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Journal Sciences au sud (IRD) N18

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14:21 Page Le journal de l'IRD n° 18 - janvier/février 2003 3,81 € - 25 F bimestriel É q u a t e u r E d i t o r i a l Réveil explosif du Reventador Année de l’eau A nnée mondiale de l’eau douce, 2003 verra la tenue du 3e Forum mondial de l’eau en mars Kyoto C’est une excellente occasion de rappeler combien les ressources en eau sont souvent inégalement réparties, constituant parfois un frein au développement et, par endroits, un véritable enjeu politique Le climat change, le cycle de l’eau en subit les conséquences Crues dévastatrices, sécheresses dramatiques, ressources irrégulières dont il convient d’optimiser la gestion, etc sont autant de sujets d’intérêt pour les scientifiques, a fortiori dans les pays du Sud où le fragile équilibre environnemental est soumis une pression anthropique sans cesse grandissante On perỗoit ainsi toute la nộcessitộ quil y a d’étudier la variabilité de cette ressource, la fois dans l’espace et dans le temps, pour mieux en apprécier la vulnérabilité C’est, en particulier, ce quoi s’attachera la Conférence « Hydrologie des régions méditerranéennes et semiarides » organisée Montpellier en avril prochain avec un fort soutien de l’IRD et une large contribution de nos partenaires du Sud C À Kyoto, l’eau sera plus E n t r e t i e n © IDR/J L Le Pennec Plusieurs volcans d’Équateur sont entrés en éruption ces quatre dernières années après de longues phases de repos En 1998, le volcan Guagua Pichincha qui domine Quito se réveille après trois siècles de sommeil ; en octobre 1999, le Tungurahua entre dans une phase éruptive qui se poursuit de nos jours ; fin 2001, le grand volcan Cotopaxi montre des signes de réactivation, avec forte crise sismique ; enfin, le novembre dernier, El Reventador (3562 m), dominant la forêt amazonienne, entre en action après 26 ans de sommeil ontrairement aux réveils progressifs des autres volcans équatoriens, observés ces quatre dernières années, la réactivation du Reventador a été soudaine et violente Durant la matinée du novembre, plusieurs explosions puissantes ont propulsé un nuage cendreux 13 kilomètres audessus du cratère Poussé vers l’Ouest par le vent, ce nuage a plongé dans une pénombre de plusieurs heures les secteurs de Pifo, Cumbaya, El Quinche et Guayllabamba À Quito, l’aéroport a été paralysé, les écoles ont fermé pendant une semaine et les cendres en suspension mêlées aux gaz volcaniques et la pollution ont provoqué des intoxications Dès les premières heures de l’éruption, les chercheurs de « l’Instituto Geofísico » de l’École Polytechnique Nationale d’Équateur (IG-EPN) et de l’unité de largement au cœur des débats de toutes les sociétés humaines, au Nord comme au Sud Les problèmes d’accès l’eau potable en ville comme dans le monde rural sont l’occasion d’affrontement entre partisans de différents modes de gestion L’eau est toujours un enjeu de pouvoir territorial entre acteurs économiques et politiques, qu’ils soient publics, privés ou représentants des collectivités territoriales Mais c’est dans le secteur de l’agriculture irriguée que les tensions montent le plus, du fait d’une expansion souvent anarchique des surfaces cultivées, généralement aux dépens des agriculteurs les plus pauvres recherche 31 de l’IRD, Processus et aléas volcaniques1 ont constaté que la phase paroxystique de l’activité a été accompagnée par l’émission de nuées ardentes particulièrement dangereuses En effet, partir de la colonne éruptive émise verticalement, des nuées denses plus de 600 °C, chargées de blocs, de scories et de cendres ont dévalé les pentes du volcan, détruisant tout sur leur passage Les rares habitants des basses pentes du volcan ayant fui dès les premiers signes de réactivation, aucune perte humaine n’est déplorer En revanche, la route qui relie Baeza Lago Agrio, kilomètres du cratère, a été coupée Si l’oléoduc qui relie Lago Agrio Esmeraldas (par lequel chemine le pétrole brut extrait en Amazonie) a été épargné, des risques de dommage pèsent toujours, car les pluies remobilisent les blocs et les cendres accu- a v e c © dr 20/12/02 Le panache de cendre du Reventador monte 13 km le matin du novembre 2002 Le volcan Tungurahua (à gauche) continue de menacer les alentours Ici le 23 septembre 2002 mulées sur le volcan, produisant des coulộes de boue menaỗantes Le dộnominateur commun des éruptions volcaniques équatoriennes réside dans le lent enfoncement (7 cm par an) de la plaque de Nazca sous le continent sud-américain Ce phénomène se traduit par une intense activité sismique et par la fusion partielle des roches situées entre 80 et 130 kilomètres de profondeur Les liquides produits par cette fusion, riches en gaz dissous, remontent vers la surface par des chemins distincts et sont l’origine des éruptions volcaniques Les études menées par les chercheurs de l’IRD et de l’IG-EPN montrent que ces liquides, modifiés au cours de leur ascension, aboutissent des compositions chimiques variées, selon l’âge de l’éruption et la position de l’édifice dans la chne volcanique D o m i n i q u e L e c o u r t Penser la science, interroger le développement Quels sont les apports d’une réflexion sur le rôle de la pensée scientifique et de la production des connaissances dans les pays émergents ? Quelle est la place du Comité consultatif de déontologie et d’éthique de l’IRD ? Après son intervention devant les directeurs d’unité de recherche et de service en juillet 2002, le philosophe revient dans un entretien sur une approche déontologique et éthique de la recherche pour le développement Q (suite page 2) © dr 182998_SAS18 Dominique Lecourt, président du Comité consultatif de déontologie et d’éthique de l’IRD est professeur de philosophie l’université Denis Diderot-Paris et délégué général de la Fondation BioVision de l’Académie des Sciences ue représente pour vous la présidence du Comité consultatif de déontologie et d’éthique de l’IRD (CCDE) ? En tant que philosophe, je m’interroge sur les liens existant entre la pensée scientifique qui anime la production des connaissances nouvelles et les autres formes de la pensée – religieuses, juridiques, morales, politiques et artistiques – régissant la vie des êtres humains en société Depuis le milieu du XIXe siècle dans les pays occidentaux, ces liens se sont noués pour l’essentiel dans le cadre d’une philosophie du Progrès ; laquelle tendait montrer que les progrès de la science allaient se traduire en progrès technique, économique, mais aussi moral et politique Cette philosophie du Progrès a inspiré les meilleures réalisations de la dite « révolution industrielle » et a contribué redéfinir l’ensemble des relations sociales dans les pays dits « développés » Cette même philosophie a également justifié leurs propres yeux (suite page 16) Les premiers calculs indiquent que El Reventador a projeté deux cents millions de tonnes de roches en quelques heures ; aucune éruption de cette violence n’a été enregistrée dans le pays depuis celles du Tungurahua en 1886 et du Cotopaxi en 1877 Contrairement aux réactivations observées depuis 1998 en Equateur, le magma du Revendator est remonté très rapidement la surface, sans dégazer, ce qui explique la brièveté de la phase sismique pré-explosive, qui n’a duré que quelques heures (suite page 2) Sommaire Afrique de l’Ouest Capricieuse mousson À l’origine de la sécheresse sans précédent qui a frappé l’Afrique de l’Ouest, des perturbations de la mousson, source vitale de pluie dans la région p 8-9 Partenaires La planète Terre sous monitoring p L’IRD va va piloter six observatoires de recherche en environnement (ORE) sur la vingtaine de projets retenus cette année L’IRD au CHili p Le point sur un partenariat particulièrement équilibré Recherches Entre ciel et terre p Quelles relations les sociétés entretiennent-elles avec le climat, ses aléas et son évolution ? Exemples en Amérique latine et en Afrique Littoral sous surveilance p 10 Le réseau franco-brésilien Ecolab fédère depuis dix ans des recherches sur l’écosystème côtier amazonien Tr i b u n e Transports sénégalais Un avenir sombre p 16 par Jérôme Lombard Le naufrage du Joola illustre de manière dramatique les dérives du système des transports au Sénégal 14:22 Page T r i b u n e T r a n s p o r t s (suite de la page 1) publics d’irrigation est manifeste Le désengagement de l’État, prôné par la Banque mondiale, a conduit partout la mise en place d’une gestion participative de l’irrigation sous forme d’associations locales d’usagers Or, ce transfert s’est avéré formel, le pouvoir de décision échappant le plus fréquemment ces organisations locales Les tentatives de privatisation des services de l’eau dans l’agriculture restent peu convaincantes, et font l’objet de résistances, comme on a pu le voir récemment en Équateur Le risque principal encouru par les urbains comme les ruraux est l’épuisement des nappes phréatiques et leur pollution Çà et là, des mouvements revendiquent un accès équitable l’eau pour l’alimentation, la santé et le développement agricole en respectant l’environnement À Kyoto, il faudra entendre les représentants de tous les acteurs pour chercher des compromis L’IRD y contribue en développant de nombreuses recherches sur les rapports entre eaux et sociétés, une thématique complexe, transversale et importante traiter au niveau international comme l’échelle locale s é n é g a l a i s Un avenir sombre Le naufrage du Joola, le 26 septembre dernier, illustre de manière dramatique les dérives du système des transports au Sénégal Jérôme Lombard qui mène des recherches sur Transports et territoires au Sénégal fait le point sur ces dysfonctionnements et les conditions pour en sortir D ans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, au cours du trajet de remontée vers la capitale sénégalaise, le navire Le Joola, surchargé, s’est retourné, emprisonnant dans sa coque plusieurs centaines de personnes Le bilan est terrible : au moins 500 morts et quelque 60 rescapés La catastrophe est survenue un moment où le système de transport fait l’objet d’une telle pression qu’il craque Et s’il explose, c’est que les dernières limites au-delà desquelles il ne peut aller ont été balayées, au risque de voir l’État et la société perdre tout contrôle2 Les catastrophes font partie du paysage sénégalais des transports Elles sont consécutives des dysfonctionnements des systèmes, des dérèglements des modes d’organisation et de contrôle Elles surviennent aussi lorsque les organismes de régulation ou de gestion, ainsi que les opérateurs eux-mêmes, se livrent une compétition pour la mainmise sur un élément du système au profit d’intérêts particuliers contradictoires Des dérives graves du système de transport Les statistiques d’accidents indiquent une dégradation sérieuse des conditions de sécurité : selon le ministère de l’Équipement et des Transports, leur nombre est passé entre 1995 et 1997 de 12 276 15 588, le nombre de morts de 448 510 La sécurité est d’autant moins aisée renforcer que l’autorité publique Éric Servat Directeur de l’Unité de recherche Hydrosciences Thierry Ruf Directeur de l’Unité de recherche Dynamiques sociales de l’irrigation Les surcharges des véhicules sont fréquentes Ce camion transporte des sacs de paille d’arachide, dans certains cas il peut y en avoir jusqu’à 900 laisse s’instaurer des pratiques frauduleuses de surcharge, un irrespect de la réglementation ainsi que l’irresponsabilité des transporteurs qui ne remplissent pas les conditions d’agrément, d’assurance, de contrôle technique et de permis de conduire Le développement anarchique des transports est accentué par le fait que l’État trouve intérêt au fonctionnement dérégulé d’un système qui lui procure d’importantes rentrées financières Facilités pour les importations de véhicules et de pièces détachées (que la loi a pourtant prévu de limiter), taxes douanières et sur les carburants, formalités administratives payantes alimentent le budget de l’État autant que de multiples intermédiaires Cette manne part incompatible avec le contrơle et la régulation indispensables au système des transports Le journal de l'IRD Sciences.au.sud@paris.ird.fr IRD - 213, rue La Fayette F - 75480 Paris cedex 10 Tel : 33 (0)1 48 03 77 77 Fax : 33 (0)1 48 03 08 29 http://www.ird.fr É q u a t e u r Directeur de la publication Jean-Pierre Muller Directrice de la rédaction Marie-Noëlle Favier Rédacteur en chef Olivier Dargouge (dargouge@paris.ird.fr) Comitộ ộditorial Franỗoise Bellanger, Marianne Berthod, Jacques Boulègue, Patrice Cayré, Jean-Michel Chassériaux, Yves Hardy, Jean-Claude Prot, Yves Quéré, Anne Strauss, Hervé de Tricornot, Gérard Winter Rédacteurs Marie-Lise Sabrié (sabrie@paris.ird.fr) Marie Guillaume (guillaum@paris.ird.fr) Samuel Cordier (cordier@paris.ird.fr) Ariel Crozon (crozon@paris.ird.fr) Olivier Blot (blot@rio.net) Correspondants René Lechon (Montpellier), Bertrand Gobert (Brest), Jacqueline Thomas (Nouméa), Michel Fromaget et Abdoulaye Ann (Dakar) Ont collaboré ce numéro Marie-Agnès Bray Gladys Samson Photos IRD – Indigo Base Claire Lissalde Danièle Cavanna Photogravure, Impression Jouve, 18, rue Saint-Denis, 75001 Paris - Tél : 01 44 76 54 40 ISSN : 1297-2258 Commission paritaire : 0904805335 Dépôt légal : janvier 2003 Journal réalisé sur papier recyclé © dr Actualités L’échec des grands programmes © IRD /M D ukha n 20/12/02 © IRD/J.P Montoroi 182998_SAS18 Réveil explosif du Reventador Le volume de magma déjà émis par le volcan est considérable, la probabilité pour qu’une puissante explosion se produise nouveau est donc faible « En outre, note Jean-Luc Le Pennec, une épaisse coulée de lave descend désormais du cratère et fait aussi tomber la pression dans le système volcanique » Au début de la crise du Tungurahua, en 1999, un scénario de type Revendator a été envisagé, justifiant l’évacuation temporaire de la ville de Baños Lors du récent réveil du Guagua Pichincha, la taille des cristaux et la porosité-perméabilité des laves émises montrent que le magma avait déjà libéré beaucoup de gaz en profondeur dans les roches environnantes, avant d’atteindre la surface C’est la raison pour laquelle cette éruption ne fut pas très violente « Les éruptions récentes du Reventador et des autres volcans d’Équateur rappellent que la remontée des magmas Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 et les modalités de dégazage sont des paramètres essentiels que les scientifiques doivent mieux conntre pour déterminer l’intensité des éruptions et les aléas associés, souligne Jean-Luc Le Pennec L’estimation de ces paramètres constitue un objectif important de l’unité de recherche Processus et aléas volcanique » ● Contacts Jean-Luc.Le-Pennec@ird.fr Pablo.Samaniego@ird.fr, Jean.Philippe.Eissen@ird.fr Institut Géographique de Quito (IG-EPN) : www.igepn.edu.ec Les chercheurs qui ont étudié cette éruption sont : Jean-Luc Le Pennec (IRD/UR 31 Quito), Jean-Philippe Eissen (IRD/UR 31 Quito), Pablo Samaniego (IG-EPN et IRD/UR 31), Silvana Hidalgo (IG-EPN), Hugo Yepes (IG-EPN), Claude Robin (IRD/UR 31 Clermont-Ferrand), Michel Monzier (IRD/UR 31 Clermont-Ferrand) Les routes sénégalaises sont souvent trop étroites et mortelles A la suite d’un choc avec un autre véhicule, ce camion, rempli de sacs de charbons de bois, sest retournộ de faỗon très spectaculaire Le deuxième élément du dérèglement est propre au secteur des transports Tout semble possible aux professionnels pour repousser les limites de la norme, alors même que ces utilisateurs de l’espace public devraient, plus que tous les autres, veiller ne pas empiéter sur les droits d’autrui La dernière enquête sur la mobilité Dakar (2000) estime 700 000 le nombre de déplacements motorisés par jour, pour les personnes de plus de 14 ans Cependant, avec des véhicules hors d’âge et hors d’usage, on peut se demander quel service les transporteurs offrent aux clients et ce qu’on peut espérer de conducteurs qui ne respectent pas le code de la route La faible qualité du service renvoie au type de relation instaurée entre le propriétaire et le chauffeur de car ou de taxi : le premier est souvent rentier, fonctionnaire, homme d’affaires, policier, et ne raisonne qu’en fonction du montant reversé par le chauffeur ; le second, mal payé, conduit n’importe quelle condition pour gagner sa vie L’état du système des transports au Sénégal tient précisément cette relation de domination Le troisième élément qui mérite interrogation touche l’usage Payer toujours moins, arrêter un car n’importe où dans la rue, décharger sur un trottoir un camion de 40 tonnes, forcer le passage avec sa voiture, monter bord d’un navire quand il avance au milieu d’un fleuve, voilà quelques-unes des pratiques en vigueur au Sénégal Actuellement, le système des transports propose toute une palette de solutions, y compris les plus dangereuses De son côté, le client accepte d’être transporté dans des conditions dégradantes, et faible coût La somme de ces compromissions contribue aussi la dérive des transports Refonder le transport dans l’espace social sénégalais Deux conditions pour une définition d’un système des transports plus acceptable pour tous sont souligner La première notion est celle d’espace public Les réactions aux surcharges récurrentes dans les transports en commun, apparues au lendemain de la catastrophe du Joola, ont montré que les populations n’étaient pas indifférentes l’évolution des normes Mais ce mouvement de protestation, pour être transformé en réflexion sur l’avenir des transports, doit être appuyé tous les niveaux par l’État, les collectivités locales, les comités de quartiers, les différentes associations, et s’étendre aux questions d’organisation et d’intérêt général Les processus de décentralisation aidant, il y a localement des modes d’intervention discuter que des associations d’usagers ou de riverains, des groupements de professionnels et des ONG ont déjà testés et qu’il convient de soutenir C’est seulement quand l’espace où s’opèrent les transports sera territoire, c’est-à-dire conỗu, partagộ, appropriộ et respectộ par tous, que lexộcution dun service de transport, acceptable et rentable pour la collectivité, sera possible au Sénégal La seconde notion est politique Il s’agit de recréer une politique de transport au Sénégal Des réflexions sont en cours au ministère de l’Equipement et des Transports, de nouveaux cadres réglementaires sont prévus Ils seront d’autant plus admis que les citoyens se seront exprimés, que le débat aura eu lieu avec les usagers, que les professionnels seront prêts écouter et concéder des avantages À condition qu’on ne transige pas sur certaines priorités comme la sécurité du transport La restauration d’une politique des transports digne de ce nom n’a de raison d’être que si elle est intégrée un plus vaste débat sur l’avenir de la société sénégalaise et sur les inégalités socio-économiques grandissantes La mobilité, comme l’accès l’eau potable, la santé et l’éducation, doit être un droit fondamental L’exemplarité du drame du Joola demande réfléchir aux mécanismes de la régulation dans le transport et au sein de la société sénégalaise Dans le contexte d’appauvrissement de couches importantes de la population, le processus ne sera pas aisé L’avenir du transport interroge au premier chef les autorités politiques, mais il implique aussi les groupements d’opérateurs privés, les associations et les individus C’est dans ces conditions de dialogue politique que le transport au Sénégal, par tous et pour ● tous, sera ou ne sera pas Contact Jérôme Lombard jerome.lombard@ird.sn UR 21 Territoires et mondialisation dans les pays du Sud dirigée par Hervé Théry Voir J Lombard et O Ninot, « Impasses et défis dans le transport routier », in M C Diop, La société sénégalaise entre le local et le global Paris, Karthala, 2002, pp 109-162 WEB www.ird.sn/activites/mon diali/index.htm 182998_SAS18 20/12/02 14:23 Page B u r k i n a Tu b e r c u l o s e F a s o Essai clinique d’un traitement de courte durée Justice et droits fonciers Anthropologue et chargé de cours l’Institut Universitaire d’Études du Développement de Genève, Jean-Pierre Jacob est directeur de recherches l’IRD1 Il participe au Programme de recherche Évolution de l’accès la terre, des marchés et des institutions foncières en Afrique de l’Ouest, financé par l’Union européenne Quels principes collectifs de distribution et de justice avez-vous découverts ? Nous continuons de travailler leur définition au sein de l’unité de recherche, mais il me semble qu’ils sont au nombre de trois Le premier veut que les droits opératoires (usage) et d’administration (gestion), individuels ou de groupe, ne s’exercent que tant qu’ils n’entrent pas en contradiction avec la réalisation d’objectifs d’intérêt collectif considérés comme essentiels : © IRD/M Bournof l’accroissement démographique de la communauté, l’équipement en biens sociaux, ou encore l’attraction de groupes spécialisés considérés comme utiles – forgerons, griots, éleveurs