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ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POINT VI I CENTRALES NUCLEAIRES ET ENVIRONNEMENT MISE AU POIN T par Philippe LEBRETON (suite) Et pour mesurer la fois la fragilité de l'opinion des défenseurs d e l'atome et la justesse des prévisions prudentes des biologistes, il suffit de comparer quelques années d'intervalle les déclarations de deux Présidents américains : 1956 : « Le maintien des essais de la , bombe, effectués sous l e contrôle des personnalités scientifiques les plus sérieuses et les plu s compétentes qui soient, ne met pas en péril la santé de l'humanité » (EISENHOVER ) 1964 : « Les poisons radioactifs des retombộes commenỗaient menacer la sộcuritộ de l'Homme dans le monde entier et constituaient un danger grandissant pour la santé de chaque enfant ntre » (J OHNSON ) Le problème des retombées allait trouver sa conclusion partiell e avec la signature de l'accord international d'interdiction des essais nucléaires atmosphériques, signé le août 1963 par les deux Président s américain et russe, accord depuis ratifié par 100 nations, l'exceptio n de la France et de la Chine communiste LES REACTEURS DE PUISSANCE Les radioéléments ne présentent pas que des méfaits pour l'espèc e humaine ; le développement des sciences depuis la dernière guerre doi t sans doute beaucoup l'implantation de piles ayant permis la production de substances radioactives Parmi celles-ci mentionnons le s « traceurs » rendant de grands services pour l'étude de réactions chimiques : le cycle complexe du Carbone n'a pu être élucidé par CALVI N qu'en mettant en oeuvre l'isotope radioactif Carbone 14, « pistant » le ga z carbonique dès son entrée dans le végétal et jusqu'à sa transformatio n en sucres par la photosynthèse Quelques applications sont aussi connues dans l'industrie (détection de fuites, de niveaux, etc ) et en médecin e (traitement de maladies malignes, en raison de la très grande radio sensibilité des tissus jeunes ou « néoformés » [= cancers]) Mais ces applications étant disproportionnées avec le coût des investissements et de la maintenance, le motif actuel d'implantation des réacteurs nucléaires pacifiques est la domestication de l'énergie dégagé e par la réaction nucléaire Ainsi, bien que l'équation d'EINSTEIN ne s'applique qu'à une très faible proportion de la masse utilisée, la fissio n d'un gramme d'Uranium produit l'équivalent de chaleur dégagée par la combustion de 2,5 tonnes de charbon soit 25 30 000 KWh thermiques 3.1 PRINCIPE ET RÉALISATION On ne connt aucun moyen de transformer directement de grande s quantités d'énergie nucléaire en énergie « noble », électrique par A l'exception des micro-réacteurs (quelques Watts quelques centaines d e Watts) employés dans les pace-makers ou les satellites, où les puissances peuven t être fournies sous bas voltage et sans considération de prix de revient VIII ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POIN T exemple, sans passer par le stade dégradé (comme disent les physiciens ) de la chaleur ; de plus, seule la réaction de fission peut être mtrisé e et l'énergie de fusion, grand espoir des premières années 60, a tellemen t perdu la faveur qu'on n'envisage plus que la fin du siècle pour so n éventuelle utilisation En pratique, les réacteurs de puissance utilisent donc le sous produit thermique de la réaction de fission, permettant d'échauffer d e la vapeur d'eau et, par le jeu tout classique de turbo-alternateurs, d e produire de l'électricité Mais si le principe de base est commun toutes les filières (selon le terme consacré), la réalisation technique peut différer selon les pays , notamment en fonction des ressources naturelles ou des techniques d e séparation isotopique ; de plus, aux impératifs techniques se superposen t très souvent des contingences politiques et militaires La France a joué pendant des années la carte Uranium naturel Graphite, ce dernier tenant le rôle de ralentisseur ; le fluide caloporteu r est le gaz carbonique produisant de la vapeur d'eau dans un circui t échangeur secondaire Aux Etats-Unis par contre s'est développée une filière misant su r l'Uranium enrichi, dérivé de la surproduction militaire ' ; de l'eau ordinaire sert la fois de ralentisseur et de caloporteur Deux