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BULLETI N DE L A SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGI E DE LYO N Fondée le 10 TOME Février 188 SEIZIÈM E 189 PARI S LYO N I-I GRORG, LIBRAIR E PASSAGE Le L' IuOTI :L-I IEl1, MASSON & C'°, LIBRAIRE S 3G-33 120, 1897 BOULEVARD SAINT-GERMAI N 212 SOCIETE D ' ANTHROPOLOGIE DE LYO N Alti della Societa Toscana di scienize naturali, vol V, séances de no- vembre 189,6 et février 1897 Alti della reale Accademia dei Lincei, anno CCXCIV Rendiconti classe di science Jisiche, matematic5ic e naturali, séance d u 17 janvier 18137, vol VI, fascicule Rendiconti della reale Accade»aia dei Lincei, scien ;e niorali, storich e e filologiche, 5e série, vol V, fascicules li et 12 et index Procecdings of the Royal Irish Academy, vol IV, n o Ymer, ter fascicule, 1897 Académie d'Histoire et d'Antiquité de Stockholm Société impériale russe de Géographie, t XXXli, 1896 ELECTION S M le D r Paulitschke, privat-docent l ' Université de Vienne , est élu membre correspondant M Bellemain, de Lyon, est élu membre titulaire CANDIDATUR E Présentation de la candidature de M le D F Destot, de Lyon COMMUNICATIO N DU SPASME CADAVÉRIQUE (ÉTUDE MÉDICO-LÉGALE) Par Etienne MARTI N PEEPAEATEUR DU COUDS DE MÉDECINE LEOAI.E A LA FACULTÉ DE LIO N L'un des signes ]cs plus certains de la mort est l'envahissemen t du système musculaire par la rigidité Cette rigidité est la caractéristique de la mort du muscle Elle existe chez tous les cadavre s et, un n ' a signalé son absence, en aucun cas L ' époque de son apparition peut être fixée entre six et dix heures après le moment de l a mort, mais cette période peut être abrégée par différentes circonstances (chaleur, froid, hémorragie) Nous aurons les envi- SLAM E DU MARS 1897 21 sager tout l'heure Parfois, elle appart tellement brusque ment que les corps restent fixés dans la position qu ' ils présentaient clans les derniers instants de la vie C ' est le phénomèn e que l'on a dénommé spasme cadavérique ou encore rigidit é cataleptique et dont nous nous proposons de présenter ici un e étude Les premiers ob_ervateurs qui l'ont signalé sont les médecin s d'armée Ils furent frappés de voir sur les champs de bataill e des cadavres demeurés comme pétrifiés dans les positions les plu s étranges Pendant la guerre d ' Amérique, Neudurfer et Brinto n furent témoins de faits très curieux En 1870, Rossbach put fair e de semblables observations M Falk écrivit ensuite un mémoire dans lequel il essaya d ' interpréter expérimentalement les faits Nous aurons plus loin commenter ses expériences et rapporter ses conclusions Citons pour mémoire les publications de Perey, Chenu, Armand , Th Longmore qui sont analysées dans le travail de Falk I)e leur côté, les physiologistes purent repro luire sur les anict7aux la contracture cadavérique Du Bois-Raymond, Brow n Sequard, en particulier, firent de nombreuses expériences pou r expliquer le phénomène En médecine légale, on n'a pas encore montré par une observation minutieuse et par l ' étude des faits publiés, tout l ' intérêt qu ' il s peuvent présenter Dans les grands traités de Taylor et Iloffmann il est relaté de s observations curieuses de suicidés conservant dans leur mai n crispée l'arme dont ils se sont servis 'S Seydel a publié, en 1889, plusieurs observations de spasm e cadavérique La persistance de l'expression de la physionomie au moment de l a mort (Allg med Central-Zeit , 1871, n° 2) Sur la rigiditộ cadavộrique comiuenỗant avec la cessation de la vi e (Allg med Central-Zett , 1871, n° 13) Mémoire sur un genre particulier de raideur cadavérique observée su r les champs de bataille (Deutsche nislittzrür :tliche Zeitschrift, 1873) Seydel Vierteljahrsehri ft j 'Ur ger lled , n° 76, 1889 214 SOCIIsTE D ' ANTHROPOLOGIE Du LYO N M n" Catherine Schipiloff, dans son travail sur la Rigidité cadavérique, cite aussi les faits rapportés par Brinton et Rossbach , mais sans les commenter Notre maitre, M le professeur Lacassagne, a attiré notre attention sur ce sujet propos d ' une affaire s dans laquelle il fit joue r un grand rôle au spasme cadavérique et des observations nombreuses nous ont montré depuis, tout l ' intérêt qu' il pouvait y avoi r pour le médecin expert bien conntre ce mode particulier d e rigidité cadavérique Nous croyons qu'il faut différencier nettement le spasme d u phénomène général rigidité cadavérique Il s' agit, croyons-nous , de la persistance après la mort d'une contraction musculaire déterminée volontairement pendant la vie et se poursuivant sur le cadavre grâce la soudaineté de la mort consécutive des lésion s des centres nerveux que nous aurons spécifier Définition du spasme cadavérique - Sa différenciatio n des cas de rigidité précoce Nous allons essayer de préciser ce que nous entendons pa r spasme cadavérique En rapportant ici les cas les plus curieux qu e nous avons observés et ceux qui ont été remarqués par les médecins militaires sur les champs de bataille : Dernièrement, Lyon, notre mtre le professeur Lacassagn e était appelé constater un décès dans les conditions suivantes : u n individu avait écrit au commissaire de police de venir clans so n appartement où il le trouverait mort On se rendit au domicil e indiqué et on trouva le cadavre de cet homme dans son lit Il étai t entièrement recouvert par les couvertures et lorsque celles c i furent enlevées, on vit que le corps était dans la position suivante : les jambes avaient été cousues dans les draps, les deux bras étaien t relevés en l ' air, armés chacun d ' un pistolet ; le pistolet que tenai t la main droite portait attaché solidement au canon un morceau d e bo i s ayant centimètres de long ; l ' arme était déchargée, et l e i Atl' de Cbamberv (Arelr d'Anth , ni( 50, 189'!) .SiANCI: LU G MARS 1S',) `'1 cadavre portait, un peu au-dessus du conduit auditif externe, l a plaie faite par le projectile ; celui-ci avait traversé toute la bt e cranienne et était ressorti la partie opposée Les deux