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Annals of Mathematics
Le lemmefondamental
pour lesgroupesunitaires
By G_erard Laumon and Bao Ch^au Ng^o
Annals of Mathematics, 168 (2008), 477–573
Le lemme fondamental
pour lesgroupes unitaires
By G
´
erard Laumon and Bao Ch
ˆ
au Ng
ˆ
o
Abstract
Let G be an unramified reductive group over a nonarchimedian local
field F. The so-called Langlands Fundamental Lemma is a family of con-
jectural identities between orbital integrals for G(F ) and orbital integrals for
endoscopic groups of G. In this paper we prove the Langlands fundamental
lemma in the particular case where F is a finite extension of F
p
((t)), G is a
unitary group and p > rank(G). Waldspurger has shown that this particular
case implies the Langlands fundamental lemma for unitary groups of rank < p
when F is any finite extension of Q
p
.
We follow in part a strategy initiated by Goresky, Kottwitz and MacPher-
son. Our main new tool is a deformation of orbital integrals which is con-
structed with the help of the Hitchin fibration for unitary groups over projec-
tive curves.
0. Introduction
0.1. Lelemmefondamentalde Langlands et Shelstad. Soient F un corps
local nonarchim´edien de caract´eristique r´esiduelle diff´erente de 2, F
son
extension quadratique non ramifi´ee et τ l’´el´ement non trivial du groupe de
Galois de F
sur F . On consid`ere le groupe unitaire quasi-d´eploy´e G = U(n)
sur F dont le groupe des points rationnels sur F est
G(F ) = {g ∈ GL(n, F
) | τ
∗
(
t
g)Φ
n
g = Φ
n
}
o`u la matrice Φ
n
a pour seules entr´ees non nulles les (Φ
n
)
i,n+1−i
= 1.
Soient n = n
1
+ n
2
une partition non triviale et H = U(n
1
) × U(n
2
) le
groupe endoscopique de G correspondant.
Soient δ = (δ
1
, δ
2
) un ´el´ement semi-simple, r´egulier et elliptique de H(F )
et T = T
1
× T
2
⊂ U(n
1
) × U(n
2
) = H son centralisateur; T
1
et T
2
sont des
tores maximaux de U(n
1
) et U(n
2
) qui sont anisotropes sur F . Fixons un
plongement de T comme tore maximal dans G et notons γ l’image de δ par ce
478 G
´
ERARD LAUMON AND BAO CH
ˆ
AU NG
ˆ
O
plongement. Supposons que l’´el´ement semi-simple et elliptique γ est r´egulier
dans G.
L’ensemble des classes de conjugaison dans la classe de conjugaison stable
de γ dans G(F) est en bijection naturelle λ → γ
λ
avec le groupe fini Λ = Λ
r
=
{λ ∈ (Z/2Z)
r
| λ
1
+ · · · + λ
r
= 0} o`u r est le rang du F
-tore d´eploy´e maximal
contenu dans le centralisateur de γ dans GL(n, F
). De mˆeme l’ensemble des
classes de conjugaison dans la classe de conjugaison stable de δ dans H(F ) est
en bijection naturelle λ → δ
λ
= (δ
λ
1
1
, δ
λ
2
2
) avec le sous-groupe Λ
H
= Λ
r
1
× Λ
r
2
de Λ o`u r
1
et r
2
sont les rangs des F
-tores d´eploy´es maximaux contenus dans
les centralisateurs de δ
1
dans GL(n
1
, F
) et δ
2
dans GL(n
2
, F
). On a bien
sˆur r = r
1
+ r
2
. Pour chaque λ ∈ Λ, le centralisateur T
λ
de γ
λ
est une forme
int´erieure de T et est donc isomorphe `a T. De mˆeme, pour chaque λ ∈ Λ
H
⊂ Λ,
le centralisateur S
λ
de δ
λ
est une forme int´erieure de T et est donc lui aussi
isomorphe `a T .