Le second veut que ces mêmes droits ne s’expriment que tant qu’ils n’entrnent pas une remise en question de la répartition des actifs entre ceux qui permettent la satisfaction des besoins sociaux en numéraire et ceux qui permettent la satisfaction des besoins en subsistance Les modes de reconnaissance locaux des espaces de production se font en fonction d’un critère discriminant : l’existence ou non d’une mise en valeur par le travail En simplifiant l’extrême, on dira que les modes de reconnaissance permettent de répartir les espaces et les activités en deux grands groupes : celui dans lequel la vente du produit et la mise en gage des structures de production (un fond de terre, un bief de pêche, un marigot naturel) sont possibles et celui dans lequel elles ne le sont pas Le troisième principe veut que les droits de propriété ne s’exercent que tant qu’ils n’entrnent pas une remise en question de l’obligation de conservation d’un patrimoine commun (villageois, lignager) dans la durée Les engagements pris par les générations présentes propos des ressources doivent se faire en respectant ceux qui ont été pris par les générations passées et sans compromettre les possibilités d’agir des générations futures Berger accompagnant son troupeau un point d’eau, Burkina Fasso Qui peut légitimement évoquer ces principes ? Ils peuvent être rappelés par n’importe qui l’intérieur d’un groupe lorsqu’il lui semble que l’exercice individuel d’un droit opératoire ou d’administration remet en question l’intérêt commun, exprimé dans l’un des principes mentionnés ci-dessus Ils sont présents également de manière implicite dans le contenu des droits accordés aux individus ou aux lignages Est-ce que ces principes sont toujours respectés actuellement ? Ces principes peuvent être remis en question ou entrer en conflit les uns avec les autres un moment donné de l’histoire économique locale L’objectif d’accroissement démographique de la communauté, essentiellement par accueil « d’étrangers », peut aller l’encontre du devoir de transmission d’un patrimoine foncier aux générations autochtones futures La recherche individuelle accrue de numéraire peut entrner une marchandisation des ressources qui n’ont pas traditionnellement un statut de bien (par exemple le poisson pêché dans les mares sacrées) Un groupe qui n’est plus considéré comme utile –comme les éleveurs peulpeut voir remis en question ses droits en arguant du fait que son mode d’utilisation de la nature est contraire l’idée mise en valeur Cependant, même dans les contextes de marchandisation importante de la terre comme ceux qu’étudient mes collègues JeanPierre Chauveau et Jean-Philippe Colin en Côte d’Ivoire, ces principes subsistent au moins l’état d’argumentaire dans les conflits entre agents ● Contact Jean-Pierre.Jacob@ird.bf Unité de Recherche 095 « Régulations foncières, politiques publiques et logiques d’acteurs » dirigée par Jean-Pierre Chauveau Automédication et paludisme « À travers une enquête sociologique menée durant mois, nous avons réalisé une description du marché parallèle du médicament dans la zone rurale de Niakhar», explique Carine Baxerres de l’UR 101 La zone de Niakhar, 135 km l’est de Dakar, comprend 30 villages répartis sur une superficie de 203 km2 et compte une population d'environ 30000 habitants Pour se soigner, les habitants de la zone peuvent se procurer des traitements dans les dispensaires et les cases de santé après une consultation payante Il existe également un marché parallèle très développé, dont les médicaments s’avèrent être d’une grande accessibilité pour les populations Sur les 30 villages de la zone, 19 sont pourvus d’au moins une boutique qui en propose Les villageois peuvent aussi en acheter lors des différents « luma » (marchés hebdomadaires) de la région Des marchands ambulants qui circulent dans la plupart des villages en vendent également Enfin, certains habitants de la zone font le commerce de médica- ments leur domicile Au-delà de la vente, ces différents acteurs ont souvent un rôle de conseil dans l’approche diagnostic de la maladie et la prescription médicamenteuse « Malgré cette grande diversité de l'offre, la variété des médicaments proposés n'est pas très importante La grande majorité des vendeurs ne disposent que de médicaments qui peuvent se regrouper en trois classes (antibiotique, anti-inflammatoire, anti-pyrétique) » Contre toute attente, les antipaludéens sont rarement proposés, alors que cette maladie est une des premières causes de mortalité et de morbidité chez les enfants de moins de 10 ans En saison des pluies, plus de 50 % des fièvres sont dues au paludisme Quelques rares vendeurs spécialisés dans la pharmacie, disposent d'un nombre conséquent de médicaments (une quarantaine), parmi lesquels figurent la chloroquine, principal traitement prescrit dans les dispensaires en cas de paludisme Ce circuit parallèle pose un problème de santé publique Les populations ont © IRD/A Luce Quelle est l’ampleur du marché parallèle du médicament en zone rurale au Sénégal ? Quelles sont les conséquences de l’automédication moderne sur la santé publique et notamment sur le paludisme ? Enquête Niakhar de Carine Baxerres de l’UR 101 disme pour lequel aucune des thérapeutiques proposées n’est efficace Cette automédication a alors pour conséquence une augmentation des délais dans la prise en charge correcte du paludisme et en conséquence une augmentation de la morbidité et du risque de survenue des accès graves Cependant, ce circuit parallèle offre de nombreux avantages aux populations (peu cher, vente au détail, proximité sociale et géographique des vendeurs) Il est donc important de bien comprendre comUn stand de médicaments au marché hebdomadaire de Toucar ment il s’intègre dans la vie des populations développé une automédication centrée et qu’elle est l’utilisation qu’elles en sur les médicaments les plus vendus, font dans le cadre de l’automédication dont elles pensent bien conntre les Ces études doivent permettre d’intéeffets Malheureusement, ceci aboutit grer ce paramètre dans la mise en place une utilisation abusive des médicade nouvelles stratégie de lutte contre ments, le plus souvent peu adaptée les maladies et notamment contre le aux pathologies, notamment au palupaludisme ● Contact Christian Lienhardt lienhardt@ird.sn Contact Carine Baxerres baxerres@dakar.ird.sn Jean-Yves Le Hesran lehesran@dakar.ird.sn UR 10 Santé de la mère et de l’enfant Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 Actualités V ous étudiez depuis 1999 l’histoire et les conceptions foncières dans des sociétés rurales du centre-ouest et du centre-est du Burkina Faso Quelles sont vos nouvelles pistes de recherche ? J’ai d’abord dû remettre en cause l’hypothèse très actuelle selon laquelle les droits seraient essentiellement le produit de la négociation, des rapports de force entre des institutions locales concurrentes car, dans les contextes que j’étudie, cette hypothèse ne me menait rien Je me suis mis travailler de manière beaucoup plus classique sur l’ethnographie des droits d’usage et de gestion pour des fonds de terre ou des ressources naturelles spécifiques, notamment l’eau Je me suis rendu compte que ces droits étaient subordonnés des logiques collectives, des sortes de grands principes de distribution ou de justice L’IRD lance en janvier 2003 un large essai clinique multicentrique visant évaluer l’efficacité bactériologique et clinique d’un traitement de mois de la tuberculose pulmonaire Depuis les années 1980, la tuberculose pulmonaire est traitée par des régimes de courte durée (6 mois) incluant médicaments, dont la rifampicine Malgré cette avancée considérable (en 1960, le traitement durait au minimum 12 mois), le taux de patients interrompant leur traitement avant terme reste élevé, ce qui favorise la pérennisation de la transmission de l’infection et l’émergence de résistances microbiennes aux médicaments anti-tuberculeux « Dans ce projet, nous nous proposons d’évaluer les possibilités de réduire davantage et de manière effective la durée du traitement de la tuberculose pulmonaire en incluant l’ofloxacine dans les régimes, explique Christian Lienhardt, épidémiologiste de l’IRD qui coordonne cet essai Nous pensons obtenir une meilleure adhésion des patients un traitement plus court et par conséquent accrtre le taux de grison » L’ofloxacine est un médicament appartenant la classe antibiotique des quinolones, dont l’efficacité sur le germe de la tuberculose a été prouvée par des études chez la souris C’est un médicament générique, répertorié sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS, dont le prix de revient est bas, ce qui permet de proposer un traitement faible coût, qui trouvera son application immédiate dans les pays en développement Sur le plan méthodologique, il s’agit d’un essai clinique randomisé multicentrique, dans lequel le régime incluant l’ofloxacine sera comparé un régime standard de mois Il est prévu de recruter 850 patients tuberculeux au total « Dans un premier temps, nous étudierons et comparerons les activités stérilisantes des deux régimes pendant leur phase intensive (phase initiale de mois) Puis leur efficacité sera évaluée sur le taux de guérison en fin de traitement et le taux de rechutes 6, 12 et 24 mois aprốs le traitement Lessai clinique sera conduit de faỗon conjointe dans pays d’Afrique, en partenariat avec les Programmes nationaux de lutte anti-tuberculeuse du Sénégal et du Bénin, le Medical Research Council d’Afrique du Sud ; le Kenya Medical Research Institute (KEMRI) Nairobi et le Service de pneumo-phtisiologie du CHU Ignace Deen Conakry en Guinée » Cinq institutions européennes sont également partenaires de ces recherches financées par la Commission européenne (IRD, Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, London School of Hygiene and Tropical Medicine, St George’s Hospital Microbiology Unit London et le CHU Raymond Poincaré de Garches, France) « À long terme, conclut Christian Lienhardt, l’objectif de cet essai est aussi de contribuer au développement des capacités scientifiques et techniques en Afrique, travers une formation et un transfert de technologie adéquats, destinés mettre sur pied un réseau de centres d’essais basés sur des sites d’excellence pour la recherche cli● nique sur le terrain » 20/12/02 14:24 Page Partenaires © IRD/A Ganachaud O O bb ss ee rr vv aa tt oo ii rr ee ss dd ee rr ee cc hh ee rr cc hh ee ee nn ee nn vv ii rr oo nn nn ee m m ee nn tt La planète Terre sous monitoring Les changements environnementaux nécessitent une nouvelle organisation de l’observation, plus durable, axée sur des problématiques d’échelle mondiale Afin d’adapter le tissu scientifique aux spécificités de ce type de recherche, le ministère de la Recherche a lancé un programme de développement d’observatoires L’IRD va piloter six observatoires de recherche en environnement (ORE) sur la vingtaine de projets retenus cette année C hangements climatiques, atteintes aux milieux marins et terrestres, menaces sur la biodiversité végétale et animale, pression sur les écosystèmes, l’emprise croissante de l’homme sur son environnement pose le problème de sa vulnérabilité Les recherches pour évaluer et anticiper les conséquences sur la nature de la pression trophique humaine nécessitent des données fiables et régulièrement enregistrées, sur une échelle de temps suffisante Mais jusqu’à présent l’appréhension de ces phénomènes se heurte aux difficultés de discriminer les effets anthropiques des effets naturels du changement climatique Distinguer les causes locales, ou court terme, des causes régionales, ou long terme, n’est pas non plus toujours aisé En décidant de créer des ORE, observatoires de recherche en environnement, le ministère de la Recherche entend rectifier le tir Toutes les communautés de chercheurs sont également concernées, quel que En visite officielle Paris avec le président mexicain Vincente Fox, Jaime Parada, directeur général du Conacyt, Conseil national de la recherche scientifique et technologique, a rencontrộ le prộsident de lIRD, Jean-Franỗois Girard En présence de représentants des ministères chargés des Affaires étrangères et de la Recherche, Jaime Parada a fait part des changements survenus récemment au Mexique en matière de recherche La nouvelle loi sur la science et la technologie a donné son indépendance, notamment budgétaire, au Conacyt qui devient presque un secrétariat d’État (il dépendait naguère du ministère de l’Éducation nationale) Le Conacyt gère le Système national de recherche qui permet de rémunérer les chercheurs ; il octroie des bourses et finance les programmes travers des fonds mixtes sectoriels ou locaux La nouvelle loi a également créé un Conseil général de la recherche scientifique et du développement technologique Organe de politique et de coordination interministériel, le Comité est présidé par Vincente Fox en personne, Jaime Parada pour sa part en assurant le secrộtariat exộcutif Jaime Parada et Jean-Franỗois Girard ont, l’issue de cette rencontre, signé un accord par lequel le Conacyt et l’IRD marquent leur volonté de conduire bien la création d’un laboratoire extérieur (Labex) mexicain en France, l’instar du laboratoire brésilien inauguré récemment Agropolis Montpellier (voir Sciences au Sud n° 17, p 4) ● Contact Alain Sournia Sournia@paris.ird.fr H y b a m Au cœur de l’Atlantique tropical Le bassin amazonien L D © IRD/J Servain Premier pas vers un Labex Mexicain en France de l’environnement (CCSPE), en charge du dossier, a retenu une vingtaine de projets sur les quelque quatre vingtdix qui lui avaient été soumis Parmi ces vingt ORE figurent les six que l’IRD avait proposés, dont un conjointement avec l’INRA ● P i r a t a ’Atlantique tropical est le siège de phénomènes déterminants pour le climat global C’est, en effet, une zone par laquelle passent les deux branches de la circulation thermohaline mondiale C’est également le berceau de manifestations météorologiques importantes pour l’environnement et l’économie, comme les sécheresses d’Afrique de l’Ouest et du Nordeste brésilien ou les cyclones dévastateurs des Antilles ou du sud-est des États-Unis En connaissant mieux la variabilité climatique l’échelle du bassin océanique, on pourra apprécier la qualité et la quantité des pluies saisonnières sur les zones continentales avoisinantes et ainsi contribuer une meilleures gestion des ressources Pour cela, l’observatoire Pirata va consolider et pérenniser le réseau récemment mis en place pour la surveillance météo-océanique in situ de l’Atlantique tropical ; aux 12 bouées mouillées dans cet océan sont associées données satellitales et modèles numériques de prévision de la circulation océanique Conjointement l’ORE « Amma Catch », Pirata va permettre d'approfondir le cou● plage entre El Niño (océan Pacifique) et la mousson ouest-africaine soit le domaine de leur activité : océan, atmosphère ou surfaces continentales Certains systèmes d’observation fonctionnent déjà comme des ORE avant la lettre, notamment sous la forme des services d'observation de l’INSU D’un point de vue institutionnel, les ORE seront mis en œuvre par les organismes publics de recherche et par les universités Chacun des ORE représente une collaboration, une « synergie » inter-organismes Le Comité de coordination des sciences de la planète et es Andes l'océan Atlantique, l’Amazone, le plus grand fleuve du monde, transporte d’énormes quantités de matières dissoutes et particulaires Le climat et la géodynamique actuelle contrôlent le transport des matériaux érodés par les fleuves de la plaine amazonienne Ces processus sont affectés par la variabilité climatique mais aussi par l’action de l’homme, et notamment la déforestation massive qui accélère l’érosion et modifie localement le climat Malgré l’importance de phénomènes pour la connaissance des flux globaux, il n’existe pas de données fiables permettant d’évaluer précisément ces transferts et leurs variabilités dans l’espace et le temps En s'appuyant sur les réseaux hydrologiques péruvien, bolivien, équatorien, brésilien et guyanais, l’observatoire Hybam va permettre de rassembler une information indispensable sur le plus grand bassin hydrographique de la planète Les mesures de flux d’eau, de quantités de matière et d’éléments chimiques seront effectuées sur 12 sites échelonnés entre le piedmont andin et l’océan Cet ORE doit constituer la base d'accrétion d'observations d'autre nature (sciences biologiques, économiques ou sociales) qui permettront une vision intégrée du bassin amazonien ● Contact guyot@cict.fr Contact servain@funceme.br, bernard.bourles@ird.fr A m m a S S S Combien de sel dans l’océan ? Analyse multidisciplinaire de la mousson africaine L L a salinité de surface de la mer joue un rôle important sur la variabilité du climat L’observation méthodique de ce paramètre sur une longue échelle de temps doit permettre d’affiner des modèles numériques de prévision de l’évolution du climat Certaines régions ont des dynamiques spécifiques et font donc l’objet d’une surveillance toute particulière ; c’est le cas des océans tropicaux, de l’Atlantique nord et de l’océan austral Les observations sont acquises par des navires de commerce équipés de thermosalinographes qui recueillent et transmettent automatiquement les données sur la surface de l’océan L’objectif de l’observation de la salinité est de couvrir le plus de surface possible et d'intégrer les données l'échelle mondiale Les données acquises dans le cadre des deux ORE Pirata et SSS sont intégrées dans le programme franỗais Mercator, premiốre approche opộration nelle du comportement physique des océans Contact ’Afrique est au premier rang des régions concernées par la question de l’impact des fluctuations climatiques sur les ressources en eau Les importantes modifications environnementales qu’a connues la région depuis une cinquantaine d’années pourraient avoir influé sur la dynamique du cycle hydrologique ; mais les observations pour corroborer une telle hypothèse sont insuffisantes Il est nécessaire, pour comprendre la mousson africaine et son impact sur les cycles hydrologiques, de disposer de données couvrant la large gamme des échelles spatio-temporelles auxquelles se manifestent les variabilités atmosphérique, hydrologique et végétale Le système d’observation CATCH, qui devient un ORE, fonctionne en ce sens depuis 1997 mais intègre, dans ses bases de données, des séries remontant aux années 1950 (Voir aussi pages et 9.) ● delcroix@notos.cst.cnes.fr Contact G l a c i o c l i m thierry.lebel@hmg.inpg.fr Glaciers observatoires du climat O m è r e C Sols et eau méditerranéens et observatoire va s’employer enregistrer les fluctuations et l’évolution du climat en milieu glaciaire dans différentes régions du monde En zone tropicale, le suivi des glaciers permet de mieux gérer les ressources en eau, en particulier dans le domaine andin où la fonte des glaces constitue la principale ressource en eau pour les habitants du versant ouest de la Cordillère D’autre part, où les glaciers sont en recul, il importe d’évaluer les risques liés leur fonte Les glaciers observés sont quatre édifices alpins, d’ores et déjà minutieusement surveillés par un service d’observation, mais également six autres glaciers pilotes représentatifs de climats variés et distribués le long d’un méridien climatique virtuel allant de l'équateur au pôle Sud en passant par la zone tropicale Cet observatoire fộdốre les efforts en ce domaine de plusieurs organismes franỗais, le CNRS, l’IPEV, l’IRD et l'Université de Grenoble ● © IRD/J Laure © IRD/O Dargouge C a t c h Contact Contacts Michel Portais, représentant de l’IRD au Mexique ird@irdmex.org wagnon@glaciog.ujf-grenoble.fr ribstein@msem.univ-montp2.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 L ’observatoire méditerranéen de l’environnement rural et de l’eau est piloté conjointement par l’INRA et l’IRD Il va réunir les informations nécessaires la mesure de l’impact des actions anthropiques sur l’érosion physique et chimique des sols méditerranéens et sur la qualité de l’eau Le bassin méditerranéen subit, en effet, de fortes contraintes sur le plan hydrologique, incluant crues extrêmes et sécheresses prolongées, qui ont une implication économique d’autant plus importante que la pression économique induit des pratiques agricoles toujours plus intenses La croissance démographique et l’intensification des modes d’utilisation des sols conduisent des enjeux environnementaux et agronomiques essentiels dans les milieux cultivés Ces enjeux passent par la mtrise des crues et de l’érosion hydrique, par l’évaluation, la préservation et la restauration de la qualité des ressources en eau et en sol Ils reposent également sur le diagnostic des risques environnementaux liés l’utilisation actuelle et future des sols et sur la mise en ● place d’un réseau de surveillance de la qualité des eaux et du milieu Contact Jean Albergel, albergel@ensam.inra.fr © IRD/M.