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MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANGE (RKGONNUE D'UTILITÉ PUBLIQUK) ANNÉE 1902 TOME XV PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE S8, rue Serpente, Hôtel des Sociétés savantes (6« arrondissement) 1902 V/ ^T^fé^ ^cU^^ OBSERVATIONS SUR QUELQUES REPTILES DU DÉPARTEMENT DE L'INDRE Mœurs, reproduction et domestication de la Cistude (I) d'Europe l'Ait RAYMOND ROLLINAT La Cistude d'Europe, Cistudo- Europœa Duniéril et Bibrou, est presque tous les étangs du département de l'Indre C'est surtout dans une contrée appelée Brenne, située dans les arrondissements du Blanc et de Chàleauroux, où les étangs, au nombre de plusieurs centaines, ont parfois une superficie considérable, qu'on rencontre cette intéressante espèce; mais elle est aussi fort commune dans les étangs assez éloignés de la Brenne proprement dite, dans ceux des environs d'Argenton, par exemple L'étendue de l'étang n'est pour rien en ce qui concerne l'habitat de cette Tortue on m'a apporté des Cistudes capturées dans les immenses étangs de Brenne, d'autres qui avaient été prises dans de minuscules étangs, d'autres enfin qui avaient été ramassées dans de simples mares Souvent, on m'a donné des sujets capturés dans la Creuse ou dans la Bouzanne, mais les individus, ordinairement isolés, qui vivent sur ces rivières, sont pour la plupart des Cistudes évadées des jardins où elles avaient été placées pour y détruire les Limaces et les Escargots (Cependant, si la Cistude habite dans la plupart de nos étangs, elle n'existe pas dans tous Je tiens même de mon collègue et ami René Maiitin, qui a beaucoup parcouru la Brenne en naturaliste savant et passionné, que cette espèce introduite dans certains étangs n'y était pas restée Il est fort difficile d'étudier les mœurs des Tortues dans les endroits où elles vivent en liberté A l'étang des Feuilloux, aux commune dans : (1) Raymond Rollinat Observations sur quelques l'Indre Mœurs et reproduction de l'Orvet Zoologiqne de France, X, fragile Raymond Rollinat Observations sur quelques l'Indre Mœurs et du département de Mémoires de la Société Reptiles — 1897 Reptiles du département de reproduction du Lézard des murailles — Bulletin de la Société nationale d'Acclimatation de France, juillet 1897 Raymond Rollinat Observations sur quelques Reptiles du département de l'Indre Mœurs et reproduction du Lézard vert Mémoires de la Société Zoolo- gique de France, XIII, 1900 b R ROLLINAT environs d'Argeuton, la Cistude est commune Des sujets étaieût presque continuellement rassemblés, pendant les belles journées du printemps ou de l'été, sur un petit monticule situé dans les mais dès que j'approchais immédiatement dans ce n'est que rarement que je rencontrais l'eau et disparaissaient un individu isolé, dans l'une des queues de l'étang, où il errait la recherche de sa nourriture Après de fortes pluies, lorsque les fossés qui conduisent l'eau aux étangs sont peu près pleins, des une joncs, faible distance des de leur observatoire, ils bords ; précipitaient se ; Tortues s'aventurent assez loin des lieux qu'elles habitent d'ordinaire; c'est qu'elles se font prendre, ou dans les queues d'étangs, ou bien encore lorsque les femelles s'éloignent de l'eau pour aller déposer leur ponte dans les terrains secs avoisinants Les habitants des campagnes connaissent peu les mœurs de cette espèce Ils disent que c'est en avril ordinairement parce qu'ils entendent du plastron du mâle sur et souvent aussi que la les le qu'a lieu l'accouplement, bruit produit par les chocs répétés le faible bouclier de la jours qui précèdent femelle, dans les instants la copulation Ils savent femelle va déposer ses œufs une petite distance de Tétang, parce qu'eu labourant ils mettent découvert les pontes de cette espèce, et qu'ils trouvent des œufs contenant des petits, ou des jeunes frchement éclos qui reposent embryons sont morts pendant près des œufs dont les développement Ils croient que printemps de l'année qui suit celle de la ponte, ce qui est une erreur, ainsi qu'on le verra plus loin Près des marchands de Poissons, qui, chaque année, en automne et en hiver, pèchent de nombreux étangs, je n'ai pu recueillir aucun renseignement utile Ils ne trouvent que rarement des Tortues lorsque les eaux se sont écoulées par le déversoir et ont mis en grande partie nu la vase du fond de l'étang, car notre Chélonien hiverne sous les amas de joncs pourris, le long des bords, sous terre ou enfoui une très faible profondeur dans la vase de l'étang, et il sait fort le l'éclosion a lieu au bien se cacher Sur beaucoup de Tortues, on observe un ou plusieurs trous aux bords postérieurs libres du bouclier Ces trous sont faits par les attacher les gardent leurs troupeaux aux environs des étangs, ils s'amusent alors paisibles Tortues et leur faire trner des morceaux de bois ils petits bergers qui où il leur arrive parfois de capturer ce Reptile ; puis ; leur rendent la liberté, car