pistolets , quinze heures environ après la mort, étaient encore solidemen t fixés dans les mains, les deux index sur les gâchettes ; le pistole t de la main gauche n ' était pas déchargé ; les deux bras étaien t restés dans cette position (lue leur avait donnée le suicidé a u moment de la mort ; ils étaient en état de spasme cadavérique Un militaire se suicida, l ' année dernière, en se tirant un cou p de revolver d ' ordonnance dans la région temporale droite ; au moment où l ' on pénétra dans la chambre qu ' il occupait, le cadavr e était debout, devant une glace, la main gauche reposant sur l a cheminée, la main droite tenait encore l'arme dirigée du côté de l a plaie Nous avons encore affaire une persistance, après la mort , de l' état (le contraction dans lequel se trouvaient les muscles d e tout le corps au moment du suicide Nous avons rapporté dans les Archiv-e x d ' anthropologie criminelle le cas que nous avons observé Un individu est appréhendé, dans la rue, lar sa mtresse Aprés une discussion qui n'avait pas même attiré l ' attention des passants , celle-ci lui tire bout portant un coup de feu et l ' atteint l ' angl e interne de l'orbite J ' étais, ce moment, 20 mètres du lieu où s e passait l'événement L'individu s ' affaissa sur le trottoir et reul a ensuite sur le dos, les bras étaient tendus en avant, dans l ' attitud e de la défense La mort avait été instantanée et le cadavre étai t dans un état de spasme tel qu 'on pouvait le faire tourner indiffé ruminent (l ' un côté ou d ' un autre en le saisissant par le bras , comme s ' il se fût agi d ' un morceau de bois A l'autopsie, on trouva que le bulbe avait été perforé et disloqué et la balle, après avoi r sillonné la base du crâne, était venue se loger dans une des fosse s cérébelleuses Brinton a été témoin, fendant la guerre d ' Amérique, de fait s quis ont tout aussi capables de fix( r l'attention ; il a même indiqu é que, sur les cadavres en état de spasme cadavérique, l ' expressio n trch o'anthrop criminelle, n° Go 216 SOCIP :TE n ' ANTHROPOLOGIE DE LYO N de la physionomie trahissait, longtemps après la mort, l'état d'âm e dans lequel ils se trouvaient ce moment Sensation de terreu r chez les uns, de colère ou de joie, l'expression de la physionomi e vivante était encore marquée sur leurs visages Cette constatatio n nous semble bien concluante N ' est-il pas évident que si ces hommes avaient eu subir le, affres d ' une agonie, si peu longue soit elle, il aurait été impossible de retrouver dans les traits de leu r visage la marque des sensations que nous venons d'indiquer Et cette expression de la physionomie, il la retrouva sur des cadavres qui présentaient d ' autres manifestations du spasme cadavérique Contracture des membres, immobilisation dans leur po sition dernière Après la bataille de Bellemont, au Missouri, Brinton vit u n soldat de quarante ans, frappé d'un coup (le feu qui avait atteint l e front, littéralement agenouillé, la main gauche tenait le canon d u fusil dont la crosse était appuyée contre un tronc d ' arbre avoisinant ; les mâchoires étaient fortement serrées, tout le corps dan s un état de rigidité absolue A la bataille d'Antretan, 1802, il vit un soldat, dont la tète avai t été traversée par une balle, moitié debout dans un fossé ; u n pied était fortement fixi; sur le sol, l'autre un peu fléchi et le geno u appuyé contre le bord du fossé ; un bras était étendu, la main corres pondante reposant sur le parapet du retranchement établi devan t ce fossé Arnaud I a observé une série de Il suicidés s' étant fait sauter l e crâne avec leur fusil chargé une et même quelquefois deu x cartouches ; nous les avons trouvés, dit-il, l ' arme aux mains, peu près comme on tient un flageolet et le gros orteil du pied droi t appuyé sur la gachette ou sur la ficelle qui avait servi la fair e partir Brinton rapporte le fait suivant observé pendant la guerre d e Sécession : Des troupes du Nord tombent l'improviste sur un groupe d e r De l'attitude des morts sur les champs de bataille (Recueil des mémoire s de méd milit , 1880) si(asCE llC Ci MARS 1S9' 17 cavaliers des États du Sud en train de se reposer Immédiatement , ces derniers sautent cheval Les nordistes leur envoient un e décharge qui ne parait pas avoir eu de résultat, car tous parvinrent s ' échapper au galop, l ' exception d ' un seul Ce dernier étai t debout, le pied gauche dans l'étrier, le pied droit fixé terre, l a main gauche serrait la carabine dont la crosse était appuyée contre terre, la tète était tournée en arrière, sur l ' épaule droite, regardant du côté de l'ennemi On lui crie de se rendre, pas de répon>e, les sudistes s ' approchent tout surpris et trouvent un homm e mort dans un état de rigidité empiète On eut beaucoup de peine détacher la main du licou, ainsi que la main droite de la carabine Cette double opération terminée et le mort couché par terre, i l resta clans la même position ut tout le corps conserva sa rigidité Il avait été frappé de cieux balles dont l ' une avait traversé la poitrine de part en part, et dont l ' autre avait pénétré par la temp e droite Le cheval était resté tout fait tranquille parce que, dan s sa précipitation, le cavalier avait oublié de dégager le lien qui l e fixait au piquet Rossbach raconte qu ' un groupe de six militaires franỗais, assi s dans un enfoncement de terrain et occupés déjeuner, fut tué pa r un seul obus Un de ces malheureux tenant un gobelet en étai n délicatement entre le pouce et l'index, l ' approchait de ses lèvres , lorsque tout le carne et la face, l ' exception du la mâchoire inférieure, lui furent enlevés Soa cadavre ne put tomber cause d e l ' enfoncement du terrain et parce que les cadavres de ses compa ;: g ons formaient une sorte de rempart ; aussi vingt-quatre heure s après, le I) r Rossbach put-il trouver ce cadavre encore moiti é assis, moitié couché, la main levée tenant le gobelet d ' une faỗo n gracieuse et l 'approchant d' une mâchoire laquelle il manquai