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Journal Sciences au sud (IRD) N15

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Le journal de l'IRD n° 15 - mai/juin 2002 3,81 € - 25 F bimestriel Les incertitudes de la fécondité mondiale E d i t o r i a l La République et les chercheurs A u soir du premier tour de l’élection présidentielle, le 21 avril dernier, la France était saisie d’effroi en constatant que plus de millions de voix s’étaient portées sur un candidat l’élection présidentielle dont les idées et les projets étaient dominés par le rejet et l’exclusion Personne ne fut dupe au point de penser que l’ensemble de ces voix témoignaient d’une adhésion ces idées Ni d’ignorer le désarroi d’une partie non négligeable de la population qui, devant toutes les formes d’insécurité, vécues ou craintes, avait choisi ce vote extrême ! Mais les thèses de ce candidat s’en trouvaient d’autant renforcées Dans les jours qui ont suivi, la réaction et le sursaut furent vigoureux, avec de nombreuses prises de positions dans les cercles professionnels et sociaux, avec des foules de jeunes dans la rue Paris et dans les grandes villes de province et avec finalement un deuxième tour dont les résultats montraient sans ambiguùtộ l'attachement de plus des 4/5e des Franỗais qui avaient exprimé leur suffrage, aux valeurs fondatrices de la République La collectivitộ des chercheurs franỗais ne fut pas en reste : plusieurs milliers d'entre eux ont signé un texte proposé par les dirigeants des établissements publics de recherche et que la presse a largement repris L’ensemble des responsables et des chercheurs de l’IRD, conscients des missions qui leur sont confiées, attachent la plus grande importance un partenariat respectueux, équilibré et sans cesse renforcé avec leurs collègues des pays en développement afin de donner un plein essor la Science au Sud Le Comité de Direction de l’IRD Le Comité de direction se compose du président de l’IRD, du directeur général, du secrétaire général, des directeurs des départements scientifiques, du directeur des personnels, des directeurs des délégations aux relations internationales, l’Outre-mer, l’information et la communication et aux systèmes d’information Il s’assure de la cohérence des orientations scientifiques, administratives et financières de l’institut avec sa politique générale Il se réunit toutes les semaines M u s é e d u femme Les pays forte fécondité, enfants et plus par femme, sont pour la plupart situés en Afrique sub saharienne Leur fécondité est supposée décrtre d’un enfant par femme par décennie comme observé dans les autres pays en développement depuis les années 1970 Cette hypothèse conduit les deux tiers des pays d’Afrique sub saharienne 2,1 enfants par femme en 2050 et un tiers (15 pays) des niveaux supérieurs Enfin, les pays dont la fécondité est située entre moins de enfants et plus de 2,1 enfants par femme regroupent le reste du monde en développement, Remplacement, quel taux ? ongtemps les démographes ont supposé que la maợtrise de la fộconditộ conduisait ô spontanộment ằ toute population vers un « strict » taux de remplacement, c’est dire vers 2,1 enfants par femme Cette hypothèse est inexacte pour deux raisons D’abord, la fécondité de remplacement dépend des niveaux de mortalité Le 0,1 ajouté aux enfants par couple permet de compenser la mortalité avant l’âge reproductif (pour remplacer les parents) pour une espérance de vie la naissance de l’ordre de 70 ans Or dans la plupart des pays en développement la mortalité reste élevée et la fécondité de remplacement se situe plutôt entre 2,5 et enfants par femme, voire plus pour les populations très affectées par le sida Ensuite, depuis près de trente ans maintenant, la fécondité de la quasi totalité des pays dits “développés” est, et reste, inférieure 2,1 enfants par femme, et pour la période 1995-2000, on estime que 21 pays en développement ont déjà une fécondité égale ou inférieure 2,1 enfants par femme, parmi lesquels la Chine, la Corée, et Cuba ● L (suite page 3) Q u a i Sommaire B r a n l y Biens communs de l’humanité Tribune par Louis Perrois Depuis quelques mois, la querelle des “arts premiers” fait rage Le musée du Quai Branly, après l’éclat médiatique de l’exposition du Louvre, s’élabore discrètement tandis que les personnels du musée de l’Homme ont fait grève fin 2001 pour empêcher le transfert de “leur” collections dans les réserves du nouvel établissement Et les pays du Sud dont sont issues toutes ces merveilles, ne le oublie-t-on pas ? État des lieux © dr À l’IRD, un texte signé par les deux tiers des directeurs d’unités de recherche ou de service et rendu public par l’Agence France Presse, témoignait de la légitime préoccupation des chercheurs de l’Institut Soucieux de la menace qui pouvait peser sur la vocation d’un Institut tout entier orienté vers le développement, ils entendaient aussi, au nom de l’ensemble des chercheurs de l’Institut, faire savoir leurs partenaires des pays du Sud, inquiets et perplexes, leur hostilité absolue des idées où l’indifférence la solidarité internationale s’allie une opposition toute aide au développement L’ hypothèse faite jusqu’en 1998 par les Nations Unies d’une convergence des niveaux de fécondité de la quasi totalité des pays en développement vers 2,1 enfants par femme avant 2050 a été abandonnée (voir l’encadré) Les projections de population distinguent maintenant trois groupes pour lesquels des schémas différents d’évolution sont retenus Les pays faible fécondité comprennent l’ensemble des pays développés, mais aussi nombre de pays d’Asie de l’Est, du Moyen-Orient et de la Caraïbe Pour eux, la fécondité devrait, dans les décennies venir, rester comprise entre 2,1 et 1,7 enfants par © IRD/J.-P Guengant La fécondité de la plupart des pays en développement va-t-elle « tomber » rapidement sous la sacro-sainte valeur de 2,1 enfants par femme, censée assurer le remplacement des générations ? La question a été débattue New York du 11 au 14 mars 2002, lors d’une réunion d’experts organisée par la division de la Population des Nations Unies Jean-Pierre Guengant, démographe, représentant de l’IRD au Niger et au Bénin y présentait une communication sur les déterminants proches de la fécondité1 Témoignage L e musée du Quai Branly – communément et très improprement appelé musée des “arts premiers” puisque son contenu sera plutôt celui d’un musée de civilisationsdoit, pour avoir les meilleures chances de pérennité, prendre une forme muséographique qui va bien au-delà d’un simple musée d’art exotique, fut-il somptueusement installé dans un bâtiment futuriste au pied de la Tour Eiffel… Partageant l’opinion de beaucoup de collègues ethnologues et muséologues concernés par ces questions, je pense que le nouvel établissement doit d’abord et impérativement se démarquer de l’image par trop post-coloniale et de surcrt consumériste (liée la mode récente des arts premiers) qu’il véhicule encore, notamment dans la presse, conséquence laquelle il fallait s’attendre après l’exposition préliminaire du Pavillon des Sessions au musée du Louvre (mai 2000) où le souci de la beauté des formes a primé sans ambiguïté sur celui du sens des œuvres À cet égard, il semble que le départ prématuré de l’équipe du MQB, il y a quelques mois, de Maurice Godelier, anthropologue du CNRS et directeur du projet pour l’enseignement et la recherche, ait résulté du déséquilibre persistant entre les aspects muséologiques et scientifiques du dossier : le souci de montrer aurait, pour le moment, pris un peu trop le pas sur celui d’étudier et surtout d’expliquer Faux procès ou réalité? Trois “mondes” relier Au plan conceptuel, le musée a une place originale trouver qu’on peut situer équidistance raisonnable et critique de trois “mondes” qui, en un siècle d’incompréhension réciproque, en sont venus s’ignorer ou s’opposer carrément, mais entre lesquels il faudra bien rétablir des liens nécessaires et utiles, une sorte d’exploit que le musée de l’Homme n’avait manifestement pas même envisagé Le premier cercle est celui des musées d’ethnographie qui, dans un passé pas encore si lointain, étaient tous plus ou moins des musées de sciences naturelles repliés sur leurs collections anciennes de spécimens rapportés des colonies, reflétant dans leur propos teinté souvent d’un évolutionnisme latent, le déséquilibre des valeurs entre le Nord et le Sud – une conviction directement liée l’idéologie coloniale du XIXe siècle, qui, on le sait, opposait la “civilisation” des Blancs l’anarchie sans histoire et sans culture des “sauvages” Le frère ennemi, si l’on peut dire, est le milieu international de l’art tribal (les arts primitifs de jadis) où il reste largement de mise pour les collectionneurs du Nord, amateurs boulimiques de la beautộ ộtrange des chefs-duvre exotiques, dignorer de faỗon rộcurrente les sociétés du Sud qui les ont produits : c’est le monde des galeries, des experts (suite page Le paludisme, la mère et l’enfant Les femmes enceintes et les tout jeunes enfants sont particulièrement fragiles face au paludisme En Afrique et en Amérique latine, des chercheurs de l’IRD tentent d’en expliquer les raisons de faỗon proposer de nouveaux moyens de prévention et de lutte p Partenaires Les frontières actives de l’Europe p Avec le 6e programme cadre, la recherche européenne s’ouvre l’outre-mer La dengue inquiète le Brésil p La maladie de la dengue et sa version hémorragique, progressent rapidement Recherches Rejets gazeux industriels Dépolluer et recycler p Des traitements biologiques des effluents gazeux permettent d’éliminer ou de recycler certains polluants industriels Andes en croissance p Comment la Cordillère des Andes tremble, se déforme et s’élève Histoire Alcide d’Orbigny (1802-1857) Savant de terrain, encyclopédiste et homme engagé p 16 Celui qui, âgé seulement d’une vingtaine d’années, créa l’ordre des foraminifères, porta aussi sur les hommes et la nature d’Amérique du Sud un regard d’une grande modernité s i d a e n A f r i q u e Deux ans après le numéro spécial Sida en Afrique, Sciences au Sud fait le point sur les avancées en matière d’accès au traitement, avec des chercheurs en épidémiologie, anthropologie et virologie impliqués dans des programmes en Côte d’Ivoire et au Sénégal Dans les prochains numéros, nous reviendrons sur d’autres aspects de la lutte contre le sida En particulier sur la transmission mère-enfant du VIH, sur les versants épidémiologique et virologique 1999 Pourcentages estimés d'adultes (15-49 ans) infectés par le HIV 20 - 36% 10 - 20 % - 10 % 1-5% 0-1% Données indisponibles Le journal de l'IRD Sciences.au.sud@paris.ird.fr IRD - 213, rue La Fayette F - 75480 Paris cedex 10 Tel : 33 (0)1 48 03 77 77 Fax : 33 (0)1 48 03 08 29 http://www.ird.fr L e Programme national de lutte contre le Sida du Sénégal, grâce l’impulsion du Dr Ibra N’doye, a très tôt mis en place une initiative d’accès aux antirétroviraux Une action volontariste rendue possible grâce l’engagement de l’État sénégalais qui a assuré la prise en charge du coût des antirétroviraux une époque, encore récente, où les tarifs ne bénéficiaient pas de la large réduction du programme Access1 Pour l’accompagnement et l’évaluation de cette initiative, l’UR 36, en partenariat avec le PNLS (programme national de lutte contre le sida), le CHU de Fann et le CHU Le Dantec de Dakar, a développé des protocoles de recherche multidisciplinaires étudiant la fois les composantes bioclinique et sociale des traitements antirétroviraux Ces projets ont été financés par lANRS et le ministốre franỗais des Affaires ộtrangốres Outre leur valeur structurante (formation, développement d’outils de suivi clinique et d’aide l’observance), ces projets de recherches ont généré des données originales valeur d’exemple qui seront présentées la conférence internationale sur le sida qui se tiendra Barcelone du au 11 Juillet 2002 Les résultats ont permis, lors de réunions de consensus qui se sont tenues Dakar en octobre 2000 et Gorée en octobre 2001, d’actualiser les recommandations concernant les aspects biocliniques et sociaux des traitements antirétroviraux en Afrique Quels sont les principaux enseignements de ces études ? Le suivi bioclinique a montré que, dans un contexte africain, les résultats en termes d’efficacité et de tolérance de la trithérapie antirétrovirale étaient les mêmes que ceux obtenus dans les cohortes occidentales, alors que la nature des souches virales, le stade plus avancé de la maladie des patients suivis Dakar et un taux élevé de prévalence des virus des hépatites, entre autres, auraient pu être un obstacle ces bons rộsultats De faỗon tout fait surprenante, avec un recul de 30 mois, le taux d’apparition Directeur de la publication Jean-Pierre Muller Directrice de la rédaction Marie-Noëlle Favier Rédacteur en chef Olivier Dargouge (dargouge@paris.ird.fr) Comité éditorial Franỗoise Bellanger, Marianne Berthod, Jacques Boulốgue, Patrice Cayrộ, Jean-Michel Chassộriaux, Antoine Cornet, Yves Quéré, Anne Strauss, Hervé de Tricornot, Gérard Winter Rédacteurs rubrique Recherches : Marie-Lise Sabrié (sabrie@paris.ird.fr) Samuel Cordier rubrique Formations : Ariel Crozon (crozon@paris.ird.fr) rubrique Planète IRD Olivier Blot (blot@rio.net) Correspondants René Lechon (Montpellier), Bertrand Gobert (Brest), Jacqueline Thomas (Nouméa), Michel Fromaget et Abdoulaye Ann (Dakar) Ont collaboré ce numéro Marie-Agnès Bray Gladys Samson Simon Barthélémy Photos IRD – Indigo Base Claire Lissalde Danièle Cavanna Photogravure, Impression Jouve, 18, rue Saint-Denis, 75001 Paris - Tél : 01 44 76 54 40 ISSN : 1297-2258 Commission paritaire : 0904805335 Dépôt légal : juin 2002 Journal réalisé sur papier recyclé Campagne contre le sida réalisée par Apt Artworks, Afrique du Sud Dans le domaine de la prévention aussi des améliorations sont observées Ainsi,selon l’Onusida lors d’une récente enquête, 55 % des adolescentes sexuellement actives en Afrique du Sud indiquaient utiliser toujours un préservatif lors de rapport sexuel © IRD/E Deliry-Antheaume Actualités Succès de l’accès au traitement des mutations de résistances au traitement est faible (< 15 %) alors que des résultats alarmants provenant d’autres pays africains ne bénéficiant pas du même accompagnement clinique et social ont été enregistrés (> 60 % dans certaines études) Ces bons résultats sont la conséquence, en particulier, d’un niveau élevé d’observance Le rôle et l’impact de la participation financière des malades ont été étudiés selon des approches microéconomique et socio-anthropologique, complétées par une évaluation des montants des dépenses liées aux traitements, hors médicaments antirétroviraux Ces études montrent que les dépenses peuvent atteindre des niveaux élevés susceptibles de remettre en cause la capacité des individus respecter les prescriptions Les mécanismes mis en place pour réduire au minimum la contribution financière des patients l’achat de leur traitement ont joué un rôle majeur dans l’obtention et le maintien d’un bon niveau d’observance De plus, la mise en place de modalités de suivi rigoureux des patients et de conseil au moment de la dispensation mensuelle ont permis de dépister et traiter rapidement les interruptions du traitement Un des éléments essentiels la réussite du programme a été la régularité des approvisionnements en médicament, qui dépend la fois des modalités de gestion des stocks et de la régularité des financements Par ailleurs, la circulation des antirétroviraux hors programme est demeurée très limitée, Les sida dans le monde et en Afrique Q uarante millions de personnes vivent aujourd’hui avec le sida millions de nouveaux cas d’infection sont survenus en 2001, dont 3,4 millions en Afrique subsaharienne L’Onusida estime que 2,3 millions d’Africains sont morts du sida en 2001 Les sida dans le monde fin 2001 adultes et enfants vivants , avec le HIV prévalence du virus chez les adultes Afrique subsaharienne 28,1 millions Afrique du Nord et Moyen-Orient 440 000 Asie du Sud et du Sud-Est 6,1 millions Asie de l’Est et Pacifique million Amérique latine 1,4 million Caraïbes 420 000 Europe orientale et Asie centrale million Europe occidentale 560 000 Amérique du Nord 940 000 Australie et Nouvelle Zélande 15 000 8,4 0,2 0,6 0,1 0,5 2,2 0,5 0,3 0,6 0,1 TOTAL 1,2% 40 millions % % % % % % % % % % pourcentage de femmes parmi les séropositifs 55 40 35 20 30 50 20 25 20 10 % % % % % % % % % % 48% Des raisons d’espérer E n avril 2001 au Sommet de l’unité africaine sur le sida, les chefs d’État ont convenu de consacrer 15 % au moins de leurs budgets nationaux annuels l’amélioration du secteur de la santé, moins de pays avaient atteint ce niveau en 2000 Fin 2001, plus de 10 pays africains fournissaient une thérapie antirétrovirale aux personnes vivant avec le sida et 31 pays avaient élaboré un plan stratégique national sur le sida Source : Onusida Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 www.unaids.org probablement du fait du bon niveau d'accessibilité du programme, ouvert aux patients quels que soient leurs revenus et leur nationalité (le critère d’accès pris en compte étant celui de la résidence) L’efficacité bioclinique des traitements a permis la reprise du travail pour de nombreux patients, hommes et femmes, qui ont pu de nouveau assurer leur rôle, notamment auprès de leurs enfants, ce qui atteste de l’utilité sociale d’un tel programme ● C ô t e Contact Eric.Delaporte@mpl.ird.fr Initiative lancée en 2000, regroupant des organisations internationales et des laboratoires pharmaceutiques et ayant permis d’accorder une réduction de 80 95 % du prix des antirétroviraux aux pays africains d ’ I v o i r e L’Initiative Onusida et après ? par Philippe Mselatti et Laurent Vidal, A IRD vec environ million de personnes vivant avec le VIH, la Côte d’Ivoire est le pays d’Afrique de l’Ouest le plus touché par l’épidémie En novembre 1997, Onusida a annoncé le lancement de la phase pilote d’une “initiative” visant améliorer l’accès aux médicaments des personnes infectées par le VIH dans quatre pays dans le monde, dont la Côte d’Ivoire Avec l’accord du ministère de la Santé publique ivoirien, une évaluation de l’Initiative a été réalisée ; les aspects économiques, sociaux et comportementaux ont été confiés l’ANRS Une équipe multidisciplinaire de chercheurs en sciences sociales de l’IRD, de diverses institutions ivoiriennes, en collaboration avec l’Unité 379 de l’INSERM, ont alors réalisé une série d’études et effectué les constats suivants Tout d’abord, l’accès aux antirétroviraux (ARV) n’est pas la seule composante de l’Initiative et une focalisation première sur cette dimension a entrné une attention insuffisante, par exemple, l’accès aux traitements des infections opportunistes Par ailleurs, l’Initiative s’est alignée sur les critères médicaux d’accès aux ARV des pays du Nord de 1997, ce qui a “neutralisé” les facteurs médicaux d'éligibilité et donné forme une sélection des patients accordant un poids déterminant des critères extra-médicaux : ainsi des patients un stade avancé de la maladie se sont vu refuser un traitement subventionné pour des raisons d’incapacité financière Notons aussi que le délai de mise sous traitement est long et a été mal compris par des patients qui jugent l’ensemble de la procédure opaque Ces deux constats doivent conduire une meilleure définition des conditions d’accès aux traitements avec la possibilité d’envisager la gratuité des antirétroviraux pour les groupes les plus défavorisés L’Initiative a aussi été marquée par des “crises” entre la pharmacie de santé publique, dispensatrice des médicaments, et les centres accrédités où s’effectuent les prescriptions : avec pour conséquence des ruptures dans l’approvisionnement en ARV dont les premières victimes furent les patients, obligés d’interrompre leur traitement Malgré ces difficultés, l’Initiative a clairement démontré que les traitements peuvent être introduits dans les systèmes de santé africains et que les patients peuvent suivre ces traitements, contrairement certaines idộes reỗues lactif de lInitiative, il convient de signaler, d’une part, une baisse significative des prix des médicaments des infections opportunistes et, d’autre part, l’absence de mise en place de circuits parallèles de diffusion des médicaments Finalement par ses acquis et ses faiblesses, l’Initiative ivoirienne est porteuse de leỗons prộcieuses pour les autres programmes daccốs aux traitements du sida, depuis lors mis en place dans un certain nombre de pays d’Afrique, en particulier depuis la conférence de Durban en juillet 2000 Depuis 2001, l'Initiative est devenue une composante de l'accès aux soins du VIH en Côte d'Ivoire et s'est inscrite dans les services du nouveau ministère de Lutte contre le sida Un peu moins de 2000 personnes sont sous traitements ARV dont la moitié sont subventionnés, ce qui représente le plus grand nombre de patients subventionnés en Afrique Cependant ce nombre de patients demeure bloqué Les prix ont pu baisser encore en 2001 mais ils restent encore loin des prix actuels les plus bas pratiqués dans certains pays Le retrait de partenaires comme le Fonds de solidarité thérapeutique international, qui aidaient au subventionnement des médicaments pour certaines catégories de patients rend délicat l'élargissement de l'accès aux ARV un plus grand nombre de patients ● Contact Philippe.Msellat@newsup.univ-mrs.fr lvidal@mpl.ird.fr Une régulation lumineuse ! L es phytochromes sont des molécules photosensibles capables d’adopter deux conformations différentes, l’une active, l’autre passive, en fonction de l’éclairement Lorsqu’il est actif, ce système déclenche chez la plante des événements biochimiques qui contrôlent différentes phases de son développem e n t , comme la germination, la floraison ou l’élongation des tiges Récemment, des chercheurs de l’IRD et du CEA, en collaboration avec le CNRS ont identifié un phytochrome chez deux bactéries photosynthétiques très proches phylogénétiquement En exposant les cellules de l’une de ces bactéries, Bradyrhizobium, diffộrentes intensitộs lumineuses, les chercheurs se sont aperỗu que l’appareil photosynthét i q u e bactérien ne se constituait que sous lumière infra-rouge Ils ont démontré que, sous cette lon- © IRD/LSTM Des colonies de la bactérie photosynthétique Bradyrhizobium ORS278, chez laquelle le rôle des phytochromes a été étudié Les bactéries, Bradyrhizobium, se développent dans les nodules de la tige de Aeschynomene sensitiva sous une couche de cellules chlorophylliennes qui ne laissent passer que la lumière infra-rouge Elles mettent en place leur photosystème grâce l’action du phytochrome Contact Eric Giraud eric.giraud@mpl.ird.fr Phytochrome controls the photosystem synthesis in anoxygenic bacteria Nature, mai 2002 va de même dans les pays où, après des baisses rapides, la fécondité semble se stabiliser autour de enfants ou plus par femme (Bangladesh, Inde, Indonésie, Égypte, Pérou, Kenya) La diminution de la population mondiale n’est donc pas pour demain Autre quasi certitude, une proportion croissante de la population vivra en milieu urbain, milieu qu’il faudra aménager, assainir, organiser Enfin, même 50 ans d’échéance, il restera des pays pauvres forte fécondité Si ceux-ci ne comptent actuellement que pour 10 % de la population mondiale, il est vraisemblable qu’ils en représenteront le double en 2050, évolution exactement inverse celle que conntront les pays dits “développés” qui, de près de 20 % actuellement, risquent de tomber 10 % peine de la population mondiale en 2050 ● © IRD/J.