version s existent dont la première est connue sous le sigle P W R : Pressurise d Water Reactor ; l'eau réchauffée est maintenue l'état liquide par mis e sous pression et ce n' est que dans un circuit secondaire qu'est produit e la vapeur Plus hardie du point de vue de l'étanchéité est la version B W R (Boiling Water Reactor) où l'eau baignant le réacteur est directement vaporisée pour alimenter la turbine En France, le seul responsable de l'implantation de réacteurs d e puissance est l'E D F ; ce monopole d'Etat n'a toutefois pas que des avantages et cette entreprise n ' a pu toujours mener l ' action technique qu'elle aurait souhaitée : d'une part l'emploi de l'Uranium enrichi lui a été longtemps impossible, d'autre part la conduite des réacteurs (mêm e ceux officiellement voués la production électrique) a été souven t subordonnée la production du Plutonium ' A l'heure actuelle, la filière américaine est appelée constituer l a deuxiốme gộnộration des rộacteurs de puissance franỗais C'est a u groupe Schneider (licence Westinghouse du procédé P W R ) que l'E D F a fait appel pour la réalisation des prochaines tranches de Bugey (Ain ) et de Fessenheim (Alsace) Néanmoins, la quasi totalitộ des rộacteurs franỗais actuels (7 centrales, dont celles de Chinon, St-Laurent-des-Eaux et Bugey I) appartiennent la filière Uranium naturel-Graphite-Gaz carbonique e t Le taux d'enrichissement de l'U 235 est tout relatif (3 % dans l e réacteur ardennais de Chooz) et les deux premiers etages de Pierrelatte suffisen t cet effet ; l'un des avantages de la filière Uranium enrichi est l'encombremen t bien plus réduit du coeur et de l'enveloppe du réacteur Il serait d'ailleurs intéressant, afin de permettre au citoyen d'apprécier l a « rentabilité » du nucléaire, de savoir quel prix le Plutonium a été cédé l'armée et quelle a été l'incidence de cette politique sur le coût du KWh ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POINT IX représentent une puissance de 500 MWé environ (MWé = MégaWat t électrique) Mais aussi curieux que cela puisse partre, les ressources naturelle s en Uranium ne sont pas aussi abondantes et accessibles qu'il a été dit pendant longtemps ; ainsi, s'il est maintenant connu que les réserves en pétrole ne permettront pas d'aller bien plus loin que l'an 000 (maximum de la courbe de consommation) au rythme actuel de l'expansion , il est plus surprenant d'apprendre que les réserves en Uranium n e permettront pas d'attendre la fin de notre siècle, probablement mêm e les années 90 Aussi les techniciens mettent-ils actuellement leurs espoirs dans une autre possibilité de la réaction de fission : nous avons vu que l'Uranium 238, non fissile, capte un neutron (rapide) pour donner du Plutonium 239 ; ce dernier, tout aussi fissile que l'Uranium 235, valorise en quelque sorte l'Uranium 238 « inutile » et permet de « nourrir » d'autre s réacteurs de puissance, en produisant plus de matière fissile qu'il n'en est consommé dans le premier réacteur De provient le nom d e « breeder », « pile couveuse », « surgénérateur » donné aux réacteurs d e cette filière actuellement encore au plan expérimental ; la France après le réacteur Rapsodie (20 MW) de Cadarache, entreprend la constructio n du réacteur Phénix (250 MW) de technologie très particulière : le s neutrons ne sont pas ralentis et le fluide de refroidissement est d u Sodium fondu (RAPSODIe, comme neutrons RAPides et SODIum), d'où d'importants problèmes technologiques au niveau de la résistance de s matériaux LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE Parler de «politique énergétique» en France revient parler de s options E D F , d'autant qu'une forte proportion du fuel est utilisé e dans ses centrales thermiques « conventionnelles » Alors que la part actuelle du nucléaire n'est que de quelques % dans la production ộlectrique franỗaise, il convient de prộvoir sa plac e en fonction d'un taux « souhaité » de croissance de 8,5 %/an de la sommation : c'est la fameuse loi du doublement décennal, valable pou r la plupart des pays dits développés Dans cette augmentation caractère exponentiel, le nucléaire prendra une place de plus en plus importante, traduite par les «projections» suivantes, dues l'E D F ANNÉE 1) Production électrique to tale (milliards de