Notons O
F
l’anneau des entiers de F
. Soient K = K
n
= G(F ) ∩
GL(n, O
F
) et K
H
= K
n
1
× K
n
2
les sous-groupes maximaux standard de G(F )
et H(F ). On normalise les mesures de Haar dg et dh de G(F ) et H(F ) en
demandant que K et K
H
soient de volume 1. On consid`ere les int´egrales
orbitales
O
γ
λ
(1
K
) =
T
λ
(F )\G(F )
1
K
(g
−1
γ
λ
g)
dg
dt
λ
pour λ ∈ Λ et
O
H
δ
λ
(1
K
H
) =
S
λ
(F )\H(F )
1
K
H
(h
−1
δ
λ
h)
dh
ds
λ
pour λ ∈ Λ
H
. On a fix´e une mesure de Haar sur T (F ), par exemple celle qui
donne le volume 1 au sous-groupe compact maximal, et on a transport´e, par
les isomorphismes entre T
λ
et T et entre S
λ
et T signal´es plus haut, cette
mesure en la mesure de Haar dt
λ
sur T
λ
(F ) pour chaque λ ∈ Λ et en la mesure
de Haar ds
λ
sur S
λ
(F ) pour chaque λ ∈ Λ
H
.
Soit κ : Λ → {±1} le caract`ere dont le noyau est exactement Λ
H
. On
forme suivant Langlands et Shelstad (cf. [La-Sh]) les combinaisons lin´eaires
d’int´egrales orbitales suivantes: la κ-int´egrale orbitale
O
κ
γ
(1
K
) =
λ∈Λ
κ(λ)
O
γ
λ
(1
K
)
et l’int´egrale orbitale stable endoscopique
SO
H
δ
(1
K
H
) =
λ∈Λ
H
O
H
δ
λ
(1
K
H
).
Langlands et Shelstad (cf. [La-Sh]) ont d´efini un facteur de transfert
∆(γ, δ), qui est le produit d’un signe et de la puissance
|D
G/H
(γ)|
1
2
LE LEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 479
du nombre d’´el´ements du corps r´esiduel de F, et ils ont conjectur´e:
Lemme fondamental. On a l’identit´e
O
κ
γ
(1
K
) = ∆(γ, δ) SO
H
δ
(1
K
H
).
Waldspurger a d´emontr´e que pour ´etablir cette conjecture pour F une
extension finie de Q
p
, il suffisait dele faire lorsque F est une extension finie de
F
p
((t)) (cf. [Wal 1]), et ce apr`es avoir remplac´e lesgroupes G et H par leurs
alg`ebres de Lie (cf. [Hal], [Wal 2], [Wal 3]).
L’objet de cet article est de terminer la d´emonstration du lemme fonda-
mental pourlesgroupesunitairesde rang n < p en traitant ce dernier cas: voir
le th´eor`eme 1.5.1 pour l’´enonc´e pr´ecis.
0.2. Notre strat´egie. Dans la preuve pr´esent´ee ici, nous utilisons des
id´ees de Goresky, Kottwitz et MacPherson, et du premier auteur, id´ees qui
ont ´et´e introduites dans les travaux ant´erieurs [G-K-M] et [Lau]. Comme dans
[G-K-M] on exprime le facteur de transfert `a l’aide d’une fl`eche en cohomologie
´equivariante de sorte que lelemmefondamental se d´eduit d’un isomorphisme
en cohomologie ´equivariante. Comme dans [Lau] on utilise un argument de
d´eformation, qui fait
glisser
d’une situation d’intersection tr`es compliqu´ee
vers une situation d’intersection transversale.
Les r´esultats de [G-K-M] dans le cas non ramifi´e pour un groupe r´eductif
quelconque, et de [Lau] dans le cas ´eventuellement ramifi´e, mais pourle groupe
unitaire uniquement, supposent d´emontr´ee une conjecture de puret´e des fibres
de Springer. Une telle conjecture a ´et´e formul´ee par Goresky, Kottwitz et
MacPherson.
Nous ne savons pas d´emontrer cette conjecture, mais nous contournons le
probl`eme en d´emontrant en fait un autre ´enonc´e de puret´e, `a savoir la puret´e
d’un faisceau pervers li´e `a une famille
universelle
de κ-int´egrales orbitales
globales. Pour cela nous nous fondons sur une interpr´etation g´eom´etrique de
la th´eorie de l’endoscopie de Langlands et Kottwitz (cf. [Lan] et [Kot 1]) `a
l’aide de la fibration de Hitchin ([Hit]). Cette interpr´etation, d´ecouverte par
le second auteur et pr´esent´ee ici uniquement dans le cas des groupes unitaires,
vaut en fait en toute g´en´eralit´e (cf. [Ngo]). Enfin, un argument dans l’esprit
de ([Lau]) permet de conclure.