personne ne tue cette espèce, considérée juste titre comme inoflfensive Je n'ai entendu dire qu'une seule fois que quelques braconniers des environs de OBSERVATIONS SUFỵ QUELQUKS REPTILES DE L INDRE Migné, mangeant des Hérissons vivant dans des voitures, l'instar avaient des nomades étrangers soupe la Tortue de apportaient chez eux et mettaient mort les malheureuses Tortues qui avaient la malchance de tomber entre leurs mains Mais c'est l'exception Brenne, et fait que, l'ayant trouvée bonne, la ils La Cistude a peu d'ennemis Dans son jeune âge, elle est probablement la proie des Loutres, des Visons, des Renards, rôdant aux abords des étangs, de quelque Rapace ou de quelque grand Echassier Je n'ai jamais trouvé ses débris dans l'estomac d'aucune bête Il n'est pas rare de rencontrer des sujets ayant la carapace déformée, bords atrophiés et ne dépassant pas les limites du corps de l'animal, ou bien bords libres, relevés comme le seraient ceux d'ufi chapeau en mauvais jours maux le bouclier et n'est J'ai état; cette anomalie aucunement nuisible affecte presque tou- la santé des ani- eu chez moi des femelles ainsi déformées qui se repro- duisaient parfaitement J'ai élevé des sujets qui présentaient aussi, plus ou moins accentuée, celte curieuse anomalie, et j'ai remarqué que la difformité n'était que rarement visible sur les très jeunes individus et ne commenỗait se montrer que pendant le cours de première ou même de la seconde année c'était alors seulement que les bords libres du bouclier se relevaient d'une faỗon absolument anormale En 1893, j'avais envoyé au professeur Raphaël Blanchard deux sujets monstrueux capturés dans un étang des environs de Migné (Indre) Le professeur Blanchard a publié, dans le Bulletin de la Société Zoologique de France, en 1893, une note sur ces Tortues et deux gravures les représentant très exactement Il a donné ces sujets difformes la Ménagerie des Reptiles du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, où ils vivent peut-être encore On trouve aussi des individus carapace plus ou moins endommagée, par suite d'un accident quelconque Dans les étangs où elle vit, la Cistude d'Europe se nourrit de larves de Batraciens, d'Insectes aquatiques, de leurs pontes ou de leurs larves, de Mollusques qu'elle trouve terre ou dans l'eau, et très rarement de Poissons, car elle ne peut parvenir les capturer Si elle commet quelques dégâts insignifiants, c'est en mangeant parfois les œufs de Poissons, ou des alevins qui, au moment de la sécheresse, se trouvent isolés accidentellement dans des trous minuscules et momentanément séparés de l'étang par suite du la ; retrait des eaux D'après et mes observations, cette Tortue est plus que nuisible, car elle détruit une grande quantité d'Insectes de Mollusques terrestres ou aquatiques utile R- Mœura ticaiion ROLLINAT reproduction de la Cistude d'Europe cm captivité Dômes et de cette Reptile, car espèce — Depuis mon enfance, je connais ce mes parents avaient placé dans leur jardin quelques Cistudes qui avaient pour mission de détruire les Escargots J'ai joué avec ces inoffensives Tortues; je leur fait bien des taquineries, bien des misères, et j'ai appris peu peu les aimer, car elles sont intelligentes et bonnes Habitant quelques lieues seulement du centre de la Brenne, j'ai pu me procurer bon nombre de sujets quand plus tard, devenu naturaliste, j'ai voulu étudier les mœurs de notre Tortue indigène Je me suis adressé aux cultivateurs, aux pêcheurs de Sangsues qui m'ont apporté beaucoup de Cistudes capturées aux environs de Bélabre, de Rosnay, de Mignộ, de Nuret, etc.; j'ai reỗu aussi en nombre bien des sujets pris dans les petits étangs des environs d'Argenton et dans les rivières de Creuse et de Bouzanne, où des individus, ayant reconquis leur liberté et vivant dans ces cours d'eau, avaient la mauvaise fortune de se faire prendre nouveau Aujourd'hui encore il me reste une quarantaine d'adultes en pleine reproduction Le jardin dans lequel vivent mes Cistudes est assez grand, bien clos et pourvu de bassins dont l'un, plus vaste que les autres, est réservé aux Tortues adultes; c'est dans ce bassin, bien exposé et en forme de large cuvette ovale, où d'habitude je place leur nour- ordinairement pendant la belle saison de l'automne, elles quittent ce bassin d'elles-mêmes et vont s'installer, soit dans de très petits bassins situés près d'un riture, qu'elles se tiennent Au début mur exposé au nord-ouest, soit dans un tas de fumier que j'ai soin de faire placer cette époque le long d'un autre mur exposé au sud-est avril, et — Selon que les beaux jours sont plus ou Tortues commencent circuler en mars ou en se rendent peu peu au grand bassin Retour la vie active moins précoces, C'est en les mars ordinairement que la Cistude d'Europe reprend sa vie active Dès les premiers jours de ce mois, on voit les têtes des Tortues sortir du fumier lorsque ture s'adoucit ; puis, les le soleil brille et que la tempéra- jours suivants, les