dans les cultures chinoise et indienne, on remarque qu’il est l’équivalent du Chiwen dans la culture chinoise et le Makara dans la culture indienne Un kìm la pagode Đông, Hanoi Le hổ phù Ce motif de tête de tigre possède diverses caractéristiques empruntées la culture indienne Il figure souvent sur des 49 ETUDES VIETNAMIENNES structures telles que des pignons de portes, des arches incurvées, dans l’architecture vietnamienne ancienne Il s’agit de la tête d’une créature avec une grande bouche et des yeux globuleux, possédant des bras mais dénuée de corps ou de jambes Grâce cette caractéristique unique, on peut remarquer sa parenté avec le Rahu ou Kertimukha dans la culture indienne et le Bi An dans la culture chinoise C’est pour cette raison qu’on peut classifier le motif de tête de tigre parmi les animaux de la famille du tigre dans la culture vietnamienne Les représentations du motif de la tête de tigre dans l’art architectural vietnamien sont variées Il peut s’agir d’une tête de dragon combinée d’autres éléments décoratifs tels que des feuilles, du rotin, de l’eau, des bambous, etc., ce qui crée des motifs très vifs Les motifs de tête de tigre peuvent appartre sur des portes, portails, ou arches architecturales avec des têtes entières et des pattes antérieures Cependant, ce symbole peut aussi se trouver dans des emplacements plus étroits comme des piliers de porte ou même sur des lames Têtes de tigre (hổ phù) la pagode de Xuân Ổ (Bắc Ninh), au temple Cổ Loa et au temple des rois Trần (Hưng Yên) Les lân/lân mã/long mã/ly Le lân est le qilin dans la culture chinoise C’est une créature affable, de bon augure 50 ANIMAUX SACRÉS DANS LA CULTURE TRADITIONNELLE VIETNAMIENNE Le lân mã (qilin et cheval) et le long mã (cheval dragon) sont des animaux sacrés imaginaires On peut dire que les animaux sacrés de la famille des dragons font partie intégrante de l’étude du symbole du dragon Pour faire une recherche plus approfondie sur le dragon ainsi que sur les animaux sacrés de la famille des dragons dans la culture vietnamienne, nous devons identifier et classer les objets de recherche, et les placer dans leur rôle et leur position Ainsi, nous pouvons faire la différence entre dragon, xi vẫn, toan nghê dans la culture chinoise, Naja, Makara dans la culture indienne et hổ phù, kìm, nghê dans la culture vietnamienne 51 ... féodal du Đại Việt, possédant le dragon comme symbole 45 ETUDES VIETNAMIENNES de la royauté du modèle confucéen, la culture Đại Việt forma également un contrepoids culturel l’institution confucéenne... (monstreserpent) constitue une autre créature imaginaire incluse dans les annales (Đại Việt sử lược – Chroniques abrégées du Đại Việt, Đại Việt sử ký toàn thư – Traité général de l’histoire du Đại Việt) ... haut, nous considérons le dragon sous la dynastie Song en Chine comme la représentation concrète du dragon chinois durant cette période Alors que le dragon sous la dynastie Lý au Vietnam constitue

Ngày đăng: 30/07/2022, 21:43

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