-P Guengant soit plus de 40 % de la population mondiale Pour ces pays, en l’absence d’éléments, ou d’imagination, il est encore postulé que la baisse de fécondité s’arrêtera au seuil « fatidique » de 2,1 enfants par femme Ces projections posent plusieurs problèmes importants imbriqués les uns aux autres D’abord celui de la convergence des comportements, en matière de fécondité, mais aussi en matière d’utilisation de la contraception, de recours l’avortement et de fréquence du mariage, toutes variables qui déterminent les niveaux de fécondité Y aura-t-il globalisation et homogénéisation des comportements ou, au contraire, la « mondialisation » se traduira-t-elle par des écarts, des différences, des conflits, de plus en plus importants entre pays, cause, par exemple, des difficultés d’accès la santé et l’éducation ? Se pose ensuite un problème de lisibilité La multiplication des hypothèses et des schémas d’évolution rend les projections de population et leurs résultats plus difficiles comprendre pour les utilisateurs Elle est de nature « brouiller les messages » Il serait par exemple dommage que l’intérêt pour les problèmes de population se limitât la décroissance démographique et au vieillissement, alors que de nombreux pays, notamment en Afrique, se trouvent dans une situation exactement inverse Plusieurs suggestions ont été faites pour le prochain exercice de projections Parmi elles, notons l’idée de travailler sur des rythmes de décroissance de la fécondité (qui semblent se ralentir) plutôt que sur des niveaux ; celle de vérifier la vraisemblance entre les niveaux futurs de fécondité et la valeur des déterminants proches (utilisation de la contraception, recours l’avortement, fréquence des mariages) ; celles enfin, de prendre en compte des modèles régionaux de fécondité Au milieu des interrogations, il reste quand même quelques certitudes D’abord, même s’il n’est pas exclu que la fécondité tombe sous le niveau de remplacement dans de nombreux pays (Brésil, Mexique, Iran, Tunisie…), leur population, du fait de son extrême jeunesse, continuera augmenter fortement dans les décennies venir Il en Les océanographes de l’IRD ont observé des augmentations anormales de températures dans le Pacifique Appliqué cette situation, le modèle de prévision développé par les chercheurs annonce un réchauffement des eaux du Pacifique tropical qui pourrait correspondre au retour d’El Niño1 Depuis plus de deux mois, les océanographes de l’IRD sont sur le qui-vive En effet, en décembre 2001, peu après Noël, un coup de vent d’ouest de forte intensité a été observé dans le Pacifique équatorial ouest Perturbant profondément l’équilibre de l’océan dans le Pacifique tropical, ce phénomène initie peut-être le premier El Niño du siècle Le coup de vent a duré environ 10 jours et a entrné une augmentation de la température sous la surface de l’océan Ainsi, une anomalie de température de plus de °C a été mesurée 150 m de profondeur dans le Pacifique central Depuis début janvier, cette anomalie s’est propagée vers les côtes de l’Amérique du Sud en se rapprochant de la surface Aujourd’hui, la température de surface de la mer dans l’est du Pacifique atteint plus de 27,5 °C (soit plus de °C au dessus de la normale) alors qu’au même moment des vents d’ouest de forte intensité ont repris, entrnant potentiellement le système dans un cycle El Niño cette bactérie de six copies de phytochromes différentes Un premier résultat encourageant pour analyser la fonction et le mode d’action des phytochromes en général ● Les incertitudes de la fécondité mondiale (suite de la page 1) El Niño, le retour? Enfin, les études sur les phytochromes bactériens devraient permettre de mieux comprendre les mécanismes de ces capteurs de lumière chez les plantes Les chercheurs travaillent actuellement sur Rhodopseudomonas palustris, l’autre bactérie photosynthétique pourvue de phytochromes Le rộcent sộquenỗage de son gộnome a révélé la présence exceptionnelle chez Contact Jean-Pierre Guengant guengant@ird.ne Trois autres dộmographes franỗais, Thộrốse Locoh et Y Courbage de l’INED, et María Eugenia Cosío-Zavala de l’université de Paris X-Nanterre ont également présenté des communications Les textes sont consultables sur http://www.un.org/esa/population/publications/completingfertility/completingfertility.htm Prévision des anomalies de température et de vent par rapport la normale pour août 2002 dans le Pacifique tropical Le modèle de prévision utilisé a été initialisé par des mesures effectuées en février La zone orange correspond une anomalie de plus 2,5 °C Les chercheurs du LEGOS2/IRD (ToulouseNouméa), en collaboration avec une équipe de météorologues russes, ont développé un modèle simplifié de prévision Au regard du phénomène El Niño de très forte amplitude de 1997-1998 (Dewitte et al., 2002), ce modèle a montré des capacités de prévisions très encourageantes Appliqué la situation récente, il permet de prévoir un réchauffement du Pacifique tropical de l’ordre de °C en surface pour l’année 2002 Cette augmentation de température correspondrait des conditions El Niño d’amplitude moyenne forte Si ce scénario se confirme, des conditions climatiques sèches pourraient être observées en 2002 sur le secteur du Pacifique sudouest (Australie-Mélanésie) ● Contact boris.dewitte@noumea.ird.nc El Niño est un phénomène climatique qui appart tous les trois cinq ans Il correspond au réchauffement des eaux de surface dans le Pacifique tropical Est et peut perturber le climat mondial pendant plusieurs mois LEGOS : Laboratoire d’Études en Géophysique et Océanographie Spatiales WEB Modèle du LEGOS : www.ird.nc/ECOP/ forecasts/bulletinfv.html autres modèles : http://grads.iges.org/ellfb/ Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Actualités Une équipe associant l’IRD, le CEA et le CNRS, vient de publier dans la revue Nature les résultats de leurs travaux sur le fonctionnement des phytochromes chez les bactéries, véritables interrupteurs lumineux qui jouent un rôle essentiel dans le développement des végétaux L’identification de ces photorecepteurs chez des bactéries, organismes simples et génétiquement modifiables, devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes généraux de fonctionnement des phytochromes chez les plantes, actuellement peu connus gueur d’onde, le phytochrome adopte sa forme active et favorise l’expression des gènes photosynthétiques de la bactérie En effet, il interagit avec une protéine connue pour bloquer la transcription des gènes photosynthétiques Il empêche ainsi la protéine d’exercer son action répressive et permet aux gènes codant l’appareil photosynthétique de s’exprimer À partir de ce modốle, les scientifiques ont conỗu un systốme de régulation de l’expression des gènes par la lumière qui fait l’objet d’un brevet, car les applications en biologie moléculaire peuvent être nombreuses Contrairement aux systèmes actuels d’induction et de répression des gènes, ce nouvel outil présenterait l’avantage d’être souple, car la lumière est un paramètre parfaitement mtrisé, réversible et de ne pas avoir d’effets secondaires sur l’organisme Les chercheurs se demandent pourquoi Bradyrhizobium est dotée d’un phytochrome, alors que d’autres bactéries également photosynthétiques en sont dépourvues Le système de régulation de la photosynthèse par le phytochrome de la bactérie Bradyrhizobium lui donnerait la possibilité de vivre en symbiose avec la légumineuse Aeschynomene En effet, Bradyrhizobium se développe sur la tige de la plante, sous une couche de cellules chlorophylliennes qui ne laissent passer que la lumière infra-rouge Ce système permettrait alors la bactérie de mettre en place son appareil photosynthétique, spécifiquement durant cette association avec la plante © IRD/LSTM G é n é t i q u e Neige sur le Mont Liban vers 000 m d’altitude Sclérochronologie franco-brésilienne Dans le cadre de la convention entre le Conselho Nacional de Desenvolvimiento Científico e Tecnológico brésilien et l’IRD, l’unité de service Schlérochronologie des animaux aquatiques1 (Sana) dirigée par Éric Morize Brest démarre un projet de collaboration avec le laboratoire Dynamique des populations marines (Dimar) de l'université de Pernambuco, sur l’étude de l’âge et de la croissance des poissons marins tropicaux de la côte brésilienne Plusieurs espèces (des carangues, un rouget, le thon jaune et une espèce de sardine) ont été identifiées comme prioritaires Selon l’espèce, l’accent sera mis sur la périodicité de formation des marques de croissance sur les otolithes2 (rouget, carangues), et sur les microstructures journalières (thon, carangues) Le Dimar, fort de chercheurs et dirigé par Rosangela Paula Lessa, participe au programme d’évaluation du potentiel de ressources vivantes de la zone économique exclusive brésilienne (programme Revizee) Le projet de collaboration Sana/Dimar fait suite une bourse accordée en 2002 un étudiant brésilien accueilli Brest ● Contact Eric Morize Emorize@ird.fr Voir Sciences au Sud n° 10 p Particules minérales de l’oreille interne Le 12 mars dernier, Wajdi Najem, doyen de la faculté d’ingénierie de l’université Saint-Joseph (USJ) de Beyrouth, Liban, rendait visite Jean-Franỗois Girard, prộsident de lIRD, une occasion pour Sciences au Sud d’évoquer avec lui les partenariats en hydrologie L a faculté d’ingénierie de l’USJ de Beyrouth a mis en place en 1996 un DEA en sciences de l’eau « Ce DEA a une vocation régionale et 50 % des experts qui enseignent proviennent de l’université de Montpellier, d’Avignon, de Paris VI et de l’IRD » Toutes les thốses se dộroulent en co-tutelle avec une universitộ franỗaise Les étudiants sont accueillis au Centre Régional de l’Eau et de l’Environnement (CREEN), dirigé par Wajdi Najem et créé en même temps que le DEA grâce l’aide de la France pour la reconstruction du Liban « Les objectifs du Centre sont d’assurer la formation initiale et continue de spécialistes, de proposer des enseignements spécifiques aux personnels des organismes et ministères, de conduire des recherches régionales et de fournir des experts » Wajdi Najem assure personnellement la coordination du thème Modélisation pluie-débit dans le cadre du projet hydrologique international FriendAmhy Il est aussi membre de l’UMR Hydroscience dirigée par Eric Servat Montpellier « Un étudiant, dont je co-dirige la thèse avec Eric Servat travaille sur un projet de modélisation pluie-débit spécifique au climat méditerranéen Bénéficiaire d’une bourse du département Soutien et formation de l’IRD, il a présenté une partie de ses résultats lors de la dernière réunion FriendAmhy en Afrique du Sud » Le CREEN participe également, en partenariat avec Marc Morell de l’IRD, au réseau d’observatoires Medhycos de l’Organisation météorologique mondiale En 2001, un accord cadre a été signé entre l’université Saint-Joseph et l’IRD, suivi par la mise en place d’une convention de recherche avec l’UR Ambre dirigée par Jean Albergel, ce qui a permis une seconde affectation de l’hydrologue Jean-Olivier Job, directeur adjoint du CREEN depuis 1998 « Dans le cadre de cette convention de recherche, nous travaillons sur les signatures isotopiques des pluies, ce qui devrait permettre â IRD/J.-O Job Wadji Najem et Jean-Franỗois Girard dộtudier lộvolution climatique dans les milieux karstiques, et l’humidité dans les sols Une thèse en co-tutelle avec l’Université d’Avignon est en cours Nous avons également une collaboration avec Marc Lointier de l’US Espace pour la reconnaissance du couvert neigeux et de l’humidité des sols par télédétection et imagerie radar » En décembre prochain, l’USJ, en partenariat avec l’IRD et sous le patronage de l’Association Internationale des Sciences Hydrologiques (AISH) organise un séminaire international sur l’Hydrologie nivale en Méditerranée « Depuis trois ans, nous poursuivons des recherches soutenues par l’Ambassade de France sur l’étude de la couverture neigeuse au Liban et sa contribution au régime hydrologique des fleuves côtiers C’est une ressource importante (10 15 % de la pluie qui tombe sur le mont Liban peut-être immobilisée sous forme de neige) mais sur laquelle aucune étude n’a été faite jusqu’à présent Nous avons obtenu des résultats très intéressants que nous voulons, avec ce séminaire, comparer avec ceux d’autres pays méditerranéens » A lissue de leur rencontre, JeanFranỗois Girard a suggộrộ quune rộunion de concertation avec les partenaires libanais soit organisée l’automne prochain l’occasion du Sommet de la francophonie Beyrouth ● Contact Jean-Olivier Job Jojob@usj.edu.lb Creen@usj.edu.lb www.usj.edu.lb Biens communs de l’humanité (suite de la page 1) et des objets d’art, un milieu parfois déconcertant mais qu’on ne peut pas persister ignorer N’oublions pas que les “arts nègres” ont été reconnus par des artistes et des poètes devenus collectionneurs bien avant d’être étudiés en détail par quelques téméraires ethnologues et conservateurs de musée Le dernier univers mettre en relation utile et positive avec les deux précédents est celui des savants où, remarquons-le, les études scientifiques des spécialistes du Nord peinent encore rendre compte de faỗon satisfaisante des cultures complexes et des systèmes d’expression, pour ne rien dire des arts, d’Afrique, d’Océanie, d’Asie ou des Amériques Gageons que cette conjugaison de contraires ne sera pas facile ! Des patrimoines partager Un des moyens d’y parvenir cependant est de développer avec courage et détermination – car ce n’est pas si évident qu’il y part – une politique de coopération patrimoniale avec les États dont sont issus les objets présentés Pour construire la légitimité institutionnelle d’un établissement voué aux arts et civilisations du monde non-occidental mais installé dans une capitale occidentale, le musée du Quai Branly devrait en effet, au plan des patrimoines, se considérer en “indivision culturelle et scientifique” avec toutes les communautés dont il prétend vouloir révéler les trésors au public Ses lieux d’exposition, d’étude et de conservation pourraient être aussi ceux des pays concernés, animés sans complaisance avec une même exigence de rigueur scientifique Il ne s’agit plus d’exhiber des butins coloniaux ou des trouvailles sorties plus ou moins clandestinement de leur pays d’origine (autrefois ou plus récemment) et devenues inaliénables mais de partager dans une perspective humaniste Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 équilibrée, empreinte d’un réel souci de comprộhension rộciproque, un hộritage qui dune certaine faỗon nous est désormais commun, du fait même de sa reconnaissance planétaire (découverte, étude, exposition) Une stratégie réaliste pour échapper aux aléas sournois des rapports Nord-Sud pourrait être de conjuguer étroitement des cheminements novateurs, d’objectifs convergents : en tout premier lieu, une caractérisation scientifique des collections existantes en France et en Europe (inventaires exhaustifs) en vue d’une connaissance accrue des réalités présenter; ensuite, le renforcement des recherches culturelles et historiques mener dans les pays partenaires concernés en vue d’une analyse partagée des patrimoines de ces régions (des travaux dont les résultats seront vite la pierre d’angle et la force même du futur musée, en tant que sources nouvelles de connaissances) ; enfin, la mise en œuvre au profit commun des publics du Nord et du Sud, d’actions interactives de muséographie et de communication scientifique révélant sur des supports variés l’essentiel des acquis nouveaux de ces recherches La réalisation de ces objectifs demande, non seulement un aménagement institutionnel particulier (c’est fait, l’Etablissement public du musée du Quai Branly existe juridiquement, il est organisé, il est dirigé) et immobilier (c’est en cours, le ‘programme’ est fixé et les travaux ont commencé sur le chantier en bord de Seine), mais aussi la mise en étude des collections (là, il faudra encore du temps car il y a plus de 350000 objets traiter…) À remarquer que cette tâche capitale implique au plus vite le recrutement et la formation spécialisée de personnels, notamment scientifiques, car l’évidence, il ne reste que fort peu de ressources humaines issues des anciennes structures destinées s’intégrer ce © Musée d’ethnographie, Neuchâtel, Suisse L'École d’horticulture de Chott Mériem déploie ses serres expérimentales dans un espace soustrait l'immense complexe touristique de la ville de Sousse en Tunisie Le parfum délicieux des fleurs d’oranger en ce printemps 2002 ne fait pas oublier les inquiétudes devant la sécheresse qui frappe la région pour la troisième année consécutive C’est dans ce cadre que s’est tenue l’École de biologie moléculaire de Sousse, du 25 au 29 mars 2002, sous la responsabilité des Prs Ben Hamouda et Boussetta, mobilisant une équipe pédagogique franco-tunisienne et le personnel local, pour une intense initiation aux manipulations les plus récentes en biologie moléculaire En une semaine, grâce une préparation minutieuse, vingt-quatre étudiants venus de plusieurs institutions maghrébines se sont initiés la préparation de l’ADN, l’amplification et au clonage des gènes La motivation de tous, l’urgence de faire vite et bien dans le temps court imparti ont contribué faire de cette école une expérience humaine inoubliable pour les participants Mais il est possible, comme pour le gène ! de l’amplifier et de la reproduire ailleurs, au pourtour de la Méditerranée, au Moyen-Orient ou en Afrique subsaharienne, par exemple La