-N Faavier 182998_SAS18 14:25 Page L’IRD et la Conicyt viennent de renouveler leur convention de coopération pour les six prochaines années Entamée il y a près de 20 ans, la collaboration scientifique devrait s’accentuer autour de plusieurs axes allant des formations doctorales aux initiatives multilatérales avec d’autres pays européens, en passant par le soutien aux centres régionaux de recherche Le point sur un partenariat particulièrement équilibré « La trilla » : le battage cheval du blé pluvial Dans les communautés agropastorales, les relations entre l’homme et son environnement sont le plus souvent équilibrées Trois questions Patrick Livenais (UR 011), responsable du programme Transformations des espaces ruraux arides et processus d’intégration régional dans la IVe Région du Chili L’IRD au Chili Vallée du fleuve Huatulame, la fruticulture d’exportation a investi l’espace des communautés agricoles © IRD/C Robin paléoclimatologues, halieutes) préparent un grand projet de recherche régional associant les partenaires chiliens et péruviens Un facteur qui a favorisé le développement des activités de l’IRD au Chili, tous les intervenants en conviennent, est la qualité du partenariat scientifique « La structure universitaire chilienne est solide depuis de nombreuses années, précise Gérard Hérail, et la formation est de grande qualité » La coopération de l’IRD au Chili s’accompagne de la formation de jeunes docteurs Onze étudiants chiliens bénéficient d’allocations attribuées par le Département Soutien et Formation de l’IRD (par exemple, deux étudiantes chiliennes viennent d’obtenir en septembre 2002 un financement pour des thèses en géochronologie et en virologie) Cette politique est aussi la priorité de nos partenaires Certains étudiants bénéficient d’ailleurs d’allocations co-financées, dans le cadre de thèses en co-tutelle L’IRD entretient des collaborations avec les grandes universités chiliennes très bien implantées dans le milieu international américain et européen, mais aussi avec des universités régionales et avec des services publics nationaux comme le Service national de géologie et des mines (Sernageomin) ou l’Institut des pêches (IFOP) Fin 2002, un accord d’association a été conclu entre la Communauté européenne et la République du Chili Il facilitera notamment la participation des chercheurs chiliens aux projets soutenus par le 6e programme cadre de recherche et développement de l’Union euro- péenne « Le Président de la Conicyt a exprimé, au cours de la réunion de concertation, rapporte Pierrick Roperch, représentant de l’IRD au Chili, son souhait de voir l’IRD devenir l’une des “têtes de pont” des institutions chiliennes en Europe et faciliter leur accès aux rộseaux et aux projets europộens ằ La recherche franỗaise est plus largement présente au Chili grâce au programme Ecos-Sud, créé par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche, pour soutenir la coopération scientifique bilatérale avec certains pays d’Amérique hispanophone Enfin, le CNRS a ouvert en octobre 2002 un bureau régional au Chili « S’il n’a pas été possible matériellement de réunir les représentations de l’IRD et du CNRS sur un même lieu, explique Pierrick Roperch, nous avons néanmoins organisé un bureau commun afin de dynamiser nos échanges et de nous rapprocher dans la collaboration avec nos ● partenaires chiliens » Contact Pierrick Roperch ird-chili@ird.tie.cl http://www.ird.tie.cl CONICYT (Comisión Nacional de Investigación Científica y Tecnológica), la CONICYT est une institution du gouvernement chilien en matière de science et technologie ; elle définit des politiques, encourage et finance la recherche, la formation de ressources humaines, la coopération internationale, et promeut la diffusion de l’information scientifique http://www.conicyt.cl/ H a l i e u t i q u e Coopération multilatérale « La coopération en halieutique entre l’IRD et le Chili est ancienne, précise Pierre Fréon de l’UR 97, Interactions et Dynamiques spatiales des ressources renouvelables dans les écosystèmes d'upwelling Elle date du milieu des années 1970, période laquelle deux chercheurs chiliens préparaient Brest leur thèse de 3e cycle.» Les contacts se sont maintenus depuis, sous forme de missions de part et d’autre, de rencontres lors de groupes de travail ou symposiums ainsi que de publications communes Puis des projets bilatéraux limités ont été réalisés (projet ECOS-Sud IFOP-IRD) qui ont permis de réaliser et formaliser cette coopération Depuis 2001, cette collaboration s’est concrétisée par l’affectation de deux chercheurs et un technicien de l’UR 61 Valparaiso, d’une part l’Escuela de Ciencias del Mar (ECM), émanation de l’Université Catholique de Valparaiso (UCV) qui forme des ingénieurs des pêches, et d’autre part l’Institut des Pêches (IFOP), qui collecte des données (commerciales et expérimentales) et gère les pêcheries Des échanges scientifiques nombreux ont aussi lieu avec l’Université de Concepción (UC), qui a été choisie par la Conicyt pour former un pole d’excellence de recherche et de formation dans le domaine marin (FONDAP COPAS) « Il faut savoir que bien d’autres acteurs sont présents sur la scène chilienne (comme par exemple l’Instituto de Investigación Pesquera (INPASCA) de Talcahuano) et de nombreuses universités Ceci contraste avec le pays voisin le Pérou où l’essentiel de la recherche marine est réalisée par un seul institut (IMARPE) Le mode de financement de la recherche chilienne en général et en halieutique, en particulier, implique une compétition sévère entre les différents acteurs pour l’accès aux financements (nécessairement importants pour les moyens la mer), ce qui parfois peut créer des tensions entre nos différents partenaires On ne peut plus envisager de coopération strictement bilatérale Afin de mieux prendre en compte les différentes échelles, une coopération régionale associant nos partenaires chiliens et péruviens est nécessaire Des coopérations étroites entre des pays qui abordent les mêmes thématiques et qui partagent des compétences scientifiques se concrétisent Ainsi la collaboration entre l’Afrique du Sud et le Chili sur le thème d’une approche écosystémique intégrée de la gestion des ressources renouvelables appart prometteuse De nouvelles voies de coopération s’ouvrent pour lesquelles l’IRD entend jouer un rôle fédérateur.» ● Contact : Pierre Fréon, Pfreon@mcm.wcape.gov.za Projets et équipes au Chili La crỏte terrestre, évolutions et risques naturels • Formation des reliefs et néotectonique • Évolution géodynamique de la chaợne des Andes Sismologie : description de la sismicitộ Mécanisme de la rupture • Volcanisme Contact : G Hérail (UR 104, gherail@paris.ird.fr), P Charvis (UR 82, philippe.charvis@obs-vlfr.fr), C Robin (UR 31, robin@opgc.univ-bpclermont.fr) Les climats, variabilité et impact • Enregistrements palộoclimatiques du phộnomốne ô El Niủo-ENSO ằ Transmission du signal océanique équatorial le long de la côte du Pérou et Chili, et étude des écosystèmes et des cycles biogéochimiques associés au large du Chili (nombreux échanges avec l’UR 32 dans ce domaine) Contact : L Ortlieb (UR 55, lortlieb@bondy.ird.fr), Pierre Soler (UR 86 Soler@lodyc.jussieu.fr), Yves Du Penhoat (UR 65, Yves.du-Penhoat@cnes.fr) Écologie aquatique et halieutique • Étude du comportement grégaire des poissons pélagiques exploités (sardine, anchois, chinchard) et de son impact sur l'exploitation et la capturabilitộ Contact : Franỗois Gerlotto (UR 61, fgerlotto@ifop.cl) L’homme dans son environnement • Transformations des espaces ruraux et processus d'intégration régionale dans la IVe région Contact : Michel Picouet (UR 11, Michel.Picouet@mailup.univ-mrs.fr) Politiques de développement et mondialisation Les transformations du travail dans la mondialisation Contact : Monique Selim (UR 3, Monique.Selim@bondy.ird.fr UR 3, Travail et mondialisation ; UR 11, Interactions entre population et environnements naturels contraignants ; UR 31, Processus et aléas volcaniques ; UR 32, Glaciers et ressources en eau dans les Andes tropicales ; UR 055, Paléo-environnements tropicaux et variabilité climatique ; UR 61, Éco-éthologie des poissons pélagiques marins ; UR 65, Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales ; UR 82, Géosciences Azur ; UR 86, Laboratoire d'océanographie dynamique et de climatologie ; UR 104, Déformation de la lithosphère continentale en zones de convergence et transferts de matière ● Signature de la convention Conicyt-IRD De gauche droite : Éric Goles, président de la Conicyt, Jean-Michel Chassériaux, directeur des relations internationales de l’IRD et Pierrich Roperch, représentant de l’IRD au Chili Quels sont les principaux résultats de ces recherches ? Du point de vue socio-économique la capacité de chacun de ces systèmes produire pour l’exportation est inégale, et ceux qui y parviennent n’apparaissent pas forcément comme les plus performants au regard de critères essentiels du développement, comme la diminution de la pauvreté Du point de vue environnemental, ces systèmes paraissent globalement conséquents et leurs gestions des ressources naturelles sont plus orientées vers la conservation que vers la dégradation Le résultat est cependant réservé en ce qui concerne l’agriculture moderne d’exportation, qui utilise les eaux souterraines, ressources dont l’importance et le renouvellement restent méconnus Quel bilan tirez-vous du partenariat et quelles sont les perspectives ? Le bilan est satisfaisant Un doctorat en co-tutelle a vu le jour entre les universités du Chili et d’Orléans et, sous l’égide de la Délégation régionale pour le Cône Sud, un projet est en préparation pour un module commun aux formations doctorales des universités du Chili et de Cordoba (Argentine) impliquant les universités d’Aix-Marseille et d’Orléans avec l’IRD Les recherches vont aussi se poursuivre avec notamment un projet d’observatoire des changements socioéconomiques et environnementaux avec les universités de La Serena et d’Aix-Marseille (UMR LPE), ainsi qu’un partenariat original associant la IVe Région du Chili et la Région Centre sur les problématiques d’économie politique relatives la gestion des ressources naturelles, avec un rôle moteur de l’IRD-Orléans ● Contact Patrick Livenais livenais@netup.cl Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 Partenaires C et halieutique, l’homme dans son environnement, les politiques de développement et la mondialisation « L’existence de plusieurs programmes de recherche en sciences de la terre, explique Gérard Hérail, directeur de l’UR 104 et premier représentant de l’IRD au Chili, vient en partie de la position géographique particulière du pays Le Chili est une région fortement sismique et la probabilité croissante d’un tremblement de terre majeur dans la région Nord est l’origine de l’intense collaboration des sismologues avec leurs partenaires chiliens Le pays est aussi une région clé pour comprendre la géodynamique des Andes centrales et les phénomènes volcaniques associés Enfin l’importance de l’industrie minière, une des plus grandes et développées au monde, nous rappelle que les ressources non renouvelables constituent un facteur de développement pour les pays du sud » Au cours des années 1990, la prise de conscience du problème du réchauffement climatique a mis en évidence l’importance du phénomène El niño Ce dernier constitue un facteur de risques (inondation, destruction d’infrastructures) et a des implications très Le Villarrica, l’un des volcans chiliens étudiés fortes sur les ressources par le chercheur de l’UR 31 (identification des produits éruptifs, définition des aléas, marines Plusieurs équipes histoire des volcans et évolution des magmas, de l’IRD (océanographes incidence de facteurs externes sur la nature physiciens, géochimistes, et le déroulement des éruptions ) ommencées autour de thématiques de santé et de sciences humaines en 1984, les collaborations avec le Chili se sont ensuite développées en sciences de la terre et de l’environnement Dès 1985, l’IRD, avec le Centre d’études scientifiques de Santiago (CECS), a débuté, en géophysique, des travaux qui ont permis d'étendre et de compléter des études conduites au Pérou, en Bolivie et en Équateur Le premier accord de coopération avec la Conicyt a été signé en 1992, année où fut ouverte la représentation de l’IRD Aujourd’hui les activités couvrent plusieurs grandes thématiques développées par l’Institut : la croûte terrestre et ses évolutions, les ressources non renouvelables et les risques naturels, la variabilité et l’impact des climats, l’écologie aquatique Dans le domaine Société et environnement quand remontent et sur quoi portent les recherches dans le Chili aride ? L’engagement de l’IRD avec l’université du Chili remonte au début des années 1990 Un premier programme fut réalisé sur la province du Limari, par une équipe conduite par Jean Pouget Depuis 1997, les recherches portent sur l’ensemble de la IVe Région, le partenariat a été étendu l’université de La Serena, et des financements complémentaires ont été obtenus : GEF/PNUD et ECOS-CONICYT Nous nous interrogeons sur la faỗon de concilier une politique de développement fondée sur la promotion d’une agriculture moderne d’exportation (fruits) et la préservation des ressources naturelles renouvelables Nos études ont pris en compte l’hétérogénéité des systèmes agraires de la région : communautés agropastorales, petites agricultures irriguées, complexes agro-industriels d’exportation et grands fundos valeur spéculative pour le tourisme © dr 20/12/02 © IRD/D Dubroeucq 182998_SAS18 Page Thésards pour le développement Frédéric Réounodji est un étudiant tchadien préparant un doctorat l’Université de Paris I (laboratoire Prodig) qui s’inscrit dans cadre du programme Pôle régional de recherche appliquée au développement des savanes d’Afrique centrale (PRASAC) en liaison avec l’IRD (US Jachère) La gestion de l’espace de savane au Tchad connt de fortes transformations liées la croissance démographique, au développement des activités agricoles, notamment de culture de rente (coton et arachide), et l’émergence de dynamiques pastorales nouvelles Cela se traduit par l’apparition d’enjeux fonciers et de compétitions pour l’espace disponible, créant de nombreuses tensions entre communautés utilisatrices de cet espace Ce projet de recherche trace l’ensemble des évolutions de la gestion de l’espace en utilisant la cartographie diachronique pour montrer le changement long terme observé par les images satellites et les photos aériennes, qui sont mises en relation avec les déterminants socio-économiques permettant d’expliquer ces changements À une échelle plus précise, des levées du parcellaire expliquent les dynamiques foncières et les stratégies paysannes de gestion de l’espace et des ressources naturelles ● Le lundi 21 octobre 2002, le Centre IRD d’Ỵle de France Bondy proposait une journée de présentation des travaux des thésards accueillis et encadrés dans les laboratoires du Centre Cette journée, inscrite dans le cadre de l’animation scientifique du Centre, a permis aux étudiants, issus de disciplines diverses, de mieux se conntre, de comprendre les travaux des autres, et par extension, de mieux cerner les compétences scientifiques dont dispose l’IRD P our certains doctorants « chercheurs débutants », c'était l’occasion de se frotter l’exercice de la présentation orale devant des pairs D’autres, par contre, étaient plus aguerris ce type d’exercice : chercheurs d’ores et déjà confirmés dans les institutions scientifiques de leur pays, ils préparent un doctorat dans une université franỗaise afin de favoriser leur carriốre de chercheurs Lhộtộrogộnộitộ des profils et donc des expériences scientifiques, la présence des responsables scientifiques des thésards et des chercheurs de l’Ird ont permis ces présentations, fort diverses dans les thèmes et les sujets, d’être suivies de débats scientifiques entre les participants Le Centre de recherche d’Ile de France accueille de nombreux chercheurs étrangers dans ses laboratoires En 2001, ce sont plus de 130 personnes (stagiaires, doctorants ou chercheurs) qui sont venus Bondy et se sont installés pour une durée plus ou moins longue pour poursuivre leurs travaux Les durées de A f r i q u e © IRD/A.Aing Partenaires La Savane disputée séjours, souvent de plusieurs mois, représentent un équivalent de 45 permanents accueillis sur le centre Il est vrai que ce centre, qui abrite prés de 250 agents de l’IRD et partenaires des universités d’Ỵle de France, répartis dans plusieurs unités, présente un attrait fort pour de nombreux partenaires de l’IRD Ils y trouvent une structure d’accueil et des conditions de travail fort appréciées : laboratoires équipés, moyens de communication, documentation, mise disposition de bureaux, etc De plus, les possibilités d’hébergement, que propose le Centre de Bondy sont fort prisées des chercheurs étrangers de passage, au regard des grandes difficultés de logement en région parisienne À l’occasion de cette journée, certains thésards ont d’ailleurs souligné que les moyens scientifiques mis leur disposition et les conditions d’hébergement permettaient une grande efficacité de leur travail ● Contact © IRD/A Aing 14:26 L’histoire du climat dans les coquillages I ngénieur en aquaculture de l’Université d’Antofagasta du Chili, Nury Guzman achève actuellement un doctorat l’Université Paris-Sud Orsay en association avec l’UR Paléotropique de l’IRD Ses travaux portent sur la paléoclimatologie de la côte nord du Chili partir de l'étude de coquilles marines (le Concholepas concholepas) Ces coquilles enregistrent des marqueurs de fluctuations du régime océanique (salinité, abondance des nutriments, etc.) qui sont particulièrement intéressantes, car, si la différence des récifs coralliens, leur cycle vital est bref, la résolution temporelle des marqueurs est en revanche très précise Ainsi, ces coquillages enregistrent les anomalies océanographiques de l’ordre de la semaine ou du mois L’étude du climat partir des coquillages a pris un essor très récemment avec les progrès technologiques, qui permettent maintenant de mesurer les éléments géochimiques dans de petites quantités d’échantillons Ce travail de recherche s’inscrit dans le cadre des avancées scientifiques en paléoclimatologie qui combinent diverses approches : des études sur les coraux, les spéléothèmes (stalagmites) ou des dépơts lacustres fort taux de sédimentation ● © IRD/L Ortlieb 20/12/02 dsf@paris.ird.fr d e l ’ O u e s t Achat, entretien et maintenance des équipements scientifiques Centre IRD d’Ỵle de France Bondy Des vers de terre et de la pollution Jun Dai enseignant l’Université du sud de la Chine prépare un doctorat l’Université de Paris VI sous la direction de Patrick Lavelle Son travail de thèse est mené au sein du laboratoire d’écologie des sols : UMR Biosol Bondy ; il s’agit d’étudier les conditions d’absorption de métaux lourds issus de pollutions industrielles par les organismes vivants dans un sol Tous les métaux lourds, lorsqu’ils sont en excès dans le milieu, sont toxiques pour la plupart des organismes vivants et en particulier pour la faune et les végétaux terrestres Le travail mené dans une région ayant connu une pollution industrielle importante montre qu’il y a accumulation des polluants tels que zinc, cadmium, plomb, cuivre dans les tissus des vers de terre L’effet toxique de ces polluants sur les microorganismes des sols est plus ou moins important en fonction de la bio disponibilité du métal concerné ● Un atelier de travail portant sur « Achat, utilisation et maintenance des équipements scientifiques en Afrique de l’Ouest » était organisé début novembre Buéa au Cameroun, l'initiative de la Fondation internationale pour la science et de ses partenaires, pour réfléchir sur les moyens d'organiser l'achat et l'entretien des équipements scientifiques dans le contexte des pays d’Afrique subsaharienne L es conditions matérielles de la recherche en Afrique subsaharienne sont souvent extrêmement précaires Pourtant, la recherche a besoin d’équipements, car d’évidence, les conditions de travail et les outils disponibles ont une influence forte sur la qualité de la production scientifique Cette réunion a rassemblé les différents acteurs concernés par l'équipement scientifique : chercheurs, techniciens et ingénieurs, responsables institutionnels, fournisseurs et quelques agences de coopération scientifique L’IRD avait été sollicité, tant pour contribuer l'organisation de cet atelier que pour participer la réflexion, au vu de son expérience dans la maintenance et de son intérêt et de ses actions qui œuvrent au renforcement des communautés scientifiques du Sud Cet atelier visait réfléchir sur les conditions d’une optimisation des actions dans ce domaine La participation d'interlocuteurs, ayant des rôles différents – achat, utilisation, entretien, Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 maintenance – a permis un dialogue confrontant les logiques et les contraintes des différents acteurs Au delà des recommandations d’usages qui caractérisent les