0.3. Plan de l’article. Passons bri`evement en revue l’organisation de cet
article. Dans le chapitre 1, nous explicitons l’´enonc´e du lemme fondamen-
tal pourlesgroupes unitaires, en termes de comptage des r´eseaux qui sont
auto-duaux par rapport `a une forme hermitienne et qui sont stables par une
transformation unitaire.
480 G
´
ERARD LAUMON AND BAO CH
ˆ
AU NG
ˆ
O
Dans le chapitre 2, nous explicitons la construction de la fibration de
Hitchin dans le cas du groupe unitaire. Nous faisons le lien entre la fibration
Hitchin d’un groupe unitaire et la fibration de Hitchin d’un de ces groupes
endoscopiques.
Dans le chapitre 3, le cœur de ce travail, nous d´emontrons une identit´e
globale, que l’on devrait pouvoir identifier `a une identit´e globale qui apparaˆıt
dans la stabilisation de la formule des traces. L’´enonc´e principal de ce chapitre
est le th´eor`eme 3.9.3. On le d´emontre `a l’aide d’un isomorphisme en cohomolo-
gie ´equivariante. Comme nous l’avons mentionn´e plus haut, l’isomorphisme en
cohomologie ´equivariante que nous construisons est analogue `a celui construit
ant´erieurement dans [G-K-M]. Comme nous l’avons d´ej`a dit notre construction
s’appuie sur un ´enonc´e de puret´e, d´emontr´e dans le paragraphe 3.2, et d’un
argument de d´eformation.
Dans le chapitre 4, nous expliquons comment passer d’une situation locale
donn´ee, `a une situation globale du type de celle consid´er´ee dans le chapitre 3.
Ici, l’outil de base est un th´eor`eme de Bertini rationnel 4.4.1, d´emontr´e par
Gabber ([Gab]) et Poonen ([Poo]). Le comptage de la section (4.6) est analogue
`a celui du th´eor`eme (15.8) de [G-K-M].
Enfin, dans un appendice, nous d´emontrons une variante A.1.2 du th´eor`eme
de localisation d’Atiyah-Borel-Segal. Puis nous pr´esentons le calcul de la co-
homologie ´equivariante d’un fibr´e en droites projective et d’un fibr´e en droites
projectives pinc´ees. Nous d´emontrons dans le dernier appendice une formule
de points fixes.
0.4. Pr´ecautions d’emploi de nos r´esultats. Dans ce travail nous avons
admis certains r´esultats sur la cohomologie -adique des champs alg´ebriques.
0.5. Remerciements. Nous remercions A. Abbes, J B. Bost, L. Breen,
M. Brion, J F. Dat, O. Gabber, D. Gaitsgory, A. Genestier, L. Illusie,
S. Kleiman, L. Lafforgue, F. Loeser, M. Raynaud et J L. Waldspurger pour
l’aide qu’ils nous ont apport´ee durant la pr´eparation de ce travail. Nous re-
mercions aussi le rapporteur pour sa lecture attentive de notre texte et les
nombreuses am´eliorations qu’il y a apport´ees.
1. Int´egrales orbitales et comptage de r´eseaux
1.1. Les donn´ees. Pour tout corps local nonarchim´edien K on note O
K
son
anneau des entiers,
K
une uniformisante de K et v
K
: K
×
→ Z la valuation
discr`ete normalis´ee par v
K
(
K
) = 1.
Pour toute extension finie L de K, on note Tr
L/K
: L → K et Nr
L/K
:
L
×
→ K
×
les trace et norme correspondantes.
Soient F un corps local nonarchim´edien d’´egales caract´eristiques diff´erentes
de 2, k = F
q
son corps r´esiduel et F
son extension quadratique non ramifi´ee
de F (de corps r´esiduel F
q
2
).
LE LEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 481
On se donne une famille finie (E
i
)
i∈I
d’extensions finies s´eparables de F qui
sont toutes disjointes de F
et, pour chaque i ∈ I, un ´el´ement γ
i
de l’extension
compos´ee E
i
= E
i
F
. On note n
i
le degr´e de E
i
sur F et τ l’´el´ement non trivial
des groupesde Galois
Gal(F
/F )
∼
=
Gal(E
i
/E
i
).