t toute la tète Ce phénomène n ' est pas particulier l ' homme : les animau x aussi peuvent en fournir des exemples A la bataille Beaumont , un cheval auquel un obus avait arraché la colonne cervicale fu t trouvé dans l ' attitude du cheval au moment où il va sauter, le s jambes de devant repliées, celles de derrière fortement étendues Il nous semble donc inutile de discuter ici le rôle de l'émotion 218 SOCIETE D ' ANTHROPOLOGIE DE LYu N et de la sensation vive de peur et d'angoisse clans l'apparitio n du spasme cadavérique C'est un phénomène qui s'observe che z l ' homme comme chez l ' animal alors même que ce dernier n ' est pa s susceptible de se rendre compte des dangers qui mettent sa vie e n péril De tous ces faits il ressort tout d'abord que, pour qu ' il y t apparition du spasme cadavérique, il est absolument nécessair e qu ' une mort instantanée ait saisi l ' individu, dans un momen t d'action, et ce spasme lui-même n'est que la persistance après l a mort de l'état de statique des muscles au moment où celle-ci es t survenue La brusquerie et la soudaineté d ' apparition de c, phénomèn e nous obligent le différencier absolument de la rigidité cadavérique Cette dernière, en effet, a pour caractère d'appartre lente ment, d ' abord peu marquée, puis parvenant son maximum de développement, et d ' envahir progressivement, et non d ' une seul e traite comme le spasme, divers segments du corps hurnain Nou s pourrions même avancer, sans que l ' expérience soit venue rendr e cette assertion positive, que l ' état du muscle en état de spasme doi t être chimiquement différent de celui du muscle en état de rigidité , et le phénomène rigidité doit se montrer dans les muscles l ' éta t de spasme plus rapidement peut-être que dans les muscles l ' éta t de flaccidité, mais en y développant les mêmes altérations dans l a contexture des leurs éléments Des expériences ultérieures nou s montreront le bien fondé de cet a priori Il faut encore différencier le spasme cadavérique de ces ca s de rigidité précoce que l ' on observe sur certains cadavres, et qu i se développe sous l ' influence des agents extérieurs tels qu e la chaleur ou le froid Nous savons qu ' un muscle l ' état flasque soumis une température ne dépassant pas 40 ;à :a0 degré s est envahi immédiatement par la rigidité cadavérique, il devien t opaque, raide, et se raccourcit avec force Si, dans cette expérience, on dépasse notablement 40 degrés, le muscle est cuit, coa gulé par la chaleur ; dans ce cas il ne devient pas acide, son alcalinité augmente C ' est par cette précocité dans le développemen t de la rigidité cadavérique que nous croyons pouvoir epliqucr les SÉANCE DÛ t1 MARS 1897 21 attitudes bizarres clans lesquelles sont trouvés quelquefois les corp s qui ont été soumis l ' action des hautes températures I1 faut, ave c Mathieu et Urbain, « rattacher aux oxydations énormes qui précèdent la mort d ' un côté, l'acidité des muscles de l'autre, la coagulation de la syntunine et de la myosine, et par suite la rigidité qu i débute même pendant la vie » De même dans la mort par le froid, Forestier parle de sentinelles mortes debout, la lance au poing, comme des individus frappé s de catalepsie L ' immobilité a favorisé la congélation musculaire , qui parfois a précédé la mort Les membres gelés présentent un état complet de rigidité que sou vent les frictions les plus énergiques ne peuvent faire dispartre Les hommes qui meurent la suite de longues fatigues, les animaux forcés la course deviennent immédiatement rigides L a précocité de la rigidité est expliquée ici par le développement exagéré de force musculaire qui crée dans le muscle un état chimiqu e se rapprochant beaucoup de celui dans lequel il se trouve en éta t de rigidité cadavérique Du reste, dans ces cas, la rigidité est précoce, mais survien t bien après la mort, et il s ' écoule entre celle-ci et le momen t d ' apparition de la rigidité une période très appréciable Nous pouons faire les mêmes remarques au sujet de la rigidité précoce qu i envahit les cadavres exsangues (mort par hémorragie) Falk, qu i dit avoir pu reproduire sur des lapins, en leur faisant des genre s de blessures différentes, et particulièrement des hémorragies, l a rigidité cataleptique, a soin d ' ajouter qu'il est nécessaire «d ' exercer une irritation mécanique prolongée sur la moelle préalable ment dénudée » Nous aurons revenir sur ce sujet Nous pouvons donc dire que le spasme cadavérique est la persistance après la mort d ' une contraction musculaire déterminé e volontairement pendant la vie et se poursuivant sur le cadai r e grâce la soudaineté de la mort Ses caractères nous permettent de le différencier nettement de s rigidités précoces qui apparaissent sur des cadavres soumis pendant « la période vitale » des conditions spộciales influenỗan t directement le systốme musculaire 220 SOCIETE u ' ANTHROPOLOGIE PE LYON Des diverses formes du spasme cadavérique Dans les observations que nous venons de citer, la rigidit é spastique avait envahi tout le système musculaire C ' est le spasm e généralisé eonservant le cadavre dans la situation de l'homme e n état d ' activité et fixant la physionomie dans l'expression qu ' ell e avait au moment de la mort On observe ce genre de spasme sur tout sur les cadavres des champs de bataille, chez les soldats tués au moment de l ' excitation et des efforts nécessités par le combat En médecine légale on peut le voir aussi chez certains suicidé s qui s ' étaient placés dans une situation telle, que tous les muscles d e l ' organisme étaient en état de contraction au moment de la cessat'on de la vie Exemple : Les militaires se tuant debout, le cano n du fusil sous le menton A côté de cette forme généralisée, je décrirai une forme localisée , beaucoup plus fréquemment observée en médecine judicia re, e t dont voici une observation bien curieuse publiée par M le I) r Le gendre ° Un matin, le D' Legendre eut constater dans son service u n suicide dans les