ateliers de ce type (développer la formation des techniciens, prévoir des mécanismes de formation continue, identifier les compétences disponibles, réduire la palette des « modèles » acheter et s’assurer de l’application des exonérations de taxe et de dédouanement du matériel scientifique dans chacun des pays), l’originalité de cet atelier a sans doute été de travailler dans une logique globale D’où le projet d’organisation d’un réseau pour la maintenance des équipements scientifiques en Afrique de l'Ouest, réunissant les diverses parties prenantes C'est dans la perspective, non pas d'un soutien de telle ou telle équipe ou telle ou telle institution ou discipline, mais d'une réflexion plus globale sur l'environnement scientifique de la recherche dans les pays du Sud, l'échelle nationale, voire régionale, qu'a été abordé le sujet Ainsi, les actions de formation, l'élaboration de cahiers des charges pour l'entretien ou de manuels de bonnes pratiques de laboratoires, qui sont autant d'actions nécessaires pour améliorer les conditions de travail des chercheurs, n'auront d'efficacité réelle que dans le cadre d'une politique cohérente plus grande échelle : mise en commun des moyens, développement de formations un échelon régional, meilleure identification des moyens existants et des compétences, etc Dans cette logique, le soutien des bailleurs du Nord s'inscrirait non pas dans des actions de soutien au cas par cas, mais dans une dynamique d'échanges scientifiques et de renforcement de compétences ● Contact Périne Sanglier sanglier@paris.ird.fr © IRD/P Ottino 182998_SAS18 182998_SAS18 20/12/02 14:27 Page Au Mexique, des rites propitiatoires sont célébrés juste avant la saison des pluies Ici le rite du Volador des indiens totonaques : en se jetant du haut d'un mât, du ciel vers la terre, ces hommes assurent l'équilibre du monde À l’heure où les changements climatiques suscitent inquiétude et controverses, les sciences humaines sont même d’éclairer les relations que les sociétés entretiennent avec le climat, ses aléas et son évolution En témoignent des études menées en Amérique latine et en Afrique ans toutes les sociétés, l’homme observe, calcule, explique, raisonne sur le climat Grâce ces connaissances empiriques, les populations peuvent se projeter dans le futur et organiser leurs activités plus ou moins long terme Cet intérêt se focalise en général sur les phénomènes météorologiques dont de nombreuses sociétés dépendent pour leur subsistance la fertilité et de l’abondance Afin de contrôler cet élément aléatoire, les Mixtèques ont développé diverses méthodes de prévision du climat, fondées sur l’observation de la nature (astres, étoiles, faune, nuages…) Ils tentent de se le concilier par des rites propitiatoires, qui marquent le début de la saison des pluies Le passage la saison sèche, qui coïncide avec la Toussaint, est ponctué son tour par les offrandes des prémices aux esprits des Dans les régions tropicales et désertiques, les habitants portent plus d’attention qu’ailleurs la pluie qui, nécessaire aux cultures vivrières, occupe une place prépondérante dans les savoirs et représentations L’étude1 menée par Esther Katz, anthropologue l’IRD, sur les Mixtèques qui se désignent comme « peuple de la pluie » est éclairante cet égard Ces Indiens des montagnes du sud du Mexique vivent sous un climat marqué par l’alternance saison sèche/saison humide ; et, en l’absence d’irrigation, la pluie est essentielle la culture du maïs, leur principale plante vivrière Aussi sert-elle d’axe symbolique tant dans les pratiques quotidiennes, telles l’agriculture ou la cuisine, que dans l’expression des processus vitaux, de © IRD/Esther Katz Peuple de la pluie Anomalies du ciel Comme chez les Mixtèques, une place importante est accordée au climat dans les Andes vénézuéliennes où l’alternance régulière des saisons rythme les calendriers agricoles et la sociabilité paysanne Ainsi que l’a analysé Pascale de Robert2, anthropologue l’IRD, les irrégularités climatiques sont souvent attribuées ici des êtres surnaturels capables de troubler l’équilibre qui garantit la santé des hommes, des animaux et des plantes cultivées Certains phénomènes, comme les clises qui désignent aussi bien les éclipses solaires, des anomalies du temps que des maladies des plantes, inquiètent particulièrement les paysans Plus fréquentes et généralisées Autel domestique de la Toussaint en pays mixtèque qu’autrefois, elles se (Oaxaca, Mexique) L'abondance est de retour manifestent désoren cette fin de saison des pluies mais en toute saison sur l’ensemble de leur territoire et ancêtres, qui sont l’origine des sont rapportées de nouvelles pranuages, des semences et des tiques agricoles (introduction de hommes L’alternance des saisons semences sélectionnées, utilisation est ainsi comparée au passage de la d’engrais, raccourcissement de la vie la mort et de la mort la vie jachère, etc.) et sociales (travail salarié, culte des saints négligé…) Tous ces changements sont mis en relation avec un climat qui appart plus désordonné et imprévisible que dans le passé : saisons moins marquées, aléas plus nombreux, tendance au réchauffement Les hommes, par leur conduite, auraient altéré les « contrats » qui les mettent en relation avec les diffộrents maợtres du temps ô Alors que les Anciens savaient – diton – négocier avec ces derniers, interpréter les signes de leur courroux et moduler en conséquence leur comportement, les paysans se sentent aujourd’hui souvent victimes de punitions collectives difficiles gérer mais qui préfigurent peut-être aussi une plus grande intégration la société globale », conclut Pascale de Robert ● Contact Pascale de Robert, Pascalederobert@aol.com « Rites, représentations et météorologie dans la “Terre de la Pluie” » (Mixteca, Mexique), in Entre Ciel et Terre, op cit., pp 63-88 « Climat, anomalies du ciel et maladies des plantes dans la Sierra Nevada (Andes vénézuéliennes), op cit, pp.433-455 Du même auteur, Apprivoiser la Montagne, Portrait d’une société paysanne dans les Andes, IRD Éditions, Paris, 2001 Sécheresse et mutations sociales au Sahel A © IRD/S Tostain Dans le même temps, cette crise climatique qui sévit depuis plus de trente ans u Sahel, le système social et les techniques agricoles développés par a accéléré les changements sociaux, en germe antérieurement ; elle a exales agriculteurs et les pasteurs ont longtemps témoigné d’une adapcerbé les disparités économiques et sociales entre régions et villages, voire tation aux fortes contraintes climatiques et, en particulier, au risque récul'intérieur des familles Elle a notamment permis ceux qui en avaient les rent de sécheresse Ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui, comme le moyens d’acquérir des terres et du bétail que les agriculteurs démunis venrévèle une étude1 menée Maradi au Niger par Anne Luxereau, anthropodaient en période de sécheresse ou pour faire face leurs besoins sociaux logue au CNRS en accueil l’IRD (unité de recherche 026 " Patrimoines et Naguère sans valeur vénale, la terre alimente aujourd’hui, partiterritoires ") Les dynamiques sociales et environneculièrement dans cette région, un fort mouvement de capitalisamentales qui se sont articulées ont souvent tion Ce contrôle du foncier peut remettre en cause les anciennes contribué aggraver les effets des sécheresses hiérarchies Dans les régions les plus peuplées, des paysans sans qui ont touché l'ensemble de la zone soudanoterre deviennent des salariés agricoles ou s’exilent sahélienne partir de la fin des années 1960 L’intensification, la modernisation de l’agriculture ou la culture Dans un contexte d'agriculture désacralisée mais "de contre-saison", loin d’être accessibles une majoritộ, accendemeurộe extensive et s'exerỗant selon des règles tuent ces disparités et la fragilité de certains groupes familiaux en de droit d'accès restées longtemps inchangées, particulier face aux sécheresses Ce sont quelques-unes des l’augmentation de la population et de ses besoins mutations socio-économiques analysées par Anne Luxereau dont monétaires ont abouti une forte pression fonl’étude souligne combien, dans cette partie du Sahel, crise écolocière et une fragilisation des sols exploités en Récolte du mil au Niger gique et crise sociale se nourrissent l’une l’autre permanence Faute de réserves foncières suffi● santes, cette agriculture pluviale qui permettaient une régénération des sols et des couverts par la jachère de longue durée, par l’association agriculture-élevage et par la mobilité des installations, est désormais difficile Anne Luxereau, luxereau@ird.ne mettre en œuvre par la majorité des agriculteurs Les récoltes sont devenues insuffisantes pour une majorité de la population et la région de « Risque climatique et changement social dans la région de Maradi (Niger) », op cit., pp Maradi est assez régulièrement tributaire d’importations 417-432 Contact Les changements climatiques suscitent depuis plusieurs années un intérêt renouvelé pour l’étude du climat qui s’est récemment ouverte un plus grand nombre de disciplines : océanographie, hydrologie, géologie, glaciologie… « Mais les sciences sociales restent l’écart de ce mouvement, souligne Esther Katz, anthropologue l’IRD Malgré quelques travaux pionniers très dispersés, rares sont les recherches spécifiquement consacrées au rapport entre le climat et les sociétés Il faudrait inciter au développement de ce champ de recherche ainsi qu’à des collaborations entre sciences humaines et sciences de la nature » Un premier pas vient d’être accompli en ce sens avec la publication de Entre ciel et terre1, ouvrage qui rassemble plus d’une vingtaine de contributions traitant des relations que les sociétés entretiennent avec le climat dans diverses régions du monde (Europe du Nord, Amérique du Nord et latine, Afrique…) Les différents articles de ce livre montrent que, si la plupart des sociétés restent très tributaires « du temps qu’il fait », la manière de s’y adapter leur est spécifique Toute société est porteuse de savoirs propres sur le climat, transmis de génération en génération et construits sur des siècles d’observation de la nature Ces connaissances répondent l’organisation des activités de subsistance et non la compréhension des mécanismes physiques et chimiques de l’atmosphère en tant que tels Rarement prises au sérieux par les scientifiques, elles peuvent cependant donner lieu, dans un microclimat donné, des prévisions tout aussi performantes que celles de météorologues Ces savoirs et représentations du climat s’intègrent dans une vision globale du monde, empreinte de symbolisme Les phộnomốnes mộtộorologiques sont ainsi gộnộralement conỗus comme lộmanation dờtre surnaturels – génies, saints, divinités – qui peuvent être influencés par des actions ritualisées (sacrifices, rites propitiatoires, prières, etc.) Individuels ou collectifs, ces rites sont souvent dirigés par des « spécialistes » du climat (magiciens, chamanes, prêtres catholiques, moines bouddhistes…), intermédiaires entre les hommes et le divin Alors que, sur le temps long, la plupart des sociétés se sont adaptées leur climat, elles réagissent plus difficilement son changement ou l’aggravation des aléas climatiques Les situations nouvelles tendent ờtre perỗues comme lexpression dun courroux divin ou dun dộrốglement social Elles peuvent être également interprétées comme la conséquence du non-respect de pratiques et d’interdits traditionnels, lié une érosion des savoirs Du fait de la transformation des modes de vie et de la mondialisation, les savoirs traditionnels sur le climat n’ont plus cours en certains endroits Cet héritage culturel, précieux pour la compréhension et la gestion d’un fragile équilibre entre l’homme et la nature, mérite d’être reconsidéré la lumière des récents changements climatiques Dessinant les premiers contours d’une anthropologie du climat, Entre Ciel et terre révèle qu’une meilleure connaissance de ces savoirs accumulés depuis des siècles constitue une richesse tant d’un point de vue scientifique qu’humain ● Contact Esther Katz, Esther.Katz@orleans.ird.fr Esther Katz, Annamária Lammel, Marina Goloubinoff (éditeurs scientifiques), Entre ciel et terre, Climat et sociétés, Ibis Presse/IRD Éditions, 2002 Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 Recherches © IRD/E Katz Entre ciel et terre Pour une anthropologie du climat 14:27 Page 8 A f r i q u e Ligne de grains au Niger lation atmosphérique régionale Du fait de ces particularités géographiques, la dynamique de la mousson est contrôlée par un fort gradient d’énergie statique humide Plus ce gradient est fort, plus la mousson est vigoureuse et les pluies abondantes Le calcul de ce gradient en mars et avril, partir des informations fournies par les réseaux météorologiques opérationnels, peut permettre de prévoir la quantité de pluie qui tombera en Afrique de l’Ouest au cours des mois suivants Une meilleure appréhension des mécanismes de la mousson ouest-africaine nécessite de ce fait de mieux comprendre comment la mise en place de ce gradient est influencée par des facteurs la fois globaux (température de surface des océans, dynamique des autres moussons, notamment la mousson indienne située en amont du point de vue de la circulation atmosphérique tropicale) et locaux, en particulier les modifications de la couverture végétale dans la région, constatées depuis les années 1950 ● Contact Thierry Lebel, thierry.lebel@hmg.inpg.fr d e l ’ O u e s t Capricieuse m Sous les tropiques, le climat est régi par les contrastes de températures et d’humidité entre des masses d’air océanique et continental l’origine de la mousson, source vitale de pluie dans ces régions Parmi les trois grands systèmes climatiques de ce type (mousson indienne, africaine et sud-américaine), la mousson africaine est celle qui a subi les plus fortes perturbations au cours du dernier demi-siècle L’Afrique de l’Ouest a ainsi connu depuis la fin des années 1960 une sécheresse généralisée et continue, avec un déficit pluviométrique pouvant atteindre 50 % dans certaines parties du Sahel Ce phénomène d’ampleur exceptionnelle appelle plusieurs questions Est-il irréversible ? Est-il lié plutôt des causes régionales (déforestation, pression anthropique) ou des facteurs plus globaux (réchauffement de l’océan tropical) ? Préfigure-t-il des modifications profondes du système climatique mondial liées en particulier l’augmentation des rejets des gaz effet de serre ? Pour répondre ces interrogations essentielles, il importe de mieux appréhender les mécanismes qui régissent la mousson ouest-africaine et sa variabilité La mousson ouest-africaine présente des caractéristiques uniques liées la géographie L’orientation est-ouest de la côte qui borde le golfe de Guinée entrne une distribution zonale de la végétation du sud, où elle est abondante et pérenne, au nord où elle est rare et soumise un fort cycle saisonnier (alternance saison sèche/saison humide) Cette répartition zonale est particulièrement marquée du fait que l’on se trouve aux basses latitudes (faible influence de la force de Coriolis) et que les reliefs, peu importants, n’influent que marginalement sur la circu- Au cours de ce dernier demi-siècle, l’Afrique de l’Ouest a été frappée par une sécheresse sans précédent À l’origine de cette crise climatique, des perturbations de la mousson, source vitale de pluie dans la région L’IRD et ses partenaires viennent de lancer le programme AMMA pour tenter de comprendre les raisons de cette variabilité Les paradoxes de la sécheresse © IRD/T Lebel Recherches La mousson africaine revisitée epuis le début des mares de bas-fond, principales sourannées 1970, le régime ces de recharge de l’aquifère ; le taux pluviométrique associé de recharge, estimé moins de la mousson d’Afrique mm/an en 1950 a ainsi été multiplié de l’Ouest a été profonpar en un demi-siècle De même, dément altéré La sécheresse des le débit moyen annuel du bassin du années 1970 et 1980 s’est généraliNakambé au Burkina Faso a enregistré sée en Afrique de l’Ouest, avec un une augmentation de 60 % entre 1965 déficit moyen de 200 mm par rapport et 1998 Comme au Niger, c’est une aux moyennes enregistrées pendant conséquence de l’augmentation de la les deux précédentes décennies capacité de ruissellement liée aux Depuis le milieu des années 1990, activités humaines Ces deux exemples les conditions climatiques sont redesoulignent la nécessité d’apprécier venues meilleures dans le sud de la conjointement l’impact des évolutions région, mais le déficit pluviométrique pluviométriques et environnementales persiste au Sahel, même s’il y est sur la ressource en eau moins marqué qu’au cours du dernier La variabilité de la mousson et des demi-siècle pluies qui lui sont associées a éviL’impact de cette sécheresse sur les demment des conséquences sur ressources en eau n’est pas la même l’agriculture (pour l’essentiel des partout et varie selon la nature du cultures pluviales) et l’élevage réseau hydrographique et des sols Sur (pâturages naturels) Ainsi, la prole bassin du Niger l’amont de duction céréalière, excédentaire au Malanville, le déficit de 200 mm corNiger avant 1970, subit maintenant respond une baisse de 20 % par rapun déficit chronique évalué en 2000 port la moyenne enregistrée de 1950 20 % des besoins De même, au 1970 La persistance de la séchecours des trente dernières années, resse partir du du fait des sédébut des années cheresses ayant 1980 a entrné affecté le pays, le une réduction des cheptel bovin a réserves souterété réduit de moiraines alimentant tié, tandis que le le fleuve et, par cheptel ovin, plus conséquent, une résistant, a presdiminution de plus que doublé Toude 50 % de son tefois, des facdébit moyen anteurs liés la nuel, alors même pression démoque le déficit plugraphiquee doiviométrique tenvent également dait se stabiliser être pris en autour de 15 % compte dans ces Globalement, on évolutions considère que les En matière de déficits en valeur santé, cette variaEffet de la sécheresse relative des débits bilité a un impact sur le sol au Niger des grands bassins direct sur cerversants ouest-africains ont été deux taines grandes épidémies : la multifois plus importants que les diminuplication des mares et l’accroissetions de la pluviométrie Paradoxament de leur durée de mise en eau lement, dans la région de Niamey au Niger a été propice au développe(Niger occidental), le niveau de la ment du moustique, vecteur du palunappe phréatique a augmenté de disme ; l’échelle de la zone sahémanière continue depuis les années lienne, la dynamique des aérosols en 1950 Comment expliquer ce phénosaison sèche a favorisé la disséminamène tout fait surprenant dans un tel tion de la méningite ● contexte climatique ? L’évolution importante du milieu naturel (défrichements, érosion, encroûtement des Christophe Peugeot, sols) s’est traduite par une augmentachristophe.peugeot@msem.univmontp2.fr tion des écoulements atteignant les Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 Contact La sécheresse sans précédent qu’a connu le sahel au cours du dernier demi-siècel est Paysage sahélien (environ de Karthoum, Soudan) Mieux observer pour comprendre es interactions entre les différentes composantes qui gouvernent des échelles diverses la variabilité de la mousson ouest-africaine sont complexes De surcrt, elles demeurent relativement mal connues, même si plusieurs mécanismes qui peuvent expliquer en partie cette variabilité sont aujourd’hui identifiés « Cette méconnaissance résulte surtout de nombreux manques dans le réseau opérationnel d’observation et de l’absence d’une surveillance continue de certains paramètres clés De ce fait, les modèles numériques de prévision reproduisent mal les caractéristiques fondamentales des précipitations en Afrique de l’Ouest et en Atlantique tropical Pour progresser dans la compréhension de la mousson ouest-africaine, il appart donc nécessaire d’entreprendre des études pluridisciplinaires reposant sur l’observation de ses principales composantes : atmosphère, océan, surfaces continentales (végétation et cycle de l’eau) Nous avons l’ambition avec le programme AMMA (Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine) de réaliser de telles observations différentes échelles d’espace (du local au régional) et de temps (de quelques heures ou quelques jours la décennie) », souligne Thierry Lebel, hydrologue l’IRD et l’un des co-pilotes de ce programme international Les données seront recueillies en trois phases : un suivi long terme (20012010), une période d’observations renforcées (2004-2006) et une période d’observations intensives (2005) qui mettra contribution des moyens lourds (avions et navires de recherche) L’ensemble de ces paramètres servira de support au développement de modèles visant décrire les couplages entre atmosphère, biosphère et cycle de l’eau au sein de la mousson africaine Plusieurs organismes franỗais de recherche (Cnes, CNRS, Ifremer, IRD, MétéoFrance) s’associent ce programme conduit en collaboration étroite avec des institutions partenaires en Afrique de l’Ouest (voir cicontre) L’IRD, qui préside le Comité I n t e r- O r g a n i s m e Mousson Africaine (CIOMA), est impliqué par le biais de plusieurs de ses unités de recherche1 Dans ce cadre, l’Institut pilote notamment le suivi long terme entrepris dans trois © IRD/T Lebel 20/12/02 © IRD/J.