On suppose que, pour chaque i ∈ I, γ
i
engendre E
i
sur F
, γ
i
∈ O
E
i
et
γ
τ
i
+ γ
i
= 0.
On suppose de plus que pour tous i = j dans I les polynˆomes minimaux P
i
(T )
et P
j
(T ) sur F
de γ
i
et γ
j
sont premiers entres eux. On suppose enfin que la
caract´eristique de k est > n =
i∈I
n
i
.
Le tore T de l’introduction est alors le tore anisotrope sur F dont le groupe
des F -points est
T (F) =
i∈I
{x ∈ E
i
| x
τ
x = 1}
et γ est vu comme un point sur F de l’alg`ebre de Lie de ce tore.
1.2. Invariants num´eriques. Pour chaque i ∈ I, le polynˆome minimal
P
i
(T ) de γ
i
∈ O
E
i
sur F
est un polynˆome unitaire de degr´e n
i
`a coefficients
dans O
F
. Comme γ
τ
i
= −γ
i
, on a de plus P
τ
i
(T ) = (−1)
n
i
P
i
(−T ).
On note δ
i
la dimension sur F
q
2
de O
E
i
/O
F
[γ
i
], c’est-`a-dire la co-longueur
de O
F
[γ
i
] comme sous-O
F
-r´eseau de O
E
i
. D’apr`es Gorenstein et Rosenlicht
(cf. [Al-Kl 1, Ch. 8 Prop. 1.16]), le conducteur a
i
⊂ O
F
[γ
i
] ⊂ O
E
i
de O
E
i
dans
O
F
[γ
i
] est de co-longueur δ
i
comme sous-O
F
-r´eseau de O
F
[γ
i
] et est donc
´egal `a
a
i
=
2δ
i
e
i
n
i
E
i
O
E
i
o`u e
i
est l’indice de ramification de E
i
sur F .
Puisque l’extension E
i
/F est de degr´e n
i
< p, a fortiori premier `a p, la
diff´erente D
E
i
/F
est ´egale `a l’id´eal
e
i
−1
E
i
O
E
i
de O
E
i
d’apr`es la proposition 13,
§6, ch. III, de [Ser]. De mˆeme, la diff´erente D
E
i
/F
est ´egale `a l’id´eal
e
i
−1
E
i
O
E
i
de O
E
i
. En utilisant loc. cit. Cor. 1, on a donc
v
E
i
dP
i
dT
(γ
i
)
=
2δ
i
e
i
n
i
+ e
i
− 1.
Pour tous i = j dans I, le r´esultant Res(P
i
, P
j
) ∈ F
est non nul puisque
les polynˆomes P
i
(T ) et P
j
(T ) sont premiers entre eux. C’est donc un ´el´ement
non nul de O
F
. On a de plus Res(P
i
, P
j
)
τ
= (−1)
n
i
n
j
Res(P
i
, P
j
). La valuation
r
ij
≥ 0 de Res(P
i
, P
j
) est ´egale `a
r
ij
=
n
i
v
E
i
(P
j
(γ
i
))
e
i
=
n
j
v
E
j
(P
i
(γ
j
))
e
j
.
482 G
´
ERARD LAUMON AND BAO CH
ˆ
AU NG
ˆ
O
Elle est aussi ´egale `a la co-longueur du O
F
-r´eseau O
F
[γ
i
⊕ γ
j
] ⊂ E
i
⊕ E
j
comme sous-r´eseau de O
F
[γ
i
] ⊕ O
F
[γ
j
] ⊂ E
i
⊕ E
j
. De plus, on a
P
j
(γ
i
)O
F
[γ
i
] ⊕ P
i
(γ
j
)O
F
[γ
j
] ⊂ O
F
[γ
i
⊕ γ
j
] ⊂ O
F
[γ
i
] ⊕ O
F
[γ
j
]
puisque P
i
(γ
i
⊕ γ
j
) = 0 ⊕ P
i
(γ
j
) et P
j
(γ
i
⊕ γ
j
) = P
j
(γ
i
) ⊕ 0, et l’indice de
P
j
(γ
i
)O
F
[γ
i
] ⊕ P
i
(γ
j
)O
F
[γ
j
] dans O
F
[γ
i
⊕ γ
j
] est aussi ´egal `a r
ij
.
