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Project Gutenberg's Le vicomte de Bragelonne, Tome I., by Alexandre Dumas This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net Title: Le vicomte de Bragelonne, Tome I Author: Alexandre Dumas Release Date: November 4, 2004 [EBook #13947] Language: French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE VICOMTE DE BRAGELONNE, TOME I *** This Etext was prepared by Ebooks libres et gratuits and is available at http://www.ebooksgratuits.com in Word format, Mobipocket Reader format, eReader format and Acrobat Reader format Alexandre Dumas LE VICOMTE DE BRAGELONNE TOME I (1848 — 1850) Table des matières Chapitre I — La lettre Chapitre II — Le messager Chapitre III — L'entrevue Chapitre IV — Le père et le fils Chapitre V — Où il sera parlé de Cropoli, de Cropole et d'un grand peintre inconnu Chapitre VI — L'inconnu Chapitre VII — Parry Chapitre VIII — Ce qu'était Sa Majesté Louis XIV à l'âge de vingt-deux ans Chapitre IX — Où l'inconnu de l'hôtellerie des Médicis perd son incognito Chapitre X — L'arithmétique de M de Mazarin Chapitre XI — La politique de M de Mazarin Chapitre XII — Le roi et le lieutenant Chapitre XIII — Marie de Mancini Chapitre XIV — Où le roi et le lieutenant font chacun preuve de mémoire Chapitre XV — Le proscrit Chapitre XVI — Remember! Chapitre XVII — Où l'on cherche Aramis, et où l'on ne retrouve que Bazin Chapitre XVIII — Où d'Artagnan cherche Porthos et ne trouve que Mousqueton Chapitre XIX — Ce que d'Artagnan venait faire à Paris Chapitre XX — De la société qui se forme rue des Lombards à l'enseigne du Pilon-d'Or, pour exploiter l'idée de M d'Artagnan Chapitre XXI — Où d'Artagnan se prépare à voyager pour la maison Planchet et Compagnie Chapitre XXII — D'Artagnan voyage pour la maison Planchet et Compagnie Chapitre XXIII — Où l'auteur est forcé, bien malgré lui, de faire un peu d'histoire Chapitre XXIV — Le trésor Chapitre XXV — Le marais Chapitre XXVI — Le coeur et l'esprit Chapitre XXVII — Le lendemain Chapitre XXVIII — La marchandise de contrebande Chapitre XXIX — Où d'Artagnan commence à craindre d'avoir placé son argent et celui de Planchet à fonds perdu Chapitre XXX — Les actions de la société Planchet et Compagnie remontent au pair Chapitre XXXI — Monck se dessine Chapitre XXXII — Comment Athos et d'Artagnan se retrouvent encore une fois à l'hôtellerie de la Corne du Cerf Chapitre XXXIII L'audience Chapitre XXXIV De l'embarras des richesses Chapitre XXXV Sur le canal Chapitre XXXVI Comment d'Artagnan tira, comme eỷt fait une fộe, une maison de plaisance d'une boợte de sapin Chapitre XXXVII Comment d'Artagnan rộgla le passif de la sociộtộ avant d'ộtablir son actif Chapitre XXXVIII Oự l'on voit que l'ộpicier franỗais s'ộtait dộj rộhabilitộ au XVIIốme siốcle Chapitre XXXIX Le jeu de M de Mazarin Chapitre XL — Affaire d'État Chapitre XLI — Le récit Chapitre XLII — Où M de Mazarin se fait prodigue Chapitre XLIII — Guénaud Chapitre XLIV — Colbert Chapitre XLV — Confession d'un homme de bien Chapitre XLVI — La donation Chapitre XLVII — Comment Anne d'Autriche donna un conseil à Louis XIV, et comment M Fouquet lui en donna un autre Chapitre XLVIII Agonie Chapitre XLIX La premiốre apparition de Colbert Chapitre L Le premier jour de la royautộ de Louis XIV Chapitre LI Une passion Chapitre LII La leỗon de M d'Artagnan Chapitre LIII Le roi Chapitre LIV Les maisons de M Fouquet Chapitre LV — L'abbé Fouquet Chapitre LVI — Le vin de M de La Fontaine Chapitre LVII — La galerie de Saint-Mandé Chapitre LVIII — Les épicuriens Chapitre LIX — Un quart d'heure de retard Chapitre LX — Plan de bataille Chapitre LXI — Le cabaret de l'Image-de-Notre-Dame Chapitre LXII — Vive Colbert! Chapitre LXIII — Comment le diamant de M d'Emerys passa entre les mains de d'Artagnan Chapitre LXIV — De la différence notable que d'Artagnan trouva entre M l'intendant et Mgr le surintendant Chapitre LXV — Philosophie du coeur et de l'esprit Chapitre LXVI — Voyage Chapitre LXVII — Comment d'Artagnan fit connaissance d'un poète qui s'était