bêtes apparaissent entièrement hors du fumier, reposent au soleil pendant la plus grande partie de la journée, et, le soir venu, regagnent leur retraite Celles qui ont hiverné dans les petits bassins s'agitent elles aussi et sortent de temps autre par les belles journées Quelques fortes averses suivies de soleil ont rendu la température plus chaude et plus humide, et, lentement, isolément, les OBSERVATIONS SL'H QUELQUES REPTILES DE L INDRE U ChélonieDS rega^neut le grand bassin qu'ils occuperont d'ordinaire pendant toute la période d'activité Bien nettoyé, pourvu d'eau claire qui permet l'observateur d'étudier les moindres mouvements de ses habitants, le bassin recueille une une les Tortues qui viennent du tas de fumier ou des petits bassins d'hivernage Malheureusement, l'eau dormante ne reste pas longtemps claire en cette saison, et les Algues microscopiques ne tardent pas, en s'y multipliant rapidement, la rendre opaque tel point qu'il est bientôt impossible d'y apercevoir les animaux qu'elle recouvre Les Tortues affectionnent particulièrement cette eau trouble qui les cacl>e aux regards indiscrets, et c'est sous son manteau vert que s'abritent les intimes et mystérieuses amours de notre Chélonieu Chaque année bientôt suivi le premier occupant dune défaut de femelle, il se hisse il aussitôt Au début du printemps, s'il grand bassin les petits bassins d'hivernage et retournent au fumier ou fonde et très froide est due ce que l'instinct des animaux la force froid Cette aversion pour l'eau pro- porte ne pas rester dans un endroit où du ; un sujet de son sexe survient une période de mauvais se fixera sans faỗon sur jours, les bờtes quittent le dans presque toujours un mâle, est femelle sur laquelle ils — leurs mouvements devenant lents — de remonter vers la surface pour autre, l'air indispensable moins la vie Je les n'auraient peut-être pas et difficiles par suite prendre, de temps dois cependant dire que, Tortues ont besoin d'air, la circulation devenant peu près nulle et le besoin de respirer ne se faisant sentir qu'à de très longs intervalles, mais en mars ou avril, elles ne resteraient pas sans danger quelques jours sans pouvoir remonter plus il fait froid, les la surface Si la température continue être favorable si le soleil, ce grand dispensateur des bons et des mauvais jours pour la gent reptilienne, se montre souvent, les Chélonieus se rassemblent au grand bassin ; reprennent leurs habitudes, c'est-à-dire qu'ils circulent dans le ou moins prolongées dans les petits bassins qu'ils rencontrent dans leurs promenades, le grand bassin et jardin, font des stations plus restant toujours leur lieu de prédilection C'est dans la seconde quinzaine d'avril que je fais enlever le tas de fumier dans lequel un assez grand nombre de mes Tortues ont passé l'hiver — Nourriture Essentiellement carnassière, la Cistude d'Europe ne mange jamais de végétaux, et s'il lui arrive d'avaler de petites n 10 ROLLINAT Algues d'eau douce, c'est en dévorant les pontes que les Insectes aquatiques sont venus déposer parmi ces piaules Elle ne commence manger que quand la chaleur se fait suffisamment sentir, vers la première quinzaine d'avril ordinairement avant cette époque, elle refuse toute nourriture les jeunes ; ; quelques jours avant les adultes Ce n'est que pendant la seconde quinzaine de ce mois, que je commence jeter dans le grand bassin et dans celui du terrarium poumon, cœur, rate de où sont les jeunes, la viande crue hachée destinée la nourriture de mes Gistudes, Veau, ordinairement grandes ou petites Mes bêtes ne sont pas très difficiles en ce qui concerne le choix et la qualité des morceaux, et je leur vu avaler jusqu'à des Souris écorchées et des tronỗons de Couleuvres provenant de mon laboratoire; la chair en décomposition est seule sujets prennent parfois de la nourriture — — refusée D'avril la fin d'août, chaque fois que la pluie engage sortir de leurs retraites les Limaces et les Escargots, les Tortues se mettent en chasse, dévorent quelques petites Limaces, dédaignant les grosses, trop gluantes et peu appétissantes, et s'emparent, si elles ont faim, de tous les Escargots qu'elles rencontrent Quelle que soit grosseur de l'Hélice, quelle que soit sa couleur ou l'espèce, elle prend entre ses mandibules cornées, et, si la proie est d'assez forte taille, il lui faudra la porter dans l'eau d'un des bassins, où, tout en ne la quittant pas des yeux, elle attendra que le Mollusque, moitié asphyxié, montre hors de sa coque une partie de son corps Immédiatement saisi par les mandibules de la Tortue, qui, s'aidant la la des ongles puissants armant ses membres antérieurs l'arrache brusquement de sa demeure, l'Escargot est déchiré et avalé toute proie volumineuse viande, Poisson, Hanneton, Escargot, etc —, ; — est déchirée afin d'être engloutie plus facilement Un une de mes Tortues emportant un grand une heure après, elle se promène encore, le tenant touil lui faudra se rendre l'eau pour l'avaler une