KWh) 2) Part du nucléaire : — en milliards de KWh — en pourcentage 1950 1960 1970 1985 * 33 75 140 400 0% 0% 4% 135 30 % 2000 * * 00 90 90 % En tablant sur une puissance moyenne de 000 MW par central e (Bugey I fournira 530 MW), on voit qu'il faudra au moins 100 réacteurs , dans un quart de siècle, pour répondre aux prévisions * Une demi-génération ** Une génération active ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POIN T X Nous reviendrons plus loin sur certains aspects du problème d e l'énergie (pollution thermique, «moralité» de l'énergie), mais nous envisagerons brièvement certains aspects discutables du chauffage domestique électrique, actuellement fort prôné Il est en effet curieux, thermodynamiquement parlant, de constate r que l'énergie acquise partir de la chaleur, dans les centrales conventionnelles ou nucléaires, puisse être nouveau « avilie » au moment d e son emploi ; on peut calculer ce propos : — que l'emploi direct du fuel dans des dispositifs de chauffage collectif urbain (dont le fonctionnement peut ne pas entrner plus d e pollution que les meilleurs centrales thermiques) permet de retirer d u combustible de l'énergie thermique avec un rendement de 80 % ; — que, par contre, la conversion de cette énergie chimique e n énergie électrique dans les centrales, suivie d'une reconversion pourtan t quasi intégrale en chaleur chez l'usager, s'accompagne d'un rendemen t global voisin de 35 % au mieux En d'autres termes, la collectivité dépense 2,2 fois plus de combustible et pollue (SO ) 2,2 fois plus par chauffage électrique que pa r combustion directe La situation est encore plus grave au niveau nucléaire : le rendement de transformation de la chaleur en électricité y étant de l'ordr e de 25 %, le gaspillage énergétique peut être chiffré par un facteu r voisin de On peut d'ailleurs se demander, puisque l'E D F assur e qu'une centrale nucléaire est parfaitement inoffensive pour l'environnement, pourquoi elle n'installe pas ses réacteurs de puissance proximité immédiate ou même l'intérieur des villes, ce qui permettrai t l'utilisation directe de la chaleur nucléaire pour le chauffage domestique LE RISQUE NUCLEAIRE PACIFIQU E Le danger de contamination que présente la poursuite des essai s nucléaires aériens ou que constituerait une guerre nucléaire est suffisamment reconnu pour qu'il soit inutile d'insister là-dessus (sauf san s doute en France) L'implantation prochaine d'une centaine de réacteurs de puissanc e dans notre pays, d'un millier peut-être en Europe, de plusieurs millier s dans le monde ou « biosphère », pose par contre un problème importan t résumé comme suit : la solution nucléaire risque-t-elle d'entrainer l'espèce humaine dans une impasse biologique ? Envisageons successivement les risques accidentels, puis en fonctionnement « normal» ; parmi ces derniers seront considérés la pollutio n thermique, l'irradiation externe, l'irradiation interne 4.1 ACCIDENTS DE FONCTIONNEMENT Ils sont relativement rares, voire inexistants sous l'aspect « Bombe » auquel le grand public assimile généralement le fonctionnement d'u n réacteur atomique Divers dispositifs de sécurité existent en effet pour bloquer l a réaction de fission et l'empêcher de «diverger» au-delà d'une valeur ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POINT XI critique aisément mesurable (élévatign de température ou du flux d e neutrons) ; on interpose par exemple entre les barreaux d'Uranium de s barreaux de Bore ou de Cadmium qui, très avides de neutrons, stoppen t rapidement la réaction Des dispositifs de fluides permettent égalemen t d'évacuer les calories excédentaires Une imposante machinerie électronique assure la régulation automatique de l'ensemble Au pire l'explosion d'un réacteur (soulignons qu'il s'agirait d'un e explosion au sens mécanique du terme, sous l'influence d'une surpression, et non d'une explosion nucléaire ') entrnerait contamination dan s un rayon de quelques kilomètres au plus, périmètre de protection généralement respecté dans l'implantation des centrales On peut toutefois s'inquiéter ce propos de la situation de s réacteurs sur les rives de cours d'eau (ou de mers), exigée par le problème de leur refroidissement (voir ci-dessous) : en cas d'explosion en effet, de considérables quantités