Pour toute partie J de I on note E
J
=
i∈J
E
i
et E
J
=
i∈J
E
i
. Ce sont
des espaces vectoriels de dimension n
J
=
i∈J
n
i
sur F et F
respectivement.
On note aussi O
E
J
=
i∈J
O
E
i
et O
E
J
=
i∈J
O
E
i
. Soit γ
J
∈ O
E
J
l’´el´ement
γ
J
= ⊕
i∈J
γ
i
. La sous-O
F
-alg`ebre O
F
[γ
J
] de O
E
J
est de co-longueur
δ
J
=
i∈J
δ
i
+
1
2
i=j∈J
r
ij
dans O
E
J
.
Soit a
J
⊂ O
F
[γ
J
] ⊂ O
E
J
le conducteur de O
E
J
dans O
F
[γ
J
]. D’apr`es
Gorenstein, a
J
est de co-longueur δ
J
dans O
F
[γ
J
] et est ´egal `a
a
J
=
a
J
E
J
O
E
J
o`u a
J
= (a
i
)
i∈J
est la famille des entiers
a
i
=
2δ
i
+
j∈J−{i}
r
ij
e
i
n
i
et o`u on a pos´e
a
J
E
J
= ⊕
i∈J
a
i
E
i
.
1.3. Formes hermitiennes. On rappelle que le groupe F
×
/Nr
F
/F
(F
×
)
est le groupe `a deux ´el´ements engendr´e par la classe de n’importe quelle uni-
formisante
F
de F . On l’identifie `a Z/2Z dans la suite.
Pour chaque i ∈ I et chaque c
i
∈ E
×
i
, on munit le F
-espace vectoriel E
i
de la forme hermitienne
Φ
i,c
i
: E
i
× E
i
→ F
, (x, y) → Tr
E
i
/F
(c
i
x
τ
y).
Si d
E
i
/F
est le discriminant de E
i
/F , c’est-`a-dire l’id´eal
d
E
i
/F
= Nr
E
i
/F
(D
E
i
/F
)
de O
F
, le discriminant de Φ
c
i
est la classe λ
i
(c
i
) ∈ Z/2Z de l’´el´ement
Nr
E
i
/F
(c
i
)x ∈ F
×
dans F
×
/ Nr
F
/F
(F
×
) pour n’importe quel g´en´erateur x de l’id´eal d
E
i
/F
.
Comme n
i
est premier `a la caract´eristique r´esiduelle par hypoth`ese, on a
d
E
i
/F
=
n
i
e
i
−1
e
i
F
O
F
LE LEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 483
et
λ
i
(c
i
) ≡ v
F
(Nr
E
i
/F
(c
i
)) + n
i
−
n
i
e
i
=
n
i
v
E
i
(c
i
)
e
i
+ n
i
−
n
i
e
i
(mod 2).
Plus g´en´eralement, pour chaque partie J de I et chaque c
J
= (c
i
)
i∈J
∈ E
×
J
,
on munit le F
-espace vectoriel E
J
de la forme hermitienne
Φ
J,c
J
= ⊕
i∈J
Φ
i,c
i
: E
J
× E
J
→ F
.
Le discriminant de Φ
J,c
J
est la somme
i∈J
λ
i
(c
i
) ∈ Z/2Z
des discriminants des Φ
i,c
i
.
1.4. R´eseaux auto-duaux. Pour chaque partie J de I et chaque c
J
∈ E
×
J
,
on consid`ere l’ensemble
{M
J
⊂ E
J
| M
⊥
c
J
J
= M
J
et γ
J
M
J
⊂ M
J
}
des O
F
-r´eseaux M
J
de E
J
qui sont `a la fois auto-duaux pour Φ
J,c
J
et stables
par γ
J
. Ici on a not´e
M
⊥
c
J
J
= {x ∈ E
J
| Φ
J,c
J
(x, M
J
) ⊂ O
F
}
l’orthogonal de M
J
pour la forme hermitienne Φ
J,c
J
.
Lemme 1.4.1. Pour chaque partie J de I et chaque c
J
∈ E
×
J
, l’ensemble
de r´eseaux ci-dessus est un ensemble fini.
