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HISTOIREDE
LA NOUVELLE-FRANCE
Contenant les navigations, découvertes, & habitations faites par les François és Indes
Occidentales & Nouvelle-France, par commission de noz Roys Tres-Chrétiens, & les
diverses fortunes d'iceux en l'execution de ces choses depuis cent ans jusques à hui.
En quoy est comprise l'histoire Morale, Naturele, & Geographique des provinces cy
décrites: avec les Tables & Figures necessaires.
Par MARC LESCARBOT, Advocat en Parlement Témoin oculaire d'une partie des
choses ici récitées.
Troisiesme Edition enrichie de plusieurs choses singulieres, outre la suite de
l'Histoire.
A PARIS
Chez ADRIAN PERIER, ruë saint
Jacques, au Compas d'or
M. DC. XVII
AU ROY
TRES-CHRÉTIEN
DE FRANCE ET DE
NAVARRE LOUYS
XIII
Duc de Milan,
Comte d'Ast, Seigneur de
Genes.
IRE, Il y a deux choses principales, qui coutumierement excitent les Roys à faire des
conquétes, le zele dela gloire de Dieu, & l'accroissement dela leur propre. En ce
double sujet noz Roys vos preddecesseurs ont eté dés y a long temps invités à étendre
leur domination outre l'Ocean, & y former à peu de frais des Empires nouveaux par
des voyes justes & legitimes. Ils y ont fait quelques depenses en divers lieux &
saisons. Mais aprés avoir découvert le païs on s'est contenté de cela, & le nom
François est tombé à mépris, non par faute d'hommes vertueux, qui pouvoient le
porter sur les ailes, des vents les plus hautains: mais par les menées, artifices, &
pratiques des ennemis de vôtre Coronne, qui ont sceu gouverner les esprits de ceux
qu'ils ont reconu pouvoir quelque chose à l'avancement d'un tel affaire. Cependant
l'Espagnol auparavant foible, par nôtre nonchalance s'est rendu puissant en l'Orient
& en l'Occident, sans que nous ayons eu cette honorable ambition non de le devancer,
mais de le seconder; non de le seconder, mais de venger les injures par eux faites à
noz François, qui souz l'avoeu de noz Roys ont voulu avoir part en l'heritage de ces
terres nouvelles & immenses que Dieu a presenté aux hommes de deça depuis environ
six-vints ans. C'étoit chose digne du feu Roy de glorieuse memoire vôtre pere, SIRE,
de reparer ces choses: mais ayant de hauts desseins pour le bien dela republique
Chrétienne, il avoit laissé à vos jeunes ans ces exercices, & l'établissement d'un
Royaume nouveau au nouveau monde, tandis que par-deça il travailleroit à réunir les
diverses religions, & mettre en bonne intelligence les Princes Chrétiens entre eux fort
partialisés. Or la jalousie de ses ennemis lui ayant envié cette gloire, & à nous un tel
bien, on pourroit dire Que le fardeau que vous avez pris de l'administration des
Royaumes qui vous sont écheuz vous pese assez, sans rechercher des occupations à
plaisir & non necessaire. Mais, SIRE, je trouve au contraire, que comme le grand
Alexandre commença préque à vôtre âge la conquéte du premier Empire du monde;
Ainsi, que les entreprises extraordinaires sont bien-seantes à vôtre Majesté, laquelle
depuis six mois a donné tant de preuves de sa prudence & de son courage, que les
cieux, en ont eté ravis, & la terre tellement étonnée, qu'il n'y a celui d'entre les
hommes qui ne vous admire, ayme & redoute aujourd'hui, & ne vous juge capable de
regir non ce que vous possedés, mais tout l'univers. Cela étant, SIRE, & Dieu vous
ayant departi si abondamment ses graces, il les faut reconoitre par quelque action
digne d'un Roy tres-Chrétien, qui est de faire des Chrétiens, & amener à la bergerie
de Jesus-Christ les peuples d'outre mer qui ne sont encore à aucun Prince assujétis,
ou effacer de noz livres & dela memoire des hommes ce nom de NOUVELLE-
FRANCE, duquel en vain nous nous glorifions. Vous ne manquerez, SIRE, de bons
Capitaines sur les lieux s'il vous plait les ayder & soutenir, & bailler les charges à
ceux-l seuls qui veulent habiter le paùs. Mais, SIRE, il faut vouloir & commander, &
ne permettre qu'on revoque ce qui aura etộ une fois accordộ, comme on a fait ci-
devant la ruine d'une si belle entreprise, que promettoit bien tot l'ộtablissement d'un
nouveau Royaume aux terres de dela, & seroit l'oeuvre aujourd'hui bien avancộ, si
l'envie & l'avarice de certaines gens qui ne donneront point un coup d'epộe pour vụtre