-C Descomets 182998_SAS18 182998_SAS18 20/12/02 14:28 Page Le partenariat un objectif stratégique mousson ècel est due des perturbations du régime de la mousson Contact Thierry Lebel, thierry.lebel@hmg.inpg.fr UR 12 « Laboratoire d’études des transferts en hydrologie et environnement » (LTHE), UR 50 « Hydrosciences », UR 55 « Laboratoire d’étude en géophysique et océanographie spatiale » (Legos), Cesbio (Centre d’études spatiales de la biosphère) WEB http://medias obs-mip.fr/amma/ Campagnes d’observations hydrométéorologiques en zone sahélienne Mesures de flux l’interface sol-athmosphère au Niger Ce C 130 de la NASA utilisé pour le programme Hapex-Sahel est équipé de capteurs satellites Matériel scientifique embarqué bord du C 130 Contact Contact Une mousson peut en cacher une autre D © IRD/T Lebel © IRD/T Lebel sites : le Gourma malien (30 000 km2), le degré carré de Niamey (Niger, 12 000 km2), le haut bassin de l’Ouémé (Bénin, 14 600 km2) Ceux-ci constituent l’Observatoire de recherche sur l’environnement CATCH (Couplage de l’atmosphère tropicale et du cycle hydrologique), soutenu par le ministère de la Recherche, l’Institut des sciences de l’univers et de l’environnement (INSUE) et l’IRD Un quatrième site s’ajoute ce dispositif Il s’agit de la station de Lamto, en Cơte d’Ivoire ó l’évolution de la végétation est suivie depuis le milieu des années 1980 ● zone d’observation renforcée Il s’agit n site de 12 000 km2 au du sous-bassin de la Donga qui, Niger (le degré carré proche de la ville de Djougou, subit de Niamey) et le Haut une emprise agricole croissante Bassin de l’Ouémé Cinq limnigraphes contrôlent les (14 600 km2) au Bénin, débits de plusieurs petits bassins le premier sous climat sahélien (plus versants dont l’un en culture permasec) et le second sous climat soudanente et l’autre en forêt Les chernien (plus humide), constituent les cheurs disposeront ainsi d’un jeu de deux des principaux observatoires données haute résolution pour étudu programme AMMA Ils serviront de dier les processus hydrologiques en base ces dix prochaines années fonction de différents types d’occupal’étude des systèmes l’origine de tion des sols Le réseau comprend précipitations et de leur impact sur également le suivi de la nappe phréales ressources en eau, du cycle saitique partir de 36 puits villageois sonnier de la végétation ainsi que et, bientôt, d’une dizaine de forages des évolutions long terme de l’enCette nappe représente en effet une vironnement (déforestation, accroisressource en eau essentielle pour les sement des terres cultivées) et des populations de la région, les petits flux hydriques associés cours d’eau se tarissant la saison Observatoire hydrométéorologique sèche Une station météorologique exploité par l’IRD et les équipes parautomatique implantée Djougou, tenaires nigériennes depuis 1992, le complète ce réseau degré carré de Niamey a été le cadre ● du programme international HapexSahel Le dispositif est constitué par un réseau de 30 pluviographes, une Sylvie Galle, centaine de piézomètres et bassins galle@ltheln11.hmg.inpg.fr versants représentatifs, qui permettent une étude long terme la varia1 radar bande X polarimétrique Doppler bilité hydrologique L’effort de recherche déployé sur cet observatoire a été riche en résultats ; il a notamment permis de mettre en évidence les mécanismes inattendus de recharge de la nappe phréatique (voir ci-contre) Les données recueillies sont actuellement utilisées pour évaluer, par des outils de modélisation, les différents termes du bilan hydrologique régional (précipitations, ruissellement, recharge des aquifères, évapotranspiration, etc.) Dès 1997, un second Arona Diedhiou, observatoire a été mis en arona.diedhiou@inpg.fr place sur le Haut Bassin de l’Ouémé afin d’analyser, de Voir Science au Sud n° 15, p 10 la même manière qu’au Niger mais sous climat WEB www.lthe.hmg.inpg.fr/ soudanien, les compo~diedhiou/ammanet/ santes du cycle hydrolo- Kori (cours d'eau) en cours d'assèchement dans le région de Niamey (Niger) gique et leur variabilité interannuelle Le bassin versant du Haut Ouémé comprend un réseau de base de 44 pluviographes enregistreurs, localement plus dense (14 appareils, soit un tous les 40 km2) sur le bassin de la es chercheurs de l’IRD ont récemment mis en lumière que la mousson afriDonga (600 km2) L’activité de l’obcaine n'est pas un processus évoluant continûment du sud vers le nord servatoire est appelée se dévelopIl existe en fait deux dynamiques distinctes dans le temps et dans l’espace – per partir de 2003, notamment un régime océanique et un régime continental – séparées par « un saut » La avec l’utilisation d’un radar1 qui première phase de la mousson correspond un régime océanique Elle compermettra d’étudier une échelle mence en février sur la côte du golfe de Guinée puis se propage régulièrefine la structure tridimensionnelle ment vers le nord pour atteindre en mai le Sahel central (13° N, latitude de des systèmes orageux, source prinNiamey) Après une période de stabilisation, il se produit une brutale intensicipale de précipitations en région fication des précipitations touchant simultanément toute la zone sahélienne soudano-sahélienne Cette phase continentale présente une forte variabilité interannuelle et c’est Tout comme la pluie, les débits du son affaiblissement qui a causé la grande sécheresse, notamment au Sahel où 90 % de la pluviométrie lui est associée La compréhension des causes de cet Haut Bassin de l’Ouémé sont sous affaiblissement constitue un enjeu important du programme AMMA ● étroite surveillance avec un réseau de limnigraphes enregistreurs et une © IRD/T Lebel © IRD/J.Pouget La pluie sous étroite surveillance Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 Recherches « Contrairement aux expériences passées, nous souhaitons que les institutions africaines, grâce aux capacités d’expertise qu’elles renferment, occupent une place importante dans la mise en œuvre d’AMMA En effet, sa faisabilité et sa pérennité passent nécessairement par une implication effective des institutions et des scientifiques africains», souligne Arona Diedhiou, chercheur IRD travaillant au Laboratoire d’études des transferts en hydrologie et environnement et spécialiste de la circulation atmosphérique liée aux régimes de mousson Le partenariat s’inscrit en effet au cœur de ce programme international Dès novembre 2001, un appel contribution a été lancé auprès de scientifiques africains afin que s’engage une discussion commune sur les principales questions traiter C’est ainsi qu’une lettre, l’initiative de chercheurs africains souhaitant voir la communauté scientifique de ce continent participer effectivement AMMA, a été envoyée avec la première version du projet plus de 400 chercheurs et enseignants de différentes institutions africaines Cette initiative a été l’origine en février 20021 de la création d’un réseau de scientifiques bénéficiant de l’appui des services météorologiques et hydrologiques, des universités et des centres régionaux tels que AGRHYMET (Centre régional agriculture, hydrologie, météorologie) et ACMAD (African center for meterology applied to development) Baptisé AMMANET, ce réseau compte aujourd’hui plus de 200 participants et dispose d’un site internet Il organisera une école d’été en 2003 dont l’objectif sera de présenter un état des connaissances actualisé une cinquantaine de participants et de discuter avec eux des enjeux en termes de recherches et dapplications, tels que perỗus par les scientifiques africains Ce partenariat devra tendre vers la création d’un véritable pôle africain de compétences sur la variabilité climatique et ses impacts en Afrique Il contribuera construire des liens forts entre la recherche et ses applications, un autre objectif important d’AMMA Les modèles et les bases de données développées pourront être testés et utilisés par les organismes africains comme moyens de développement de stratégies d’adaptation aux changements environnementaux Le programme fournira également aux décideurs des scénarios actualisés sur les évolutions climatiques et devrait contribuer une amélioration des capacités de prévision saisonnière, particulièrement indispensables pour anticiper les situations de crise alimentaire ● 182998_SAS18 20/12/02 14:29 Page 10 Contact Laurent Polidori polidori@cayenne.ird.fr Depuis dix ans, le réseau scientifique franco-brésilien Ecolab auquel participe activement l’IRD fédère des recherches sur l’écosystème côtier amazonien Ce projet fédérateur et pluridisciplinaire fait figure de référence aux yeux des pays du Sud impliqués © IRD/Cayenne Littoral sous surveillance Une vue de la zone d’étude Ecolab du littoral amazonien, prise par le satellite NOAA Le fleuve Amazone et son embouchure sont bien visibles, ainsi que ses eaux boueuses transportées le long des côtes des Guyanes Ces images acquises plusieurs fois par jour sont disponibles au Laboratoire Régional de Télédétection pour des études sur l’environnement amazonien e VIe congrès du réseau de recherche scientifique Ecolab a eu lieu en septembre dernier Belém, au Brésil Créé en 1992, sous l’égide du centre IRD de Cayenne et du Museu Goeldi de Belém, ce réseau coordonne des études sur le littoral amazonien, orientées autour de grandes thématiques : les changements globaux et leur impact sur le littoral amazonien, la biodiversité côtière, la sociodiversité du littoral amazonien et les politiques publiques pour le développement Il contribue ainsi une meilleure connaissance de cet espace et de son évolution tifiques représentées dans Ecolab, colonise rapidement les bancs, s’y en Amazonie À travers Ecolab, ils les membres du réseau1 et en predéveloppe en peuplements denses et apportent une reconnaissance scienmier lieu les représentants des pays dispart brutalement lorsque ces tifique leurs recherches » conclut du Sud partenaires accordent égaleaccumulations de sédiments sont Jean-Franỗois Ternon Parallốment une grande importance la ộrodộes ằ Mieux conntre ces lement, Ecolab apporte aux élus et composante humaine et sociale des milieux et leur fonctionnement est aux instances politiques locales l’exrecherches Plus des deux tiers des une des problématiques auxquelles pertise nécessaire la mise en habitants de la planète vivent effectente de répondre Ecolab Les preœuvre des stratégies concertées tivement sur les zones côtières, tromiers travaux menés dans ce sens, d’aménagement du littoral et de picales en particulier Les activités associant des chercheurs du développement durable ● Surinam, de Guyane et des états nord brésiliens du Pará et de l’Amapá, ont permis de mettre au point une cartographie homogène des écosystèmes côtiers amazoniens Élaborée entre 1993 et 1997 sur la base de données issues de la télédétection par satellite, elle a été Long de 280 km, le fleuve Amazone légendée en quatre langues rejette chaque année dans l’océan Depuis, les thématiques Atlantique près d’un milliard de abordées dans le cadre tonnes de sédiments collectés depuis d’Ecolab se sont considérales Andes travers son immense blement élargies, même si le bassin versant Ces matériaux, qui développement d’outils de confèrent au fleuve sa couleur brune, surveillance de l’environnesont transportés le long des côtes du ment côtier et la télédétecnord du Brésil, de la Guyane, du tion restent au cœur des actiSurinam et jusqu’à l’embouchure de vités scientifiques du réseau l’Orénoque au Venezuela Leur dépơt « L’étude de la coloration des forme des bancs de vase qui se eaux, révélatrice de la quandéplacent sous l’action des courants tité de sédiments rejetés par Le littoral est par conséquent en perl’Amazone dans l’océan, Les mangroves caractérisent le paysage littoral des régions tropicales pétuelle évolution, modelé suivant figure notamment parmi les Elles sont constituées de palétuviers, espèces ligneuses adaptées une croissance qui s’effectue le plus souvent dans la vase La structure de la mangrove et l’alternance des zones d’accrétion projets d’Ecolab Le Vene- l’architecture même des palétuviers sont fortement dépendantes des contraintes (bancs de vase colonisés par la manzuela souhaite d’ailleurs environnementales locales (existence ou non d’une saison sèche, salinité des eaux et des sédiments, contexte sédimentologique) grove) et d’érosion qui influence rejoindre le réseau pour pardirectement l’occupation du littoral ticiper ce projet et collaboet la gestion des ressources cơtières humaines traditionnelles comme la rer aux campagnes océanographi« La mangrove est le seul type de pêche, l’élevage ou l’agriculture, ou ques ằ, rộvốle Jean-Franỗois Ternon, Franỗois Fromard vộgộtation capable de se développer récentes et intensives (aquaculture, océanographe au laboratoire d’ÉcoloFrancois.Fromard@cict.fr sur ces substrats et dans des condiriziculture), l’urbanisation, la légisgie du littoral de l’IRD de Cayenne Laurent Polidori tions aussi contraignantes ằ, explique lation environnementale, etc., troupolidori@cayenne.ird.fr Franỗois Fromard, membre dEcolab vent naturellement leur place dans Jean-Franỗois Ternon et chercheur CNRS au laboratoire les préoccupations d’Ecolab Si géomorphologie et sédimentologie ternon@cayenne.ird.fr d’Écologie terrestre l’université L’originalité de ce réseau tient ce ont rejoint la biologie et l’écologie Paul Sabatier de Toulouse « Elle qu’un large panel de disciplines dans le cortège des disciplines scien1 Partenaires Ecolab : Pour la particiscientifiques se trouve concentrộ sur pation franỗaise, organismes de recherune seule entité géographique, le litDe l’Amazone au golfe du Mexique, les courants côtiers transportent che travaillent de concert : l’IRD (Cayenne, une masse importante de sédiments d’origine amazonienne toral amazonien Cette spộcificitộ Guyane franỗaise), lIFREMER, le BRGM et le Alors que la majeure partie de ces fines particules se propage régionale confère aux recherches CNRS, auxquels s’ajoutent diverses équipes en suspension, une certaine quantité se dépose et se déplace métropolitaines et universitaires Partemenées dans les pays du Sud partesous la forme de vastes bancs de boue (ici marée basse) naires : Museu Paraense Emilio Goeldi naires toute leur pertinence Ecolab, Ceux-ci migrent le long de la côte, vers le Nord-Ouest, (Belém, Brésil), université fédérale du Pará une vitesse moyenne de km/an qui varie en fonction qui s’implique également dans le (Brésil), Instituto de pesquisas cientificas e des conditions climatiques et hydrodynamiques tecnológicas Estado Amapá (Macapá, développement de programmes Un banc se déplace-t-il avec la même vase ? Brésil), université fédérale du Maranhão nationaux associés2, est généraleUn transfert de particules existe-t-il entre le flux de sộdiments Programmes associộs : le PNEC (proment perỗu comme un véritable en suspension et les bancs rattachés au rivage ? gramme national d’environnement cơtier) « label » par les scientifiques locaux La vase érodée est-elle injectée dans ce flux en suspension en Guyane, l’OPA (programa de oceanografia, ou bien déposée sur le banc ? Des recherches sont actuellement pesca e aquacultura) en Amapá et le PEC « Au Brésil, les États du Nord et du menées dans le cadre du PNEC (Programme national d’environnement (programa de estudos costeiros) au Parỏ Nord-Est sont les parents pauvres cụtier, programme franỗais) et de lunitộ de recherche ELISA Ecolab reỗoit ộgalement le soutien de strucde la recherche nationale en regard (Ecosystèmes littoraux sous influence amazonienne) de l’IRD, tures et d’organismes d’État, l’exemple des États du Sud mobilisés autour parties prenantes du réseau Ecolab, pour tenter de comprendre des financements obtenus en Guyane dans les mécanismes de migration de ces bancs le cadre de contrats de plan État-Région des problèmes liés la déforestation Un écosystème complexe Contacts Label scientifique Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 © F Fromard, CNRS/Université Paul Sabatier Toulouse 10 Le laboratoire régional de télédétection du centre IRD de Cayenne est le siège de recherches méthodologiques sur l’imagerie aérienne et satellitale Elles ont pour objectif d’adapter ces outils au contexte particulier de l’étude du milieu tropical humide, et plus précisément, de la zone côtière amazonienne Les mangroves, les forêts denses et les plaines inondées soumises l’influence de l’Amazone, constituent des milieux complexes qui sont souvent très vastes et extrêmement difficiles d’accès Les recherches menées dans le cadre d’Ecolab font donc largement appel la télédétection qui permet d’obtenir une représentation fidèle des données du terrain Outil indispensable, elle revêt de plus un caractère transversal qui lui permet de s’appliquer toutes les thématiques du réseau de recherche : écologie du littoral, hydrologie, mais aussi mesure des impacts anthropiques, démographie, urbanisation du littoral… « Sur ce dernier point, un programme qui intéresse les villes de Belém et Macapá est en cours Il porte sur l’expansion urbaine en milieu tropical humide et se poursuit au laboratoire en relation avec nos collègues brésiliens», explique Laurent Polidori, responsable du laboratoire régional de télédétection de l’IRD de Cayenne Lorsque des pays partenaires du programme travaillent sur les mêmes thématiques, la coopération s’exprime via des transferts de technologies et des formations techniques « Ainsi, l’installation des laboratoires de télédétection de Macapá et de Belém s’est faite avec l’aide du laboratoire IRD de Cayenne » précise Laurent Polidori Simultanément la mise en place de l’activité de cartographie du littoral amazonien, première réalisation référencée Ecolab, des formations techniques la télédétection destinées aux chercheurs brésiliens associés au programme ont été instites Afin d’accrtre les synergies entre les différents organismes impliqués dans le réseau Ecolab, plusieurs prorammes ont vu le jour ou sont en cours de développement « Nous travaillons la création d’une antenne virtuelle de l’IRD qui servira transférer des images des satellites NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) depuis nos installations directement sur les postes informatiques de nos partenaires Les chercheurs auront ainsi la possibilité de récupérer les images concernant la zone géographique qui les intéressent et de suivre l’évolution de cette zone tout au long de l’année » Par ailleurs, des solutions simples et efficaces, nécessitant peu de moyens, sont également développées dans le cadre d’Ecolab « C’est le cas par exemple de la vidéographie aérienne, qui permet de suivre l’évolution du littoral Mise en place initialement par l’IRD, la technique a été transférée l’IEPA (Institut d’études et de recherches de l’État de l’Amapá), Macapá » ajoute Laurent Polidori ● © IRD/M Hoff Recherches Vue du ciel ! 