D´emonstration. Pour tout r´eseau dans cet ensemble, on a
a
J
M
J
⊂ M
J
⊂ O
E
J
M
J
et
(O
E
J
M
J
)
⊥
c
J
⊂ M
J
⊂ (a
J
M
J
)
⊥
c
J
.
Or on a O
E
J
M
J
=
−m
J
E
J
O
E
J
pour une famille d’entiers m
J
= (m
i
)
i∈J
index´ee
par J, et donc
a
J
M
J
=
a
J
−m
J
E
J
O
E
J
,
(O
E
J
M
J
)
⊥
c
J
=
m
J
E
J
(O
E
J
)
⊥
c
J
=
−b
J
+m
J
E
J
O
E
J
et
(a
J
M
J
)
⊥
c
J
=
−a
J
+m
J
E
J
(O
E
J
)
⊥
c
J
=
−a
J
−b
J
+m
J
E
J
O
E
J
o`u b
J
= (b
i
)
i∈J
est la famille d’entiers d´efinie par c
−1
i
D
−1
E
i
/F
=
−b
i
E
i
O
E
i
. On
en d´eduit que
b
i
≤ 2m
i
≤ 2a
i
+ b
i
, ∀i ∈ J,
484 G
´
ERARD LAUMON AND BAO CH
ˆ
AU NG
ˆ
O
et que
a
J
−[
b
J
2
]
E
J
O
E
J
⊂ M
J
⊂
−a
J
−b
J
+[
b
J
2
]
E
J
O
E
J
,
d’o`u le lemme.
L’ensemble des r´eseaux M
J
de E
J
qui sont `a la fois auto-duaux pour Φ
J,c
J
et stables par γ
J
, admet encore la description suivante qui est le point de d´epart
de ce travail. Consid´erons la O
F
-alg`ebre A
J
= O
F
[γ
J
] = O
F
[T ]/(P
J
(T ))
o`u P
J
(T ) =
i∈J
P
i
(T ), munie de l’involution qui induit τ sur O
F
et qui
envoie T sur −T . Alors, E
J
est l’anneau total des fractions de A
J
et les O
F
-
r´eseaux M
J
⊂ E
J
tels que γ
J
M
J
⊂ M
J
ne sont rien d’autre que les id´eaux
fractionnaires de A
J
. Un tel id´eal fractionnaire admet un inverse
M
−1
J
= {m ∈ E
J
| xM
J
⊂ A
J
}.
Lemme 1.4.2. Pour tout c
J
∈ E
×
J
, l’orthogonal du O
F
-r´eseau A
J
⊂ E
J
relativement `a la forme hermitienne Φ
J,c
J
est
(A
J
)
⊥
c
J
=
⊕
i∈J
1
c
i
dP
i
dT
(γ
i
)P
J−{i}
(γ
i
)
A
J
⊂ E
J
.
Plus g´en´eralement, pour tout c
J
∈ E
×
J
et tout id´eal fractionnaire M
J
de
A
J
on a la relation
M
⊥
c
J
J
=
⊕
i∈J
1
c
i
dP
i
dT
(γ
i
)P
J−{i}
(γ
i
)
M
−1
J
.
D´emonstration. Voir la d´emonstration de la proposition 11, §6, ch. III,
de [Ser].
En particulier, si on note
c
0
J,i
=
ε
n
J
−1
dP
i
dT
(γ
i
)P
J−{i}
(γ
i
)
∈ E
×
i
, ∀ i ∈ J,
o`u ε est un ´el´ement de F
q
2
⊂ F
tel que ε
τ
= −ε, on a c
0
J
= (c
0
J,i
)
i∈J
∈ E
×
J
et
le O
F
-r´eseau A
J
⊂ E
J
est auto-dual pour la forme hermitienne Φ
J,c
0
J
.
Lemme 1.4.3. On a
λ
0
J,i
:= λ
i
(c
0
J,i
) ≡
j∈J−{i}
r
ji
(mod 2)
pour toute partie J de I et tout i ∈ J.
D´emonstration. On a vu que
λ
i
(c
0
J,i
) ≡
n
i
v
E
i
(c
0
J,i
)
e
i
+ n
i
−
n
i
e
i
(mod 2).