de produits de fission seraient véhiculées par les eaux, pouvant de ce fait contaminer des nappes phréatiques, des lacs ou des zones de pêche côtière Dans le même ordr e d'idées signalons le danger que présentent pour le milieu marin le s navires propulsion nucléaire et rappelons qu ' un sous-marin américain s'est perdu corps et biens, libérant court ou moyen terme le conten u de son réacteur et de ses fusées nucléaires L'un des plus graves accidents survenus des réacteurs nucléaire s a été celui de Windscale (Grande-Bretagne) en 1957 : l'emballemen t du réacteur entrna (entre autres) la libération dans l'atmosphère d e 20 000 Ci d'Iode 131 (période 8,3 jours) ; le nuage radioactif parvin t jusqu'au Danemark et la consommation du lait dut être interdit e pendant des jours dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres Il convient toutefois de signaler que ce cas n'a que peu de chances de se renouveler actuellement : d'une part le réacteur en cause appartenait un type particulièrement « primitif » ó le gaz refroidisseur léchant les barreaux radioactifs se trouvait en relation avec l'atmosphère ; d ' autre part l' accident fut aggravé par une faute humaine, soi t l'inobservation des signaux d'alarme pourtant clairement émis par l'installation de contrôle Quoi qu'il en soit, l'industrie nucléaire est sans doute une de celle s pouvant se targuer du plus faible taux d'accidents graves ou mortels immédiats (sans considérer les possibilités de dommages caractère statistique, insidieux ou différé) : en un quart de siècle, selon, la documentation disponible et abstraction faite des cas relevant de l'art militaire , moins de 10 décès ont été signalés parmi les travailleurs de cett e industrie Ce tableau rassurant ne peut cependant faire oublier que très nombreuses sont les pannes mécaniques affectant les réacteurs nucléaires , notamment en raison des modifications des propriétés des métaux e t autres matériaux sous l'action des radiations Des réparations réclamen t Signalons toutefois que l'emploi d'Uranium enrichi et de Plutonium augmente les risques de voir s'accumuler en un point du réacteur, pour des raisons accidentelles, des quantités de combustible supérieures la masse critique Il e n est de même dans les usines de traitement des combustibles irradiés ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POIN T XII de longues périodes d'arrêt, en particulier pour laisser « refroidir » l e réacteur et permettre d'y accéder ; la durée des interventions est alor s calculée en fonction des doses légales de rayonnement, sous contrôl e dosimétrique constant De tels faits sont très dommageables au plan économique ; o n estime ainsi que les piles E D F n'ont pas travaillé au total plus d e 35 % de leur puissance nominale au cours des trois dernières années , certains réacteurs (Chinon, Chooz, Monts d'Arrée) ayant même subi de s arrêts de plusieurs mois, voire de plus d'une année consécutive En résumé toutefois, il ne semble pas que la probabilité d'acciden t pouvant frapper un réacteur de conception moderne conduit par un personnel éprouvé puisse actuellement provoquer de graves inquiétudes Néanmoins, le danger ne fera qu'augmenter statistiquement au fur e t mesure que crtront le nombre des réacteurs, leur puissance et leur complexité technologique (Uranium enrichi, Plutonium, Sodium fondu) RISQUES EN FONCTIONNEMENT NORMAL Nous attacherons plus d'importance au risque « de routine », no n seulement en raison de son caractère permanent et cumulatif, mai s aussi de son aspect plus discret pouvant, contrairement au cas précédent , masquer les dangers long terme, pour les techniciens comme pour l e public d'ailleurs 4.2 La pollution thermique L'eau de refroidissement du circuit secondaire a pour fonction d e condenser la vapeur d'eau en sortie de turbine, ou, comme disent le s physiciens, de constituer la source froide du système thermodynamique Il est en effet connu depuis plus d'un siècle (théorème du rendemen t maximum énoncé par CARNOT et CLAUSIUS) qu' une machine vapeur (et un réacteur nucléaire de puissance n'est pas autre chose, même s i son foyer diffère quelque peu de celui de la machine de PAPIN ) produit du travail par transfert de chaleur entre deux sources de température s différentes Plus précisément, le