conditions suivantes ' Le malade fut trouvé assis sur son lit, la tempe droite troué e d ' une balle e Le coup parti, le bras et la main du pauvre homm e n ' étaient pas rttombés, comme on pourrait le supposer, le long d u corps, sur le lit ; les doigts ne s ' étaient ni relâchés pour laisse r échapper le revolver, ni crispés convulsivement sur la crosse ; l ' avant-bras s ' était replacé sur la cuisse droite, l ' arme exactemen t disposée dans la main comme elle l ' est dans celle d ' un homme qu i se prépare tirer, et si le suicide avait eu lieu dans des circonstances prộtant soupỗonner l ' entourage, un lộgiste aurait eu pein e penser que le bras et la main eussent pu étre ramenés nature l lement dans cette attitude ; il ẻt bien plutơt admis qu ' un assassin avait ainsi disposé les choses pour faire croire au suicide » Devergie, dans un cas de suicide par coup de pistolet, a trouvé , Semaine médicale, janvier 1897 Idem SCANCE DU G MARS 1897 22 en entrant dans l'appartement, le bras et la main droite de l a victime tournés vers le côté de la tète contre lequel le coup avai t été tiré Les observations semblables sont très nombreuses, et nous e n trouvons rapportées dans les traités de Maschka, de Taylor, d e Casper, de I-Iofmann, de 'lourdes L' existence de ce spasme localisé la main a fait l ' objet d e nombreux travaux dont on trouvera un résumé clans l ' exposé d e l ' affaire de Chambéry On est d ' accord pour lui donner l ' heure actuelle un caractère de suicide Nous avons dépouillé les observations de plus de 1200 suicidé s lyonnais (comprenant une période de dix ans, 1883-1892), et nou s avons recherché quelles ont été les diverses positions de l'arm e et du bras Les gens qui se suicident prennent une des trois situations sui vantes : ils sont assis, debout ou couchés Sont-ils assis ? Le revolver reste presque toujours dans leu r main qui vient prendre un point d'appui sur leur cuisse, replié e sur le bras du fauteuil ou du siège ; le maintien de l ' arme es t ainsi facilité Sont-ils debout? Ils gardent rarement le revolver la main , dans leur chute ils lèchent l ' arme que l ' on trouve entre les jambe s ou plus ou moins loin du corps Sont-ils couchés ? Les cas où ils conservent l'arme la mai n sont peu près aussi fréquents que ceux où l ' arme tombe Nous n ' avons trouvé qu'un cas où le cadavre tenait dans l a main droite crispés un revolver calibre 7, le canon était encor e dirigé du côté de la tempe En somme, le spasme localisé la main est assez fréquemmen t observé en médecine légale Les cas de spasme plus accusé, envahissant tout un membre et les cas de spasme généralisé sont bie n plus rares et constituent presque des exceptions Ce sont aussi les conclusions que l'on peut tirer des observations faites par Casper, Maschka, Taylor, Devergie et Tourdes Arch, cd'Anth criminelle, n o 50, 1894 9.9 ' SOCIiTI? D ANTHRVPOLOGIE DE LYO N Le spasme de la main est caractérisé par une attitude bien spéciale des doigts qui permet de le différencier facilement de la rig i dité Après Hoffmann et Tourdes, nous avons essayé, l ' aide d e bandes, de fixer un revolver dans les mains de douze cadavres , avant l'apparition de la rigidité cadavérique Après son apparition, l ' arme était solidement maintenue e t il fallait une certaine force pour l'arracher la main qui l'en serrait Pourtant, lorsque l ' arme est maintenue par une main en état d e spasme, la difficulté est bien plus grande, les doigts sont crochetés ; les phalangines repliées sur les phalangettes sont forte ment appliquées contre la crosse Si la rigidité a été seule en cause - simulation de suicide - , l ' aspect de la main est tout différent Les doigts complètement rigides au niveau de l ' articulation de s deux dernières phalanges viennent s ' appliquer contre la paume d e la main et peuvent ainsi maintenir une arme sans l'enserre r comme dans les cas de spasme Concluons donc en disant que le spasme localisé en particulier la main est beaucoup plus fréquent chez les suicidés que le spasm e généralisé et que la main en état de spasme présente une attitud e caractéristique, son seul aspect permettra de dire s'il y a eu spasm e ou si la flexion des doigts est due la rigidité cadavérique Dans quel genre de mort observe-t-on le spasm e cadavérique Nous venons de définir ce que nous entendons par spasme cadavérique et de déterminer les diverses formes que le phénomèn e peut revêtir Istudions maintenant dans quel genre de mort il sur vient le plus fréquemment Pour qu ' il y ait persistance, après la mort, de la physionomi e et de l ' attitude d ' un sujet, il est évident qu ' il faut que la cessatio n de la vie ait été instantanée Si la moindre période agonique étai t survenue, les convulsions qui l' accompagnent auraient donné lie u des changements complets dans la situation des corps : gestes sr:ANCE LU MARS 1897 22 et expressions dispartraient et les membres prendraient la position qui leur serait imposée par les lois de la pesanteur Quelles sont donc les blessures qui peuvent amener une mor t instantanée Sans contredit, ce sont les lésions du système nerveu x central Et nous voyons justement, en étudiant de près les observations que nous avons reproduites, que les blessures observée s chez les cadavres en état ỵle spasme sont toujours des plaies de l a tète : coups de feu dans la région pariétale, dislocation de la bas e du crâne et des centres nerveux sous-jacents Malheureusement, les autopsies ont rarement été pratiqués e t dans beaucoup de faits, les lésions cérébrales n'ont pas été soigneusement localisées Rossbach n ' est pas tout fait de notre avis, et, dans les conclusions de son mémoire, il dit : « Cette rigidité cadavérique n e dépend en aucune faỗon de la catộgorie des plates : je l'ai observộ e dans les plaies du crâne aussi bien que clans les plaies de poitrin e ou du bas-ventre » Si nous parcourons ses observations, nou s voyous cependant que, chez les soldats tués sur les champs de bataille, plusieurs