LE LEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 485
Or
v
E
i
dP
i
dT
(γ
i
)P
J−{i}
(γ
i
)
=
2δ
i
e
i
n
i
+ e
i
− 1 +
j∈J−{i}
e
i
r
ji
n
i
,
d’o`u le lemme.
1.5.
´
Enonc´e du lemme fondamental. Pour chaque J ⊂ I et pour chaque
c
J
tel que
i∈J
λ
i
(c
i
) = 0, le cardinal de l’ensemble fini de r´eseaux
O
c
J
γ
J
= |{M
J
⊂ E
J
| M
⊥
c
J
J
= M
J
et γ
J
M
J
⊂ M
J
}|
ne d´epend que de λ
J
(c
J
) = (λ
i
(c
i
))
i∈J
. Soit Λ
J
= {λ
J
∈ (Z/2Z)
J
|
i∈J
λ
i
=
0}. Pour chaque λ
J
∈ Λ
J
on peut donc noter
O
λ
J
γ
J
=
O
c
J
γ
J
pour n’importe quel c
J
tel que λ
J
(c
J
) = λ
J
.
En fait
O
λ
J
γ
J
est une int´egrale orbitale. Plus pr´ecis´ement, choisissons
c
J
∈ E
×
J
tel que λ
J
(c
J
) = λ
J
. Comme le discriminant de Φ
J,c
J
est ´egal `a
1, le F
-espace vectoriel hermitien (E
J
, Φ
J,c
J
) est isomorphe au F
-espace her-
mitien standard (F
n
J
, Φ
n
J
). Choisissons un tel isomorphisme et consid´erons
le plongement de l’alg`ebre de Lie de
T
J
(F ) =
i∈J
{x ∈ E
i
| x
τ
x = 1}
dans l’alg`ebre de Lie u(n
J
) de U(n
J
) qu’il induit. La classe de G(F )-conjugaison
de l’image γ
λ
J
J
de γ
J
par ce dernier plongement ne d´epend pas des choix que
l’on vient de faire. Alors,
O
λ
J
γ
J
est pr´ecis´ement l’int´egrale orbitale de la fonction
caract´eristique du compact maximal standard K
n
J
de u(n
J
)(F ).
Soit I = I
1
I
2
une partition de I. La donn´ee de cette partition ´equivaut
`a la donn´ee d’un caract`ere
κ
I
1
,I
2
: Λ
I
→ {±1}
`a savoir le caract`ere κ d´efini par
κ(λ
I
) = (−1)
P
i∈I
1
λ
i
= (−1)
P
i∈I
2
λ
i
.
On a alors la
κ-int´egrale orbitale
O
κ
γ
=
λ
I
∈Λ
I
κ(λ
I
− (λ
0
I
1
, λ
0
I
2
))
O
λ
I
γ
et l’
int´egrale orbitale endoscopique stable
SO
H
γ
=
λ
I
1
∈Λ
I
1
λ
I
2
∈Λ
I
2
O
λ
I
1
γ
I
1
×
O
λ
I
2
γ
I
2
.