rendement de l'opération (c'est-à-dir e le taux de transformation de la chaleur, énergie thermique « dévaluée » , en énergie « noble », mécanique ou électrique) ne peut dépasser l a valeur r = — T1 /T2 (Ti et T•, étant les températures absolues (°K ) respectives des deux sources) Il en résulte en pratique : — qu'il est intéressant de refroidir la machine (pour évacuer le s calories non transformées en travail) une température aussi basse qu e possible ; l'eau étant le seul fluide utilisable en pratique, sa températur e de condensation (soit 100°C) représente une limite contre laquell e butent toutes les centrales thermiques, conventionnelles ou nucléaires Ce fait nous apprend toutefois pourquoi les réacteurs sont implanté s auprès des fleuves ou des océans ; Une économie d'eau peut être envisagée par refroidissement doubl e circuit, l'eau cédant son tour ses calories de l'air (tours de ruissellement) ; l'évaporation empêche le système de fonctionner totalement sur lui-même et n e fait que déplacer le problème un autre niveau de l'environnement climatique ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POINT XII I — qu'il est intéressant d'utiliser de la vapeur d'eau portée température aussi élevée que possible C' est que pèchent, du moins pou r l'instant, les centrales nucléaires ; alors que la combustion du fue l permet d'obtenir de très hautes températures d'où production de vapeu r haute pression et bon rendement des turbo-alternateurs, il est e n effet difficile de dépasser ici des températures de l'ordre de 350-400°C CO2 (gaz, sous pression ) Fluide caloporteu r primaire Caisson serai-étanch e Réacteu r nucléaire (Uranium nature l Graphite) ernateu r Vapeur Fluid e second a I Energi e électrique Eau de refroidi hauf fé e (rivière) Schéma de principe d'un réacteur du type Uranium naturel-.Graphite Gaz carbonique Les conséquences de ces faits sont les suivantes : alors que les centrales conventionnelles modernes peuvent atteindre un rendemen t de près de 45 %, les centrales nucléaires, évoluant entre deux pôle s chaud et froid voisins de 670 et 370°K, ne peuvent prétendre qu'à 45 % en théorie, c'est-à-dire en pratique 30 % au mieux Les chiffres fournis par l'E D F pour Bugey I (540 MW électriques pour 880 Mwv thermiques) correspondent ainsi un rendement de 28 %, maximal puisqu e ne tenant pas compte des arrêts inévitables et des pannes XIV ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POIN T A dire vrai, le fait n'aurait que peu d'importance pour l'environnement s'il se limitait là, car il ne s'agirait que d'un problème économique basé sur les prix comparés des combustibles (fuel, charbon , uranium), les réserves, la maintenance, etc Mais tout théorème ayan t son corollaire, il résulte des mêmes faits que si une centrale nucléair e ne parvient transformer en travail que le quart de la chaleur qu'ell e dégage, les 3/4 en seront emportés par le circuit secondaire, en d'autre s termes par l'eau de la rivière A puissance électrique égale, une centrale nucléaire rejette don c dans l'environnement près de 2,5 fois plus de calories que sa concurrente conventionnelle Et dans la mesure où la pollution peut se défini r comme le rejet de produits de l'activité humaine pouvant nuire au milieu naturel, on peut employer ici le terme de pollution thermique Ainsi l'eau prélevée par Bugey I dans le Rhône lui est-elle restitué e une température augmentée de 9°C ; compte tenu des débits de prélèvement (30 m /s) et du fleuve, celui-ci voit sa température élevée de 0,6 1,6°C selon les saisons L'influence d'une seule centrale de ce type ne mérite pas dire vrai le nom de pollution ; mais, étant donné que le projet porte sur une puissance totale de 500 MWé (et « ave c des dispositions spéciales, 000 MW sont envisageables »), ces chiffre s sont multiplier par un facteur proche de rendant alors le phénomène parfaitement sensible En quoi la pollution thermique est-elle nocive pour l'environnemen t naturel ou humain ? Non pas qu'elle soit capable de supprimer toute vi e (elle accélérera même certains processus métaboliques et favorisera certaines espèces, végétales et animales), mais parce qu'elle éliminera tout e une gamme d'espèces parfaitement et étroitement adaptées aux conditions actuelles, connues depuis des