proie, si jour, je rencontre Lombric jours, et ; ; pas très petite, devra toujours être portée l'eau En mai, juin et juillet mes Chéloniens mangent beaucoup, elle n'est c'est cette époque que ma main nourriture que la reconnt bientơt la voit vers la j'ai pu je et habituer venir prendre dans leur offre Intelligente, la Cistude les personne qui lui apporte sa nourriture; elle venir avec plaisir près du bassin et s'avance alors vivement elle, frappant l'eau de ses pattes de devant, dilatant sa gorge, tète, tournant sur el'e-même et ayant l'air d'une Tortue redressant sa OBSERVATIONS SUR QUELQUES REPTILES DE l'iNDRE parfaitement heureuse c'est sa faỗon de faire la belle, ; 1 de se montrer gracieuse et bonne bête Elle n'est peut-être pas très physionomiste, et elle viendra facilement prendre l'exlrémité des doigts d'un visiteur inconnu proie qu'il lui présente la très réservée vis-à-vis des tées de chapeaux et ; cependant, elle sera dames parées de robes voyantes surmon- d'ombrelles multicolores, et elle se dirigera tou- jours vers son mtre, surtout si ce dernier change peu souvent la couleur de ses vêtements Tortue s'en retourne au milieu du bassin, pour mais elle est souvent poursuivie par ses compagnes, et si l'une d'elles prend une autre partie du morceau de viande ou de l'Escargot, une lutte s'engage, la proie est déchirée et chacune s'en va avec son morceau Ce n'est pas toujours sans danger que deux Tortues prolongent leur tête à-tête, hxées, museau elles cherchent contre museau, au même morceau de viande déchirer leur proie avec leurs membres antérieurs; et parfois une j'ai eu des sujets d'elles met l'ongle dans l'œil de sa compétitrice éborgnés de la sorte, et aussi par des Chats qui venaient voler la viande distribuée aux Tortues et qui se faisaient un malin plaisir d'accueillir coups de grilles les têtes des pacifiques Chéloniens qui venaient émerger leur portée Quand la Tortue a faim, elle devient extrêmement familière Je me suis souvent assis terre, près du bassin, en montrant mes bêtes un plat rempli de viande hachée Elles sortaient de l'eau, montaient sur mes jambes et venaient prendre ma main ou dans le plat La proie saisie, la l'englouthr l'aise ; ; ; pitance qu'elles convoitaient; cela fait elles retournaient au bassin Souvent aussi je me piésentais devant elles sans avoir rien leur donner; elles venaient moi quand même, se hissaient sur mes pieds, levaient vers moi la tête et semblaient me demander si je n'avais rien leur distribuer; quelques Escargots, récoltés la hâte, faisaient alors leur bonheur On s'étonnera sans doute qu'avec un aussi grand nombre de Gistudes je puisse avoir encore des mais personne n'en sera surpris Escargots dans mon jardin quand j'aurai dit que chaque fois que le temps le permet, c'est-àdire après de fortes averses, je fais ramasser plusieurs centaines d'Hélices dans les terrains des alentours et que je les mets en liberté dans mou jardin Comme la Tortue n'a pas une excellente mémoire, eu ne négligeant jamais il est bon d'entretenir celte familiarité l'occasion de lui être agréable Au début de la belle saison, les animaux sont un peu craintifs lorsqu'on s'approche d'eux, et il leur faut quelques jours de bons soins avant qu'ils reconnaissent la ; R 12 ROLLINAT de nouveau un ami dans l'Homme; aux approches de l'automne, la faim ne se faisant plus sentir, ils deviennent indifférents et ne répondent plus aux appels de leur mtre Pendant l'été, si on néglige les Tortues, on ne tarde pas s'apercevoir que leur timidité natuEn tout temps, l'apparition brusque d'un relle revient très vite Homme efïraye quelque Chélonien reposant au bord de l'eau et qui exécute immédiatement un plongeon cette fuite entrne ordinairement au fond du bassin un certain nonibre de sujets, qui ne tardent pas remonter la surface, se remettre de leur frayeur ; et venir regarder de près l'intrus, cause de la panique si ce ders'ils ont faim, ils viendront ; nier a quelque chose leur offrir et prendre dans la main la proie offerte mais Le Poisson constitue pour la Cistude un véritable régal cette Tortue, quoique fort agile dans l'eau, est absolument incapable de capturer un Goujon, une Ablette, une Bouvière ou un Vairon lorsqu'ils sont en bonne santé et jouissent de tous leurs moyens de locomotion, et il doit en être ainsi pour les jeunes Poissons appartenant aux espèces qui peuplent les étangs Carpes, Brochets, Tanches, Gardons, etc Dans un espace très restreint, une petite flaque d'eau par exemple, la Tortue pourra facilement s'emparer des Poissons qui n'ont pas alors l'espace nécessaire pour faire mais quand les Poissons peuvent évoluer facileleurs évolutions ment, dans mon grand bassin, par exemple, qui ne mesure pourm 80 de profondeur, tant que m 60 de long, m 90 de large et dans le ciment duquel des petites marches ont été aménagées pour faciliter la sortie des Tortues, un Poisson bien vivant est imprenable pour mesChéloniens,qui cependant sont des nageurs émérites Bien des fois