formation d’un réseau est en cours, dans lequel les étudiants d’hier seraient les enseignants daujourdhui Lẫcole a comportộ des bộnộfices insoupỗonnộs La démonstration que la biologie moléculaire, si elle exige une attention minutieuse au détail des manips, n’a rien d’inaccessible, est en effet une prộcieuse leỗon qui ne risque pas dờtre oubliộe Les étudiants ont pu amorcer ou consolider des recherches personnelles sur leur propre matériel de thèse La réflexion sur l’adaptation des TP aux conditions locales, la sélection des étapes les plus instructives pour atteindre un objectif scientifique ont valeur formatrice Comme le suggère avec malice Mohammed Amiche, président d’« Algébio », ces travaux pratiques pourraient bien leur tour servir de modốle aux TP de luniversitộ franỗaise Pluies et neiges au Liban © IRD/O Dargouge Partenaires Une serre pour les jeunes chercheurs « Féticheur » Fang de la société initiatique du Ngil, il porte un masque de type Okoukwé ou Okouyi des Galoa, population en contact avec les Fang, photographié par le R.P Trilles en 1903 grand musée, pour assurer le fonctionnement optimal de tous les services et laboratoires –cela faute d’un recrutement suffisant et régulier d’ethnologues et archéologues chercheurs, universitaires et conservateurs, depuis vingt ans Ce problème crucial, signalé aux instances politiques concernées par tous les experts consultés dès 1995, semble encore instruire dans les faits touristes et passionnés - sous des formes diverses sollicitant la fois la sensibilité et la curiosité, contribuera certainement une meilleure compréhension inter-culturelle, ce dont l’évidence le monde d’aujourd’hui a grand besoin : le public bien sûr, restera in fine seul mtre de ses opinions et de ses gỏts, mais au moins, il aura eu des éléments pour découvrir, comprendre et s’émerveiller ● Le pari d’informer Le pari de ce musée du XXIè siècle, lieu de restitution d’une humanité extraeuropéenne encore trop mal connue dans sa réelle diversité, sa richesse d’expressions, ses contrastes et son histoire spécifique, doit être celui d’une information scientifique raisonnée Celle-ci, mise disposition de tous – jeunes et adultes, Louis Perrois, ethnologue spécialiste des arts d’Afrique noire, a été chercheur l’Orstom où il a dirigé pendant plusieurs années la Délégation l’information scientifique et technique Contact Louis Perrois perrois@club-internet.fr Le pôle Universitaire de Guyane et Biorup Nouvelle Calédonie Tuvalu Platier récifale de l’ỵle de Nui Les frontières actives de l’Europe T identifier les programmes qui pourraient prendre une dimension européenne et bénéficier des « projets intégrés » ou des « réseaux d’excellence » qui se mettront en place avec le 6e programme cadre au début de 2003.1 À titre d’exemple, des réseaux d’excellence possibles ont été identifiés dans le domaine de la dynamique des eaux souterraines ou de la dépollution dans les milieux îliens tropicaux et européens De même, les savoir-faire acquis dans les Dom-Tom en paléoclimatologie et sur les énergies renouvelables pourraient être étendus au continent européen Les risques naturels et le volcanisme constituent également un exemple de réseau d’excellence rapidement mobilisable Trois projets en cours ont été mis en avant plusieurs reprises, par le ministre de la Recherche et le secrétaire d’État l’Outre-mer, comme des exemples d’initiativess développer dans le cadre européen : le pôle universitaire de Guyane, l’observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (créé par décret du mars 2002) et le projet Biorup (voir ci-contre) Mais les régions ultra périphériques de l’Europe ne sont pas les seuls Dom-Tom franỗais et des reprộsentants britanniques, danois, espagnols et portugais ont également participé aux rencontres et évoqué les recherches conduites, au Groenland, en Antarctique, aux Aỗores ou aux Canaries Les Aỗores reprộsentent, par exemple, un laboratoire particuliốrement bien situé d’étude de la vie dans les conditions extrêmes des écosystèmes profonds de la ride médio-atlantique Mais, face cet enthousiasme pour les régions ultra-périphériques, Georges Negouai, conseiller régional de Martinique, s’interroge, exemples l’appui : « Pourquoi tant de recherches depuis un siècle n’ont-elles pratiquement pas stimulé l’économie de la Martinique ? Ne va-t-on pas faire de ma région une simple vitrine présentoir ? La gestion du dossier du chômage qui touche 30 % de la population nous oblige une certaine exigence », conclut-il Questions auxquelles l’IRD essaie de donner une réponse en travaillant en étroite liaison avec les collectivités locales : la création du Pôle de recherche agronomique de la Martinique (PRAM) en est un exemple Prochain rendez-vous, la conférence sur la recherche dans les régions ultra-périphériques organisée les 24 et 25 juin prochains par la présidence espagnole de l’Union européenne aux Canaries ● Contact Dom@paris.ird.fr En matière de région ultra-périphérique comme dans les autres domaines de recherche, la commission européenne lancé un appel manifestations d’intérêt pour ces nouveaux instruments jusqu’au juin 2002 http: //www.cordis.lu/fp6/eoi-instruments/ Un colloque international sur l’eau en 2003 Un virus contre lequel il n’existe ni vaccin ni traitement, un vecteur qui s’adapte tous les milieux… la maladie de la dengue et sa version hộmorragique progressent de faỗon inquiétante au Brésil A vec 940 cas en janvier et février 2002 (contre 51 en 2000 et 675 en 2001), la dengue hémorragique (DH) se propage au Brésil L’État de Rio de Janeiro demeure le foyer principal (826 cas) de cette forme maligne de la maladie, qui provoque de graves lésions internes (dans les systèmes digestif et circulatoire), pouvant entrner la mort Mais l’épidémie se manifeste désormais partout, conférant au moustique Aedes aegypti, vecteur des virus de la dengue et de la fièvre jaune, l’allure d’un fléau national La dengue hémorragique se déclenche probablement chez les malades ayant déjà été infectés par l’un des quatre sérotypes connus de virus Deux d’entre eux (DEN et DEN 2) étaient déjà en circulation au Brésil L’apparition récente du sérotype dans le pays rend donc critique l’épidémie de dengue « classique » (près de 400 000 cas en 2001) « Comme pour le sida, c’est le système immunologique qui provoque les symptômes de la DH La mise au point d’un vaccin et d’un trai- tement spécifique est donc très difficile », indique le docteur Antonio Chaib, virologue au Laboratoire d'analyses du Secrétariat de la Santé du District Fédéral (LACEN) En partenariat avec l’IRD, le LACEN tâche d’identifier les génotypes des virus DEN et 3, ainsi que les conditions favorisant leur développement chez le moustique (influences du milieu et du climat) « Aedes dispose d’une étonnante plasticité génétique qui lui permet de s’adapter aux environnements urbains ou de développer des résistances aux insecticides » estime Nicolas Degallier, de l’UR 034 de l’IRD, Maladies Virales Emergentes et Systèmes d'Information Les autorités sanitaires brésiliennes testent l’utilisation de larvicides biologiques (hormones juvéniles, bactéries), efficaces mais encore coûteux La dengue se développe surtout dans les quartiers forte densité de populations, aux conditions sociales et sanitaires précaires « L’an dernier, la moitié des malades déclarés du District Fédéral habitaient l’Estrutural [bidonville des environs de Brasilia] », souligne Maria Socorro, vétérinaire la Direction de la Surveillance de l’Environnement (DIVAL) « La plupart des habitants vivent du recyclage des ordures, ils ne jettent pas les pneus usagés, les canettes, tous ces déchets qui retiennent l’eau et où le moustique prolifère De plus, faute d’accès au réseau, ils stockent de l’eau dans des réservoirs l’air libre » Les facteurs socio-culturels du développement de l’épidémie sont l’objet des travaux de sociologues de l’université de Brasilia, en partenariat avec l’IRD, afin d’améliorer les mesures préventives IRD-Brésil : 19 ans de coopération scientifique pour l’étude des arbovirus éalisé par les chercheurs de l’IRD, Nicolas Dégallier, Bernard Mondet et Jean-Pierre Hervé, en collaboration avec des équipes brésiliennes, ce cédérom fait le point sur l'écologie de la fièvre jaune, de la dengue et d'autres arboviroses amazoniennes, ainsi que sur la bioécologie de leurs vecteurs (des moustiques Haemagogus et Aedes) Facile consulter, il présente de nombreux documents (tableaux de données, photos, bibliographie) et une partie méthodologique sur la recherche en entomologie médicale, discipline peu enseignée, notamment au Brésil Le contenu du cộdộrom (en franỗais et portugais) est disponible sur internet : http://www.ird.org.br/DEBUT.HTM Il peut également être envoyé sur simple demande la Représentation de l’IRD au Brésil : isc.ird@apis.com.br ● R © IRD/S Barthelemy La dengue inquiète le Brésil « On recherche José Serra » : au Forum Social de Porto Alegre, un militant interpelle le candidat la présidentielle, alors encore ministre de la Santé sur sa politique contre l’épidémie de dengue En l’absence de vaccin et de traitement spécifique, il est indispensable de diagnostiquer le plus précocement possible les cas de dengue, afin d'éviter l'apparition des formes graves Le ministère de la Santé a donc entrepris de décentraliser la lutte avec notamment la création de laboratoires d’analyse et d’unités de vigilance épidémiologique dans chaque État Les chercheurs de l’IRD ont contribué la formation des nouveaux responsables locaux Ils travaillent également la réalisation d’un système de diagnostic en ligne de la dengue et des autres fièvres, qui sera la disposition de tous ● les professionnels de santé Un colloque international « Hydrologie des Régions Méditerranéennes et Semi-Arides » se tiendra du 1er au avril 2003 Montpellier La Conférence souhaite rassembler les équipes de scientifiques qui, tout autour de la planète, travaillent la compréhension des phénomènes hydrologiques enregistrés sous ces climats Les régions méditerranéennes et semi-arides, naturellement fragiles, ont subi la fois des fluctuations climatiques importantes (par exemple les sécheresses du Sahel ou du Nordeste brésilien) et une emprise accentuée de l’homme la recherche de nouvelles terres cultivables Ces régions se caractérisent par des ressources en eau très inégalement réparties, ce qui constitue parfois un frein au développement et, par endroits, un véritable enjeu politique Lieu d’échange et de confrontation, cette conférence se propose de faire le bilan des connaissances sur le fonctionnement, l’utilisation et l’évolution de ces écosystèmes, sous la double contrainte du climat et de l’homme ● Contact Eric Servat, IRD eric.servat@msem.univ-montp2.fr WEB Informations et formulaire d’inscription www.mpl.ird.fr/montpellier 2003 Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Partenaires O u t r e - m e r ous les ộtablissements franỗais qui conduisent des recherches ou sont implantés outre-mer étaient représentés, mais également la Commission européenne, qui apportait son soutien la manifestation À l’heure de la construction d’un « espace européen de la recherche », dont Philippe Busquin, commissaire chargé de la recherche, est venu présenter la philosophie, les rencontres avaient un objectif opérationnel clair : repousser les « frontières actives » de cet espace jusqu’à ces régions ultra-périphériques de l’Europe que sont les départements et territoires d’outre-mer Au cours de sept ateliers thématiques (ressources naturelles, eaux, énergies ; Biodiversité, environnement ; risques naturels, vulcanologie ; innovation et formation ; hommes et sociétés, santé ; agriculture, aquaculture ; recherche spatiale), les chercheurs et représentants de l’outre-Mer étaient invités omposante de l’université des Antilles et de la Guyane, le projet de Pôle Universitaire de Guyane est un groupement d’intérêt public (GIP) entre l’État, l’université de la Guyane et des Antilles, l’IUFM de Guyane, la Région Guyane et les établissements de recherche Situé au cœur de la seule forêt tropicale appartenant un pays européen, ce pôle de recherche-formation en cours de constitution pourrait bénéficier de l’article 169 du Traité de l’Union qui prévoit la mise en œuvre de programmes conjoints, dans le but d’obtenir une valeur ajoutée européenne Présenté prochainement la Commission européenne dans le cadre de l’article 169 pour le 6e PCRD, Biorup est un projet du groupement C3I (Cirad, Inra, Ifremer, IRD) sur la connaissance et la gestion de la biodiversité des systèmes insulaires dans les régions ultra-périphériques de l’Europe Outre la France, l’Espagne, avec les Canaries, et le Portugal, avec Madốre et les Aỗores, sont concernộs et impliquộs dans le consortium Biorup L’objectif général du projet est de comprendre les éléments impliqués dans le conflit entre la conservation de la biodiversité et les activités humaines pour proposer des pratiques alternatives de gestion dans des écosystèmes fragiles ● C © IRD/G Cabioch Avec le 6e programme cadre, la recherche européenne s’ouvre résolument l’outre-mer, un enjeu important comme en témoigne la présence de 240 participants aux premières rencontres de la recherche Outre-mer organisées les et mars 2002 par le secrétariat d’État l’Outremer et le ministère de la Recherche Le centre de Mexico, l’une des villes les plus polluées au monde, tôt le matin (A) puis plus tard dans la journée (B) On peut remarquer l’envahissement de l’atmosphère par les gaz d’échappement des véhicules et les rejets industriels A B Recherches En zone intertropicale, les distilleries d’alcool de canne sucre rejettent de grandes quantités de composés organiques volatils polluants, principalement de l’éthanol À Cuba, on estime que 600 tonnes d’éthanol sont rejetées dans l’atmosphère en une année L’industrie sucrière produit pour sa part 10 20 millions de tonnes de bagasse de canne, sorte de paille, déchet trop pauvre en protéines pour être utilisé comme fourrage Des chercheurs de l’IRD, en collaboration avec la UAM (Mexico) et l’ICIDCA (Cuba)1 ont mis au point un procédé pour traiter par biofiltration les gaz polluants émis par les distilleries Ils ont sélectionné une levure, Candida utilis, qui utilise l’éthanol comme unique source de carbone pour sa croissance et l’ont cultivée directement sur de la bagasse imprégnée d’une solution nutritive base de sels minéraux Dans des conditions optimales d'aération, d'humidité et de charge en éthanol, Candida utilis peut dégrader jusqu’à 250 g d’éthanol par heure et par mètre cube de réacteur Cette levure « respire » l’éthanol, c’est-à-dire qu’elle le transforme en dioxyde de carbone et en eau mais elle est aussi capable de l’assimiler L’apport de sels (azote, magnésium, potassium, phosphore, soufre) est nécessaire la croissance de la levure et leur ajout au cours du procédé peut pallier une diminution de l’assimilation d’éthanol Candida utilis peut non seulement dépolluer l’air de molécules simples comme l’éthanol, mais elle offre aussi la possibilité d’obtenir un aliment riche et équilibré pour le bétail En effet, constituée par 50 % de protéines, Candida utilis enrichit la bagasse « Il reste vérifier que cet aliment est accepté par le bétail, ce que semblent montrer les tests en cours, précise Pierre Christen qui est chargé de ces recherches l’IRD Dans des pays tropicaux qui produisent de grandes quantités de sucre ou d’alcool, comme le Brésil, Cuba, le Mexique ou l’Inde, la biofiltration de l’éthanol par la levure Candida utilis pourrait trouver une application l’échelle industrielle » ● Contact Pierre Christen pc@xanum.uam.mx g a z e u x i n d u s t r i e l s Dépolluer et recycler Dans les pays émergents, les mégapoles sont confrontées des problèmes de pollution atmosphérique souvent liés au développement des industries Une unité de recherche de l’IRD étudie des systèmes de traitement biologique des effluents gazeux qui permettent d’éliminer ou de recycler certains polluants d’origine industrielle e développement industriel des pays émergents génère des pollutions atmosphériques qui mettent en danger la santé des populations et l’environnement, en particulier dans les villes1 À Mexico, par exemple, près de millions de tonnes de polluants sont rejetées annuellement dans l’atmosphère, dont 400 000 tonnes liées l’activité industrielle Comme dans les pays du Nord, les émissions de polluants sont maintenant soumises une législation de plus en plus stricte dans les pays émergents En réponse aux normes imposées, les industriels sont la recherche de nouveaux procédés pour éliminer ou recycler les polluants Face cette demande, l’unité de recherche 120 « Biodépollution », en partenariat avec l’université Autonome Métropolitaine (Iztapalapa) de Mexico s’attache concevoir des techniques de biodégradation et de biotransformation d’effluents gazeux l’aide de bactéries, de levures ou de champignons filamenteux Ils étudient notamment la biofiltration, technique efficace et peu coûteuse qui consiste faire passer le gaz pollué travers un milieu poreux où sont fixés © IRD/C Dejoux Le Département de Génie des Procédés de l’Université Autonome Métropolitaine de Mexico et l’Institut Cubain de Recherche sur les Dérivés de la Canne Sucre R e j e t s Émissions de polluants par des industries implantées dans la partie Nord de Mexico Parmi les millions de tonnes de polluants gazeux rejetées annuellement dans cette ville, 400 000 tonnes sont liées des activités industrielles Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 des microorganismes capables de dégrader ces polluants Les applications de la biofiltration s’étendent divers domaines de l’industrie tels que les secteurs pharmaceutique, agro-alimentaire ou chimique « L’originalité de notre démarche, souligne Richard Auria qui dirige ces travaux, est d’associer les outils permettant de travailler différentes échelles : la biologie moléculaire, la microbiologie classique et le génie des procédés » Deux tests l’échelle pilote ont déjà été réalisés : l’un pour la dégradation des vapeurs d’essence et l’autre pour l’élimination des solvants rejetés par les hottes d’extraction de laboratoires d’analyse Si la biofiltration fait l’objet de nombreuses études, les recherches sur la bioconversion des effluents gazeux sont beaucoup plus rares Des travaux récents de l’IRD ont démontré que selon la nature des microorganismes et du milieu de culture, les microorganismes introduits dans le biofiltre sont capables d’utiliser les effluents gazeux comme source de carbone et d’énergie pour produire de la biomasse2 Les techniques de biofiltration sont de mieux en mieux acceptées par les industriels, mais le fonctionnement des biofiltres pose encore de nombreuses questions aux scientifiques « Il est encore possible d’augmenter les performances des réacteurs en comprenant mieux l’évolution de la biodiversité dans les biofiltres et en améliorant notre connaissance de leurs paramètres de contrôle tels que la teneur en eau ou l’addition des nutriments, note Richard Auria Ces recherches devraient permettre d’aboutir une diminution de la taille des biofiltres qui, jusqu’à présent trop importante, représente le premier handicap de la biofiltration » Une partie des études se concentre sur la recherche de nouveaux micro-organismes et la mise au point de procédés capables d’éliminer pendant plusieurs années des molécules difficilement dégradables, comme les composés oxygénés Un nouveau défi pour la large gamme de microorganismes potentiellement utiles pour traiter les multiples composés volatils qui polluent l’atmosphère des villes ● Contact Les émissions de Composés Organiques Volatils (COV) dans le monde sont estimées environ milliard de tonnes par an Elles sont d’origines naturelle (90 %) et anthropique (10 %) Cette production de biomasse permet d’atteindre un contenu microbien suffisant dans le biofiltre pour dégrader le gaz polluant Richard Auria rauria@esil.univ-mrs.fr ou srevah@xanum.uam.mx Biofiltres pour stations service L’ essence reformulée, notre “sans plomb 95”, reste très polluante C’est un mélange complexe de différents produits dont certains cancérigènes et, de surcrt, difficilement biodộgradables titre Au Mexique, les chercheurs ont conỗu un d’exemple, litres biofiltre de 250 litres pour éliminer les vapeurs d’essence reformud’essence reformulée (notre « sans plomb 95 ») lée suffisent pour qui contiennent des produits cancérigènes et difficilement biodégradables polluer plus de un Des tests sont effectués avec ce biofiltre