siècles Plutôt que d'entrer dans de s considérations écologiques de détail, faisons appel des donnộe s connues de millions de Franỗais, puisqu'elles concernent la pêche : i l est connu qu'il existe plusieurs catégories de poissons, dont les plu s nobles sont constitués par les Salmonidés : Truite, Saumon, Ombre pou r les rivières ; Lavaret, Féra, Omble chevalier pour les lacs A l'opposé les poissons « blancs » comme la Brême, le Chevesne, la Carpe, la Tanche, sont moins appréciés pour leur valeur sportive et culinaire Les premiers habitent précisément les eaux froides, bien oxygénée s et quitteront les lieux dès réchauffement (+ 3°C est déjà bien sensible) ; celui-ci s'exprimera également au niveau des climats locaux ou régionaux, affectant même le régime des brouillards, des pluies, du verglas , voire des vents ; il peut également perturber les échanges des couche s d'eau dans les lacs Si la pollution thermique n'a l'heure actuelle nul degré de gravité, des calculs amènent un certain pessimisme pour l'avenir Si , comme l'affirme l'E D F., la France de l'An 2000 consomme 000 mil liards de KWh (majorité de centrales nucléaires rendement amélior é de 33 %), il se produira un dégagement de 1,7 13 Kcal la production ; étant donné que le volume des précipitations annuelles en France es t de 440 milliards de m dont 260 sont réévaporés, la chaleur en question dispose au mieux de 180 milliards de m d'eau courante pour s'évacue r vers la mer ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POINT XV Une simple division permet donc de prévoir une élévation de 10° C de la température des eaux, davantage encore puisque toute l'énergi e transformée en électricité retourne elle aussi en chaleur quel que soi t son emploi (radiateur ou moteur) L'Etat lui-même se verra placé e n contradiction avec ses propres lois, qui interdisent le rejet d'eaux industrielles plus de 26°C ; faudra-t-il stopper les centrales la bell e saison ou modifier, sinon les habitudes des poissons, du moins les textes législatifs ? 4.2 L'irradiation externe Les quantités de radioéléments contenus par un réacteur aprè s un an de fonctionnement sont sans commune mesure avec ce que l a notion de Ci, unité déjà biologiquement très élevée, permet néanmoin s d'appréhender : une centrale de 000 MW produit ainsi l'équivalent d e centaines de tonnes de radium ; dans le même temps la quantité d e Strontium 90 produite est égale celle dégagée par une explosio n nucléaire de 10 Mégatonnes, soit 500 fois la bombe d'Hiroshima ; quan t au Plutonium, sa production atteint environ 100 kg pour 500 tonne s d'Uranium naturel au départ Il est bien évident que de telles quantités entrneraient de trè s graves dommages dans l'entourage immédiat si diverses précaution s ne pouvaient être prises Notons tout d'abord que la grande majorité des émetteurs sont d e type béta, de telle sorte que la masse et la paroi du réacteur lui-mêm e constituent un écran parfaitement suffisant cet égard Restent cependant les X de freinage, les neutrons et surtout le rayonnement y, trè s pénétrant : c'est essentiellement contre lui qu'est élevé l'important écra n de béton assurant également la solidité mécanique de l'ensemble De la sorte le rayonnement dans la salle même contenant l e réacteur permet le séjour, même prolongé, sans dépasser les normes d e sécurité actuellement admises ; plus forte raison en est-il des « civils » situés hors de la salle et du périmètre de quelques Ha abritant la centrale La dose annuelle au voisinage d'une centrale nucléaire e n fonctionnement normal ne dépasse pas mRem, chiffre comparer plusieurs autres : — d'une part la quantité mortelle de rayonnement, soit 500 600 Rem en une irradiation corporelle (soit 100 000 fois plus sur un an) ; — d'autre part aux doses admises par la loi (décret du 20 juin 1966) , égales 170 mRem/an pour l'ensemble de la population (maximu m tolérable pour un individu isolé : 500 mRem), soit encore 50 fois l e rayonnement noté au voisinage d'une centrale ; — aux doses « naturelles » enfin, c'est-à-dire délivrées par l'environnement lui-même, hors de toute action humaine Le chiffre est d e l'ordre de 150 mRem/an, variable selon les régions, les terrains primaires étant les plus actifs Au rayonnement du sol s'ajoutent le s rayons cosmiques