service, ne l'eỷt empechộ. Le feu sieur de Poutrincourt Gentilhomme d'immortelle
memoire bruloit d'un immuable desir de Christianiser (ce qu'il avoit bien commencộ)
les terres ộchuởs son lot: Et cela il a toujours etộ traversộ, comme aussi son fils
ainộ, qui habite le paùs il y a dix ans, n'ayans jamais trouvộ que bien peu de support
en chose si haute, si Chrộtienne, & qui n'appartient qu' des Hercules Chrộtiens. Les
sieurs de Monts & de Razilli font mộme plainte leur ộgard. Je laisse les entreprises
plus reculộes de nụtre memoire ộs voyages de Jacques Quartier, Villegagnon, &
Laudonniere, en Canada, au Bresil, & en la Floride. Quoy donc, SIRE, l'Espagnol se
vantera-il que par-tout oự le soleil luit depuis son reveil jusques son sommeil il a
commandement; Et vous premier Roy dela terre, fils ainộ de l'Eglise, ne pourrez pas
dire le mộme? Quoy? les anciens Grecs & Romains en leur paganisme auront-ils eu
cette loỹange d'avoir civilisộ beaucoup de nations, & chộs elles envoyộ des grandes
colonies cet effect; Et nous nais en la conoissance du vray Dieu, & sous une loy
toute de charitộ, n'aurons pas le zele, non de civiliser seulement, mais d'amener au
chemin de salut tant de peuples errans capables de toutes choses bonnes, qui sont au-
dela de l'Ocean sans Dieu, sans loy, sans religion, vivans en une pitoyable ignorance?
Quoy, SIRE, noz Roys voz grans ayeuls auront-ils epuisộ la France d'hommes & de
tresors, & exposộ leurs vies la mort pour conserver la religion aux peuples
d'Orientaux; Et nous n'aurons pas le mộme zele rendre Chrộtiens ceux de
l'Occident, qui nous donnent volontairement leurs terres, & nous tendent les bras il y
a cent ans passez? Pourrons-nous trouver aucune excuse valable devant le throne de
Dieu quand ilz nous accuseront du peu de pitiộ que nous aurons eu d'eux, & nous
attribueront le defaut de leur conversion? Si nous ne sỗavions l'ộtat auquel ilz sont,
nous serions hors de reproche. Mais nous le voyons, nous le trouvons, nous le
sentons, & n'en avons aucun souci. Si quelques gens nouveaux nous viennent d'Italie
ou d'Espagne avec un habit, ou un chant nouveau, nous allons au-devant, nous les
embrassons, nous les admirons, nous les faisons en un moment regorger de richesses.
Je ne blame point cela, SIRE, puis que les largesses des Roys n'ont autres bornes que
leur bon plaisir, & puis qu'en vôtre Royaume chacun est maitre de son bien. Mais à la
mienne volonté que l'on fit autant d'état de l'oeuvre dont je parle, oeuvre sans pareil,
qui devance de bien loin tut ce qui se peut imaginer de pieté entre les exercice des
hommes. Une seule confiscation, un seul bon benefice, une seule somme de cent mille
écus comptée & nombrée (en plusieurs) depuis la mort du sieur Roy vôtre pere, SIRE,
à une Compagnie qui n'en avoit que faire, pouvoit fournir à cela, & vous faire
commander puissamment dedans la Zone torride, & dehors, à l'Occident. Mais
chacun veut tirer à soi, & tant s'en faut qu'on vous remontre cela, qu'au contraire les
effects nous font croire que l'on tache partout tous moyens d'enerver & faire perdre
courage à ceux qui s'employent à des actions si genereuses, sans se prendre garde
qu'aujourd'hui il y va de vôtre Etat en ces affaires ici: Et si nous attendons encore un
siecle la France ne sera plus France, mais le proye de l'étranger, qui nous sappe tous
les jours, nous debauche vos alliés, & se rend puissant à nôtre ruine en un monde
nouveau qui sera tout à lui. Et pour nous eblouïr on demande des tresors tout
appareillés en ces terres là, comme si la voye n'étoit point ouverte à votre Majesté
pour y entrer d'un Tropique à l'autre quand il lui plaira: Comme si la gloire & force
des Roys consistoit en autre chose qu'en la multitude des hommes: Et comme si vôtre
antique France n'avoit pas de beaux tresors en ses blez, vins, bestiaux, toiles, laines,
pastel, & autres denrées qui lui sont propres: Qui sont aussi les tresors à esperer de
vôtre NOUVELLE-FRANCE plus voisine de nus, laquelle dés si long temps telle
qu'elle est, sustente de ses poissons toute l'Europe tant par mer que par terre, & lui
communique ses pelleteries, d'où noz Terre-neuviers & Marchans tirent de bons
profits.