j'ai distribué des Poissons vivants, tels que Goujons, Vairons, Ablettes, etc.; dans l'eau dormante, les Ablettes succombaient les premières, et dốs qu'elles commenỗaient s'affaiblir et perdre l'instinct de la conservation, elles étaient aussitôt saisies par une Tortue, avalées la tête la première si elles était de petite taille, et déchirées coups d'ongles et de mandibules lorsqu'elles étaient trop volumineuses Quant aux Goujons et Vairons, ils vivaient très bien dans le bassin en compagnie des Tortues et semblaient se jouer de leurs poursuites plus tard, l'eau devenant de plus eu plus ; : ; ; impropre leur respiration branchiale, ces moitié asphyxiés et dre et devenaient Cette espèce est considérablement la proie malheureux Poissons, affaiblis, se laissaient pren- des Cistudes beaucoup plus dangereuse pour les Batraciens, surtout pour leurs larves, et quand je m'occupais de l'élevage des LE CANAL DE SUEZ ET SA FAUNE ICHTHYOLOGIQUE 309 mers, pénètrent, en grandes troupes, dans les baies et les enmbouchures des fleuves Il n'est donc pas étonnant qu'ils soient extrêmement abondants dans l'isthme Pour cette famille il faut probable- ment admettre, comme pour lites, la « plasticité » toutes celles qui sont très spéciale relativement aux cosmopo- conditions du milieu, dont nous avons parlé La grande famille des Glupeidés est représentée par espèces (1) L'une d'entre elles, Engraulis encrassicholus, de la Méditerranée, passe nettement d'une mer l'autre Les deux autres espèces méditerranéennes s'arrêtent au lac Timsah les deux espèces de la mer Rouge dépassent peu les lacs Amers Plusieurs de ces espèces se reproduisent sûrement dans les eaux de l'isthme elles y sont donc tout fait acclimatées Nous avons indiqué que les Aloses, qui viennent jusqu'à Ismaïlia, sont de taille très inférieure celle des individus capturés dans les bassins de Port-Saïd, et qu'il en est de même des Sardi}ieUa granigera de Port-Saïd comparées celles des environs d'Alexandrie Nous remarquons que toutes les espèces de cette famille sont de petite taille et que les obstacles dont nous avons parlé doivent assez peu les gêner dans leurs translations Cette manière de voir est corroborée par le l'ait intéressant que les deux espèces méditerranéennes sont extrêmement abondantes dans les bassins de Port-Sạd ó la navigation est extrêmement active et qui sont sillonnés en tous sens, de jour et de nuit, par de très nombreux canots vapeur et remorqueurs D'autre part, en considérant que les deux formes de la mer Rouge s'arrêtent aux lacs Amers et que deux des formes de la Méditerranée ne dépassent pas le lac Timsah, nous devons être portés admettre que la famille, dans son ensemble, n'est pas du nombre de celles qui sont très indiffé: ; rentes aux conditions du milieu Les deux autres familles, représentées dans les deux mers par il nous reste nous occuper, sont plus de cinq espèces et dont celles des Percidés et des Sparidés La première est représentée par 18 espèces réparties en genres deuxième par 10 espèces réparties en genres De ces 13 genres nous pouvons laisser de côté ceux qui ne comprennent qu'une ; la unique espèce et qui sont au nombre de pour les deux familles Les remarques et considérations diverses suivantes peuvent être présentées au sujet des autres genres (1) Nous avons laissé de côté ime Dussumiéria, mers de Chine et qui est des prise une seule fois dans le canal 310 TILLIER J.-B — Epinephelus Des neuf espèces de ce genre, une seule, E œneus, de la Méditerranée, est nettement fixée dans le canal, où elle n'est pas rare, car VF tauvina de la mer Rouge entre peine dans le petit lac Amer Il est intéressant de remarquer que la seule espèce fixée est de teinte générale uniforme et sombre et que les autres sont toutes tachetées ou de couleurs brillantes Si VF cabrilla, qui en rade de Suez, a pénétré dans la baie par le canal, ne se voit jamais aujourd'hui dans l'isthme et qu'il est de couleurs assez vives, nous aurions un exemple remarquable du rôle qu'ont pu remplir les couleurs des Poissons dans la répartition n'est pas rare comme il des espèces Morone Morone : — Il y a dans la Méditerranée deux espèces du genre dju canal L'une toutes deux sont bien fixées dans les eaux M punctata, y est très commune Ce sont deux espèces assez proches alliées pour qu'on les ait considérées pendant longtemps comme deux formes, des âges difïérents, de la même espèce Pristipoma Le P Bennetii de la Méditerranée n'entre pas dans d'elle, — le canal ; P stridens de la le rarement plus loin; il deux espèces sont assez est très mer Rouge commun vient jusqu'à Ismaïlia, dans la région sud Les voisines — Chnjsophrys On trouve dans le canal, où elle pénètre en plus grande abondance certaines saisons, mais où il en reste toujours quelques individus, la C aurata de la Méditerranée Des deux espèces très voisines de la mer Rouge, l'une, C haffara, vient en grand nombre jusqu'à Ismaïlia, l'autre, C sarba, n'entre jamais, mais elle est assez rare