20/12/02 14:30 Page 11 EE xx pp ee rr tt ii ss ee cc oo ll ll éé gg ii aa ll ee Vue aérienne du fleuve Niger Trois expertises collégiales lancées par l’IRD, Agriculture biologique en Martinique ; Lutte contre le trachome et Avenir du fleuve Niger au Mali, permettent de montrer comment cette mộthode fait son chemin, de faỗon pragmatique, et comment les critères de sa mise en œuvre s’affinent progressivement près plusieurs mois de travaux préparatoires, trois expertises collégiales se sont mises en place fin 2002 Un collège d’experts étudie en Martinique les conditions de développement de l’agriculture biologique ; un autre, au Mali, s’interroge sur la lutte contre le trachome Un cahier des charges a été mis au point pour une troisième expertise sur l’avenir du fleuve Niger et le partage de l’usage de ses eaux, au cours d’un atelier organisé par l’IRD avec l’Institut d’économie rurale du Mali (IER), des administrations et des organismes maliens et une dizaine d’experts Ces opérations illustrent la fonction spécifique que peuvent remplir les expertises collégiales organisées par l’IRD au service d’acteurs du développement L’expertise collégiale garantit au décideur de disposer des données scientifiques jour dont il peut avoir besoin « La méthode se justifie pleinement lorsque deux conditions sont remplies, souligne Marianne Berthod, directrice du département Expertise et valorisation de l’IRD D’une part, la volonté d’agir du décideur ; d’autre part, la forte dépendance de la décision par rapport aux données scientifiques » Les travaux préliminaires de ces trois expertises ont confirmé – et parfois renforcé – la volonté d’agir d’acteurs publics nationaux ou locaux Ainsi en Martinique, le Conseil général a jugé qu’il lui fallait réunir les données nécessaires pour prendre position sur l’idée d’une Martinique “ ỵle bio ”, idée déjà lancée dans le débat public Au Mali, le ministère de la Santé projette d’organiser, avec le soutien de l’OMS et de la Banque mondiale, un programme de lutte contre le trachome L’IOTA (institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique), deuxième commanditaire de l’expertise, souhaite pour sa part s’inspirer de perspectives nouvelles pour organiser son action La problématique de l’opération sur le fleuve Niger, en termes de décision publique, est plus complexe L’atelier qui vient de se tenir Bamako a montré qu’il existe un réel besoin d’instruments de coordination entre les collectivités, les organismes, et les administrations maliennes « En ce qui concerne la dépendance de la décision par rapport aux données scientifiques, deux facteurs doivent être pris en considération, ajoute Marianne Berthod, d’une part, l’impact du diagnostic scientifique sur la décision, et d’autre part, la complexité du diagnostic » Par exemple si les experts confirment que les conditions climatiques, économiques, les sols ou leurs pollutions ne permettent pas le développement profitable de l’agriculture bio en Martinique, cette voie devra être abandonnée par les élus locaux Peut-être un tel développement estil possible, sous conditions de modifications de certains systèmes agraires ; en ce cas, le Conseil Général devra réfléchir aux transformations techniques, économiques et La réunion de clôture du programme de lutte contre l’onchocercose (OCP)1 s’est tenue le décembre 2002, Ouagadoudou (Burkina Faso) Lancé en 1974, ce programme a atteint son but : l’onchocercose a été pratiquement éliminée en Afrique de l’Ouest, où elle n’est plus ni un problème de santé publique, ni un obstacle au développement économique et social Pour les chercheurs de l’IRD, cette réunion fut également l’occasion de dresser le bilan de près de 50 ans de recherches Dès 1956, des entomologistes médicaux de l’Institut ont étudié le vecteur de l’onchocercose puis, partir de 1961, mené avec succès les premières campagnes insecticides Des chercheurs de l’Institut ont assuré pratiquement sans discontinuité la direction des opérations de lutte anti-vectorielle d’OCP de 1974 1998, avant de passer le relais leurs confrères africains L’effort se poursuit avec un nouveau programme, l’OPAC2, initié en 1995 pour une durée de 12 ans Celui-ci a pour objectif de mettre en place des systèmes durables de distribution d’ivermectine (médicament qui détruit les larves du ver parasite l’origine de la maladie) une cinquantaine de millions de personnes de 19 pays non couverts par l’OCP L’enjeu supplémentaire de ce programme, est de démontrer que ce type de partenariat est en mesure d’apporter une solution durable un problème de santé publique et de développement ● Contact Marianne Berthod Dev@paris.ird.fr Chef du village de Madina Diassa au Mali, gravement atteint de l’onchocercose Image du film Mara, le regard du lion, IRD 1986 Mara, en langue bambara, est le nom donné une malédiction causée par l’onchocercose ou cécité des rivières, qui sévit en Afrique de l’Ouest La santé publique expertisée Contact Une expertise, intitulée « Système de santé publique du Laos », participe l’établissement du Plan directeur du ministère de la Santé de la République Démocratique Populaire du Laos pour l’horizon 2020 Jean-Paul Gonzalez 1, chercheur l’IRD, a dirigé les volets « ressources humaines en santé publique et maladies infectieuses » de l’étude charge de l’expertise des systèmes d’éducation des personnels (médecins et infirmières) a enquêté dans les hơpitaux et les écoles de santé « Il s’agissait d’évaluer le degré de formation des différents personnels, souligne le chercheur Mon enquête concernait aussi bien les volontaires de santé des villages, que le président de l’université » Pendant 25 mois, l’issue de chaque phase de l’étude, des réunions destinées informer et impliquer les laotiens ont rassemblé entre 300 et 500 participants parmi lesquels se trouvent aussi des organisations non gouvernementales travaillant dans le domaine de la santé publique L’élaboration d’un rapport utilisable par le ministère de la Santé pour accompagner les réformes, et sa remise au Ministre, son excellence Ponemek Dalaroy, ont été les dernières étapes de l’expertise Les deux propositions principales issues de l’expertise ont été acceptées Onchocerciasis Control Program Programme africain de lutte contre l’onchocercose par le Ministre de la santé Il s’agit d’une part du renforcement des systèmes de soins primaires au niveau des Jean-Paul Gonzalez au cours de son enquête villages et des sous-districts et, d’autre part, de la et mettre en place un système d’alerte décentralisation des systèmes de précoce » conclut Jean-Paul Gonzalez financement des soins A l’issue de la présentation du rapport En ce qui concerne le volet « resle ministre a affirmé son souhait de sources humaines en santé publique », voir l’IRD participer activement aux le rapport d’expertise souligne que l’efrecherches qui font partie intégrante fort doit porter sur la formation des du Plan directeur Daniel Bent, personnels de santé « J’ai d’abord proreprésentant de l’IRD au Laos met en posé une réforme du système d’enseiplace un accord-cadre entre l’IRD et gnement des médecins, avec un interl’Institut National de Santé Publique.● nat validé par une année de pratique en province, et des infirmières, formées sur une base de trois ans, avec Jean-Paul Gonzalez un complément de formation pour les frjpg@mahidol.ac.th infirmières spécialisées, comme les sages-femmes Enfin, je suggère la Jean-Paul Gonzalez est directeur de mise en place d’un système d’informal’UR 034 « Maladies virales émergentes et tion national pour gérer les épidémies systèmes d’information » de l’IRD Contact Une thèse avec l’industrie © IRD ’évaluation des ressources existantes et la mise en place d’un plan d’action pour vingt ans dans le domaine de la santé publique au Laos résulte d’un partenariat entre le ministère de la Santé laotien et l’Agence japonaise de coopération Cette expertise, unique dans l’histoire du Laos, s’est terminée en août 2002, et a rassemblé quinze experts, originaires du Japon, des Philippines, du Brésil, d’Allemagne et de France ; chacun ayant pris en charge un volet de l’étude Les premiers mois de l’expertise ont été consacrés la collecte d’informations sur la santé au Laos partir de sources documentaires La recherche bibliographique s’est faite dans les établissements publics du pays, et également dans des organismes internationaux hors du Laos Cette première phase, qui a duré un an, s’est poursuivie par plusieurs enquêtes de terrain Jean-Paul Gonzalez, en Bernard Philippo philippo@paris.ird.fr Véronique Ledroit, a soutenu sa thèse de doctorat l’Université Paul Sabatier (Toulouse 3), dans la spécialité biomolécules, le 18 novembre 2002 Cette thèse qui s’intitule « Recherche de principes actifs antitumoraux extraits de spongiaires Sélection par criblage haut débit » a été réalisée dans le cadre d’une convention CIFRE (Conventions Industrielles de Formation par la Recherche) sous la direction de Cécile Debitus, Chargée de Recherches de l’Unité de Recherche 43 « Pharmacologie des substances naturelles » de l’IRD, au Centre de Recherches sur les Substances Naturelles Pierre Fabre – CNRS ● Contact Cécile Debitus cecile.debitus@ird.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 Valorisation © IRD/H Guillaume La volonté d’agir Onchocercose 28 ans de lutte avec succès sociales qu’il devra mettre en débat avec les acteurs locaux L’équilibre interne des programmes de lutte contre le trachome, qui menace de cécité quelque 30 % de la population, est fortement conditionné par le développement récent de nouveaux antibiotiques Dans les pays européens, cette pathologie a été pratiquement éradiquée grâce l’amélioration de l’hygiène et du niveau de vie En Afrique, faut-il donc centrer aujourd’hui une politique sur la prévention ? Quelle place faut-il faire aux traitements antibiotiques et chirurgicaux ? La détermination de telles stratégies nécessite le croisement de savoirs biologiques et médicaux, ethnologiques, et économiques Cette mise au point croisée de l’état des savoirs est demandée aux experts réunis par l’IRD Les stratégies, quant elles, relèvent de la décision des autorités compétentes Les enjeux justifiant les questions posées l’expertise collégiale sur le fleuve Niger relèvent du souci, légitime, de disposer d’un cadre scientifique validé assez général pour situer les conséquences de décisions sectorielles En effet, dans un système comme celui d’un grand fleuve, nombre de décisions conditionnent les ressources disponibles pour d’autres populations et d’autres usages (culture, élevage, production électrique, usages domestiques…) La demande adressée au collège d’experts est centrée sur des indications concernant les relations systémiques et les instruments utilisables pour apprécier les conséquences lointaines de décisions qu’on pense tort ponctuelles dans le temps et dans l’espace « Dans ce cas, la difficulté principale est que le collège d’experts comprenne toutes les compộtences nộcessaires pour prendre en compte de faỗon ộquilibrộe les composantes et les besoins de la société malienne concernée », conclut Marianne Berthod ● © IRD/H Guillaume 182998_SAS18 11 20/12/02 14:31 Page 12 Vue du volcan englacé Chimborazo (6 320 m d’altitude) depuis la vallée du rio Collanes, Équateur P o r t r a i t Contact Franỗoise Vimeux Vimeux@lsce.saclay.cea.fr En 2001, Franỗoise Vimeux a dộj reỗu le prix André Prud’homme, attribué par la Société Météorologique de France, pour sa thèse effectuée au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement (LSCE, UMR CEA-CNRS) Prix IFS/Danida Samba Ndao Sylla, mtre assistant l'université Cheikh Anta Diop et chercheur associé au Laboratoire de Microbiologie des Sols de l’IRD (UR 40) a reỗu le Prix IFS/DANIDA Ce prix est octroyé par la Fondation Internationale pour la Science (IFS) aux chercheurs africains dans le domaine de la recherche agricole en récompense de résultats exceptionnels obtenus dans le cadre de recherches soutenues totalement ou partiellement par l’IFS Samba Ndao Sylla soutiendra en janvier 2003 une thèse d’État (Directeur B Dreyfus, LSTM, Montpellier) sur : « Symbiose fixatrice d’azote chez Pterocarpus erinaceus et P lucens au Sénégal : Étude de la diversité génotypique des rhizobiums, optimisation du potentiel fixateur d’azote et détermination du bilan de la symbiose en milieu naturel » ● Pierre Ribstein, directeur de l’Unité de recherche 032 Great Ice, Glaciers et ressources en eau dans les Andes tropicales, indicateurs climatiques et environnementaux c h e r c h e u r Des glacis sahéliens aux glaciers tropicaux De l’Afrique aux sommets andins, depuis plus de vingt ans, il a recherché ce que l’eau pouvait dire ou apporter aux hommes Avec une seule question : quel est l’avenir des ressources en eau, spécialement dans ces zones qui pourraient rapidement en manquer Car, Pierre Ribstein, le protestant d’origine alsacienne, ne l’oublie jamais : derrière la pierre, et les chemins de l’eau, ce sont les chemins de l’homme et de son développement qu’il recherche Je suis d’abord et avant tout, un ingénieur Dans toute la noblesse du métier » La voix posée et le discours naturellement vulgarisateur, Pierre Ribstein retrace la genèse de son métier de chercheur Tout commence par une rencontre en Mauritanie Il effectue alors son service militaire Lui, l’ingénieur en sciences de l’eau de l’ISIM de Montpellier, croise Nouakchott un ingénieur Orstom avec lequel il sympathise « Je voulais concilier deux impératifs, reconnt-il, le choix d’un métier utile et le service des populations avec lesquelles je vivais jusque » Il apprécie ce côté immédiatement productif du métier Après deux ans Nouakchott, en 1980, sans thèse en poche ni connaissance du monde de la recherche, il rentre en France « Je suis passé devant l’IRD, c’était encore l’Orstom, je suis entré… il y avait justement un concours Dans les questions d’embauche figuraient celles-ci : savezvous nager et changer la roue d’un Landrover ? » Et, pour couronner le tout, cette recommandation du jury : « Vous n’êtes pas pour préparer une thèse, ni travailler sur les programmes, et ne pensez surtout pas faire de la recherche pour vous-même » Sur plusieurs terrains, il va donner la preuve qu’on ne découpe pas la recherche : elle se pratique en même temps pour les autres et pour soi… En Afrique, d’abord Grâce un nouveau séjour, au Niger cette fois, l’issue duquel il sera titularisé, il entreprend une synthèse de quatre cents études de petits bassins versants étudiés par l’Orstom et des relevés sur le terrain « Une compatibilité des modes de fonctionnement extrapolables l’ensemble d’une région Il s’agit de donner les règles de dimensionnement des ouvrages hydrauliques quelqu’un qui n’a pas forcément le temps de pratiquer des années de mesure On lui fournit les caractéristiques d’écoulement ou de débit » Il compulse toutes les données sous forme parfois de carnets écrits la main Il sort un peu ému de ces trouvailles acquises au contact des anciens Voilà pourquoi il se reconnt comme un « enfant de cette culture Orstom » En Amérique du Sud, partir de 1991, il restera le chercheur-ingénieur « Je passais des glacis sahéliens aux glaciers andins, mais en continuant de suivre les chemins de l’eau » À La Paz, en Bolivie, il ajoute simplement la dimension montagne, « laissant de côté le short, le casque colonial et la sueur » Dans le programme qui s’oriente vers les gla- Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n 18 - janvier/fộvrier 2003 â IRD/B Pouyaud ô Forage 500 m sur le glacier Artesonraju Cordillére Blanche, Pérou l’occasion de confronter leurs recherciers, Pierre Ribstein prend en charge la ches Le but est de faire ntre un composante hydrologie, son métier, et groupe d’hydro-glaciologues » C’est Bernard Francou, le montagnard, s’ocune autre dimension des choix de cupe de la glaciologie Après le chaud, Pierre Ribstein Dans ses motivations le froid Après le désert et ses étendues originelles, figurait l’attention au dévesublimes, les glaciers sud-américains, loppement Il ne l’oublie jamais « Au dans des paysages tout aussi exaltants Sahel, pour les hommes de la région, il Là encore, l’homme de synthèse qui était immédiatement utile de trouver aime défricher va découvrir un terrain l’eau Au sommet des glaciers, on idéal « On trouve très peu de littérature trouve de moins en moins d’hommes, sur les glaciers en zone tropicale, souligne avec humour, Pierre Ribstein constate le chercheur Pour monter nos Pourtant, nous programmes, travaillons pour nous avons ceux de la vallée inauguré une et leur avenir » “association” Le chercheur qui fonctions’est trouvé nait très bien plongé dans des entre trois questions partenaires : aujourd’hui cruune univerciales comme sité, un service celle du réchaufnational d’hyCouche de cendre volcanique fement climadrologie et de visible dans une carotte de glace tique « Voilà météorologie, Opération Chimborazo 2000 pourquoi nous pour les banfaisons parler les glaciers », explique-tques de données, et, pour les applicail Et sous la calotte de glace, on trouve tions de terrain, une compagnie privée le récit de 20 000 années d’histoire Et, d’électricité intéressée de conntre toujours aussi vulgarisateur, il explique, l’avenir des glaciers » Avec l’université, en images, les péripéties de l’eau « En la tâche est enthousiasmante, il sagit Afrique, plus il pleut, plus ỗa coule, de former les chercheurs Au Pérou, sous les glaciers tropicaux d’Amérique mais aussi en Équateur, se renouent les du Sud, plus il pleut, moins ỗa coule ằ mờmes alliances fructueuses avec des L’homme de synthèse pointe toujours partenaires similaires sous le chercheur « Le projet final est « Notre rôle est aussi de créer un lien d’arriver synthétiser partir des carotentre les chercheurs des différents pays tages, véritables témoins du climat des sud-américains qui n’ont que rarement © IRD/P Wagnon © dr 12 L’Académie des Sciences vient de dộcerner le Grand Prix ẫtienne Roth Franỗoise Vimeux, chargée de recherches l’IRD (UR Glaciers et ressources en eau dans les Andes tropicales, Indicateurs climatiques et environnementaux, Great Ice, dirigée par Pierre Ribstein) Ce prix, remis le 26 novembre 2002 l’Institut de France, récompense les travaux d’un chercheur, ou d’un groupe de chercheur, dans le domaine de la géochimie isotopique Cette année, le prix est décerné conjointement Franỗoise Vimeux et Valộrie Masson, qui travaillent ensemble depuis plusieurs années sur la variabilité climatique présente et passée Le prix rộcompense Franỗoise Vimeux pour ses travaux rộalisộs dans le cadre de sa thèse1 (« Variations de l’excès en deutérium en Antarctique au cours des 400 000 dernières années : implications climatiques ») puis, dernièrement, dans le domaine de la géochimie isotopique appliquée aux sciences du climat, et plus particulièrement la reconstruction de la variabilité climatique passée et présente « C’est essentiellement pour avoir montré l’importance de l’étude de l’excès en deutérium dans les glaces et les précipitations, et son apport la compréhension des mécanismes climatiques que le prix nous a été décerné » souligne la jeune scientifique Actuellement Franỗoise Vimeux travaille sur lutilisation conjointe de la composition isotopique en oxygène 18 et en deutérium des précipitations « Jusqu’à présent, j’appliquais l’outil “isotope stable des précipitations ou des glaces aux rộgions polaires, prộcise Franỗoise Vimeux, maintenant, jutilise ce même outil sur les précipitations andines et les glaciers andins, thème central de l’unité de recherche Great Ice » ● © IRD/ O Dargouge Planète IRD Grand prix E.Roth d e © IRD/J.-P Eissen 182998_SAS18 derniers millénaires, le fonctionnement des glaciers et les possibilités d’établir des corrélations du local au régional » Afin de prévenir les populations qu’il y aura moins d’eau dans les années venir De les avertir aussi des effets d’El Niño sur les fontes de neige Ou d’étudier si la plus haute station de ski , 200 m, est condamnée dispartre Pas porteur de bonnes nouvelles, le glaciologue ! Il faut encore modéliser le comportement des rivières « Voilà ce que nous cherchons sur l’Altiplano bolivien, pour voir ce qui s’est passé la période de l’holocène L’holocène c’était il y a 12 000 ans Nous étudions la place des glaciers par rapport aux énormes lacs qui existaient cette époque et ont disparu aujourd'hui » Pour reconstituer un peu plus le puzzle de l’histoire de ces géants de glace… Après quoi, sur la pointe des pieds, Pierre Ribstein et les quinze membres de son équipe pourront se retirer « Nous devons rendre des comptes aux Sud-américains Nous ne sommes pas sur un terrain de jeux, ce n’est pas le Paris-Dakar de la recherche Le but ultime est bien de laisser aux chercheurs du Sud la direction de ce travail de veille effectuée jusqu’ici par nos équipes communes » ● Contact Pierre Ribstein, pierre.ribstein@msem.univ-montp2.fr 20/12/02 14:32 Page 13 L’IRD fidèle au rendez-vous de la Fête de la Science © IRD/A Aing Issues de la Base Indigo, les photos des chercheurs s’affichaient dans la rue en Seine-Saint-Denis Une véritable caravane de la science a visité les établissements scolaires de l’ỵle de Tahiti Si la grande attraction était une authentique capsule spatiale, les présentations de l’IRD sur la variabilité climatique ont été particulièrement remarquées par le public insulaire sensibilisé cette question Christian Bellec Ird_th@ksc.th.com WEB Directeur de l’unité de recherche 054 « épidémiologie clinique, santé mère-enfant et vih dans les pays en développement » http://www.ird.fr/fr/actualites/ manifestations/2002/ fete_science N o u v e l l e - C a l é d o n i e L’IRD brille au Congrès Mondial de Science du Sol Du bon café grâce aux hybrides naturels I 50 ans, un seul hybride naturel – l’hybride de Timor – sert mondialement pour lutter contre les maladies des arabicas cultivés et terme, la modification des maladies peut rendre inefficace cette source de résistance Quant aux hybrides obtenus en laboratoire, ils sont généralement vigoureux, mais peu fertiles Dans les vieilles caféières de Nouvelle-Calédonie, les croisements successifs ont donné naissance des hybrides sélectionnés naturellement dans lesquels une grande part du génome de C canephora, est éliminée Seules les parties du génome qui confèrent une résistance aux maladies sont retenues dans les descendances Deux prospections d’hybrides, réalisées en 1991 par l’IRD et le CIRAD et en 199697-98 par l’IRD, ont permis de collecter plus de 400 hybrides naturels partir de 40 sites en Nouvelle-Calédonie Parmi les caféiers hybrides naturels, Daniel Le Pierrès, chercheur en génétique l’IRD, a repéré un génotype original, résistant la rouille, de phéno- © IRD/D Le Pierres Livrées elles-mêmes pendant une cinquantaine d’année, les plantations de café de Nouvelle-Calédonie ont donné naissance des hybrides qui élargissent la base génétique utile l’amélioration des arabicas ; terme ils pourraient augmenter la