SIRE, s'il y a Roy au monde qui puisse & doive dominer sur la mer, & sur la terre,
c'est vous qui avés des peuples innumerables dont une partie languissent faute
d'occupation; Et n'étoit deux ou trois manieres de gens qui abondent dans vôtre
Royaume, en auriez beaucoup d'avantage, qui ne seroient moins puissans à vous faire
redouter aux extremitez dela terre, que les vieux Gaullois, qui conquirent l'Asie &
l'Italie, & y occuperent des provinces appellées de leur nom: Et plus recentement
encor noz peres les premiers François, qui possedoient autant delà que deçà le Rhin.
Mais qui (outre ce) avés les ports pour l'Orient & l'Occident à vôtre commandement:
Plus les bois pour les vaisseaux; les vivres, toiles, & cordages pour les fretter, en telle
abondance, que vous en fournissés les nations voisines de vôtre Royaume. Il y a
beaucoup d'autres choses à dire sur ce sujet, SIRE, dont je m'abstiens quant à cette
heure pour les representer à vôtre Majesté quand elle aura consideré l'importance de
ce que dessus, & donnera des témoignages qu'elle veut serieusement entendre à ce qui
est du bien de son service & dela gloire de Dieu és terres de l'Occident. Ainsi Dieu
vous vueille inspirer, SIRE: Ainsi Dieu vous ayde & fortifie vôtre bras pour r'entrer
dans vôtre ancien heritage, & domter vos ennemis: Ainsi Dieu nous doint voir bien-tot
vôtre grandeur servie & obéïe par toute la terre: A quoy je me reputeray glorieux de
contribuer tout ce que doit un homme tel que je suis,
SIRE,
De vôtre Majesté
Tres-Humble, tres-obeissant,
& tres-fidele sujet.
MARC LESCARBOT
de Vervin.
A
MONSEIGNEUR MESSIRE
PIERRE JEANNIN Chevalier,
Baron de Montjeu, Chagni, et
Dracy, Conseiller du Roy en ses
Conseils d'Estat, & Conterolleur
general de ses Finances.
ONSEIGNEUR,
Comme l'õge de l'homme commence par l'ignorance, & peu peu l'esprit se formant,
par une studieuse recherche, pratique & experience, acquiert la cognoissance des
choses belles & relevộes: Ainsi l'õge du monde, en son enfance croit rude, agreste, &
incivil, ayant peu de conoissance des choses celestes & terrestes, & des sciences que
les siecles suivans ont depuis trouvộes, & communiquộes la posteritộ: & y reste
encore beaucoup de choses decouvrir, dont l'õge futur se glorifiera, comme nous
nous glorifions des choses trouvộes de nụtre temps. C'est ainsi que le siecle dernier a
trouvộ la Zone torride habitable, & la curiositộ des hommes a osộ chercher & franchir
les antipodes que plusieurs anciens n'avoient sceu comprendre. Tout de mộme en noz
jours, le desir de sỗavoir a fait dộcouvrir noz Franỗois des terres & orộes maritimes
qui onques n'avoient etộ vuởs des peuples de deỗ. Tộmoins de ceci soient les
Souriquois, Etechemins, Armouchiquois, Iroquois, Montagnais du Saguenay, & ceux
que habitent par-del le Saut dela grande riviere de Canada, decouverts depuis un an,
au lieu dộquels les Hespagnols, & Flamens ont couchộ sur leurs Tables geographiques
des noms inventộs plaisir: & le premier menteur en a tirộ plusieurs autres aprộs
soi. Nemo enim (dit Seneque) sibi tantum errat; sed alieni erroris causa & author est,
versatque nos & prổcipitat traditus per manies error, alienisque perimus
exemplis. Mais rien ne sert de chercher & decouvrir des paùs nouveaux au peril de tant
de vies, si on ne tire fruit de cela. Rien ne sert de qualifier une NOUVELLE-