et les radiations délivrées par notre corps lui-même , dont celui du Potassium 40, radioisotope présent dans le sang en trè s faible teneur Dose naturelle et artificielle sont donc du même ordre de grandeur , la première ayant évidemment servi de base de définition la seconde XVI ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POIN T Notons pour conclure que les normes admises pour les professionnel s sont 10 fois celles de la population normale, soit Rem/an pour u n individu donné Cette norme est d'ailleurs en retrait sur les données antérieures qui atteignaient 1,4 Rem/semaine avant la dernière guerr e et 0,3 Rem/semaine jusqu'en 1958 4.2 L'irradiation interne Si les risques d'irradiation externe proximité d'une central e peuvent raisonnablement être tenus pour négligeables, sauf accident, i l n'en est pas de même a priori du problème de l'irradiation interne , c'est-à-dire délivrée dans le corps même par des radioéléments pouvant s'échapper des réacteurs et venir contaminer l'air, la boisson ou la nourriture Nous traiterons successivement des fuites notées sur place mème , puis du problème des déchets après arrêt des réacteurs ; les deux filière s sont considérer séparément (à suivre) BIBLIOGRAPHI E et G CLAUZADE — Les Lichens, Etude biologique et flore illustrées 801 p , très nombreuses illustrations photographiques et a u trait Masson & C", 120, boulevard St-Germain, Paris-6 e Prix 400 F P OZENDA Végétaux bien souvent méconnus des amateurs de plantes, les lichens offren t au botaniste un champ d'étude particulièrement vaste et attrayant ; les quelque 200 espèces d'Europe occidentale peuvent se récolter en toute saison, et fournissent un matériel d'herbier gardant facilement et presque indéfiniment l'aspect du frais ; les formes étranges et belles de ces végétaux ne lassent pas l'oeil, mêm e si celui-ci doit fréquemment recourir la loupe ou au microscope Jusqu' prộsent, le botaniste de langue franỗaise désireux de se tourner ver s l'étude de ces végétaux était fort démuni, le seul ouvrage existant étant celui de BOISTEL, vieux maintenant de plus de 70 ans, dépassé et d'ailleurs pratiquemen t introuvable L'ouvrage dont il est question ici comble magistralement cette lacune Le s trois quarts de ses pages sont en effet consacrés une clef descriptive des lichen s de l'Europe occidentale ; les descriptions sont fort précises et détaillées ; en particulier, un usage constant est fait des mensurations sporales, critère si utile e n lichénologie comme en mycologie Pour de nombreuses espèces, des macrophotographies d'excellente qualité complètent les descriptions, ainsi que de fort beau x dessins la plume Répartition géographique et données écologiques sont mentionnées pour chaque espèce Mais cet ouvrage ne se réduit pas un manuel de détermination Une importante première partie (130 pages), « Introduction la biologie des lichens », fai t le point des connaissances actuelles en ce qui concerne successivement l'anatomie , la biochimie, les phénomènes de symbiose, la répartition géographique, l'écologie , et enfin les usages Parmi ces derniers, signalons le très moderne rôle de détecteur de pollution atmosphérique que peuvent jouer certains lichens ; cette pollution influence la flore lichénique jusqu'à 60 km de New-York, par exemple Une bibliographie d'environ 500 titres termine l'ouvrage, ainsi que la classification géographique des principaux travaux cités Nul doute que ce bel ouvrage ne fasse ntre des vocations de lichénologues Néanmoins, on peut regretter son prix très élevé, qui, bien que justifié par l e nombre des illustrations photographiques, risque de le rendre difficile acquéri r pour beaucoup d'amateurs P.B ... d'Uranium de s barreaux de Bore ou de Cadmium qui, très avides de neutrons, stoppen t rapidement la réaction Des dispositifs de fluides permettent égalemen t d'évacuer les calories excédentaires... le rendement de transformation de la chaleur en électricité y étant de l'ordr e de 25 %, le gaspillage énergétique peut être chiffré par un facteu r voisin de On peut d'ailleurs se demander,... fragilité de l'opinion des défenseurs d e l'atome et la justesse des prévisions prudentes des biologistes, il suffit de comparer quelques années d'intervalle les déclarations de deux Présidents américains