blessures du tronc accompagnent souvent une blessure du crâne et que, part un Allemand (frappé ti la poitrine ) , moitié couché de côté sur son sac et tenant dans sa man raid e et tendue devant ses yeux une photographie, tous les cadavre s observés portaient des blessures du crâne et des centres nerveux Brinton remarqu aussi que ces phénomènes sont observés l a plupart du temps dans les coups de feu ayant atteint le front et l e coeur Chez les suicidés, le spasme cadavérique est tout particulière ment observé parmi ceux qui se tirent des coups de feu dans l e crâne Taylor cite le cas d'une femme trouvée la gorge ouverte Elle était couchée près du lit, un large couteau de cuisine main tenu dans la main qui le serrait peine L'examen médical montr a qu'il était impossible que la femme se soit fait elle-même un e pareille blessure, lors même q u ' elle avait un couteau clans la main A notre avis, le genre de bl assure qui avait amené la mort per mettait lui seul de rejeter l'idée de spasme cadavérique et d e faire supposer la simulation du suicide SOCIETL D ' ANTHROPOLOGIE DE LYO N Dans certains cas de mort subite relevant de lésions cérébrale s (hémorragie abondante, inondation ventriculaire), le spasme peu t appartre Mais nous sommes alors absolument dans les conditions que nous venons d'énumérer, au lieu de voir une dilacératio n des centres nerveux par une balle, c'est la compression et l'excitation de ces centres par le sang épanché L'observation qui nous a été communiquée par M le D r Marti n Mayet en est un bel exemple : « Un vieillard de soixante-seize an s tut trouvé mort dans sa chambre en pleine et complète rigidit é cadavérique La position du corps était surprenante : il étai t allongé sur sa descente de lit dans l'attitude du mahométan qu i fait sa prière, prosterné la face contre terre et photographié pa r un instantané au moment précis où, pour se relever, il fait sur se s avant-bras un commencement d'effort musculaire » Les observations et les documents nous manquent pour étudie r d'une faỗon plus complốte l'apparition du spasme dans les ca s d'ictus apoplectique Pathogénie Nous venons d'analyser le phénomène dans chacune de ses mani festations Il nous reste expliquer les causes qui le produisent, rechercher par l ' analyse des cas que nous connaissons, la raiso n intime qui préside la formation de ce spasme cadavérique Tous les savants dont nous avons eu citer les travaux on t cherché une ex plication du spasme cadavérique et chacun d ' eu x est arrivé des conclusions ditiérentes, en suivant, il est vrai, de s procédés d'études différents (observation ou expérimentation) John Brinton dit simplement, dans son mémoire que « ces -phénomènes observés la plupart du temps dans les coups de feu ayan t atteint le front et le coeur, ne s'expliqueraient que par le fait d'un e mort subite, c ' est-à-dire que l' homme a été surpris par la mort dan s un moment où les muscles du visage étaient en état de traction » Cet élément (mort instantanée), nous l'avons longuement analysé et nous avons montré de par notre définition du spasm e cadavérique toute l'importance qu'il présentait Mais dans beau- S ANcr DU MARS 1527 225 coup de morts subites, le spasme ne se produit pas, il faut don c l ' intervention d ' une autre cause pour arriver le produire Rossbach n'est pas de l'avis de Brinton : « Ces cas ont été observés aussi bien chez des individus surpris par une mort subit e foudroyante que chez d'autres qui ont vu la mort les prendre lentement » « La véritable cause de ces singuliers phénomènes es t encore trouver han tout cas elle n ' est pas en opposition avec l a théorie de ceux qui admettent que la rigidité cadavérique est l e dernier anneau d ' une chne de phénomènes métamorphiques e t qu ' avec la cessation des conditions vitales régulières, au point d e vue de la circulation ; l ' un des chainons doit faire défaut dans l e muscle vivant et l ' état normal il duit y avoir un état, sinon identique celui par lequel débute la rigidité cadavérique, du moin s un état qui peut y arriver avec la plus grande facilité N'observe t-on pas une rigidité toute spéciale clans le système musculaire de s cataleptiques? » En somme, pour Rossbach, le spasme cadavérique ne serai t autre chose qu'une apparition brusque de la rigidité cadavériqu e sur un cadavre Mais sous l ' influence de quelle cause? C ' est ce qu e nous ignorons Lougmore admet au contraire « que la raideur cadavériqu e n ' est pas plus hâti v e que d'ordinaire, mais que les muscles resten t contractés jusqu ' son apparition » Le D r Falk a essayé de chercher clans l' expérimentation sur le s animaux la véritable raison de ce phénomène Il avait remarqu é que le spasme cadavérique n ' avait été signalé que dans les Lies sures de guerre ou les cas (le fulguration, l ' idée lui vint qu'i l s ' agissait peut-étre d ' une lésion de la moelle Par un grand nombre d ' expériences sur les animaux, il a cherché démontrer qu e certaines lésions de la moelle provoquent une raideur cadavériqu e rapide et voici comment : 11 chercha mettre un lapin dans des conditions analogues celles où se trouve le soldat en remplaỗant l ' excitation du comba t et la fatigue par un courant électrique descendant l ' axe spinale ; i l imite la plaie pénétrante de poitrine en sectionnant brusquemen t la carotide et la trachée La période de relûchement musculaire 226 SOCIETE D ' ANTHROPOLOGIE DE LYO N devient presque nulle Le résultat est encore plus évident lorsque , au moment de la mort, on exerce une irritation mécanique pro longée (semblable celle d ' une balle ou d'une esquille osseuse ) sur la moelle préalablement dénudée Il est arrivé, par ce moyen , maintenir des animaux dans des positions véritablement excentriques jusqu ' six ou sept heures après la mort En somme, pou r lui, le spasme cadavérique est dd une lésion de la moelle Brown Sequard' pense que le spasme est une contracture persistant après la mort et, pour lui, ce phénomène remarquable es t