fait imprimeur pour que ses vers fussent imprimés Chapitre LXVIII — D'Artagnan continue ses investigations Chapitre LXIX — Où le lecteur sera sans doute aussi étonné que le fut d'Artagnan de retrouver une ancienne connaissance Chapitre LXX — Où les idées de d'Artagnan, d'abord fort troublées, commencent à s'éclaircir un peu Chapitre LXXI — Une procession à Vannes Chapitre I — La lettre Vers le milieu du mois de mai de l'année 1660, à neuf heures du matin, lorsque le soleil déjà chaud séchait la rosée sur les ravenelles du château de Blois, une petite cavalcade, composée de trois hommes et de deux pages, rentra par le pont de la ville sans produire d'autre effet sur les promeneurs du quai qu'un premier mouvement de la main la tờte pour saluer, et un second mouvement de la langue pour exprimer cette idộe dans le plus pur franỗais qui se parle en France: Voici Monsieur qui revient de la chasse Et ce fut tout Cependant, tandis que les chevaux gravissaient la pente raide qui de la riviốre conduit au chõteau, plusieurs courtauds de boutique s'approchốrent du dernier cheval, qui portait, pendus l'arỗon de la selle, divers oiseaux attachộs par le bec cette vue, les curieux manifestốrent avec une franchise toute rustique leur dộdain pour une aussi maigre capture, et aprốs une dissertation qu'ils firent entre eux sur le dộsavantage de la chasse au vol, ils revinrent leurs occupations Seulement un des curieux, gros garỗon joufflu et de joyeuse humeur, ayant demandộ pourquoi Monsieur, qui pouvait tant s'amuser, grõce ses gros revenus, se contentait d'un si piteux divertissement: Ne sais-tu pas, lui fut-il rộpondu, que le principal divertissement de Monsieur est de s'ennuyer? Le joyeux garỗon haussa les ộpaules avec un geste qui signifiait clair comme le jour: ôEn ce cas, j'aime mieux ờtre Gros-Jean que d'ờtre prince.ằ Et chacun reprit ses travaux Cependant Monsieur continuait sa route avec un air si mélancolique et si majestueux à la fois qu'il eût certainement fait l'admiration des spectateurs s'il eût eu des spectateurs; mais les bourgeois de Blois ne pardonnaient pas à Monsieur d'avoir choisi cette ville si gaie pour s'y ennuyer à son aise; et toutes les fois qu'ils apercevaient l'auguste ennuyé, ils s'esquivaient en bâillant ou rentraient la tête dans l'intérieur de leurs chambres, pour se soustraire à l'influence soporifique de ce long visage blême, de ces yeux noyés et de cette tournure languissante En sorte que le digne prince était à peu près sûr de trouver les rues désertes chaque fois qu'il s'y hasardait Or, c'était de la part des habitants de Blois une irrévérence bien coupable, car Monsieur était, après le roi, et même avant le roi peut-être, le plus grand seigneur du royaume En effet, Dieu, qui avait accordé à Louis XIV, alors régnant, le bonheur d'être le fils de Louis XIII, avait accordé à Monsieur l'honneur d'être le fils de Henri IV Ce n'était donc pas, ou du moins ce n'ẻt pas dû être un mince sujet d'orgueil pour la ville de Blois, que cette préférence à elle donnée par Gaston d'Orléans, qui tenait sa cour dans l'ancien château des États Mais il était dans la destinée de ce grand prince d'exciter médiocrement partout ó il se rencontrait l'attention du public et son admiration Monsieur en avait pris son parti avec l'habitude C'est peut-être ce qui lui donnait cet air de tranquille ennui Monsieur avait été fort occupé dans sa vie On ne laisse pas couper la tête à une douzaine de ses meilleurs amis sans que cela cause quelque tracas Or, comme depuis l'avènement de M Mazarin on n'avait coupé la tête à personne, Monsieur n'avait plus eu d'occupation, et son moral s'en ressentait La vie du pauvre prince était donc fort triste Après sa petite chasse du matin sur les bords du Beuvron ou dans les bois de Cheverny, Monsieur passait la Loire, allait déjeuner à Chambord avec ou sans appétit, et la ville de Blois n'entendait plus parler, jusqu'à la prochaine chasse, de son souverain et mtre Voilà pour l'ennui extra-muros; quant à l'ennui à l'intérieur, nous en donnerons une idée au lecteur s'il veut suivre avec nous la cavalcade et monter jusqu'au porche majestueux du château des États Monsieur montait un petit cheval d'allure, équipé d'une large selle de velours rouge de Flandre, avec des étriers en forme de brodequins; le cheval était de couleur fauve; le pourpoint de Monsieur, fait de velours cramoisi, se confondait avec le manteau de même nuance, avec l'équipement du cheval, et c'est seulement à cet ensemble rougêtre qu'on pouvait reconntre le prince entre ses deux compagnons vêtus l'un de violet, l'autre de vert Celui de gauche, vêtu de violet, était l'écuyer; celui de droite, vêtu de vert, était le grand veneur L'un des pages portait deux gerfauts sur un perchoir, l'autre un cornet de chasse, dans lequel il soufflait nonchalamment à vingt pas du château Tout ce qui entourait ce prince nonchalant faisait tout ce qu'il avait à faire avec nonchalance À ce signal, huit gardes qui se promenaient au soleil dans la cour carrée accoururent prendre leurs hallebardes, et Monsieur fit son entrée solennelle dans le château Lorsqu'il eut disparu sous les profondeurs du porche, trois ou quatre vauriens, montés du mail au château derrière la cavalcade, en se montrant l'un à l'autre les oiseaux accrochés, se dispersèrent, en faisant à leur tour leurs commentaires sur ce qu'ils venaient de voir; puis, lorsqu'ils furent partis, la rue, la place et la cour demeurèrent désertes Monsieur descendit de cheval sans dire un mot, passa dans son appartement, ó son valet de chambre le changea d'habits; et comme Madame n'avait pas encore envo prendre les ordres pour le déjeuner, Monsieur s'étendit sur une chaise longue et s'endormit d'aussi bon coeur que s'il ẻt été onze heures du soir Les huit gardes, qui comprenaient que leur service était fini pour le reste de la journée, se couchèrent sur des bancs de pierre, au soleil; les palefreniers disparurent avec leurs chevaux dans les écuries, et, à part quelques joyeux oiseaux s'effarouchant les uns les autres, avec des pộpiements aigus, dans les touffes des giroflộes, on eỷt dit qu'au chõteau tout dormait comme Monseigneur Tout coup, au milieu de ce silence si doux, retentit un ộclat de rire nerveux, ộclatant, qui fit ouvrir un oeil quelques-uns des hallebardiers enfoncộs dans leur sieste Cet ộclat de rire partait d'une croisộe du chõteau, visitộe en ce moment par le soleil, qui l'englobait dans un de ces grands angles que dessinent avant midi, sur les cours, les profils des cheminộes Le petit balcon de fer ciselộ qui s'avanỗait au-del de cette fenờtre ộtait meublộ d'un pot de giroflộes rouges, d'un autre pot de primevốres, et d'un rosier hõtif, dont le feuillage, d'un vert magnifique, ộtait diaprộ de plusieurs paillettes rouges annonỗant des roses Dans la chambre qu'ộclairait cette fenờtre, on voyait une table carrộe vờtue d'une vieille tapisserie larges fleurs de Harlem; au milieu de cette table, une fiole de grốs long col, dans laquelle plongeaient des iris et du muguet; chacune des extrộmitộs de cette table, une jeune fille L'attitude de ces deux enfants ộtait singuliốre: on les eỷt prises pour deux pensionnaires ộchappộes du couvent L'une, les deux coudes appuyộs sur la table, une plume la main, traỗait des caractères sur une feuille de beau papier de Hollande; l'autre, à genoux sur une chaise, ce qui lui permettait de s'avancer de la tête et du buste par-dessus le dossier et jusqu'en pleine table, regardait sa compagne écrire De là mille cris, mille railleries, mille rires, dont l'un, plus éclatant que les autres, avait effrayé les oiseaux des ravenelles et troublé le sommeil des gardes de Monsieur Nous en sommes aux portraits, on nous passera donc, nous l'espérons, les deux derniers de ce chapitre Celle qui était appuyée sur la chaise, c'est-à-dire la bruyante, la rieuse, était une belle fille de dix-neuf à vingt ans, brune de peau, brune de cheveux, resplendissante, par ses yeux, qui s'allumaient sous des sourcils vigoureusement tracés, et surtout par ses dents, qui éclataient comme des perles sous ses lèvres d'un corail sanglant Chacun de ses mouvements semblait le résultat du jeu d'une mime; elle ne vivait pas, elle bondissait L'autre, celle qui écrivait, regardait sa turbulente compagne avec un oeil bleu, limpide et pur comme était le ciel ce jour-là Ses cheveux, d'un blond cendré, roulés avec un goût exquis, tombaient en grappes soyeuses sur ses joues nacrées; elle promenait sur le papier une main fine, mais dont la maigreur accusait son extrême jeunesse À chaque éclat de rire de son amie, elle soulevait, comme dépitée, ses blanches épaules d'une forme poétique et suave, mais auxquelles manquait ce luxe de vigueur et de modelé qu'on eût désiré voir à ses bras et à ses mains — Montalais! Montalais! dit-elle enfin d'une voix douce et caressante comme un chant, vous riez trop fort, vous riez comme un homme; non seulement vous vous ferez remarquer de MM les gardes, mais vous n'entendrez pas la cloche de Madame, lorsque Madame appellera La jeune fille qu'on appelait Montalais, ne cessant ni de rire ni de gesticuler cette admonestation, rộpondit: Louise, vous ne dites pas votre faỗon de penser, ma chốre; vous savez que MM les gardes, comme vous les appelez, commencent leur somme, et que le canon ne les rộveillerait pas; vous savez que la cloche de Madame s'entend du pont de Blois, et que par consộquent je l'entendrai quand mon service m'appellera chez Madame Ce qui vous ennuie, c'est que je ris quand vous écrivez; ce que vous craignez, c'est que Mme de Saint-Remy, votre mère, ne monte ici, comme elle fait quelquefois quand nous rions trop; qu'elle ne nous surprenne, et qu'elle ne voie cette énorme feuille de papier sur laquelle, depuis un quart d'heure, vous n'avez encore tracé que ces mots: Monsieur Raoul Or vous avez raison, ma chère Louise, parce que, après ces mots, Monsieur Raoul, on peut en mettre tant d'autres, si significatifs et si incendiaires, que Mme de Saint- Remy, votre chère mère, aurait droit de jeter feu et flammes Hein! n'estce pas cela, dites? Et Montalais redoublait ses rires et ses provocations turbulentes La blonde jeune fille se courrouỗa tout fait; elle dộchira le feuillet sur lequel, en effet, ces mots, Monsieur Raoul, ộtaient ộcrits d'une belle ộcriture, et, froissant le papier dans ses doigts tremblants, elle le jeta par la fenờtre L! l! dit Mlle de Montalais, voil notre petit mouton, notre Enfant Jộsus, notre colombe qui se fõche! N'ayez donc pas peur, Louise; Mme de Saint-Remy ne viendra pas, et si elle venait, vous savez que j'ai l'oreille fine D'ailleurs, quoi de plus permis que d'ộcrire un vieil ami qui date de douze ans, surtout quand on commence la lettre par ces mots: Monsieur Raoul? C'est bien, je ne lui ộcrirai pas, dit la jeune fille Ah! en vộritộ, voil Montalais bien punie! s'ộcria toujours en riant la brune railleuse Allons, allons, une autre feuille de papier, et terminons vite notre courrier Bon! voici la cloche qui sonne, prộsent! Ah! ma foi, tant pis! Madame attendra, ou se passera pour ce matin de sa premiốre fille d'honneur! Une cloche sonnait, en effet; elle annonỗait que Madame avait terminộ sa toilette et attendait Monsieur, lequel lui donnait la main au salon pour passer au rộfectoire Cette formalité accomplie en grande cérémonie, les deux époux déjeunaient et se séparaient jusqu'au dỵner, invariablement fixé à deux heures Le son de la cloche fit ouvrir dans les offices, sites à gauche de la cour, une porte par laquelle défilèrent deux mtres d'hơtel, suivis de huit marmitons qui portaient une civière chargée de mets couverts de cloches d'argent L'un de ces mtres d'hơtel, celui qui paraissait le premier en titre, toucha silencieusement de sa baguette un des gardes qui ronflait sur un banc; il poussa même la bonté jusqu'à mettre dans les mains de cet homme, ivre de sommeil, sa hallebarde dressée le long du mur, près de lui; après quoi, le soldat, sans demander compte de rien, escorta jusqu'au réfectoire la viande de Monsieur, précédée par un page et les deux mtres d'hơtel Partout ó la viande passait, les sentinelles portaient les armes Mlle de Montalais et sa compagne avaient suivi de leur fenêtre le détail de ce cérémonial, auquel pourtant elles devaient être accoutumées Elles ne regardaient au reste avec tant de curiosité que pour être sûres de n'être pas dérangées Aussi marmitons, gardes, pages et mtres d'hơtel une fois passés, elles se remirent à leur table, et le soleil, qui, dans l'encadrement de la fenêtre, avait éclairé un instant ces deux charmants visages, n'éclaira plus que les giroflées, les primevères et le rosier — Bah! dit Montalais en reprenant sa place, Madame déjeunera bien sans moi — Oh! Montalais, vous serez punie, répondit l'autre jeune fille en s'asseyant tout doucement à la sienne — Punie! ah! oui, c'est-à-dire privée de promenade; c'est tout ce que je demande, que d'être punie! Sortir dans ce grand coche, perchée sur une portière; tourner à gauche, virer à droite par des chemins pleins d'ornières ó l'on avance d'une lieue en deux heures; puis revenir droit sur l'aile du château ó se trouve la fenêtre de Marie de Médicis, en sorte que Madame ne manque jamais de dire: «Croirait-on que c'est par là que la reine Marie s'est sauvée… Quarante-sept pieds de hauteur!… La mère de deux princes et de trois princesses!» Si c'est là un divertissement, Louise, je demande à être punie tous les jours, surtout quand ma punition est de rester avec vous et d'écrire des lettres aussi intéressantes que — Non — Eh bien! tenez, dit Porthos en se haussant sur ses étriers, mouvement qui fit fléchir l'avant-main de son cheval, voyez-vous dans le soleil, là-bas, cette flèche? — Certainement, que je la vois — C'est la cathédrale — Qui s'appelle? — Saint-Pierre Maintenant, là, tenez, dans le faubourg à gauche, voyez vous une autre croix? — À merveille — C'est Saint-Paterne, la paroisse de prédilection d'Aramis — Ah! — Sans doute Voyez-vous, saint Paterne passe pour avoir été le premier évêque de Vannes Il est vrai qu'Aramis prétend que non, lui Il est vrai qu'il est si savant, que cela pourrait bien n'être qu'un paro… qu'un para… — Qu'un paradoxe, dit d'Artagnan — Précisément Merci, la langue me fourchait… il fait si chaud — Mon ami, fit d'Artagnan, continuez, je vous prie, votre intéressante démonstration Qu'est-ce que ce grand bâtiment blanc percé de fenêtres? — Ah! celui-là, c'est le collège des jésuites Pardieu! vous avez la main heureuse Voyez-vous près du collège une grande maison à clochetons à tourelles, et d'un beau style gothique, comme dit cette brute de M Gétard? — Oui, je la vois Eh bien? — Eh bien! c'est là que loge Aramis — Quoi! il ne loge pas à l'évêché? — Non; l'évêché est en ruines L'évêché, d'ailleurs, est dans la ville, et Aramis préfère le faubourg Voilà pourquoi, vous dis-je, il affectionne Saint-Paterne, parce que Saint-Paterne est dans le faubourg Et puis il y a dans ce même faubourg un mail, un jeu de paume et une maison de dominicains Tenez, celle-là qui élève jusqu'au ciel ce beau clocher — Très bien — Ensuite, voyez-vous, le faubourg est comme une ville à part; il a ses murailles, ses tours, ses fossés; le quai même y aboutit, et les bateaux abordent au quai Si notre petit corsaire ne tirait pas huit pieds d'eau, nous serions arrivés à pleines voiles jusque sous les fenêtres d'Aramis — Porthos, Porthos, mon ami, s'écria d'Artagnan, vous êtes un puits de science, une source de réflexions ingénieuses et profondes Porthos, vous ne me surprenez plus, vous me confondez — Nous voici arrivés, dit Porthos, détournant la conversation avec sa modestie ordinaire «Et il était temps, pensa d'Artagnan, car le cheval d'Aramis fond comme un cheval de glace.» Ils entrèrent presque au même instant dans le faubourg, mais à peine eurent-ils fait cent pas, qu'ils furent surpris de voir les rues jonchées de feuillages et de fleurs Aux vieilles murailles de Vannes pendaient les plus vieilles et les plus étranges tapisseries de France Des balcons de fer tombaient de longs draps blancs tout parsemés de bouquets Les rues étaient désertes; on sentait que toute la population était rassemblée sur un point Les jalousies étaient closes, et la frcheur pénétrait dans les maisons sous l'abri des tentures, qui faisaient de larges ombres noires entre leurs saillies et les murailles Soudain, au détour d'une rue, des chants frappèrent les oreilles des nouveaux débarqués Une foule endimanchée apparut à travers les vapeurs de l'encens qui montait au ciel en bleuâtres flocons, et les nuages de feuilles de roses voltigeant jusqu'aux premiers étages Au- dessus de toutes les têtes, on distinguait les croix et les bannières, signes sacrés de la religion Puis, au-dessous de ces croix et de ces bannières, et comme protégées par elles, tout un monde de jeunes filles vêtues de blanc et couronnées de bleuets Aux deux cụtộs de la rue, enfermant le cortốge, s'avanỗaient les soldats de la garnison, portant des bouquets dans les canons de leurs fusils et la pointe de leurs lances C'ộtait une procession Tandis que d'Artagnan et Porthos regardaient avec une ferveur de bon goỷt qui dộguisait une extrờme impatience de pousser en avant, un dais magnifique s'approchait, prộcộdộ de cent jộsuites et de cent dominicains, et escortộ par deux archidiacres, un trộsorier, un pộnitencier et douze chanoines Un chantre la voix foudroyante, un chantre triộ certainement dans toutes les voix de la France, comme l'était le tambour-major de la garde impériale dans tous les géants de l'Empire, un chantre, escorté de quatre autres chantres qui semblaient n'être là que pour lui servir d'accompagnement, faisait retentir les airs et vibrer les vitres de toutes les maisons Sous le dais apparaissait une figure pâle et noble, aux yeux noirs, aux cheveux noirs mêlés de fils d'argent, à la bouche fine et circonspecte, au menton proéminent et anguleux Cette tête, pleine de gracieuse majesté, était coiffée de la mitre épiscopale, coiffure qui lui donnait, outre le caractère de la souveraineté, celui de l'ascétisme et de la méditation évangélique — Aramis! s'écria involontairement le mousquetaire quand cette figure altière passa devant lui Le prélat tressaillit; il parut avoir entendu cette voix comme un mort ressuscitant entend la voix du Sauveur Il leva ses grands yeux noirs aux longs cils et les porta sans hésiter vers l'endroit d'ó l'exclamation était partie D'un seul coup d'oeil, il avait vu Porthos et d'Artagnan près de lui De son cơté, d'Artagnan, grâce à l'acuité de son regard, avait tout vu, tout saisi Le portrait en pied du prộlat ộtait entrộ dans sa mộmoire pour n'en plus sortir Une chose surtout avait frappộ d'Artagnan En l'apercevant, Aramis avait rougi, puis il avait l'instant mờme concentrộ sous sa paupiốre le feu du regard du maợtre et l'imperceptible affectuositộ du regard de l'ami Il ộtait ộvident qu'Aramis s'adressait tout bas cette question: ôPourquoi d'Artagnan est-il l avec Porthos, et que vient-il faire Vannes?ằ Aramis comprit tout ce qui se passait dans l'esprit de d'Artagnan en reportant son regard sur lui et en voyant qu'il n'avait pas baissé les yeux Il connt la finesse de son ami et son intelligence; il craint de laisser deviner le secret de sa rougeur et de son étonnement C'est bien le même Aramis, ayant toujours un secret à dissimuler Aussi, pour en finir avec ce regard d'inquisiteur qu'il faut faire baisser à tout prix, comme à tout prix un général éteint le feu d'une batterie qui le gêne, Aramis étend sa belle main blanche, à laquelle étincelle l'améthyste de l'anneau pastoral, il fend l'air avec le signe de la croix et foudroie ses deux amis avec sa bénédiction Peut-être, rêveur et distrait, d'Artagnan, impie malgré lui, ne se fût point baissé sous cette bénédiction sainte; mais Porthos a vu cette distraction, et, appuyant amicalement sa main sur le dos de son compagnon, il l'écrase vers la terre D'Artagnan fléchit: peu s'en faut même qu'il ne tombe à plat ventre Pendant ce temps, Aramis est passé D'Artagnan, comme Antée, n'a fait que toucher la terre, et il se retourne vers Porthos tout prêt à se fâcher Mais il n'y a pas à se tromper à l'intention du brave hercule: c'est un sentiment de bienséance religieuse qui le pousse D'ailleurs, la parole, chez Porthos, au lieu de déguiser la pensée, la complète toujours — C'est fort gentil à lui, dit-il, de nous avoir donné comme cela une bénédiction, à nous tout seuls Décidément, c'est un saint homme et un brave homme Moins convaincu que Porthos, d'Artagnan ne répondit pas — Voyez, cher ami, continua Porthos, il nous a vus, et au lieu de continuer à marcher au simple pas de procession, comme tout à l'heure, voilà qu'il se hâte Voyez-vous comme le cortège double sa vitesse? Il est pressé de nous voir et de nous embrasser, ce cher Aramis — C'est vrai, répondit d'Artagnan tout haut Puis tout bas: — Toujours est-il qu'il m'a vu, le renard, et qu'il aura le temps de se préparer à me recevoir Mais la procession est passée; le chemin est libre D'Artagnan et Porthos marchèrent droit au palais épiscopal, qu'une foule nombreuse entourait pour voir rentrer le prélat D'Artagnan remarqua que cette foule était surtout composée de bourgeois et de militaires Il reconnut dans la nature de ces partisans l'adresse de son ami En effet, Aramis n'était pas homme à rechercher une popularité inutile: peu lui importait d'être aimé de gens qui ne lui servaient à rien Des femmes, des enfants, des vieillards, c'est-à-dire le cortège ordinaire des pasteurs, ce n'était pas son cortège à lui Dix minutes après que les deux amis avaient passé le seuil de l'évêché, Aramis rentra comme un triomphateur; les soldats lui présentaient les armes comme à un supérieur; les bourgeois le saluaient comme un ami, comme un patron plutôt que comme un chef religieux Il y avait dans Aramis quelque chose de ces sénateurs romains qui avaient toujours leurs portes encombrées de clients Au bas du perron, il eut une conférence d'une demi-minute avec un jésuite qui, pour lui parler plus discrètement, passa la tête sous le dais Puis il rentra chez lui; les portes se refermèrent lentement, et la foule s'écoula, tandis que les chants et les prières retentissaient encore C'était une magnifique journée Il y avait des parfums terrestres mêlés à des parfums d'air et de mer La ville respirait le bonheur, la joie, la force D'Artagnan sentit comme la présence d'une main invisible qui avait, toutepuissante, créé cette force, cette joie, ce bonheur, et répandu partout ces parfums «Oh! oh! se dit-il, Porthos a engraissé; mais Aramis a grandi.» Fin du tome I End of the Project Gutenberg EBook of Le vicomte de Bragelonne, Tome I by Alexandre Dumas *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE VICOMTE DE BRAGELONNE, TOME I *** ***** This file should be named 13947-8.txt or 13947-8.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.net/1/3/9/4/13947/ This Etext was prepared by Ebooks libres et gratuits and is available at http://www.ebooksgratuits.com in Word format, Mobipocket Reader format, eReader format and Acrobat Reader format Updated editions will replace the previous one—the old editions will be renamed Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge 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the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will remain freely available for generations to come In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation web page at http://www.pglaf.org Section 3 Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service The Foundation's EIN or 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Chapitre XI — La politique de M de Mazarin Chapitre XII — Le roi et le lieutenant Chapitre XIII — Marie de Mancini Chapitre XIV — Où le roi et le lieutenant font chacun preuve de mémoire Chapitre XV — Le proscrit Chapitre XVI — Remember!... l'étranger que des voix discordantes et enroes qui criaient encore par intervalles: «Vive le roi!» Il resta aussi les six chandelles que tenaient les habitants de l'Hơtellerie des Médicis, savoir: deux chandelles pour Cropole, une... Chapitre L Le premier jour de la royautộ de Louis XIV Chapitre LI Une passion Chapitre LII La le? ??on de M d'Artagnan Chapitre LIII Le roi Chapitre LIV Les maisons de M Fouquet Chapitre LV — L'abbé Fouquet Chapitre LVI — Le vin de M