qualité gustative des cafés et servir lutter contre la rouille, une maladie qui dévaste les cultures ntroduite en Nouvelle-Calédonie en 1856, la culture du café qui débuta en 1878 a été ensuite abandonnée cause notamment des mauvaises conjonctures économiques de la première moitié du XXe siècle, et de la sensibilité de l’arabica la rouille (Hemileia vastatrix) Les plantations de café livrées ellesmêmes ont perdu leur aspect et leur composition d’origine ; les arbres de départ ont été remplacés par des descendances de tout âge Elles sont composées d’une part importante de C canephora, luxuriants et indemnes de maladies, et de quelques C arabica, chétifs, peu productifs et très sensibles la rouille En outre, quelques hybrides naturels, nés de croisements entre les deux espèces de départ, sont associés ces peuplements Les chercheurs de l’IRD1 étudient actuellement la possibilité d’obtenir des espèces d’arabica résistantes la rouille partir de la population d’hybride de Nouvelle-Calédonie En effet, depuis 13 Contact © IRD/A Aing © IRD/J Thomas Dans les laboratoires de l’IRD Nouméa, les enfants s’initient aux questions d’environnement grâce aux outils de la PAO Avec le développement des thérapies antirétrovirales et la baisse récente de leurs prix en Thaïlande, le programme de prévention pédiatrique du HIV (PHPT, Périnatal HIV Prevention Trial) est de plus en plus sollicité par les médecins thaïlandais Pour venir en aide aux mères et aux enfants infectés par le VIH en Thaïlande, la chambre de commerce franco-thaï et le groupe industriel Thainox ont créé une fondation, ayant pour objectif de collecter des fonds dédiés aux traitements des malades, sous la responsabilité du PHPT Le lancement s’est déroulé le juillet 2002 en présence de son Altesse Royale la Princesse Galyani Vadhana Krom Luang Naradhiwas Rajanagarindra, de l’ambassadeur de France, du représentant de l’IRD en Thaïlande, Christian Bellec et de 600 industriels et hommes d’affaires adhérents de la chambre de commerce franco-thaï À cette occasion, le Ministre de la santé, et Marc Lallemant, chercheur l’IRD1 et directeur du programme PHPT, ont expliqué la situation des patients infectés par le VIH en Thaïlande D’autres manifestations seront organisées ultérieurement en partenariat avec la chambre de commerce franco-thaï et Thainox ● À Bondy, près de 250 collégiens et lycéens de la région ont découvert les activités de recherche menộes en ẻle de France â IRD/J Orempuller © CNRS/A Lesquer À Montpellier, plus d’un millier de personnes par jour ont visité l’exposition « Cellule, qui es-tu ? » Réalisée par le service des relations extérieures de l’IRDMontpellier et le CNRS, elle faisait découvrir au grand public le plus petit élément du vivant Une fondation pour le sida Planète IRD Comme chaque année, en octobre, les chercheurs de l’IRD ont pris une part active la Fête de la Science De Brest Nouméa, de Cayenne Orléans, des événements ont été organisés par les différentes implantations de l’IRD de France métropolitaine et des Dom-Tom T h a ï l a n d e Culture de café Laurina en haie l’occasion de la relance de la caféiculture calédonnienne trois timbres (parfumés au café) ont été édités type Laurina hérité de la variété du même nom qui procure un café dont le gỏt et l’arơme sont de grande qualité De plus, sa teneur en caféine est réduite de moitié Actuellement, les premières descendances libres ou contrôlées, apparentées au Laurina résistant ont permis de réunir 500 jeunes plants en semis dont l’étude est entreprise grâce une convention avec la Province-Sud de Nouvelle-Calédonie À l’image de l’Éthiopie, qui abrite le centre primaire de diversification de C arabica, les vieilles plantations de caféiers en Nouvelle-Calédonie consti- tuent aujourd’hui un centre secondaire de diversification naturelle «Même si le café arabica est un genre introduit en Nouvelle-Calédonie, souligne Daniel Le Pierrès, il est nécessaire de préserver cette ressource génétique naturelle originale dans son nouvel environnement» ● Contact Daniel Le Pierres lepierre@mpl.ird.fr US 001 Enbiopac (Biodiversité terrestre et environnement dans le Pacifique tropical) dirigée par Jean Chazeau Après Montpellier en 1998, c’est Bangkok que s’est tenu en août 2002 le Congrès Mondial de Science du Sol, une manifestation qui a réuni environ 100 participants La France était représentée par une délégation d’une soixantaine de personnes, dont 16 de l’IRD, sans compter les nombreux partenaires de l’IRD travers le monde qui avaient fait le voyage de Bangkok Les jeunes chercheurs franỗais en science du sol Tournộe dans les riziốres en cours ont fait des préde salinisation du nord-est de la Thaïlande sentations remarquables L’IRD a été particulièrement distingué, six de ses posters étant primés sur un total de 65 prix L’équipe de l’UR 067 Ariane, qui travaille en Thaïlande avec le Land Development Department depuis ans, a vu ses trois posters primés C’est un succès du partenariat : des partenaires étaient les premiers auteurs de deux des posters primés et le travail a été réalisé lors de stages de formation organisés par l’IRD À l’issue du congrès une quinzaine de chercheurs et de doctorants de diverses structures de recherche franỗaises ont participộ la visite des sites expộrimentaux de l’UR 067 Ariane dans le nord-est de la Thaïlande ● © IRD/R Poss 182998_SAS18 Contact Roland Poss, UR67 Roland.Poss@msem.univ-montp2.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 182998_SAS18 20/12/02 14:35 Page 14 14 Aujourd’hui, plus de la moitié de la population mondiale est atteinte par une forme ou une autre de malnutrition, maladies de carences ou d’excès Malgré certains progrès, les objectifs des programmes internationaux sont loin d’être atteints Une autre approche des enjeux alimentaires est donc nécessaire ; elle consiste d’abord placer le bien-être nutritionnel au centre des modes de vie, de production et de consommation, dans le cadre de politiques publiques intégrant préoccupations environnementales et justice sociale Les propositions rassemblées dans cet ouvrage, dans le cadre d’une collaboration entre la Fondation Charles Léopold Mayer et l’IRD, ont été préparées par Geneviève Le Bihan, Francis Delpeuch et Bernard Maire, tous trois membres de l’unité de recherche « Nutrition, alimentation, sociétés » de l’IRD Les auteurs donnent le cadre d’une nouvelle approche de la nutrition en abordant de nombreux aspects, comme la place des femmes dans les politiques nutritionnelles ou la promotion de l’activité physique Une série de documents, un glossaire complet et une abondante bibliographie complètent le livre Cet ouvrage s’inscrit dans une série de « Cahiers de propositions pour le XXI e siècle » élaborés par les groupes de travail du réseau APM (Agricultures paysannes, alimentation mondialisation) dont plusieurs traitent, de thèmes qui sont en lien avec l’alimentation et la nutrition Ce document s’inscrit dans un débat qui touche aussi bien les pays développés (par exemple en France, sur la question de la « mal bouffe » et la réforme de notre système agricole) que ceux qui se trouvent dans des situations plus difficiles A u d i o v i s u e l La teigne du Guatemala, 15 Réalisation : Michel Dukhan Conseiller scientifique : André Pollet Production : IRD Version : franỗaise et espagnole en cassette ou DVD © IRD/A Pollet Ressources Nutrition et politiques publiques Propositions pour une nouvelle approche des enjeux alimentaires Coordonné par Geneviève Le Bihan, Francis Delpeuch et Bernard Maire Ed Charles Léopold Mayer, cahier de proposition pour le XXI e siècle 2002, 132 p., 10 € L’insecte lépidoptère Tecia solanivora appelé communément « La teigne du Guatemala », est un insecte ravageur de la pomme de terre Aujourd’hui, il est considéré en Équateur comme un fléau national En deux ou trois mois, il peut anéantir une récolte entière Ses premières attaques en Équateur datent de 1996 et aujourd’hui l’insecte est présent dans toutes les régions productrices de pommes de terre de ce pays Chaque année, son champ d’action s’élargi en Amérique du Sud et récemment il a été repéré aux Ỵles Canaries, menaỗant le continent europộen Ce film, montộ partir de documents photographiques, retrace la biologie de l’insecte, son cycle de reproduction et les dégâts causés par les larves dans les champs de cultures et les entrepôts de stockage Il montre également les études menées par les instituts de recherches franỗais et ộquatoriens pour identifier de nouveaux moyens de lutte ● Contact Michel Dukhan dukhan@mpl.ird.fr P u b l i c a t i o n s Gestion intégrée des ressources naturelles en zones inondables tropicales Coordonné par Didier Orange, Robert Arfi, Marcel Kuper, Pierre Morand et Yveline Poncet IRD Éditions, collection Colloque & Séminaire, 992 p 42 € Dans les zones inondables tropicales, il s’avère aujourd’hui nécessaire de définir de nouvelles approches de la gestion de l’eau, des espaces et des ressources vivantes, qui tout la fois préservent les écosystèmes et prennent en considération les besoins des différents usagers Cet ouvrage pose la problématique sociale autour de laquelle cette gestion doit être repensée, en faisant appartre la diversité d’acteurs et d’institutions concernées Il présente les acquis récents sur le fonctionnement de ces écosystèmes ainsi que sur les pratiques et stratégies déployées par les populations qui les exploitent Enfin est abordée la question des instruments mettre en place pour assurer une gestion durable des zones inondables tropicales Venins de serpents et envenimations Jean-Philippe Chippaux, IRD éditions, collection Didactiques, 288 pages, 28 € Les morsures de serpents représentent un véritable problème de santé publique dans beaucoup de pays tropicaux Leur venin, composé de centaines de substances spécifiques, est aussi de plus en plus utilisé en recherche biomédicale et des fins diagnostiques ou thérapeutiques Cet ouvrage présente une synthèse des principales découvertes dans le domaine des venins et envenimations La paléontologie et la systématique des Ophidiens ainsi que la biochimie et la toxicologie des venins font l’objet d’explications simples et précises ; la biologie et les comportements des Ophidiens sont abordés dans la perspective de mieux identifier les circonstances de la morsure pour en favoriser la prévention L’ouvrage est complété par la liste des sérums ainsi que par celle des plantes médicinales antivenimeuses Photothèque d’entomologie médicale Jean-Pierre Hervy, Philippe Bousses, Jacques Brunhes, IRD Éditions, collection Didactiques, décembre 2002, 50 € Ce cédérom rassemble près de 500 illustrations d’arthropodes appartenant des ordres et des familles d’insectes hématophages (moustiques, phlébotomes, glossines, puces, poux, tiques, etc.) ; les parties caractéristiques de ces insectes (tête, thorax, ailes, pattes ou pièces génitales) y sont décrites Certaines de ces illustrations ont été déjà publiées, d’autres sont des photos inédites réalisées au Laboratoire de taxonomie des vecteurs du centre IRD de Montpellier Un programme de gestion permet de sélectionner et d’exporter les images ; celles-ci peuvent êtres édités par tout logiciel graphique, sous réserve du respect du code des usages Délinquance et politique pénale au Sénégal Les chiffres clés de la justice Nelly Robin, Mandiogou Ndiaye, IRD Editions/ministère de la Justice du Sénégal/OIM, novembre 2002, 64 p (diffusé titre gratuit) À travers les statistiques pénales du Sénégal de 1999, ce livre présente un diagnostic de la délinquance et de l’activité pénale du pays Les auteurs évaluent l’ampleur de la délinquance au Sénégal, décrivent son origine démographique, sociologique et économique Les statistiques permettent d’analyser la réponse pénale opposée la délinquance Enfin, ce livre restitue la délinquance et la politique pénale dans le contexte socio-économique actuel du Sénégal et dans le cadre plus global d’une politique gouvernementale concertée Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 17 - novembre/décembre 2002 L’initiative sénégalaise d’accès aux médicaments antirétroviraux Analyses économiques, sociales, comportementales et médicales Sous la direction de Alice Desclaux, Isabelle Lanièce, Ibra Ndoye et Bernard Taverne Association nationale de recherches sur le sida Collection Sciences Sociales et Sida Octobre 2002, 262 p Madagascar après la tourmente : regards sur dix ans de transitions politique et ộconomique Sous la direction de Franỗois Roubaud, directeur de l’UR Cipré (Croissance, inégalités, population et rôle de l’état) AvrilSeptembre 2002, Afrique contemporaine, n 202-203, La Documentation Franỗaise, 203 pages, 17,5 € En 1998, en créant l’Initiative sénégalaise d’accès aux traitements antirétroviraux, le Sénégal devient le premier pays d’Afrique proposer une prise en charge thérapeutique des personnes touchées par le virus travers un programme public Un suivi scientifique multdisciplinaire, financé par l’ANRS (Association nationale de recherches sur le sida) a été réalisé pendant les trois premières années dans le cadre d’un partenariat entre le Programme National de Lutte contre le Sida (PNLS) du Sénégal et plusieurs institutions, (l’Institut de médecine et d’épidémiologie africaine, l’IRD, le Laboratoire d’écologie humaine et d’anthropologie et le ministère des Affaires étrangères) Cette analyse, reprise dans cet ouvrage, a pour objectifs de formuler des recommandations pour permettre l’extension du programme d’autres régions du Sénégal et guider d’autres pays du Sud souhaitent favoriser l’accès aux traitements antirétroviraux Suite l’élection présidentielle contestée de décembre 2001, Madagascar a vécu une période de convulsions politiques, d’autant plus inattendues qu'elles ont éclaté dans un contexte de croissance et de stabilité politique Ce numéro spécial propose une lecture de la crise malgache en la resituant dans sa profondeur historique À travers le regard croisé d'anthropologues, de sociologues, de juristes et d'économistes, il dresse le bilan d'une décennie de transitions politique et économique dans la Grande Ile Un même fil rouge conduit la réflexion des auteurs : démocratie et économie de marché ne se décrètent pas ! Enfin, ce dossier offre des pistes de réflexion sur un certain nombre de thèmes cruciaux pour l’avenir de la société malgache Il espère ainsi apporter une contribution pour répondre aux besoins d’information et d’analyse sur ce pays Pédologie, agronomie, chimie, minéralogie, génie civil, environnement L’analyse du sol – minéralogie, organique, minérale Marc Pansu, Jacques Gautheyrou, IRD Editions/Springer Verlag, février 2003, 960 p 62 € Ce guide de référence traite de manière approfondie des méthodes d’analyses physicochimiques concernant les sols ; il répertorie les méthodes d’analyse du sol, normalisées et nouvelles, et leur mise en œuvre Ce livre synthétise également une grande quantité d’informations utiles au laboratoire dans les protocoles, les tableaux, les diagrammes, les modèles de spectres ou encore les chromatogrammes Il vise ainsi orienter les utilisateurs vers des choix méthodologiques en relation avec le type de sols étudié Les différentes méthodes sont classées depuis les tests les plus simples jusqu’aux déterminations les plus complexes – chimie structurale, pesticides, polluants, éléments traces, isotopes Cet ouvrage complet s’adresse aussi bien aux pédologues, aux agronomes, aux minéralogistes, qu’aux techniciens en sciences du sol et aux écoles d’agriculture Comment réduire pauvreté et inégalités Pour une méthodologie des politiques publiques Sous la direction de Marc Lévy, IRD Editions/Karthala, collection Économie et développement, 256 p 24 € Avec l’initiative d’allégement de la dette en faveur des « pays pauvres très endettés », les politiques de lutte contre la pauvreté sont entrées dans une phase opérationnelle, avec des enjeux financiers importants Ce livre s’interroge sur les politiques de lutte contre la pauvreté et les inégalités pour tenter de donner ces interventions un contenu autre qu’une copie des actions antérieures Car si cette « lutte contre la pauvretộ ằ peut apparaợtre comme une faỗon de poursuivre les politiques antérieures d’ajustement structurel et de libéralisation, la nouvelle faỗon dexpliciter les objectifs de la coopộration au dộveloppement a l’avantage de prendre en compte les défauts et les non-dits politiques du « consensus de Washington » Mêlant analyses et propositions opérationnelles, l’ouvrage résulte d’une expertise collective impliquant l’IRD, le CIRAD, le CNRS, l’université de Versailles Saint-Quentin, le DIAL, le GRET, l’IRAM, le ministère des Affaires étrangères (DGCID) et l’AFD Afrodescendientes en las Américas Trayectorias sociales e identitarias Claudia Mosquera, Mauricio Pardo et Odile Hoffmann (eds), 2002, Bogotá, UNICANH-IRD-ILSA, 620 p Dix ans après la promulgation de la constitution colombienne qui reconnt pour la première fois des droits spécifiques aux populations noires, et 150 ans après l’abolition de l’esclavage, cet ouvrage collectif fait le point sur les récentes orientations développées dans le domaine des études afroaméricaines, et plus particulièrement afrocolombiennes Construit autour d’une vingtaine de contributions (anthropologues, historiens, géographes), le livre s’attache saisir l’originalité et l’universalité des trajectoires sociales et identitaires empruntées par des individus, des groupes et des sociétés locales ou régionales souvent cataloguées comme a priori « différentes » Il montre comment cette « différence » est socialement construite de faỗon variộe selon les lieux et les époques, c’est-à-dire selon les contextes où s’exprime et se donne voir l’identité « noire » ou « afro » des Amériques L’ouvrage se termine avec la voix des militants ethniques qui se veulent aujourd’hui les nouveaux « témoins de la différence », dans l’intégration nationale Limitantes y manejo de los suelos salinos y/o sodicos en el altiplano boliviano Editeurs scientifiques ; D Hervé, R Ledezma, V Orsag La Paz, IRD-CONDESAN, juin 2002 L’origine de la salinité du lac Titicaca, des eaux et des sols de l’Altiplano bolivien ont fait l’objet de plusieurs études de l’IRD C’est la raison pour laquelle les chercheurs de l’Institut ont répondu l’appel de la Condesan, un consortium pour le développement durable de la Région andine, avec l’Instituto Boliviano de Tecnología et l’ONG Yunta Ils ont étudié les sols salins du bassin du fleuve Desaguadero, qui est l’unique sortie des eaux du lac Titicaca, et plus particulièrement le système eau-sol-plante Cette recherche a abouti un ensemble de propositions sur l’irrigation et la préservation des sols des plateaux andins Les méthodes d’évaluation de la salinité des sols, ainsi que les procédures pour évaluer les possibilités d’utilisation des ressources, sont l’objet de cet ouvrage Cette synthèse est une base solide pour les membres de la société civile, les éleveurs et les agriculteurs susceptibles de s’installer dans la région andine The Gulf of Guinea Large Marine Ecosystem Environmental Forcing Sustainable Development of Marine Resources Philippe Curry, Edited by J M McGlade, P Cury, K A Koranteng, and N J Hardman-Mountford Elsevier, Large Marine Ecosystems Series Aug 2002, 428 pp List Price : $99.00 (USD) / 99.00 (EUR) Ce livre présente de manière détaillée la dynamique des eaux du golfe de Guinée, ses ressources biologiques, les effets de la pollution ainsi que les aspects sociaux économiques et administratifs de la pêche dans cette région De la télédétection la taxonomie microbienne, les auteurs se sont appuyés sur les derniers recherches dans le golfe de Guinée pour mener leur étude En outre, ils ont bénéficié d’une série de données couvrant cinq décennies sur l’évolution du Golfe et les populations de poissons Cet ouvrage met également en évidence les interactions entre la dynamique de l’écosystème marin, l’évolution des ressources renouvelables de la région et les changements climatiques Transformations du travail et croissance économique Textes coordonnés par Bruno Lamotte et Alain Mounier Éd l’Harmattan, Collection Travail et Mondialisation 2002 330 p., 25,90 € Cet ouvrage reprend les contributions d’un colloque coorganisé par l’IRD et l’IREPD (Institut de Recherche Économique sur la Production et le Développement) Grenoble en 1999 Les 21 auteurs analysent la faỗon dont se pose la question sociale dans les différentes régions du monde ; cette question étant, de manière synthétique, l’organisation de la prise en charge des inactifs par les actifs Les différentes études au Canada, en Amérique latine, en Afrique sub-saharienne et dans le Sud-Est asiatique, sur les modalités d’évolution de la question sociale, montrent une grande diversité de situations Les différences régionales et nationales de la mondialisation sont ici décrites et analysées, pour dégager les tendances communes de ces évolutions Trois chercheurs de l’IRD, Alain Mounier, Jean-Baptiste Meyer et Xavier Oudin, ont participé ce livre Contact IRD