lié une action du système nerveux et même en précisant davantage du cervelet Voici comment il s'exprime ce sujet dans son mémoire : « Iie s expériences extrêmement nombreuses m ' ont conduit trouve r l ' explication que j ' avais vainement cherchée «J ' trouvé que le diaphragme est quelquefois atteint d ' une rigidité qui n ' est pas 'de la raideur cadavérique, mais bien une contracture, c' est-à-dire un acte vital, soit au moment de la merl , soit après celle-ci, et j ' souvent constaté que cette contractur e peut cesser et repartre deux, trois et quatre fois avant l ' apparition de la rigidité finale Je me suis de plus assuré que le diaphragme est capable de se contracturer, non seulement après un e excitation même légère de son nerf, mais aussi sans aucun e excitation de cause extérieure J 'ai trouvé que tout ce que je vien s de dire du diaphragme peut avoir lieu pour les muscles du tronc e t des membres Une contracture peut se montrer pendant la vie, s e continuer après la mort et passer sans s'affaiblir l'état de rigidité cadavérique Ces phénomènes ne s'observent que très rarement chez des.animaux que l ' on tue sans les avoir préalablement soumis certaine s lésions de l ' encéphale J ' observé les premiers faits de cet ordre , après une lésion du bulbe rachidien, mais ma grande surprise , Brown-Sequard, Recherches expérimentales montrant que des cause s diverses, mais surtout des lésions de l'encéphale, et en particulier du cer velet, peuvent déterminer après la mort une contracture générale ou local e (Comptes rendus de l'Acad des Sciences, tome XLIII, p 1149, 1881) SÉANCE DU MARS 1897 22 j'ai trouvé récemment que c'est le cervelet qui est l'organe le plu s capable de les produire Les observations que nous avons rapportées et les considérations précédentes nous dispenseront de discuter longuement l'opinion de Rossbach Avec Falk et Brown-Sequard nous admettons que la productio n du spasme cadavérique est intimement liée aux lésions des centre s nerveux Nous croyons que le D r Falk a exagéré beaucoup l'importanc e de l'hémorragie comme amenant la production du spasme Dan s les expériences qu'il rapporte, il ne dit pas en effet qu'il ait p u arriver, par la section de la carotide, amener une continuatio n de la contracture vitale ; il n'a pu reproduire le plus souven t qu ' une rigidité précoce comme celle que l ' on observe chez les sujets qui ont été saignés blanc Nous nous rapprocherons beaucoup plus dans notre conception du phénomène des conclusions expérimentales de Brown Sequard Et en effet, si nous raisonnons sur les faits qui nous sont bie n connus en médecine légale, nous voyons que les blessures de s hémisphères cérébraux par les coups de feu en particulier son t quelquefois bénignes et n'amènent pas une mort immédiate comm e celle que réclame, pour se produire, le spasme cadavérique De même, les blessures de la moelle, même immédiatement au dessous dubulbe,n'amènent pas l'apparition du spasme cadavérique On rapporte, au sujet des corps décapités, une série de légende s qui ont pris naissance dans l ' imagination populaire On a dit qu e quelquefois les décapités se relevaient après l'exécution O n raconte môme qu'en 1607 un brigand espagnol, arrêté avec sa bande , fut condamné être décapité On aurait promis la vie sauve se s complices, si leur chef se relevait après son exécution et venait le s toucher chacun au bras Je ne citerai pas les gestes extraordinaire s que l'on prête dans les légendes religieuses saint Procule , saint Denis, saint Albin, saint Symphorien, saint Félix, etc , aprè s leur exécution Les observateurs consciencieux ont bien montré que, chez le s SOC ANTII - T XVI 1897 15 22S SOCIETI: D ' ANTHROPOLOGIE DE LYO N suppliciés, la rigidité suivait la marche ordinaire et que le spasm e cadavérique ne se montre pas (Brouardel et Loye) En somme, la lésion qui donne lieu l ' apparition du spasm e cadavérique doit donc, si nous raisonnons par exclusion, êtr e limité la région bulbo-protubérantielle, au niveau de ces centre s dont la section ou l ' excitation amène instantanément la mort : condition essentielle de production du spasme Au niveau aussi d e cette partie du système nerveux où sont réunis dans leur intimit é les nombreux faisceaux blancs qui relient directement les centre s volontaires aux organes qui leur obéissent La section et l 'excitation considérable des fibres du faiscea u Pyramidal dans la région bulbaire par l ' arrivée subite d ' une ball e et la déflagration des gaz introduits par l ' orifice d' entrée du projectile ne peut-elle sulfire frapper de contracture ales muscle s qui sont déjà en état de contraction volontaire ? et cette contractur e deviendra évidemment définitive si tout phénomène vital cess e brusquement, si l'organisme est immobilisé par une cessatio n brusque de la vie, comme peuvent l ' amener les lésions des centre s bulbaires Les expériences d'Onimus sur la grenouille nous semblent veni r confirmer notre hypothèse Si on vient léser une partie quelconque de l ' isthme encéphalique d ' une grenouille', il survient aussitôt un état de contractur e permanent La grenouille privée de ses deux lobes cérébraux es t remarquable par la régularité et la symétrie de la position de se s membres ; mais si, sur cette même grenouille, on vient pique r même légèrement un des côtés de la masse nerveuse qui fait suit e aux lobes cérébraux, aussitôt tout un côté de l ' animal éprouve un e contracture permanente tellement marquée que l ' animal en entie r se trouve entrné de ce cơté Lorsque cette grenouille est mis e dans l'eau, le côté sain reste la surface de l'eau, tandis que l e côté contracturé tend tomber au fond de l'eau Les mouvements de ce côté sont en même temps plus limités Si, au lieu de pique r Onimus Phénomènes consécutifs l'ablation du cerveau et de physiol , p, 663, 18i0) (J d'anat, SISANCE DU G J1ARS 1897 22 ou de léser un seul côté de l'isthme encéphalique on pique ou o n lèse ses centres nerveux de chaque