[...]... parcourt les caract`res de Γ a valeurs dans E × , o` pour chaque χ et chaque u e ` u γ ∈ Γ, γ − χ(γ) op`re de mani`re nilpotente sur H n (K)χ , et o` H n (K)χ = (0) e e u pour tous les χ sauf un nombre fini Alors, il existe une unique d´composition Γ-´quivariante e e K= Kχ χ 511 LELEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES dans Db (A) o` χ parcourt les caract`res de Γ a valeurs dans E × , o` pour u... de la e e e H, proposition LE LEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 505 Il existe c ∈ κ(a) tel que les expressions d((b1,i1 − c v )/v) − d(b2,i2 /v) ∈ Ω1 e K/κ(a) soient toutes non nulles et que v ne s’annule en aucune des images dans κ(a)⊗k X des points d’intersection de Yc v ·a1 et Ya2 Pour un tel c notons Uc un ouvert dense de U tel que les fonctions rationnelles (b1,i1 − c v )/v et b2,i2... Hn (fR,∗ Q )κ LELEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 509 suivant les caract`res κ de (Z/2Z)2 , tous les facteurs directs sont potentiellee ment purs de poids n et, pour κ endoscopique, le facteur p Hn (fR,∗ Q )κ est a support dans le ferm´ S de R En particulier, pour chaque caract`re en` e e p Hn (f doscopique κ, la restriction a S de ` R,∗ Q )κ est potentiellement pure de poids n D´monstration... globale e θ ∈ H 0 (XS , End OX (E) ⊗OX OX (2D)) S LELEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 495 munit E d’une structure de (OS k SymOX (OX (−2D)))-Module Puisque ce triplet a pour caract´ristique a, ce (OS k SymOX (OX (−2D)))-Module e est en fait un (OS k SymOX (OX (−2D)))/Ia -Module Le OYa -Module correspondant F est alors S-plat et fibres par fibres un Module sans torsion de rang 1 sur Ya (voir [B-N-R])... courbes spectrales Ya1 , Ya2 et Ya = Ya1 + Ya2 trac´es sur la surface Σ = P(OX ⊕ (LD )⊗−1 ) e Faisons les hypoth`ses sur a suivantes: e – Ya1 et Ya2 sont distinctes, g´om´triquement irr´ductibles et g´n´riquement e e e e e ´tales au-dessus de X; e – les images inverses Ya1 et Ya2 de Ya1 et Ya2 dans le revˆtement double e ´tale Ya = X ×X Ya de Ya sont aussi g´om´triquement irr´ductibles; en e e e e... elliptique si et seulement si τ agit trivialement e sur l’ensemble des composantes irr´ductibles Irr(Ya(s) ) Pour d´montrer que e e a(η) est elliptique, il suffit donc de d´montrer qu’il existe une application e LELEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 499 τ -´quivariante surjective e Irr(Ya(s) ) Irr(Ya(η) ) En effet, la surjectivit´ de cette application force τ ` agir trivialement sur e a Irr(Ya(η)... κ(a) ⊗k V(LD ) est e normal LE LEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 493 2.6 Champs de Picard Pour tout S-point a de Ared , on note πa : Ya = X ×X Ya → Ya le revˆtement double ´tale d´duit du revˆtement double ´tale e e e e e π : X → X et pa : Ya → X la projection canonique L’involution τ de X au-dessus de X induit une involution not´e encore τ de Ya au-dessus de Ya e Le champ de Picard relatif... k SymOX ((LD )⊗−1 ) LELEMMEFONDAMENTALPOURLESGROUPESUNITAIRES 491 On note D(a) le discriminant de la caract´ristique a, c’est-`-dire le r´sultant e a e du polynˆme o un + a1 un−1 + · · · + an et de sa d´riv´e e e nun−1 + (n − 1)a1 un−2 + · · · + an−1 ; c’est une section globale de (LD )⊗n(n−1) En fait, on a une courbe spectrale universelle Y ⊂ Σ ×k A vv vv vv zvvv A dont le changement de base... de cet article est de d´montrer le th´or`me suivant conjectur´ par e e e e Langlands et Shelstad (cf [La-Sh]) et appel´ par eux lelemmefondamental e pourlesgroupesunitaires (ou plutˆt sa variante alg`bre de Lie) o e ´ ` Theoreme 1.5.1 Sous les hypoth`ses pr´c´dentes, on a la relation e e e κ r r H Oγ = (−1) q SOγ o` on a pos´ u e ri1 ,i2 r = rI1 ,I2 = i1 ∈I1 i2 ∈I2 En faisant passer le terme (−1)r... dans l’expression de la κ-int´grale orbitale comme combinaison lin´aire ıtre e e d’int´grales orbitales, des coefficients e κ(λI − (λ01 , λ02 ))(−1)r q −r I I qui sont ´gaux aux facteurs de transfert de Langlands-Shelstad (cf [La-Sh]), e d’apr`s des calculs de Waldspurger valables pour tous lesgroupes classiques e (cf la proposition X.8 de [Wal 4]) Ces facteurs sont aussi les mˆmes que ceux e d´finis par .
Le lemme fondamental
pour les groupes unitaires
By G_erard Laumon and Bao Ch^au Ng^o
Annals of Mathematics, 168 (2008), 477–573
Le lemme. Φ
n
}
o`u pour tout X-sch´ema S, on a not´e par un indice S le changement de base
par le morphisme structural S → X.
LE LEMME FONDAMENTAL POUR LES GROUPES UNITAIRES