FRANCE, pour estre un nom en l'air & en peinture seulement. Vous sỗavộs,
Monseigneur, que noz Roys ont fait plusieurs dộcouvertes outre l'Ocean depuis cent
ans en-ỗ, sans que la Religion Chrộtienne en ait estộ avancộe, ni qu'aucune utilitộ leur
en soit reỹssie. La cause en est, que les uns se sont contentez d'avoir veu, d'autres d'en
ouir parler, & que jamais on n'a embrassé serieusement ces affaires. Or maintenant
nous sommes en un siecle d'autre humeur. Car plusieurs pardeçà s'occuperoient
volontiers à l'innocente culture dela terre, s'ils avoient dequoy l'employer: & d'autres
exposeroient volontiers leurs vies pour la conversion des peuples de delà. Mais il y
faut au prealable établir la Republique, d'autant que (comme disoit un bon & ancien
Eveque)Ecclesia est in Republica, non Republica in Ecclesia. Il faut donc
premierement fonder la republique, si l'on veut faire quelque avancement par-delà (car
sans la Republique l'Eglise ne peut étre) & y envoyer des colonies Françoises pour
civiliser les peuples qui y sont, & les rendre Chrétiens par leur doctrine & exemple. Et
puis que Dieu, Monseigneur vous a mis en lieu eminent sur le grand theatre dela
France pour voir & considerer ces choses, & y apporter du secours: Vous qui aymez
les belles entreprises des voyages & navigations, aprés tant de services rendus à noz
Roys, faites encore valoir ce talent, & obligez ces peuples errans, mais toute la
Chrétienté, à prier Dieu pour vous, & benir vostre Nom eternellement, voire à le
graver en tous lieux dans les rochers, les arbres, & les coeurs des hommes: Ce qu'ilz
feront, si vous daignés apporter ce qui est de vôtre credit & pouvoir pour chasser
l'ignorance arriere d'eux, leur ouvrir le chemin de salut, & faire conoitre les choses
belles, tant naturelles que surnaturelles dela terre & des cieux. En quoy je
n'épargneray jamais mon travail, s'il vous plait en cela (comme en toute autre chose)
honorer de voz commandemens celuy qu'il vous a pleu aymer sans l'avoir veu: C'est,
MONSEIGNEUR,
Vôtre tres-humble &
tres-obeissant serviteur
MARC LESCARBOT.
A LA FRANCE
EL oeil de l'Univers, Ancienne nourrice des lettres & des armes,
Recours des affligez, Ferme appui dela Religion Chrétienne, Tres-chere Mere, ce
seroit vous faire tort de publier ce mien travail (chose qui vous époinçonnera) souz
vôtre nom, sans parler à vous, & vous en declarer le sujet. Vos enfans (tres-honorée
Mere) noz peres & majeurs ont jadis par plusieurs siecles eté les maitres dela mer lors
qu'ilz portaient le nom de Gaullois, & vos François n'étoient reputez legitimes si dés la
naissance ilz ne sçavoient nager, & comme naturellement marcher sur les eaux. Ils ont
avec grande puissance occupé l'Asie. Ils y ont planté leur nom, qui y est encore. Ils en
ont fait de méme és païs des Lusitaniens & Iberiens en l'Europe. Et aux siecles plus
recens, poussez d'un zele religieux & enflammé de pieté, ils ont encore porté leurs
armes & le nom François en l'Orient & au Midi, si bien qu'en ces parties là qui dit
François il dit Chrétien: & au rebours, qui dit Chrétien Occidental & Romain, il dit
François. Le premier Cæsar Empereur & Dictateur vous donne cette louange d'avoir
civilisé & rendu plus humaines & sociables les nations voz voisines, comme les
Allemagnes, léquelles aujourd'huy sont remplies de villes, de peuples, & de richesses.