dans les environs immédiats de Suez La troisième espèce, C bif'asciata, ne se voit que par exception dans le petit lac Amer elle est de couleur brillante Pagrus Les trois espèces des deux mers ne s'engagent pas dans les eaux de l'isthme et cependant, une des espèces de la Méditerranée, et le P spinifer de la mer Rouge sont parmi les Poissons les plus communs des environs immédiats des embouchures du canal Sargus Nous en trouvons trois espèces dans la Méditerranée L'une d'elles, S noct, se trouvait dans les deux mers avant l'ouverture du canal elle est actuellement confinée dans la région Les deux autres, communes dans l'avant-port Port-Saïd, sud n'entrent pas dans le canal proprement dit Lethrinus Le genre est représenté par trois espèces en rade de : — ; — : — — — Suez Aucune n'a jamais été vue, même l'entrée du canal Elles sont toutes trois de couleurs assez vives Crenidens — Une espèce d'un groupe très voisin de celuidesSa?'^us, LE CANAL DE SUEZ ET SA FAUNE ICHTHYOLOGIQUE un des Poissons C Forskalii, est plus commun de les plus 311 communs, sinon même le Il passe d'une mer tous les Poissons de l'isthme l'autre et n'est pas rare, en été surtout, Port-Saïd Nous énumérerons maintenant un certain nombre de genres, appartenant des familles qui ne sont représentées que par deux espèces Port-Saïd et Suez et qui donnent lieu des remarques analogues celles que nous venons de faire pour les genres de Percidés et de Sparidés — Lichia Des deux espèces vivant dans la Méditerranée, l'une, VAmia, se prend assez souvent dans le canal, et les individus qu'on capture sont tous de très grande taille Nous n'avons vu, de l'autre espèce, L glaycos, que deux sujets très jeunes dans les bassins de Port-Saïd — Ou trouve, dans Hemiramphus Celle de la baie de Suez, deux espèces (ou ReynakU) s'engage en troupes considérables par Suez, se pêche en grande d'HemirainpIius petite taille, H Georgii quantité dans les bassins de Port-Saïd, et va jusqu'à Alexandrie L'autre, très proche alliée, H far, ne quitte pas la baie de Suez, et c'est peine l'entrée on en si sud du — voit quelques très rares individus isolés petit lac Amer y a deux espèces de Teuthies dans les environs immédiats de l'embouchure du canal dans la mer Rouge La T siganm va jusqu'au grand lac, sans y pénétrer cependant L'autre Teuthies Il espèce n'a jamais été vue en dehors de Platijceplialus — Une des deux diator, vient, quoiqu'en petit Suez, jusque dans le la baie la mer Rouge, P insinombre relativement son abondance, espèces de lacTimsahet parfois même jusqu'à Port-Saïd L'autre espèce, qui est aussi abondante et très proche alliée, ne pénètre jamais dans le canal Enfin, et pour terminer cette revue des espèces des eaux de nous remarquerons que la famille des Sciainidés est représentée en Méditerranée par deux espèces seulement et que de ces deux, l'une, Sclœnii aquila, vit dans le canal et les lacs, eu quanl'isthme, tités souvent prodigieuses, et l'autre, d'un genre différent il est Umbrina viilgaris, part être la forme la plus uettement adaptée au nouveau milieu dans ce qu'il a de tout fait spécial, puisqu'elle est abondante dans le chenal proprement dit et fort rare dans les lacs Tous ces faits sont, évidemment, très complexes on peut cependant en tirer, non la vérité, comme nous l'avons dit, une loi gênévrai, : 312 raie, J.-B TILLIER mais quelques conclusions particulières, qui seront vantes 1° les sui- : Certaines espèces ont dû rester confinées dans leur gine par suite mer d'ori- même des dangers que créerait transit des grands navires des obstacles et pour leurs translations le 2° La grande loi biologique générale dans les milieux naturels de la difficulté qu'éprouvent les espèces habiter une région occupée par des espèces proches alliées se vérifie dans beaucoup de cas pour le milieu cependant artificiel et récent du canal mais on peut citer un certain nombre d'exceptions 3° Le système de coloration a dû avoir une certaine influence sur la répartition des espèces puisque, très peu d'exceptions près, toutes celles qui se sont fixées dans le canal ne sont pas de couleur ; : ; très brillante 4» Un ; assez grand nombre de faits généraux tendent prouver des groupes entiers d'espèces s'adaptant plus facilement que d'autres des conditions d'existence qui nous paraissent très qu'il existe des faits particuliers de même nature, mais spéciaux faune ichthyologique du canal, démontrent que cette « plasticité » différentes la : existe pour les espèces du même groupe, et qu'elle a joué un rôle assez important dans le peuplement des eaux de l'isthme § — Caractère de la faune du canal AU POINT de vue zoogéographique Le peuplement a-t-il été le résultat de l'émigration d'espèces méditerranéennes ou, au contraire, d'espèces érythréennes, ou s'est-il fait, la fois, par les espèces des deux mers ? C'est ce que nous allons rechercher En laissant de côté les deux espèces qui habitaient antérieurement la Méditerranée et la mer Rouge, et pour lesquelles nos renseignements ne sont pas absolument certains, la faune du canal comprend, comme nous l'avons vu, au total, 39 espèces, se répartissant peu près également entre les deux milieux d'origine, puisque 19 espèces viennent de l'une des mers et 20 de l'autre Le canal s'étant ainsi peuplé peu près également par le nord et par le sud, on pourrait, priori, conclure que sa faune actuelle, résultant du mélange des deux faunes par parties égales, a un caractère mixte En analysant les faits de plus près, la conclusion laquelle on arrive est un peu différente Nous avons vu que 114 espèces de Poissons, au total, habitent les deux mers dans les environs immédiats du canal et que, sur ce LE CANAL DE SUEZ ET SA FAUNE ICHTHYOLOGIQUE 313 nombre, 45 appartiennent la Méditerranée et 65 la mer Rouge, Sur les 45 espèces de la Méditerranée, 29, c'est à-dire 44 %, se sont fixées dans le canal sur les 69 espèces de la mer Rouge, 21, c'est-à-dire 30 «/o seulement, sont dans le même cas De plus seulement des espèces des plages de Port-Saïd (15 "/o) n'entrent jamais dans le canal, tandis que la même proportion pour la mer Rouge des espèces n'entrant jamais dans les eaux de rislhme est de 42 o/o Ces chiffres permettent, jusqu'à un certain point du moins, d'admettre que dans leur ensemble, les formes méditerranéennes s'étant tỵxées en nombre relativement beaucoup plus grand, sont mieux adaptées la vie dans le canal ; D'autres considérations manière de viennent du reste l'appui de cette voir En nous reportant au tableau par lequel nous avons fait conntre occupées par les espèces, nous voyons que o formes méditerranéennes ne dépassent pas le lac Timsah et que formes de la mer Rouge ne dépassent pas les lacs Amers Ces 14 espèces ne peuvent pas être laissées de côté dans un catalogue de la faune du canal, mais ce ne sont évidemment pas elles qui doivent lui donner un caractère spécial, puisqu'elles restent dans le voisinage de leur merd'origiue.etil convient plutôt, ce pointde vue, d'envisager les 25 autres espèces Sur ces 25 espèces occupant soit la totalité, soit les deux tiers au moins de l'étendue du canal, 14 sont de la Méditerranée et 11 de la mer Rouge Sur les 14 espèces de la Méditerranée, 10 sont représentées dans les eaux de l'isthme par de nombreux ou de très nombreux individus Sur les 11 espèces de la mer Rouge seulement sont communes, les autres sont relativement peu abondantes en individus les régions La partie la plus importante de si l'on par Méditerranée la la population ichthyologique du pouvait s'exprimer ainsi, est donc certainement fournie canal, Nous pouvons ajouter une remarque tions près, Epincphelus taucina, mela, toutes les le canal, intéressante Belone choram, A trois excep- Trichiurus hau- formes érythréennes qui habitent normalement sont de petites espèces, tandis que sur les dix-neuf espèces de la Méditerranée, cinq seulement sont de petite taille Il n'est sans doute paspossible de trouver une explication de ce fait, mais, quelque degré, il s'ajoute dans le même sens ceux que nous venons de Aussi, citer s'il nous fallait classer la région du canal dans une pro- 314 J.-B TILLIER vince ichthyologique, proposerions-nous de la considérer comme faisant partie de la province méditerranéenne A ce point de vue les lacs, même envisagés part, feraient partie ïimsah de cette Amer région indo- pacifique de la limite entre les région de la Méditerranée, le : le lac petit lac et le grand lac Amer servant de deux zones appartiendrait aux deux régions la fois (1) IV - MÉLANGE DES FAUNES DE LA MÉDITERRANÉE ET DE LA MER ROUGE Ainsi que nous l'avons dit au début, nous nous sommes proposé dans ce travail,d'une part défaire conntre la faune ichthyologique d'un milieu nouvellement créé et, d'autre part, de rechercher jusqu'à quel point les faunes de la Méditerranée et de la mer Rouge se sont mélangées par la voie maritime qui, depuis plus de trente années, réunit deux régions zoogéographiques autrefois nettement séparées En donnant dans notre tableau de la page 299 les noms des espèces Méditerranée qui vivent maintenant dans la baie de Suez et ceux des espèces érylhréennes qui ont pénétré jusqu'aux plages de Port-Saïd nous avons déjà indiqué dans quelle limite s'est fait le mélange des deux faunes Mais il nous part utile d'entrer dans quelques détails plus circonstanciés et plus précis sur ce sujet qui partra sans doute un des plus intéressants parmi ceux que nous avons traités de la Il a été établi par nos recherches que trois espèces méditerranéennes se retrouvent dans la baie de Suez où elles n'existaient pas auparavant, et que quatre espèces de la mer Rouge se pèchent maintenant en Méditerranée dans les environs de Port-Saïd Nous ne comprenons, parmi les espèces ayant totalement changé d'habitat, que celles que nous avons pu observer nous-mêmes, en quantités notables, dans la mer où elles ont pénétré par le canal, et nous avons pensé qu'il convenait de nous montrer très réservé et très stricts cet égard Il peut évidemment se faire que quelques individus appartenant aux espèces que nous donnons comme atteignant la sortie du canal lagunes de Suez ou bassins de Port-Saïd pénètrent par hasard, celles de la Méditerranée dans la baie de — — Lac Timsah, dix-neuf espèces de la Méditerranée, douze de la mer Rouge; Amer, vingt-et-une de la mer Rouge, dix de la Méditerranée; grand lac Amer, quatorze espèces de la Méditerranée, douze de la mer Rouge (1) petit lac LE CANAL DE SUEZ ET SA FAUNE ICHTHYOLOGIQUE 315 la mer Rouge jusqu'au large des jetées de Port-Saïd de ce genre sont établis en ce qui concerne Chriisophrys Suez, et celles de des faits : aurata, Umbrina vulgaria, Morone punctata, et, peut-être, Chryso- phrys haffara, mais nous estimons que ces faits n'impliquent pas un véritable changement d'habitat nous n'avons pas compris de et espèces dans la catégorie de celles qui passent réellement d'une mer l'autre En résumé, nous nous sommes bornés considérer comme ayant une distribution géographique différente de celle qu'elles avaient antérieurement les huit espèces suivantes telles : Sciœna aqiiila G V Méditerranée Engraulis encrassicholus Lin, Méditerranée : : Mugil cephaiiis C V : Méditerranée Mer Rouge Mer Rouge Ilemiramphus Georgii (ou Reynaldi) Day Atherina ForskalU Rup Mer Rouge Mugil scheli C V Mer Rouge Trichiurus haumel a Forsk Crenidens Forskali C V : : : Mer Rouge : : — Nous avons pris, parfois en assez grande quanSciœna aquila tité, des Poissons de cette espèce dans la baie de Suez Dans la règle les individus capturés étaient de petite taille, M le Docteur RûFFER, président du Conseil sanitaire d'Egypte, a bien voulu faire rechercher pour nous la Scixna aquila (eu arabe Khalil) par les pêcheurs bédouins du campement de Tor Il est résulté de ces recherches que le Khalil est inconnu Tor Comme ce petit port est 80 milles marins de Suez, on voit que la Sciœna aquila n'a pas pénétré très loin vers le sud Engraulis encrassicholus —On ne peut guère capturer des Poissons aussi petits que les Anchois autrement qu'avec des sennes ou des chaluts très petites mailles Nous en avons vu preudre, dans baie de Suez, sur les plages du nord et sur l'opposé du débouché du canal ; la la côte ouest, c'est-à-dire mais nous ignorons si l'espèce va plus au sud et quitte les environs immédiats de Suez — Ce Mulet se prend assez souvent dans la baie en est apporté, quoiqu'assez rarement en réalité, au marché de la ville, où les pêcheurs de la rade le reconnaissent fort bien et le distinguent des espèces de la mer Rouge Certains d'entre eux nous ont affirmé en avoir pris jusqu'au feu Zafarana, 40 milles au sud, mais quoiqu'ayant péché une fois dans les environs de ce phare, Mugil cephalus et il nous n'avons pas eu occasion de Trichiurus haumela vérifier l'exactitude de leurs dires — L'espèce est extrêmement commune, peu près en toute saison, dans les bassins de Port-Sạd, ó, on doit le 316 J.-B TILLIER remarquer cependant, on ne prend jamais d'individus de grande Muséum en venant d'Alexandrie on peut donc la considérer comme faisant partie de la faune de cette mer, c'est-à-dire comme ayant totalement changé d'habitat Heuiiramphus Gcorgii (ou tieynoldi) On fait des pèches très abondantes de cette espèce dans les bassins de Port-Saïd Nous nous sommes assurés qu'elle allait jusqu'à Alexandrie, non pas par individus isolés, mais par quantités assez considérables pour qu'elle se vende part, par paniers entiers au marché de cette ville Cet Hemiramphus a donc totalement changé d'habitat Atheriỵia Forskalii I/espèce est très abondante en individus dans toute la région sud du canal et elle se reproduit certainement dans les lacs Nous en avons vu prendre souvent dans les bassins de Port-Saïd, mélangée des Anchois, et nous nous sommes assurés qu'elle allait jusqu'à Alexandrie où elle est, pendant l'été tout au moins, assez commune Crerddens Forskalii - Nous avons eu occasion de faire remarquer que le C For.s'A;o/n, en arabe Botteit, était le Poisson le plus commun des eaux du canal de Suez Ismạlia ó on en prend, dans le lac Timsah, en toute saison, en grandes quantités Pendant l'été il n'est pas rare dans les bassins de Port-Saïd, et nous en avons vu plusieurs individus venant de la mer proprement dite, c'est-à-dire capturés au large des jetées; mais malgré toutes nos recherches nous n'avons pas pu savoir s'il s'avanỗait beaucoup le long des côtes, soit vers l'est, soit vers l'ouest Des pêcheurs nous ont affirmé en avoir pris près du Boghaz de Gemikh, 10 kilomètres l'ouest de Port-Saïd Mugit Kcheli Il en est de même pour ce Mulet qui n'est pas rare Port-Saïd en été, et qui sort des jetées et se prend parfois en pleine mer mais nous ignorons également s'il ne reste pas toujours dans les environs immédiats du port En résumé on voit que parmi les espèces en nombre relativement considérable (114) qui habitent les deux mers, seulement ont passé par le canal de la Méditerranée la mer Rouge ou inversement et que, de ces