pilote million de litres pour passer l’échelle industrielle d’eau au-dessus des concentrations tolérées De plus, très volatiles, les vapeurs d’essence se diffusent aussi dans l’atmosphère Elles contribuent la pollution des villes ; ainsi, 20 000 tonnes provenant des systèmes de distribution et de stockage d’essence sont rejetées chaque année dans l’agglomération de Mexico Cette essence utilise des éthers tels que le MTBE (Méthyl tert butyl ether) comme additif pour améliorer l’indice d’octane et l’efficacité de la combustion Très soluble, mobile et récalcitrant, le MTBE est parmi les premiers polluants des nappes aquifères et des eaux de surface aux Etats-Unis On le retrouve aussi dans l’air près des zones de stockage et de chargement des cuves d’essence Pour lutter contre ce type de pollution, les chercheurs de l’IRD et de l’Université Autonome Métropolitaine de Mexico (UAM I) ont isolé un consortium de microorganismes1 dans des terres polluées d’une raffinerie du sud du Mexique, capable de dégrader l’ensemble des vapeurs d’essence Dans cette population, ils ont aussi identifié une bactérie, Pseudomonas aeruginosa, qui permet d’éliminer le MTBE en utilisant comme source de carbone, les alcanes contenus dans l’essence En la cultivant sur un support minéral, les chercheurs ont mis au point un biofiltre de litres capable de dégrader les vapeurs de MTBE La modélisation de ce biofiltre a montré qu’un certain type d’alcane, le pentane, stimulait la capacité d’élimination des vapeurs de MTBE Ces chercheurs ont conỗu et ộtudiộ en partenariat avec lInstitut Mexicain du Pộtrole un biofiltre de 250 litres utilisant un compost comme support de culture du consortium isolé dans les terres polluées du sud du Mexique Il est apparu qu’il était possible d’éliminer, pendant une durée de 450 jours, la majeure partie des composés volatils contenus dans l’essence reformulée Ce biofiltre est ainsi capable de dégrader le MTBE, mais aussi l’hexane, le toluène et l’isooctane Ce procédé pourrait trouver une application dans les stations-services pour éliminer les vapeurs rejetées lors du chargement de l’essence dans les cuves souterraines ● Population microbienne complexe © Miguel Magaña Une levure doublement utile © IRD/C Dejoux Candida utilis a formation de la cordillère des Andes résulte de la subduction de la plaque océanique Nazca (océan Pacifique) sous la plaque continentale de l’Amérique du Sud Comprimé, le bord occidental de la plaque sud américaine se raccourcit et, du même coup, s’épaissit ; la surface du sol soulevée est érodée Ainsi se forme le relief de la cordillère Le principe est simple et pourtant la structure de cette chne de montagne se révèle extrêmement complexe Les Andes sont soumises des conditions climatiques diversifiées qui accélèrent ou, au contraire, empêchent les phénomènes d'érosion et de transports de matière en surface En détruisant le relief au fur et mesure de sa formation, ces processus contrôlent la topographie et la morphologie de la chne En contrepartie, le soulèvement de la cordillère influence la circulation atmosphérique et modifie le climat, ce qui affecte les agents d’érosion La subduction n’a pas les mêmes conséquences sur l’ensemble de la chne : toutes les zones n’ont pas la même activité sismique et volcanique et certaines régions s’élèvent plus vite que d’autres Des unités de recherche de l’IRD étudient actuellement les processus de surrection et d’érosion de la Cordillère des Andes en Equateur, au Pérou, en Bolivie et au Chili : « nous travaillons deux niveaux : sur la dynamique actuelle de la chne et sur son histoire géologique afin de comprendre la succession et l'interaction des événements tectoniques et climatiques l’origine des reliefs », souligne Gérard Hérail qui dirige l’unité de recherche « Déformation de la lithosphère continentale en zone de convergence et transfert de matière » Les chercheurs reconstituent les différentes étapes de l’édification de la cordillère en utilisant des méthodes géologiques et géophysiques Ils observent également son évolution actuelle en mesurant les déformations de surface directement sur le terrain ou depuis l'espace En effet, le GPS et l’imagerie satellitaire permettent de suivre les déplacements horizontaux et verticaux de la surface terrestre Les taux de surrection, pour leur part, sont quantifiés avec un gravimètre absolu Cet outil mesure la gravité terrestre qui varie notamment en fonction de la hauteur d’un relief Il permet donc de déterminer des taux de surrection avec une précision de l’ordre du millimètre sur des intervalles de temps très courts Une campagne de mesure de la gravité absolue sera menée au Chili en juillet prochain par une équipe franco-chilienne1 De la côte pacifique la frontière bolivienne, plusieurs points ont été repérés et aménagés pour effectuer les mesures qui seront répétées quatre ans après Les variations du champ de pesanteur liées aux changements de l’altitude, seront quantifiées et ainsi la vitesse du soulèvement actuel de la chne sera mesurée avec précision Une équipe de l’IRD étudie également dans les Andes les interactions entre les processus de déformation, les phénomènes d’érosion et la sédimentation, avec pour objectif de reconstituer et de quantifier l'évolution du relief au cours du temps Les chercheurs arrivent retracer l’histoire de matériaux arrachés aux reliefs par l'érosion, déposés et enfouis au pied de la chne et transformés en profondeur sous l'effet de la température L’étude de la matière organique fossile ou de minéraux sensibles aux changements de températures permet en effet de reconstituer et quantifier l’évolution thermique d’une roche « Nous avons pu retracer, dater et quantifier le soulèvement de segments entiers de la zone subandine ou Des volcans suivis depuis l’espace de secteurs de la cordillère ellemême » précise Gérard Hérail La morphologie des cours d’eaux actuels permet de faire le bilan de l’interac- © IRD/P Baby La cordillère des Andes tremble, se déforme et s’élève Pour retracer l’histoire complexe de sa mise en place et comprendre la dynamique de son soulèvement actuel, des chercheurs de l’IRD explorent ses profondeurs et surveillent ses mouvements La Cordillère Occidentale au Chili et en Bolivie avec, au fond, l’Altiplano, un vaste plateau de 000 mètres d’altitude moyenne Sur 300 600 kilomètres de large, les Andes présentent différents ensembles morphologiques qui témoignent de son histoire géologique complexe tion entre soulèvement et érosion « Dans les Andes amazoniennes, les cours d’eau s’enfoncent des vitesses élevées, de l’ordre du centimètre par an, ce qui témoigne d’un soulèvement très actif », ajoute le chercheur ● Contacts bonvalot@dgf.uchile.cl remy@dgf.uchile.cl gabalda@dfg.uchile.cl Gérard Hérail gherail@paris.ird.fr IRD, Département de géophysique de l’université du Chili, Institut de physique du globe de Strasbourg, Institut de physique du globe de Paris, Service national de géologie et des mines du Chili A B © IRD/S Bonvalot, D Remy Les anciens dépơts du fleuve Rio Pilcomayo, sur le front oriental des Andes, surplombent le lit du cours d’eau actuel de 70 mètres Cette différence d’altitude résulte du creusement de la vallée par le fleuve et de la surrection des reliefs Les scientifiques tentent de quantifier la part de chacun de ces deux phénomènes dans la mise en place du relief andin Le symposium des Andes Toulouse Contact U ne équipe de l’IRD suit l’évolution de plusieurs volcans en Équateur, au Pérou et au Chili afin de caractériser les déformations générées en surface par leur activité Pour cela, ils combinent deux méthodes : l’interférométrie radar, qui permet d’obtenir des représentations en haute définition des déformations partir d’images acquises depuis l’espace différents instants, et le GPS, avec lequel il est possible de mesurer au centimètre près les déplacements de surface Dernièrement les chercheurs ont suivi l’évolution du Guagua Pichincha, un volcan qui a connu une reprise d’activité en 1998, caractérisée par des explosions de différentes amplitudes L’une d’elles, en octobre 1999, a même provoqué des retombées de cendres sur la capitale Quito Les grandes dimensions de ce volcan (4 784 m d’altitude) rendent l’implantation de réseaux de surveillance au sol difficile et coûteuse, c’est pourquoi les images radar s’avèrent particulièrement utiles pour compléter les observations GPS L’analyse des données radar acquises entre octobre 1992 et janvier 2000 a mis en évidence des changements morphologiques l’intérieur du cratère actif du volcan sans déformation grande échelle de l’édifice L’hypothèse avancée est que les explosions observées ne seraient pas dues des mouvements de magma ou des variations de pression importantes dans la partie supérieure de l’édifice volcanique, mais plutôt des phénomènes de dégazage et d’obstruction dans le conduit du volcan ● Les Andes sont un terrain de recherche idéal pour étudier la déformation de la lithosphère continentale et les mouvements de matière associés la formation d’une montagne au dessus d'une zone de subduction océanique Du nord au sud, la cordillère s’étire sur près de 000 kilomètres, perpendiculairement aux flux atmosphériques Elle est soumise plusieurs types de climats contrastés et donc, différents processus d’érosion Avec des altitudes moyennes de plusieurs milliers de mètres et de nombreux sommets dépassant 5000 m, dans sa partie centrale, la chne présente différents ensembles morphologiques, dont l’Altiplano, un vaste plateau de 4000 mètres d’altitude moyenne ; elle domine, l’Ouest, un étroit littoral désertique et, l’Est, le bassin amazonien au climat humide Inversement, dans les Andes australes, c’est le versant occidental de la chne qui est arrosé tandis que la pampa argentine, l’Est, est semi-désertique Ces contrastes climatiques ont existé aussi dans le passé Ainsi les Andes permettent aux chercheurs d’étudier les influences respectives des phénomènes climatiques et tectoniques dans la mise en place d’un relief ● Recherches Andes en croissance © IRD/L Audin Un terrain de recherche privilégié L’image radar de gauche permet de distinguer le volcan Pichincha (partie gauche de l’image) et la ville de Quito (à droite) À droite, les deux images rapprochées du cratère actif du volcan Pichincha, avant (A) et après (B) l’explosion majeure d’octobre 1999, montrent un changement de la morphologie du dôme obturant le conduit volcanique La combinaison de mesures GPS et de données radar a également permis de démontrer que cette phase d’activité n’a pas entrné de déformations de surface importantes (supérieures cm) du reste de l’édifice La communauté internationale des chercheurs spécialistes de la géodynamique des Andes se réunit tous les trois ans pour l’ISAG (International Symposium on Andean Geodynamics), organisé par l’IRD et une autre institution publique de recherche européenne La 5e édition de cette réunion se déroulera Toulouse les 16, 17 et 18 septembre 2002 et sera coorganisée avec l’Université Paul Sabatier, sous le patronage de la Société Géologique de France L’ISAG est l’occasion pour les scientifiques de présenter et de discuter les résultats les plus récents sur les processus contrôlant la genèse des Andes, ainsi que sur les conséquences de cette évolution en termes de risques naturels et de ressources minières Plus de 200 communications de chercheurs dune vingtaine de pays ont dộj ộtộ reỗues pour l’édition 2002 du Symposium Cette année, les organisateurs souhaitent encourager les publications traitant de la géodynamique récente et des risques, des couplages tectonique-érosion-relief-climat, ainsi que de l’utilisation combinée de l’observation spatiale ● Contact isag@cict.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Recherches La mère, et le palu Des mécanismes immunitaires enc © IRD/M Cot orsqu’une femme enceinte est atteinte par le paludisme, quelles sont les conséquences pour l’enfant ntre ? De nombreuses études ont établi que la maladie perturbe les échanges entre la mère et le fœtus, contribue ralentir sa croissance intra-utérine et, de ce fait, diminuer le poids de l’enfant la naissance (voir cicontre) En revanche, les répercussions d’une infection parasitaire du placenta sur les réponses immunitaires du fœtus ou du nourrisson et, plus globalement, sur la santé long terme de l’enfant suscitent encore de nombreuses questions Les chercheurs se demandent notamment si le paludisme pendant la grossesse provoque une plus grande susceptibilité cette maladie pendant la jeune enfance Le paludisme néonatal reste exceptionnel et la transmission du parasite de la mère au fœtus ne semble pas avoir de conséquence directe pendant les premières semaines du nourrisson En revanche, au cours des mois qui suivent ce ne serait pas le cas « Au Cameroun, nous avons suivi près de Consultation d’une femme enceinte au Cameroun Les jeunes enfants sont les premières victimes du paludisme, un million et demi trois millions en meurent chaque année, essentiellement en Afrique intertropicale où circule le parasite, Plasmodium falciparum, responsable des formes les plus graves de la maladie Les enfants sont menacés dès leur vie intra-utérine En effet, les femmes enceintes, en particulier celles qui le sont pour la première fois, apparaissent plus sensibles que les autres au paludisme du fait de moindres défenses immunitaires Selon l’importance de l’endémie, 10 35 % d’entre elles peuvent présenter une infection du placenta Outre une anémie maternelle dont l’impact reste préciser, la principale conséquence du paludisme pendant la grossesse est une diminution du poids la naissance du nouveau-né, susceptible d’entrner par la suite une plus grande fragilité face d’autres maladies et, par même, un risque de mortalité accru Dans les régions où la transmission est intense et permanente, la quasi-totalité des décès concerne les enfants âgés de quelques mois cinq ans Audelà de cet âge, ils développent une immunité qui les protège progressivement des formes les plus sévères du paludisme1 Chez un nourrisson, la plupart des premières infections parasitaires sont asymptomatiques ou entrnent de simples accès de fièvre Une partie d’entre elles seulement (1 % environ) évoluent vers un paludisme grave qui peut se manifester par une anémie sévère ou une encéphalite, laquelle s’ajoute souvent une détresse respiratoire Selon une étude menée au Kenya, 80 90 % de ces accès aigus provoquent la mort ● Parasites séquestrés ans les régions où le paludisme est endémique, les femmes enceintes – et tout particulièrement celles qui le sont pour la première fois – sont plus susceptibles que les autres d’être infectées par Plasmodium falciparum « Même si les raisons d’une telle prédisposition ne sont pas encore totalement élucidées, nos connaissances ont beaucoup progressé dans ce domaine ces dernières années grâce aux travaux menés par notre équipe en Afrique noire (Burkina Faso, Cameroun, Sénégal) et Madagascar Se profile alors l’espoir de mettre au point des méthodes de prévention innovantes », se réjouit prudemment Michel Cot, qui dirige l’unité de recherche Santé de la mère et de l’enfant1 Les chercheurs de cette équipe ont en effet identifié certains mécanismes moléculaires permettant au Dans les zones où la transmission est peu intense (en Amérique latine et en Asie), le nombre de cas de paludisme est faible et concerne les enfants comme les adultes Ces importants résultats contribuent préciser les réactions du système immunitaire pendant la grossesse et, en particulier, les facteurs l’origine d’une plus grande sensibilité au paludisme des femmes enceintes pour la première fois (primigestes) L’infection par Plasmodium falciparum est plus fréquente chez les primigestes parce qu’elle n’ont pas d’anticorps contre les souches du parasite adhérant au placenta Lors de leurs grossesses ultérieures, ayant été déjà en contact avec les parasites placentaires, elles peuvent, en revanche, développer une défense immunitaire dirigée contre ces souches spécifiques Ces progrès ouvrent également la voie la mise au point d’un vaccin anti-paludique spécialement adapté aux femmes enceintes « Récemment, nous avons en effet réussi mieux caractériser le ligand qui permet au parasite d’adhérer au placenta Celui-ci, très peu polymorphe, est antigénique, autrement dit induit une réponse immunitaire À terme, on peut donc envisager de concevoir une méthode vaccinale qui favoriserait la production d’anticorps dirigés contre ces ligands Le vaccin pourrait être utilisé dans toutes les régions du monde où sévit le paludisme », précise Philippe Deloron, immunologiste l’IRD ● i, en Afrique, les effets du paludisme pendant la grossesse ont fait l’objet de nombreuses études, ce n’est pas le cas en Amérique latine où aucune recherche n’a été effectuée sur ce sujet Pourtant, femmes et enfants dans cette partie du monde sont aussi victimes de la maladie Pour Contact Michel Cot michel.cot@tnn.ap-hop-paris.fr Philippe Deloron philippe.deloron@ird.fr parasite de se fixer sur le placenta Ils ont d’une part montré que le placenta “séquestre” une grande quantité de parasites du fait de la présence dans ses tissus de molécules réceptrices (CSA, chondroïtine sulfate A) des globules rouges parasités Ils ont parallèlement mis en évidence que seules certaines souches du parasite, que l’on ne retrouve que chez la femme enceinte, sont capables d’adhérer au CSA En effet, contrairement aux autres, elles possèdent un ligand qui leur permet de s’arrimer ces récepteurs spécifiques2 Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Cette UR associe notamment l’IRD, l’Inserm, au Sénégal l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) et l’Institut Santé et Développement (ISED), en Bolivie l’Institut national des laboratoires de santé (INLASA) Ses travaux sont soutenus par le ministốre franỗais de la Recherche, notamment dans le cadre du programme Pal+, et l’Union européenne Les couples ligands-récepteurs sont des molécules complémentaires possédant une grande affinité Lorsque ces molécules sont attachées deux surfaces différentes (ici hématies parasitées et tissu placentaire), elles induisent une adhésion entre les deux parois 200 enfants depuis leur naissance jusqu’à l’âge de deux ans Les uns étaient nés de mères impaludées, les autres non, explique Jean-Yves Le Hesran, épidémiologiste l’IRD Nous avons pu observer que les premiers développent une infection palustre plus précocement (vers l’âge de trois mois) que les seconds qui déclarent leur première parasitémie aux environs de six mois » Les bébés nés d’une m è r e atteinte par le p a l u d i s m e auraient ainsi une m o i n d r e capacité lutter contre le parasite Entre et mois, ceux-ci présentent d’ailleurs un taux de prévalence du parasite plus élevé Par la suite, la différence entre les Un terrain d’étude nouveau © IRD/Sophie Cot Les plus jeunes, premières victimes © IRD/Y Paris Les femmes enceintes et les tout jeunes enfants s En Afrique et en Amérique latine, des cherche épidémiologiques, immunologiques de nouveaux moyens de pallier ce manque, l’unité de recherche Santé de la mère et de l’enfant a entrepris un programme de recherche en Bolivie où le paludisme est en augmentation constante du fait d’une forte immigration dans des régions qui abritent des vecteurs de la maladie (plaines, vallées interandines et bassin amazonien)1 Actuellement, cette affection est endémique dans 75 % du territoire bolivien et menace 3,6 millions d’habitants « Jusqu’à notre première enquête dans le sud du pays (Yacuiba) avec l’INLASA2, il n’existait aucune donnée sur la prévalence du paludisme pendant la grossesse en Bolivie Les résultats préliminaires Femme bolivienne allaitant l’enfant udisme sont particulièrement fragiles face au paludisme eurs de l’IRD tentent den expliquer les raisons s et gộnộtiques de faỗon proposer e prévention et de lutte Chercheur étudiant des parasites du paludisme au microscope Des gènes protecteurs ore obscurs © Parasites Plasmodium flaciparum observés au microscope (x 100) dans du tissu placentaire montrent que près de 20 % des femmes présentent une impaludation du placenta par Plasmodium vivax au moment de l’accouchement », souligne Laurent Brutus, parasitologue l’IRD L’originalité du programme de recherche conduit par l’IRD et l’INLASA est d’étudier les éventuelles interactions entre le paludisme et une autre affection également très répandue en Bolivie, la maladie de Chagas3, d’en analyser l’impact pendant la grossesse et sur la santé des nouveaux-nés « Selon l’enquête préliminaire, plus de 50 % des femmes accouchant Yacuiba présentent une sérologie positive cette maladie, précise Sergio Mollinedo, directeur de l’unité de parasitologie et d’entomologie de l’INLASA Or, très rares sont les études sur les conséquences de la maladie de Chagas sur la santé de nourrissons non infectés par le parasite mais nés d’une mère atteinte par cette infection Sont-ils davantage prématurés ou présentent-ils un retard de croissance intrautérin ? » Ces recherches seront conduites dans la maternité de Yacuiba dans une région où les deux curs « Selon l’étude menée au Cameroun, les anticorps maternels spécifiquement dirigés contre le parasite transmis au fœtus ne semblent pas en relation avec ce phénomène En effet, les prélèvements réalisés sur les cordons ombilicaux montrent que leurs taux sont les mêmes que les nourrissons aient été ou non exposés l’infection pendant la gestation Nous étudions actuellement d’autres types d’anticorps, notamment ceux qui empêchent le parasite d’adhérer au placenta Il se pourrait que les enfants en ayant hérité résistent moins bien que les autres l’infection parasitaire1 Ceci reste cependant démontrer » ● Contact Jean-Yves Lehesran, Jean-Yves.Lehesran@ird.sn Philippe Deloron, philippe.deloron@ird.fr Ces anticorps qui se développent spécifiquement en réponse une infection du placenta (voir article ci-contre) seraient inefficaces chez le jeune enfant, mais témoignent sans doute d’un contact avec le Plasmodium pendant la grossesse maladies sont endémiques « De manière plus spécifique, nous étudierons si des femmes enceintes touchées par la maladie de Chagas sont prédisposées une infection par Plasmodium vivax plus intense au cours de leur grossesse Nous nous attacherons également déterminer les facteurs génétiques qui pourraient favoriser ces co-infections », conclut Laurent Brutus ● Contact Laurent Brutus laurentbrutus@club-internet.fr ou Sergio Mollinedo molinedo@ceibo.entelnet.bo ont mis en évidence l’implication de cette région Nous avons entrepris de confirmer et préciser ce rôle dans le contrôle du niveau d’infection mais aussi dans celui des accès palustres Cette région est d’autant plus importante qu’elle contient un gène (SM1) contribuant réguler l’infection par le parasite responsable de la bilharziose intestinale L’hypothèse d’une région contrôlant les infections parasitaires au sens large est évidemment extrêmement intéressante » Ces études sont menées dans trois sites au Kenya, au Mali et au Sénégal grâce la mise en place d’un réseau qui associe six équipes de recherche1 Ces chercheurs disposent de moyens d’analyse très performants tant dans le domaine de la méthodologie statistique que de la génétique Une équipe de l’Inserm associée ces recherches met actuellement au point une puce ADN de la région 5q31-q33 qui permettra d’identifier les gènes effectivement impliqués Ces outils ainsi qu’une étude immunologique approfondie conduiront caractériser la structure génétique et la fonction de la région chromosomique en cause L’équipe sénégalaise du réseau, qui regroupe le Laboratoire de parasitologie de la Faculté de médecine de l’UCAD et l’IRD, suit près de 000 enfants de la région rurale de Niakhar Outre le chromosome 5, ils étudient les différents facteurs génétiques qui affectent les globules rouges afin d’en mesurer l’impact sur la réponse immunitaire spécifique au paludisme « Identifier ces facteurs et les processus qu’ils induisent est capital Les résultats attendus de ces recherches contribueront améliorer la compréhension des mécanismes régulant les accès palustres et aideront la mise au point de nouveaux outils thérapeutiques ou prophylactiques comme un vaccin, » conclut Florence Migot-Nabias, immunologiste l’IRD ● Contact André Garcia, andre.garcia@ird.sn En Bolivie, les principaux vecteurs sont Anopheles darlingi (plaines) et A pseudopunctipenis (vallées) qui transmettent l’homme deux espèces de parasites du genre plasmodium, P vivax (86 % des cas recensés) et P falciparum (14 %) Institut national des laboratoires de santé 25 % des malades chroniques présentent des lésions cardiaques pouvant être graves et la part de la maladie de Chagas dans la mortalité générale des adultes serait égale 10 % Laboratoire de parasitologie de la Faculté de médecine de l’Université Cheik Anta Diop (UCAD, Sénégal), le Département d’épidémiologie des maladies parasitaires de la Faculté de médecine de Bamako (Mali), Kenyan Medical Research Institute (Kenya), unités 399 et 550 de l’Inserm, UR 10 « Santé de la mère et de l’enfant » de l’IRD © IRD/Y Paris be rt deux groupes s’estompe progressivement et les taux de prévalence deviennent semblables 18 mois Les chercheurs de l’unité de recherche s’attachent actuellement comprendre pourquoi les enfants nés d’une mère impaludée présentent plus tôt que les autres une infection palustre « L’une des hypothèses que nous étudions est que l’exposition du fœtus au parasite rendrait leur système immunitaire plus tolérant celui-ci, explique Philippe Deloron, immunologiste de l’IRD Cependant mécanismes au ces M / B IRD sont encore très obs- ous les individus ne sont pas égaux face au paludisme Des études réalisées dans des villages africains montrent par exemple que certains individus sont moins fréquemment et moins fortement infectés par le parasite Ces différences s’expliqueraient, entre autres, par des facteurs génétiques C’est le cas par exemple d’enfants porteurs du trait drépanocytaire ; cette anomalie génétique répandue essentiellement en Afrique se caractérise par un dysfonctionnement de l’hémoglobine qui se traduit par un ralentissement de la croissance du parasite dans les globules rouges Cette protection s’exprime essentiellement chez les jeunes enfants Audelà de six ans, l’immunité acquise du fait d’une transmission intense masquerait cet effet protecteur « Pour l’heure, les mécanismes de cette protection restent mal connus, précise André Garcia, médecin l’IRD spécialiste en épidémiologie génétique Ceci souligne la complexité des phénomènes physiologiques sous-jacents auxquels s’ajoutent de probables interactions avec d’autres facteurs, environnementaux et comportementaux, mais aussi génétiques, impliqués en particulier dans le développement de la réponse immunitaire pendant la prime enfance » Des études récentes montrent en effet que ce contrôle complexe de l’infection parasitaire n’est certainement pas dû un seul gène “majeur”, mais plusieurs gènes dont l’expression serait maximale pendant les premières années de vie L’un de ces éléments serait situé sur une région du chromosome de l’homme (5q31q33) « Nos recherches en collaboration avec l’Inserm, au sud Cameroun, Prélèvement (goutte épaisse) lors d’une enquête épidémiologique sur le paludisme au Sénégal Le paludisme grave1 a été au cœur d’un atelier organisé en mars dernier par l’Institut Pasteur de Dakar et lIRD sous l ộgide du programme Pal+ du ministốre franỗais de la Recherche Cet atelier qui a réuni des équipes de recherche provenant de dix pays d’Afrique, d’Amérique latine et du Sud-Est asiatique avait pour objectif de structurer la recherche dans ce domaine et former de jeunes chercheurs S’appuyant sur des conférences générales et des présentations brèves d’études en cours, la plupart financées par Pal+, il a offert l’occasion d’un passionnant forum de discussions La complexité et le caractère multiforme des symptômes du paludisme grave ont été mis en exergue autour notamment d’une question capitale : le paludisme grave correspond-il un paludisme simple mal pris en charge ou certaines infections évoluant vers des formes plus graves ? Répondre cette interrogation requiert une approche multidisciplinaire et des méthodologies spécifiques tenant compte des contraintes imposées par les études auprès des populations les plus risque, les jeunes enfants et les femmes enceintes Mieux définir le paludisme simple est également apparu nécessaire pour les recherches sur les facteurs favorisant une protection contre l’infection comme pour le suivi d’efficacité des traitements ou des essais cliniques La pauvreté des connaissances sur la réponse immunitaire chez les jeunes enfants et les femmes enceintes complique l’interprétation des données acquises en zone d’endémie et freine le développement de vaccins Les participants de l’atelier ont souligné la nécessité d’accrtre et de mieux coordonner les recherches en ce domaine Le sộquenỗage du gộnome humain et les puissants outils d’investigation génétique disponibles ouvrent de nouvelles perspectives pour l’étude de la prédisposition l’infection parasitaire et la maladie Plusieurs programmes menộs par des chercheurs franỗais en collaboration avec des équipes africaines et asiatiques devraient permettre des progrès rapides dans l’identification de marqueurs génétiques De même, les connaissances de la génétique des parasites (Plasmodium falciparum, P vivax) progressent rapidement Cependant pour accélérer ces progrès et éviter la dispersion des informations et des efforts, les participants ont recommandé une mise en commun des techniques et des outils (molécules, antigènes, marqueurs génétiques, modèles animaux), une plus grande concertation tant dans les approches méthodologiques que le développement des technologies nouvelles Dans ce cadre, la constitution de réseaux de recherche (recherche clinique, épidémiologie, immunologie, génétique, etc.) offrirait un moyen d’une meilleure coordination ● Contact André Garcia garciaa@dakar.ird.sn Cet atelier consacré « Pathogenèse, physiopathologie et prévention des manifestations sévères du paludisme » a réuni des chercheurs du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Mali, du Kenya et du Soudan, de Thaïlande, de Colombie et du Venezuela Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Recherches © IRD/M Cot Le paludisme grave en question N i g e r 10 Contact resadep@ird.ne www.ird.ne/resadep Bourses de recherche La Fondation internationale pour la science (IFS) invite les jeunes chercheurs des pays en développement soumettre des projets de recherche dans les domaines de la biologie, agronomie et environnement Ces projets doivent contribuer une meilleure conservation et une utilisation durable des ressources biologiques D’un montant maximum de 12 000 US$ et renouvelable deux fois, les allocations sont destinées l’achat d’équipements, de produits de laboratoire, de documentation scientifique, ainsi qu’à l’organisation des travaux de terrain Les salaires et les infrastructures de base doivent être financés localement ● WEB Info@ifs.se www.ifs.se Mousson africaine Du 25 février au mars 2002, plus de 80 scientifiques africains et européens se sont retrouvés Niamey (Niger) pour mettre en place un programme intégré d’étude de la mousson ouest africaine © IRD/F Sodter Les enseignants chercheurs de l’université Abdou Moumouni de Niamey au Niger se sont regroupés dans le Réseau sahélien de recherche et de publication (Resadep) Face l’isolement et aux difficultés matérielles, les scientifiques font ainsi preuve d’un dynamisme hors du commun pour structurer leurs activités de recherche et valoriser leurs travaux Le Resadep organise des ateliers, des tables rondes et des conférences Le cycle « Grands conférenciers », auxquel participent des chercheurs nigériens et étrangers, contribue par exemple favoriser le dialogue avec les chercheurs étrangers Chaque année la fin du premier trimestre académique, la Semaine scientifique du Resadep représente aussi un moment fort d’échanges et dialogues Lors de la prochaine Semaine scientifique (24 au 31 octobre 2002), le Resadep organise, en collaboration avec le CNRS et l’IRD et avec le soutien de l’Union européenne, de la Coopộration franỗaise et du Fonds canadien d'initiative locale, un colloque international pluridisciplinaire consacré aux « Dynamiques de transitions démocratiques en Afrique sahélienne : état des lieux (1991-2001) » Cette conférence, sous la direction scientifique de Salamatou Sow, linguiste l’université Abdou Moumouni et André Bourgeot, anthropologue au CNRS, pourrait être l’occasion de publier le premier ouvrage des futures Presses universitaires du Niger Par l’ensemble de ses activités de publications (actes de colloques, conférences – débats, rapports dans les revues et bulletins du Resadep : Études sahéliennes, UAM Info), le Resadep favorise une large diffusion de l’information dans la communauté scientifique nigérienne Le réseau soutient également, dans la mesure de ses possibilités, l’établissement de collaborations et d’échanges entre chercheurs et conduit diverses actions pour valoriser les travaux des étudiants Ainsi, les prix du Resadep récompensent chaque année les meilleures thèses et les meilleures mtrises Enfin, le Réseau qui, sous l’autorité du Recteur de l’université Abdou Moumouni, jouit d’une autonomie de gestion et de fonctionnement, s’attache la diffusion de la culture scientifique dans la société nigérienne Mentionnons titre d’exemple sa participation régulière la Semaine du livre du Niger et des expositions caractère scientifique ● Orage au Burkina Faso ’Afrique de l’Ouest est, de toutes les régions du monde, celle qui a connu depuis la fin des années 1960 la sécheresse la plus importante et la plus continue, le déficit pluviométrique pouvant atteindre 50 % sur certaines parties du Sahel Ce phénomène a eu des conséquences parfois dramatiques pour les populations : diminution des ressources en eau, baisse du rendement des cultures, réduction du cheptel, déficit de remplissage des barrages Ce phénomène est-il durable, voire irréversible ? Préfigure-il des modifications profondes du climat mondial, liées en particulier aux rejets des gaz effet de serre ? Pour répondre de telles questions, il importe de bien comprendre les différents mécanismes qui régissent la mousson africaine, sa variabilité et J e u n e s son impact sur le cycle hydrologique La réunion de Niamey a permis de faire le point sur les dernières avancées scientifiques et d’identifier les points majeurs étudier pour parvenir une compréhension complète du système de mousson ouest africain Un programme intégré, AMMA (Analyse Multidisciplinaire de la Mousson Africaine), a été proposé, incluant un volet important d’observations spécifiques dans différents domaines : physique et chimie de l’atmosphère, cycle hydrologique, dynamique des écosystèmes sahéliens et soudaniens Le programme AMMA envisage une surveillance renforcée, qui s’étendra sur une dizaine d’années, avec des phases d’observations plus intensives Par-delà les questions d’ordre strictement scientifique, la réunion visait présenter aux partenaires africains les objectifs de « Mousson afri- caine », les opérations de recherche, les moyens mis en œuvre par les uns et les autres, pour qu’ils puissent se positionner, indiquer les opérations qu’ils pourraient prendre en charge ou auxquelles ils pourraient participer Il s’agit donc de favoriser la participation des chercheurs africains ce grand programme international, afin qu’ils puissent s’insérer dans les courants les plus récents de la recherche mondiale Les chercheurs africains ont ainsi mis l’accent sur leurs besoins en matière de formation et d’applications : prévisions des sécheresses et de leurs impacts sur les ressources en eau et la sécurité alimentaire, implications dans le domaine de la santé, etc Un Comité africain de suivi a été mis sur pied pour coordonner les différents projets Il travaillera en liaison étroite avec le Comité de coordination franỗais durant la pộriode de finalisation du projet, qui a dộj reỗu le soutien de plusieurs programmes nationaux franỗais et de nombreux pays (entre autres, le Royaume Uni, l’Allemagne et les États-Unis) Cette proposition est soutenue en France par le CNES, le CNRS, l’IRD, Medias et Météo-France, et en Afrique par des centres régionaux (ACMAD, AGRHYMET et plusieurs universités) Elle se situe dans la ligne des actions préconisées par le Programme Mondial de Recherche sur le Climat (PMRC) et a reỗu le soutien du comitộ CLIVAR-Afrique, formộ par le PMRC pour étudier et prévoir la variabilité climatique en Afrique ● Contact Thierry.Lebel@inpg.fr é q u i p e s Partenaires et autonomes Pour contribuer au renforcement des communautés scientifiques du Sud en accompagnant la démarche de partenariat des unités de l’IRD, le département Soutien et formation crée une nouvelle initiative de soutien aux « Jeunes équipes associées » e terme “jeune équipe” désigne l’association de quelques chercheurs, réunis par leur participation un programme de recherche d’une unité de l’IRD et qui présentent des compétences complémentaires même de donner naissance une équipe pérenne Les équipes retenues recevront un budget de fonctionnement leur permettant d’accéder plus d’autonomie et de développer une dynamique collective propre, fondée sur un programme commun et sur des actions d’animation scientifique, de formation ou de transfert ou toute autre action visant conforter et consolider leurs compétences Cette forme de soutien repose sur l’idée que le partenariat avec une unité de l’IRD offre des opportunités de renforcement des compétences collectives Il permet souvent de jeunes chercheurs du Sud de se confronter des problématiques comparatives, d’avoir accès des nouvelles techniques et de nouvelles méthodes, et conforter leur expérience de chercheurs dans le cadre d’un programme financé et dont les résultats doivent être valorisés l’échelle internationale Mais pour que ces potentialités soient bien exploitées, il convient de favoriser les mécanismes permettant aux chercheurs du Sud d’acquérir une autonomie scientifique et financière dans le cadre de cette collaboration L’appel d’offres, Jeunes équipes associées, ouvert au début de l’année par le département Soutien et formation a un caractère expérimental Il vise repérer les partenariats susceptibles de faire émerger de nouvelles équipes : participation de plusieurs chercheurs, expérimentés ou en cours de formation, complộmentaritộ des compộtences scientifiques, etc Vingt-cinq dossiers ont ộtộ reỗus : 19 proviennent d’Afrique subsaharienne, du Maghreb, d’Amérique latine et un du Viêt-nam Ils concernent 20 unités de recherche et unités de service de l’IRD Les thématiques scientifiques sont principalement liées aux res- © IRD/J.-N Jacques Formations Un réseau dynamique sources vivantes, aux sciences sociales et aux domaines de la santé Après une évaluation de cette première expérience avec les 13 équipes retenues, un nouvel appel pourrait être ouvert en 2003 ● Contact dsf@paris.ird.fr Les Equipes retenues et leurs partenaires de l’IRD Sénégal, Argentine, Bolivie, Maroc, Maroc, Côte d’Ivoire, Cameroun, Bolivie, Madagasgar, Sénégal, Sénégal, Cameroun, Burkina Faso Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Écologie des arbres en bioclimat semi-aride, resp Elie Akpo UR 83, Jean-Luc Chotte et US 17, Roger Pontanier Travail, vulnérabilité, exclusion, resp Silvio Feldman UR 03, Monique Sélim Lutte contre la leishmaniose, resp Alberto Gimenez UR 43, Michel Sauvain Laboratoire des processus stochastiques et des systèmes dynamiques, resp Lassan Hbid UR 79, Edith Perrier UR 119, Marc Labat Valorisation des sous-produits des industries agricoles, resp Mustapha Ismaili-Alaoui Laboratoire d’études foncières en Côte d’Ivoire, resp Mariatou Kone UR 95, Jean-Pierre Chauveau Trypanosomose humaine africaine, resp Flobert Njiokou UR 35, Gérard Cuny UR 69, Jean Loup Guyot et UR 131, Didier Paugy Laboratoire de qualité environnementale, resp Julio Pinto Centre d’économie et d’éthique pour l’environnement et le développement, resp Josette Rakotondraibe UR 63, Sylvie Faucheux Dynamique des populations de ravageurs, resp Mbacké Sembene UR 22, Yves Gillon UR 40, Bernard Dreyfus Symbioses microbiennes au Sénégal, resp Ndao Sylla Samba Paludisme d’altitude, resp Timoléon Tchuinkam UR 16, Jean-Marc Hougard Laboratoire sol, eau, plante, resp Victor Hien UR 83 , Jean-Luc Chotte Des bactéries sauvagement intéressantes V a l o r i s a t i o n L’innovation pour le développement Au cours des vingt dernières années, la valorisation de leurs travaux est devenue une mission part entière des chercheurs Retour sur les dix ans qui en ont fait une mission réussie de l’IRD « En 1992, le portefeuille de la valorisation de l’Institut se résumait deux brevets Lorsqu’ils en avaient, les relations des chercheurs avec l’industrie n’étaient régies par aucun contrat Quant aux expertises, elles étaient souvent rộalisộes titre gracieux, de faỗon assez informelle ằ La première action de Jean-Anne Ville consista donc organiser des sessions de sensibilisation des chercheurs, Montpellier, Bondy, en Nouvelle-Calédonie et au Mexique où travaillaient alors une importante équipe de microbiologistes de l’Institut Avec l’aide de l’Anvar, un consultant spécialiste de l’agro-alimentaire fut également contacté afin d’évaluer les travaux les plus innovants dans les laboratoires de Montpellier, Marseille, Dakar et du Caire Cette première prospection aboutit de nombeux contrats de collaboration avec l’industrie Parallèlement dans le domaine de la santé, plusieurs brevets étaient déposés, notamment sur les molécules, actives contre la leishmaniose, extraites de l’écorce de Galipea longiflora en Bolivie par Alain Fournet (voir Sciences au Sud n° 5, p 8) ou sur la détection de la leishmaniose par Jean-Loup Lemesre, brevet qui aboutit aujourd’hui, après dix années de recherche au premier essai clinique de vaccin contre la leishmaniose chez le chien (Voir Sciences au Sud n° 14, p 11) Au cours des dix dernières années l’Institut a déposé brevets par ans et se retrouve aujourd’hui la tête d’un portefeuille de 46 brevets de base déposés et entretenus, dont déposés au nom d’un industriel « Le fait que nous déposions des brevets a changé la face de nos collaborations avec les industriels qui ont cessé de venir faire leur marché dans nos laboratoires et ont souhaité établir des contrats avec l’institut » C’est ainsi que les brevets déposés sur l’apomixie du maïs ont abouti la signature d’un contrat entre l’IRD, le Centre international d’amélioration du maïs et du blé au Mexique et l’industrie semencière (Limagrain, Pioneer et Novartis) (voir Sciences au Sud n° 4) « A l’occasion de l’un des premiers contrats que nous avons signé avec l’industrie pharmaceutique, j’ai découvert une particularité étonnante de l’Institut qui évidemment n’encourageait guère les chercheurs : lộquivalent des sommes perỗues au titre du contrat ộtaient retiré du budget alloué au laboratoire » Durant cette période et en particulier après le sommet de la Terre de Rio en 1992, des réflexions parallèles sur la valorisation, la propriété des résultats et de la biodiversité étaient poursuivies par les partenaires de l’Institut dans les pays du Sud, ce qui justifiait plus encore la mise en place de la politique de contractualisation qui a été développée au cours des dix dernières années « En tant qu’organisme de recherche pour le développement, nous avons dû inventer une politique originale qui nous permette de réserver des droits d’exploitation aux pays du Sud, des licences gratuites, un accès libre aux résultats pour leurs propres besoins Nous l’avons notamment obtenu des semenciers tant pour l’apomixie du maïs que pour Génoplante Valor, la filiale de valorisation de Génoplante (Voir Sciences au Sud n° 12, p 11) Nous avons travaillé en étroite concertation avec les autres organismes, notamment le Cirad, pour instaurer dans ce domaine une politique homogène » En appliquant une démarche qualité, nouvelle alors dans le domaine de la recherche, Jean-Anne Ville a aussi instauré pour les expertises une procédure écrite explicitant les relations des différents intervenants et fournissant un contrat-type Elle a permis d’accorder une délégation de signature aux représentants leur permettant d’établir directement un contrat de consultance lorsque demandeur et expert résident dans le même pays Parallèlement au développement de la valorisation lIRD, le gouvernement franỗais travaillait aux dộcrets dapplication de la loi de 1982 concernant l’intéressement financier des chercheurs l’exploitation de leur travaux « Nous avons participé aux négociations du ministère et lorsque le décret est sorti en 1996 nous avons mis en place les procédures d’application De même, lorsqu’a été votée en 1999 la loi sur l’innovation accordant aux chercheurs le droit de créer une entreprise ou de prendre une participation sur la création d’une entreprise fondée sur l’utilisation de leurs résultats de recherche, nous avons été immédiatement opérationnels et trois entreprises ont été créées » (voir Sciences au Sud n° 1, p 10) Aujourd’hui, entreprises en France ont été fondées sur des résultats de recherches de l’IRD et une cinquième devrait l’être prochainement Mais, conformément aux missions de l’Institut, la valorisation doit aussi être au service du développement Déjà, plusieurs entreprises ont été créées au Viêt-nam pour transférer le savoir-faire des nutritionnistes de l’IRD en matière d’alimentation des jeunes enfants (voir Sciences au Sud n° 4) ; en 2001 une entreprise vu le jour en Bolivie, elle commercialise des tests de dépistage de la maladie de Chagas (voir Sciences au Sud n° 13) ; deux autres projets sont en discussion actuellement au Sénégal et Nouméa Comment aller plus loin ? « Pour transférer des résultats de recherche, conclut Jean-Anne Ville, le partenaire doit posséder la capacité de recevoir les innovations L’IRD déploie des efforts considérables pour élever le niveau technologique des pays en développement Il faut maintenant mettre en place des structures et des partenariats afin que les chercheurs du Sud puissent intégrer les innovations pour répondre la demande sociale de leur pays » ● Des contrats générateurs d’emplois P rotéus est une jeune entreprise franỗaise fondộe en 1998 sur des systốmes brevetés de production de substances par les bactéries Grâce des accords de partenariats, les organismes publics de recherche confient les souches bactériennes qu’ils ont identifiées l’entreprise qui se charge de trouver les partenaires industriels intéressés par les particularités du métabolisme de ces micro-organismes Dès l’origine, l’IRD a collaboré avec Protéus, au total, contrats (dont un en partenariat avec l’Ifremer) ont été conclus Ainsi la valorisation des travaux de l’IRD a aussi participé la création chez Protéus de 43 emplois de chercheurs de haut niveau ● Contact labat@esil.univ-mrs.fr © IRD/Marc Labat n 1992, l’Orstom engageait une nouvelle politique de valorisation des travaux de ses chercheurs Jean-Anne Ville, géologue qui avait participé depuis le début des années 1970 au développement et l’invention de nombre de procédures de soutien l’innovation de l’Anvar (Agence nationale de valorisation de la recherche créée la fin des années 1960) fut alors détachée auprès du directeur général de l’Orstom pour identifier les recherches fort potentiel de valorisation, inciter les chercheurs mieux exploiter leurs travaux, notamment par le brevet, et mettre en place les procédures nécessaires Alors que Jean-Anne Ville quitte aujourd’hui l’IRD pour une retraite méritée, nous l’avons rencontrée pour évoquer ces dix années qui ont conduit la naissance du département expertise et valorisation qui est aujourd’hui porteur d’une mission part entière de l’IRD Sur cette image, Monsieur Chamkha, doctorant au Laboratoire de Microbiologie de l’IRD de Marseille, transfère des colonies des nouvelles souches sauvages d’Escherichia coli La bte gant permet de manipuler ces bactéries dans une atmosphère dépourvue d’oxygène Travaux réalisés en partenariat avec une équipe INRA (UMR-BCF, Marseille) et des chercheurs du Burkina Faso (CRSBAN, Université de Ouagadougou) et de Tunisie (CBS, Sfax) Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Valorisation Des chercheurs de l’IRD1 viennent de découvrir une souche sauvage de la bactérie Escherichia coli capable de dégrader des résidus agricoles polluants et de produire des molécules recherchées par l’industrie Cette nouvelle souche n’a pas encore livré tous ses secrets, mais est promise un bel avenir Une équipe de l’IRD, associée des chercheurs du Burkina Faso et de Tunisie, a isolé dans des résidus de beurre de karité une souche sauvage de la bactérie Escherichia coli possédant des propriétés inédites En effet, cette nouvelle souche peut transformer certains acides aromatiques polluants en d’autres molécules aromatiques non acides, alors que la souche type en est incapable C’est la première fois qu’une souche d’E coli possède naturellement inscrite dans son patrimoine génétique ce potentiel de transformation Pour comprendre ce qui confère cette capacité la nouvelle souche d’E coli, les microbiologistes devront comparer son génome avec celui de la souche type, connu depuis plusieurs années Les capacités de dégradation de cette souche pourraient être utilisées pour le traitement des résidus du beurre de karité dans les pays soudano-sahéliens, les seuls où pousse cet arbre À plus long terme, la production industrielle de molécules d'intérêt par E coli peut être aussi envisagée Ces molécules intéressent particulièrement l’industrie alimentaire qui recherche aujourd’hui des organismes producteurs de composés naturels, permettant de remplacer les molécules synthétiques utilisées habituellement comme conservateurs ● 11 12 Portrait de Geneviève Michon Des forêts et des hommes Depuis 1998, le Service culturel de l’Ambassade de France en Indonésie soutient régulièrement plusieurs programmes de l’IRD Le projet Catfish Asia dirigé par Marc Legendre bénéficie, en particulier, pour la troisième année consécutive du soutien financier de l’Ambassade (voir Sciences au Sud n° 10, p 7) La représentation de l’IRD en Indonésie a donc invité S.E M l’Ambassadeur Hervé Ladsous visiter l’un des terrains de l’IRD Jambi (Sumatra), afin de juger par lui-même du bon usage fait de la subvention du MAE Le déplacement devait permettre de visiter les installations de la Direction générale de l’aquaculture Sungai Gelam, les essais de transfert des techniques de reproduction de Pangasius djambal en milieu paysan Kubu Kendang, et les systèmes de pré-grossissement en circuit fermé créés par Jacques Slembrouck « La visite, que nous souhaitions discrète, raconte Patrice Levang représentant de l’IRD en Indonésie, s’est transformée en déplacement protocolaire Dix voitures officielles, motards de la police, sirènes tonitruantes… dès l’aéroport de Jambi Réception au palais du gouverneur, déplacements en cortège, banderoles et comités d’accueil dans les villages visités, discours, couverture permanente par la presse écrite et télévisée locales Les autorités provinciales avaient mis les bouchées doubles Une belle réussite médiatique » « Patrice Levang ird-indo@rad.net.id Sur les traces de Titania L’IRD Quito a apporté son soutien logistique une expédition de l’Observatoire de Paris menée en Équateur pour traquer l’occultation d’une étoile par Titania, le plus gros des satellites d’Uranus Ces observations, et celles qui ont été réalisées dans d’autres sites en Amérique du Sud, ont permis aux chercheurs de l’Observatoire de Paris de donner une limite supérieure la pression atmosphérique éventuelle la surface de Titania (30 nanobar), de mesurer son rayon avec une précision de l’ordre du kilomètre alors qu’elle se situe près de milliards de kilomètres de la Terre, et de corriger d’environ mille kilomètres les estimations actuelles de la position d’Uranus ● Contact http://despa.obspm.fr/~titania Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 RD Contact ©I L’Ambassadeur a pu se faire une bonne idée de la qualité des recherches conduites en partenariat avec la Direction générale pour l’aquaculture Les Indonésiens ont particulièrement mis l’accent sur l’impact de la recherche sur le développement de l’aquaculture Jambi Les systèmes de pré-grossissement en circuit fermé, localement baptisés “sistim Jack” du nom de leur concepteur, ont été particulièrement remarqués De conception simple et ne faisant appel qu’à des matériaux locaux et bon marché, ils bénéficient d’un engouement hors pair dans la région Les autorités indonésiennes envisagent d’ailleurs de transférer le “sistim Jack” au reste de l’archipel ● Au départ, j’ai entamé des études d’agronomie sur les injonctions de la famille Moi, ỗa me gonflait lAgro, jaurai voulu faire des Lettres Mais, comme disaient mes parents, ỗa ne nourrit pas son monde… » Finalement cette Parisienne d’origine suit des études d’ingénieur dans la capitale et termine le diplôme d’Agro Montpellier L’Agro, plus tard, lui sera utile… En attendant, elle s’engage vers un DEA d’Écologie, option botanique tropicale La forêt l’intéresse mais davantage encore ceux et celles qui en vivent Parler de forêt, et sur l’environnement en général, c’est avant tout parler des hommes Les politiques d’environnement ne parlent pas dautre chose Mais dune faỗon qui reste décrypter « Ce qui est au coeur de mon travail, précise-t-elle, c’est donc le discours et les pratiques des hommes /M D ukh sur la forêt : ce qu’ils an disent et ce qu’ils font » Un sentiment très fort qui va influencer la suite de ses choix dans la recherche Et faire d’elle une émule de l’ethnobotaniste Jacques Barrau La thèse soutenue en 1985 sur « Trois systèmes de gestion de l’arbre en Indonésie » entre dans cette dynamique de même que la mission au Congo pour l’Unesco, l’année suivante, ó elle ausculte « l’utilisation et le rơle de l’arbre dans l’économie villageoise » Après un nouvel épisode en Indonésie, elle intègre l’IRD Elle y trouve une certaine liberté d’esprit propice la recherche L’ethnobotaniste garde en particulier un souvenir enthousiasmant d’un programme européen important 20 chercheurs y sont associés pour « la comparaison des différents systèmes de gestion des produits forestiers en Indonésie et aux Philippines Avec un budget de 900 000 euros et ce qui n’est pas toujours le cas, une ambiance de recherche et de convivialité hors pair ! » Après vingt ans de travaux, elle reste pessimiste sur l’intégration réelle des communautés locales dans les politiques d’environnement, le cœur de son travail Même si le travail au Népal d’une de ses collègues, Yildiz Aumeruddy-Thomas, sur “l’utilisation des ressources-nature en plantes médicinales dans une optique de conservation” lui apporte l’exemple contraire d’une mobilisation réussie des populations Elle accueille avec intérêt les travaux d’un Américain, Michaël Dove, un des premiers faire de la “political ecology” un nouveau courant de recherche au sein de l’anthropologie, où l’anthro- pologue effectue de constants allerretours entre les sociétés locales, les politiciens, les administrateurs, les industriels, les législateurs « Une faỗon de comprendre, explique-t-elle, comment les changements de politiques, de régulations gouvernementales, en particulier sur l’environnement, affectent ce qui se passe sur le terrain, ou comment l’arrivée de nouveaux acteurs économiques dans les forêts modifie en profondeur les habitudes et les organisations sociales locales » © IRD/G Michon Les forêts sont depuis vingt ans l’univers de recherche de Geneviève Michon, ethnobotaniste et directrice de l’UR De la déforestation aux dynamiques agroforestières Des forêts « comme constituants essentiels de notre humanité, de notre imaginaire » Agronome l’origine, la chercheuse s’intéresse la place des hommes dans la forêt Elle défend l’implication des sciences sociales dont elle regrette parfois le peu de place dans certains programmes de recherche Portrait d’une chercheuse qui ne ô ronronne ằ pas â IRD/P Levang Planốte IRD L’Ambassadeur découvre le “sistim Jack” Profil d’une agroforêt Damar Indonésie pouvoir, ambition) Ce qui m’intéresse dans ce travail est de confronter les discours des différentes parties dans le jeu forestier : populations locales bien sûr, mais aussi forestiers professionnels, industriels, politiciens et juristes, ONG et autres militants de l’écologie ou des droits de l’homme, jusqu’aux centres internationaux où se discutent l’avenir de la planète et les conventions d’environnement Et les chercheurs bien sûr » L’autre partie du travail, c’est de comprendre comment les hommes interagissent autour de cette forêt Et on entre directement dans la dissection des relations de pouvoir, qui l’intéresse particulièrement Forêt et pouvoir, c’est vraiment le thème central de son travail actuel Tout comme l’analyse des politiques d’environnement (conservation de la biodiversité, réduction des émissions carbonées) ou des dynamiques de déforestation en termes de modifications des rapports de pouvoir qui s’établissent entre les hommes pour le contrôle des ressources naturelles : stratégies de contrôle ou d’exclusion, mouvements de résistance, volonté de capture de bénéfices… Les hommes avant la forêt qui les fait vivre… Elle s’émeut de l’emprisonnement des villageois avec lesquels elle a travaillé : leur seule faute a été de couper un arbre alors que la loi des forestiers le leur interdit « Viscéralement, conclut-elle, les arbres me touchent et la forêt m’attire : j’y suis plus l’aise que dans une savane Sans la forêt, notre humanité perd ses repères, perd ses limites, et donc se perd, j’en suis persuadée » Et elle ajoute, livrant la preuve définitive de sa passion de chercheuse mais aussi de femme, tout simplement : « Et puis, photographiquement parlant, c’est un vrai défi, la forêt » ● ● Accord de recherche mination positive en faveur des étudiants issus des communautés historiquement défavorisées ● L’ Contact « Sans la forêt, notre humanité perd ses repères, perd ses limites et donc se perd » La chercheuse prend la responsabilité de l’Unité de recherche lors de la réorganisation de l’IRD en 2000 À Montpellier, elle travaille dans une équipe de 11 personnes, venant de l’IRD et d’autres institutions (ENGREF, WWF/UNWESCO, ONG) Dans une ambiance de « critique constructive » et dans un bon esprit Elle confie quelques-uns de ses rêves… La globe-trotter souhaiterait que l’on cloisonne moins, en Occident, certains actes de la vie Elle y repense quand elle mesure par exemple l’impact de l’islam sur les gestes les plus quotidiens de la forêt, ou celui du bouddhisme rencontré lors d’un séjour au Bhutan Son métier elle, c’est justement de rapprocher, dans une démarche de sociologue, toutes les facettes de l’existence Avec un sourire, elle ajoute : «On pourrait appliquer la même démarche la recherche ellemême : découper les faits d’environnement en petits bouts d’écologie, de santé, de climatologie, de social, me part très contre-productif » Elle réagit avant tout en ethnologue : « Le regard de l’anthropologue est indispensable, sinon, on reste dans un doux ronron », explique-t-elle Elle poursuit : « Une partie de mon travail cherche analyser les reprộsentations, la faỗon dont les hommes pensent et racontent cette forêt, selon quels critères ils la définissent, afin de comprendre ce qu’il y a derrière ces représentations et ces définitions (imaginaire, religion, accord de coopération entre l’IRD, le ministère de l’environnement et du tourisme sud-africain1 et l’université du Cap2, a été prorogé au Cap le 12 mars 2002 pour une durée de trois ans Cet accord définit les contours d’un programme de recherche dont le but est d’apporter de nouveaux outils (des modèles hydrodynamiques en dimensions, des modèles individu-centrés, des modèles d’écosystèmes et un SIG halieutique) et de l’information pour l’estimation régionale de l’état des ressources pélagiques dans l’écosystème du Benguela Il prévoit l’accueil de chercheurs de l’IRD (dont 50 % de seniors) par les deux partenaires sudafricains Cette cérémonie de signature a été l’occasion d’établir un bilan très satisfaisant des quatre dernières années, en matière de recherche en coopération, mais également de souligner les difficultés rencontrées en matière de formation d’étudiants en mathématiques appliquées et en modélisation, qui prenne en compte les politiques publiques locales de discri- Contact G Michon gmichon@club-internet.fr http://sea.uct.ac.za/idyle/ Division de la gestion marine et côtière du ministère de l’environnement et du tourisme (MCM) Centre des études marines de l’université du Cap (UCT) ● Thèses Rakoroarimanana Vonjison, allocataire de l’IRD dans le cadre du programme GEREM de l’UR TRADE, a soutenu le janvier 2002, une thèse de troisième cycle auprès de l'université d’Antananarivo Madagascar Ce travail, intitulé « Feu, pâturage et dynamique des savanes Heteropon contortus dans le sud-ouest de Madagascar (Région de Sakaraha) », a obtenu la mention très bien et les félicitations du jury ● Contact Michel Grouzis grouzis@ird.mg Contact Jean-Loup Guyot guyot@cict.fr * L’INAMHA (instituto nacional de meteorología e hidrología), Équateur Contact © IRD/B Séret 500 m de profondeur Les chimères constituent un groupe proche des requins ; comme eux, leur squelette est cartilagineux , mais au cours de l'évolution des chondrichtyens (poissons squelette cartilagineux), elles se sont séparées très tôt (au Dévonien, il y a environ 350 millions d’années) de la souche primitive des requins Les chimères actuelles ressemblent beaucoup leurs ancêtres de l’Ère primaire Dans certains pays, elles sont exploitées pour leur chair, commercialisée en filets En revanche, les palangres, menées entre 300 et 960 m de profondeur, ont donné de bons résultats Ainsi, 17 espèces de requins de profondeur ont été récoltées, dont deux nouvelles qui sont actuellement en cours de description Il s’agit d’un squale chagrin du genre Centrophorus et d’un requin hâ du genre Hemitriakis Depuis le début des années 1990, des pêcheries de profondeur se sont développées dans le monde, et parmi les nouvelles ressources mises ainsi en exploitation, les squales chagrins (Centrophorus spp.) sont particulièrement recherchés pour leur chair, mais surtout Le 20 avril dernier, l’IRD et son partenaire équatorien l’INAMHI* ont échographié le rio Napo, un affluent de l’Amazone Cette démonstration de l’usage d’un ADCP (acoustic doppler current profiler) pour la mesure des flux hydriques a été réalisée la station Francisco de Orellana-Coca, en présence des autorités Cette nouvelle technologie d’hydrologie de surface, utilisée depuis novembre 2001 en Équateur, permet de réaliser de véritables «échographies» des cours d’eau Ce procédé permet d’obtenir le relevé bathymétrique précis, la répartition, l’intensité et la direction des lignes de vitesse des courants Il autorise aussi la mesure du débit de la rivière en temps réel avec une précision inégalée Le programme HYBAM (hydrologie et géodynamique actuelle du bassin amazonien – UR 069) qui réalise ces recherches, a pour but de modéliser le fonctionnement hydrogéodynamique du bassin amazonien À cette fin, il étudie les variations spatio-temporelles des flux hydriques, solides et dissous de l’Amazone et de ses principaux affluents partir d’un réseau d’une vingtaine de stations situées au Brésil, en Équateur, au Pérou et en Bolivie et gérées en partenariat avec les services hydrologiques nationaux ● ● Colloque Pêcheries, écosystèmes et sociétés en Afrique de l’Ouest, un demi-siècle de changement Prélèvement de parasites externes (crustacés) sur une nageoire de requin du genre squalus © IRD/B Séret Dakar, Sénégal, du 24 au 28 juin 2002 Squale chagrin, Centrophorus sp n une photo, une recherche Ce symposium international sera consacré un examen détaillé des changements qui ont eu lieu au sein des écosystèmes, dans les modes d’exploitation et de gouvernance en Afrique de l’Ouest (du Maroc l’Afrique du Sud) suite l’augmentation de la pression de pêche Les contributions attendues mettront en évidence les changements sur le long terme, en particulier depuis 1950, de faỗon apporter une perspective contrastộe aux statuts actuels des ressources, des exploitations et des arrangements institutionnels Elles viseront constituer une base de référence utile l’évaluation des impacts et des états présents, l'interprétation des tendances et leur projection dans le futur, ainsi que pour proposer des scénarios alternatifs ● Contact Pierre.Chavance@dakar.ird.sn www.ird.sn/activites/sih/symposium Meilleure publication C ette mouche, appelée glossine ou mouche “Tsé-Tsé”, dotée d'une trompe piqueuse, transmet l’homme ou l'animal, en Afrique sub-saharienne, des agents pathogènes appelés trypanosomes Les trypanosomoses humaines africaines demeurent un problème préoccupant dans 36 pays infestés de glossines où 60 millions de personnes sont exposées (OMS, 1990) Aucun vaccin n’est disponible La maladie est curable, mais les médecins ne disposent pas de thérapeutique garantissant la fois efficacité, facilité d’emploi, et innocuité, le tout un coût acceptable Les trypanosomoses animales africaines représentent la première maladie transmission vectorielle chez le bétail et constituent un obstacle majeur au développement de l’élevage et de l’agriculture : un paysan possède environ deux fois moins de bœufs de trait et cultive, de ce fait, trois fois moins de surface agricole ● Les glossines sont des insectes, diptères, appartenant une seule famille (Glossina) parmi lequel on distingue 31 espèces ou sous-espèces Le nom “Tsé-Tsé” était utilisé par les africains du fait du bruit en vol de certaines espèces Photo, Michel Duhkan, IRD Contact Gérard Cuny et Dominique Cuisance, UR R035 Trypanosomoses africaines Gerard.Cuny@mpl.ird.fr http://www.trypano-humaine.com/ Photothèque Base Indigo Claire Lissalde lissalde@paris.ird.fr L’équipe de Valérie Verdier-Michel du Laboratoire Génome et Développement des Plantes (unitộ mixte cnrs-irdur 121) a reỗu fin 2001 le ORPA award pour la publication des travaux Genetic mapping of resistance to bacterial blight disease in cassava (Manihot esculenta Crantz) Theor Appl Gent 2000 101:865-872, V Jorge ; M A Fregene ; M C Duque ; M W Bonierbale ; J Tohme ; V Verdier ORPA est un prix attribué par le Centre international d’agriculture tropicale et qui récompense la meilleure publication pour l’année ● Contact Valérie Verdier Michel vverdier@gala.univ-perp.fr Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Planète IRD « Le requin blanc qui nous a approchés pouvait avaler d’une bouchée un autre squale de plus de trois mètres ! » explique un membre de la campagne Chondrical Sans avoir vu le monstre, les scientifiques l’ont identifié aux traces de dents qu’il avait laissé dans les restes d’un autre requin prit par une de leurs palangres D’un squale de 3,50 m, Il ne restait accrochộ aux hameỗons quun mốtre de queue proprement sectionnée La campagne Chondrical avait pour but de compléter l’inventaire des chondrichthyens (requins, raies et chimères) de profondeur de Nouvelle-Calédonie Elle avait aussi pour but de recenser les espèces de requins éventuellement exploitables Les tentatives de prélèvement au chalut ont été peu fructueuses, compte tenu de la nature des fonds prospectés Toutefois, une chimère phantome (Chimaera phantasma) a été prise par pour l’huile de leur foie, leur peau (pour la fabrication de cuir), et leur cartilage (utilisé en pharmacologie) Mais les requins les plus communs récoltés au cours de la campagne étaient les aiguillats (trois La mission Chondrical, conduite par espèces du genre Bernard Séret, ichtyologiste l’IRD, comprenait Squalus) et des petits Kazu Nakaya, spécialiste japonais des requins, Jean Lou Justine, parasitologiste du Muséum requins-lanternes du de Paris, Philippe Borsa, généticien de l’IRD, genre Etmopterus Ces Po-Feng Lee, étudiant taiwanais (génétique) derniers possèdent des et Samuel Iglesias, étudiant du Muséum de Concarneau (génétique) organes lumineux sur le ventre et la queue qui servent probablement la reconnaissance des partenaires sexuels dans un milieu où somme toute les rencontres sont rares et peuvent être dangereuses ! Chimère, Chimerae phantasma Cette riche récolte et les nouvelles espèces de requins renles différents groupes de requins Ces contrées ont comblé l’enthourésultats pourront bénéficier aussi des siasme de l’équipe emmenée par conclusions de l’analyse parasitoloBernard Seret Les nouvelles espèces gique, du fait de la spécificité des paraseront prochainement décrites, les anasites leur hôte ● lyses génétiques permettront d’apporter des éléments pour l’établissement des relations phylogéBernard Séret nétiques entre seret@cimrs1.mnhn.fr © IRD/B Séret Un inventaire des requins des profondeurs, au large des Ỵles Loyauté et de la Grande Terre, a été l’occasion d’étonnantes rencontres Requin hâ, Hemitriakis sp n © IRD/B Séret Squale-partie en Nouvelle-Calédonie Le rio Napo passe une écho © IRD/B Séret 13 P u b l i c a t i o n s Ressources Sociétés paysannes, transitions agraires et dynamiques écologiques dans le sud-ouest de Madagascar Actes de l’Atelier CNRE-IRD Antananarivo 8-10 novembre 1999 S Razanaka, M Grouzis, P Milleville, B Moizo, C Aubry Éditeurs scientifiques, CNRS-IRD, 400 p 14 Te c i a s o l a n i v o r a Les ravages continuent Un insecte lépidoptère ravageur de la pomme de terre cause actuellement d’importants dégâts en Amérique latine, et notamment, en Équateur Tecia solanivora ou « teigne du Guatemala » se propage rapidement et a été signalé en 2000 aux Ỵles Canaries Il figure depuis cette date sur la liste rouge de l’European and Mediterranean Plant Protection Organization (EPPO) qui estime qu’en l’absence de contrôle, les cultures de pommes de terre du sud de l’Europe pourraient être en danger Afin de dresser un état des connaissances sur ce véritable fléau, un Symposium international sur la teigne du Guatemala est organisé Quito les et juin prochain par l’IRD et la PUCE, avec le concours du Centre international de la pomme de terre (CIP) Il rassemblera des chercheurs des pays concernés et de l’IRD et aussi des responsables de services phytosanitaires de la région Il permettra d’organiser les collaborations scientifiques indispensables, d’identifier les méthodes de lutte utilisables et d’en coordonner la mise en œuvre l’échelle régionale, et de proposer des recommandations qui puissent être appliquées par les paysans de la région andine Une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l’Université pontificale catholique d’Equateur (PUCE, Quito) est mobilisée depuis 1999 pour étudier les mécanismes d’invasion biologique et identifier une stratégie et des procédés de « lutte biologique » (voir Sciences au Sud n° 8) WEB www.puce.edu.ec L’ouvrage constitue les actes d’un atelier organisé en 1999 Antanarivo Il rend compte des principaux résultats obtenus dans le cadre de deux programmes conjoints, par des équipes du CNRE et de l’IRD dans la région sud-ouest de Madagascar Les chercheurs abordent notamment les mutations agraires et la culture du maïs sur abattis-brûlis, principale cause de déforestation Avec l’installation de populations migrantes et la réduction des terres agricoles disponibles, de profondes recompositions affectent les relations sociales, les systèmes de production et l’organisation de l’espace rural Dans ce contexte, ce livre pose également les questions du développement et de l’environnement du sud-ouest de Madagascar Gérer la ville Entre global et local Éditions de l’Aube/IRD, Editeurs scientifiques Élisabeth Dorier-Apprill, Sylvy Jaglin, collection Autrepart, n° 21, 2002, 208 p., 19 e Si les villes constituent par nature des espaces d’interactions denses, leur montée en puissance comme territoires de régulation d’un nombre croissant de questions économiques et sociales est un fait marquant depuis les années 1980 Le 21e numéro de la revue Autrepart présente un ensemble complet de textes sur la ville et sa gestion En s’appuyant sur des études menées dans des villes africaines, sud-américaines et asiatiques, les auteurs abordent les thèmes de la décentralisation, des partenariats public/privés, de la gestion de l’environnement ou encore des prescriptions de la Banque mondiale Ces différentes études soulignent la diversité des conceptions et mises en œuvre, nationales et locales, des paradigmes de gestion et de gouvernement des villes « Environnmental Changes and Radioactive Tracers » Éditeurs scientifiques, Jean-Michel Fernandez (CEA) et Renaud Fichez, IRD, IRD Éditions, collection Colloques et Séminaires, 20 e Cet ouvrage rassemble les contributions de la VIe conférence de la South Pacific Environmental Radioactivity Association (SPERA 2000), qui s’est tenu l’IRD Nouméa du 19 au 23 juin 2000 Autour du thème « Modifications environnementales et traceurs radioactifs » il a permis de présenter les travaux les plus récents sur l’étude des radionucléides artificiels et naturels dans différents champs d’investigation des sciences de l’environnement La conférence rassemblait sessions liées l’étude des compartiments atmosphérique, aquatique, biologique ou sédimentaire, ou traitant des problèmes d’érosion des sols ou de stockage des déchets ainsi qu'une table ronde dédiée l’apport des techniques radiologiques dans les études sédimentaires : méthodes et applications Depuis 1999, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont demandé aux pays bas revenus qui souhaitent bénéficier de financements taux privilégié ou d’un allégement de leur dette de préparer un programme de lutte contre la pauvreté Cet ouvrage constitue la première synthèse sur les nouvelles stratégies de lutte contre la pauvreté qui sont actuellement au centre des politiques de développement Il soulève aussi de nombreuses interrogations : Le contenu des politiques a-t-il véritablement changé ? Celles-ci sont-elles susceptibles d’atteindre leurs objectifs ? La démarche participative qui est préconisée va-t-elle renforcer la démocratie et améliorer l’efficacité des politiques ? Enfin, quels sont les enjeux en matière de suivi et d’évaluation ? Quito inattendu Le Centre Historique en devenir Karine Peyronnie et René de Maximy CNRS éditions, 2002, 336 p 40 e Cet ouvrage est le résultat d’une réflexion commune de Karine Peyronnie, chargée de recherche, et René de Maximy, directeur de recherche émérite, l’IRD Les deux auteurs, qui avaient déjà publié leurs recherches sur les gens de Quito, se sont penchés cette fois ci sur le centre historique de la capitale équatorienne, inscrit l’inventaire du patrimoine mondial de l’Unesco en 1978 Est-il destiné être mis entre parenthèse, comme une enclave historique muséifiée, ou bien constitue-t-il un élément significatif de la réalité quiténienne contemporaine ? Pour répondre cette question qui préoccupe actuellement les responsables de la gestion spatiale et sociale de la ville, les auteurs de cet ouvrage ont effectué une étude approfondie de quartiers de Quito, rencontré les gestionnaires et interrogé des centaines de citadins Textes Edmond Bernus, Photos de Jean-Marc Durou, Edition Vents de Sable, 2002, 176 p 30,50 e Peuplement et évolution agraire au Morelos (Mexique) Patrick Livenas, L’Harmattan, collection « Populations », 2001, 156 p., 13,75 e Cet ouvrage est le Premier volume de la collection Initiation aux cultures nomades qui a pour objet de transmettre sous une forme accessible au plus grand nombre les connaisances des meilleurs spécialistes des dernières sociétés nomades de notre planète Consacré aux Touaregs, peuple aujourd’hui dispersé travers de nombreux États d’Afrique, il réunit deux spécialistes du sujet Les textes clairs et vivants sont d’Edmond Bernus, directeur de Recherche émérite l’IRD, qui travaille depuis 40 ans sur les pasteurs nomades, et plus particulièrement sur les Touaregs Quant aux superbes photographies, elles sont l’œuvre de Jean-Marc Durou, auteur de nombreux ouvrages sur les déserts Bien que disposant d’une langue et d’une écriture communes, les Touaregs constituent avant tout une civilisation de la parole Leur culture est-elle aujourd’hui menacée ? Est-ce la fin d’une civilisation pastorale ou la fondation d’une société nouvelle qui n’oublie pas ses traditions ? Ce livre complet apporte également de nombreux éléments de réponses ces deux questions Dans l’État mexicain du Morelos, qui fut celui de Cortés et de Zapata, les liens entre le peuplement et le développement de l’économie sucrière sont séculaires et complexes : le peuplement dynamise l’économie ou au contraire en suit les évolutions Patrick Livenas, démographe chargé de recherches l’IRD retrace dans cet ouvrage les conditions économiques et démographiques de l’émergence et du développement des haciendas sucrières Cette étude couvre la période coloniale, les premiers temps du Mexique indépendant jusqu’au Porfiriato et la révolution de 1910 Le XXe siècle est également abordé, de longues séries statistiques l’appui, par l’analyse des convergences puis de la rupture entre l’évolution du peuplement et les profondes transformations de l’économie sucrière Villes et violence en Afrique noire Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Ed IRD – Karthala, 312 p., 24,5 e En Afrique subsaharienne, la violence urbaine est un phénomène encore peu étudié Du banditisme armé la délinquance juvénile en passant par la psychopathologie quotidienne du citadin stressé, la violence est multiforme dans des mégapoles africaines dont le gigantisme n’a rien envier aux agglomérations d’Amérique latine ou d’Asie L’objectif de cet ouvrage est d’analyser le rapport de la violence la croissance urbaine Ce problème n’est pas propre l’Afrique, quoiqu’il en ait adapté certaines spécificités dans le contexte d’une dilution de l’autorité politique, d’un relâchement du contrôle social et, parfois, d’une inadaptation la modernité du cosmopolitisme citadin L’auteur, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, est politologue, chercheur l’IRD, et poursuit actuellement ses travaux sur les conflits armés et leurs conséquences migratoires Les nouvelles stratégies internationales de lutte contre la pauvretộ Cling Jean-Pierre, Razafindrakoto Mireille, Roubaud Franỗois, DIAL et Economica, 2002, 406 p 35 e Les Touaregs Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 Guyane ou le voyage écologique Cécile Richard-Hansen, Roger Le Guen, Édition Roger Le Guen, distribué par Panacoco, 2001, 432 p 22,87 e La Guyane est un fabuleux terrain de recherches, qui a alimenté et alimente encore nombre « d’expéditions », d’inventaires, de thèses, de publications scientifiques et de découvertes Cet ouvrage abondamment illustré permet de mieux comprendre les mécanismes du patrimoine naturel de Guyane et fait conntre les outils de sa protection Soixante-cinq auteurs, dont plusieurs chercheurs de l’IRD, ont collaboré cette entreprise et ont eu cœur de faire conntre les résultats de leurs travaux Daniel Sabatier ouvre le premier chapitre du livre avec un texte sur la diversité du milieu forestier guyanais Puis, dans une partie consacrée aux dispositifs d’étude, Christophe de Proisy, présente avec Denis Girou, les techniques de télédétection spatiale utilisées pour les forêts guyanaises Et JeanJacques de Granville, retrace l’histoire de l’Herbier de Guyane et souligne l’intérêt de la base de données Aublet pour l’étude de la biodiversité végétale La demande d’éducation en Afrique État des connaissances et perspectives de recherche Sous la direction de Marc Pilon et Yacouba Yaro, Réseaux thématiques de recherche de l’Union pour l’Étude de la Population Africaine N° 1, janvier 2001 222 p Cet ouvrage brosse un état des lieux des connaissances relatives aux facteurs explicatifs de la demande d’éducation dans différents pays africains Il a été rédigé sous la direction de Marc Pillon, démographe l’IRD, et Yacouba Yaro, démographe l’UERD, par les membres du réseau de l’Union pour l’Étude de la Population Africaine La première partie du livre présente une revue générale de la littérature consacrée la demande d’éducation en Afrique puis aborde ses aspects économique puis sociologique La deuxième partie fait un tour d’horizon complet de l’état des connaissances sur la demande d’éducation au Bénin, au Burkina-Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger, au Congo et au Togo Véritable mine d’or pour les chercheurs, les hommes de terrain et les décideurs du domaine de l’éducation, ce livre propose également des pistes de recherche intéressantes Sustainability of rice production in Thailande Pascale M Phélinas, Nova Science publishers, 69 $ La mise en place de nouvelles stratégies de production de riz, l’un des dix premiers produits d’exportation de la Thạlande, appart comme une condition importante pour la poursuite du développement économique du pays Les familles de fermiers doivent de plus en plus améliorer l’usage de leurs ressources productives Les défis auxquels font face les producteurs de riz et qui sont au centre de cet ouvrage concernent notamment la pénurie de terre, le manque de main d’œuvre, la stagnation de la production et l’accès difficile au crédit Contact : www.nexusworld.com/nova La Côte d’Ivoire l’aube du XXIe siècle sous la direction de Georges Photios Tapinos, Philippe Hugon et Patrice Vimard, Karthala, 500 p., 30 e La crise économique des années 1980 et 1990 en Côte d’Ivoire a été la mesure de la croissance des décennies antérieures souvent qualifiée de « modèleivoirien » À l’aube du XXIe siècle, cette grave crise doit être mise au regard des dynamiques démographiques, des trajectoires économiques et des défis du développement durable Cet ouvrage privilégie le long terme dans une étude rétrospective et prospective Après avoir étudié les infléchissements de la croissance de la population et de celle de l’économie, l’ouvrage analyse les secteurs clés du développement