Ty pol ogie de l ’act ualis ati on

Một phần của tài liệu Luận văn Thạc sĩ Giáo dục học: Les articles - Problème de l’actualisation (Vấn đề hiện thực hóa trong việc sử dụng mạo từ) (Trang 22 - 29)

Nous avons eu l’occasion de présenter au § 1.2 le continuum de l’actualisation par dộterminants. Ce continuum a pour but de montrer comment une entitộ apparaợt dans ses diffộrents degrés de clarté, et donc pourquoi la détermination nominale possède une telle variété de formes.

Mais dans l’activité langagière du quotidien il n’y a aucune raison pour que le fonctionnement du déterminant suive l’ordre de ce continuum. Précisément, on n’est nullement obligé de partir du degré zéro pour arriver après au degré maximal de l’actualisation. En plus, le phénomène d’actualisation a des caractéristiques d’ordre énonciatif que le schéma du continuum ne peut pas refléter, en particulier pour ce qui concerne la distinction entre locuteur et interlocuteur, les actants qui ne figurent pas sur l’axe de l’actualisation. Compte tenu de ces caractéristiques, nous proposons la typologie suivante :

Actualisation

endocentrique exocentrique

Act.introductrice: Act.évocatrice : Act.stylistique : - Introduction première - Evocation situationnelle - Alternative - Introduction itérative - Evocation généralisante - Implication - Introduction généralisante

2.4.1 Différe nce ent re l’ac tuali sati on e ndocen triq ue et l’ac tuali sati on exocen triqu e

La première dichotomie de ce schéma met en distinction deux grands types d’actualisation : endocentrique et exocentrique. Cette dichotomie s’impose par le fait que l’actualisation ne se fait pas toujours pour le même compte : le premier de ces deux types se réalise pour la cognition de celui qui parle, alors que le second se réalise pour la cognition de son interlocuteur. Il faut reconnaợtre que, depuis toujours, la thộorie ộnonciative avance au premier plan ces deux actants comme ses principaux piliers autour desquels doit se construire sa théorie. Aujourd’hui personne

n’ignore le fameux couple locuteur – interlocuteur, cher à la réflexion énonciative. Mais reconnaissons aussi qu’en matière d’article, cette distinction n’a jamais imposé sa valeur. On n’a jamais soulevộ la question ô Auquel de ces deux actants appartient la valeur dộfinie ou indộfinie d’un article ? ằ, question qui peut paraợtre rudimentaire mais qui en fait ne l’est pas. En effet, dans les ộchanges quotidiens, oraux ou ộcrits, le fait que nous ô actualisons ằ une entitộ pour le compte d’autrui est un phénomène fréquent, même beaucoup fréquent que le cas ó nous le faisons pour notre propre cognition. A observer de près, on peut même affirmer que la majorité des emplois de l’article indéfini appartiennent à ce type d’actualisation exocentrique, car, une narration ne peut se faire qu’après coup, et que, conditionnés par une loi psychologique, nous menons toujours notre rộcit en ô mộnageant ằ la cognition de celui qui nous ộcoute, pas notre propre processus de la découverte du monde. C’est pour cette raison que la phrase J’ai un cousin qui travaille chez Peugeot doit ờtre analysộe comme prộsentant l’indộfini cousin à celui qui reỗoit cette phrase, pas à celui qui la produit, et l’explication de l’article indéfini doit être fournie de la part du récepteur, au lieu de venir de la part du locuteur. On dit un cousin pour la raison que ce cousin est inconnu à la personne qui reỗoit l’ộnoncộ, non pas à celle qui le donne.

Mais ce phénomène doit nous sensibiliser à un autre aspect du problème : distinction entre narrateur et personnage chez une même personne, celle qui parle. Quand quelqu’un dit, par exemple, J’ai rencontré ce matin une personne très intéressante, en tant que personnage, le sujet je doit regarder une personne comme indéfinie, mais en tant qu’auteur de cet énoncé il est censộ le connaỵtre, au moment d’ộnonciation de ce ô petit rộcit ằ, d’ú le caractốre exocentrique de l’article indéfini une, comme dans le cas que nous avons examiné ci-dessus. Ainsi, et pour une conclusion partielle, on peut dire que l’actualisation exocentrique se produit non seulement dans le rapport locuteur - interlocuteur, mais aussi dans le rapport auteur - personnage chez une même personne quand celle-ci produit de la narration.

La distinction entre actualisation endocentrique et actualisation exocentrique n’affecte pourtant pas celle des autres formes de l’article du franỗais. Une fois que nous quittons le niveau ộnonciatif pour examiner le niveau textuel, l’ộnonciateur disparaợt, laissant toute considộration linguistique au seul compte du personnage, celui qui joue le rôle du sujet grammatical. Qu’il soit de caractère endocentrique ou exocentrique, le récit encadré par l’énoncé constitue alors le seul objet d’étude de l’actualisation. C’est pour cette raison que chacune des deux branches de la grande dichotomie peut avoir toutes les trois catộgories d’actualisation qui restent en franỗais : introductrice, évocatrice et stylistique, avec leurs sous-catégories respectives.

2.4.2 Int rodu ction p re miè re

Nous appelons introductrice l’actualisation qui présente une entité comme nouvelle, comme apparaissant pour la première fois dans le récit, et c’est le cas d’emploi qui exige l’article indéfini.

Suivant ce point de vue, les phrases qui suivent doivent donner une introduction première : Mon frère a une nouvelle moto.

Elle a envoyé un mail.

Je vois des policiers devant sa maison.

A la différence de la conception traditionnelle, on peut considérer l’article partitif comme une sorte d’actualisation introductrice, précisément une introduction première, mais celle qui se réalise pour les matiốres non comptables. Logiquement l’usage d’une matiốre ô continue ằ n’est que partiel, ce qui fait que leur première actualisation ne peut pas échapper à ce caractère, d’ó l’article partitif.

On lui a donné du pain.

Il reste encore de la viande dans le frigo.

Les qualités humaines se trouvent aussi dans ce cas.

Dans une telle situation, il faut avoir de la patience.

A la surprise de tout le monde, il a montré du courage.

Par métaphore, un nom propre peut désigner l’ensemble des œuvres d’un compositeur, d’un peintre ou d’un sculpteur… Une actualisation partielle de ces œuvres est alors rendue par l’article partitif pour désigner une ou quelques unes de ces œuvres, un emploi qui se rencontre surtout dans le domaine artistique.

Dans le programme de ce soir, il y a du Mozart, du Vivaldi et du Brahm.

Dans ce musée, on peut voir du Monet, du Cézanne et du Sisley.

2.4.3 In trod uctio n itéra ti ve

Mais, l’apparition de l’actualisation première ne signifie pas qu’elle doive être suivie automatiquement de l’article défini. Puisqu’un objet est toujours multiple par ses différents aspects, on peut le présenter avec chaque fois une autre propriété, comme s’il s’agissait de plusieurs objets, ce qui doit conduire à une itộration de l’article indộfini. Il est à remarquer que l’objet apparaợt alors sous plusieurs noms.

Mon frère a une nouvelle moto. C’est une Harley-Davidson. Et c’est un cadeau de mes parents pour son anniversaire.

Il a une résidence secondaire au bord de la mer. C’est une belle villa. Mais c’est un endroit ó il se retire une seule fois par an, au mois de juillet.

On peut constater le même phénomène avec les noms non-comptables.

J’ai du fromage. Et c’est du camembert.

Pour la première fois, elle a bu du vin. Et c’était du bordeaux.

De caractère indéfini, l’actualisation introductrice pour les noms non-comptables permet le passage naturel à l’actualisation évocatrice, comme dans le cas d’un nom comptable.

On lui a donné du pain. Mais il n’a pas mangé tout le pain qu’on lui a donné.

Il restait de la viande dans le frigo. Et elle a pris toute la viande qui restait pour le dợner.

2.4.4 In trod uctio n géné ralis ante

On peut présenter une entité comme inconnue, mais capable de représenter toute la catégorie d’objets ou de personnes à laquelle elle appartient. On dit qu’elle a la valeur généralisante. L’entité peut être interprétée alors comme toute personne qui… ou tout objet qui…

Un policier ne doit pas agir comme ỗa.

Ce n’est pas le comportement d’un policier.

Une maison doit avoir ses fenêtres.

Ce n’est pas la structure d’une maison.

Il est important de noter que seul le déterminant n’est pas capable de créer la valeur généralisante et que le contexte linguistique qui l’entoure y est pour beaucoup. Ce contexte doit précisément offrir un ton ô sentencieux ằ, en parlant d’un fait gộnộral, avec la plupart du temps le prộsent pour le verbe, comme nous pouvons l’observer dans les exemples donnés ci-dessus. En vue d’une généralisation, on ne dira pas, par exemple :

Un policier n’a pas agi comme ỗa.

Une maison devait avoir ses fenêtres.

2.4.5 Evoc atio n situa tion nelle

L’actualisation est évocatrice lorsque l’existence d’une entité est connue, et qu’on ne fait que l’évoquer pour la rendre présente dans le discours, que l’on ait passé par la phase de sa cognition ou non. Contrairement à l’acte de présenter une entité, celui d’évoquer est le retour à une notion connue déjà répertoriée et classée dans le savoir d’une personne. La plupart des cas d’emploi de l’article défini relèvent de ce type de retour. Ce qui caractérise cet usage est le fait qu’il est étroitement lié à un contexte donné, soit situationnel, soit linguistique, soit culturel. Précisément, une situation de communication, un environnement textuel, ou encore le trésor culturel de

l’humanité, constituent une sorte de situation qui fournit quelque part dans son cadre, et préalablement, l’indice de l’existence d’une entité, ce qui permet au locuteur d’y puiser afin de l’évoquer. (Du point de vue terminologique, et dans le cadre de notre problème, le terme d’actualisation pourrait très bien être remplacé par celui d’évocation, car il s’agit ici, à proprement parler, d’évoquer une entité déjà actualisée précédemment).

Peux-tu me passer le sel ? (qui est sur la table, sous tes yeux)

Un jour on lui a fait cadeau d’une guitare, et la guitare l’a accompagné toute sa vie.

Jacques est un spécialiste de la période précolombienne.

Vue de l’espace, la Terre est bleue.

La Méditerranée est ensoleillée toute l’année.

L’aspirine possède beaucoup de vertus.

2.4.6 Evocat ion gén érali sant e

Mieux que l’article indéfini, l’article défini peut remplir la fonction de généralisation, et sa valeur généralisante ne semble pas la même que celle offerte par la forme indéfinie. Ne prenant pas une seule unitộ pour lui faire reprộsenter toute une catộgorie, l’article dộfini ô totalise ằ une catégorie entière comme objet unique dans son genre. L’actualisation est alors non pas d’ordre représentatif, mais d’ordre catégoriel, dans une vision abstraite devant les choses de la vie

Le livre est l’ami de l’homme.

Le saxophone est un instrument très expressif.

Pour beaucoup de familles, le dợner est un moment sacrộ.

Il est à remarquer que les objets du monde n’ont pas la même chance de s’actualiser pour présenter leur classe. Si l’on peut dire Le livre est l’ami de l’homme.

Mais il est impossible, dans la même circonstance, de dire

*Le ventilateur est l’ami de l’homme.

*La chaussure est inséparable de l’homme.

Par contre, dans un pays tropical, on peut très bien dire Ici, le ventilateur est l’ami de l’homme.

Ou au pôle Nord du globe, on peut entendre Ici, la chaussure est inséparable de l’homme.

Comme l’article indéfini (§2.4.4), l’article défini demande un contexte approprié pour avoir la valeur généralisante. Il doit présenter un fait général et le temps présent pour le verbe. Pour généraliser, on ne dira pas, par exemple :

Le livre est mouillé.

Le saxophone a été parfait.

Il est à remarquer que les expressions, les proverbes, les dictons offrent un grand nombre d’actualisations à valeur généralisante, quand le nom y figure, et que la détermination nominale y soit indéfinie ou définie. Le locuteur ne parle plus alors d’un objet concret, mais d’un objet symbolique, de caractère catégoriel. On peut même considérer que ce qui est actualisé, ce n’est pas un objet, mais un acte dans son ensemble ó l’objet n’est qu’une partie constituante. La preuve en est que, pour les expressions comme ci-dessous, il est impossible de poser les questions quel verre ? quel coup ? quelle cuisine ? quelle guerre ?…

Prendre un verre.

Boire un coup.

Lever un toast.

Faire la cuisine.

Faire la sieste.

Faire la guerre.

Mais il est à remarquer aussi que, comme partout ailleurs, le déterminant lui-même ne peut pas s’offrir la valeur généralisante. Le contexte linguistique qui l’entoure, en particulier les verbes polysémiques, sont pour beaucoup dans la création de cette valeur. Ainsi, le déterminant n’est plus de caractère généralisant dans

Il m’a passé un verre.

Elle est entrée dans la cuisine.

Mon grand-père est mort dans la Seconde Guerre Mondiale.

2.4.7 Ac tual isati on sty listi que ( Altern ati ve )

La faỗon d’actualiser une chose ou une personne ne provient pas toujours de l’impộratif du rationnel, mais d’un souci pour un effet stylistique. Profitant du fait qu’une entité possède toujours à la fois ses différents côtés, le locuteur peut les avancer à sa guise pour mettre l’entité en valeur, et pour qu’on voie mieux l’objet dont il parle. Le parcours le plus usité dans ce cas serait indéfini – défini – indéfini, ce que nous pouvons appeler alternative.

C’est un garỗon d’une famille pauvre. Mais le garỗon est brave. Il travaille jour et nuit pour aider ses parents. Moi, je ne peux pas refuser d’engager une personne qui a une telle

énergie.

2.4.8 Ac tual isati on sty listi que ( Implic atio n immédia te)

Toujours avec le souci d’un effet stylistique, le narrateur peut ô jeter ằ le lecteur dans le vif du récit au premier abord, l’impliquant ainsi dans l’ambiance de l’histoire racontée sans aucune actualisation préalable pour les personnages et les circonstances de l’histoire. L’actualisation, alors, ne représente plus une simple évocation dans le sens strict du terme, mais simultanément une introduction et une évocation. Elle est voulue plutôt qu’objective, et son interprétation doit ainsi aller dans une perspective littéraire. Au début d’une miniature, par exemple, on peut trouver :

Le patron n’est pas content. Certains de ses employés semblent vouloir déserter. Mais ce n’est pas nouveau, car depuis quelques mois la boợte est en situation de faillite.

Si l’on prend le terme d’actualisation dans un sens plus large, on peut remarquer que cet emploi ô brusque ằ de l’article dộfini n’actualise pas entiốrement l’objet ou la personne en question.

C’est le développement narratif de l’histoire que le lecteur trouve au cours de sa lecture, qui, petit à petit, actualise l’objet ou la personne jeté aux yeux du lecteur au premier abord. L’actualisation par article peut ainsi se trouver en contradiction avec l’actualisation narrative.

2.4.9 Cas d’o missi on de l’a rticl e

L’omission de l’article est un phénomène bien connu, jamais négligé par les linguistes dans leurs études des déterminants. Mais notre réflexion sur le phénomène d’actualisation signifie par elle-mờme la faỗon dont on ô fait vivre ằ une entitộ dans un ộnoncộ par un moyen autre que le nom, ce qui ne recouvre pas le cas ó le nom s’actualise par son propre sémantisme, et ó son emploi - indộterminộ - suffit pour ộvoquer une image ou notion. Cela explique pourquoi le degrộ ô zộro ằ du déterminant ne trouve pas sa place dans les propos que nous présentons ici.

Nous avons présenté dans ce chapitre notre thèse selon laquelle l’étude des articles gagnerait à être menée dans le sens de l’actualisation et ce, pour une tentative de l’enseignement des valeurs d’emploi de ce déterminant.

Afin de nous renforcer dans la conviction que l’approche cognitive développée ci-dessus aide à la maợtrise chez nos apprenants de l’emploi de un, une, des et le, la, les, il nous est dispensable de savoir ó en sont nos étudiants dans leur apprentissage de ce type d’actualisateur, d’ó l’étude du terrain dans le chapitre suivant

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