côté, on détermine une contracture de tous les muscles du corps, l'animal est presque recourb é sur lui-même et, placé dans l'eau, tombe au fond et y resteimmo bile Il en est de même pour les canards ou des oies, chez le-quel s on fait les mêmes expériences Ce qui ressort de ces expériences, c'est qu'une légère piqûre d e l ' isthme de l ' encéphale détermine aussitôt la contracture de plu sieurs groupes musculaires C'est timidement que nous nous avanỗons dans le domaine de s hypothèses où nous a conduit l'observation des faits Il est certai n que l'expérimentation seule pourra venir affirmer la conceptio n intime que nous nous faisons de ce phénomène commun l ' homm e et aux animaux Mais nous croyons avoir établi, au cours de cett e étude, certains faits précis dont le médecin expert pourra tire r bon parti dans les expertises concernant le diagnostic différentie l du suicide et de l'homicide CONCLUSION S Le spasme cadavérique doit être différencié absolument de l a rigidité cadavérique 1I Il peut se manifester sous deux formes : une forme généralisée, une forme localisée certains muscles en état de contractur e intense au moment de la mort (spasme de la main qui tient l'arm e chez les suicidés) 111 11 ne s'observe que dans les cas de blessure du systèm e nerveux cents al : IV Sa constatation permettra de conclure l'instantanéité d e la mort V Il est bien probablement dû des lésions bulbaires et cérébelleuses sectionnant le faisceau pyramidal et supprimant instantanément l ' action volontaire des muscles en état préalable de traction 230 SOCILTà D ' ANTHROPOLOGIE DE LYO N DISCUSSION M Lacassagne pense qu'il faut considérer le spasme cadavéri- que comme un des nombreux phénomènes qui, dans leur en semble, constituent ce qu'on pourrait appeler la physiologi e de lamort , si, toutefois, l'alliance de tels mots ne paraissait pa s une antithèse trop forcée, une trop grave hérésie Ces phénomènes sont observés presque exclusivement par le s médecins légistes qui, plus que les autres, sont obligés d ' être de s Morticols, de s ' occuper des cadavres Malheureusement, ce s mêmes médecins légistes ne peuvent, par suite de la multiplicit é et de la diffusion des connaissances qui leur sont nécessaires , apporter l ' étude (le chaque cas particulier toute la précisio n désirable Le spasme cadavérique a été assez souvent observé , mais décrit, étudié, de faỗon insuffisante jusqu'ici et le travail d e M Martin était presque une nécessité La rigidité cadavérique est infiniment mieux connue ; elle a d e tout temps attiré l'attention et sollici :é les recherches des physiologistes : Nyst n, Louis, Larcher, Sommer, Kusmaul, Krrlliker, etc en ont fait le sujet d'importae ts travaux ; il faut souhaite r que le spasme cadavérique soit l 'objet d ' efforts analogues et qu ' son sujet soient publiées des observations complètes, réellemen t scientifiques Rigidité cadavérique et spasme cadavérique sont deux chose s bien différentes, malgré qu ' on les confonde généralement M Laeassagne estime que l'intéressante et remarquable étude, communiquéepaar M Martin, ne t'ait peut-être pas suffisamment ressorti r la différence qui existe entre les deux phénomènes, aussi tient-il rappeler quelques notions relatives la rigidité On a publié de très nombreux travaux sur l ' attitude des cadavres de soldats tués s Ir le champ de bataille, d'individus assassiné s ou ayant succombe une mort violente en réalité, les uns et le s autres n ' ont pas une attitude commune, particulière, spéciale : il s sont fixés, non dans la position qu ' avait le corps au moment de l a mort, mais dans celle qu'il présentait au moment où, plus ou SÉANCE DU e MARS 1897 231 moins longtemps après la mort, est survenue la rigidité cadavérique La rigidité appart normalement de quatre six heures aprè s le dộcốs ; toutefois, en deỗ et au del de cette moyenne, il peut y avoir des écarts de temps considérables Elle peut être précoce, très précoce même et survenir parfoi s quelques minutes après la mort ; ou être tardive et laisser s'écoule r seize, vingt, trente heures avant d'appartre Elle est quelquefoi s très tardive : elle n ' est jamais instantanée La rigidité cadavérique est précoce chez certains individus saignés blanc par l'ouverture de la carotide, de la fémorale ; chez les décapités, M Lacassagne qui a eu l'occasion d'en observer plu sieurs, a toujours vu survenir de faỗon hâtive la rigidité ; il n ' a jamais remarqué :chez eux de spasme cadavérique Les surmenés physiques qui succombent en cet état d ' épuisement des muscle s entrent rapidement en rigidité L ' antiquité nous a transmis le fai t du soldat de Marathon et, sans remonter si loin, nous avons de s observations contenant des coureurs algériens morts en terminan t une longue étape et devenant rigides très rapidement Dans le même ordre d'idées, les physiologistes ont montrộ qu'on avanỗai t considộrablement l ' apparition de la rigidité cadavérique chez u n animal en le fatiguant avant de le sacrifier ; toutefois, on ne pa r vient jamais, en rendant très précoce la rigidité, produire expérimentalement un état aussi soudain, aussi brusque que celu i déterminé par le spasme cadavérique qui laisse le sujet pétrifié, e n quelque sorte, dans sa dernière attitude de vie Précoce ou tardive, la rigidité se produit et disparait suivan t certaines régies p récises, toujours les mêmes : les muscles de l a face - les muscles masticateurs notamment - sont les premier s pris et demeurent les derniers en rigidité ; puis, ce sont ceux de l a nuque, des membres inférieurs, du tronc, des membres supérieur s dans lesquels elle dispart graduellement en suivant l ' ordre in verse de son apparition Quant la durée de la rigidité, elle est variable et semble e n rapport avec la rapidité de son apparition : elle est courte dans l a rigidité précoce ; elle persiste longtemps dans la rigidité tardive, 232 SOCIETE D ' ANTHROPOLOGIE DE LYO N Par quel mécanisme se produit la rigidité cadavérique ? Faut-il l ' attribuer une transformation chimique de la substanc e musculaire, la coagulation par l'acide lactique de l'albumine d u muscle : la myosine ? Faut-il la regarder, avec Brown-Sequard, comme une contra( ture cadavérique exagérant après la mort le tonus musculair e normal pendant la vie ? Ou bien faut-il encore faire de la rigidité le résultat (l'action s nerveuses se produisant successivement après la mort dans le s zones motrices encéphaliques et se réfléchissant la périphérie qu i dépend de chacune d ' elles actions nerveuses de cause et d e nature, d ' ailleurs encore inconnues, certainement toutes différentes de celles qui se produisent pendant la vie, naissant dans les centres moteurs seulement lorsque la vie de l ' organisme s ' es t éteinte et que la mort de chacun (le ses éléments commence, cessan t enfin lorsque la putréfaction vient désagréger ces mêmes éléments ? On pourrait beaucoup discuter telle ou telle hypothèse, mai s M Lacassagne les cite seulement pour montrer la différenc e pathogénique de la rigidité cadavérique et du spasme cadavérique , résultant, comme l'a bien établi M Martin, d'une lésion brus que de la voie motrice cérébro-spinale : le faisceau pyramidal H Guinarcl rappelle que, d'après les doctrines physiologique s actuelles, la rigidité cadavérique est regardée comme étant surtou t un phénomène chimique L'état de dureté, de raideur particulière du muscle est le résu l tat de la coagulation de la substance albumineuse des élément s musculaires de la myosine - globuline soluble dans les solution s de sels neutres = par l'acide sarco-lactique La coagulation de la myosine se produit presque immédiatement chez les animaux forcés la chasse ou surmenés et tués e n l'état de fatigue musculaire, car chez les uns et les autres il y a exagération de la formation d'acide lactique dans le muscle Ell e est retardée par l ' injection intra-musculaire d ' une solution alcaline Elle cesse quand la putréfaction commence Mais l'action chimique explique-t-elle seule la rigidité cadavé- SÉANCE DU MARS 1897 23 rique ? M Guinard reconnt qu ' on ne saurait être affirmatif su r ce point, vu la marche régulière, progressive, presque toujour s idendique de l'envahissement des groupes musculaires par l a rigidité Par un raisonnement semblable, le spasme cadavérique est-i l un phénomène purement nerveux? ou bien n ' y a-t-il pas, plutût , exagération des échanges nutritifs dans le muscle où se produi t le spasme cadavérique, fatigue très rapide de ce muscle qui n'es t plus nourri et apparition très précoce de la rigidité qui fixe l e corps dans l' attitude de la mort ? 31 Lacassagne ne partage pas l ' opinion de M Gui nard qui ten d faire de la rigidité et du spasme cadavériques de simples phéno mènes chimiques, phénomènes par lesquels la marche cyclique , régulière de la première ; l ' instantanéité absolue du second qu i pétrifie pour ainsi dire le sujet en sa dernière attitude, ne sont pa s expliquộs d ' une faỗon satisfaisante M Lacassagne pense qu'il faut, au contraire, faire une grand e place l'action nerveuse Il a, d'ailleurs, commencé une série d e recherches dans le but d'obtenir, par la production expérimental e de lésions cérébrales, des modifications dans la marche classiqu e de la rigidité cadavérique et, par des lésions du faisceau pyramidal, la production du spasme cadavérique, observé chez les animaux, comme chez l'homme : témoins les chevaux tués dans le s charges de cavalerie et fixés dans leur galop en présentant des attitudes qui ont longtemps paru exagérées dans les tableaux de s peintres militaires et qui ont été vérifiées par la photographie de s mouvements de Marey Somme toute, M Lacassagne croit qu ' entre la rigidité cadavérique considérée comme phénomène exclusivement chimique et l a rigidité contracture nerveuse - la rigidité cataleptique d e Brown-Sequard- qui ne serait nullement en rapport avec la mort du muscle, il y a peut-être place pour une théorie mixte pouvan t expliquer la fois et la rigidité cadavérique et le spasme cadavérique qui, dans quelques cas, la peut précéder M Lacassagne ajoute encore quelques mots pour examiner s'il 234 SOCIliTL D ' ANTHROPOLOGIE DH LYO N y a lieu de rattacher au spasme cadavérique la question des mouvements possibles après la mort Cette question a été posée dans une expertise judiciaire Il s ' agissait d'un vieillard trouvé mort dans son lit, le bras rentré sou s les couvertures, allongé contre le corps et tenant dans la main u n revolver dont la balle avait perforé le temporal Se trouvait-on e n présence d'un suicide et le décédé avait-il pu - après s'être tiré une balle qui avait mis le cerveau en bouillie - ramener le bra s dans la position où l'avait fixé la rigidité cadavérique? ou fallait-i l croire un assassinat ? Ayant eu se prononcer, M Lacassagne s'est rangé cett e dernière hypothèse et pense que, si les muscles peuvent être fixé s instantanément dans l'attitude de la mort par l ' action nerveuse qu i détermine le spasme cadavérique, si même de légers mouvement s causés par une faible rétraction musculaire peuvent se manifeste r après cessation de la vie, on ne saurait admettre-une fois la mort survenue - la production de mouvements coordonnés, surtout d e mouvements compliqués exigeant la contraction synergique d e plusieurs muscles La séance est levée heures et demie L'un des secrétaires : Lucien MAYET ... correspondant M Bellemain, de Lyon, est élu membre titulaire CANDIDATUR E Présentation de la candidature de M le D F Destot, de Lyon COMMUNICATIO N DU SPASME CADAVÉRIQUE (ÉTUDE MÉDICO-LÉGALE) Par... affaire de Chambéry On est d ' accord pour lui donner l ' heure actuelle un caractère de suicide Nous avons dépouillé les observations de plus de 1200 suicidé s lyonnais (comprenant une période de. .. L'état de dureté, de raideur particulière du muscle est le résu l tat de la coagulation de la substance albumineuse des élément s musculaires de la myosine - globuline soluble dans les solution s de