Bref les grans Evéques & Papes de Rome s'étant mis souz vôtre aile en la persecution,
y ont trouvé du repos: & les Empereurs mémes en affaires difficiles n'ont dedaigné se
soubmettre à la justice de votre premier Parlement. Toutes ces choses sont marques de
votre grandeur. Mais si és premiers siecles vous avez commandé sur les eaux, si vous
avés imposé votre nom aux nations éloignées, si vous avés eté zelée pour la Religion
Chrétienne, & bref si vous avés apprivoisé les moeurs farouches des peuples
rustiques; il faut aujourd'hui reprendre les vieux erremens en ce qui a esté laissé, &
dilater les bornes de vôtre pieté, justice, & civilité, en enseignant ces choses aux
nations dela Nouvelle-France, puis que l'occasion se presente de ce faire, & que vos
enfans reprennent le courage & la devotion de leurs peres. Que diray-je ici? (tres-
chere Mere) Je crains vous offenser si je di pour la Verité que c'est chose honteuse aux
Princes, Prelats, Seigneurs & peuples tres-Chrétiens de souffrir vivre en ignorance, &
préque comme bétes, tant de creatures raisonnables formées à l'image de Dieu,
léquelles chacun sçait étre és grandes terres Occidentales d'outre l'Ocean. L'Hespagnol
s'est montré plus zelé que nous en cela, & nous a ravi la palme dela navigation qui
nous étoit propre. Il y a eu du profit. Mais pourquoy lui enviera-on ce qu'il a bien
acquis? Il a esté cruel. C'est ce qui souille sa gloire, laquelle autrement seroit digne
d'immortalité. Depuis cinq ans le Sieur de Monts meu d'un beau desir & d'un grand
courage, a essayé de commencer une habitation en la Nouvelle-France, & a continué
jusques à present à ses dépens. En quoy faisant lui & ses lieutenans ont humainement
traité les peuples de ladite province. Aussi aiment-ils les François universellement, &
ne desirent rien plus que de se conformer à nous en civilité, bonnes moeurs, et
religion. Quoy donc, n'aurons nous point de pitié d'eux, qui sont noz semblables? Les
lairrons-nous toujours perir à nos yeux, c'est à dire, le sçachant, sans y apporter aucun
remede? Il faut, il faut reprendre l'ancien exercice dela marine, &faire une alliance du
Levant avec le Ponant, dela France Orientale avec l'Occidentale, & convertir tant de
milliers d'hommes à Dieu avant que la consommation du monde vienne, laquelle
s'avance fort, si les conjectures de quelques anciens Chrétiens sont veritables, léquels
ont estimé que comme Dieu a fait ce grand Tout en six journées, aussi qu'au bout de
six mille ans viendroit le temps de repos, auquel sera le diable enchainé, & ne seduira
plus les hommes. Ce qui se rapporte à l'opinion des disciples & sectateurs d'Elie,
léquels, (selon les Talmudiste) on tenu que le monde seroit
DEUX MILLE ANS VAGUE [1]
DEUX MILLE ANS LOY
DEUX MILLE ANS MESSIE,
[Note 1: C'est à dire ni Loy, ni Messie.]
& que pour nos iniquitez, qui sont grandes, seront diminuées dédites années autant
qu'il en sera diminué.