économique et social Épuisement des fronts pionniers, chômage et précarisation des emplois, inadéquation des systèmes scolaires et de santé sont autant de diagnostics de ces analyses Celles-ci mettent également en évidence les potentialités du pays et les éléments des politiques publiques nécessaires leur utilisation, en étudiant notamment les populations cibles que devraient être les femmes, les jeunes et les migrants Enfin en construisant plusieurs scénarios démo-économiques, l’ouvrage permet de desiner les devenirs possibles de la Côte d’Ivoire Du miel au café, de l’ivoire l’acajou La colonisation de l’interfluve Sangha-Oubangui et l’évolution des rapports entre chasseurs-collecteurs pygmées Aka et agriculteurs (Centrafrique, Congo) 1880-1980 Henri Guillaume, Editions Peeters Selaf 393, Langues et cultures africaines, n 27 Peuple lộgendaire, les Pygmộes ont longtemps ộtộ perỗus comme confinés dans un cocon forestier et traversant les siècles en marge de l’Histoire Cet ouvrage analyse les relations entretenues par les Aka avec un ensemble de populations aux économies diversifiées et permet de mieux saisir les processus d’anthropisation de la forêt équatoriale Mais il ouvre aussi sur un cadre bien plus large avec la prise en considération de la traite atlantique et de la pénétration européenne au cœur du bassin congolais C’est ainsi que ce travail éclaire l’histoire méconnue de l’époque coloniale dans l’immense interfluve Sangha-Oubangui et l’évolution sociale de certaines régions jusque dans les années 80 Henri Guillaume, l’auteur de cet ouvrage est anthropologue et directeur de recherches l’IRD, il participe actuellement des recherches sur les interactions sociétésenvironnement et les politiques de développement rural au Maghreb Contact IRD Éditions diffusion@bondy.ird.fr N o u v e l l e - C a l é d o n i e C a r n e t Un récif bien classé ? Par arrêté du ministre des Affaires étrangères, du ministre de la Recherche et du ministre délégué la Coopération et la francophonie du avril 2002, sont nommés membres du Conseil Scientifique de l’IRD : Du au 12 mars dernier, Pierre Serne, conseiller du ministre de l’Environnement, s’est rendu en NouvelleCalédonie L’IRD a pu lui faire découvrir l’un des plus riches récifs coralliens du monde, lui démontrant ainsi, s’il en était besoin, que ces écosystèmes représentent un inestimable patrimoine qu’il est urgent de préserver Guidé par nos meilleurs plongeurs-biologistes, Pierre Laboute et Jean-Louis Menou, il a pu, en toute sécurité, plonger sur la pente externe du récif barrière et même observer, sur la pente récifale interne, le phénomène de blanchissement corallien1 Marc Gaborieau, docteur d’État (ethnologie), directeur d’études l’EHESS, anthropologue, spécialiste du monde mulsuman et de l’Asie du Sud ©IRD A bord du bateau de l’IRD, le « Coris », Pierre Serne, conseiller du ministre de l’Environnement et Camille Putois, Secrétaire générale adjointe du Haut commissaire de la Nouvelle-Calédonie s’apprêtent plonger l’extérieur du récif barrière Contact L’initiative a de quoi être saluée car il s’agit d’un vrai problème de développement avec l’éternel conflit d’usage du milieu conservation/exploitation L’Unesco a maintenant jusqu’en juin 2003 pour consulter tous les responsables calédoniens et décider de la suite donner Gageons que le sujet sera encore d’actualité lors du Sommet de la Terre Johannesburg en août prochain Quelle que soit la décision finale de l’Unesco, le débat autour de la conservation des écosystèmes coralliens laissera une empreinte durable au sein des populations ● Bertrand Richer de Forges, directeur de l’UR 20 Connaissance des faunes et flores marines tropicales Richer@noumea.ird.fr Jean-Luc Piermay, professeur de géographie humaine l’Université Louis Pasteur de Strasbourg I, spécialiste de la question urbaine dans les pays en développement ; a participé divers comités d’évaluation de l’activité du secteur Sciences humaines et sociales de l’ORSTOM Phénomène caractérisé par une décoloration de la colonie due l’expulsion des algues symbiotiques vivant dans la chair de l’animal Ce phénomène destructeur est provoqué par un réchauffement notable de l’eau de mer ou par toute autre perturbation du milieu marin Alain Prinzhofer, physicien de l’IPG de Paris, spécialiste des transferts de technologie et des relations privés – public (a travaillé pour, en relation avec, des établissements de R & D) dans le domaine de l’énergie et des ressources naturelles (expérience au Brésil et en Nouvelle Calédonie) naire (aspiration généreuse au bonheur généralisé) Défaire le développement, c’est percevoir dans la mondialisation en cours le stade ultime de développement du développement C’est donc affirmer que celui-ci n’est nullement un Jacques Boulègue, directeur du Département milieux et environnement de l’IRD a été nommé membre du Comité de coordination des sciences de la planète et de l’environnement de nouveaux paradigmes, coordonner les multiples initiatives qui, sur les quatre continents, appellent « l’auto-organisation des exclus » ou « l’autonomie solidaire » Dans la suite de Porto Alegre, émerge un vaste pôle de résistances autour des paysanneries du Sud, depuis les mouvements paysans d’Amérique latine jusqu’aux panchayat (républiques villageoises autogérées) d’Inde, en passant par de nombreuses expériences européennes À la voix déterminée d’Aminata Traoré (Mali), ont fait écho celles de Lakshman Yapa (Inde) ou de Leonardo Viteri (Equateur)… La place de la science et de la technologie – « entre les mains des classes dominantes des pays riches » (Jean-Pierre Berlan ) – d’une manière plus générale l’accès aux savoirs et linformation est perỗue comme lun des enjeux majeurs du XXIe siècle On l’a compris, le succès du colloque concerne l’IRD au premier chef et ne peut que conforter les propos tenus par le président J.-F Girard lors de sa récente entrée en fonction : « Nous devons élaborer une pensée IRD sur les questions de développement » (Science au Sud n° 12) C’est assurément une urgence… ● ©IRD/M Duhkan L a manifestation a réuni de nombreux scientifiques, journalistes, militants et citoyens venus des quatre coins de la planète pour porter une critique radicale au concept de développement « Défaire le développement », c’est tordre le cou un des mythes fondateurs de la modernité post coloniale, c’est briser une pensée téléologique et dévoiler une croyance occidentale (Gilbert Rist )… Derrière la polysémie du terme et ses définitions successives, derrière les oripeaux du développement (humain, durable…), ne trouve-t-on pas en fin de compte un seul et même processus : la transformation de la nature et du lien social en biens marchands ? Défaire le développement, c’est alors confronter le développement réel et son cortège de monstruosités (inégalités croissantes, piège de la dette, destruction de l’environnement, marchandisation du monde sous l’impulsion des firmes transnationales, affaiblissement des États nations et des services publics…) au développement imagi- remède, qu’il est au contraire un problème (Serge Latouche ) Bref, défaire le développement, c’est voir le monde l’inverse des experts de la Banque mondiale qui parlent du « scandale de la pauvreté dans un océan d’abondance », alors qu’il s’agit de dénoncer le « scandale de la richesse dans un océan de misère » (Teddy Goldsmith) On retiendra comme image marquante de la séance inaugurale, la présence de José Bové aux cơtés d’Ivan Illich pour dénoncer l’imposture « développementaliste » conduite par le trio « Étatsscience-marché » « Refaire le monde », c’est proposer Contact Laurent Auclair auclair@up.univ-mrs.fr 15 Composition complète du Conseil scientifique sur le site de l’Institut : www.ird.fr Défaire le développement, refaire le monde Tel était le titre du Colloque international sur l’après développement qui s’est tenu au palais de l’UNESCO Paris du 28 février au mars dernier l’initative de la Ligne d’horizon (l’Association des amis de Franỗois Partant), avec le soutien, entre autres, du programme MOST de l’UNESCO et du Monde Diplomatique Compte rendu de Laurent Auclair, géographe, chargé de recherche l’IRD Marie-Claude Maurel, directrice d’études l’EHESS, ex-directrice du département Sciences humaines et sociales du CNRS, membres de nombreux comités nationaux dans le domaine des SHS, médaille de bronze du CNRS Patrice Cayré, directeur du département Ressources vivantes de l’IRD est nommé membre du Comité d’Orientation de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines Dominique Lecourt est nommé président du comité de déontologie et d'éthique de l’IRD, en remplacement de Noëlle Lenoir Normalien, agrégé de philosophie et docteur d’État ès Lettres, il est Professeur de philosophie l’Université Denis Diderot (Paris 7) Ancien Recteur d’Académie et Directeur du CNED, Dominique Lecourt est délégué général de la Fondation BioVision de l’Académie des Sciences et Président du Conseil de Surveillance des Presses Universitaires de France (PUF) Auteur de nombreux ouvrages, on peut citer parmi ses dernières publications L’Amérique entre la Bible et Darwin (réed Quadrige/PUF, 1998), Prométhée, Faust, Frankenstein (réed Livre de Poche, 1998), Contre la peur (réed Quadrige/ PUF, 1999), le Dictionnaire d’histoire et philosophie des sciences (PUF, 1999) couronné par l’Institut de France et le « Que sais je ? » sur La philosophie des sciences ( P U F , 2001) Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 © dr récifales sur les volcans actifs de Matthew et Hunter jusqu’aux vieux atolls submergés de Lansdowne et Fairway Il s’agit d’un ensemble incomparable La Grande Barrière australienne (déjà classée au patrimoine mondial depuis 1972) est l’une des plus grandes réserves avec ses 370 000 km2 mais elle ne constitue un réel récif barrière que sur 000 km environ Il est d’ailleurs intéressant de relire l’histoire de son classement, émaillée de réticences politiques très similaires celles qui apparaissent actuellement en NouvelleCalédonie Certains pensent en effet que ce genre de label de qualité internationale pourrait devenir un frein au développement économique du pays et en particulier aux projets miniers D’autres imaginent que cela provoquera un afflux de touristes nuisibles l’environnement marin… Il en fut exactement de même en Australie jusqu’à ce que le dramatique accident du « Torrey Canyon » ne fasse basculer l’opinion publique du côté de la conservation ! Jean-Jacques Gabas, mtre de conférences l’Université de Paris XI Orsay, Président du groupement d’intérêt scientifique « Économie mondiale, Tiers-monde et développement » (GEMDEV), spécialiste des questions macroéconomiques, de la sécurité alimentaire et des politiques d'aide au développement (en Afrique notamment) Planète IRD P eu de temps auparavent, le ministère avait transmis l’Unesco, au nom du Gouvernement franỗais, une demande visant faire classer lensemble des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie sur la «World Heritage List» ou patrimoine mondial de l’humanité L’initiative de cette demande revient aux associations de protection de l’environnement de Nouvelle-Calédonie (Corail vivant et VertPacifique) qui ont préparé le dossier et obtenu l’accord indispensable des autorités provinciales et du Sénat coutumier Les formations récifales de NouvelleCalédonie, parmi les plus vastes du monde, présentent une grande richesse spécifique Elles sont constituées principalement des atolls de Chesterfield, Bellona, Huon et Surprise, des récifs de la Grande Terre et des ỵles Loyauté Le récif barrière, lui seul, mesure environ 600 km pratiquement continus Tous les types de récifs sont représentés dans la région, récifs frangeants, récifs d’ỵlots et récifs barrières ; des jeunes formations Francine Casse, professeur de biologie moléculaire et de génie génétique végétal l’Université de Montpellier II, spécialiste de la réponse des plantes au stress (sécheresse, sels) et aux virus Expositions • Alcide d’Orbigny : dernier voyageur naturaliste Cette exposition itinérante sera proposée, d’abord, La Rochelle dans le Jardin des Plantes du 18 avril au 30 juin ; puis, Paris au Muséum du juin au 13 octobre (où elle s’intitulera Du Nouveau Monde au passé du Monde : Alcide d’Orbigny, voyageur naturaliste 1802-1857) ; et, enfin en Bolivie, La Paz, Santa Cruz et Cochabamba, sous une forme plus ramassée A l c i d e D e s s a l i n e s d ’ O r b i g n y Savant de terrain, encyclopédiste et homme engagé par Jean-Claude Roux (UR 78 IRD) et Alain Gioda (UR 32 IRD) Dans la pléiade des naturalistes franỗais, Alcide Dessalines dOrbigny est peu connu du grand public Pourtant, celui qui, âgé seulement d’une vingtaine d’années, créa l’ordre des foraminifères, porta aussi sur les hommes et la nature d’Amérique du Sud un regard d’une grande modernité, comme le soulignent Jean-Claude Roux et Alain Gioda I Sud, sur les ruines de l’empire espanfluencé par un père médecin de gnol, et la France, patrie des libertés et marine, le jeune Alcide est très tôt de la science, y jouit d’une bonne passionné par la nature Durant image son adolescence La Rochelle, il étudie Cette conjoncture favorable incite le les animaux marins en amateur éclairé Muséum organiser un long voyage Il travaille en liaison avec les scientiscientifique Orbigny est chargé de cette fiques du Muséum national d’Histoire mission et ainsi, 24 ans, il s’embarnaturelle de Paris et, dès 1826, ses que pour un périple études créant l’ordre • Alcide d’Orbigny, sa vie et ses trade années (1826des foraminifères vaux La stratigraphie de d’Orbigny « La riche collection nos jours, Paris, Muséum national 1834) Il explore lon(micro-organismes d’histoire naturelle d’Histoire naturelle, du 1er au juillet guement, malgré l’inmarins unicellulaires qu’il rapporta, sécurité, l’Argentine entourés d’un test comprenait près de • Les voyageurs scientifiques du et « la Banda Oriencalcaire) sont publiées 160 mammifères, XIXe siècle en Amérique du Sud, Santa tal », le futur UruElles permettront une Cruz, Bolivie, fin octobre 860 oiseaux, 115 reptiles, guay Ensuite, il passe avancée fondamen166 poissons, Autres manifestations au Chili en doublant tale en micro paléon• Le ministère des Affaires étrangères 980 mollusques et le Cap Horn, arrive au tologie et impressionet particuliốrement lInstitut franỗais nent les scientifiques zoophytes, 000 insectes Pérou et surtout il des Études Andines de Lima, dirigé par et crustacés explore pendant trois de l’époque dont Jean-Joinville Vacher de l’IRD, animeront ans la Bolivie où le Alexandre von Humet 000 plantes, les manifestations en Amérique du Sud boldt et Georges ainsi qu’un riche trésor gouvernement le sou• En Bolivie, sera inauguré le musée tiendra Partout, son Cuvier qui deviennent d’Histoire naturelle Alcide d’Orbigny de matériaux pour entregent et son chases parrains Cochabamba La Fondation Culturelle la géologie, de la Banque Centrale de Bolivie La risme lui ont fait Depuis le voyage la paléontologie et Paz et les Archives et la Bibliothèque gagner la sympathie d’Humboldt (17991 l’ethnographie » Nationales de Bolivie Sucre rendront de tous 1804), la science hommage Alcide d’Orbigny par difféOrbigny est un encyporte un grand intérentes publications clopédiste et il se refuse comprendre rêt au Nouveau Monde pour l’étude • Enfin, des éditions de planches le milieu naturel en faisant abstraction des phénomènes physiques, la découinédites d’Alcide d’Orbigny, des réédide l’Homme qui le conditionne Ainsi verte de nouvelles substances vộgộtales tions douvrages en franỗais et espaL’Homme Américain, publié son et animales et, bien sûr, pour l’enrichisgnol, un cédérom, un timbre-poste, un retour, sera le premier ouvrage d’ethsement des collections Or, en ce début documentaire et des émissions de radio nologie comparée traitant des peuples de XIXe siècle, de nouvelles républiques et télévision sont également au programme de ce bicentenaire indiens D’Orbigny surtout entend viennent de ntre en Amérique du ● aider la marche de ces sociétés vers le bonheur Il pressent la nécessité d’intégrer socialement l’Indien dont il exige la reconnaissance de la dignité humaine Celui-ci doit être libéré des corvées, du portage et de la vassalité, mais il doit changer en perdant sa • Tableau méthodique de la classe des céphalopodes, 1826 mentalité restreinte son terroir, sa • Voyage dans l’Amérique méridionale, 1835-1847, vol Colloques • Rayonnement scientifique et élite intellectuelle La Rochelle aux XVIIIe et XIXe siècles D’Orbigny, l’homme, la société de son temps et ses apports aux jeunes nations d’Amérique du Sud, La Rochelle, du 18 au 20 avril • • • • • • Voyage pittoresque dans les deux Amériques, 1836 Galerie ornithologique des oiseaux d’Europe, 1836-1838 Monographie des céphalopodes cryptodibranches, 1838-1848 L’Homme Américain, 1839, vol Foraminifères de l’Amérique méridionale, 1839 Foraminifères de l’ỵle de Cuba et des Antilles, 1839 Foraminifères des Ỵles Canaries, 1839 Histoire générale et particulière des crinoïdes vivants et fossiles, 1840 Mémoires sur les foraminifères de la craie blanche du Bassin de Paris, 1840 Mollusques de l’ỵle de Cuba et des Antilles, 1840-1843, vol Coquilles et échinodermes fossiles de Colombie, 1842 Palộontologie franỗaise ou Description zoologique et gộologique de tous les animaux mollusques et rayonnés fossiles de France ; 1re partie Terrains crétacés, 1842-1850, vol ; 2e partie Terrains jurassiques, 1854, vol Mollusques vivants et fossiles, 1843-1847 Descripción geografíca, histórica y estatística de Bolivia, 1845 Foraminifères fossiles du bassin de Vienne, Autriche, 1846 Prodrome de paléontologie stratigraphique universelle des animaux mollusques et rayonnés, 1849-1850, vol Cours élémentaire de paléontologie et de géologie stratigraphiques, 18491852 Recherches zoologiques sur la marche successive de l’animalisation la surface de la terre, 1850 Échinodermes, planche du Dictionnaire universel d'Histoire naturelle publié par Charles d’Orbigny subsistance et ses plaisirs L’État doit y aider par l’éducation, la santé publique et un bon gouvernement Néanmoins, Orbigny refuse le maintien des langues indigènes qu’il juge non universelles tout en dộnonỗant le pillage des vestiges des civilisations précolombiennes L’État doit encore planifier l’économie et gérer sagement les ressources naturelles Chaque région bénéficierait d’une mise en valeur spécifique selon ses activités et productions Aussi propose-t-il, par exemple, une protection et une gestion des forêts qui préfigurent le développement durable Malgré ses préoccupations sociales, Orbigny n’a pas négligé sa mission : observer, comprendre et collecter pour le Muséum La Science lui doit la description, servie par un immense talent d’illustrateur, de centaines de mammifères, oiseaux, reptiles, poissons et mollusques, de milliers de crustacés, insectes et plantes Au retour de son © Muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle Principaux ouvrages d’Alcide d’Orbigny • • • • • • • • • • • • ( - ) © Muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle ©Muséum d’Histoire naturelle de La Rochelle Le bicentenaire de la réhabilitation Histoire Danse des Técunas, Voyage dans les deux Amériques, Alcide d’Orbigny Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 15 - mai/juin 2002 voyage, il a travaillé la paléontologie et la stratigraphie, domaines par lesquels Orbigny a fait faire la géologie des avancées décisives Pour lui, la chaire de paléontologie du Muséum fut créée en 1853, quatre années avant la fin d’une courte vie usée par un travail intellectuel permanent et les fatigues et maladies endurées lors de sa longue mission américaine ● Contacts roux@mpl.ird.fr gioda_ird@yahoo.com Cité par Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, 1875, article d’Orbigny WEB www.orbigny.org ... sont capables d’adhérer au CSA En effet, contrairement aux autres, elles possèdent un ligand qui leur permet de s’arrimer ces récepteurs spécifiques2 Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n°... enfants (voir Sciences au Sud n° 4) ; en 2001 une entreprise vu le jour en Bolivie, elle commercialise des tests de dépistage de la maladie de Chagas (voir Sciences au Sud n° 13) ; deux autres projets... l’état des connaissances sur la demande d’éducation au Bénin, au Burkina-Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Niger, au Congo et au Togo Véritable mine d’or pour les chercheurs, les

Ngày đăng: 03/11/2018, 12:48

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