Éditions diffusion@bondy.ird.fr Éléments d’une stratégie de développement rural pour le Grand Nord du Cameroun Hamadou Ousman, Christian Seignoboss, André Teyssier, Jacques Weber, ministère de l’Agriculture du Cameroun, Scac Cameroun, septembre 2002, (Vol 1, rapport principal ; Vol 2, Notes thématiques ; vol 3, Annexes) La perspective d’une nouvelle génération de projets de développement rural financée sur fonds PPTE l’horizon 2004 invite une réflexion les orientations actuelles des différentes agences d’aide dans le nord du Cameroun Commandée par le ministère de l’Agriculture du Cameroun et financée par le Service de coopération et d’action culturelle de Yaoundé, cette étude porte un regard critique sur la manière dont le développement a été habituellement pensé et mis en œuvre dans cette région, et formule des recommandations pour un renouvellement des axes stratégiques en matière de développement rural Cette réflexion s’appuie sur des priorités nationales du Cameroun qui sont notamment, les plans nationaux de stratégie de réduction de la pauvreté, de développement sanitaire, de gouvernance, et les programmes de sécurité alimentaire, et de développement participatif Christian Seignobos, géographe et directeur de recherche l’IRD est l’un des quatre auteurs de l’étude 182998_SAS18 20/12/02 B a s e 14:35 Page 15 I n d i g o C a r n e t 20 000 photos en ligne Jean-Franỗois Girard, président de l’IRD, a été nommé commandeur dans l’Ordre National du mérite Marie-Simone Chandelier, chargée de mission l’IRD, a été nommée Officier dans l’Ordre du Mérite G laciers tropicaux, fonds marins, déserts ou forêt inextricables, animaux, végétaux ou hommes, la Base Indigo regroupe depuis 1995 les images prises sur le terrain par les scientifiques de l’IRD Connue des médias, elle diffuse les photos de l’institut auprès de nombreux supports et contribue faire conntre ses travaux Aujourd’hui plus de 200 auteurs ont rejoint la base Indigo qui compte 20 000 documents photographiques Organisée en base de données, la photothèque fait peau neuve en utilisant le logiciel Orphea® Cet outil, optimisé pour Internet Explorer, s’appuie sur Oracle et utilise les normes en vigueur dans la documentation audiovisuelle Il est déjà utilisé par de grandes agences photographiques, telles que Gamma et Rea qui comptent 600 000 photos en ligne Des images tatouées D’un point de vue pratique, les images sont directement accessibles via le Net, leur recherche peut se faire en texte intégral dans les légendes ou par recherche avancée en utilisant des mots clefs Les utilisateurs de la recherche, de l'édition et de l’enseignement pourront visualiser, d’une manière ergonomique et conviviale, la totalité du fonds iconographique de l’IRD Les fichiers disponibles sont au format JPEG, en 72 DPI et portent un tatouage identifiant Ces caractéristiques permettent de conserver le contrơle de l’utilisa- www.ird.fr, rubrique « l’information scientifique » tion des images par des tiers Les documents ne sont pas libres de droit; s’ils sont souvent communiqués gracieusement, eut égard la mission de service public de l’IRD, des droits de reproduction sont appliqués aux clients qui en font un usage commercial Pour toute utilisation, la Base Indigo veille au respect des mentions légales que sont le nom de l’auteur et le copyright de l’institut La nouvelle mouture de la Base Indigo est particulièrement adaptée l’intégration d’images issues d’appareil numérique Des conseils d’utilisation et même des comparatifs d’équipement sont disponibles sur l’Intranet de l’Institut On y trouvera également sous peu des conseils pour harmoniser les éléments qui doivent renseigner une légende ● Contact Claire Lissalde, responsable de la Base Indigo lissalde@paris.ird.fr Danièle Cavanna cavanna@paris.ird.fr Société Algoba une photo, une recherche L e terme désertification désigne la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines La dégradation des terres en zones sèches se manifeste par une détérioration de la couverture végétale, des sols et des ressources en eau, et aboutit l’échelle humaine de temps, une diminution ou une destruction du potentiel biologique des terres ou de leur capacité supporter les populations qui y vivent La désertification est due essentiellement aux activités humaines L’accroissement de la population et l’urbanisation entrnent une demande alimentaire croissante L’augmentation de la production agricole se fait au prix d’une pres- Sylvie Faucheux, professeure d’économie, directrice de l’unité de recherche Centre d’économie et d’éthique pour l’environnement et le développement (UR 63, C3ED) a été élue présidente de l’université de VersaillesSaint-Quentin-en-Yvelines ● sion accrue sur l’espace, les ressources naturelles et l’environnement La destruction des ressources naturelles et la perte de productivité des terres constitue un obstacle majeur au développement, pouvant aboutir des catastrophes majeures difficilement réversibles : famines, abandon des terres, migration brutale La lutte contre la désertification s’inscrit dans une approche globale des problèmes d’environnement et de développement Une stratégie efficace visant réduire ou freiner la dégradation des terres doit prendre en compte les critères de développement durable La science et la technologie constituent des outils essentiels dans la lutte contre la désertification ● 24e Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier D’une rive l’autre Au milieu d’un riche programme, trois rétrospectives ambitieuses s’affichaient au festival : l’école de Barcelone, l’avant-garde des années 60, Camera a sinistra, le cinéma politique italien et Transméditerranée, un cinéma d’une rive l’autre, entre la France et le Maghreb Cette dernière a particulièrement retenu notre attention Avec la projection des emblématiques Gone du Chaâba de Christophe Ruggia et du Thé au harem d’Archimède, de Medhi Charef, le dernier festival du film méditerranéen de Montpellier a montré sa volonté d’intégrer davantage encore le cinéma de l’autre rive de la Méditerranée Réalisés sous le parrainage du Fasild ( le fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations) ont été présentés au total 27 longs et courts métrages Tous les films témoignent de la richesse humaine et artistique qui circule entre les deux bords de la Méditerranée Comme le constatent les artisans de cette rộtrospective, ô le cinộma franỗais de ces dix derniốres années s’est renouvelé en se nourrissant des réalisateurs des deuxième et troisième générations issues de l’immigration, nés au Maghreb et venus très tôt en France ou nés en France mais aussi des gộnộrations de Franỗais rapatriộs dAlgộrie et du Maroc » Tous ces réalisateurs traduisent l’impérieuse nécessité de revenir la mémoire et l’identité d’une première terre restée comme une première mère Ils sont ici mais ils sont encore d’ailleurs et se demandent parfois où ils sont réellement chez eux Avec colère, tragique mais aussi avec souvent beaucoup d’humour, y compris sur eux-mêmes, ils disent sur la pellicule le long voyage, vers une nouvelle terre d’accueil et d’exil mais aussi vers… eux-mêmes ● René Lechon Vent de sable au Burkina Faso Photo Franỗois Sodter, IRD Contact Antoine Cornet, prộsident du Comitộ scientifique franỗais de la dộsertification Antoine.Cornet@ird.intl.tn Le Palmarốs du 24e festival • Antigone d’Or de la Ville de Montpellier : Le mariage de Rana, de Hany Abu-Assad (Palestine) • Lauréats de la Bourse d’aide au développement : The Syrian Bride, de Eran Riklis (Israël) et l’Agneau d’Orient de Rachid Benhadj (Algérie-France) Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 Planète IRD La Base Indigo, photothèque numérique de l’IRD, est désormais accessible en ligne Ses 20 000 images de recherche et leurs légendes sont consultables distance La solution technique retenue préserve le contrôle de leur utilisation Yves Savidan, chercheur l’IRD, responsable de la coopération internationale et du partenariat Agropolis international Montpellier, a été élu au conseil d’administration du CIAT (Centro international de agricultura tropical), l’un des 16 centres internationaux de recherche agricole (CIRA) avec lequel l’IRD a déjà une longue histoire de collaborations fructueuses Dirigé depuis deux ans par un anthropologue canadien, Joachim Voos, le CIAT est de tous les CIRA celui qui a sans doute le plus diversifié ses partenariats pour développer des recherches participatives pluridisciplinaires et assurer ainsi un meilleur impact de la recherche sur le développement 15 182998_SAS18 20/12/02 14:36 Page 16 Coopération Entretien Le Haut Conseil recentré sur le développement Créé au départ pour ans, le Haut Conseil la coopération internationale vient d'être reconduit pour une nouvelle période de trois ans, avec un mandat et une composition modifiés Concernant les missions, la principale modification a trait au champ de compétence du Haut Conseil : elle porte dorénavant sur la coopération internationale pour le développement et non plus sur la seule coopération internationale Autrement dit, le HCCI consacrera exclusivement sa réflexion aux pays du Sud et non plus l’ensemble de partenaires de la coopộration franỗaise (pays ộmergents, Europe de lEst, etc ) La composition du HCCI est sensiblement modifiée 45 membres au lieu de 60, avec la présence es qualité de quatre parlementaires et un renforcement de la représentation des collectivités territoriales, des milieux économiques et de l'expertise universitaire et de recherche Jacques Pelletier, ancien ministre de la Coopération et de la Francophonie est nommé président du HCCI et il succède Jean-Louis Bianco Jean-Marie Hatton est nommé secrétaire général Issu du milieu associatif, il était précédemment secrétaire général de la commission coopération et développement du ministère des Affaires étrangères ● www.hcci-gouv.fr dernière minute Epidémiologie en réseau Les et 10 décembre derniers, près de quarante chercheurs de l’IRD, épidémiologistes, entomologistes, démographes et socio-anthropologues se sont réunis autour du thème « Épidémiologie dans les pays en développement » Cette réunion a abouti la création d’un réseau dont la finalité est l’étude pluridisciplinaire de l’ensemble des facteurs influant sur la santé humaine dans les pays du Sud ● Collège Cité des Sciences L © dr WEB Penser la science, interroger le développement les pas des colonisateurs franỗais, pour le meilleur et pour le pire Aujourd’hui, un demi-siècle après Hiroshima, cette philosophie du Progrès a subi de rudes démentis dans les pays développés Du clonage aux OGM et au réchauffement de la planète, les débats sont vifs autour de l’impact économique, social et humain des progrès scientifiques et techniques amplifiés par l’industrie La démarche même de la science n’appart plus réductible sa caricature scientiste qu’on avait élaborée pour mieux l’adorer Du même coup, la question du rôle de la pensée scientifique et de la production des connaissances dans les pays dits en développement se trouve grande ouverte À ce titre au moins, un philosophe ne saurait s’en désintéresser et moins que tout autre un philosophe des sciences qui tente de dégager les présupposés et incidences philosophiques de la pensée scientifique D’autant que les dogmatismes institués se révèlent plus virulents que jamais et menacent de bloquer l’extension toujours émancipatrice de l’esprit de recherche dans ces pays comme dans les nôtres Pour un meilleur partage du savoir, l’IRD apporte son concours au « Collège », une initiative de la Cité des Sciences Paris a Cité des Sciences et de l’Industrie a créé le Collège pour fournir tout citoyen les connaissances fondamentales lui permettant de se former une opinion éclairée sur les sujets qui le concerne dans sa vie quotidienne Grâce des cycles de cours, conférences, séminaires, débats et colloques, le Collège offre la possibilité de rencontrer des chercheurs et de débattre des enjeux éthiques, juridiques et économiques de la recherche scientifique Cette saison l’accent est notamment mis sur les défis des sciences du vivant et de la santé et sur le souci de l’environnement et du développement L’IRD a été étroitement associé cette programmation Plusieurs chercheurs de l’Institut participent aux conférences et débats pour exposer leurs travaux et réflexions Le premier cycle de conférences auquel participe l’IRD en 2003 abordera les agricultures du monde, leur impact sur l’environnement, la nouvelle révolution agricole et le riz, aliment de base de la moitié de l’humanité La gestion des ressources en eau sera le thème de la deuxième série de conférences co-organisée avec l’IRD en février Il regroupera des conférences sur les rapports entre la quantité d’eau douce disponible et la variabilité climatique, sur l’accès l’eau en milieu urbain, sur le problème des inondations et des sécheresses et sur les enjeux géopolitiques liés l’eau Enfin en mai et juin l’IRD sera partenaire du dernier cycle de conférence de l’année sur Santé du Nord, santé du Sud ● Contact IRD Marie-Lise Sabrié sabrie@paris.ird.fr Prochaines conférences de chercheurs de l’IRD • Cycle agriculture et développement durable L’impact des activités agricoles sur l’environnement : quelles solutions écologiques ? Par Christian Floret, IRD, 14 janvier 18 h 30 Les défis du riz : aliment de base de la moitié de l’humanité Par Alain Capillon, CIRAD et Georges Courade, IRD, 28 janvier 18 h 30 Débat Les OGM peuvent-il nourrir le tiers monde ? avec Alain Weil, CIRAD ; Serge Hamon, IRD ; Bertrand Hervieu, INRA ; Alain Dini, Bayer CropSciense ; Brigitte Hermelin, Solagral et en visioconférence avec l’AUF Dakar en présence de Mme Yaye Kène Dia Gassama, UCAD ; et de MM Tidiane Ba (UCAD) ; Jacques Faye, consultant, et Ndiaga Mbaye, CORAF, 1er février de 14 h 18 h • Cycle Gérer l’or bleu : les hommes et l’eau douce Aurons-nous encore suffisamment d’eau douce demain ? par Pierre Ribstein, IRD, février 18 h 30 Inondation et sécheresse : quelle gestion de l’eau ? par Eric Servat et Jean-Marie Fritsch IRD, 25 février 18 h 30 Débat Vers un partage équitable des ressources en eau Avec Thierry Ruf, IRD ; Michel Desbordes, Institut des sciences de la terre, de l’eau, de l’espace (Montpellier) ; Marie-Pierre Grondin, Programme solidarité eau ; Anne Le Strat, Société Anonyme de Gestion des Eaux Paris ; Jean Vergnes, consultant, mars de 14 h 18 h Les cycles de conférences sont ouverts tous, dans la limite des places disponibles Tous les contenus des conférences sont restitués sous forme d’enregistrement audio et vidéo, sur le site internet : www.cite-sciences.fr/college ● Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 18 - janvier/février 2003 L’éthique est-elle universelle ? Les règles du Nord sont-elles différentes de celles du Sud ? Si l’on admet que l’éthique se définit comme la réflexion qui vise fonder en théorie le partage de ce qui est admis comme « bien » et ce qui est rejeté comme « mal », on doit admettre qu’il n’existe pas d’éthique universelle Il existe une universelle disposition humaine se poser ce genre de questions, mais une pluralité de réponses diverses – voire antagonistes – ces questions Ces réponses ont été plus ou moins thématisées et systématisées dans des corps de doctrines Le monde occidental a ainsi vu se succéder, se combiner ou au contraire s’affronter des doctrines diverses qui ont profondộment faỗonnộ les maniốres de vivre des êtres humains : des éthiques stoïciennes et épicuriennes aux éthiques chrétiennes (catholique, protestante et orthodoxe), aux éthiques utilitariste, libérale, socialiste ou naguère communiste Il va de soi que « le Sud » a assimilé une part de ces doctrines occidentales travers la formation de ses élites Que l’on pense pour ne prendre qu’un exemple au « teilhardisme » dans le Sénégal de Léopold Sédar Senghor Mais, elles ont dû composer avec les éthiques existantes, lesquelles ne sont pas moins diverses voire opposées entre elles dans ces pays que dans les nơtres Un dogmatisme de « l’universel », souvent de la meilleure intention, a pu être ressenti comme tyrannique, et en est venu faire perdre de vue ce qu’il y a de plus précieux dans la démarche scientifique : la construction et la rectification sans fin de connaissances objectives dont la coordination toujours plus forte et plus ample se révèle toujours plus féconde Une telle démarche nous permet de mtriser des processus naturels que nous pouvons, éventuellement, tourner notre avantage en accroissant la puissance des techniques dont nous disposons Elle nous affranchit de la peur de l’inconnu qui tend paralyser nos efforts intellectuels ; elle aiguise le goût de l’aventure auquel l’humanité doit ses plus grands exploits La même démarche nous invite nous détacher des absolus auxquels nous avons propension adhérer ; elle nous incite prendre pour objet de nos investigations la genèse même de ces absolus et les ressorts de la croyance qui nous y attache En tant que philosophe des sciences, quelle signification donnez-vous au terme de « Recherche pour le développement » ? La recherche pour le développement, telle qu’elle m’appart, ne peut être identifiée ce qu’on appelle une recherche appliquée ou finalisée, même si une part de l’activité des chercheurs de lIRD peut ộvidemment ờtre ainsi qualifiộe De faỗon générale, on peut la caractériser comme une recherche qui doit prendre un tour particulier du fait qu’elle se trouve impliquée dans le développement de pays qui ont grand besoin de susciter une recherche active par et pour euxmêmes C’est donc une recherche qui ne peut manquer de s’interroger chemin faisant sur le concept même de développement dans ce qu’il implique de téléologie souvent dissimulée Sur ce point, les sciences sociales et humaines peuvent être d’un puissant renfort pour la réflexion et la pratique des spécialistes des sciences dites dures Il me semble que l’IRD qui regroupe les uns et les autres peut ờtre un inestimable outil de transdisciplinaritộ bien conỗue Comment se fait le choix des domaines de réflexion pour le Comité ? De quelle manière le Comité consultatif de déontologie et d’éthique va-t-il travailler avec les chercheurs ? Le Comité s’est donné pour tâche première de réélaborer un « guide des bonnes pratiques » avec la participation des chercheurs J’ai fait appel tous dès mon intervention du 1er juillet 2002 devant les directeurs d’unité de recherche et de service Le Comité recueille les opinions et les contributions ; il va organiser des réunions sur le terrain Il va également solliciter des experts extérieurs aussi bien sur les questions fondamentales de philosophie morale que sur l’histoire très éclairante des relations de la France avec les pays de la zone intertropicale Il coopérera avec les Comités d’éthique des organismes qui ont des domaines d’intervention voisins (CIRAD, INRA…) Dans ce contexte, quelle différence faites-vous entre déontologie et éthique ? Il m’appart que les chercheurs de l’IRD rencontrent de nombreux problèmes de déontologie Ces problèmes ne mettent pas en cause le fondement des partages institués entre ce qui est admis comme « bien » et ce qui est rejeté comme « mal » Ces problèmes concernent bien plutôt la bonne application des règles de leur métier Avec l’aide de la Cellule Opérationnelle (Marie-Lise Sabriộ, Francis Kahn et Franỗois Simondon), et grõce l’attention vigilante de sa Chargée de mission, Marie-Christine Rebourcet, le Comité s’est donné pour règle de répondre aussi rapidement et précisément que possible aux sollicitations des chercheurs et, le cas échéant, si la question posée lui part présenter un caractère général, d’émettre un avis Quant aux interrogations proprement éthiques, elles doivent être traitées au cas par cas en tenant le plus grand compte des textes existants (grands textes internationaux, lois, avis du CCNE, etc.) aussi bien que des circonstances concrètes dans lesquelles elles se présentent ● En savoir plus Parmi les derniers livres de Dominique Lecourt, il est possible de citer La philosophie des sciences (Que sais je ?, PUF, 2001), la 11e édition augmentée de son premier ouvrage de 1969, L’épistémologie historique de Gaston Bachelard (Vrin, 2002) et la version poche du Dictionnaire d’histoire et philosophie des sciences partre aux PUF en 2003 Contact CCDE, Marie-Christine Rebourcet rebource@paris.ird.fr ... (Palestine) • Lauréats de la Bourse d’aide au développement : The Syrian Bride, de Eran Riklis (Israël) et l’Agneau d’Orient de Rachid Benhadj (Algérie-France) Sciences au Sud - Le journal de l’IRD... en Europe et faciliter leur accès aux réseaux et aux projets européens » La recherche franỗaise est plus largement prộsente au Chili grõce au programme Ecos -Sud, créé par le ministère des Affaires... politique gouvernementale concertée Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 17 - novembre/décembre 2002 L’initiative sénégalaise d’accès aux médicaments antirétroviraux Analyses économiques, sociales,

Ngày đăng: 03/11/2018, 12:48

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