Il vous faut, di-je (ô chere Mere) faire une alliance imitant le cours du Soleil, lequel
comme il porte chasque jour sa lumiere d'ici en la Nouvelle-France: Ainsi, que
continuellement votre civilité, vôtre justice, vôtre pieté, bref votre lumiere se
transporte là-méme par vos enfans, léquels d'orenavant par la frequente navigation
qu'ilz feront en ces parties Occidentales seront appellés Enfans dela mer, qui sont
[...]... Sauvages, touchant la longueur, & commencement dela grande riviere de Canada: Du nombre de sauts & lacs qu'elle traverse CHAP XXII Description dela grande riviere de Canada, & autres qui s'y dechargent: Des peuples qui habitent le long d'icelle: Des fruits dela terre: Des bộtes & oiseaux: & particulierement d'une bộte deux piez: Des poissons abondans en ladite grande riviere CHAP XXIII Dela riviere du... Saut dela grande riviere de Canada: Etat dela dite riviere et ledit Saut: Mines: Armures de bois, dont usent certains peuples: Regrets pour son depart CHAP XVIII Retour de Jacques Quartier au Port de Saincte Croix aprộs avoir estộ Hochelaga:Sauvage gardent les tộtes de leurs ennemis: Les Toudamans ennemis des Canadiens CHAP XIX Voyage de Champlein depuis le port de Saincte Croix jusques au Saut de la. .. Baptemes des Sauvages, s'il faut contraindre en Religion Maniere d'attirer ces peuples Mission pour l'Eglise delaNouvelle-France CHAP IX Peril du Sieur de Poutrincourt Zele des Sauvages la religion Chrộtienne Remarques des faveurs de Dieu depuis l'entreprise dela Nouv Fr CHAP X Sur la nouvelle des baptemes des Sauvages les Jesuites se presente pour la Nou Fr Empechement Retardement la ruine de Poutrincourt... vivre des Indiens Occidentaux, dela Nouvelle-France, comparộes celles des anciens peuples de pardeỗa: & particulierement de ceux qui sont en mộme parallele & degrộ CHAP I D E LA NAISSANCE Coutume des Hebrieux, Cimbres, Franỗois, & Sauvages CHAP II DE L'IMPOSITION DES MONTS Abus de ceux qui imposent les noms des Chrộtiens aux infideles: Du changement de nom Les noms n'ont point ộtộ imposez sans sujet Des... VIII DES VETEMENS ET CHEVELURES Vetemens quelle fin Nuditộ des anciens Pictes, des modernes ặthiopiens Des Bresiliens Sauvages de la Nouvelle-France plus honộtes Leurs manteaux de peluche Vộtement de l'ancien Hercules, des anciens Allemans, des Gots Chaussure des Sauvages Couverture de la tộte Chevelures des Hebrieux, Gaullois, Gots Ordonnance aux prộtres de porter chappeaux Hommes tondus CHAP IX DE LA. .. victoires des Marseillois Portugal Navire de Paris Navigations des anciens Franỗois Refroidissement en la navigation d'oự est venu Lachetộ de nụtre siecle Richesses des Terres neuves CHAP III Conjectures sur le peuplement des Indes Occidentales, & consequemment de la Nouvelle-France comprise sous icelles CHAP IV Limites de la Nouvelle-France: & sommaire du voyage de Jean Verazzan Capitaine Florentin, en la. .. Port de Tadoussac; Baye des Morues, Ile percộe, Baye de chaleur: Remarques des lieux, iles, ports, bayes, sables, rocher, & rivieres qui sont la bende du Nort en allant la riviere de Saguenay Description du port de Tadoussac, & de ladite riviere de Saguenay Contradiction de Champlein CHAP X Bonne reception faite aux Franỗois par le grand Sagamos des Sauvages de Canada:Leurs festins & danses: La guerre... sujet Des soubriquets De l'origine des surnoms Des noms des hommes imposộs aux villes et provinces CHAP III DELA NOURRITURE DES ENFANS, de l'amour des peres & meres envers eux Femmes d'aujourd'hui: Anciennes Allemandes Sauvages aiment leurs enfans plus que pardeỗa: & pourquoy Nouvelle-France en quoy utile l'antique France Possession dela terre CHAP IV DELA RELIGION Origine de l'idolatrie Celui qui n'adore... Poutrincourt CHAP I I Ntention de l'Autheur Commission du Sieur de Monts Defenses pour le traffic des pelleteries CHAP II Voyage du sieur de Monts en la Nouvelle-France: Des accidens survenus audit voyage: Causes des bancs de glaces en la Terre-neuve: Imposition de noms certains ports: Perplexitộ pour le retardement de l'autre navire CHAP III Debarquement du Port au Mouton: Accident d'un homme perdu seze... l'Hespagnol ceux des Indes Occidentales prenant le pretexte des commandemens faits jadis Josuộ, Gedeon, Saul, & autres combattans pour le peuple de Dieu Car nous sommes en la loy de grace, loy de douceur, de pietộ, & de misericorde, en laquelle nụtre Sauveur a dit, Apprenez de moy que je suis doux, & humble de coeur: Item, Venộs moy vous tous qui estes travaillộs & chargộs, et je vous soulageray: Et ne . Question touchant la celebration de la Cene à faute de pain &
de vin.
CHAP. VIII
Description de la riviere, ou Fort de Ganabara: Ensemble de l'ile. Capitaine Laudonniere en la Floride dite Nouvelle-France: Son arrivée à
l'ile Sainct Dominique: puis en ladite province de la Floride: Grand âge des
Floridiens: